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AG/SHC/259

PLUSIEURS DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE DE RENFORCER LA LUTTE CONTRE LA TRAITE DES FEMMES ET DES PETITES FILLES

29 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/SHC/259


PLUSIEURS DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE DE RENFORCER LA LUTTE CONTRE LA TRAITE DES FEMMES ET DES PETITES FILLES

19961029 APRES-MIDI AG/SHC/259 La Troisième Commission est saisie d'un projet de résolution sur l'Institut africain pour la prévention du crime

Un projet de résolution réaffirmant notamment la nécessité de renforcer les moyens de l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, a été présenté par le Burundi, au nom du Groupe des Etats africains, devant la Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission).

La Commission a ensuite poursuivi son débat général sur la promotion de la femme et le suivi de la Conférence mondiale de Beijing. Au cours du débat, plusieurs délégations ont souligné la nécessité de renforcer les mesures de lutte contre la traite des femmes et des petites filles.

Le Ministre des questions féminines et de l'enfance, du développement communautaire et de la sécurité sociale du Malawi, a fait une déclaration dans le cadre de ce débat. Les représentants des pays suivants sont également intervenus : Etats-Unis, Iraq, Liechtenstein, Nigéria, Maroc, Ukraine, République-Unie de Tanzanie, Thaïlande, République arabe syrienne, Mongolie, Pakistan, Tunisie, Bénin et Liban. Les représentants de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont également pris la parole.

La représentante du Koweït a exercé son droit de réponse.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux sur la promotion de la femme et le suivi de la Conférence de Beijing demain, mercredi 30 octobre, à 10 heures.

Présentation d'un projet de résolution

PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE

Par un projet de résolution sur l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (A/C.3/51/L.6), présenté et amendé oralement par le Burundi, au nom du Groupe des Etats africains, l'Assemblée générale réaffirmerait la nécessité de renforcer les moyens dont dispose l'Institut de soutenir les mécanismes nationaux des pays africains en matière de prévention du crime et de justice pénale. Elle prierait le Secrétaire général d'intensifier ses efforts et de mobiliser toutes les entités compétentes du système des Nations Unies afin de fournir à l'Institut le soutien financier et technique nécessaire. Elle le prierait de présenter des propositions concrètes concernant le renforcement des programmes et activités de l'Institut. L'Assemblée demanderait instamment à tous les Etats Membres, et aux organisations non gouvernementales, d'adopter des mesures pratiques concrètes afin d'aider l'Institut à se doter des capacités requises. Elle exhorterait les Etats membres de l'Institut à n'épargner aucun effort pour remplir leurs obligations envers celui-ci.

Débat

Mme LINDA TARR-WHELAN (Etats-Unis) a affirmé que la mise en oeuvre de la plate-forme d'action de Beijing nécessitait de la part des Nations Unies : intégration, coordination et suivi. Elle a estimé que la promotion des femmes au sein du système des Nations Unies, particulièrement aux niveaux élevés de décision, renforcerait fortement le rôle d'orientation des Nations Unies et a encouragé le Secrétaire général à nommer plus de femmes aux postes de représentants spéciaux dans les missions de diplomatie préventive et de maintien de la paix. Elle a souligné, par ailleurs, l'importance de la coopération entre les institutions des Nations Unies et suggéré que des experts siègent au sein des délégations à la Commission de la condition de la femme afin d'encourager un meilleur échange d'idées et le partage d'expériences.

Elle a souligné que les Etats-Unis étaient préoccupés par la situation des droits de l'homme et particulièrement des femmes et des petites filles en Afghanistan. Les restrictions imposées limitent la capacité du pays à se relever après une décennie de guerre et à rétablir l'unité nationale, a-t-elle estimé. Soutenant les efforts du Secrétaire général visant à la poursuite sur le terrain des programmes d'aide humanitaire, elle a mis en garde contre les conséquences que pourraient avoir les restrictions aux droits des femmes et des petites filles à participer pleinement à la société sur la capacité de la communauté internationale à apporter son assistance.

