ENV/DEV/398

LE COMITE SUR LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION ACHEVE SON DEBAT SUR LES MESURES URGENTES EN FAVEUR DE L'AFRIQUE ET DES AUTRES REGIONS

15 janvier 1997


Communiqué de Presse
ENV/DEV/398


LE COMITE SUR LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION ACHEVE SON DEBAT SUR LES MESURES URGENTES EN FAVEUR DE L'AFRIQUE ET DES AUTRES REGIONS

19970115 Réuni sous la présidence de M. Bo Kjellen (Suède), le Comité intergouvernemental de négociation chargé d'élaborer une Convention internationale sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et-ou la désertification, en particulier en Afrique, a achevé son débat sur les questions relatives aux mesures urgentes en faveur de l'Afrique et aux mesures transitoires dans les régions de l'Asie, de l'Amérique latine et des Caraïbes et de la Méditerranée septentrionale.

Dressant le bilan des actions menées dans leur pays en vue de lutter contre le fléau de la désertification, les représentants ont indiqué que malgré toute la bonne volonté de leur Gouvernement, les contraintes d'ordre financier constituaient un frein aux efforts déployés. Ils ont insisté sur la nécessité de trouver des sources de financement adéquates. Le représentant de la Zambie a estimé que le Mécanisme mondial de financement devrait, plutôt que d'être un service d'appui, être un outil efficace visant réellement à assurer le financement de la mise en oeuvre des programmes d'action des pays en développement.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Afrique du Sud, Zambie, Norvège, France, Japon, Suède, Pays-Bas, Fédération de Russie, Portugal, Espagne, Haïti, Brésil, Argentine, Mexique, Bolivie, Kazakstan, Israël, Chine et Syrie. Les représentants de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et de la Communauté européenne ont également pris la parole. L'Observateur de la Suisse et les représentants de l'Autorité internationale de lutte contre la désertification (IGAD), du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et du Réseau international des organisations non gouvernementales pour la désertification (RIOD) se sont en outre exprimés.

La prochaine réunion du Comité sera annoncée dans le Journal.

Mesures urgentes en faveur de l'Afrique

M. BOTHA (Afrique du Sud) a fait part des mesures qui ont été prises dans son pays pour mettre en oeuvre la Convention sur la lutte contre la désertification. L'Afrique du Sud s'est attachée à élaborer un Programme d'action national participatif et à créer des institutions pour la planification, la mise en oeuvre et la surveillance de ce Programme. Elle s'est également attachée à créer des partenariats et à faire une évaluation nationale de questions de développement et de désertification. Pour sensibiliser l'opinion publique, plusieurs réunions ont eu lieu au cours de l'année 1996. Elles visaient à informer les dirigeants politiques à tous les niveaux de l'importance de la Convention et de leur rôle respectif dans le processus. En ce qui concerne la formulation du Programme d'action national, l'Afrique du sud est en train de collecter des fonds pour la mise en oeuvre des projets tout en recherchant des ressources supplémentaires pour compléter ce processus. L'évaluation nationale des questions de désertification sera partie intégrante du Programme d'action et le Canada a fait part de sa volonté de fournir une assistance financière.

M. HUMPHREY B. KUNDA (Zambie) a déclaré que l'entrée en vigueur de la Convention a marqué un tournant dans l'histoire de la Convention. Tout en gardant à l'esprit que la mise en oeuvre de la Convention incombe aux gouvernements nationaux, la Zambie s'est attachée à résoudre la problème de la désertification qui affecte sa population de différentes manières. La Zambie s'est engagée dans des programmes vigoureux en vue d'accroître la prise de conscience du public, a-t-il précisé. A cet effet, elle a tenu un séminaire national du 22 au 23 juin 1995 et poursuit toujours des actions de sensibilisation du public à travers la presse écrite et les médias électroniques. Nous avons franchi la première étape dans la voie de la formulation du Programme d'action national, a ajouté le représentant. Nous procédons actuellement à l'examen de nos programmes et projets ainsi que des dispositions de notre cadre national afin d'y inclure les préoccupations propres à la Convention.

