En cours au Siège de l'ONU

AG/583

LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE SONT REALISABLES SI LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FAIT PREUVE DE VOLONTE POLITIQUE ESTIMENT LES INTERVENANTS

5 novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/583


LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE SONT REALISABLES SI LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE FAIT PREUVE DE VOLONTE POLITIQUE ESTIMENT LES INTERVENANTS

19961105 MATIN AG/583 Plusieurs délégués constatent la baisse de la part de l'Afrique dans le commerce mondial malgré les efforts déployés par les gouvernements

L'Assemblée générale a poursuivi ce matin, sous la présidence de M. Razali Ismail, son débat sur la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, point 44 de l'ordre du jour.

Elle a entendu l'intervention des représentants des pays suivants : Ouganda, Andorre, République-Unie de Tanzanie, Guyana, Sénégal, Namibie, Inde, Malawi, Nigéria, République de Corée, Jamaïque, Egypte, Zambie, Viet Nam, Slovénie, Koweït, Lesotho et Panama.

Les intervenants ont observé que, malgré quelques avancées ponctuelles, le chemin à parcourir vers la réalisation des objectifs fixés dans le nouvel Ordre du jour reste encore très long et c'est pourquoi, ils ont appelé à l'application rapide de mesures concrètes. Les représentants des pays africains ont, pour leur part, mis l'accent sur les efforts déployés par leurs gouvernements respectifs pour assumer leur part de responsabilité en matière de développement. Ils ont regretté que parallèlement, l'attitude de nombreux pays développés, n'ait pas permis d'obtenir des résultats notables. Ainsi, ils ont jugé inacceptable et préoccupant que l'Afrique voie encore sa part du commerce mondial diminuer. Plusieurs représentants ont constaté, à cet égard, que la situation est d'autant plus grave que la majorité des pays dépend de la production d'un seul type de produit de base, par ailleurs soumis à de grandes fluctuations. C'est pourquoi, ils ont précisé que malgré leur volonté de rompre le cercle vicieux de l'endettement et de l'aide, la situation ne changera pas tant que les pays industrialisés ne respecteront pas complètement les engagements pris dans le cadre de l'UN-NADAF et notamment en matière financière et du traitement de la dette.

(à suivre - 1a)

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En début de séance, le Président Razali avait fait une communication relative à la documentation sur l'élection de 34 membres de la Commission du droit international, qui aura lieu le 11 novembre prochain. A cet égard, l'Assemblée générale a accepté d'admettre des candidatures supplémentaires en dépit de leur présentation tardive, qui paraîtront dans une liste révisée publiée ultérieurement.

L'Assemblée générale se propose d'achever l'examen de la question 44 relative au développement de l'Afrique, cet après-midi, à partir de 15 heures.

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Mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90

Débat

M. MATHIAS SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a estimé que aussi bien les circonstances économiques, sociales et politiques dans lesquels les pays africains se trouvent aujourd'hui, que les efforts en cours pour définir une voie vers la croissance économique centrée sur les peuples et dans un environnement sain font que, un processus comme celui qui vient juste de se terminer est d'une très grande complexité. La conclusion de l'examen à mi-parcours de l'Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 9O (UN-NADAF) a montré que l'UN-NADAF restait largement irréalisé et que les conditions socio-économiques qui ont conduit au lancement du Programme d'action des Nations Unies pour le développement de l'Afrique en 1986 et du nouvel Ordre du jour en 199O sont restées les mêmes. Le représentant a noté néanmoins qu'il y avait eu des progrès économiques, avec un taux de croissance de 6% du PIB dans certains pays. Mais une telle évolution, a-t-il reconnu, n'a touché qu'une poignée de pays. Alors que la pauvreté et le chômage augmentent, l'Aide publique au développement est en régression et le fardeau de la dette est devenu insupportable.

