AG/584

FIN DU DEBAT DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUR L'EXAMEN A MI-PARCOURS DU NOUVEL ORDRE DU JOUR POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE DANS LES ANNEES 90

5 novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/584


FIN DU DEBAT DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUR L'EXAMEN A MI-PARCOURS DU NOUVEL ORDRE DU JOUR POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE DANS LES ANNEES 90

19961105 APRES-MIDI AG/584 La communauté internationale et l'ONU sont instamment priées d'assumer leurs responsabilités vis-à-vis de l'Afrique

L'Assemblée générale, terminant cet après-midi son débat sur l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, a entendu les déclarations des représentants du Botswana, du Pakistan, de Cuba, de la Colombie (au nom du Mouvement des pays non alignés) et des Philippines. L'Assemblée a également entendu les déclarations des observateurs du Saint- Siège et de l'Organisation de l'unité africaine (OUA).

Les intervenants ont souligné l'intérêt que leur délégation a trouvé dans l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90. Ils ont attiré l'attention sur les efforts méritoires réalisés par les pays africains pour s'acquitter des engagements pris en 1991, alors que, paradoxalement, on a assisté depuis cinq ans à une réduction progressive de l'Aide publique au développement. Or, il faut constater que les circonstances qui ont présidé à l'adoption du nouvel Ordre du jour restent toujours d'actualité, ont rappelé plusieurs orateurs. Par conséquent, les pays développés doivent non seulement respecter leurs engagements en matière d'aide au développement, mais également alléger la dette extérieur de l'Afrique qui la prive des ressources indispensables aux investissements productifs. La nécessité de diversifier les économies africaines et d'appuyer les programmes d'intégration régionale et sous-régionale en Afrique a également été réaffirmée. Ce n'est qu'à ces conditions que l'Afrique pourra s'engager sur la voie du développement durable, ont déclaré la plupart des intervenants.

A la demande de plusieurs délégations, l'Assemblée générale se prononcera à une date ultérieure sur le projet de résolution dont elle était saisie.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu demain matin, mercredi 6 novembre, à 10 heures, l'Assemblée générale procèdera à l'élection de cinq membres de la Cour internationale de Justice (CIJ).

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Mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90

Fin du débat

M. PAUL MMOLOTSI RANTAO (Botswana) a déclaré que si le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 9O (UN-NADAF) est une initiative louable, il lui manque néanmoins un canevas de travail clair, à la fois au niveau des Nations Unies comme au niveau des pays eux-mêmes. Les fonds pour les activités opérationnelles des Nations Unies pour le développement ont décliné de façon importante pendant les dernières années. Bien qu'il soit conscient que les flux de l'Assistance publique au développement (APD) ne pouvaient pas être entièrement canalisés au travers de l'ONU, le représentant a estimé que les fonds des programmes et organismes des Nations Unies devraient être renforcés, et se voir dotés de ressources adéquates. Le représentant a noté que les Etats africains avaient réaffirmé que la responsabilité première pour le développement de leurs pays leur revenait; cependant la mondialisation de l'économie rend impératif d'aider les pays africains à trouver des solutions globales aux problèmes de développement qu'ils connaissent. La croissance des économies africaines ne bénéficiera pas seulement aux pays en développement, mais aussi aux pays développés.

Le représentant a souscrit à l'opinion selon laquelle la communauté internationale devrait soutenir les efforts des pays africains dans le développement et le maintien des infrastructures commerciales afin de relever les défis futurs et de bénéficier pleinement des accords commerciaux internationaux, notamment ceux qui sont issus de la fin du Cycle de l'Uruguay. Le représentant a appelé à un soutien continu des Nations Unies et de la communauté internationale pour aider la Communauté pour le développement de l'Afrique australe a mettre en oeuvre son programme régional.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a rappelé que sa délégation est d'accord avec l'évaluation faite par le Comité ad hoc des progrès limités de l'UN-NADAF et avec ses recommandations consistant à mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs fixés. L'examen à mi-parcours sur la mise en oeuvre du Nouvel agenda met en évidence les tristes réalités. Malgré certains progrès, beaucoup reste à faire. Près de 40 à 50% de la population de l'Afrique sub-saharienne vit aujourd'hui en dessous du niveau de pauvreté. Il faut absolument atténuer cette situation et réduire le taux de croissance de la population dans la région afin de ne pas mettre en péril la stabilité et le développement socio-économique en Afrique. De nombreux pays africains se sont engagés dans une réforme constitutionnelle et des initiatives ont été prises pour développer les entreprises privées. Ces efforts ont conduit à une amélioration de la situation économique en Afrique. Ainsi, le nombre des pays ayant un taux de croissance négatif est tombé de 19 en 1993 à 3 en 1995.

