AG/591

L'ASSEMBLEE GENERALE INVITE LES SECRETARIATS DE L'ONU ET DE LA LIGUE DES ETATS ARABES A COOPERER ENCORE PLUS ETROITEMENT

19 novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/591


L'ASSEMBLEE GENERALE INVITE LES SECRETARIATS DE L'ONU ET DE LA LIGUE DES ETATS ARABES A COOPERER ENCORE PLUS ETROITEMENT

19961119 APRES-MIDI AG/591 L'Amérique centrale fait l'objet de nombreux éloges pour les énormes progrès accomplis vers la démocratie et la paix

L'Assemblée générale, réunie cet après-midi en séance plénière sous la présidence de M. Razali Ismail (Malaisie), a procédé à l'examen de la question de la coopération entre l'ONU et la Ligue des Etats arabes. A ce titre, l'Assemblée a adopté, sans vote, un projet de résolution présenté par le représentant de la République arabe syrienne. Aux termes de ce projet, l'Assemblée prie le Secrétariat de l'ONU et le Secrétariat général de la Ligue des Etats arabes de coopérer encore plus étroitement, dans leurs domaines de compétence respectifs, en vue de réaliser les buts et principes de la Charte des Nations Unies, de renforcer la paix et la sécurité internationale et d'assurer le développement économique, le désarmement, la décolonisation, l'autodétermination et l'élimination de toutes les formes de racisme et de discrimination raciale.

L'observateur de la Ligue des Etats arabes a fait une déclaration. La représentante d'Israël a expliqué la position de son pays. Pour l'examen de cette question, l'Assemblée générale était saisie d'un rapport du Secrétaire général.

Par ailleurs, l'Assemblée a entamé l'examen de la question intitulée "Situation en Amérique centrale : processus d'établissement d'une paix ferme et durable et progrès réalisés dans la structuration d'une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement". Pour ce faire, l'Assemblée générale était saisie d'un projet de résolution, présenté par le représentant du Costa Rica, aux termes duquel elle exhorterait le Gouvernement salvadorien et toutes les forces politiques engagées dans le processus de paix à n'épargner aucun effort pour que soient mises en oeuvre toutes les dispositions non encore appliquées de l'accord de paix. L'Assemblée prendrait note avec satisfaction du déroulement paisible du processus électoral organisé au Nicaragua le 20 octobre 1996 et de l'importance que revêt cette consultation comme nouvelle étape sur la voie du raffermissement de la démocratie et de la paix, du développement et de la reconstruction du Nicaragua. L'Assemblée approuverait le traitement accordé au Nicaragua en considération de la situation exceptionnelle dans laquelle il se trouve encore. (à suivre - 1a)

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L'Assemblée générale se prononcera sur ce projet de résolution à une date ultérieure afin de permettre au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) d'examiner ses incidences sur le budget-programme.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat sur la question : Venezuela, Colombie, Brésil, Norvège, Argentine, Mexique, Chili, Japon, Uruguay, Irlande (au nom de l'Union européenne), Canada, Etats-Unis et Belize. Dans leur ensemble les représentants ont noté avec satisfaction les nombreux progrès accomplis en Amérique centrale depuis un an, notamment au Guatemala et en El Salvador. Ils ont toutefois invité la communauté internationale à ne pas relâcher ses efforts et à poursuivre sa coopération fructueuse avec les pays de la région.

Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu demain, mercredi 20 novembre, à 10 heures, l'Assemblée procédera à la nomination de cinq membres du Corps commun d'inspection et entamera l'examen de la question relative à l'appui des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies.

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Rapport du Tribunal international chargé de poursuivre les personnes présumées responsables de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l'ex-Yougoslavie depuis 1991 : note du Secrétaire général transmettant le troisième rapport annuel du Tribunal international

Fin du débat

M. ALEKSANDR GORELIK (Fédération de Russie) a indiqué que son pays attache, depuis sa création, une grande importance au Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie et c'est bien la raison pour laquelle il regrette les nombreuses difficultés auxquelles est confronté le Tribunal. Il faut que tous les Etats intensifient leur coopération avec le Tribunal et en particulier les entités étatiques issues de l'ex-Yougoslavie. Quant au Tribunal, il doit respecter le mandat que lui a confié le Conseil de sécurité et pour s'acquitter efficacement de sa tâche toute en conservant sa crédibilité, il doit faire preuve d'impartialité.

M. RAMON ESCOVAR SALOM (Venezuela) a déclaré que le Tribunal international répondait à un besoin international, qu'il comblait un vide dans le droit international et défendait les valeurs de la communauté internationale. Les déclarations faites aujourd'hui sont importantes pour l'avenir dans la mesure où elles permettront de mettre en place un cadre légal international. Il faut donc se servir de cette expérience entamée en 1991, l'améliorer et en faire profiter les institutions judiciaires à l'avenir.

M. MASOOD KHAN (Pakistan) a déclaré qu'il incombait aux Nations Unies de poursuivre ceux qui sont responsables des crimes contre l'humanité, y compris le génocide, le nettoyage ethnique, le viol et les abus sexuels. Le cas le plus poignant est celui de la Bosnie-Herzégovine où ces crimes ont été perpétrés et il faut que ceux qui ont participé à ces crimes soient poursuivis. Il a déclaré que les progrès impressionnants accomplis par le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie ont été mitigés par le manque de coopération des Etats et entités de l'ex-Yougoslavie. Les signataires des Accords de Dayton ont formellement reconnu et autorisé la liberté de mouvement et un accès exempts de toute restriction aux sites et aux personnes. En dépit de ces engagements, certains Etats ont refusé de se plier aux mandats d'arrêt du Tribunal, ce qui est une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité, des Accords de Dayton et des statuts du Tribunal. Selon le représentant, il est clairement démontré que le Tribunal n'a pas de branche exécutive, contrairement aux gouvernements. C'est là que la volonté collective de la communauté internationale et le poids politique du Conseil de sécurité devraient assurer l'exécution des décisions du Tribunal. Le représentant a exprimé sa confiance dans le Tribunal et il a noté que d'après le rapport du Président du Tribunal, la République de Bosnie-Herzégovine a été

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de loin la partie aux Accords, la plus coopérative. Il a exhorté la communauté internationale à rejeter la proposition de la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) et de la République Srpska d'essayer de juger ces personnes devant les tribunaux de leurs propres Etats. C'est une violation de la primauté du Tribunal et des Accords de Dayton ainsi que des résolutions du Conseil de sécurité.