Conformément aux mesures urgentes pour l'Afrique prévues dans la Convention, la Zambie a déjà formulé des programmes de lutte contre la désertification. Elle a, par exemple, formulé un Programme d'action national environnemental ainsi que le Programme d'action sur la déforestation. Au niveau des communautés, la Zambie a élaboré un Projet de développement intégré dans l'ouest et le sud du pays. Les efforts déployés par la Zambie ont été freinés par le manque de ressources financières adéquats, a regretté le représentant qui a lancé un appel à ses partenaires pour que ceux ci viennent en aide à son pays. La Zambie pourra, alors qu'elle restructure et reconstruit son économie, intégrer le combat contre la désertification.

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M. MISSOUP (Cameroun) a indiqué qu'avant la Conférence de Rio, l'un des moyens de lutte contre la désertification consistait en des campagnes de reboisement qui ont été affinées grâce aux compétences d'experts. Depuis, la mise en oeuvre des instruments juridiques issues de la Conférence a servi à améliorer la stratégie du pays. Nombre d'institutions ont ainsi été créées dont un Ministère de l'environnement et une commission nationale consultative pour l'environnement et le développement durable. Pour ce qui est de la lutte contre la désertification en particulier, le représentant a indiqué qu'une réunion de sensibilisation a été organisée dans la province nord -la plus touchée par le phénomène - en juin 1995. Le Cameroun se propose d'organiser prochainement un atelier qui réunira les compétences nationales de l'administration et de la société civile ainsi que les représentants des organisations internationales.

M. VICTOR E. DJOMATCHOUA TOKO, Chef de la délégation de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a cité les questions en suspens et a fait référence à cet égard au rôle et aux fonctions du Mécanismes Mondial, à la composition du Bureau de la Conférence des parties, à la désignation d'un pays hôte pour le Secrétariat permanent, ou encore au règlement intérieur. Il a formé l'espoir qu'une solution heureuse sera trouvée à ces questions et que la Conférence des Parties s'ouvrira dans l'euphorie et dans la joie. Pour ce qui est des mesures urgentes en faveur de l'Afrique, le représentant s'est félicité des réunions régionales et sous-régionales et a précisé que l'OUA a pris d'importantes dispositions pour promouvoir cet esprit de coopération avec le secrétariat intérimaire de la Convention, la Conférence des Ministres africains de l'Environnement, la Banque africaine de développement, le Programme des Nations Unies pour l'environnement et la CEA. La Conférence panafricaine, qui se tiendra en 1997 au Burkina Faso, permettra sans nul doute de consolider la stratégie africaine de mise en oeuvre de la Convention. Dans ce cadre, l'OUA est à pied d'oeuvre pour assurer la préparation d'un rapport d'évaluation globale de la mise en oeuvre de la résolution sur les mesures urgentes pour l'Afrique. Ce rapport, a-t-il précisé, sera soumis à la Conférence panafricaine.

Mme ROSELYN AMAD, Autorité internationale de lutte contre la désertification (IGAD), a rendu compte du Sommet organisé par l'IGAD au mois de novembre dernier qui visait à établir un partenariat pour l'appuyer dans la mise en oeuvre de ses programmes. Au niveau sous-régional, l'IGAD a pris plusieurs mesures pour assurer la mise en oeuvre de la Convention. Actuellement, une étude médiatique est lancée pour sensibiliser le personnel des médias sur l'importance de la Convention et l'impliquer dans la création de programmes de sensibilisation. L'IGAD entend dans un proche avenir accueillir deux ateliers sur la science et la technologie pour les experts sous-régionaux et un forum sous-régional.

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M. MOGSTAD (Norvège) a expliqué que l'insécurité alimentaire implique la pauvreté qui est la force motrice de la désertification. La répartition équitable des ressources du pays incombe avant tout aux gouvernements nationaux, a-t-il ajouté. Le représentant a regretté que la plupart des donateurs n'ont pas atteint le niveau approuvé de l'aide publique au développement. Il importe également d'accroître la participation des populations et des organisations communautaires, ce qui implique la reconnaissance des droits des populations autochtones. Il a indiqué que son pays a lancé des actions de promotion de la Convention tandis que l'aide publique au développement se poursuit. Mais en tant que petit pays, la Norvège a besoins de l'ONU pour acheminer cette aide. Il a plaidé en faveur du partage des expériences avec d'autre organisations telles que l'OIT et la Banque mondiale. Les partenaires au développement, a-t-il dit, doivent intégrer la Convention dans la formulation de leurs politiques tout comme le fera la Norvège.

