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AG/582

L'EXAMEN A MI-PARCOURS DU NOUVEL ORDRE DU JOUR POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE DANS LES ANNEES 90 CONTINUE DE RETENIR L'ATTENTION DE L'ASSEMBLEE

4 novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/582


L'EXAMEN A MI-PARCOURS DU NOUVEL ORDRE DU JOUR POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE DANS LES ANNEES 90 CONTINUE DE RETENIR L'ATTENTION DE L'ASSEMBLEE

19961104 APRES-MIDI AG/582 Si les résultats obtenus depuis 1991 ne sont pas négligeables, le chemin qui reste à parcourir reste important estiment nombre d'orateurs

L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi son débat sur l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90. L'Assemblée générale a entendu dans ce contexte les déclarations des représentants des pays suivants : Irlande (au nom de l'Union européenne et d'autres Etats), Argentine, Fédération de Russie, Jamahiriya arabe libyenne, Etats-Unis, Ethiopie, Canada, Ghana, Zimbabwe, Bénin, Congo, Fidji, Swaziland, Indonésie, Liban, Costa Rica (au nom du groupe des 77), Afrique du Sud et Gambie.

La plupart des orateurs se sont félicités de ce que cinq années après son lancement, le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 ait permis d'obtenir des résultats non négligeables, et ce dans de nombreux domaines. Tout en se réjouissant du chemin parcouru, de nombreux représentants ont affirmé qu'il reste beaucoup à faire pour s'acquitter d'ici à l'an 2001 des engagements pris. A cet égard, l'accent a été mis par les pays en développement sur la nécessité pour les pays développés de maintenir leur aide publique au développement, de réduire le fardeau de la dette et de favoriser les investissements productifs au sein des économies africaines. De leur côté, plusieurs pays développés ont rappelé les efforts qu'ils ont déployés pour respecter leurs promesses et favoriser l'intégration des pays africains à l'économie mondiale. Ils ont rendu hommage à l'Initiative spéciale pour l'Afrique récemment lancée par les Nations Unies, et ont estimé que celle-ci doit contribuer et compléter la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour.

Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu demain matin, mardi 5 novembre, à 10 heures, l'Assemblée générale poursuivra son débat sur l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90.

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Mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90

Suite du débat

M. JOHN CAMPBELL (Irlande, au nom de l'Union européenne et de la Bulgarie, de Chypre, de la Lituanie, de Malte, de la Pologne, de la République tchèque, de la Roumanie, de la Slovénie, et de l'Islande) a indiqué que l'Union européenne se réjouit de la convocation, il y a six semaines, du Comité ad hoc plénier de l'Assemblée générale sur l'examen à mi-parcours du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 qui a permis d'attirer l'attention internationale sur la situation spéciale et les besoins spécifiques de l'Afrique. L'Union, qui à cette occasion a présenté sa position dans une déclaration et un document détaillés, a pu réaffirmer son engagement ferme en faveur du développement de l'Afrique, dans un esprit de partenariat et de dialogue. Elle réitère aujourd'hui cet engagement alors que l'Assemblée générale s'apprête à adopter les conclusions de l'examen à mi-parcours.