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Elle a indiqué, par ailleurs, qu'aux Etats-Unis un mécanisme formel, le Conseil interinstitutions du Président, sur les femmes, avait été créé au niveau national, pour promouvoir la condition féminine et mettre en oeuvre les engagements pris à Beijing. Pour ce qui est de la lutte contre la violence à l'égard des femmes, les efforts menés conjointement par les départements de la justice et de la santé ont notamment permis d'ouvrir une ligne téléphonique d'urgence gratuite offrant une aide immédiate aux personnes en difficulté. Dans tout le pays, des programmes sont mis sur pied visant à sensibiliser la population à ce problème. Une conférence nationale par satellite sur le suivi de Beijing a, par ailleurs, été organisée le 28 septembre dernier afin, notamment, de définir les priorités d'une action future, a indiqué la représentante, soulignant que des milliers de femmes y avaient assisté. Les résultats et recommandations issus de cette conférence sont actuellement en cours d'analyse dans le cadre de la préparation d'un programme d'action national, a-t-elle ajouté.

La ratification de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes reste une priorité de l'administration Clinton, a aussi déclaré la représentante, soulignant que l'accord du Sénat était toujours attendu. Mais nous continuerons à apporter une contribution positive à l'élaboration du protocole facultatif, a-t-elle assuré, soulignant, par ailleurs, l'engagement du Gouvernement américain à établir des mécanismes institutionnels solides, à coopérer avec les organisations non gouvernementales et à nommer davantage de femmes à des postes à responsabilité.

M. KHALED AL-HITTI (Iraq) a insisté sur les efforts importants que son gouvernement déploie en vue de promouvoir la femme dans la société, pour renforcer la protection de ses droits, sa participation dans les secteurs économiques et financiers, en particulier au niveau de la prise de décision. Le Gouvernement fait cependant face à de nombreux obstacles dans son action en faveur des femmes, en raison de l'embargo injuste imposé à l'Iraq. Les effets des sanctions sur la population iraquienne sont dévastateurs, en particulier sur les femmes et les enfants, victimes des pénuries de vivres et de médicaments. Le nombre de victimes de l'embargo imposé à l'Iraq dépasse aujourd'hui de loin celui des victimes d'Hiroshima, a affirmé le représentant. Ainsi l'embargo peut aujourd'hui être qualifié d'arme de destruction massive. Il n'est aucune cause au monde qui puisse justifier l'assassinat massif de civils innocents, et à plus forte raison en cette époque où le respect des droits de l'homme et de la liberté est érigé en valeur modèle. Quelque 4 millions d'Iraquiens dont 2,4 millions de femmes et d'enfants souffrent de malnutrition, a précisé le représentant, qui a rappelé que le Programme d'action de Beijing insistait sur la nécessité de prendre des mesures pour empêcher que les produits pharmaceutiques et les produits alimentaires ne soient utilisés comme des armes politiques. Il a conclu en lançant un appel

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à la communauté internationale et aux Nations Unies afin qu'elles s'attachent à mettre fin à cette situation et aux violations des droits les plus fondamentaux des populations civiles iraquiennes.

Mme CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a souligné le rôle important des organisations non gouvernementales dans la mise en oeuvre de la plate-forme d'action de Beijing dans son pays et indiqué que les priorités suivantes avaient été fixées : encouragement à la participation des femmes aux activités politiques, programme de formation universitaire spécifique pour les filles, mesures facilitant la compatibilité entre la vie professionnelle et familiale et sensibilisation aux problèmes de la violence contre les femmes et les enfants. Elle a encouragé tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à adhérer à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. S'inquiétant du nombre élevé de réserves apportées par les Etats lors de leur adhésion, elle a indiqué que son pays avait, pour sa part, retiré les siennes.

Elle a estimé que les femmes devraient jouer un rôle croissant dans la résolution des conflits et être plus nombreuses aux postes de représentant spécial du Secrétaire général. Elle a déploré, par ailleurs, le fait que l'on soit encore loin des objectifs fixés en ce qui concerne la parité entre les sexes au Secrétariat. Rejetant la proposition de revoir les objectifs à la baisse, elle a estimé qu'il fallait au contraire renforcer les efforts visant à recruter et promouvoir davantage de femmes, particulièrement au niveau décisionnel. Elle a apporté son soutien à la création d'une équipe chargée de traiter des questions de harcèlement sexuel.

