AG/603

L'ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT SUR LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

3 décembre 1996


Communiqué de Presse
AG/603


L'ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT SUR LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

19961203 APRES-MIDI AG/603

L'Assemblée générale a achevé son débat sur la situation au Moyen-Orient, point 33 de son ordre du jour et a entendu les interventions des délégations suivantes : Jordanie, République de Corée, Liban, République arabe syrienne, Egypte, Japon, Cuba, Malaisie, République tchèque, Sénégal, Argentine, Australie. L'observateur de la Palestine a également fait une déclaration.

Les intervenants ont mis l'accent sur la nécessité de trouver une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien, pour parvenir à la paix dans l'ensemble du Moyen-Orient. Ce n'est qu'à cette condition que les grandes perspectives de développement économique et social pourront être réalisées. Il est donc impératif que toutes les parties au conflit reprennent le processus de négociations, ce à quoi l'Organisation des Nations Unies devrait employer tous ses efforts, forte de ses principes d'égalité, de respect mutuel et de souveraineté des Etats. Plusieurs délégations ont estimé qu'Israël était responsable de l'interruption du processus de paix, parce que son nouveau Gouvernement multiplie les violations des droits du peuple palestinien ainsi que des accords déjà conclus. Ils ont appelé à l'arrêt de la politique de peuplement et de confiscation des terres palestiniennes et arabes, ainsi qu'au retrait des troupes d'occupation de tous les territoires arabes occupés et ont insisté sur le respect du principe de "la terre contre la paix", défini à la Conférence de Madrid en 1991.

Les représentants des pays de la région du Moyen-Orient ont, également, mis l'accent sur la nécessité d'inclure la question du statut de la ville sainte de Jérusalem dans les négociations pour la paix.

L'évolution de la situation au Moyen-Orient constitue à leurs yeux un tout qui dépend en particulier d'un renforcement des économies des différents pays et parties concernés. A cet égard, plusieurs représentants ont exhorté la communauté internationale à poursuivre et à accroître son aide économique et technique aux populations de la région, la situation restant marquée par son caractère instable.

(à suivre - 1a)

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Les représentants de la République arabe syrienne, de la République islamique d'Iran, et du Liban ont exercé leur droit de réponse en fin de séance.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux demain, mercredi 4 décembre, à partir de 10 heures et elle se prononcera sur les trois projets de résolution sur cette question, ainsi que sur ceux relatifs à la question de Palestine.

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La situation au Moyen-Orient

Fin du débat

M. HASAN ABU-NIMAH (Jordanie) a déclaré que le processus de paix engagé il y a cinq ans avait laissé augurer des progrès plus substantiels. Or, l'arrêt des négociations est très préoccupant et il a mis en garde contre les conséquences qui pourraient découler de ce blocage. Tout en réitérant l'attachement de son pays à la paix, il a souligné la nécessité de réactiver le rôle des Nations Unies pour faire sortir le processus de paix de l'impasse dans lequel il se trouve. Les Nations Unies sont, en effet, fondées sur les principes de respect mutuel et de souveraineté qui ont présidé à la mise en oeuvre du processus de paix. Les contributions de la Jordanie, à cet égard, sont bien connues depuis 1948 et elle continuera d'affirmer sa foi dans le règlement pacifique de tous les conflits. La paix doit être juste, complète et durable, ainsi que le reconnaissent la plupart des acteurs internationaux. Une fois instaurée, elle sera un tournant dans l'histoire de la région et ouvrira la voie à de nouvelles possibilités pour l'ensemble des populations de la région. Il a exprimé l'espoir que des progrès pourront être réalisés en ce qui concerne le Liban et la Syrie, mais pour cela il faut analyser les raisons qui font obstacle à l'instauration du processus de paix. Il apparaît que si la responsabilité de la paix complète est commune, cela ne signifie pas pour autant que toutes les parties ont un rôle identique dans l'arrêt des négociations. Il faut dire à Israël qu'une seule voie est possible vers la paix, et sa sécurité bien que légitime, ne saurait être garantie par une remise en question des accords conclus et une intensification des mesures qui portent atteinte aux droits et aux attentes du peuple palestinien, a-t-il estimé. La politique de confiscation des terres menée par Israël ne saurait se poursuivre, de même que l'utilisation de la violence et de la torture, pratiques condamnées par le monde civilisé. Le processus de paix est fondé sur le principe d'un échange de territoire contre la paix, énoncé par la résolution 242 du Conseil de sécurité. Cela n'est pas possible si les colonies de peuplement sont étendues. La solution de la question des réfugiés, de la souveraineté et de l'autodétermination du peuple palestinien est la garantie du progrès pour toutes les populations de la région.