L'Union européenne note que l'examen à mi-parcours a permis de confirmer une nouvelle fois l'existence d'un consensus pour l'adoption d'une approche intégrée en matière de développement, une approche qui place la personne humaine au centre des efforts de la communauté internationale en faveur du développement durable. Elle se félicite de la nature concrète du document final élaboré à l'issue de l'examen à mi-parcours sur des questions telles que le renforcement de la démocratie et l'implication de la société civile, le développement du secteur social, la réforme économique, l'allégement de la dette et la coopération Sud-Sud. Des négociations poussées entre tous les Etats ont permis d'adopter les conclusions de l'examen à mi-parcours. Aussi, importe-t-il maintenant d'adopter ces conclusions et de s'abstenir de toute action qui risquerait de mettre en péril le consensus obtenu. L'Union européenne est prête à assumer sa responsabilité consistant à appuyer les efforts des pays africains en faveur du développement durable. Il va sans dire que le rôle des Nations Unies est essentiel pour la mise en oeuvre des conclusions de l'examen à mi-parcours. Il importe notamment que toutes les parties concernées appuient l'Initiative spéciale des Nations Unies pour l'Afrique.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a rappelé que, sans l'appui des pays africains, il n'aurait pas pu y avoir autant de progrès au sein de l'ONU, que ce soit dans les domaines des droits de l'homme ou du développement. L'Afrique a collaboré avec les Groupes d'Amérique latine et des Caraïbes et d'autres régions et a participé à de nombreuses initiatives de l'ONU. Il s'agit maintenant de rendre à l'Afrique la contrepartie de ce qu'elle a donné. Il faut mettre en oeuvre le Nouvel agenda, étudier les possibilités structurelles et trouver une solution à la pauvreté. Le concept de démocratie dans les pays africains doit continuer à se développer afin de régler les conflits qui touchent ce continent et qui devraient trouver une solution pacifique.

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L'Afrique, qui a su assimiler entre autres la colonisation et le problème de l'apartheid, doit réussir à trouver une solution à ses problèmes actuels. Le succès des réformes, le développement des investissements étrangers et le renforcement de la démocratie dépendent de l'appui de la communauté internationale. L'Argentine félicite le Japon d'avoir convoqué une série de réunions concernant le développement de l'Afrique. L'Argentine reconnait l'importance des mesures annoncées au G7 et par les institutions de Bretton Woods concernant l'Afrique et notamment l'allégement de la dette. Il faut qu'il y ait une plus grande ouverture du marché et une élimination des barrières commerciales afin de favoriser l'accès de l'Afrique aux marchés. La coopération entre l'Afrique et l'Amérique latine et Caraïbes est fructueuse du fait que ces deux continents ont beaucoup d'intérêts en commun. Le représentant a rappelé qu'un fonds de coopération horizontal pour l'Afrique a été créé en Argentine. Par ailleurs, l'Argentine est présente au sein des opérations de maintien de la paix et des programmes d'aide médicale. L'Argentine comprend les problèmes de l'Afrique qui sont universels et se sent très solidaire.

M. YURY ISAKOV (Fédération de Russie) a noté avec satisfaction que depuis le lancement du Nouvel agenda pour le développement de l'Afrique dans les années 199O (UN-NADAF), un grand nombre de pays ont fait des progrès substantiels dans leur développement économique et social, grâce à des actions lancées aux niveaux national, régional et international. En particulier, le nombre de pays ayant une croissance négative est en régression. Cependant, il faut étudier les causes de la crise économique persistante qui prévaut encore sur le continent africain. La situation du chômage est alarmante et la pauvreté affecte toujours davantage le sort des enfants et des adolescents. Le représentant a remarqué que depuis le début des années 199O, on n'observe aucune augmentation des investissements directs en Afrique, or, il ne peut y avoir de réussite dans les stratégies de développement en Afrique tant que les nombreux conflits ne seront pas résolus et qu'il n'y aura ni stabilité ni démocratie. Il a estimé que l'Organisation de l'unité africaine a un potentiel qui n'est pas encore suffisamment utilisé. La situation dans la région des Grands Lacs peut provoquer une crise humanitaire sans précédent. Le représentant a suggéré un renforcement de la coordination entre les pays bailleurs de fonds et les institutions internationales en vue de mettre en place une équipe opérationnelle pour la mise en oeuvre des recommandations du récent forum mondial sur les problèmes de développement en Afrique.

M. MOHAMED A. AZWAI (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que l'une des causes du faible développement de l'Afrique a été le colonialisme dont elle fut longtemps victime et l'exploitation qui se poursuit aujourd'hui à cause du trop faible prix de vente de ses matières premières. Il en résulte que le continent africain présente une situation d'ensemble inquiétante. Bien que les pays africains aient montré un réel sens des responsabilités, les indicateurs économiques et sociaux restent faibles, ce qui peut être expliqué

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par l'appui insuffisant que la communauté internationale lui a apporté au cours de ces cinq dernières années. Les pays occidentaux doivent garder à l'esprit qu'ils seront également les bénéficiaires du développement de l'Afrique, puisqu'ils verront ainsi réduire l'immigration. Il a rappelé que les créditeurs devraient accorder la priorité à la mise en valeur des ressources humaines propices à des emplois productifs et devraient soutenir l'auto-développement des pays.