Le représentant a applaudi aux engagements souscrits lors de l'examen à mi-parcours d'adopter des mesures urgentes pour accélérer l'exécution de l'UN- NADAF. Afin de traduire cet engagement en programmes d'action, il faudrait qu'au niveau national, les gouvernements travaillent de concert avec le système des Nations Unies et la communauté des bailleurs de fonds afin d'intégrer ces programmes dans le cadre général de la coopération. Au niveau régional, la Commission économique pour l'Afrique doit s'assurer que des actions aux niveaux sous-régional et régional soient promues grâce, entre autres au développement des transports et des moyens de communication et des projets commerciaux. A un niveau mondial, il faudra que les gouvernements africains, les organismes de développement des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et la communauté des donneurs se décident à donner un élan supplémentaire à la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour.

M. JULI MINOVES-TRIQUELL (Andorre) a estimé que le temps de l'optimisme idéaliste est révolu en Afrique; le temps est venu d'un optimisme volontariste. De même, le temps des grands programmes et des grands financements n'est plus. C'est le temps des programmes ciblés et des politiques économiques finales, efficaces et responsables. Le rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre à mi-parcours du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 pousse à renforcer les systèmes d'éducation en améliorant les compétences de base qui favorisent le perfectionnement et en offrant davantage de possibilités

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d'éducation pour tous, notamment, les petites filles et les femmes. Selon M. Minoves-Triquell, il faut donner aux jeunes Africains les moyens nécessaires d'aider au développement de leurs contrées. La Principauté d'Andorre, un petit Etat au ressources limitées se sent solidaire de l'Afrique. Elle en est tout près, de l'autre côté de la Méditerranée.

L'Andorre est convaincue que le développement du monde passe par l'Afrique. "Honte à l'humanité, si le XXIème siècle est témoin de l'effondrement de l'Afrique", a déclaré le représentant. Dans la mesure de ses possibilités, Andorre contribue au développement de l'Afrique. Des médecins et des infirmières andorrans travaillent en Afrique dans le cadre des programmes de coopération. Des enseignants andorrans forment de jeunes Africains. De plus, chaque année, Andorre tente d'augmenter son aide directe au développement dans le cadre des Nations Unies. On ne saurait oublier l'apport des organisations non gouvernementales andorranes se vouant spécifiquement à cette tâche.

M. DAUDI MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a estimé que les circonstances qui ont mené à l'adoption du Programme des Nations Unies pour le redressement économique et le développement de l'Afrique en 1986, ainsi que le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 9O (UN-NADAF) en 1991 sont les mêmes aujourd'hui qu'à l'époque. En fait, les conditions économiques et sociales se sont détériorées et pourtant, l'Afrique a un potentiel de croissance et de développement. Les pays africains ont d'ailleurs relevé le défi en entreprenant des programmes devant mener à cette croissance qui de l'avis du représentant sera bénéfique au monde entier eu égard à l'interdépendance des économies. La communauté internationale doit entrer dans un partenariat avec l'Afrique pour chercher et trouver des solutions aux problèmes qui se posent et, à cet égard, il est urgent d'examiner dans quelle mesure, il existe une détermination et un véritable engagement en faveur de la réalisation de l'UN-NADAF. Selon le représentant de la Tanzanie, il faut pour ce faire une augmentation substantielle de l'aide au développement, d'autant que les pays africains ont fait de nombreux efforts de restructuration de leur droit interne pour attirer des investisseurs des pays étrangers alors que cela n'a pas été suivi d'effets. Le délégué a exprimé l'espoir qu'en soutenant l'UN-NADAF, il sera possible pour les partenaires au développement de l'Afrique d'aider à la fois à la mobilisation des ressources et à rejeter l'image négative qui empêche l'augmentation du fonds de développement.

Mme PAULETTE CORNETTE (Guyana) a fait état de la satisfaction du Guyana d'avoir pu participer en septembre dernier aux travaux du Comité ad hoc plénier de l'Assemblée générale pour l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre de l'UN-NADAF. Le rapport du Comité témoigne des efforts de la communauté internationale et offre une base solide pour la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour et pour le renforcement de l'esprit de partenariat et de responsabilité partagée. La tâche à entreprendre est loin d'être facile.