Mme NKEM WADIBIA-ANYANWU (Nigéria) s'est dit préoccupée par le nombre important d'Etats parties qui maintiennent des réserves à l'égard de certains articles de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. S'agissant notamment de la violence à l'égard des travailleuses migrantes, la représentante a indiqué que son pays - qui estime qu'il est en mesure d'examiner cette question à la fois sous l'angle d'un pays d'accueil et sous celui d'un pays d'origine - salue le travail accompli par le Groupe d'experts mandaté sur ce problème. Elle s'est par ailleurs dit très préoccupé par le phénomène du trafic des femmes et des petites filles aux fins de leur exploitation sexuelle. Elle a soutenu les initiatives prises par le Groupe de travail établi pour tenter d'identifier des mesures pour combattre efficacement ce fléau.

La délégation du Nigéria est consciente de la sensibilité des Etats Membres lorsqu'il est fait mention des ressources nouvelles et additionnelles qui doivent être allouées aux programmes de promotion de la femme. Il est indispensable de parler ouvertement, car chaque pays a besoin de ces ressources additionnelles pour réaliser les objectifs fixés à Beijing.

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Il n'y a pas d'alternative à la coopération internationale. Le Nigéria réaffirme son engagement envers la mise en oeuvre intégrale du Programme d'action de Beijing dans le respect de son histoire culturelle et dans les limites de ses ressources disponibles.

Mme AICHA EL KABBAJ (Maroc) a estimé qu'une occasion unique s'offre aujourd'hui à nos sociétés pour dégager de façon non équivoque, dans la ligne inspirée par la plate-forme de Beijing, une vision précise de l'action à engager pour améliorer le sort de la femme. La mise en application des conclusions de Beijing invite à s'atteler aux véritables problèmes de la femme en vue de conférer un contenu réel à l'égalité des sexes en tant que principe fondamental des droits de l'homme, ce qui nécessite de faire face à une vaste gamme de pratiques et d'attitudes archaïques enracinées dans les cultures, les traditions et le comportement des individus.

L'on ne peut parler d'égalité alors que la femme se voit encore, dans certaines régions du monde, refuser le droit à la propriété, à l'héritage et à la gestion des biens, que son salaire est nettement inférieur à celui de l'homme, quant à sa participation des décisions elle est insignifiante. La prédominance du droit coutumier qui échappe, dans certaines sociétés au droit positif, l'ignorance qui frappe la majorité des femmes, qui ne connaissent pas leurs droits ou ne savent pas s'en servir et, enfin, les schémas psychologiques qui perpétuent des concepts erronés sur la femme sont les caractéristiques de bon nombre de sociétés. Ceci interpelle nécessairement une volonté politique déterminante de la part des Etats pour lever les interdits qui pèsent lourdement sur le sort de la femme.

Dans le continent africain, où les problèmes socio-économiques se posent avec une acuité poignante, la situation de la femme est d'autant plus préoccupante qu'elle ne se détermine qu'en termes de pauvreté, de malnutrition, d'analphabétisme, de maladies et de travaux pénibles, a poursuivi la représentante.

Aux inégalités existantes entre femmes et hommes vient s'ajouter le partage non équitable du coût social des restrictions budgétaires, ce qui fait des femmes le groupe social le plus vulnérable aux fléaux résultant de l'endettement. Ces femmes qui débordent de dynamisme et d'ingéniosité n'aspirent qu'à un encadrement adéquat, à des connaissances élémentaires pour mieux gérer leur temps et leur travail et à des services sociaux pour leur assurer un niveau de vie décent, a souligné Mme El Kabbaj qui a regretté que l'aide accordée à l'Afrique par les organismes de développement ait accusé une baisse. Elle a exprimé l'espoir que les Etats qui ont adhéré à l'initiative 20/20 attachent une attention toute particulière aux problèmes spécifiques des femmes des pays en développement, particulièrement les femmes africaines. A son avis, une action parallèle revient aux institutions financières internationales qui doivent consacrer une part de leur assistance aux

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programmes destinés à promouvoir la condition de la femme, notamment parmi les groupes les plus vulnérables. Pour conclure, elle a témoigné à l'UNIFEM toute la satisfaction de sa délégation pour le travail fort constructif qu'il ne cesse d'accomplir.