Observant que la paix est une condition préalable essentielle au développement, il a soutenu que les mesures coercitives ou les sanctions prises contre certains pays, dont le sien, constituent des entraves au développement. Malgré les sanctions dont elle souffre, la Libye convaincue de la nécessité de la coopération avec l'Afrique, a développé plusieurs projets économiques et sociaux par l'établissement de coentreprises ou par l'octroi de prêts à long terme. Il a affirmé que l'Afrique continuerait à se développer avec ou sans le soutien des pays occidentaux et que les africains devraient s'attacher à combattre les obstacles qui s'élèvent contre leur développement. En tout état de cause, l'Europe doit aider l'Afrique afin de la dédommager de l'exploitation et de la ruine de son économie.

M. MADELEINE ALBRIGHT (Etats-Unis) a indiqué que le voyage qu'elle a effectué cette année en Afrique a renforcé sa conviction que les peuples du monde ont de nombreux intérêts en commun. Le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 est l'un d'entre eux. La situation d'ensemble de l'Afrique reste à l'évidence troublée et le continent est confronté à de graves problèmes, notamment les guerres civiles, une lourde dette extérieure, la croissance démographique qui fait qu'il y a de moins en moins de terres utilisables et un flux inadéquat d'investissements. L'objectif commun de la communauté internationale, tel que reflété dans le nouvel Ordre du jour, est de mettre un terme à tous les fléaux et autres obstacles à la croissance et de travailler de concert tant aux niveaux national qu'international durant une période suffisamment longue pour réaliser des progrès substantiels. Les Etats-Unis ont contribué à cet effort parce qu'ils sont convaincus que l'avènement d'une Afrique libre, stable, productive et prospère bénéficiera à tous les éléments constitutifs de la communauté mondiale.

Au cours de la décennie écoulée, les membres de la communauté internationale, guidés par le processus de dialogue en cours et par les recommandations des grandes conférences des Nations Unies, sont parvenus à réduire le nombre de leurs désaccords et se sont rapprochés d'un consensus en ce qui concerne le développement humain. Notant qu'il appartient au secteur privé d'initier la croissance économique en Afrique, la représentante a jugé encourageant le fait que de nombreux gouvernements africains favorisent la croissance en adoptant des politiques monétaires réglementaires et juridiques qui favorisent la création d'entreprises. Les Etats-Unis sont d'avis que la promotion de la démocratie en Afrique doit se poursuivre et se réjouissent que

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depuis 1989 plus de vingt nations africaines se soient dotées de gouvernements démocratiques. Le Gouvernement américain s'est engagé à aider les Etats africains intéressés à accroître leur capacité de gérer les conflits grâce à la "Force africaine de gestion des crises". Il appuie fermement l'UNAVEM III et déploie d'importants efforts afin de prévenir toute nouvelle effusion de sang dans des pays instables tels que le Burundi et le Libéria.

La représentante a souligné l'importance du nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique, cinq ans après son lancement. A son avis, la communauté internationale doit s'unir pour aider l'Afrique à mettre en valeur tout son potentiel. Les Etats-Unis, de leur côté, font leurs les conclusions de l'examen à mi-parcours et continueront à participer activement à la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour. Ils appuient également l'Initiative spéciale des Nations Unies pour l'Afrique lancée au printemps dernier pour contribuer à la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour. Ils joindront leurs efforts à ceux des autres membres de la communauté internationale pour intégrer l'Afrique à l'économie mondiale et aideront, lorsqu'ils le pourront, les pays méritants à répondre aux critères et exigences de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les Etats-Unis continueront également à participer aux efforts visant à réduire la dette des pays les plus pauvres, particulièrement ceux dont les gouvernements se sont engagés à adopter des politiques de réforme économique et politique. A cette fin, les Etats-Unis ont d'ores et déjà renoncé à recouvrer plus de 1,2 milliards de dollars dûs par 19 pays.