Coopération entre l'Organisation des Nations Unies et la Ligue des Etats arabes

Rapport du Secrétaire général (A/51/380 et Add.1)

L'Assemblée générale était saisie d'un rapport du Secrétaire général sur la coopération entre l'Organisation des Nations Unies et la Ligue des Etats arabes, point 30 de son ordre du jour soumis en application du paragraphe 12 de la résolution 50/16 de l'Assemblée générale en date du 28 novembre 1995.

Au cours de la période considérée, les secrétariats de l'Organisation des Nations Unies et de la Ligue des États arabes ont maintenu d'étroits contacts au sujet de questions d'intérêt commun. Le rapport traite entre autres de la suite donnée aux propositions adoptées lors des réunions tenues entre les organismes des Nations Unies et la Ligue des États arabes à Tunis en 1983, à Amman en 1985, à Genève en 1988, 1990 et 1993 et à Vienne en 1995.

Le Bureau des affaires spatiales a continué de collaborer avec la Ligue des Etats arabes à l'application des recommandations de la deuxième Conférence des Nations Unies sur l'exploitation et les utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique. Le Bureau cherche actuellement un pays disposé à accueillir un centre pour la région d'Asie occidentale.

La Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) a continué de s'attacher à coordonner et à développer des activités conjointes avec la Ligue des États arabes dans les domaines suivants : industrie, transports, femmes et développement, établissements humains et population. La collaboration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avec la Ligue des États arabes et les organismes associés s'est poursuivie. Les deux organismes envisagent d'adopter un mémorandum d'accord définissant les grandes lignes de leur collaboration. Le PNUD a poursuivi sa coopération avec le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES) en ce qui concerne l'environnement et l'informatisation, avec le Fonds monétaire arabe (FMA) en ce qui concerne le commerce, avec l'Organisation arabe du développement agricole en ce qui concerne la culture des oléagineux et avec l'Organisation arabe du travail (OAT) en ce qui concerne l'administration du travail, les lois et les réglementations du travail.

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Le Bureau des Nations Unies pour la région soudano-sahélienne (BNUS) collabore avec la Ligue des États arabes et ses organismes associés à l'application de la Convention internationale sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse ou par la désertification, en particulier en Afrique. Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a poursuivi, en collaboration avec la Ligue des États arabes et ses organismes spécialisés, l'exécution des cinq grands programmes suivants : lutte contre la désertification et extension de la zone verte; lutte contre la pollution industrielle; éducation, sensibilisation et information en matière d'environnement; préservation de la diversité biologique; mise en place d'un réseau d'informations sur l'environnement.

Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et la Ligue des États arabes ont poursuivi leur coopération fructueuse dans le cadre du service de recherche démographique, structure permanente de la Ligue chargée d'exécuter le Projet panarabe concernant le développement de l'enfant. L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui fournit des services essentiels à 3,2 millions de réfugiés palestiniens dans sa zone d'opération, est en étroit contact avec la Ligue des États arabes. En collaboration avec la Ligue des États arabes et l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l'Office a cofinancé un atelier sur le développement et le financement de l'enseignement et de l'éducation en général des enfants palestiniens qui a eu lieu au Caire en juin 1996.

Le Bureau régional pour le développement sanitaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a participé à plusieurs ateliers et fourni un appui technique pour les documents préparés par le secrétariat technique du Conseil des ministres arabes de la santé. L'OMS est étroitement associée avec d'autres organismes des Nations Unies et avec le Programme arabe du Golfe pour les organismes de développement des Nations Unies (AGFUND), à la préparation technique et à l'exécution du Projet panarabe pour le développement de l'enfant (PAPCHILD). Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale collaborent aussi avec la Ligue.

Les activités régionales de coopération technique de l'Union postale universelle (UPU) avec les pays arabes sont coordonnées par la Commission postale permanente arabe, organisme spécialisé de la Ligue. L'Union internationale des télécommunications (UIT) a étroitement collaboré au développement des télécommunications dans la région arabe par le biais de diverses réunions et de séminaires, stages de formation et ateliers conjoints. Un mémorandum de coopération entre l'UIT et la Ligue, qui devrait être signé prochainement, est actuellement examiné par les deux parties.

Des activités conjointes de la Ligue et de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) ont été entreprises dans divers domaines industriels, notamment la préparation de descriptifs de projets d'investissement, l'organisation de stages de formation, une assistance technique pour la mise en place de banques de données et la réalisation d'enquêtes sur l'industrie.

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Par ailleurs, en coopération avec l'UNESCO, le Département de l'information du Secrétariat de l'ONU a organisé en janvier 1996 à Sanaa un séminaire visant à promouvoir une presse arabe indépendante et pluraliste.

La Ligue des Etats arabes a été créée en 1946 et a obtenu son statut d'Observateur permanent auprès des Nations Unies en 1950. Elle se compose des 22 Etats Membres suivants : Algérie, Arabie saoudite, Bahreïn, Comores, Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Iraq, Jamahiriya arabe libyenne, Jordanie, Koweït, Liban, Maroc, Mauritanie, Oman, Palestine, Qatar, République arabe syrienne, Somalie, Soudan, Tunisie et Yémen.