M. OLEKSANDRA SAVCHENKO (Ukraine) a déclaré que la Conférence de Beijing avait créé une dynamique en faveur de la promotion de la femme dans toutes les sociétés et à tous les niveaux. Dans le cadre du suivi de la Conférence, la représentante s'est notamment félicitée de la conférence régionale de Bucarest qui a mis au point des stratégies concrètes pour la promotion de la femme dans les pays en transition. Le monde connaît des phénomènes honteux, comme la violence envers les femmes, la traite des femmes et des jeunes filles et leur exploitation sexuelle, a-t-elle déploré, estimant notamment que la Conférence internationale de Stockholm sur l'exploitation sexuelle des enfants constituait une bonne base pour l'action des Etats dans ce domaine.

Elle a rejeté l'analyse, figurant au rapport du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes consacrée à l'Ukraine, selon laquelle son gouvernement ne dispose pas de mécanisme et ne prend pas de mesures pour lutter contre les stéréotypes. La condition de la femme est l'une des priorités de l'Ukraine et sa pleine participation à la construction de la société est encouragée, a-t-elle souligné. La mise en oeuvre des réformes économiques a créé des difficultés économiques très importantes qui ont eu des répercussions graves sur la situation des femmes, a-t-elle indiqué. Elle a indiqué qu'un ministère de la famille, dirigé par une femme, avait été créé en juin dernier et que des programmes nationaux en faveur des femmes et des enfants avaient été élaborés.

Mme LILIAN PATEL, Ministre des questions féminines et de l'enfance, du développement communautaire et de la sécurité sociale du Malawi, a déclaré que son gouvernement reconnaît pleinement le rôle crucial des femmes dans le processus de développement durable des sociétés, et qu'en conséquence il déployait de nombreux efforts en faveur de la promotion de la femme. Le programme d'action national en vue du suivi efficace de Beijing prévoit une action prioritaire dans quatre domaines : la paix, la violence à l'égard des femmes, la petite fille, et l'autonomisation des femmes.

Mme Patel a en particulier mis l'accent sur l'attention que son gouvernement accorde à la promotion et à la protection des droits de la femme, et sur les efforts qu'il déployait en matière de planification familiale et pour protéger les droits génésiques de la femme. Outre les nombreuses initiatives prises en vue du développement des services de planification familiale, a-t-elle expliqué, de nombreux séminaires à l'intention des décideurs et de la société civile, et notamment des chefs coutumiers ont été organisés dans le pays, afin de sensibiliser aux questions ayant trait à la santé reproductive de la femme et aux liens existant entre ces questions et

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les obstacles au développement social et économique. Mme Patel a également mis l'accent sur de nouveaux programmes d'éducation et de lutte contre l'analphabétisme des femmes et des fillettes. Elle a fait état du Programme CABLE, qui encourage les filles à rester à l'école en dépit des pressions dont elles peuvent faire l'objet dans la société. Un autre programme incite au retour à l'école primaire de celles qui avaient abandonné leur scolarité à la suite d'une grossesse.

Mme RADHIA MSUYA (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays avait entrepris différentes actions dans le cadre du suivi et de la mise en oeuvre de la Conférence de Beijing. Elle a déploré le fait que les Nations Unies ne puissent pas mettre en oeuvre certaines mesures en raison des contraintes liées à la crise financière et a appelé à des efforts en vue d'atteindre, notamment, l'objectif de 50% de femmes au Secrétariat. Les contraintes auxquelles fait face l'Organisation affectent surtout les femmes et particulièrement les femmes d'Afrique alors que leur niveau de représentation est déjà minime, a-t-elle souligné, émettant l'espoir d'une distribution géographique équitable des postes octroyés aux femmes. Face à la crise financière actuelle, il faut définir nos priorités avec justesse et précision car la promotion des femmes aura un impact sur l'ensemble de la société, a conclu la représentante.