M. DURI MUHAMMED (Ethiopie) a appelé à un renouvellement des responsabilités de la communauté internationale pour accélérer la mise en place du Programme d'action envisagé dans le Nouvel agenda des Nations Unies pour le développement de l'Afrique (UN-NADAF). Dans les années 9O, l'UN-NADAF était un contrat politique entre les pays africains et la communauté internationale dans le but d'encourager les progrès économiques et sociaux en Afrique grâce à la réforme, à l'intégration et à la diversification économiques.

Le représentant a estimé cependant que l'examen de la situation avait clairement montré que beaucoup restait à faire à l'avenir pour atteindre les objectifs de l'UN-NADAF, même si entre temps certains progrès ont été accomplis par les pays africains. La communauté des bailleurs de fonds partenaire des pays africains, doit remplir ses obligations en réalisant les objectifs consistant à transférer 0,75 de son produit intérieur brut aux pays africains sous forme d'assistance publique au développement. Or, pour le moment, l'ensemble des pays africains ne reçoit que 2% des flux mondiaux de capitaux en dépit de ses efforts pour attirer les investissements privés. Pour ce faire, ils ont dû consentir des ajustements structurels douloureux et réaliser la libéralisation de leurs économies. Il n'empêche que le problème de la dette reste un formidable défi pour le développement économique de l'Afrique.

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M. ROBERT FOWLER (Canada) a noté que le développement de l'Afrique doit passer par les africains eux-mêmes. Les organismes de l'ONU, les sociétés internationales et les organisations non gouvernementales ont à cet égard un rôle à jouer, qui doit être nécessairement complémentaire. Le représentant du Canada a remarqué avec satisfaction que l'esprit d'initiative des pays africains ont permis de réaliser, ces dernières années, de grands progrès, surtout en ce qui concerne l'administration des affaires publiques, la gestion de l'économie, les priorités sociales dont la réduction de la pauvreté et la libéralisation politique. Il ne faut cependant pas oublier que les conflits continuent d'avoir de graves répercussions sur les développements en Afrique ; ils ont un coût humain, mais aussi financier et politique pour la communauté internationale, ce qui confirme la nécessité de renforcer les capacités de l'ONU en matière de prévention et de résolution des conflits. Le Canada a soutenu sans réserve la décision du Secrétaire général de nommer un envoyé spécial dans la région des Grands lacs. Le mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits est une mesure importante que le Canada soutient financièrement. De plus, le Canada affecte 44% de son aide bilatérale à l'Afrique.

Le représentant du Canada a estimé que l'examen à mi-parcours devrait avoir pour effet de rationaliser davantage la mise en oeuvre du Nouvel agenda pour le développement de l'Afrique. A cet égard, il s'est félicité d'observer la collaboration entre l'ONU et les institutions financières internationales et il s'est réjoui de l'initiative générale en faveur de d'allégement de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés.

M. JACK B. WILMOT (Ghana) s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, a reconnu que grâce à l'UN-NADAF, plusieurs pays africains avaient pu mettre en place des réformes politiques et économiques qui ont permis une croissance économique ces dernières années. Toutefois, il a relevé qu'il existait encore un certain nombre d'obstacles à la mise en oeuvre du nouvel Ordre des Nations Unies, notamment du fait de l'absence d'investissements étrangers directs. Il a ainsi regretté que l'Aide publique au développement n'ait pas atteint le niveau prévu. L'absence de mandats clairs et de ressources suffisantes pour le développement n'ont fait qu'aggraver la situation, a-t-il ajouté.