La question de Jérusalem est elle aussi au coeur de la paix et une solution juste est inévitable. Il existe un consensus selon lequel Jérusalem fait partie des territoires occupés depuis 1967. Dès 1968, le Conseil de sécurité rejetait toute tentative de modifier l'équilibre démographique de la ville sainte. Toute mesure prise par Israël pour modifier le statut politique, juridique ou démographique de la ville serait inacceptable, contraire au droit et mettrait en danger l'ensemble du processus de paix. Le report de la question de la ville sainte oblige les parties à maintenir un statu-quo et le Gouvernement jordanien est prêt à être le garant des lieux saints. Par ailleurs, il a plaidé en faveur d'une compréhension plus profonde de la part de la communauté internationale des besoins financiers pour le

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développement des peuples de la région. A cet égard, les succès obtenus lors de plusieurs conférences sont encourageants, mais pâtissent aujourd'hui de l'arrêt des négociations. C'est pourquoi, les Nations Unies doivent faire repartir le processus de paix et permettre aux Etats de l'Union européenne d'y participer.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a déploré qu'en dépit des appels venant du monde entier en faveur de la réconciliation et de la paix, la situation au Moyen-Orient se soit peu améliorée au cours de l'année écoulée. Notant que les négociations entre Israéliens et Palestiniens n'ont pas été les seules à enregistrer d'importants retards, le représentant a rappelé les graves incidents survenus en avril à la frontière israélo-libanaise et a noté le retard enregistré dans les pourparlers sur les questions relatives au Golan syrien. Selon le représentant, les problèmes que connaît le processus de paix, aussi insurmontables qu'ils paraissent, ont été créés par des hommes et doivent par conséquent être résolus par des hommes. Pour lui, les parties directement concernées par le processus de paix au Moyen-Orient ont le pouvoir de modifier leur destin et de déterminer le type d'environnement dans lequel ils vivront ainsi que les futures générations. La République de Corée prie instamment toutes les parties de dépasser leurs intérêts partisans et de tout mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs de la réconciliation et de la prospérité.

Le représentant, dressant un parallèle entre la situation que traverse le Moyen-Orient et celle qui prévaut dans la péninsule de Corée, a souligné que dans les deux cas le règlement pacifique du conflit exigera une volonté politique sans faille des parties concernées. Le représentant s'est déclaré convaincu que l'initiative, la détermination et le courage dont ont fait preuve les parties pour instaurer un cadre historique de négociation pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient serviront à paver le chemin qui menera à une paix juste, durable et globale dans la région fondée sur les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité.

M. SAMIR MOUBARAK (Liban) a déclaré que le Liban, qui est l'un des pays qui a le plus souffert du conflit israélo-arabe, réaffirme son désir de poursuivre le processus de paix. Israël doit respecter toutes les résolutions du Conseil de sécurité y compris la résolution 425 qui réaffirme la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban et demande à Israël de se retirer du territoire libanais. Le Liban renouvelle sa solidarité avec la Syrie dans leur marche commune. Les deux volets libanais et syrien sont interdépendants et ne sauraient être considérés séparément. Il n'y aura pas de paix durable dans la région tant qu'Israël refusera de se retirer des territoires arabes occupés. La recrudescence de la violence au Sud-Liban est la preuve de l'échec du concept israélien d'une zone de sécurité. L'agression perpétrée par Israël au Liban, connue sous le nom de "raisins de la colère", a