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De nombreux problèmes sociaux et économiques, qui ont conduit à l'adoption du Programme d'action des Nations Unies pour le redressement économique et le développement de l'Afrique en 1986 et au nouvel Ordre du jour en 1991, se sont aggravés. Si de nouvelles mesures ne sont pas prises pour assurer la sécurité alimentaire, on estime que 700 à 800 millions de personnes dans le monde seront privées de nourriture d'ici l'année 2010. Dans l'Afrique sub- saharienne, le nombre de personnes affectées devrait atteindre 300 millions, soit plus de la moitié de la population totale de cette région. La délégation du Guyana exhorte la communauté internationale à participer aux efforts que l'Afrique fait pour assurer sa sécurité alimentaire. Le sommet mondial de l'alimentation qui se tiendra à Rome ce mois-ci devrait permettre à la communauté internationale de renouveler son engagement dans la lutte contre la pauvreté.

Il est capital d'intégrer l'Afrique dans l'économie mondiale. La représentante a rappelé la solidarité du Guyana avec les pays d'Afrique dans leur difficultés économiques. Il faut réexaminer l'aide publique au développement, les contraintes budgétaires et l'endettement des pays africains et il est également souhaitable d'entendre le point de vue de l'Afrique sur la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour. Il faut analyser de façon constructive ce qui a été accompli, admettre les échecs et concevoir de nouvelles stratégies, afin d'atteindre les objectifs fixés. Le Guyana se félicite du dépôt du cinquantième instrument de ratification de la Convention des Nations Unies pour combattre la désertification et est fière d'annoncer que son Gouvernement envisage une accession prochaine à la Convention. Le soutien de la communauté internationale est cruciale. Le Guyana se félicite de l'initiative récente de la Banque mondiale et du FMI d'aider les pays en développement lourdement endettés. Il faut trouver une solution qui soit à la fois souple et rapide. La représentante estime que les leçons que l'on peut tirer de l'examen à mi-parcours profiteront à l'Afrique et à toute la communauté internationale.

M. ALIOUNE DIAGNE (Sénégal) a estimé que depuis le lancement du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, l'Afrique met tout en oeuvre pour assumer sa part de responsabilité. Or, la réalité des faits révèle que la communauté internationale n'a pas jusqu'à présent pris la part de responsabilité qu'elle avait souscrite. Ainsi, alors qu'un minimum de 32 milliards de dollars était requis pour la mise en oeuvre du Programme, l'Aide publique au développement a paradoxalement enregistré une chute à un niveau jamais atteint depuis longtemps. Assurément l'heure n'est plus aux promesses, mais à leur concrétisation, a déclaré le représentant. Le constat d'échec sur lequel s'était achevé il y a cinq ans l'examen final du Programme d'action des Nations Unies pour le redressement économique et le développement de l'Afrique (PANUREDA) doit servir de leçon et d'avertissement, a-t-il ajouté. Au demeurant, un regard sur le passé récent, montre en réalité que chaque fois qu'elle en avait la volonté, la communauté internationale a réussi à relever des défis d'une dimension autrement plus exigeante en termes de ressources financières que ce qui est requis pour le nouvel Ordre du jour.

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Le représentant a souligné que l'Afrique ne voudrait pas être continuellement enfermée dans la logique sans fin de l'assistance et de l'endettement. Bien au contraire, ce qu'elle attend de ses partenaires, c'est l'ouverture de véritables opportunités qui lui permettent de prendre la part qui doit être la sienne dans le système économique et commercial mondial. L'Afrique est un continent aux potentialités énormes. Son redressement et sa croissance économique seraient un facteur stimulant pour l'économie mondiale. Voilà comment, la délégation du Sénégal comprend et soutient le projet de résolution relatif à l'examen à mi-parcours du nouvel Ordre du jour dont est saisie l'Assemblée générale.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé qu'alors que la révision à mi-parcours de l'UN-NADAF aurait pu éveiller des espoirs, elle a en fait, renforcé les inquiétudes quant aux perspectives de développement. Cinq ans après l'engagement pour un nouveau partenariat, le chemin à parcourir pour la mise en oeuvre de l'UN-NADAF est encore plus long, a-t-il ajouté. Il n'est plus à son avis besoin d'une analyse des problèmes socio-économiques, mais d'un mode d'emploi pour réaliser les recommandations contenues dans le document. C'est pourquoi, on ne peut pas exagérer la nécessité d'une mobilisation accrue de ressources financières, d'autant que l'épargne interne est quasi-inexistante et que les besoins d'emprunts sont bien supérieurs aux capacités de remboursement. Il a jugé crucial d'adopter une approche globale et d'accorder à l'Afrique un accès préférentiel aux marchés des pays développés.