M. THAKUR PHANIT (Thaïlande) a indiqué que son pays considère les femmes non seulement comme des bénéficiaires mais aussi comme des agents importants du développement. L'essentiel du succès économique de la Thaïlande est attribuable aux femmes, qui constituent 47% de la population active, a-t-il dit. Evoquant les progrès significatifs réalisés ces dix dernières années dans le domaine de la promotion des droits de la femme, le représentant a indiqué que le congé de maternité a été étendu de 60 à 90 jours. La Thaïlande a par ailleurs réduit sensiblement le taux d'analphabétisme dans le pays. Si le taux d'alphabétisation des femmes est de 91,3% contre 94,7 pour les hommes, c'est principalement parce que les filles ont moins facilement accès à l'école que les garçons. Le Gouvernement a par ailleurs décidé d'augmenter la scolarité obligatoire qui est passée d'une période de six ans à neuf ans et sera établie à douze ans très prochainement.

M. Phanit a par ailleurs indiqué que le Gouvernement de la Thaïlande a pris un certain nombre de mesures pour mettre en oeuvre le Programme d'action de Beijing dont les recommandations ont été incorporées dans le plan pour les femmes 1993-2011. Le Gouvernement a également accordé le rang de département à la commission nationale pour les questions de la femme. La Thaïlande a accédé à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en 1985 et en avril dernier, six femmes officiers de l'armée ont été promues au rang de général, a indiqué M. Phanit.

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M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a déclaré que pour témoigner aux femmes du profond respect qu'il a envers le rôle essentiel qu'elles jouent dans la société, le Gouvernement a proclamé le 21 mars "Journée nationale des mères". Un comité national a été créé pour assurer un suivi efficace de la Conférence de Beijing. Faisant état des résultats majeurs qui avaient déjà été obtenus dans son pays, le représentant a notamment indiqué que les femmes représentaient aujourd'hui 50% des étudiants au niveau universitaire et que les taux de fertilité et de mortalité maternelle avaient été considérablement réduits.

Le représentant a aussi indiqué que les lois nationales étaient actuellement révisées pour renforcer la protection des droits des femmes et faciliter la réalisation de l'objectif d'égalité. Le droit des femmes syriennes à recevoir un salaire égal à celui des hommes pour un travail égal est consacré par la loi, a t-il souligné, en mettant l'accent sur le fait que les femmes étaient de plus en plus présentes dans toutes les sphères de la société, y compris celles de la prise de décision. Evoquant la question de la violence à l'égard des femmes, le représentant a affirmé que ce phénomène s'observait très rarement dans la société syrienne, dont les valeurs et les coutumes protègent les individus de ce type de comportement excessif. Concluant, il a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de faire preuve de sa solidarité envers les peuples vivant sous le joug d'une occupation étrangère. Afin que Beijing ne reste lettre morte, a-t-il dit, il convient de mettre fin aux violations des droits des femmes et des fillettes vivant dans les territoires occupés par Israël.

Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) s'est félicitée du travail accompli par différents organes et institutions des Nations Unies dans le suivi de Beijing. La Mongolie estime que la mise en oeuvre des engagements de Beijing doit se traduire notamment par l'intégration de la dimension hommes/femmes dans les programmes et les politiques des Nations Unies, et particulièrement dans les stratégies de lutte contre la pauvreté.

Elle a déploré le fait que la crise financière de l'Organisation retarde le renforcement des ressources humaines et financières de la Division de la promotion de la femme. La mise en oeuvre des recommandations de Beijing dépend en grande partie des ressources, a-t-elle souligné, encourageant le Secrétaire général à trouver des idées novatrices pour la recherche de fonds.

Le projet du plan d'action national élaboré en Mongolie a fait l'objet d'une longue discussion à l'Assemblée nationale, avec des représentants des organisations gouvernementales et non gouvernementales, des entreprises privées, des organisations urbaines et rurales et des milieux universitaires et de la recherche. Ce débat très large a permis de mettre au point un programme d'action complet jusqu'à l'an 2000, dont les priorités sont la diminution de la pauvreté, et particulièrement la pauvreté chez les femmes,

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la diminution de la mortalité maternelle et infantile et l'amélioration de la scolarisation, a indiqué la représentante, soulignant qu'un Fonds de développement pour la femme avait, en outre, été créé avec l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour promouvoir la création d'emplois et fournir une aide aux femmes vivant dans la pauvreté.

