En cours au Siège de l'ONU

HR/4307

PROTEGER LES ENFANTS CONTRE LES CONFLITS ARMES : L'ONU DENONCE LA PASSIVITE GENERALE FACE AU MASSACRE DE DEUX MILLIONS D'ENFANTS

11 novembre 1996


Communiqué de Presse
HR/4307
ICEF/1835


PROTEGER LES ENFANTS CONTRE LES CONFLITS ARMES : L'ONU DENONCE LA PASSIVITE GENERALE FACE AU MASSACRE DE DEUX MILLIONS D'ENFANTS

19961111 Un rapport détaillé propose des mesures concrètes pour protéger les enfants

"Le monde est de plus en plus aspiré dans un vide moral" : telle est la triste constatation de Mme Graça Machel, auteur du rapport des Nations Unies concernant l'impact des conflits armés sur les enfants. Ce rapport, qui analyse sans complaisance le sort des enfants piégés au milieu des quelque 30 guerres qui font rage dans le monde, sera officiellement présenté à une conférence de presse tenue au Siège de l'ONU, le vendredi 8 novembre, à 11 heures, et à la Troisième Commission (questions sociales, humanitaires et culturelles), à 15 heures, le même jour.

Ce rapport, qui est l'aboutissement de deux ans de recherches minutieuses et de consultations menées sous l'égide de Mme Machel, est beaucoup plus qu'un bilan détaillé : c'est un appel à l'action. "Quelles que soient les causes de la brutalité dont les enfants font aujourd'hui l'objet, le moment est venu d'y mettre fin. Il est impardonnable que des enfants fassent l'objet d'attaques, soient violés, soient assassinés sans que notre conscience soit révoltée ou notre sens de la dignité humaine ébranlé." Mme Machel propose plusieurs mesures concrètes pour protéger les enfants, mais avant tout, elle postule que les enfants n'ont rien à faire dans les conflits.

En 1994, M. Boutros Boutros-Ghali, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, répondant à une demande de l'Assemblée générale, a chargé Mme Machel, ancien Ministre de l'éducation du Mozambique, d'étudier l'impact des conflits armés sur les enfants. Vendredi, lors de la présentation de cette étude à la Troisième Commission, le Secrétaire général prendra la parole devant celle-ci, ainsi que M. Razali Ismail (Malaisie), Président de l'Assemblée générale. Des représentants de haut rang des institutions intéressées seront également présents. Mme Carol Bellamy, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), se joindra à Mme Machel lors de la conférence de presse de vendredi qui se tiendra dans la salle 226.

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Le rapport dénonce la passivité et le cynisme de la communauté internationale, qui a permis qu'en 10 ans 2 millions d'enfants soient tués dans des conflits armés et trois fois autant gravement blessés ou handicapés à vie. Des millions d'enfants sont piégés au coeur de conflits dont ils ne sont pas seulement des spectateurs, mais des cibles. "La communauté internationale doit condamner cette attaque sur les enfants pour ce qu'elle est : intolérable et inacceptable."

Si les États Membres adoptent les recommandations qu'il contient, ce rapport pourra guider les initiatives qui seront prises pour protéger les enfants piégés dans les conflits. Il demande que le Secrétaire général désigne un représentant spécial chargé de suivre l'application des recommandations et de veiller à ce que la question reste au coeur des préoccupations de la communauté internationale.

Il est plus que jamais urgent d'agir. Le rapport fait observer que la nature même de la guerre a changé : les guerres modernes ne se livrent pas entre des États, mais au sein des États, village contre village, rue contre rue. Plus de 90 % des victimes sont des civils, dont la moitié sont des enfants. Les bombes et les balles tuent beaucoup d'enfants; d'autres sont mutilés par des mines et on ne compte plus ceux qui meurent parce qu'il n'y a plus de dispensaires et plus d'eau, parce que les familles et les communautés se sont désintégrées.

Les armes étant omniprésentes, le moindre conflit tourne au bain de sang et des dizaines de milliers d'adolescents des deux sexes deviennent des combattants. Les fusils d'assaut de la nouvelle génération sont si légers et si faciles à utiliser que des enfants d'à peine 10 ans peuvent les porter et sont capables de les démonter et de les remonter. De plus, ils ne coûtent pas cher : en Ouganda, un fusil d'assaut AK-47 ne vaut pas plus qu'un poulet.

Le rapport demande qu'une campagne mondiale soit lancée pour que les forces armées cessent de recruter des enfants de moins de 18 ans et démobilisent immédiatement ceux qui servent dans leurs rangs. Il exhorte tous les pays à accélérer l'adoption du projet de protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant et à porter à 18 ans l'âge minimum du recrutement et de la participation aux forces armées.

Rappelant le sort tragique des personnes déplacées, dont le nombre ne cesse de s'accroître, le rapport recommande que, dans toutes les situations de conflit, l'UNICEF guide et coordonne la protection et la prise en charge des enfants déplacés.

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Le rapport souligne les risques particuliers auxquels sont exposées les femmes et les jeunes filles et recommande que les viols et tortures sexuelles commis pendant un conflit soient qualifiés de crimes de guerre et punis comme tels. Il faudrait inculquer à tous les personnels militaires, y compris ceux des forces de maintien de la paix, le sens de leur responsabilité à l'égard des femmes et des enfants.

On estime que quelque 110 millions de mines antipersonnel sont éparses dans les divers points chauds de la planète : le rapport souligne le danger que représentent ces mines pour les enfants; il préconise des opérations humanitaires de déminage, des campagnes de sensibilisation adaptées à chaque sexe et à chaque âge, et des programmes de rééducation des enfants. Il suggère que les entreprises et les pays qui se sont enrichis en vendant des mines subventionnent ces initiatives.

Afin de sauvegarder le développement à long terme des enfants, toutes les interventions d'urgence en temps de guerre devraient privilégier la santé, l'éducation et le soutien psychosocial.

Le rapport invite la communauté internationale à veiller à ce que les sanctions qu'elle impose soient bien ciblées et ne sapent pas les services sociaux de base si essentiels aux enfants. Il faudrait suivre de près leur impact sur les enfants; les dérogations accordées pour des raisons humanitaires devraient viser particulièrement le bien-être des enfants.

Mme Machel souligne que les recommandations contenues dans le rapport sont pratiques et réalistes. Encore faut-il qu'il existe une ferme volonté de leur donner effet. Il n'y a pas d'autre option : il est impensable de ne rien faire. Pour la paix de demain, il faut investir dans l'enfance d'aujourd'hui.

Les journalistes qui souhaitent assister à la conférence de presse ou à la séance de la Troisième Commission sont priés de demander leur accréditation à Mme Sonia Lecca, Département de l'information, téléphone : (212) 963-6934. Pour tout complément d'information, s'adresser à Mmes Anna Wright, Section de la presse, Division de la communication, UNICEF, téléphone : (212) 326-7566; Angela Hawke, Section de la presse, Division de la communication, UNICEF, téléphone : (212) 326-7259; et Marsha Zeesman, Section de la presse, Division de la communication, UNICEF, téléphone : (212) 326-7136.

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