M. BERTRAND GALTIER (France) a indiqué que son pays, premier donateur bilatéral en Afrique, continue d'intervenir dans plusieurs domaines de développement. Le représentant a rappelé que les mesures urgentes en faveur de l'Afrique ont pour objet d'accélérer la mise en oeuvre de la Convention à travers les programmes nationaux et la concertation entre donateurs. La France a choisi d'appuyer le CILSS en plaçant un fonds de facilitation dont les modalités d'accès relèvent des discussions entre le CILSS et ses pays membres. Il s'agit de reconnaître le rôle des structures régionales et de faire en sorte que les actions émanent de discussions entre partenaires africains. En ce qui concerne la concertation entre donateurs, le représentant a souligné que la France est chef de file au Tchad et au Cap- vert. Elle préside ainsi aux échanges entre donateurs et entre donateurs et autorités nationales. Les instances françaises de coopération préparent en ce moment un projet d'appui aux politiques agricoles et environnementales du Tchad. Ce projet bénéficiera d'un cofinancement du fonds français pour l'environnement mondial. A travers les projets qu'elle cofinance, la France cherche à développer des références montrant de quelle manière les fonds dédiés à l'environnement mondial peuvent profiter à la lutte contre la désertification. Cependant, les difficultés méthodologiques sont nombreuses et la France compte cofinancer en 1997, des séminaires sur le fonds pour l'environnement mondial et l'Afrique et sur le fonds et la lutte contre la désertification. Il est important que les destinataires maîtrisent l'accès à ces fonds. Réitérant l'attachement de son pays au transfert des technologies, le représentant a annoncé que la France a proposé de lancer une initiative pour un programme mondial de lutte contre la désertification et a déjà mobiliser des moyens financiers pour la préparation de ce Programme.

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M. HIROYUKI EGUCHI (Japon) a décrit les mesures entreprises par son pays en faveur de différents pays africains affectés. Il a cité en exemple l'étude menée au Niger qui a fourni des informations techniques importantes aux experts et aux ONG tout en sensibilisant le public japonais à la désertification. Prenant la parole, M. SHIN MRAKAMI a indiqué qu'une autre étude a été menée afin d'améliorer la qualité des manuels techniques. Un autre expert, M. HARURO MIYATA, a expliqué qu'avec la coopération du Burkina Faso, le Japon a mené une étude sur six années. Dans une vallée aride du pays, on s'est rendu compte qu'il existait des sources souterraines. L'étude a montré que l'on peut construire des voies d'irrigation en utilisant la main d'oeuvre locale et que l'on pouvait construire un petit barrage qui n'entraînerait aucun effet secondaire sérieux. Le représentant s'est félicité de la coopération du Burkina Faso, de l'Allemagne, de la France et d'autres organismes ainsi que des ONG locales. Il a annoncé que son pays publiera un document de synthèse de cette étude en l'an 2000.

M. ANDRI BISAZ (Suisse) a regretté que le problème de la désertification ne soit pas traité à titre prioritaire par tous les pays touchés par ce phénomène. De l'avis de la Suisse, il convient de réfléchir à la question de sensibilisation et revoir le cadre trop classique dans lequel est menée cette lutte. Il convient, en conséquence, de donner plus d'importance aux structures hors gouvernementales. A cet égard, il semble que les ONG se concentrent trop sur l'échange d'information entre elles au lieu de donner des informations sur le terrain et d'évaluer leur poids politiques dans la mise en oeuvre des programmes. Parlant des cercles universitaires, le représentant a estimé qu'il s'agit de les intégrer davantage dans la lutte contre la désertification et les encourager à participer plus activement à la mise en oeuvre de la Convention. Poursuivant, le représentant a regretté qu'aucune discussion n'ait lieu sur les engagements du secteur privé. Quelques entreprises entretiennent des programmes d'appui au Sahel qui devraient servir d'exemple aux autres. Les recommandations des grandes conférences internationales doivent également servir de source d'inspiration.