M. SHEREEN THAHIM (Pakistan) a souligné la nécessité de donner aux pays en développement des directives en ce qui concerne la préparation et l'exécution de leurs plans nationaux. Il a indiqué que son pays a mis en place un cadre institutionnel pour la promotion et la protection des droits des femmes. Un ministère distinct dirigé par une femme s'emploie à promouvoir l'autonomie des femmes dans toutes les sphères de la société ainsi qu'à intégrer une perspective dans les politiques nationales. Le Gouvernement facilite l'élaboration de lois pertinentes pour traiter des problèmes spécifiques des femmes. La structure fédérale est appuyée par des départements provinciaux afin d'assurer une coordination et une mise en oeuvre efficaces des décisions. Dans le domaine politique, 25% des sièges du Parlement sont réservés aux femmes. D'autre part, le Pakistan, qui a accédé au début de cette année à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, est en train de préparer son premier rapport prévu pour avril 1997.

En ce qui concerne la législation, le représentant a expliqué que la Commission d'enquête pour les femmes, composée de juges, de chercheurs et d'avocats de grande renommée, a entamé une révision des lois à caractère discriminatoire. En outre, une série de mesures ont été prises pour faciliter la promotion économique et sociale des femmes, un programme d'action sociale financé à hauteur de 8 milliards de dollars se concentre sur le développement des ressources humaines en tenant compte de la problématique hommes-femmes. En matière économique, la "First Women Bank" accorde des crédits aux créatrices de petites entreprises et de diverses structures génératrices de revenus. Le représentant a également indiqué qu'en vue d'atténuer les inégalités entre les sexes, un centre national de ressources et de formation pour les femmes dans le développement a été créé avec l'aide de l'Agence japonaise de coopération internationale.

Mme RADHIA ACHOURI (Tunisie) a déclaré que dans son pays la question de l'intégration de la femme dans la gestion des affaires publiques ne s'inscrit pas seulement dans le cadre d'une stratégie de politique économique visant à mettre le pays sur la voie irréversible d'un développement intégré et durable, mais procède également d'une vision cohérente et globale des droits de l'homme. La représentante a insisté sur la priorité accordée à l'égalité des chances. Dans ce contexte, elle a fait état d'un train de réformes législatives adoptées en 1992 pour affranchir la loi de tout relent d'archaïsme hérité du passé. Elle a cité les modifications qui vont être apportées au Code du statut personnel : substitution de la notion de devoir

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de respect mutuel à celle de devoir d'obéissance de l'épouse à son époux; consolidation du droit de tutelle de la mère et création d'un fonds de garantie des pensions alimentaires, destiné à préserver les femmes divorcées et leurs enfants. Le Code pénal va considérer le lien matrimonial comme une circonstance aggravante en matière de sanction de la violence conjugale. En même temps, le droit au travail jugé fondamental est réaffirmé pour toutes les femmes et le Code du travail va consacrer explicitement le principe de non- discrimination entre l'homme et la femme, tandis que le Code de la nationalité lui accorde désormais le droit avec l'accord du mari de transmettre sa nationalité à ses enfants issus d'un mariage mixte.

L'éducation, la santé et le planning familial qui mobilisent tout particulièrement les femmes, sont appelés aujourd'hui également à jouer un rôle moteur dans la réalisation du nouveau projet de société que la Tunisie a choisi pour ses générations futures, a poursuivi la représentante. La réforme de l'éducation vise entre autres à préparer les jeunes à une vie qui ne laisse place à aucune forme de discrimination ou de ségrégation fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race ou la religion. En outre, le principe de l'enseignement obligatoire que cette réforme introduit, vise essentiellement à enrayer le phénomène des abandons scolaires précoces des jeunes filles, notamment en milieu rural. Quant au planning familial, son intégration dans les programmes de soins de santé de base, a permis à la Tunisie d'avoir le taux démographique le moins élevé d'Afrique. L'objectif de cette nouvelle approche n'est autre que de permettre la diffusion d'une nouvelle culture familiale fondée sur les droits de l'homme et visant la recherche de l'équilibre et de la santé physique et morale de l'épouse et de la mère ainsi que la valorisation du rôle de la femme dans la famille.