S'il a reconnu qu'un certain nombre de pays, dont le sien, avaient réussi à attirer un niveau satisfaisant d'investissements étrangers, il a ajouté que ces quelques réussites sont noyées dans une tendance négative générale. En outre, il a rappelé que l'Afrique était connue pour avoir le volume le plus faible de dette, mais également la plus grande incapacité de remboursement et la question se pose de savoir non pas combien est dû, mais dans quelle mesure il est possible de payer. Il faut des solutions au problème de la dette qui permettent le développement durable, a-t-il déclaré. Il a plaidé en faveur de nouvelles mesures de suivi et de contrôle des dispositions de l'UN-NADAF et a rappelé que le processus de marginalisation de l'Afrique était un risque pour le monde entier.

M. SURJIT SINGH BARNALA (Inde) a remarqué que la détérioration de la situation économique sur le continent africain a mobilisé l'attention du monde depuis des années et qu'elle occupait une place prééminente dans l'Ordre du jour des Nations Unies depuis le début des années 199O. Le représentant a rappelé que les efforts subséquents de l'Inde en faveur de l'Afrique et de son développement économique sont enracinés dans une longue amitié envers les peuples africains. L'Inde s'est donc engagée dans la coopération Sud-Sud et a cherché a élaboré un Programme de coopération économique et technique, à cet effet, il a rappelé que l'Inde coopérait avec de nombreux pays en Afrique en matière d'assistance technique. L'Afrique, a-t-il déclaré avait besoin d'un soutien considérable afin d'asseoir son développement sur des bases solides.

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Les réformes économiques et les programmes d'ajustements structurels doivent aller de pair avec des soutiens internationaux visant à encourager l'agriculture et le développement rural , la sécurité alimentaire et la promotion des investissements. La réduction de la dette extérieure est aussi une partie indispensable de cette stratégie. Le représentant a estimé que ce qui manquait n'était pas une vision ou un ensemble de plans et de programmes, mais une volonté de les réaliser.

M. DAVID RUBADIRI (Malawi) a déclaré que l'examen à mi-parcours avait révélé combien le chemin à parcourir pour la mise en oeuvre de l'UN-NADAF était encore long et demandait un sens de partenariat et des responsabilités partagées de la part des pays africains et de la communauté internationale. Outre, la baisse de l'Aide publique au développement et l'accroissement de la dette, il s'est inquiété de voir que la part de l'Afrique dans le commerce mondial n'atteignait que 2,2%, malgré l'accès préférentiel aux marchés dont certains produits africains bénéficient. Notant que la diversification des économies africaines est l'un des éléments importants du nouvel Ordre du jour, d'autant que de nombreux pays dépendent des exportations d'un seul type de produit de base, il a reconnu que les gouvernements africains avaient pris leur part de responsabilité en matière de développement et avaient réalisé des progrès importants dans la mise en place de réformes structurelles économiques et politiques. Toutefois, les ressources humaines restent par trop sous- employées. Il a donc plaidé en faveur de la mobilisation des ressources à la fois publiques et privées et a exhorté les pays créditeurs à aller au-delà des 67% de réduction du poids de la dette.