S'il a reconnu que la responsabilité première de la mise en oeuvre de l'Agenda revenait aux pays africains eux-mêmes, il a toutefois appelé la communauté internationale à s'acquitter de ses engagements en matière d'aide publique, à permettre l'adoption d'une stratégie internationale efficace envers la dette et à lever les barrières commerciales. Il a mis l'accent sur la nécessité de définir des calendriers précis sur des objectifs spécifiques, étant donné que l'Agenda ne va s'étendre que sur cinq autres années. C'est pourquoi, il a demandé que le Secrétaire général présente désormais à l'Assemblée générale un rapport annuel sur le sujet et a souhaité que les différents organes des Nations Unies disposent des ressources nécessaires pour accomplir leurs tâches de mise en place et de suivi.

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M. MACHIVENYIKA MAPURANGA (Zimbabwe) a estimé que, cinq ans après le lancement du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, l'examen à mi-parcours offre l'occasion de regarder le chemin parcouru et d'évaluer ce qui reste à accomplir pour réaliser les objectifs fixés. Le représentant a rappelé que les peuples africains, conscients du fait que la responsabilité du développement du continent leur incombe, ont adopté différentes mesures pour restructurer et libéraliser leurs économies, ce qui a eu un coût économique et social très élevé. De même, d'importants efforts ont été déployés pour promouvoir la liberté, la justice sociale, la paix et la sécurité. Ainsi, le rapport de l'examen à mi-parcours montre clairement que les pays africains se sont acquittés de leurs engagements. Or, ledit rapport souligne que dans un même temps la communauté internationale a fait peu d'efforts pour réaliser les objectifs qu'elle s'était fixés.

Tout en réaffirmant l'importance de l'aide publique au développement, le représentant relève que celle-ci ne saurait continuer à être l'un des facteurs décisifs du développement des pays africains. M. Mapuranga a estimé qu'il existe une relation claire et directe entre le remboursement de la dette extérieure de l'Afrique et l'absence sur le continent de ressources nécessaires à la relance, à la croissance et au développement économique. A cet égard, il est surprenant de constater que les conclusions de l'examen à mi-parcours passent totalement sous silence le fait que la plupart des pays africains souffrent d'un déficit net de ressources. Aussi, le nouvel Ordre du jour pour l'Afrique dans les années 90 restera-t-il un simple exercice de relations publiques ou sera-t-il source de nouvelles déceptions pour les Nations Unies et la communauté internationale s'il n'est pas à la hauteur des nombreux espoirs qu'il a suscités.

M. FASSASSI ADAM YACOUBOU (Bénin) a estimé que l'adoption du Nouvel agenda s'est accompagnée d'une prise de conscience plus accrue de la situation spéciale et des besoins particuliers de l'Afrique qui figurent en bonne place dans les préoccupations de la communauté internationale. L'examen à mi-parcours de l'UN-NADAF a permis de réaffirmer et de souligner la réciprocité des engagements et des responsabilités et la nécessité pour l'Afrique et la communauté internationale de prendre d'urgence des mesures concrètes telles qu'énoncées dans la résolution 46/151 et reconduites par l'examen à mi-parcours. Dans le contexte de mondialisation de l'économie et de libéralisation des échanges, il faut déployer un effort concerté pour créer un climat international propice à l'intégration de l'Afrique et des pays les moins avancés à l'économie mondiale. La création d'un tel climat exige de prendre les mesures nécessaires pour annuler la dette publique ou bilatérale, réduire la dette multilatérale et rééchelonner la dette commerciale. Il faut trouver des solutions efficaces et durables à l'endettement.

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La consolidation du processus démocratique au Bénin se révèle en parfaite adéquation avec les objectifs de l'UN-NADAF. Le Gouvernement du Bénin souhaite toutefois que l'Afrique puisse davantage bénéficier de l'assistance et du soutien de toute la communauté internationale pour consolider et garantir durablement la démocratie au Bénin et dans les autres pays africains. Le représentant a lancé un appel à tous les Etats pour que les résultats de l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre de l'UN-NADAF soient diligemment appliqués, en vue de l'élimination effective de la pauvreté, de la diversification des économies, de l'accroissement des investissements directs étrangers et de l'accélération du processus de libéralisation des échanges internationaux et de la mondialisation de l'économie.