M. GERREMO (Suède) a indiqué qu'un certain nombre de questions importantes préoccupent particulièrement la Suède et notamment celles touchant à l'amélioration de la gestion des terres, la sécurité alimentaire, le concept des réfugiés écologiques. Les échecs passés, a précisé le représentant sont dus principalement au fait que le facteur humain n'a pas toujours été pris en compte sérieusement. D'autre part, la désertification pose un défi technique sérieux et il faut intensifier la recherche technique. La responsabilité des pays touchés, la participation des communautés locales, des femmes, des ONG et le renforcement des capacités locales doivent faire l'objet d'une attention soutenue, a-t-il souligné. Il a déclaré que son pays envisageait avec beaucoup de sérieux les défis que posent la Convention et a assuré la pleine participation de son pays aux activités découlant de la Convention.

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M. A. OYOWE, Communauté européenne, a souligné que les objectifs de la protection de l'environnement, de la lutte contre la détérioration des terres et des forêts, de la restauration de l'équilibre écologique, de la préservation des ressources naturelles et de leur gestion rationnelle ont été confirmés dans la version révisée de la Convention de Lomé IV signée en 1995. Tout en accordant aux pays de l'ACP une aide de 14,6 milliards d'ECU pour la période allant de 1995 à l'an 2000, Lomé IV souligne la nécessité d'une coopération et d'un développement décentralisés. La lutte contre la désertification entreprise par la Communauté européenne ne se limite pas à la seule région de l'ACP. En effet, elle s'étend à l'Asie et à l'Amérique latine. En Méditerranée du Sud, la Communauté a financé un certain nombre de projets portant sur la gestion de l'eau et la télédétection. En juillet 1996, un programme plus vaste sur la protection de l'environnement a été adopté. Le fonds structurel et le fonds pour la mise en oeuvre des politiques de recherche et environnementales contribuent à gérer les zones arides des pays membres de la Communauté.

Mesures prises dans les régions de l'Asie, de l'Amérique latine et des Caraïbes et de la Méditerranée septentrionale

Mme EMMA BORISOVRA GABUNSHINA (Fédération de Russie) a indiqué qu'en août 1996 le Président de la Fédération de Russie a accéléré le processus d'adhésion à la Convention. Un programme d'ensemble a été élaboré. Dans le cadre du Programme d'action national, le Centre aride européen a été créé sur le territoire de l'une des républiques les plus vulnérables de la Fédération. Le Centre permettra de consolider et d'harmoniser les efforts européens et de coordonner l'action des programmes de lutte contre la désertification, d'organiser des travaux de recherche, de créer un Fonds écologique européen, de mettre en place un service de surveillance des ravages de la désertification en Russie et en Europe. La représentante a lancé un appel pour que les pays intéressés coopèrent à la création de ce Centre aride européen. Elle proposé l'élaboration d'une annexe à la Convention sur les pays européens touchés par la sécheresse.

M. MIGUEL JERONIMO (Portugal), au nom des pays de la Méditerranée du Nord, a indiqué que ces derniers ont tenu leur troisième réunion en octobre 1996 en Grèce, à l'occasion de la Conférence internationale sur la désertification en Méditerranée organisée par la Commission européenne. Les questions de l'analyse de l'information fournie par les différents pays, des institutions impliquées dans les programmes d'action nationaux et leur capacité à mettre en oeuvre la Convention, et de l'identification des canaux de participation au sein de la société ont été au centre des discussions. L'identification des questions transnationales et l'établissement d'une liste d'instituts de recherche et de développement ont également fait l'objet de discussions. Les participants ont également pris note des activités

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entreprises par le Groupe de réflexion qui a pour mandat de définir et d'élaborer des orientations stratégiques et des directives aux niveaux local, national, et de l'Union européenne. Les membres du Groupe de réflexion ont en outre fait part de leurs travaux sur les indicateurs en vue de déterminer le processus de désertification et de mesurer les progrès dans la mise en oeuvre de la Convention dans les pays de la Méditerranée du Nord. Le représentant a annoncé que le Groupe tiendra une réunion au printemps prochain à Lisbonne, et outre la question des indicateurs, il examinera celle de la création d'un projet pilote sur la protection de la forêt méditerranéenne à l'échelle sous-régionale.