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détruit des villages et tué des centaines de civils innocents. Les chars n'ont épargné personne. L'agression israélienne a été condamnée par l'Assemblée générale. Israël a violé la Déclaration des droits de l'homme et les Conventions de Genève et de La Haye. Les détenus libanais, qui vivent toujours dans les camps de concentration israéliens, doivent être immédiatement libérés.

Le représentant a déclaré que le peuple libanais a le droit de résister à l'occupation israélienne et de vouloir s'en libérer. Le nouveau Gouvernement israélien remet en cause le processus de paix, les principes de Madrid et les engagements pris par le gouvernement précédent. Israël continue de développer les colonies de peuplement, de confisquer les terres arabes, de refuser de se retirer des territoires occupés, et d'oblitérer toute identité arabe de Jérusalem. Les négociations doivent reprendre conformément au principe de la terre contre la paix et aux principes de Madrid. Les entretiens multipartites sont prématurés et ne pourront aboutir tant que les volets bilatéraux ne déboucheront pas sur des résultats tangibles. Le représentant a rappelé le rôle capital joué par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour l'application de la résolution 425. Cette force doit être maintenue. Le Liban rejette toute tentative d'implanter les palestiniens sur le territoire libanais. En ce qui concerne Jérusalem, qui est au coeur de la question de Palestine, le Liban ne peut accepter les mesures qui affectent le statut de la ville sainte. Israël doit également adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et cesser de menacer la région avec ses installations nucléaires. Le Liban aspire à un avenir meilleur pour la région et en appelle aux deux coparrains du processus de paix pour que la situation puisse être corrigée avant qu'il ne soit trop tard.

M. FAROUK AL-SHARA (République arabe syrienne) a déclaré que les événements qu'a connu le Moyen-Orient font apparaître une grave dégradation et augmentent les inquiétudes de la communauté internationale. Le nouveau Gouvernement israélien n'a laissé passer aucune occasion de réaffirmer son intransigeance et de remettre en cause les accords conclus par son prédécesseur, remplaçant notamment le principe "la terre contre la paix" par "la sécurité contre la paix" et mettant ainsi les parties arabes devant un fait accompli. Or ce principe se trouve au coeur du processus de paix et de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. Les parties ont, de plus, des droits et des obligations, ainsi avait-il été convenu entre autres qu'Israël se retirerait du Golan syrien jusqu'à la ligne du 4 juin 1967. Cela ne constitue que l'un des trois grands refus de ce gouvernement et désormais on voit éclater des affrontement sanglants. Par ailleurs, les attaques persistent dans le Golan syrien et dans le sud de la plaine de la Bekaa. Israël prétend que ces exactions s'inscrivent dans une politique de légitime défense, or le monde entier sait bien qu'Israël est la plus grande force militaire de la région, qui par ailleurs, n'a pas accédé au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, ni à la Convention de sauvegarde de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Comment Israël pourrait-il avoir peur de simples manoeuvres syriennes? s'est-il étonné.

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Il a ajouté que le Gouvernement israélien déploie désormais ses colonies de peuplement dans le Golan, sur la rive occidentale et à Jérusalem occupée au mépris du droit international, ce qui encourage la violence. La Syrie condamne ces pratiques et considère qu'elles ne visent qu'à faire échouer le processus de paix. C'est pourquoi le monde doit condamner ces pratiques et mesures. Le processus de paix commencé à Madrid est à présent dans l'impasse, en raison du refus d'une partie d'accepter les obligations contractées ces cinq dernières années. Qu'espèrer d'un gouvernement qui déclare publiquement que le retrait du Golan syrien et du Sud-Liban est inconcevable, contrevenant ainsi aux différentes résolutions pertinentes du Conseil de sécurité? Peut-on attendre que la Syrie fasse la paix avec Israël alors que des terres syriennes restent encore au main du Gouvernement israélien ? La Syrie s'attendait à ce que le processus de paix fût couronné de succès car la paix profite à tous les pays de la région, y compris à Israël. La communauté internationale doit donc déployer tous les efforts possibles pour parvenir à une paix fondée sur la justice. Il a appelé la communauté internationale à exercer son influence sur Israël pour qu'il cesse sa politique de colonies de peuplement et reprenne les pourparlers là où ils se sont arrêtés, afin d'assurer paix, développement et prospérité à la région.