Sur le plan international, la ratification par la Tunisie de la plupart des conventions internationales favorables aux droits des femmes, a permis de compléter le dispositif juridique déjà mis en place.

M. HOUSSOU PAUL HOUANSOU (Bénin) a déclaré que la Conférence de Beijing a été, suivant un adage de son pays : "Une nouvelle corde que nous avons tissée sur les anciennes". Sa tenue a éveillé une fois de plus la conscience du monde aux problèmes de nos mères, de nos femmes, de nos soeurs et de nos filles. Au Bénin, la commission de suivi de la Conférence a effectué une tournée d'information et de sensibilisation sur les résultats du grand rassemblement de Beijing. En outre, des séminaires ont été organisés avec une large participation des médias pour servir de relais sur toute l'étendue du territoire national. Un ministère de la condition féminine dirigé par une femme a été mis en place. Le Bénin à l'école de la démocratie depuis six années, tire leçon de sa glorieuse histoire de la participation des femmes amazones à la vie de la cité. Aussi, la participation de la femme à la vie économique est importante, dans les secteurs de l'administration publique et privée, dans l'enseignement et la santé, la femme est présente. Elle est

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payée suivant le principe : à travail égal, salaire égal. De même, les femmes participent à la vie des partis dont certains sont dirigés par des femmes. Elles sont présentes à l'Assemblée nationale et dans le Gouvernement mais dans des proportions, somme toute limitées. Ces proportions sont l'indice que des efforts restent à faire. Des mesures correctives sont prises à la base dont notamment la gratuité de l'école primaire pour les filles des zones rurales.

Les priorités du Bénin en matière de promotion de la femme ou du suivi de Beijing sont l'élimination de la pauvreté, la santé, l'éducation et la participation à la vie publique, a précisé le représentant. Le Bénin a décidé de consacrer une portion de son budget, dépassant largement le consensus d'Oslo sur l'initiative 20/20, à l'amélioration des services sociaux de base. En assurant sa part d'engagement, le Bénin voudrait lancer un appel aux partenaires au développement pour qu'ils prennent part aux efforts de nos pays en développement notamment ceux d'Afrique. A l'échelle du système, le Bénin se félicite de l'engagement du Secrétaire général des Nations Unies à mettre en oeuvre le programme d'action de Beijing et de la volonté de promouvoir les femmes aux postes de rangs élevés.

Mais, a ajouté le représentant, il reviendra de veiller à un équilibre dans la représentation géographique. Les compétences existent sous tous les cieux.

M. HASSAN KASSEM NAJEM (Liban) a affirmé que la Conférence de Beijing constituait un axe de la stratégie de son pays en faveur des femmes, soulignant notamment que la période de la guerre civile avait entraîné un ralentissement des activités de promotion de la femme. Il a indiqué que le Gouvernement libanais avait constitué une commission nationale pour les affaires de la femme, chargée notamment de la coordination avec les organes officiels et intergouvernementaux, les Nations Unies, les organisations non gouvernementales et la Ligue des Etats arabes. Le Gouvernement libanais a élaboré, par ailleurs, un plan d'action stratégique national visant à assurer la participation des femmes dans tous les domaines de la société. Nous avons réalisé des progrès fondamentaux dans l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, a souligné le représentant, citant notamment l'abolition de certains textes législatifs défavorables aux femmes, la reconnaissance de leurs témoignages en justice, l'augmentation du nombre de filles inscrites dans les programmes d'éducation, l'augmentation du nombre de femmes dans les professions libérales et les activités économiques, et leur rôle croissant dans la prise de décisions politiques et publiques. Précisant que son pays est partie à toutes les conventions sur les droits de l'homme et des femmes, il a annoncé l'adhésion du Liban à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