M. ARTURO SPIEGELBERG (Espagne) a déclaré que le Ministère de l'environnement coordonne la mise en place du Programme d'action national et élabore actuellement un document de base sur la lutte contre la désertification. Le Programme d'action national sera prêt à la fin de l'année, a-t-il indiqué. L'Espagne a acquis une grande expérience au cours de la lutte contre la désertification et souhaite en faire profiter les pays touchés. Depuis la Conférence de Rio, elle a travaillé dans le domaine de la lutte contre la désertification en gardant à l'esprit que ce problème ne connaît pas de frontières. C'est la raison pour laquelle, a ajouté le représentant, l'Espagne a lancé des actions de partenariat et a établi une coopération par le truchement de l'agence espagnole de coopération. La population a fait également l'objet de campagnes de sensibilisation afin de réduire les dommages causés par l'exploitation irraisonnée des terres.

M. LAFOND (Haïti), rappelant que 20% du territoire haïtien est semi- arides, le Gouvernement a souhaité traiter de ce problème en créant, en 1994, un Ministère de l'environnement. Dès septembre de la même année, un Plan d'action pour l'environnement a été mis en préparation basé sur l'engagement politique du Gouvernement. La lutte contre la désertification constitue un thème porteur du Plan d'action. Une commission interministérielle fonctionne actuellement et suit ce plan. Au mois d'août 1996, Haïti a ratifié les trois Conventions consécutives à Rio qui portent sur la diversité biologique, les changements climatiques et la lutte contre la pauvreté. En septembre dernier, un séminaire et des ateliers d'information et de sensibilisation ont été organisés. Depuis lors, des émissions de télévision et de radio, et des bulletins sont produits sur le thème de la désertification. Trois associations locales ont vu le jour. Au cours des précédentes sessions, Haïti a jeté les bases d'une coopération à optique régionale notamment avec le Mexique, l'Argentine et la République dominicaine. Le représentant a déclaré que la pierre angulaire de la mise en oeuvre de cette Convention demeure la prise de conscience des populations et la mobilisation opportune des ressources techniques et financières. Haïti demeure ouvert à tous les types d'assistance pour la définition et la mise en oeuvre d'un plan d'action et la création d'un fonds spécial.

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M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a indiqué que son pays n'a épargné aucun effort afin de pouvoir ratifier la Convention avant le mois de juin prochain. Des études récentes ont montré que la dégradation des terres touchait 55% des terres semi-arides du nord-est du Brésil ce qui donne une indication de l'ampleur du problème au Brésil. La lutte contre la désertification doit s'appuyer sur la coopération et sur des ressources financières adéquates. Ainsi, le Brésil attache une importance particulière au Mécanisme Mondial de financement qui peut accorder des ressources aux pays en développement. Le représentant a insisté sur l'importance de la coopération triangulaire car celle-ci reconnaît la valeur des échanges de l'information et de l'expérience. Il a indiqué que son pays avec l'aide de la FAO et du PNUD élaborait actuellement son Plan d'action national. Celui-ci sera novateur dans la mesure où il sera mené par une organisation non gouvernementale ce qui assurera la participation de la population.

La méthodologie qui sera utilisée mettra en valeur les zones touchées par la désertification en faveur desquelles un plan d'urgence pour leur réhabilitation sera défini. D'autre part, le Plan prévoit l'envoi de mission d'experts qui rédigeront des rapports fondés sur leurs observations dans les zones les plus touchées et proposeront des actions spécifiques. Jusqu'à présent, 5 zones ont reçu la visite de ces experts. Un réseau national d'information a été créé afin d'optimiser les ressources disponibles et de faciliter la coopération. Le Brésil, a souligné le représentant, s'est engagé en faveur de la coopération technique avec les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.

M. OCTAVIO PEREZ PARDO (Argentine) a souligné que son pays a mené une action concrète en matière de lutte contre la désertification en participant aux dix sessions de négociations du CIND, en signant, en 1994, la Convention à Paris et en déposant ses instruments de ratification au cours de la présente session. L'Argentine a organisé la première conférence régionale et a participé à la deuxième qui a eu lieu au Mexique. Elle se prépare actuellement à apporter sa contribution à la troisième conférence qui doit se tenir à Cuba, au cours de cette année. L'élaboration du programme d'action national, a poursuivi le représentant, a pour pilier la participation de tous et une méthodologie de travail qui comprend un processus décisionnel horizontal. Plus de 600 organisations ont participé à l'élaboration de ce Programme grâce à la tenue de plus de 10 réunions dans le pays. En outre, 40 ONG ont été encouragées à coordonner leur action au niveau national. Un groupe consultatif de la science et de la technologie a maintenant pour fonction de fournir une liste d'experts au futur Comité de la science et de la technologie.