M. NABIL A. ELARABY (Egypte) a indiqué que son pays avait dès le lancement du processus de paix à Madrid, estimé qu'il ne serait ni facile ni automatique. L'Egypte n'a pas pour autant perdu espoir de voir une paix juste et durable s'instaurer au Moyen-Orient sur la base notamment du principe de la "terre contre la paix". Elle estime cependant que le processus de paix ne saurait constituer une fin en soi, même s'il a d'ores et déjà permis de réaliser des progrès considérables qui ont notamment permis la mise en place de l'Autorité palestinienne et l'élection du Conseil national palestinien. Après une série d'incidents regrettables, l'Egypte souhaite attirer l'attention de la communauté internationale sur le fait que l'actuel Gouvernement israélien est non seulement revenu sur les accords conclus depuis la Conférence de Madrid, mais a poursuivi sa politique d'implantation de colonies de peuplement. Une telle politique ne peut avoir que des conséquences négatives sur le processus de paix. Il a rappelé qu'en vertu de l'Accord d'Oslo, la ville d'Al-Quods doit faire l'objet de négociations en ce qui concerne son statut final. De même, Israël doit retirer ses troupes du Golan syrien et du Sud-Liban.

L'évolution de la situation au Moyen-Orient constitue un tout qui dépend en particulier d'un renforcement des économies des différents pays et parties concernés; c'est pourquoi la communauté internationale doit poursuivre et accroître son aide économique et technique au peuple palestinien. Il a réitéré l'appel de son pays en faveur de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Déplorant qu'Israël continue de refuser d'entamer des négociations sur la question et de soumettre ses installations militaires à des contrôles effectués par la communauté internationale, le

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représentant a indiqué que le Gouvernement égyptien exige qu'Israël s'abstienne de toute politique et pratique discriminatoire et s'acquitte de ses engagements. A défaut, la communauté internationale devra assumer ses responsabilités afin d'éviter que le processus de paix ne se retrouve dans une impasse.

M. HISASHI OWADA (Japon) a déclaré que le Gouvernement du Japon espère fortement que les parties concernées reconnaîtront que le processus de paix en cours est la seule option réaliste et raisonnable pour la restauration de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient. Dans l'idée de contribuer à ce but, le Japon a poursuivi une approche sur trois fronts au Moyen-Orient. D'abord, il a participé activement aux débats multilatéraux pour créer un environnement propice à la paix. Deuxièmement, le Japon a poursuivi des efforts bilatéraux, y compris de nombreuses consultations directes et intensives au plus haut niveau gouvernemental, avec les dirigeants des parties concernées. Et troisièmement, il a contribué financièrement conscient qu'il est important de montrer aux peuples de la région que l'instauration de la paix dans la région entraîne de vrais dividendes.

Le représentant a déclaré que le Japon comprenait qu'Israël doive assurer sa propre sécurité pour permettre à sa population de vivre en paix. Pourtant, il est important que cela ne se fasse pas au détriment du droit du peuple palestinien de vivre en paix dans la région. Il a demandé instamment à Israël de lever sans délai le blocus des territoires palestiniens, tout en prenant les mesures nécessaires pour satisfaire ses propres besoins légitimes de sécurité. Le délégué a accueilli avec satisfaction les efforts de la Norvège, des Etats-Unis et de la Fédération de Russie pour présenter le projet de résolution sur le processus de paix au Moyen-Orient, dont le Japon est devenu un coauteur.