M. DANIEL ABIBI (Congo) a estimé que le Nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 9O constitue une importante manifestation politique de la solidarité de l'ensemble de la communauté internationale vis-a-vis de l'Afrique. La délégation du Congo estime que les résultats déjà obtenus sont louables, mais qu'ils ne doivent pas cacher les nombreux obstacles qui restent à surmonter pour atteindre un véritable développement durable de l'Afrique. Cependant, malgré les timides avancées porteuses d'espoirs, constatées ça et là sur le continent, les économies des pays africains demeurent très vulnérables aux chocs extérieurs. La mobilisation des ressources nécessaires est en deçà des niveaux prévus et le fardeau de la dette hypothèque toujours les nombreuses initiatives économiques. Selon le représentant, la création d'un environnement pacifique à l'intérieur et entre les Etats est nécessaire. Sa délégation appuie la recommandation contenue dans le rapport du Comité ad hoc plénier, qui stipule que la communauté internationale devrait continuer à appuyer les initiatives sous-régionales en matière de règlement des conflits. Le renforcement des capacités endogènes de l'Afrique s'affirme comme un impératif salutaire, pour permettre à tout le continent africain de se prendre en main. A cet égard, l'appropriation et la maîtrise des ressources déterminantes que sont la science et la technologie sont cruciales. Le représentant a estimé que les risques de marginalisation des pays africains demeurent une réalité dans un contexte international marqué par la tendance à la création de grands ensembles et de vastes zones de libre-échange, c'est pourquoi il a instamment prié la communauté internationale de continuer à apporter un soutien continu et significatif à l'Afrique.

M. POSECI W. BUNE (Fidji) a déclaré que l'Afrique a été longtemps un continent négligé. Pourtant l'Afrique regorge de ressources naturelles, mais leur exploitation a été retardée par le poids de la dette, la baisse de l'Aide publique au développement (APD) et un accès insuffisant aux marchés des pays développés. La tragédie africaine n'est pas unique sur cette planète. La région dans laquelle se situe Fidji présente les mêmes caractéristiques et c'est pourquoi il comprend pleinement les problèmes africains et se félicite de l'adoption de l'UN-NADAF. Il a observé que l'examen à moyen terme de

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l'UN-NADAF a démontré que des réformes politiques, structurelles, institutionnelles et économiques ont été mises en place, accompagnées par un renforcement de la coopération. Il s'est donc félicité de voir que les pays africains ont pris leurs responsabilités quant au règlement des conflits.

Toutefois il a estimé qu'il reste beaucoup à faire et il s'est demandé si les objectifs fixés pourront être atteints d'ici cinq ans. Les niveaux de mobilisation des ressources prévues n'ont pas été atteints et les objectifs clefs non plus. Il faut donc accélérer la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour au cours des cinq prochaines années et pour y arriver, il faut que l'ensemble de la communauté internationale assume ses responsabilités. A cet égard, il a estimé que l'Initiative spéciale pour l'Afrique était très positive puisqu'elle renforçait les efforts de coordination entre la communauté internationale, les institutions de Bretton Woods et l'Organisation des Nations Unies. Il appartient à l'Organisation d'assurer le succès de la mise en application de l'UN-NADAF d'ici l'an 2001 et il a rappelé qu'elle devrait refléter les aspirations de la majorité des peuples et nations, à savoir la priorité donnée au développement durable centré sur l'individu.

M. MOSES DLAMINI (Swaziland) a estimé que le rapport sur l'examen à mi- parcours du nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique dans les années 90 montre clairement le chemin que les pays africains et la communauté internationale ont encore à parcourir pour réaliser les objectifs qu'ils se sont fixés d'ici à l'an 2001. Le représentant a souligné que les défis à relever et les engagements pris dépassent largement les moyens mis en oeuvre jusqu'à présent. De plus, se manifeste une tendance à la réduction de l'aide publique au développement à un moment où les pays développés connaissent d'importantes restrictions budgétaires. Les pays africains et la communauté internationale ont adopté une série de mesures pour mettre en oeuvre le nouvel Ordre du jour. Cependant, force est de constater que les efforts les plus remarquables ont été déployés par les gouvernements africains qui ont entrepris des réformes politiques et économiques majeures.