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M. GONZALO CHAPELA Y MENDOZA (Mexique) a déclaré que tous les efforts nécessaires doivent être déployés afin de mieux comprendre le phénomène de la désertification. En octobre, le Congrès a approuvé une nouvelle loi de protection de l'environnement tandis qu'une loi forestière est en cours d'élaboration. Le Mexique a également lancé des actions de lutte contre la pauvreté ainsi que des programmes de développement des capacités techniques locales. Depuis août 1996, il existe un Conseil national consultatif sur la préservation des terres permettant de travailler du bas vers le haut. Il existe un Comité de lutte contre la désertification qui est piloté par une ONG. Le représentant a également évoqué la création du Fonds de la désertification, des actions de sensibilisation du public qui seront lancées prochainement, et des ateliers de formation.

M. AGOEDA LEMA (Bolivie) a indiqué que la réglementation bolivienne sur la gestion et la conservation des terres vise à assurer une meilleure gestion des ressources de la terre et doit être complétée par l'adoption d'autres instruments juridiques. Le Gouvernement met également en oeuvre des activités visant à limiter la dégradation des terres comme le lancement du Programme d'action auquel participe toute la société civile. Des actions concrètes sont en outre prévues pour récupérer les écosystèmes et atténuer les niveaux de pauvreté. Pour ce faire, des campagnes de sensibilisation ont été menées au niveau national comme au niveau des départements et des régions. Dans le domaine régional, la Bolivie est fermement engagée à consolider le Programme d'action sous-régional entrepris avec l'appui du PNUD. Les efforts de la Bolivie, a conclu le représentant, ne pourront porter leur fruit que s'ils obtiennent l'appui technique et financier de la communauté internationale.

Mme GULNAR BEKTUROVA (Kazakstan) a déclaré que son pays a publié en plusieurs langues un rapport sur les activités de lutte contre la désertification ainsi qu'une carte de la mer d'Aral qui est fortement touchée. Le représentante a indiqué que son pays a célébré la première journée de lutte contre la désertification et que la Convention sera ratifiée par le Kazakstan dans les meilleurs délais. Le texte de la Convention a été publié dans la langue locale ainsi qu'en russe dans un journal à grand tirage. Dans le cadre du Programme d'action national, un document synthétique a été également élaboré. Pour accroître la sensibilisation de la population, un calendrier a été élaboré tandis qu'un séminaire a été organisé réunissant tous les représentants des régions du pays. En 1997, il est prévu d'organiser des séminaires dans les zones les plus touchées. La représentante a insisté sur l'importance de renforcer la coopération régionale. Celle-ci devrait commencer par la réalisation de projets concrets qui associeraient l'expérience riche de partenaires comme la Chine ou Israël.

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M. URIEL SAFRIEL (Israël) a indiqué que son pays a lancé la mise en oeuvre d'un plan de réhabilitation pour le Néguev du nord, une région semi- aride. Il est question d'y transporter de l'eau usée propre à la réutilisation. Le grand problème étant celui de la salinisation, des moyens importants sont investis dans la recherche en la matière et concernant l'énergie solaire. En matière de lutte contre la désertification, Israël intensifie sa collaboration avec ses voisins dans la cadre notamment des négociations de paix. Dans ce cadre, Israël doit apporter une aide sur l'étude portant sur les vergers régionaux alors qu'une étude commune sur la région du Rif vient de se terminer. Elle sera présentée à Aman le 29 janvier prochain.