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Le rapport de la Banque africaine de développement d'octobre 1996 attribue l'amélioration de la situation en 1995 au fait qu'un nombre croissant de pays de la région ont pu établir les conditions nécessaires à la stabilité macro-économique et au développement durable. Malgré cette évolution, la dette extérieure de l'Afrique a atteint 306 milliards de dollars en décembre 1995. Il faut mettre en place de nouvelles stratégies et prendre des mesures au sujet de l'endettement des pays africains. Le représentant a rappelé que les ressources financières destinées à l'Afrique ont ironiquement baissé depuis le début de l'UN-NADAF. Les Etats africains ont besoin de ressources suffisantes pour atteindre les objectifs de l'UN-NADAF. Il est impératif que la communauté internationale remplisse ses obligations envers l'Afrique et prenne des mesures concrètes afin de répondre efficacement à ses besoins avant qu'il ne soit trop tard.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA (Cuba) a indiqué que sa délégation attache une grande importance à l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unie pour le développement de l'Afrique dans les années 90. Il est indispensable a-t-il déclaré, que le présent débat et la résolution que l'Assemblée générale adoptera ultérieurement contribuent à adopter les mesures susceptibles de relancer le Programme pour le développement de l'Afrique. Cela dépendra, en fin de compte, de la volonté politique de chacun des membres de la communauté internationale et plus particulièrement des pays développés, pour lesquels, assurément, l'aide à l'Afrique constitue une question élémentaire de justice historique. Pour le représentant, une partie des richesses moissonnées sur le continent durant des siècles doivent maintenant être restituées à l'Afrique par les sociétés opulentes qui ont profité longtemps de ses ressources.

M. Rodriguez a regretté que malgré les efforts réalisés par les pays africains pour mieux utiliser l'Aide publique au développement, cette aide ait continué à diminuer. Au moment où l'on parle de la mondialisation et de ses bienfaits, de nombreux indicateurs montrent que l'Afrique reste en marge et que ses pays sont littéralement exclus des marchés de biens et services, des marchés financiers et de capitaux et des flux technologiques. Le représentant a estimé que les problèmes de l'Afrique sont d'une telle ampleur qu'ils nécessitent un effort spécial et extraordinaire. Cuba se félicite du lancement de l'Initiative spéciale des Nations Unies pour l'Afrique et rend hommage aux récentes initiatives et conférences pour le développement de l'Afrique soutenues par le Japon, ainsi qu'aux actions impulsées par plusieurs pays européens. Pour sa part, Cuba en dépit de ses ressources limitées, apporte une aide technique à de nombreux pays africains.

Mme DIANA VALENCIA (Colombie, au nom du Mouvement des pays non alignés) a estimé que l'adoption du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour la mise en oeuvre du développement en Afrique dans les années 90 a reflété la reconnaissance par l'ONU de l'impérieuse nécessité d'accorder à l'Afrique une

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attention particulière au cours de la présente décennie. Elle a également montré la préoccupation d'une grande partie des membres de l'Assemblée générale face à la grave crise économique et sociale que traverse le continent. Les circonstances qui ont présidé à l'adoption du nouvel Ordre du jour restent hélas d'actualité. Bien que quelques pays africains aient récemment connu certains résultats encourageants, la grande majorité d'entre eux connaît toujours une situation critique. Pourtant, les pays africains ont déployé de gros efforts pour mettre en oeuvre les recommandations du nouvel Ordre du jour. Le fardeau de la dette continue malheureusement à peser lourdement sur les économies africaines. C'est pourquoi, le Mouvement des pays non alignés exhorte les pays créditeurs et les institutions financières multilatérales à trouver une solution au problème de la dette extérieure. Le Mouvement souligne aussi la nécessité de diversifier les économies africaines, d'appuyer les programmes d'intégration régionale et sous-régionale en Afrique et de mettre en oeuvre sans tarder les recommandations adoptées récemment lors des grandes conférences organisées par les Nations Unies.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) s'est félicité des mesures macro-économiques et des ajustements monétaires adoptés par les pays d'Afrique, toutefois les résultats positifs obtenus par quelques-uns ne doivent pas faire oublier que les Etats les moins avancés ont toujours du mal à profiter de cette émulation. On ne peut plus accepter l'incapacité du continent africain à tirer partie du commerce international et des flux financiers étrangers. Pourtant la communauté internationale détient la capacité et les ressources qui permettraient d'appuyer efficacement la mise en oeuvre de l'UN-NADAF; elle en détient également une part de responsabilité car les pays d'Afrique ne sont pas les seuls à l'origine de leurs problèmes économiques. Pour accélérer au maximum les progrès, il faut également assurer un environnement externe favorable, permettant la diversification des produits exportés par l'Afrique, l'intensification de l'intégration régionale, le développement des ressources humaines et une solution durable au problème de la dette.