Pour sa part, le Gouvernement du Swaziland a procédé à un examen de la période 1994/1995 auquel ont activement participé le secteur privé et la société civile. Parallèlement, aux travaux de la Commission nationale d'évaluation économique, une Commission d'examen constitutionnel a été créée en juillet dernier. Le Swaziland estime que la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique dans les années 90 a pris du retard. Il est d'avis que l'impact des actions entreprises a été minime pour le développement à long terme du continent. C'est pourquoi, les pays développés doivent s'acquitter le plus tôt possible des engagements pris, en réglant notamment le problème de la dette.

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M. MALIKUS SUAMIN (Indonésie) a déclaré que les efforts déployés par les pays africains pour la mise en oeuvre de l'UN-NADAF devraient encourager le soutien de la communauté internationale. Beaucoup reste à faire et il est capital de revitaliser la mise en oeuvre du Nouvel agenda. Les recommandations de l'examen à mi-parcours devraient être intégrées dans l'agenda afin d'être mis en oeuvre dans la seconde moitié de la décennie. La communauté internationale doit davantage favoriser le développement de l'Afrique. Il faut que de nouveaux efforts soient faits pour mobiliser les ressources financières prévues dans l'agenda. L'Aide publique au développement est la principale source de soutien financier pour l'Afrique et il est capital que la communauté internationale remplisse ses obligations financières. La question de la dette extérieure, qui draine des ressources qui pourraient être consacrées au développement, doit être résolue. Les initiatives prises par le Club de Paris et les institutions financières internationales à ce sujet marquent un réel progrès.

Le commerce international est un moyen exceptionnel de promouvoir le développement. La rapide libéralisation du commerce international a cependant eu un effet négatif sur de nombreux pays en développement. La communauté internationale doit privilégier la diversification des économies africaines et soutenir les efforts que l'Afrique fait, notamment dans le cadre d'une coopération Sud-Sud. L'Indonésie soutient le renforcement de la coopération Sud-Sud et des projets touchant le développement de l'Afrique. Le partenariat international doit être renforcé. L'Indonésie est favorable à tout moyen qui permettrait d'accélérer la mise en oeuvre de l'Agenda.

M. HICHAM HAMDAN (Liban) a déclaré que les problèmes que connaissent les pays d'Afrique nécessitent une plus grande attention de la part de la communauté internationale. En effet ces problèmes ont une incidence négative sur l'environnement mondial. La prospérité et le développement durable du continent africain, qui possède des richesses immenses, permettra d'accroître la prospérité du monde. L'Afrique devrait à l'avenir devenir un partenaire important de la communauté internationale. L'assistance de la communauté internationale reste cependant décisive pour permettre aux pays africains de trouver des solutions privilégiant notamment la gestion des ressources et l'instauration de la stabilité sociale et économique.

La technologie moderne constitue un moyen efficace pour la mise en oeuvre des programmes de développement économique et social et doit être mise à la disposition de l'Afrique. Les réformes à entreprendre nécessitent un effort à long terme. Il faut instaurer de nouvelles relations internationales, encourager la mise en place de la démocratie, l'élimination de la corruption, la mise en oeuvre de réformes structurelles, l'aide publique au développement, et trouver un solution durable à l'endettement. La communauté internationale doit réexaminer ses responsabilités. Le représentant a exprimé la solidarité du Liban envers l'Afrique. Il a rappelé que les pays africains ont ouvert leurs portes à de nombreux migrants libanais entre 1975 et 1991. Dans ce contexte, l'examen à mi-parcours revêt pour le Liban une importance particulière.