Au niveau régional, Israël a participé à la réunion de New Delhi et à celle de Beijing sur l'Asie et l'Afrique. Etant géographiquement situé en Asie, Israël est disposé à partager son expérience. Regrettant, par ailleurs, que certaines délégations aient jugé utiles de prononcer des discours politiques en tentant d'entraver la coopération dans la région, le représentant a rappelé que son pays entend bien poursuivre cette collaboration en matière de lutte contre la désertification. Pour accroître le transfert des technologies, Israël met sur pied un centre de lutte contre la désertification qui pourra accueillir deux cents étudiants des pays touchés. Enfin, en mars prochain, Israël accueillera une réunion pour la mise en oeuvre de la convention dont les recommandations seront envoyées à la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la mise en oeuvre d'Action 21.

Mme CI LONG-JUN (Chine) a indiqué que son pays a procédé à une étude pour mesurer l'impact de la désertification sur l'ensemble du pays. Ce projet a eu lieu sur deux ans et a donné naissance à la réalisation de cartes approuvées par les experts. Depuis la tenue du Forum asiatique en 1996, un rapport de faisabilité sur la création d'un centre Asie-Afrique sur la désertification a été rédigé. Dans le cadre du programme d'action national, a ajouté la représentante, le gouvernement a procédé à une évaluation des projets en cours mais le manque de financement constitue le principal obstacle à leur réalisation. Indiquant que dans son pays plus de 40 millions de personnes vivent dans des zones touchées par la désertification, la représentante a souligné l'importance de la lutte contre la désertification pour le siècle prochain. Malgré le manque de financement et de technologies, un grand nombre de pays lutte avec ténacité et nourrit l'espoir et la confiance dans les négociations du CIND et dans un partenariat mondial. La désertification exige une action concertée de la communauté internationale et le Mécanisme Mondial devrait refléter cette tendance, a-t-elle insisté.

M. ABDULKARIM (République arabe syrienne) a fait part des projets de reboisement entrepris dans son pays et également du projet intitulé "ceinture verte" qui vise à contenir l'avancée du désert. Il a rendu compte d'un projet pilote qui, a-t-il dit, pourrait permettre le transfert de technologie dans des pays ayant des conditions similaires.

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M. SAMUEL NYAMBI, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l'appui a été rendu possible grâce aux ressources apportées par un certain nombre de donateurs dont la France, le Danemark , la Norvège, la Suède, le Luxembourg, la Suisse, les Pays-Bas et l'Italie, notamment. En général, l'appui du PNUD a consisté en une assistance catalytique, conceptuelle, financière et technique. Au niveau national, un appui est fourni au processus de programme d'action national en Afrique, en Asie et en Amérique. La stratégie de la coopération consiste à attirer et à mobiliser des ressources supplémentaires au niveau national à travers les partenaires de coopération présents dans le pays. Ce processus se fait toujours en accord avec le chef de file désigné. Au niveau sous-régional, en plus de l'appui direct apporté aux organisations, deux projets ont été mis en place pour soutenir les processus des programmes d'action sous-régionaux en Afrique et une discussion est en cours pour étendre les projets dans les autres régions. Pour ce qui est des fonds de lutte contre la désertification (FND), le PNUD apporte son appui à l'établissement du FND dans plus de 18 pays en Afrique. Ces fonds sont un moyen de mobilisation des ressources au niveau interne avec pour objectif de fournir de petits dons aux initiatives des communautés locales. Les fonds nationaux sont également conçus pour soutenir certains aspects novateurs de la Convention comme la participation des collectivités locales. Concluant, le représentant a souligné deux défis majeurs pour la mise en oeuvre de la Convention. Il est important, a-t-il dit, d'initier le partenariat dès le début du processus du programme d'action national et de passer dès à présent à une phase plus active des processus des programmes d'action nationaux en commençant par la tenue des forums nationaux. Ces forums doivent constituer une plate-forme qui définira les domaines prioritaires, le mode de financement des actions retenues et les mécanismes à mettre en place pour permettre d'aller à la vitesse voulue par les partenaires concernés.

