LA PROMOTION DES FEMMES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DOIT D'ABORD PASSER PAR UNE REFLEXION DES FEMMES SUR LEUR PROPRE CONDITION
Communiqué de Presse
AG/SHC/260
LA PROMOTION DES FEMMES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DOIT D'ABORD PASSER PAR UNE REFLEXION DES FEMMES SUR LEUR PROPRE CONDITION
19961030 MATIN AG/SHC/260 La Troisième Commission termine son débat sur la promotion de la femme et le suivi de la Conférence de BeijingLa Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a été saisie ce matin d'un projet de résolution, présenté par Cuba, visant à lutter contre l'introduction clandestine d'étrangers par la mer.
La Commission a ensuite poursuivi son débat général sur la promotion de la femme et le suivi de la Conférence mondiale de Beijing. Il a, notamment, été souligné que, dans de nombreux pays en développement, le "changement" devait encore passer par une réflexion des femmes sur leur propre condition.
Mme Angela King, Directrice de la Division de la promotion de la femme, prenant la parole à l'issue du débat, a indiqué, si les ressources financières suffisantes étaient trouvées, la Division de la promotion de la femme et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) disposeraient dès l'an prochain d'un site commun sur le réseau Internet, intitulé "Women Watch". Ce système révolutionnera nos possibilités de communication en facilitant l'échange d'informations sur les femmes de manière interactive entre les Etats et les institutions des Nations Unies, a-t-elle souligné.
Les représentants des pays suivants sont intervenus au cours du débat : Pérou, République dominicaine, Equateur, Pologne, Philippines, Mali, Guinée, Kazakstan, Jamahiriya arabe libyenne, Qatar, Azerbaïdjan et Nicaragua (au nom des Etats de l'Amérique centrale). L'observatrice de la Palestine ainsi que le représentant de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont également pris la parole. Le représentant d'Israël a utilisé son droit de réponse.
La Troisième Commission reprendra ses travaux demain, jeudi 31 octobre, à 10 heures. Elle commencera l'examen des questions relatives aux réfugiés.
Présentation d'un projet de résolution
PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE
Par un projet de résolution présenté par Cuba, portant sur les mesures visant à lutter contre l'introduction clandestine d'étrangers par la mer (A/C.3/51/L.7), l'Assemblée générale condamnerait la pratique de l'introduction clandestine d'étrangers en violation du droit international et national ou autres accords entre Etats et au mépris de la sécurité, du bien-être et des droits de l'homme des migrants. Elle demanderait instamment aux Etats de prendre les mesures qui s'imposent pour faire échec aux objectifs et activités de ceux qui font entrer clandestinement des étrangers et empêcher ainsi que ceux-ci soient exploités ou perdent la vie, notamment en modifiant s'il en est besoin, leur législation pénale. L'Assemblée demanderait aussi aux Etats de mettre en commun des renseignements, et de coopérer afin d'assurer l'application la plus stricte de la loi, en rendant plus rigoureuse la réglementation et les normes relatives aux documents de voyage, notamment.
Fin du débat général
M. MIGUEL BARRETO (Pérou) a indiqué que l'action du Gouvernement péruvien, dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, visait à faire converger différentes forces pour imposer une nouvelle image de la femme et la faire participer à toutes les prises de décision dans la société. La contribution de la femme péruvienne à la pacification et à la lutte contre la pauvreté est très importante, a-t-il affirmé, soulignant également son rôle important dans le développement. Il a déclaré que le Gouvernement péruvien venait de donner le feu vert à la mise en oeuvre de programmes spécifiques pour promouvoir la condition féminine et offrir de nouvelles opportunités aux femmes dans tous les secteurs de la société.
Mme JULIA T. ALVAREZ (République dominicaine) évoquant la question du suivi de la Conférence de Beijing à l'échelle du système des Nations Unies, a insisté sur l'importance que son pays accorde au renforcement de la coordination interinstitutions, et à cette fin à la mobilisation des ressources que cet objectif impose. Le Président Leonel Fernandez a placé la femme au centre des préoccupations de son programme national, s'engageant à éliminer la "subordination" de la femme de tous les domaines d'activités. D'importants projets de révision des lois sont actuellement à l'étude, pour renforcer la protection des droits des femmes et garantir l'égalité des droits entre les deux sexes. La perspective sexospécifique sera intégrée dans tous les programmes de la politique de développement, afin de faciliter la promotion de la culture de l'égalité dans la société dominicaine.