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Mme ANA TERESA DENGO (Costa Rica, s'exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine), a déclaré que malgré certains points positifs, la situation de l'Afrique s'était aggravée du fait des différents conflits qui parsèment le continent. L'Afrique constitue donc un véritable défi pour la coopération internationale en matière de développement. De nombreux pays africains ont entrepris des réformes pour améliorer la croissance économique grâce à des transformations macro-économiques, au renforcement de la coopération régionale et sous régionale et à la participation accrue de la société civile et ont ainsi pris en considération les résultats des différents sommets et conférences des Nations Unies dans leurs programmes nationaux de développement.

Il faut que l'Afrique continue de bénéficier d'un appui externe important, notamment sous la forme de l'Aide publique au développement. C'est là, la seule condition pour créer un environnement permettant d'attirer les investissements étrangers et en définitive assurer la participation efficace de ce continent au marché international. A cet égard, l'UN-NADAF représente la contribution minimum que la communauté internationale puisse faire, a-t- elle estimé.

M. LESLIE GUMBI (Afrique du Sud) a indiqué que la révision à mi-parcours de la mise en application de l'UN-NADAF est arrivée en un moment opportun pour définir à nouveau dans quelle mesure la communauté internationale peut aider les pays africains à relever les défis du développement. Il a souligné le sérieux et le sens des responsabilités avec lesquels les délégations africaines ont participé à ce processus de révision. Reconnaissant l'importance de la poursuite du processus de démocratisation ainsi que du renforcement des réformes administratives et économiques, il a estimé qu'on ne soulignerait jamais assez la nécessité du soutien de la communauté internationale. La coopération est ainsi essentielle entre l'Afrique et le reste du monde pour créer un environnement favorable à la stabilisation des mouvements de capitaux. Il faut s'attacher à combattre la déstabilisation engendrée par des retraits brutaux de capitaux. Par ailleurs, il a reconnu que le développement durable passait par le développement humain, qui est au centre des préoccupations de la communauté internationale. Il a évoqué l'intégration économique sous-régionale, notamment dans le cadre de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe pour préciser l'intention des gouvernements de la région de développer la coopération Sud- Sud avec d'autres organisation sous-régionales du monde en développement. Il a rappelé que le plus grand défi que la communauté internationale doit relever consiste à combattre à la fois le problème de la dette extérieure et la trop grande dépendance de l'Afrique envers ses produits de base. Tant que ces deux questions ne seront pas réglées, l'Afrique ne pourra pas développer sa capacité de mobiliser les ressources domestiques et elle continuera de dépendre des flux financiers extérieurs, telle que l'Aide publique au développement. Il a également insisté sur la nécessité de mesures appropriées de suivi, de contrôle et d'évaluation de l'UN-NADAf et à cet égard, il a estimé que l'Initiative spéciale du système des Nations Unies avait un grand rôle à jouer.

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M. MOMODOU KEBBA JALLOW (Gambie) a indiqué que l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 a mis en relief l'existence d'un pacte conclu entre l'Afrique et la communauté internationale pour garantir la réalisation des objectifs retenus dans les délais impartis. L'examen à mi- parcours a également confirmé le fait que la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour exigera un plus grand respect des engagements pris, des ressources plus nombreuses et une meilleure approche au processus de mise en oeuvre. L'examen de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour par l'Assemblée générale et les autres institutions du système des Nations Unies a permis de mettre en évidence ses forces et faiblesses. A cet égard, on peut déplorer que la dette extérieure des pays africains empêche la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour et sape les efforts déployés en faveur d'une relance économique sur le continent africain.

Par conséquent, la mise en oeuvre de la seconde partie du programme exigera de nombreux efforts de la part de l'Afrique et de la communauté internationale pour surmonter les obstacles et pallier les carences identifiées. De leur côté, les partenaires de l'Afrique devront s'en tenir aux promesses faites et assumer leurs responsabilités collectives. A cet égard, l'Initiative spéciale pour l'Afrique qui a récemment été lancée devra compléter le nouvel Ordre du jour et lui donner l'élan nécessaire pour assurer son succès. La Gambie reste grandement préoccupée par la responsabilité qui incombe à l'Afrique de mobiliser les 82,5 milliards de dollars nécessaires.

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