M. CARDY, Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), a démenti des rumeurs qu'il a qualifiées de non fondées et insisté sur l'engagement du PNUE dans la lutte contre la désertification. Par exemple, a-t-il indiqué, le PNUE fournit toujours un appui à la réalisation des Programmes d'action national. Le PNUE a également lancé un projet d'évaluation des terres et a participé au lancement d'une unité de coordination pour la mise en oeuvre de la Convention en Afrique. Dans le domaine de la formation, le PNUE a participé à la diffusion de l'information sur la Convention. Il a contribué à l'élaboration d'un projet global sur les populations et l'environnement. Dans la région de l'Asie pacifique, des réunions sous- régionales, auxquelles le PNUE a participé, ont eu lieu. Le Programme des Nations Unies pour l'environnement prépare actuellement la deuxième édition de l'Atlas sur la désertification qui devrait être prête avant la première Conférence des Parties. Le représentant a par ailleurs évoqué un projet pilote sur les transferts de technologies et a insisté sur la participation active du PNUE dans la lutte contre la désertification.

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M. MANSURI, Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a estimé que les pays parties à la Convention se situent à un carrefour important puisqu'ils doivent se diriger vers un processus visant à définir concrètement les programmes d'action nationaux. Il est essentiel que ce processus se déroule de façon cohérente et que l'on garde à l'esprit que les programmes de développement locaux sont ceux qui permettront d'aller de la simple lutte contre la désertification à un développement durable des zones arides. Les programmes d'action nationaux sont essentiels pour promouvoir le changement puisqu'ils concernent des domaines tels que les réformes législatives ou la mobilisation des ressources. Ils créent en outre une structure permettant aux populations de se prendre en charge elles-mêmes. Dans certains pays, cette phase d'élaboration durera au moins deux ans. A moins d'une action complémentaire sur le terrain, aucune activité ne saurait avoir lieu sur le terrain. C'est pourquoi, il convient de faire en sorte que des initiatives pilotes soient créées pendant toute cette phase. Des réformes en matière de politique pourraient être mises en oeuvre dans le domaine de la décentralisation et de la propriété foncière. Un programme d'action doit être conçu comme un programme dynamique dans le temps. Il serait inutile d'attendre que toutes les composantes du programme soient en place pour procéder à des activités concrètes sur le terrain.

M. ENOCH OKPARA, Représentant du réseau des ONG sur la désertification, a dressé le bilan des actions menées par le réseau des ONG dans les zones touchées par la désertification. Ainsi, en Afrique, le réseau des ONG s'est attaché à promouvoir des actions de coopération, de prise de conscience, de mobilisation des capacités communautaires. Alors que l'Afrique se prépare pour la Première Conférence des Parties, les ONG ont travaillé à des accords afin de traduire certains passages de la Convention faisant référence au rôle des communautés locales, dans des langues locales africaines. De plus, le réseau des ONG propose la tenue d'une Conférence régionale africaine afin de passer en revue le processus de mise en oeuvre de la Convention. En Asie, a indiqué le représentant, le réseau a été actif. Il a organisé par exemple une consultation nationale au Pakistan sur le rôle de la société dans la lutte contre la désertification. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les ONG ont participé à l'élaboration du forum Nord-Sud sur la désertification. Une seconde Conférence latino-américaine des ONG aura lieu en mars prochain à Cuba. Pour ce qui est de la Méditerranée du Nord, le réseau des ONG français a tenu un Forum sur les accords de partenariat pour la mise en oeuvre de la Convention.

M. BO KJELLEN, Président du Comité, s'est félicité de la décision prise lors de la cinquième session du Comité d'adopter des mesures urgentes en faveur de l'Afrique, ce qui, a-t-il dit, à accélérer la mise en oeuvre de la Convention. La désertification est un problème mondial et les instruments établis jusqu'ici fonctionnent de manière satisfaisante. M. Bo Kjellen s'est dit convaincu qu'il faut tirer les leçons des succès comme des échecs.

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Dans le cas de l'Afrique, la lutte contre la pauvreté, le rôle des femmes, les relations entre donateurs et coordonnateurs sont reconnues par les Etats parties comme des questions centrales dans la mise en oeuvre de la Convention. En outre, il apparaît que la connaissance est un élément clé et qu'en conséquence l'information et la vulgarisation sont des éléments importants pour sensibiliser l'opinion publique. De nombreuses délégations, a poursuivi le représentant, ont fait ressortir les caractéristiques prospectives de la Convention en soulignant la nécessité d'utiliser davantage le cercle scientifique et le secteur privé. Les échanges de vues qui se sont déroulés au cours des sessions du Comité auront sans doute beaucoup d'importance pour les réunions futures de la Conférence des Parties, a conclu le Président.

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