Il a indiqué, par ailleurs, que son pays s'en était strictement tenu aux recommandations des institutions de Bretton Woods et avait entamé des réformes structurelles et politiques, qui ont ainsi mené en 1994 à l'accès au pouvoir du premier gouvernement démocratiquement élu, qui a vu sa stabilité assurée grâce à un taux de croissance de près de 10% en 1995 et 1996. Le nouveau gouvernement s'est, en outre, attaché à combattre l'inflation et a libéraliser la production agricole au profit des petits propriétaires terriens. Ces réformes ont pu être réalisées grâce à l'aide des organisations internationales et des pays donateurs. Toutefois l'aide internationale reste toujours nécessaire en raison de la fragilité de la situation.

M. ISAAC AYEWAH (Nigéria) a déclaré que sa délégation s'associe aux déclarations faites par le représentant du Cameroun au nom du Groupe africain et par le représentant du Costa Rica au nom du Groupe des 77 et la Chine. Il a rappelé que le nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique, fondé sur les principes de coopération et de responsabilité partagées de l'Afrique et de la communauté internationale, avait eu pour objectif d'aider l'Afrique à surmonter ses difficultés économiques. Malheureusement, cinq ans après l'adoption du nouvel Ordre du jour en 1991, les objectifs fixés n'ont toujours pas été atteints à cause du manque de volonté politique de la part de la communauté internationale. Le poids de la dette contribue à paralyser

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l'économie de l'Afrique ainsi que la réduction de l'Aide publique au développement et de l'Investissement direct étranger (FDI). Le représentant a encouragé la communauté internationale à avoir une attitude moins négative et plus constructive afin que l'Ordre du jour puisse être mis en oeuvre.

L'Afrique est consciente de ce que son développement socio-économique est en premier lieu, de son ressort. Le Nigéria, comme tant d'autres pays africains, s'est efforcé de mettre en oeuvre depuis le milieu des années 80 des réformes économiques dans le contexte des Programmes d'ajustement structurel. Malgré leurs efforts, la croissance économique des pays africains n'a pas été au rendez-vous notamment du fait de la tendance accrue de la mondialisation de l'économie, d'un environnement extérieur peu favorable et de l'accès restreint aux marchés extérieurs. L'Afrique continue à privilégier l'intégration de son économie dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Les pays africains encouragent la coopération sous-régionale et régionale et la formation de différents groupes comme la Communauté économique des Etats centrafricains, l'Union des Etats du Maghreb, le marché commun des Etats d'Afrique de l'Est et du Sud, le Comité de développement du Sud de l'Afrique, la Communauté de l'Afrique de l'Est, la Communauté économique des Etats de l'Afrique occidentale dont le Nigéria fait partie. La création de ces groupes devrait promouvoir l'intégration régionale et sous-régionale et conduire à la transformation des économies africaines.

M. MYUNG-CHUL HAHM (République de Corée) a estimé que le rapport du Comité ad hoc plénier de l'Assemblée générale sur l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 constitue une excellente base pour les délibérations de l'Assemblée générale sur la question. La République de Corée est convaincue que la cause du développement en Afrique nécessite plus que jamais une traduction dans la réalité des engagements pris. Pour leur part, les pays africains ont accompli d'importants progrès en matière économique. La République de Corée espère que les conclusions du Comité ad hoc plénier seront mises en oeuvre sans retard et bénéficieront du plein appui de la communauté internationale. Elle souligne que le système des Nations Unies devrait jouer un plus grand rôle dans la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour. Ainsi, toutes les institutions spécialisées devraient reprendre les objectifs du nouvel Ordre du jour dans la formulation et l'application de leurs programmes et projets et mieux financer et coordonner leurs programmes d'appui avec les objectifs du nouvel Ordre du jour.