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Mme MONICA MARTINEZ (Equateur) a indiqué, qu'avant la Conférence de Beijing, une série de travaux et de recherches avaient été menés dans son pays pour évaluer la situation de la femme équatorienne. Cette étude a permis de constater l'hétérogénéité des niveaux de développement, a-t-elle poursuivi, insistant sur les différences entre des femmes urbaines et rurales, notamment en ce qui concerne leur accès à l'éducation, aux soins de santé, à l'emploi, et à la prise de décision politique. Elle a souligné l'entrée en vigueur d'une loi sur la violence contre les femmes et l'élaboration d'un projet de loi sur la discrimination à l'égard des femmes sur le lieu de travail. Un projet de loi garantissant la nomination de 20% minimum de femmes dans le secteur judiciaire est à l'étude, a-t-elle précisé. Toutes ces mesures visent à réduire et éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, a-t-elle ajouté. Elle a, en outre, apporté son soutien à l'élaboration d'un protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, appelant à la mobilisation des efforts et des ressources financières adéquates à cet effet.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a expliqué que la réalisation de l'objectif d'égalité entre les sexes avait été placée au centre du programme d'action national développé par le Gouvernement polonais. La mise en oeuvre efficace et intégrale du Programme d'action de Beijing, a-t-elle souligné, appelle de nombreux changements de la part de tous les acteurs concernés par cette dernière. L'Administration de l'Etat a donc élaboré un cadre juridique pour stimuler l'action institutionnelle en vue du renforcement des droits de la femme. L'Administration doit créer les conditions propices pour stimuler et soutenir les actions en faveur des femmes prises par les organisations, les associations et les individus. Les institutions et organisations qui doivent s'acquitter de tâches spécifiques prévues dans le cadre du programme national de promotion de la femme seront juridiquement responsables de l'exécution des mandats qui leur ont été confiés dans des délais impartis. On prévoit un premier examen des résultats obtenus par le Conseil des ministres en 2001. La représentante a fait état de la visite effectuée en Pologne par le Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes, motivée par l'intérêt que présente la mise en place dans le pays, de bureaux de police chargés exclusivement de la protection des femmes.
Mme LETICIA RAMOS-SHAHANI (Philippines), énumérant les engagements pris par le Gouvernement de son pays, dans le cadre de la Conférence de Beijing, pour améliorer la vie des femmes philippines, a cité notamment l'intégration de la plate-forme d'action de Beijing dans les travaux de toutes les agences et départements, l'allocation dans le budget national de ressources importantes à des programmes en faveur des femmes et d'au moins 20% de ce budget aux services et programmes sociaux, l'accès à la formation et au crédit pour les femmes des zones rurales, la mise en oeuvre d'une stratégie rapide et systématique de négociation avec les pays d'accueil afin de garantir les droits des travailleuses migrantes, le renforcement des lois contre le trafic
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des êtres humains et l'immigration illégale, la création de services de soutien pour les femmes victimes de violence, l'accès à la santé et aux services de planning familial pour toutes les femmes afin de les aider à faire des choix responsables en matière de fertilité, l'affirmation que l'avortement n'est pas une méthode de planning familial et la mise en oeuvre d'un plan national de développement couvrant une période de 30 ans jusqu'en 2025 et tenant compte de la perspective sexospécifique.
La Commission nationale sur le rôle des femmes philippines a été chargée de surveiller le processus de mise en oeuvre de ce programme, a indiqué la représentante. Elle a souligné, par ailleurs, que la décision d'obliger tous les départements à réserver au moins 5% de leur budget pour des questions concernant les femmes, constituait une bonne façon d'assurer la mise en oeuvre des programmes concernant les femmes. Condamnant fermement la violence contre les femmes, elle a indiqué que les Philippines avaient adopté une loi antiviol. Le viol est un crime contre la personne et non plus contre la morale, a-t-elle insisté. La violence contre les travailleuses migrantes, le trafic des femmes et des petites filles, surtout à des fins sexuelles, les mariages par correspondance, préoccupent particulièrement le Gouvernement des Philippines, a-t-elle aussi affirmé.