Adoption du projet de résolution (A/51/L.8)

L'Assemblée a adopté, sans vote, un projet de résolution sur la coopération entre les Nations Unies et la Ligue des Etats arabes, présenté par le représentant de la République arabe syrienne, aux termes duquel elle prie le Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies et le Secrétariat général de la Ligue des Etats arabes de coopérer encore plus étroitement, dans leurs domaines de compétence respectifs, en vue de réaliser les buts et principes de la Charte des Nations Unies, de renforcer la paix et la sécurité internationale et d'assurer le développement économique, le désarmement, la décolonisation, l'autodétermination et l'élimination de toutes les formes de racisme et de discrimination raciale. L'Assemblée générale demande également aux institutions spécialisées et autres organismes et programmes de Nations Unies d'intensifier leur coopération avec la Ligue des Etats arabes et ses organisations spécialisées dans les domaines prioritaires ci-après : énergie, développement rural, désertification et ceintures vertes, formation et formation professionnelle, technologie, environnement, information et documentation.

L'Assemblée générale décide que, pour resserrer la coopération et examiner et évaluer les progrès accomplis, il convient de tenir tous les deux ans une réunion générale des représentants des organismes des Nations Unies et de la Ligue des Etats arabes et d'organiser périodiquement des réunions sectorielles interorganisations portant sur des questions prioritaires d'une grande importance pour le développement des Etats arabes. Elle recommande également que la prochaine réunion générale des représentants des organismes des Nations Unies et des représentants de la Ligue des Etats arabes et de ses organisations spécialisées sur la coopération, se tienne en 1997.

Déclaration

M. MAHMOUD ABOUL NASR, Observateur de la Ligue des Etats arabes, s'est félicité des relations étroites et permanentes qu'entretiennent depuis longtemps les deux organisations. Il a évoqué l'entretien important qu'ont eu au Caire les Secrétaires généraux des Nations Unies et de la Ligue des Etats

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arabes et s'est réjoui de son caractère constructif. M. Nasr a préconisé comme y invite le projet de résolution dont est saisie l'Assemblée générale, un renforcement de la coopération entre les deux organisations, et plus particulièrement entre leurs organismes et institutions spécialisées. Il a rappelé que le monde contemporain connaît une situation politique délicate et sensible qui exige le renforcement des Nations Unies et l'application sans réserve de ses résolutions. L'Observateur a également réitéré l'appui apporté par les membres de la Ligue à la Déclaration adoptée l'an dernier lors de la commémoration du cinquantième Anniversaire de l'Organisation des Nations Unies.

M. Nasr a indiqué que la Ligue des Etats arabes suit avec intérêt les efforts sincères des Nations Unies et de leur Secrétaire général pour résoudre les graves problèmes et conflits qui surgissent dans le monde. Il a soutenu la lutte et les efforts des Palestiniens pour exercer leurs droits inaliénables, mettant l'accent, à cet égard, sur la nécessité d'appliquer intégralement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations Unies. M. Nasr a estimé que l'évolution de la situation au Moyen-Orient n'inspire pas l'optimisme, en raison surtout de l'attitude intransigeante d'Israël et des actes illégaux d'Israël qui font obstacle à la paix. Il a exprimé l'espoir que le projet de résolution dont l'Assemblée générale est saisie sur la question sera adopté par consensus.

Explication de position

Mme YAEL RUBINSTEIN (Israël) a indiqué que son pays s'était joint au consensus sur la résolution, guidé par le désir de paix avec ses voisins, qui appartiennent tous à la Ligue des Etats arabes. L'an passé des progrès supplémentaires ont été effectués en faveur du processus de paix et notamment par la mise en application de l'Accord intérimaire avec les Palestiniens. Par ailleurs, Israël a établi des relations formelles avec d'autres membres de la Ligue comme la Tunisie et la Mauritanie. La paix et la coopération étant étroitement liées, Israël s'est efforcé de développer des liens économiques régionaux. Elle a ajouté que le temps était venu pour les Etats de la Ligue arabe de supprimer le boycott envers Israël. Des avancées ont déjà été réalisées dans le domaine économique et ainsi lors du troisième Sommet économique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, tenu au Caire, des contrats ont été signés entre des hommes d'affaires israéliens et des pays arabes. Elle a évoqué également l'accord de l'an passé pour la création d'une Banque pour la coopération économique et le développement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à laquelle son pays apporte son entier soutien.

Elle a déploré que son pays n'appartienne toujours pas à un groupe régional, à cause des objections de certains Etats Membres. Elle a réitéré son appel aux Membres de la Ligue arabe pour qu'ils lèvent leur opposition à ce sujet et que son pays soit ainsi admis au sein du groupe asiatique.

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Pour ce qui est de la coopération entre la Banque mondiale et la Ligue des Etats arabes, elle a recommandé que le financement des projets de développement économique du Conseil palestinien soit examiné au plus vite. Il conviendrait, en effet, que l'aide des pays arabes soit en harmonie avec l'aide apportée par les pays développés. Faisant observer qu'il s'agissait de la première résolution sur la question adoptée cette année, par consensus, elle a déclaré que, si à l'avenir l'Assemblée souhaitait qu'il en soit ainsi pour les résolutions sur la question, les parties devront s'abstenir de présenter des résolutions controversées, que l'une des parties au processus de paix serait dans l'impossibilité de soutenir.

La situation en Amérique centrale : processus d'établissement d'une paix ferme et durable et progrès réalisés dans la structuration d'une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement

L'Assemblée était saisie d'un rapport (A/51/338) présenté en application de sa résolution 50/132, en date du 20 décembre 1995.