La République de Corée souhaite également mettre l'accent sur l'importance de la coopération Sud-Sud indispensable à la réussite de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour. Cependant, cette coopération doit être développée non seulement au niveau bilatéral, mais multilatéral. De plus, la coopération internationale doit être davantage axée sur les besoins prioritaires des populations africaines en tenant compte de la raréfaction des ressources consacrées au développement. De son côté, la République de Corée a

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fourni et continue de fournir sous différentes formes une aide aux pays en développement, pour la plupart africains, à travers notamment les activités de l'Agence coréenne de coopération internationale. Elle espère que les délibérations de l'Assemblée générale permettront d'identifier les meilleures méthodes et les moyens de réaliser les objectifs du nouvel Ordre du jour et de réaffirmer l'engagement de la communauté internationale en faveur du développement de l'Afrique.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a réaffirmé l'interdépendance des engagements et la nécessité pour l'Afrique et la communauté internationale de passer à l'action. L'Afrique et ses ressources, en particulier ses ressources humaines, constituent un énorme potentiel. La plupart des pays africains ont pris des mesures appropriées pour se développer, et procédé notamment à des réformes politiques et économiques. Le représentant a noté que ces mesures ont pour but de libéraliser les prix et le commerce extérieur. La coopération économique régionale et sub-régionale sont d'autres mesures positives. En tant que pays en développement, la Jamaïque reconnait la valeur de ces initiatives et de la coopération Sud-Sud comme moyen de progresser dans des domaines tels que le transfert de technologies, les investissements, le commerce, l'éducation et l'élimination de la pauvreté. Selon le représentant, la communauté internationale devrait accélérer son soutien aux pays africains afin de concourir à leur développement durable en allégeant le fardeau de la dette, en suscitant l'investissement privé, en augmentant le flux des ressources financières, en favorisant le commerce et l'accès aux marchés. Selon le représentant, les autres mesures à prendre sont la prévention des conflits et la reconstruction des pays de postconflits.

M. SOLIMAN AWAAD (Egypte) a remercié le Secrétaire Général pour son rapport qui met en lumière les réalisations accomplies par l'Afrique et la communauté internationale dans le cadre du UN-NADAF. L'examen à mi-parcours a souligné que la situation demeure critique. Il faut déployer des efforts concertés aux niveaux national et international. La responsabilité du développement économique de l'Afrique incombe en premier lieu aux Etats africains. L'Afrique réalisera son développement grâce aux effort des pays africains. De nombreuses difficultés ont entouré l'UN-NADAF notamment les divers conflits, la persistance du climat économique peu propice, le poids de la dette et la réduction de l'Aide publique au développement. Les pays africains ont dû notamment consolider le processus démocratique et mettre en place des programmes de redressement économique et d'ajustement structurel. Ces efforts ont été entrepris par les Etats africains alors qu'ils ont dû faire face à la responsabilité d'assurer la paix et la stabilité politique du continent africain.

Lors de l'examen à mi-parcours, il a été question de la nécessité absolue d'augmenter l'assistance à l'Afrique et de l'orienter vers une approche nationale. Malgré les efforts des Etats africains pour mieux

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utiliser l'Aide publique au développement (APD), le volume des ressources reste inférieur à l'objectif fixé par l'UN-NADAF. Il faut continuer à avoir une approche positive de la question afin de pouvoir plus efficacement se tourner vers l'avenir. La communauté internationale doit appuyer les efforts sincères entrepris par le continent africain afin de lui permettre de se développer de façon durable.

M. PETER L. KASANDA (Zambie) a estimé que les objectifs inscrits dans l'UN-NADAF étaient toujours valides pour le développement durable et devraient susciter un esprit de partenariat d'autant que pendant ces cinq dernières années, l'Afrique a continué d'être marginalisée, voyant sa part du marché mondial tombée de 5% à 2,3%. Il a indiqué que les pays africains avaient déployé de nombreux efforts d'ajustement de leur économie, sans que ceux-ci ne portent réellement leurs fruits. Toutefois, il s'est félicité du développement de la coopération régionale, notamment par la signature en 1991 du Traité instaurant la Communauté économique africaine, qui, selon lui, est un élément fort positif puisqu'elle permet l'harmonisation des politiques économiques sur le continent.