Dans ce contexte, la coopération sous-régionale apparaît comme un élément clef, dans la mesure où elle offre souvent de nouvelles possibilités à l'exportation. Il a proposé, de privilégier le développement des réseaux de communications interrégionaux au détriment des routes coloniales qui pendant des décennies ont été prioritaires. La question de l'éducation et de la santé ne pourra pas être définitivement réglée tant que la communauté internationale n'assurera pas les ressources appropriées à l'Afrique et ne mettra pas un terme au fardeau insupportable de la dette extérieure. L'aide internationale ne doit cependant pas se limiter aux seules dispositions de l'UN-NADAF et chaque pays devrait prendre des initiatives complémentaires et lancer des programmes de coopération, notamment Sud-Sud, car il est de l'intérêt de tous de voir l'Afrique accéder au développement durable.

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L'ARCHEVEQUE RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a déclaré que le Saint-Siège aimerait une fois de plus mettre l'accent sur le fait que, en ce qui concerne le développement, la question centrale est celle de la personne humaine. Dans le débat sur le Nouvel agenda pour l'Afrique, la communauté internationale doit accepter de faire une réalité de cette question centrale qu'est la personne humaine. Les recommandations du Sommet mondial pour le développement social méritent d'être étudiées avec plus d'attention. Le Programme d'action a identifié la nécessité d'une interaction entre les politiques économiques, sociales et environnementales ainsi que la nécessité du respect des différentes religions et cultures propres à chaque pays conformément aux libertés fondamentales et aux principes des droits de l'homme.

L'Afrique s'est tournée vers les institutions financières internationales. Le taux de croissance faible de l'Afrique a parfois été critiqué et l'assistance étrangère a été remise en question par certains qui soutiennent qu'elle participe peu au développement de l'Afrique. L'aide internationale doit être augmentée et non réduite. Le pape Jean Paul II, dans sa lettre apostolique, a insisté sur la nécessité d'aider l'Afrique. Il est essentiel de résoudre le problème de la malnutrition, du manque d'éducation et de services sanitaires et sociaux, mais aussi le problème de la dette, des conflits armés, du trafic des armes et le problème des réfugiés. La paix est nécessaire au développement. Seule la promotion de la paix par la justice sociale, le respect des droits de l'homme, la démocratie et un Etat de droit permettra le développement économique et social de l'Afrique.

M. IBRAHIMA SY (Organisation de l'Unité africaine) a rappelé que la révision à mi-parcours du nouvel Ordre du jour avait été l'occasion de démontrer une nouvelle fois l'esprit de partenariat qui s'est développé au sein de l'Organisation. La révision a également permis de mettre l'accent sur les efforts déployés par les pays africains, sous la forme de réformes économiques et politiques variables afin de poser les bases d'une croissance économique et d'un développement durable, même si pour un certain nombre de pays, les problèmes restent très aigus. Le processus de révision a été également l'occasion pour la communauté internationale de renouveler ses engagements envers l'Afrique alors que parallèlement le phénomène de globalisation du commerce tend à laisser les pays les plus faibles en marge. C'est pourquoi, l'assistance internationale est plus nécessaire que jamais, ainsi que l'indiquent clairement les recommandations du Comité spécial sur la question.

Le premier pas qui permettra d'avancer dans la mise en oeuvre de l'UN- NADAF est la définition de stratégies de développement prioritaires. A cet égard, la question du commerce extérieur paraît essentielle. La communauté internationale doit assurer l'accès des produits africains aux marchés et faciliter les échanges. Pour cela il faut supprimer les barrières tarifaires et non tarifaires et soutenir la diversification des productions africaines.

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La promotion du développement durable dépendra aussi de la manière dont les flux de ressources seront mis à disposition de l'Afrique et des tentatives devraient être multipliées pour atteindre le taux prévu d'Aide publique au développement et favoriser les investissement directs. Il faut également lever le fardeau de la dette, sans pour autant que les conditions appliquées à ces mesures soient trop strictes, notamment pour les pays les moins avancés. Le processus de développement africain pourra être accéléré, d'autre part, grâce à l'intégration économique régionale, qui nécessite également l'appui de la communauté internationale, car en définitive le développement durable de l'Afrique est de l'intérêt de tous.

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