M. PEDRO NUNEZ MOSQUERA (Cuba) a rappelé, au sujet de Jérusalem, la nécessité d'observer les résolutions 50/22 A de l'Assemblée générale et 478 (1980) du Conseil de sécurité. Le représentant a estimé que le peuple palestinien et les peuples des territoires arabes occupés vivent un moment crucial de leur histoire. Ces peuples doivent poursuivre leurs efforts en vue d'établir une paix juste et durable malgré les provocations et les incidents récents ainsi que la politique agressive et dangereuse menée par la puissance occupante et qui menace le processus de paix. Tout le monde sait qu'Israël est soutenu par les Etats-Unis qui ont toujours opposé leur veto aux résolutions du Conseil de sécurité qui critiquent la politique d'Israël au Moyen-Orient. Il faut mettre fin à l'occupation israélienne des territoires arabes occupés et respecter les dispositions de la déclaration de principes et des accords qui l'ont suivi.

Le représentant a déclaré que les échéances et les étapes énoncées dans les accords internationaux doivent être respectées. La question de Palestine est centrale et il est nécessaire de poursuivre les négociations afin de trouver une solution juste et durable au conflit dans son ensemble.

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Cuba soutient le droit du peuple palestinien d'avoir un Etat indépendant ayant Jérusalem pour capitale et s'oppose aux mesures prises pour modifier le statut juridique de Jérusalem et sa composition démographique. Cuba demande que les territoires arabes occupés par Israël soient rendus. L'intégrité territoriale et la souveraineté des peuples de la région doivent être respectés et les Nations Unies doivent s'engager à faire aboutir le processus de paix.

M. HASMY BIN AGAM (Malaisie) a déclaré que si le Gouvernement actuel d'Israël désire authentiquement l'instauration d'une paix permanente dans la région, plutôt qu'un conflit permanent, il doit scrupuleusement honorer les accords de paix qui ont été conclus entre Israël et l'Autorité palestinienne. Le représentant a déclaré que si l'attention était centrée sur la recherche d'une solution au problème central de la Palestine, d'autres aspects du conflit au Moyen-Orient méritent aussi l'attention de la communauté internationale. L'occupation continue, du sud du Liban par Israël, est une violation flagrante de la souveraineté du Liban. Le représentant a réaffirmé l'engagement permanent et le soutien inébranlable de la Malaisie en faveur de la quête de paix et de sécurité au Liban et la fin de l'occupation israélienne du Liban-Sud.

Le représentant a regretté la ligne dure adoptée par le nouveau Gouvernement d'Israël particulièrement en ce qui concerne la poursuite de l'occupation du Golan qui a mené à une impasse insurmontable sur le chemin vers la paix entre Israël et la Syrie, créant ainsi un autre retard regrettable dans le processus de paix général au Moyen-Orient. Il a demandé instamment aux deux Gouvernements de retourner le plus rapidement possible au processus de dialogue dans l'intérêt de créer un élan vers une solution finale du conflit. Il a exhorté le Gouvernement israélien à abandonner sa politique d'agression et de provocation et de s'arrêter de construire de nouvelles colonies de peuplement sur les hauteurs occupées du Golan dans le but de créer de "nouvelles réalités" sur le territoire.