Il a déclaré que son pays avait centré ses efforts sur la libéralisation de l'économie et la définition de politiques fiscales et monétaires attrayantes pour les investisseurs. Toutefois, il a rappelé que la Zambie ne pourra pas satisfaire aux objectifs de l'UN-NADAF sans l'assistance de la communauté internationale et notamment des investissements étrangers directs. Par ailleurs, il a estimé que la manière dont l'Organisation comptait poursuivre la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour et celle de l'Initiative spéciale pour l'Afrique n'était pas clairement définie et il faut craindre que l'UN-NADAF ne fasse désormais figure de simple déclaration de principe. Il a, en outre, plaidé en faveur du renforcement de l'Office pour l'Afrique et les pays les moins avancés, qui devrait être plus impliqué dans un tel processus, notamment en organisant des consultations avec le Programme des Nations Unies pour le développement.

M. NGO QUANG XUAN (Viet Nam), après avoir indiqué que sa délégation s'associe à la déclaration faite par le Costa Rica au nom du groupe des 77 et la Chine, a constaté après d'autres que la situation économique et sociale de l'Afrique demeure critique et que le continent court le risque d'être relégué en marge de l'économie mondiale. Selon lui, aucun défi n'est peut-être plus critique pour la communauté internationale aujourd'hui que la survie et le développement durable de l'Afrique. Il est indéniable que le développement de l'Afrique dépend tout d'abord des efforts et de la lutte menés par les peuples africains eux-mêmes. En fait, au cours de ces cinq dernière années, de nombreux pays africains ont déployé d'énormes efforts et obtenu certains succès dans les domaines de la réforme économique et de la modernisation, du développement agricole et la mise en valeur des ressources humaines. Ces premiers acquis, bien que modestes, ont prouvé que l'Afrique est finalement dans la bonne voie.

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Pour le représentant, il est toutefois regrettable que des facteurs historiques et des contraintes imposées par l'environnement économique extérieur, notamment la réduction de l'Aide publique au développement, le lourd fardeau de la dette, la détérioration des termes de l'échange et un accroissement des barrières entravant l'accès aux marchés des pays développés, aient empêché toute amélioration fondamentale de leur situation économique. Aussi, la communauté internationale doit-elle faire des efforts concertés pour aider l'Afrique à faire le pas de géant nécessaire pour l'intégrer au processus de développement promu par le nouvel Ordre du jour. Le Viet Nam espère que l'examen à mi-parcours auquel l'Assemblée générale procède aujourd'hui permettra de concrétiser les engagements déjà pris par la communauté internationale pour faire face au besoins de développement de cette grande partie de l'humanité.

M. DANILO TURK (Slovénie), après avoir indiqué que sa délégation fait sienne la déclaration faite par le représentant permanent de l'Irlande au nom de l'Union européenne et des Etats associés, a rappelé qu'il est généralement admis qu'il ne peut y avoir de développement à l'échelle mondiale sans une amélioration de la situation et du développement de l'Afrique. Notant que des signes prometteurs existent, le représentant s'est félicité de l'amélioration d'ensemble de la situation économique de l'Afrique au cours des cinq dernières années. Des progrès notables sont également signalés en matière d'investissement. Cependant, tous les objectifs fixés par le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 n'ayant pas été accomplis, la communauté internationale et les Nations Unies doivent déployer davantage d'efforts afin notamment d'alléger le fardeau de la dette et d'intégrer l'Afrique à l'économie mondiale.

Pour M. Türk, il importe d'élaborer des stratégies plus complètes de développement de l'Afrique et d'accorder une attention nouvelle à la situation inquiétante des réfugiés. Le continent connaît en effet la plus grande concentration de réfugiés. Cette question devrait être abordée sous deux angles différents et complémentaires. Ainsi, le Conseil de sécurité et les Nations Unies devraient d'une part accorder toute l'attention nécessaire aux situations de crise en Afrique, en particulier dans la région des Grands Lacs. Il serait, d'autre part, inapproprié d'appréhender séparément les problèmes politiques et les conflits militaires sans s'attaquer aux problèmes du développement. La Slovénie est d'avis que le succès de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour constituera une importante contribution non seulement à la stabilité politique et à la prévention des conflits en Afrique, mais également à la redéfinition du système des Nations Unies dans son ensemble et à sa transformation en un instrument efficace de changement social et politique.