Depuis 1983, l'Assemblée générale suit les efforts déployés par les pays d'Amérique centrale pour instaurer une paix durable et elle examine chaque année la situation. La signature de l'Accord dit d'Esquipulas II par les Présidents du Costa Rica, d'El Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua le 7 août 1987 a amené l'ONU à jouer un rôle plus concret dans le processus de paix. Les présidents des cinq pays d'Amérique centrale se sont engagés à lancer des processus de démocratisation dans leurs pays et à y encourager le dialogue sur le plan national, à instaurer des cessez-le-feu et à promouvoir l'organisation d'élections libres et régulières. En 1989, les Présidents de ces pays ont demandé à l'ONU de participer à la vérification de cet accord. Depuis, l'Organisation a encouragé les pays d'Amérique centrale dans leurs efforts.

Deux importantes missions de maintien de la paix ont été menées en Amérique centrale sous l'autorité du Conseil de sécurité : le Groupe d'observateurs des Nations Unies en Amérique centrale (ONUCA) (nov 1989-janv 1992) et la Mission d'observation des Nations Unies en El Salvador (ONUSAL) (juillet 1991-avril 1990), une des plus grandes opérations entreprises par l'ONU. De son côté, l'Assemblée générale a autorisé l'envoi de la Mission de l'ONU chargée de la vérification du processus électoral au Nicaragua (ONUVEN) (août 1989 - avril 1990) et, le 19 septembre 1994, elle a adopté la résolution 48/267, par laquelle elle a créé la Mission de l'ONU de vérification des droits de l'homme et du respect des engagements pris aux termes de l'Accord général relatif aux droits de l'homme au Guatemala. La plupart des programmes et des organismes des Nations Unies fournissent actuellement une assistance technique à l'Amérique centrale dans le cadre de programmes régionaux ou de pays.

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Depuis le milieu des années 1990 l'Amérique centrale ne connaît plus de guerre, exception faite du Guatemala, où, pourtant, des progrès notables ont été réalisés, notamment grâce à la déclaration commune dans laquelle les parties au conflit se sont engagées à mener à terme le processus de négociation, d'ici la fin de l'année 1996.

Dans l'ensemble de la région, les pays s'efforcent de concrétiser la démocratisation, les efforts de paix, le développement et la justice réaffirmés par leurs gouvernements. Les gouvernements démocratiquement élus se sont avérés stables en dépit des difficultés internes. Les institutions démocratiques se sont renforcées à mesure que les problèmes de sécurité engendrés par les conflits armés s'éloignent et que l'on s'emploie à placer les militaires et organes chargés du maintien de l'ordre sous contrôle des autorités civiles. Le dynamisme et la montée en puissance de la société civile continuent de se manifester par la diversification des processus politiques dans l'ensemble de l'Amérique centrale. La stabilisation de la région sur le plan macro-économique a été largement maintenue grâce à la mise en oeuvre généralisée de programmes d'ajustement structurels et à la libéralisation des politiques économiques, mais un des principaux problèmes qui se posent en matière d'intégration économique est de réussir à combiner l'ouverture extérieure des économies régionales et le processus plus large de l'intégration. En ce qui concerne la coopération extra-régionale, les pays d'Amérique centrale continuent de souligner l'importance du rôle joué par la communauté internationale au service de la paix, de la liberté, de la démocratie et du développement dans leur région. Les pays de la communauté ont souligné qu'il fallait maintenir l'aide internationale si l'on voulait consolider les progrès réalisés ces dernières années. La contribution économique de la communauté internationale se poursuit selon les principes établis durant une série de réunions de groupes consultatifs sur le Nicaragua et le Guatemala. De son côté, l'Organisation des Etats américains (OEA) a continué à concourir au processus de paix centraméricain, alors même qu'elle apportait une nette impulsion à l'examen des questions commerciales à l'échelle du continent.

L'ONU a remplacé la Mission des Nations Unies en El Salvador (MINUSAL) par un dispositif qui prévoirait à la fois des visites périodiques par un envoyé de haut niveau et le maintien sur le terrain d'un petit groupe d'experts. Ce mécanisme, l'ONUV, a commencé à fonctionner le 1er mai 1996. Le 31 juillet le Secrétaire général a soumis un rapport informel au Conseil de sécurité, où il notait les progrès dans l'application des accords de paix mais aussi de la persistance de retards à certains autres égards. Concernant la situation au Guatemala, le Secrétaire général a continué d'informer régulièrement les Etats Membres des progrès du processus de paix engagé par le Gouvernement guatémaltèque et l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (UNRG) de la vérification de l'Accord général relatif aux droits de l'homme et des activités de renforcement institutionnel. La déclaration commune du Gouvernement et de l'UNRG le 6 août 1996 permet d'espérer un accord sur une paix ferme et durable d'ici la fin 1996.

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La gravité des défis auxquels se mesure la région montre à l'évidence qu'ils ne pourront être surmontés qu'à condition de les aborder avec le dévouement et le sentiment d'urgence mis dans le passé au service de la guerre civile et des tensions régionales.

Projet de résolution (A/51/L.18)