M. KAREL KOVANDA (République tchèque) a déclaré que sa délégation se rangeait parmi les pays convaincus de la nécessité de reprendre et de continuer le processus de paix au Moyen-Orient. A cette fin, il faut appliquer les accords existants, achever la première étape du retrait israélien, notamment d'Hébron et de libérer les prisonniers palestiniens; ensuite prendre des mesures pour soulager les souffrances du peuple palestinien, en levant le blocus imposé aux déplacements et en éliminant les obstacles à l'aide économique ainsi qu'en permettant la mise en oeuvre des projets de construction des infrastructures palestiniennes. Le droit à l'autodétermination du peuple palestinien, ainsi que le principe "la terre contre la paix" sont indispensables à l'établissement d'une paix juste et durable. Il a condamné tous les obstacles mis aux efforts de la communauté internationale pour résoudre le conflit au Moyen-Orient y compris le terrorisme qui constitue une menace particulièrement grave. C'est pourquoi,

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il a condamné la vague d'attentats qui a frappé Israël en février-mars dernier ainsi que la reprise de la violence depuis septembre. Il est de l'intérêt de tous que le processus de paix reprenne et que toutes les parties prenantes y participent, y compris la Syrie et le Liban, ainsi que l'Iran et l'Iraq.

Il a indiqué que la sécurité et la stabilité dans le Golfe étaient également l'une des priorités de la République tchèque. A cet égard, il a abordé la question de l'Iraq, précisant qu'il fallait s'attacher à en respecter l'intégrité territoriale et s'efforcer de mettre en application les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin de lever les sanctions. Il a précisé que son pays participait activement au renforcement du processus de paix et, à cet égard, avait notamment donné 3 millions de dollars en vue de l'électrification de la région de Tubbas sur la rive occidentale. Il a réaffirmé que pour Israël, les palestiniens et les pays voisins, le dialogue constitue la seule voie vers la paix.

M. KA (Sénégal) a estimé que les immenses progrès accomplis au cours de ces dernières années dans le cadre du processus de paix de Madrid ont fait naître au Moyen-Orient ainsi qu'à travers la communauté internationale l'espoir d'une nouvelle ère de paix, de réconciliation et de coopération dans la région. Force est de reconnaître que cette évolution positive, acquise au prix de nombreux sacrifices, risque d'être dangereusement compromise par le retour à des pratiques qui n'ont engendré, dans le passé, que violence et destruction. Le 28 septembre dernier, le Conseil de sécurité s'est fait l'écho de la communauté internationale, dans son ensemble, pour exprimer sa vive préoccupation face aux événements tragiques qui se sont produits à Jérusalem, Naplouse, Ramallah, Bethléem et dans la bande de Gaza et demander la cessation des actes qui ont eu pour résultat d'aggraver la situation et des effets négatifs sur le processus de paix.

"Cette situation dangereuse que l'on croyait à jamais révolue, nous conforte dans notre conviction qu'il n'y a pas d'autre voie pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la région que celle de la négociation et de l'application des accords que les parties ont librement conclus", a déclaré M. Ka. Il a observé que la question de Palestine se trouve au coeur du conflit du Moyen-Orient et que rien de durable ne pourra être édifié tant que ne sera pas réalisé un règlement conforme à la légitimité internationale établie dans le cadre des résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité. "En ce moment décisif pour l'avenir de la région, nous réitérons notre appel, à l'instar de tous les pays épris de paix et de justice, pour une reprise rapide du processus de paix et pour l'application des accords conclus", a déclaré le représentant.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a déclaré que le conflit du Moyen- Orient est le dernier grand conflit. Le représentant est optimiste en ce qui concerne le processus de paix. Les négociations continuent même s'il est vrai qu'elles devraient s'accélérer. Le représentant a estimé que plusieurs

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éléments permettent d'être optimiste : la fin de la guerre froide, le progrès de la démocratie, la coopération économique entre les peuples de la région, ainsi que le mécanisme de négociation qui est en route. Un esprit de compromis et de paix a permis que soient signés plusieurs accords avec Israël. Les résolutions du Conseil de sécurité doivent être respectées. Les progrès accomplis doivent se poursuivre et il faut réussir à dépasser les difficultés actuelles. Le dialogue entre la Syrie et Israël semble indispensable. Il faut encourager les parties à mettre fin à ce conflit. Le représentant a rappelé que les communautés juives et arabes sont très importantes en Argentine et que son pays se sent particulièrement concerné par la situation au Moyen-Orient. L'Argentine a contribué à l'initiative des casques blancs dans la bande de Gaza.