M. ILLAKAMAR AG OUMAR (Mali) a déclaré qu'au Mali, les femmes, dont 78% vivent en milieu rural, sont fortement présentes dans les secteurs de l'artisanat et du commerce. Cependant, en raison des contraintes socioculturelles qui pèsent sur elles, elles souffrent de marginalisation dans la conduite des affaires publiques. La Constitution reconnaît les mêmes droits civiques à tous les citoyens sans distinction de race, d'ethnie ou de sexe. Dans le code de mariage, le consentement de la femme au mariage est requis, elle a le droit de demander le divorce, d'obtenir la garde des enfants et une pension alimentaire. Elle a le droit d'accès aux emplois salariés au même titre que les hommes à égalité de traitement. Mais le très faible taux de scolarisation des filles et le maque de qualification des femmes sont des entraves sérieuses à leur accès aux emplois. Elles sont rarement nommées aux hauts postes de responsabilité même à compétence égale ou supérieure. Cette situation a une incidence sur l'image des femmes et sur leur capacité à influencer les prises de décision.
Le représentant a fait état de plusieurs tentatives d'institutionnalisation de la promotion des femmes par les différents gouvernements, ajoutant que toutefois, les mécanismes ont été ou demeurent confrontés à des difficultés qui entravent sérieusement leurs actions. Il a notamment noté : leur marginalisation qui ne leur donne pas toujours les moyens d'influencer la politique générale du Gouvernement; le manque de personnel et de ressources; l'insuffisance de la couverture du territoire.
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Le premier plan d'action national pour la promotion des femmes a été adopté par le Gouvernement en janvier 1996, et couvre la période 1996-2000, a-t-il poursuivi, en précisant qu'il porte sur les six domaines suivants : l'éducation, la santé, les droits des femmes, la promotion économique, l'environnement, et le renforcement institutionnel. S'agissant de la participation des femmes aux instances de prise de décision, par exemple, il est envisagé d'instituer un système d'incitation pour une plus forte présence des femmes sur les listes de candidatures aux élections et d'apporter un appui matériel et institutionnel à ces femmes. L'objectif visé au niveau économique est le renforcement du rôle des femmes dans les domaines de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, de l'artisanat, du secteur informel de l'entreprenariat féminin.
Mme MAFOULA SYLLA (Guinée) a affirmé que la question de la promotion de la femme a toujours été une préoccupation centrale de son pays, qui depuis trois décennies n'a cessé d'investir dans ce sens. En Guinée, a-t-elle expliqué, le rôle de la femme dans le développement n'est plus à démontrer. L'option libérale prônée a favorisé la libre entreprise et galvanisé toutes les couches sociales dans leurs initiatives ou efforts de production. La politique de décentralisation a permis aux femmes de mieux s'impliquer dans les activités de développement. Des organisations non gouvernementales, associations, coopératives et groupements de femmes s'investissent dans tous les domaines d'activités, et notamment l'éducation, la santé, l'agriculture, et le commerce. La politique de promotion féminine en voie d'adoption par le Gouvernement jette les bases d'une action concertée visant à éliminer les disparités entre les sexes.
La délégation guinéenne a en outre notamment remercié le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), pour le soutien des activités en faveur de la promotion des femmes en Guinée - qui s'est exprimé par l'appui au programme "femme-population-développement" dans le cadre duquel ont été développés plusieurs projets visant à renforcer le pouvoir de gestion de micro-entreprises des femmes. La représentante a aussi remercié le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) pour l'assistance qu'ils ont apportée à l'organisation de différents ateliers sur les femmes dans le pays. La représentante a conclu en lançant un appel pour une mobilisation de ressources supplémentaires des partenaires sur le terrain.
Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakstan) a déclaré que la mise en oeuvre réussie des priorités fixées lors de la Conférence de Beijing dépendait dans une grande mesure de la coopération concertée des Etats et des Nations Unies. Le Kazakstan, a-t-elle affirmé, a commencé à mettre en oeuvre ces priorités. Un organe consultatif chargé de promouvoir le rôle de la femme dans le développement a été mis en place. Cet organe a rédigé un rapport national sur la situation de la femme et de la famille au Kazakstan et mis au
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point un projet de programme national. Des projets plus spécifiques portant, notamment sur la restructuration de l'économie locale et de l'emploi et sur la protection des travailleuses, sont actuellement à l'étude. La protection de la famille et l'amélioration des conditions de vie de la femme et de la famille sont prioritaires, a poursuivi la représentante, indiquant que le Kazakstan souhaitait renforcer sa coopération avec les différentes agences des Nations Unies dans ces domaines. Dans ce contexte, elle s'est félicitée, par ailleurs, du projet en cours, avec l'aide du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), dans la région de la mer d'Aral dont l'équilibre écologique est particulièrement en péril. L'aggravation de la situation écologique fait peser une menace grave sur les populations et notamment sur la santé des femmes et des enfants, a-t-elle affirmé, soulignant notamment la forte mortalité maternelle et infantile. Elle a indiqué que malgré le niveau d'instruction élevé des femmes du Kazakstan, celles-ci n'avaient pas encore la représentation qu'elles méritent dans les échelons du pouvoir. Elle a annoncé l'organisation prochaine d'une conférence nationale sur l'état et les perspectives nationales en matière de parité entre les sexes.