L'Assemblée générale était saisie d'un projet de résolution relatif à la situation en Amérique centrale : processus d'établissement d'une paix ferme et durable et progrès réalisés dans la structuration d'une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement, présenté par le Costa Rica, par lequel elle exhorterait le Gouvernement salvadorien et toutes les forces politiques engagées dans le processus de paix à n'épargner aucun effort pour que soient mises en oeuvre toutes les dispositions non encore appliquées de l'accord de paix; se féliciterait de la création du Bureau des vérification des Nations Unies, qui, conjuguant les visites périodiques d'un haut fonctionnaire du Siège de New-York et les travaux d'un petit groupe d'experts sur le terrain assurera la présence de l'Organisation des Nations Unies en El Salvador et surveillera l'application des autres dispositions de l'Accord de paix en El Salvador; prendrait note avec satisfaction du déroulement paisible du processus électoral organisé au Nicaragua le 20 octobre 1996 et de l'importance que revêt cette consultation comme nouvelle étape sur la voie du raffermissement de la démocratie et de la paix, du développement et de la reconstruction du Nicaragua; approuverait le traitement accordé au Nicaragua en considération de la situation exceptionnelle dans laquelle il se trouve encore, traitement que la communauté internationale et les institutions financières peuvent intégrer dans les programmes d'appui à la relance économique, et à la restauration sociale du pays. L'Assemblée soulignerait l'importance du dialogue politique et de la coopération économique engagés entre l'Union européenne et ses Etats membres et les pays d'Amérique centrale, avec la participation du Groupe des Trois (Colombie, Mexique et Venezuela), et en particulier de la Conférence ministérielle tenue à Florence (Italie) les 21 mars et 22 mars 1996, au cours de laquelle ont été approuvés de nouveaux objectifs en matière d'appui au renforcement et à la consolidation de l'Etat de droit, aux politiques sociales tendant à atténuer le coût social des programmes d'ajustement structurels, et au processus d'intégration centraméricain; elle déciderait d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de sa cinquante-deuxième session la question intitulée "La situation en Amérique centrale : processus d'établissement d'une paix ferme et durable et progrès réalisés dans la structuration d'une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement".

Débat

M. ESCOVAR-SALOM (Venezuela) a observé que les progrès en faveur de la paix en Amérique centrale ont montré sans doute que le meilleur moyen de résoudre les conflits est, par la négociation. Les Accords d'Esquipulas II

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de 1987 ont établi les principes et procédures qui devraient prévaloir dans le processus de paix dans la région. Bien que la fin du processus ne soit pas encore en vue, il faut néanmoins encourager les progrès déjà réalisés. Pour ce faire, les gouvernements d'Amérique centrale et la communauté internationale devraient travailler de concert dans le but de réparer les ravages de décennies de violence. Le représentant a déclaré qu'à l'heure actuelle, le défi consiste à faire face de façon urgente aux difficultés engendrées par le chômage et la pauvreté, comme l'ont reconnu à de nombreuses occasions les chefs de gouvernement des pays d'Amérique centrale. Il sera nécessaire de promouvoir simultanément la liberté, la démocratie et le développement, tout en maintenant d'étroites relations entre eux. Dans la région, les conflits ont été le résultat d'inégalités et c'est pour cette raison que la compréhension et la solidarité de la communauté internationale devraient prévaloir dans le but de contribuer à renforcer les progrès déjà réalisés.

Le représentant a tenu a exprimer sa satisfaction à l'égard des programmes et des projets qu'implique la structure des mécanismes internationaux comme le dialogue Amérique centrale-Union européenne, le Groupe des trois, les institutions financières internationales, les organes des Nations Unies, et l'organisation des Etats américains, les initiatives bilatérales et celles du Groupe des amis.

M. JOSE JAIME NICHOLLS (Colombie) s'est félicité du renforcement et de la consolidation du processus de paix en Amérique centrale. Pour le représentant, la fin du processus de mise en oeuvre de la paix en El Salvador et la signature prochaine des Accords de paix au Guatemala font de 1996 une année mémorable pour tous les peuples d'Amérique centrale et pour tous ceux de l'hémisphère. La Colombie, en tant que membre du Groupe des amis pour le processus de paix en El Salvador et au Guatemala a eu le privilège d'observer les efforts immenses déployés par ces deux nations en faveur de la paix et d'apprécier l'efficacité et la transparence maintenues par les Nations Unies tout au long du processus. Pour cette raison, la signature le 29 décembre prochain à Guatemala City des Accords de paix ne constitue pas seulement une source d'espoir pour tous les pays de la région, mais aussi pour toute la communauté internationale qui, à travers les Nations Unies, ont contribué à la réussite de ce processus. Le représentant a estimé que comme tout processus de réconciliation, le processus guatémaltèque n'est pas automatique et nécessite la coopération de la communauté internationale conformément aux Accords de paix, ce qui suppose notamment le déploiement d'une force adéquate d'observateurs militaires chargés de contrôler le cessez-le-feu et la démobilisation des combattants. Pour sa part, la Colombie qui a contribué à la MINUGUA depuis sa création continuera à mettre à sa disposition le personnel civil requis.

M. JOAO CLEMENTE BAENA SOARES (Brésil) a indiqué qu'en 13 ans d'examen de la question par l'Assemblée générale, pour la première fois, on pouvait parler de paix dans la région, où se développent, en outre, la stabilité

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politique et le développement économique. La région a entrepris, pour ce faire, un important programme de réforme, politique, sociale et institutionnelle. Il s'est ainsi félicité de l'accord intervenu en août dernier entre le Gouvernement du Guatemala et le Mouvement révolutionnaire unifié (UNRG). L'Amérique centrale, comme l'Amérique latine, est donc sur la voie de la démocratisation.

Il s'agit désormais de reconstruire ce que les conflits armés et les catastrophes naturelles ont détruit et pour surmonter les difficultés qui subsistent, la communauté internationale ne doit pas se contenter d'apporter son soutien en temps de crise, mais également en temps de paix afin de concrétiser les acquis actuels. La communauté internationale a été présente tout au long du processus de paix et sa présence est encore plus essentielle au moment où les problèmes du développement peuvent mettre en péril la consolidation des efforts entrepris. A cet égard, il a estimé que les objectifs de l'Alliance pour le développement durable de l'Amérique centrale sont complémentaires de la coopération au sein du système d'intégration centraméricaine. Dans ce cadre, l'action du PNUD et du système des Nations Unies dans son ensemble est très importante. Jamais auparavant, les pays d'Amérique centrale n'ont présenté des conditions aussi favorables au développement de leurs potentialités, c'est pourquoi le Brésil parraine le projet de résolution sur ce sujet.