M. RICHARD BUTLER (Australie) a appelé toutes les parties à reprendre le processus de paix, à honorer les obligations et engagements qu'elles ont pris, ce qui inclut le redéploiement des troupes de Hébron et le début de pourparlers substantiels sur le statut définitif de Jérusalem. Il a estimé que toutes les parties doivent à présent s'engager à nouveau dans la recherche d'un règlement pacifique de leurs différends. Le représentant a accueilli avec satisfaction l'organisation et la tenue de la Conférence des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, qui s'est tenue avec succès au Caire le mois dernier, comme étant un moyen de relancer le développement économique dans la région. La conduite de cette conférence par le Président Moubarak a été exemplaire. Le représentant s'est félicité de la participation de l'Australie aux aspects multilatéraux du processus de paix. De la même façon, l'Australie a montré son engagement en faveur de la cause de la paix au Moyen-Orient par une importante contribution à la force multinationale et d'observateurs placés sur le Sinaï et dont le commandant actuel est australien.

Eu égard aux événements tragiques du Sud-Liban en avril, le représentant a demandé instamment à Israël, à la Syrie et au Liban de redoubler d'efforts pour arriver à un accord de paix basé sur une application rapide de la résolution 425 du Conseil de sécurité. Par ailleurs, le représentant a invité instamment tous les Etats du Moyen-Orient qui ne l'ont pas fait à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire. Il s'est aussi dit profondément concerné par la souffrance que le peuple iraquien a endurée ces dernières années. Il a renouvelé son appel à l'Iraq pour qu'il coopère pleinement avec la Commission spéciale. Ce ne sera qu'en coopérant de la sorte que l'Iraq pourra recevoir un certificat de bonne conduite de la communauté internationale selon lequel l'Iraq ne construit plus, ni ne teste, ne garde ni ne cache la pire sorte d'armes de destruction massive.

M. FAROUK KADDOUMI (Observateur de la Palestine) a déclaré que le processus de paix avait connu un véritable élan grâce à la reconnaissance mutuelle de l'Organisation de libération de la Palestine et d'Israël et à la signature de plusieurs accords. Malheureusement aujourd'hui ces initiatives

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sont bloquées et une grave menace pèse sur le processus de paix, résultant de la politique adoptée par le nouveau Gouvernement israélien, qui a notamment tenté de se retirer des accords signés préalablement et de refuser le principe de la "terre contre la paix". La restauration du processus de paix passe par un engagement ferme sur les différents accords et Israël doit s'abstenir d'adopter des mesures préjudiciables au peuple palestinien, telles que le bouclage des territoires. Il a plaidé en faveur de la reprise des négociations entre Israël et la Syrie sur la base de ce qui a été déjà convenu. Par ailleurs, Israël doit se retirer de tous les territoires arabes occupés et à cet égard le Liban a droit à des réparations pour les souffrances infligées, notamment dans le cadre de la récente action "raisins de la colère". Il a rappelé que les dirigeants palestiniens ne participeront plus aux travaux des comités bilatéraux, sauf celui sur les réfugiés, tant que l'économie et la population palestiniennes continueront de pâtir des politiques israéliennes. Le Gouvernement d'Israël doit comprendre qu'il ne peut pas bénéficier des dividendes de la paix sans remplir ses obligations envers celle-ci, a-t-il expliqué. Par ailleurs, il ne lui est pas possible d'accepter que la sécurité d'Israël soit garantie aux dépens de la sécurité des Palestiniens et de tous les peuples arabes. Il a également condamné tout déploiement militaire dans la région ainsi que la détention par Israël de l'arme nucléaire, sans qu'elle souscrive à la Convention de sauvegarde de l'AIEA et sans qu'elle accepte d'adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire.