Mme SOMAIA BARGHOUTI, Observatrice de la Palestine, s'est félicitée qu'une attention accrue ait été donnée récemment à la situation des femmes vivant sous une occupation étrangère. Elle a rappelé que le Programme d'action de Beijing avait réitéré que l'occupation étrangère était incompatible avec le respect de la dignité humaine et que par conséquent elle devait être éliminée. La représentante a formulé l'espoir que des actions plus concrètes en faveur de la promotion de la femme palestinienne seront entreprises.
Rendant par ailleurs compte des mesures prises par l'Autorité palestinienne dans ce domaine, elle a notamment évoqué la création d'une commission gouvernementale sous la houlette du Ministère de la planification et de la coopération ainsi que de l'Union générale des femmes palestiniennes, qui est chargée de coordonner les actions envisagées en faveur des femmes. La poursuite de la politique israélienne visant à créer de nouvelles colonies de peuplement, l'isolement imposé aux Palestiniens, la confiscation de l'eau potable et des terres, continuent d'avoir de graves conséquences sur la vie quotidienne des populations palestiniennes, particulièrement des femmes.
Mme SUAAD OMAR A. ANNBAR (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que le statut des femmes dans un grand nombre de pays en développement n'avait pas connu d'amélioration en raison, notamment, d'une situation économique difficile. Dans ces pays, la situation des femmes est mauvaise, elles font toujours face à la discrimination, notamment au sein de la famille et ne participent toujours pas à la prise de décision dans la société, malgré des efforts, particulièrement au niveau des Nations Unies, pour éradiquer des coutumes anachroniques, a affirmé la représentante. Elle a plaidé pour la promotion du rôle des femmes, en particulier dans les domaines du
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développement et de la paix. Les femmes sont encore loin de pouvoir jouir du plein exercice de leurs droits et de leur pleine participation au développement économique et social. Soulignant la nécessité de respecter les valeurs morales et religieuses de tous les pays, elle a indiqué que la mise en oeuvre des programmes d'action dépendait surtout des gouvernements mais qu'un plan d'action et une stratégie mondiale étaient également nécessaires, en particulier pour les femmes vivant sous occupation comme les femmes palestiniennes, les femmes des pays en développement ou encore les femmes handicapées. Les femmes devraient participer à toutes les composantes du processus de développement, a-t-elle déclaré, précisant que la charia leur garantissait ce droit.
Elle a affirmé que la Libye était l'un des Etats pionniers en ce qui concerne la participation des femmes à toutes les activités de la société. La représentante a fait part des graves difficultés liées aux sanctions injustes imposées à son pays et dont les conséquences, telle la pénurie de médicaments et de produits de base, affectent particulièrement les femmes et les enfants.
M. AHMED SAIF AL-MIDHADI (Qatar) s'est félicité des efforts faits par la communauté internationale afin de donner aux femmes le rôle qui leur revient dans la société et pour qu'elles soient en mesure de contribuer au processus de développement des sociétés côte à côte avec les hommes. Selon lui, il est essentiel que le mécanisme de suivi de la Conférence de Beijing tienne dûment compte de la diversité des coutumes, valeurs et traditions des sociétés. Qatar accorde une grande importance à la promotion de la femme conformément à l'esprit de la charia. Le Gouvernement appuie les efforts déployés au niveau mondial en vue d'éliminer la discrimination à l'égard des femmes mais tient cependant à souligner que chaque Etat a le droit souverain d'élaborer sur son territoire ses propres lois en matière de travail, et de les faire respecter par tous les travailleurs, nationaux et migrants.