M. JAKKEN BIORN LIAN (Norvège) a noté avec satisfaction que la tendance vers la démocratisation politique et la normalisation en Amérique centrale a été consolidée ces dernières années.

L'annonce a été faite officiellement au Guatemala, il y a quelques jours que le conflit armé interne qui dure depuis trente ans va se terminer lors de la signature des Accords de paix a Guatemala City le 29 décembre prochain. Le représentant a rendu hommage au Président Alvaro Arzu qui a donné un nouvel élan au processus de paix. Ce n'est qu'après que les Nations Unies aient joué un rôle majeur en tant que médiateurs en 1994, que des progrès tangibles ont été accomplis en vue de la signature des accords de paix. Il s'est félicité des Accords de paix signés à Oslo, Stockholm, et Madrid au mois de décembre. La paix au Guatemala signifie plus que la résolution d'un conflit armé interne, cela veut dire qu'une nouvelle phase de reconstruction et de réconciliation va débuter.

La signature des Accords de Chapultepec en El Salvador en 1992 ont ouvert un processus fructueux de construction de la paix auquel les Nations Unies ont participé. Le représentant a souhaité que le nouveau Gouvernement d'El Salvador prenne les mesures nécessaires pour assurer l'application des Accords de paix dans leur lettre et dans leur esprit. Pour le représentant, il est trop tôt pour que la Communauté internationale se retire d'El Salvador car une présence internationale sera encore requise dans le but de diriger le processus en cours. El Salvador aura aussi besoin d'une aide au développement de la part de la communauté internationale.

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Selon le représentant, les élections libres et démocratiques qui se sont tenues au Nicaragua en octobre ont été un événement significatif. Les observateurs internationaux n'ont trouvé aucune preuve de fraude. Pourtant, le fait que le Nicaragua fasse partie des pays les plus endettés est très préoccupant et la communauté internationale doit explorer les voies et les moyens de faire en sorte que le Nicaragua soit en mesure de se développer. Pour sa part, la Norvège est prête à continuer son assistance en faveur du Nicaragua.

M. JUAN JOSE CASTELLI (Argentine) a rappelé qu'au cours des décennies passées l'Amérique centrale a vécu de façon permanente dans la violence et a connu de nombreux conflits et guerres civiles. Le représentant a indiqué qu'à la fin des années 80 la situation était devenue tellement grave, qu'il y avait dans la région près de deux millions de réfugiés et de personnes déplacées, soit près de 10% de sa population totale. Pourtant, l'Amérique centrale ne constitue pas une exception aux tendances constatées depuis la fin de la guerre froide. Désormais, la communauté internationale est consciente du fait que l'Amérique centrale s'est engagée sur la voie de la reconstruction institutionnelle et économique.

Pour le représentant, la consolidation de ce processus requiert, cependant, la volonté exprimée des peuples de la région et de leurs gouvernements qui doit être complétée par la coopération solidaire des autres membres de la communauté internationale. Ceux-ci doivent concentrer leur aide afin d'apporter un appui financier, tant au plan multilatéral que bilatéral, susceptible de favoriser la croissance. Dans ce contexte, une attention particulière doit être accordée à l'aide internationale nécessaire et au processus de consolidation de la démocratie. Pour sa part, l'Argentine s'est activement engagée à fournir une aide concrète aux processus de paix et à la signature d'accords de coopération technique notamment dans l'agriculture, la sylviculture, la pêche, l'énergie et en décidant de rééchelonner la dette extérieure de certains pays. De plus, l'Argentine s'est dotée d'un Fonds de coopération horizontale qui a pour objectif de mobiliser les ressources nécessaires dans les domaines présentant un intérêt prioritaire pour les pays bénéficiaires de son aide technique.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) a déclaré que l'Amérique centrale occupait une place particulière dans la politique extérieure du Mexique. C'est pourquoi, son pays suit avec une attention particulière les développements qui ont lieu dans la région, notamment le renforcement des institutions et l'enrichissement de la vie politique, si importants pour la paix, la liberté, la démocratie et le développement, auxquels tous souhaitent contribuer. L'un des événements les plus importants, a-t-il poursuivi a été la signature au Guatemala des accords qui ont été l'aboutissement de longs efforts ayant reçu une impulsion que nous espérons définitive lorsque le Gouvernement du Guatemala et la URNG ont décidé de signer à Stockholm en décembre prochain des accords sur les réformes constitutionnelles et le régime électoral ainsi qu'un accord sur la réintégration de l'URNG à la vie politique, à Madrid.

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Pour parvenir à ces progrès, la volonté politique des deux parties a été décisive. La prolongation du mandat de la Mission des Nations Unies au Guatemala en avril passé est une preuve de l'appui que la communauté internationale donne au processus de paix dans la région. Les Nations Unies doivent continuer leur appui après la signature de l'accord définitif de paix. El Salvador a également fait de grands efforts pour renforcer la paix et témoigne des bénéfices que l'on peut tirer du dialogue et de la négociation. C'est également l'un des exemples les plus significatifs de la contribution des Nations Unies au règlement pacifique des différends. Le Nicaragua fait également de nombreux efforts et là aussi, l'appui international reste de la plus grande importance.

Il existe aujourd'hui un nouvel esprit qui prévaut en Amérique centrale et qui veut construire un avenir de bien-être, grâce à l'Alliance pour le développement durable, le Sommet écologique ou le Traité d'intégration sociale. Les progrès dans les domaines politiques ne seront consolidés que s'ils vont de pair avec une reconstruction du tissu social de ces pays et avec le développement économique. Par la création de la Commission mexicaine pour la coopération avec l'Amérique centrale, son pays témoigne de son engagement dans la région. En effet, les efforts déployés par les pays en conflit doivent faire l'objet d'une assistance financière et technique de la communauté internationale et le Mexique continuera d'apporter son appui dans les domaines souhaités par les pays concernés.