Il a ajouté que l'ensemble de la situation dans la région du Golfe reste précaire et qu'il est impératif de respecter l'intégrité et la sécurité des pays du Golfe. Il faut ainsi prévenir toute ingérence dans les affaires internes des Etats. Il a appelé les souffrances du peuple iraquien et a souhaité que l'application de la résolution 986 marque un pas en avant, vers la levée des sanctions. Il a souhaité le rétablissement des relations entre l'Iran et ses voisins arabes ainsi qu'avec l'Autorité palestinienne. Il a également demandé la levée des sanctions contre la Libye, qui pourrait être envisagée sur la base de l'initiative prise par la Ligue arabe et l'Organisation de l'unité africaine. Les sanctions appliquées à trois pays arabes éveillent les interrogations du citoyen arabe, la justification et l'utilité de telles sanctions. Louant les efforts déployés par les pays arabes en vue de résoudre le problème du Moyen-Orient, et notamment l'action de l'Egypte, il a assuré que, malgré la situation difficile, la partie palestinienne restait attachée au processus de paix et avait toujours bon espoir de voir les droits inaliénables de son peuple respectés et se développer au sein d'un Etat palestinien autonome ayant Jérusalem pour capitale.

Droits de réponse

Le représentant de la République arabe syrienne, exerçant sont droit de réponse, a évoqué l'intervention faite par le représentant d'Israël au cours de la séance de l'Assemblée ce matin. Le représentant a fait remarquer que

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cette déclaration comprenait, comme d'habitude, un certain nombre de contre- vérités et visait l'Ambassadeur de la République arabe syrienne en Egypte. En fait, le représentant d'Israël n'a pas tenu compte lors de son intervention de l'intervention qu'avait véritablement prononcée l'Ambassadeur. "Il n'est pas digne d'évoquer la réponse de l'Ambassadeur de la Syrie en Egypte sans rappeler que la Syrie n'a pas d'armes nucléaires", a déclaré le représentant. Il a rappelé que tous les pays de la région ont adhéré au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à l'exception d'Israël. La Syrie souhaite que soient respectés les principes retenus lors de la Conférence de Madrid en 1991. Elle est favorable à une paix fondée sur le principe de la "terre contre la paix". Par conséquent, elle exige la restitution du Golan syrien. Israël qui se plaît à condamner le terrorisme ferait mieux de s'abstenir, en tant que puissance occupante, de commettre certains actes de terrorisme. A l'évidence, la seule occupation du Golan constitue un acte terroriste. L'attitude d'Israël montre clairement qu'il ne souhaite pas conclure la paix avec ses voisins.

Le représentant de la République islamique d'Iran , évoquant la déclaration prononcée ce matin par le représentant d'Israël, a estimé que ce dernier avait lancé des attaques erronées contre son pays. La République islamique d'Iran soutient le peuple libanais pour des raisons humanitaires et de solidarité. Le peuple libanais, qui ne peut nullement être qualifié de peuple terroriste, ne fait que défendre son territoire.

Le représentant du Liban, exerçant son droit de réponse, s'est référé à la déclaration d'Israël qui a qualifié de terroristes les tentatives de libération des habitants des territoires occupés. Israël viole en toute arrogance les résolutions de l'ONU et ne respecte pas la souveraineté du Liban. Au nom de quelle loi celui qui se place au-dessus des lois peut-il taxer les autres de terroristes ? C'est l'agression contre la population des territoires occupés qui est terroriste. Comment l'occupant israélien peut-il invoquer le droit de légitime défense ? Le bombardement du siège de l'ONU à Cana où des civils, des femmes et des enfants ont été tués, où les maisons ont été détruites et où l'immigration forcée est imposée, n'est pas un fruit de l'imagination. Comment se fait-il que seules les agressions envers la puissance occupante sont qualifiées de terroristes ? L'occupation israélienne perpétue le cercle vicieux de la violence. La paix ne peut être instaurée que par le respect du droit international. Jusqu'à quand Israël pourra-t-il ignorer les résolutions et les recommandations de l'ONU.

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