M. FIKRET MAMEDALI PASHAYEV (Azerbaïdjan), soulignant la nécessité d'intégrer la perspective sexospécifique dans tous les programmes nationaux et internationaux, a mis l'accent sur les difficultés particulières des Etats à économie en transition et notamment de l'Azerbaïdjan, dont les difficultés sont exacerbées en raison de l'agression de l'Arménie. Pour ces Etats, l'amélioration de la condition de la femme est essentielle, a-t-il affirmé, soulignant qu'une meilleure participation des femmes à la société, à la vie économique, à la construction de la paix et au règlement des conflits, contribuerait notamment à réduire la pauvreté et à améliorer les conditions de vie de toute la population. Dans ce cadre, il a demandé une augmentation de l'assistance technique aux pays en transition, en particulier à ceux qui subissent les conséquences très graves de conflits armés. Il a souligné l'intérêt particulier de son pays pour la situation des femmes et des enfants
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dans les conflits armés. Ainsi, l'Arménie interdit encore au Comité international de la Croix-Rouge et autres agences l'accès auprès des Azéris pris en otages ou en prison, a-t-il affirmé, soulignant que parmi ceux-ci figuraient beaucoup de femmes, une soixantaine d'enfants et de nombreuses personnes âgées.
Mme GRETHEL VARGAS (Nicaragua), prenant la parole au nom des Etats de l'Amérique centrale, a insisté sur le fait qu'il était très difficile d'améliorer la situation des femmes de la région, et d'ailleurs de tous les pays en développement tant que l'environnement économique mondial n'aura pas été changé. Les gouvernements de l'Amérique centrale ont concentré tous leurs efforts à la reconstruction et à l'élimination de la pauvreté. Pour eux, la mise en oeuvre des recommandations de Beijing signifie avant tout promotion de la participation des femmes au processus de reconstruction, réintégration des femmes réfugiées, déplacées, et renforcement du rôle d'éducatrice des femmes dans la société, ce qui passe par leur alphabétisation. Il est essentiel de comprendre que dans les pays de l'Amérique centrale, la vraie promotion ne pourra être réalisée qu'une fois que seront intervenus une longue liste de petits et grands changements, a dit la représentante. Selon elle, ce processus doit commencer, dans la région, par une réflexion des femmes sur leur propre condition, et les pays de l'Amérique centrale doivent s'atteler fermement à cette tâche.
M. EIGIL PEDERSEN, au nom de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a indiqué que la perspective sexospécifique était aujourd'hui intégrée dans tous les programmes de la Fédération en faveur du développement des femmes. La Fédération estime que ceci devrait permettre de maximiser le succès des programmes d'aide et de développement, en reconnaissant les différences entre les hommes et les femmes en situation de vulnérabilité. Il a souligné que des plans d'action régionaux étaient développés, intégrant et reconnaissant les besoins différents des femmes et tenant compte, par ailleurs, des spécificités géographiques, culturelles et économiques. Le représentant a souligné, par ailleurs, que la Fédération était particulièrement préoccupée par les quelque 100 millions de femmes migrantes économiques dans le monde, ainsi que par la situation de quelque 16 millions de réfugiés et 29 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Un tiers de ceux qui viennent nous voir fuient ou ont fui leur foyer, a-t-il dit. L'aide que nous leur apportons représente 70% de nos dépenses en matière d'assistance, a-t-il affirmé, soulignant le fait que lorsqu'elles cherchent de meilleures conditions économiques, les femmes migrantes se heurtent souvent à la prostitution, aux risques du SIDA et d'autres maladies sexuellement transmissibles, à la drogue et à la violence.
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Droit de réponse
Le représentant d'Israël a déploré que l'observatrice de la Palestine se serve de cette tribune pour perpétrer des attaques à l'égard de son pays. La Troisième Commission ne devrait pas être utilisée à de telles fins. Il a suggéré à l'observatrice de la Palestine de faire part de ses préoccupations à l'Autorité palestinienne.
Remarques de conclusion
Mme ANGELA KING, Directrice de la Division de la promotion de la femme, a demandé, à l'issue du débat, aux Etats qui ne l'ont pas encore fait d'envoyer leurs plans nationaux de suivi de la Conférence de Beijing au Secrétariat. Elle a remercié les délégations d'avoir fait part de leurs préoccupations concernant la pénurie de ressources des différentes agences s'occupant de la promotion de la femme. Elle a indiqué, par ailleurs, qu'à condition que les moyens financiers soient trouvés, la Division de la promotion de la femme et le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) disposeraient, dès l'an prochain, d'un site commun sur le réseau Internet, intitulé "Women Watch". Ce système révolutionnera nos possibilités de communication en favorisant l'échange d'informations sur les femmes de manière interactive entre les Etats et les institutions des Nations Unies notamment, a-t-elle souligné.
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