M. RENAN FUENTEALBA (Chili) a déclaré que son pays avait passé dix-sept années au cours desquelles il avait été privé de liberté, de démocratie, de dignité et de justice et qu'il savait ce que la douleur voulait dire dans de telles circonstances. Le Chili a appris que la seule légitimité était celle du respect des droits de l'homme, y compris le respect de l'opinion majoritaire lors d'élections; qu'il n'y a pas de démocratie avec seulement des objectifs et aucun délai. Lors du récent Sommet ibéro-américain qui s'est tenu à Santiago-de-Chili, le président du Chili, M. Edouardo Frei a noté que beaucoup de progrès avaient été réalisés. Ses concitoyens, même parmi les plus pauvres et les plus éloignés demandent à présent des juges honnêtes et des hommes politiques efficaces, en plus d'une participation au gouvernement. Il a déclaré que dans toute l'Amérique latine, les peuples attendent un débat sur la reconstruction institutionnelle et démocratique.

En tant que petit pays en développement, le Chili a apprécié le dialogue et la coopération et il a recherché a renforcer ses liens avec l'Amérique centrale dans de nombreuses directions : la lutte contre la pauvreté, la modernisation de l'Administration, le renforcement du Parlement et l'augmentation des flux économiques et commerciaux. Le représentant a déclaré que son pays soutient les efforts des chefs d'Etats d'Amérique centrale en vue de consolider la paix, la liberté, la démocratie et le développement.

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M. HISASHI OWADA (Japon) a noté avec satisfaction les progrès remarquables accomplis ces dernières années par les pays d'Amérique centrale pour instaurer un développement durable. Le représentant a estimé qu'il incombe désormais à la communauté internationale d'aider les efforts de ces pays en faveur de la démocratisation, de la protection des droits de l'homme et de la stabilité économique. Pour sa part, le Japon qui est prêt à poursuivre son aide aux populations des pays de la région, a augmenté sa coopération économique avec l'Amérique centrale en mettant l'accent sur le développement social, l'amélioration des ressources humaines et la promotion des infrastructures économiques, et en veillant à maintenir un équilibre entre développement et environnement. Le Japon accorde également une priorité aux projets susceptibles de profiter à l'ensemble de la région, notamment à ceux qui ont trait au tourisme, domaine particulièrement prometteur. Ainsi, au cours des cinq dernières années, le Gouvernement japonais a presque multiplié par quatre le montant de son aide économique et technique à la région, portant celle-ci à 200 millions de dollars en 1995.

Dans le cadre des efforts qu'il déploie en faveur du renforcement de ses relations avec les pays d'Amérique centrale, le Japon a accueilli en juillet dernier à Tokyo le deuxième Forum Japon-Amérique centrale pour le dialogue et la coopération. Au mois d'août, le Premier Ministre japonais s'est rendu dans la région où il a rencontré sept chefs d'Etat. Cette visite, la première du genre, montre clairement la détermination du Japon à contribuer à la paix et à la prospérité de la région. Le Japon espère que l'Accord de paix sera signé comme prévu le 29 décembre prochain entre les parties guatémaltèques. Il se félicite de ce que le projet de résolution dont est saisie l'Assemblée générale rende hommage et appuie les efforts des pays d'Amérique centrale en vue de consolider la paix et de promouvoir un développement durable. C'est pourquoi, le Japon s'est porté coauteur de ce projet qui, il espère, sera adopté par consensus.

M. JORGE PEREZ-OTERMIN (Uruguay) a déclaré que la question de la paix en Amérique centrale était d'une grande importance pour l'Organisation. Depuis les Accords d'Esquipulas II jusqu'aux Accords les plus récents signés en septembre par les parties au conflit du Guatemala, un long chemin a été parcouru. Son pays a accordé tout son appui à ce processus, tant individuellement qu'au sein de différentes instances, dont le Groupe de Rio. Il a toujours soutenu que la paix ferme et définitive ne pouvait être obtenue que par le dialogue entre les parties au conflit sur la base des principes du respect mutuel, de la non-ingérence et du respect de la souveraineté de chacun. Aujourd'hui un premier objectif a été atteint, à savoir la fin de la guerre, il reste une nouvelle étape qui est le maintien de la paix. Or une paix durable ne se fera pas sans un développement économique et social parallèle. A cet égard, il s'est montré satisfait du contenu de l'Alliance pour le développement durable de l'Amérique centrale et des progrès en faveur de l'intégration économique. La base du problème centroaméricain n'est pas uniquement politique mais peut-être essentiellement socio-économique.

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La démocratie n'est pas seulement une forme de gouvernement mais une norme de vie et il n'y a pas de liberté possible sans démocratie, tout comme il n'y a pas de développement sans liberté. Il faut donc une solide politique en faveur de l'enseignement, afin d'instaurer une base culturelle forte. C'est pourquoi, il s'est réjoui du programme "Une culture de paix" développé par l'UNESCO en El Salvador. Le PNUD et l'UNESCO doivent intensifier leurs actions en matière de coopération en faveur de l'éducation. L'exemple de l'Amérique centrale doit servir pour définir le concept des Nations Unies que l'on souhaite pour l'avenir. Il ne faut pas une organisation uniquement active pour faire taire les armes, mais une organisation préventive préoccupée par le développement économique et socio-culturel afin, qu'à terme, les opérations de maintien de la paix soient inutiles.