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M. MOHAMMAD ABULHASAN (Koweït) a souligné le rôle essentiel des Nations Unies dans le domaine du développement. Il a rappelé que les guerres et les conflits sont les premiers obstacles aux programmes de développement et qu'il ne peut y avoir de développement sans paix. Le Koweit se félicite de l'adoption du nouvel Ordre du jour où il voit une concrétisation des aspirations internationales et a approuvé les conclusions contenues dans le rapport du Secrétaire général. Il est essentiel de soutenir l'effort des pays africains afin de les aider dans l'exécution de leurs programmes de développement. L'élément humain et l'aide financière sont la clef de voûte des programmes de développement en Afrique.

Le Koweit a fourni une aide financière cruciale pour le développement de l'Afrique. De nombreux pays africains ont pu bénéficier des 142 prêts d'un volume global de 1 milliard 149 millions de dollars avec des intérêts réduits faits par le Koweit. Les Organisations non gouvernementales au Koweit ont joué un rôle de grande importance. Le représentant a rappelé entre autres les initiatives de la Commission des musulmans d'Afrique qui, depuis 1981, insistent sur le développement grâce à la formation. Ainsi, 95000 étudiants africains poursuivent des études grâce à cette Commission. Toutes ces aides au développement accordées par le Koweït visent à répondre de façon adéquate aux besoins réels de l'Afrique.

M. PERCY MANGOAELA (Lesotho, s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine et à celle du Président de l'Organisation de l'unité africaine), a estimé que sur de nombreux points l'Afrique a récolté des résultats négatifs, alors que sa population avait enduré d'énormes sacrifices. Toutefois, des lueurs d'espoirs existent et l'Initiative spéciale du système des Nations Unies pour l'Afrique a été reçue avec un grand enthousiasme. Il a ajouté que dans la mesure où l'on se propose de construire un monde sans barrières, principalement économiques, les problèmes africains constituent un défi pour l'ensemble de la communauté internationale.

Pour relever ce défi, il faut parvenir à mobiliser des ressources additionnelles et encourager une participation accrue du secteur privé qui, bien qu'utile, ne saurait être la seule réponse. Il a regretté que la majorité des investissements étrangers se concentre sur une poignée de pays qui ont déjà atteint un semblant de développement, car l'infrastructure de base qui permettrait d'attirer les flux financiers est inexistante dans la plupart des pays. C'est pourquoi l'Aide publique doit continuer de jouer un rôle clef, d'autant qu'il serait irréaliste d'espérer que les investissements interviennent dans les secteurs sociaux. Il s'est déclaré confiant dans les efforts entrepris par les pays africains eux-mêmes et a estimé qu'il y avait un espoir réel, malgré tout, de voir la situation s'améliorer, ainsi que le démontre l'exemple récent de quelques pays. Par ailleurs, il a mis l'accent sur l'importance de la coopération Sud-Sud.

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M. JORGE ILLUECA (Panama) a indiqué que son gouvernement, qui a toujours appuyé les actions des Nations Unies en faveur du développement de l'Afrique, joint aujourd'hui sa voix à celles des autres qui, au sein de l'Assemblée générale, souhaitent engager l'Afrique sur la voie du développement durable. Le Panama souscrit à la déclaration faite par le Costa Rica au nom du Groupe de 77 et de la Chine. Après avoir rappelé les liens historiques étroits qui lient l'Afrique à son pays, le représentant a estimé qu'il ne faut pas perdre de vue le fait que l'on se trouve dans un monde dans lequel l'unicité de l'espèce humaine se manifeste au travers de l'exercice permanent de la solidarité. La solidarité que manifeste le Panama à l'égard de l'Afrique s'explique par la spécificité du continent africain reconnue par les Nations Unies, les institutions spécialisées du système et toute la communauté internationale. Le représentant a indiqué que l'Initiative spéciale des Nations Unies en faveur de l'Afrique a le mérite d'essayer de répondre aux besoins urgents du continent et d'associer toutes les entités du système et notamment les institutions de Bretton Woods, au financement du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90.

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