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M. IBRAHIMA SY, Observateur de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a annoncé que l'Organisation de l'unité africaine dans le cadre de ses efforts pour accorder une place plus importante à la problématique hommes- femmes, prépare un plan d'action pour la promotion de la femme. L'observateur a alors évoqué l'importante avancée que représente l'adoption, par la Conférence africaine sur l'autonomisation des femmes, de la déclaration et du cadre d'action de Kampala. La déclaration de Kampala, a-t-il ajouté a, entre autres choses, reconnu l'importance de l'éducation des jeunes filles et l'alphabétisation fonctionnelle des femmes adultes. Ces deux secteurs continuent cependant à subir de sévères contraintes dans toute l'Afrique. Cette déclaration a également pris en considération les besoins spécifiques des personnes qui, en raison d'un handicap, ont un accès encore plus limité au monde de l'enseignement. La Conférence, a-t-il ajouté, a établi une liste de mesures concrètes qui devront être prises en leur attachant un but bien précis et en définissant un calendrier rigoureux. L'OUA se réjouit également de l'appui apporté par l'UNIFEM à l'OUA pour renforcer les pouvoirs institutionnels des femmes au sein de l'Organisation panafricaine.

La pauvreté, a-t-il insisté, représente un frein majeur aux efforts pour élever le statut de la femme dans la société. A l'approche de ce nouveau millénaire, l'observateur de l'OUA reste convaincu qu'en passant des déclarations à l'action, le monde améliorera considérablement la condition de la femme.

M. PETER SCHATZER, Directeur des relations extérieures de l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM), a affirmé qu'on estimait à au moins 50 millions le nombre de femmes migrantes dans le monde. La plupart de ces femmes, a-t-il indiqué, sont particulièrement vulnérables et se heurtent souvent à une double discrimination, en tant que femmes et migrantes. Elles bénéficient d'un accès limité à l'emploi, gagnent presque toujours moins que les hommes ou que les femmes des pays d'accueil, alors que leur statut précaire affecte également leur accès aux soins de santé. Les femmes migrantes courent, en outre, des risques de violence physique et d'abus sexuels, tant au cours du voyage que dans le pays de destination, a-t-il expliqué, soulignant que les droits de ces femmes sont souvent violés impunément.

Il a déploré qu'à ce jour, les beaux discours et recommandations de Beijing n'aient été que trop rarement traduits en véritables stratégies. Il a indiqué que l'OIM avait adopté en novembre dernier un programme en faveur des femmes migrantes visant à attirer l'attention, tant au sein de l'OIM qu'à l'extérieur, sur les conditions et besoins spécifiques des femmes migrantes, à assurer l'accès égal des femmes à tous les services de l'OIM, et enfin, prévoyant des projets et services spécifiques pour cette catégorie de femmes.

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Il a, par ailleurs, mis l'accent sur la forme la plus grave d'exploitation des femmes que constitue la traite de celles-ci, particulièrement à des fins sexuelles. Pour lutter contre ce phénomène, l'OIM organise des séminaires internationaux, favorise la mise en place de systèmes de migration effectifs et fournit une assistance aux victimes de la traite, a-t-il déclaré, soulignant par ailleurs, la nécessité d'une approche coordonnée du problème, afin notamment d'assurer que les trafiquants ne bénéficieront pas de l'asile dans certains pays. Le représentant a indiqué que des programmes d'information étaient développés dans les pays d'origine afin de sensibiliser les femmes aux risques de la traite des femmes et aux problèmes liés à l'immigration. La traite des femmes, la violence et la discrimination à leur égard constituent une menace croissante pour les valeurs humaines fondamentales, a-t-il affirmé. Il a lancé un appel aux gouvernements, aux organisations et institutions internationales pour qu'ils renforcent leur coopération, en soulignant qu'il était nécessaire dans la recherche de solutions de tenir compte des causes de l'immigration féminine et de la traite des femmes : la pauvreté, l'instabilité politique et économique, le manque de ressources.

Droit de réponse

La représentante du Koweït, répondant à la déclaration faite hier après-midi par le représentant de l'Iraq dans l'exercice de son droit de réponse, a attiré l'attention des membres de la Commission et du représentant iraquien sur les propos du Secrétaire général lui-même en ce qui concerne le non-respect par l'Iraq des accords qu'il a contractés envers la communauté internationale. Le Secrétaire général a fait part de sa préoccupation au sujet du non-respect des résolutions pertinentes au sujet du Conseil de sécurité ainsi qu'en ce qui concerne les personnes disparues, koweïtiennes et d'autres nationalités.

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