M. JOHN CAMPBELL (Irlande, au nom de l'Union européenne) a remarqué que la signature des Accords de paix au Guatemala le mois prochain vont signifier que, pour la première fois en trois décennies, l'Amérique centrale sera exempte de conflits armés. L'Union européenne partage l'opinion du Secrétaire général selon laquelle la situation présente place les pays d'Amérique centrale en position favorable pour poursuivre leur croissance économique, la justice sociale et plus de démocratie. L'élection du Président Arzu au Guatemala en janvier a marqué un tournant dans le processus de paix au Guatemala. Il a salué les efforts accomplis pour rapprocher le Gouvernement du Guatemala et l'Union nationale révolutionnaire guatémaltèque. L'Union européenne considère que les Nations Unies avaient contribué activement au processus de paix au Guatemala.

En El Salvador, le processus de paix a maintenu son élan et a contribué significativement à la consolidation d'un ordre démocratique et du respect des droits de l'homme. Le représentant de l'Union européenne a estimé que, dans un certain nombre de domaines cependant, l'application des accords de paix demeurait incomplète, en particulier dans le domaine de la sécurité publique.

Le dialogue de San José a prouvé qu'il était un mécanisme d'échange et de compréhension mutuelle entre l'Union européenne et les pays d'Amérique centrale. La déclaration solennelle de Florence, en mars 1996 a défini un certain nombre de priorités, notamment le soutien en faveur du renforcement des règles de droit et à la modernisation de l'administration, ainsi que le soutien aux politiques sociales.

M. FRANCIS LEBLANC (Canada) s'est félicité des progrès considérables accomplis en Amérique centrale depuis un an. Avec l'aide que continue de lui fournir l'ONU, El Salvador a mis en oeuvre presque tous les engagements pris en vertu de l'Accord de paix. Le Gouvernement ainsi que la population concentrent de plus en plus leurs efforts sur le développement de leur société et de leur économie. Ils méritent la coopération et l'aide de la communauté internationale, y compris celle du Canada, et ils l'auront, a déclaré le représentant. Le Canada accueille avec joie le progrès substantiel réalisé

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dans l'élaboration d'un accord de paix définitif au Guatemala. Il apprécie particulièrement la volonté politique et l'esprit de compromis que démontre le Gouvernement du Président Alvaro Arzu et l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG). Le Canada attend avec impatience la signature des Accords de paix dans les semaines à venir. Il travaille actuellement sur la façon dont il pourrait appuyer la mise en oeuvre des Accords de paix et le développement futur du Guatemala.

Le Canada a augmenté son activité en Amérique centrale par suite de sa décision d'être davantage présent dans son propre hémisphère et en réponse aux nombreuses tendances positives dans la région. Il appuie activement les efforts déployés par les pays d'Amérique centrale pour réaliser l'intégration régionale et pour trouver des solutions communes aux défis à relever. Le signe le plus éloquent de cette coopération accrue a été la visite au Canada, en mai 1996, des Présidents du Costa Rica, d'El Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua et du Premier Ministre de Belize afin de rencontrer le Premier Ministre canadien, M. Jean Chrétien, et plusieurs ministres. Cette visite a débouché sur des ententes et des initiatives communes aux niveaux politique, social et économique et sur le plan de la sécurité.

M. PREZELL ROBINSON (Etats-Unis) a rappelé que depuis la rencontre historique entre les dirigeants des pays d'Amérique centrale en 1987 à Esquipulas, les Etats-Unis ont joué un rôle important menant la région de la guerre à la paix. Il a ajouté que les pays d'Amérique centrale avaient de leur côté, effectué des progrès considérables vers la paix, la réconciliation et le développement durable. Ainsi, suivant l'exemple du Nicaragua et d'El Salvador, le Gouvernement du Guatemala signera en décembre prochain un accord de paix avec le Mouvement révolutionnaire unifié du Guatemala, mettant fin au conflit le plus ancien d'Amérique centrale. Il a salué, à cet égard, les efforts de la Mission des Nations Unies au Guatemala. La population guatémaltèque peut être assurée du soutien des Etats-Unis qui fourniront l'assistance nécessaire pour la réalisation des termes de l'accord, en vue du développement économique et de l'équité sociale. Le soutien des Etats-Unis a également permis au Gouvernement d'El Salvador et au Mouvement de Libération FMLN de faire d'importantes avancées dans la réalisation des Accords de Chapultepec, signés en 1992. L'an passé, le Gouvernement d'El Salvador a ainsi entrepris d'importantes réformes constitutionnelles et il a encouragé les parties à redoubler d'efforts pour appliquer pleinement les Accords. En élisant un nouveau président, le peuple du Nicaragua a démontré le 20 octobre dernier son attachement à la démocratie et ce succès n'aurait pas été possible sans le concours de l'Organisation des Etats américains, des Nations Unies et de ses institutions. Il a affirmé sa confiance dans l'administration de M. Aleman pour consolider la démocratie et reconstruire l'économie du pays. Il a souligné l'importance que son pays attache à la coopération régionale que les pays d'Amérique centrale s'efforcent de développer. Cette coopération est, selon lui, le moyen d'assurer un avenir meilleur aux peuples d'Amérique centrale.

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M. EDWARD A. LAING (Belize) a estimé qu'il ne faisait aucun doute que l'Amérique centrale était sur la voie de la paix durable et du développement. Toutefois la région demeure un isthme fragile établissant le lien entre les deux continents du nouveau monde. La communauté internationale et les Nations Unies, conscientes de l'importance de cette région pour l'ensemble de la planète, ont fort heureusement poursuivi l'appui qu'elle mérite et il s'en est félicité. Cette assistance seraient restée vaine sans la détermination des acteurs de la région à parvenir à la paix et à la prospérité. Mais de nombreux efforts ont été déployés au niveau national, tout d'abord, notamment au Guatemala, et au niveau régional en vue de développer la coopération et les actions harmonieuses. Tous les moyens doivent être mis en oeuvre. Ces efforts doivent être renforcés encore et élargis à un concept géographique d'Amérique centrale et des Caraïbes, plus large. Ainsi parviendra-t-on à la paix, à la liberté, à la démocratie et au développement durable.

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