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AG/SHC/252

TROISIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS RAPPELLENT LA RESPONSABILITE PARTAGEE ENTRE PAYS PRODUCTEURS ET PAYS CONSOMMATEURS POUR LUTTER CONTRE LA DROGUE

22 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/SHC/252


TROISIEME COMMISSION : LES DELEGATIONS RAPPELLENT LA RESPONSABILITE PARTAGEE ENTRE PAYS PRODUCTEURS ET PAYS CONSOMMATEURS POUR LUTTER CONTRE LA DROGUE

19961022 APRES-MIDI AG/SHC/252 La Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) a poursuivi ce mardi après-midi son débat sur la prévention du crime et la justice pénale, le contrôle international des drogues et la question de l'élaboration d'une convention internationale contre la criminalité transnationale organisée.

Les délégations ont insisté sur les liens inextricables existant entre ces trois questions. Dans le cadre de leurs observations sur le contrôle international des drogues, plusieurs délégations ont affirmé qu'il fallait condamner de la même façon le laxisme dans la mise en place de politiques de réduction de la demande que le laxisme en matière de contrôle de l'offre. Il a par ailleurs été demandé que dans la lutte contre la traite des êtres humains, toute l'attention soit accordée au traitement des traumatismes subis par les victimes.

Les représentants de la Slovaquie, de la Roumanie, de la Chine, de l'Ukraine, des Philippines, de l'Australie, de l'Iran, de Singapour, du Pakistan, du Viet Nam, de l'Argentine, de l'Azerbaïdjan, du Soudan et de l'Inde ont pris la parole au cours du débat.

La Commission poursuivra ses discussions sur ces questions demain, mercredi 23 octobre, à 10 heures.

Suite du débat général

Mme OKSANA TOMOVA (Slovaquie) a souligné que son pays était, comme beaucoup d'autres, touché par les conséquences dévastatrices de l'expansion dramatique du trafic des drogues. En quelques années seulement, la Slovaquie est passée d'un statut de pays de "transit" à celui d'un pays de transit et de consommation. Les statistiques nationales témoignent de cet état de fait : en 1992, 56 héroïnomanes étaient recensés sur le territoire; en 1995, ils étaient 1 026 à être recensés, mais on estime qu'ils sont quelque 10 000 au total. Pour lutter contre ce fléau grandissant, le Gouvernement a adopté, l'an dernier, un programme national de lutte antidrogue qui porte sur les différents aspects de cette problématique. Le programme est essentiellement orienté vers la prévention de la fabrication et de la circulation des drogues ainsi que de la toxicomanie. Il comporte aussi un volet concernant le traitement des toxicomanes, tant en termes de soins de santé, qu'en termes de services sociaux. Cette année, une Commission a été créée par le Conseil national slovaque qui est chargée d'élaborer une nouvelle série de mesures à prendre dans les domaines de la santé et des services sociaux dans le contexte de la lutte contre la toxicomanie. Elle est également chargée d'établir un fonds pour la lutte antidrogue, qui servira à financer des services d'appui au traitement des toxicomanies et aux activités de prévention.

La Slovaquie, a encore expliqué la représentante, attache la plus grande importance aux activités du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues, qui a apporté une grande contribution aux efforts de son gouvernement et des pays de la région. La Slovaquie attache la plus grande attention au développement de la coopération internationale et régionale dans le domaine de la lutte contre les drogues, comme en témoignent les nombreuses initiatives auxquelles elle prend part. La représentante a notamment mis l'accent sur le Protocole d'accord que les pays de la région avaient signé récemment sous l'égide du PNUCID, en vue de renforcer leur coopération. Elle a aussi cité la Déclaration adoptée par les ministres compétents de ces mêmes pays lors de la Conférence de Bratislava, par laquelle ces derniers se sont engagés à lancer un processus d'harmonisation de leur législation.

Mme VICTORIA SANDRU (Roumanie), soulignant la montée et la diversification sans précédent du crime transnational organisé et les menaces qu'il fait peser sur la sécurité, la stabilité sociale et économique et le développement démocratique des Etats, a appelé à un renforcement de la coopération internationale et du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale. Elle a préconisé également une meilleure coordination avec les organes chargés des droits de l'homme, du contrôle international des drogues et les institutions spécialisées des Nations Unies.

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Le Gouvernement de Roumanie a pour sa part mis au point des liens de coopération bilatérale, régionale et multilatérale visant à promouvoir des stratégies communes ainsi que des programmes et des mécanismes communs de lutte contre le terrorisme international, le trafic des drogues et de matériaux radioactifs, le trafic d'armes et de munitions, le blanchiment de l'argent, le trafic de femmes et d'enfants et les crimes connexes. Le Conseil pour la prévention et la lutte contre le crime, créé en octobre 1995, a été chargé d'élaborer le programme anticrime du gouvernement, a indiqué la représentante, soulignant que plusieurs programmes éducatifs de prévention avaient été lancés à l'intention des enfants, des jeunes, des femmes et des communautés tziganes, notamment.

La représentante a affirmé, par ailleurs, que la Roumanie était devenue un pays de transit pour la drogue. Comme dans d'autres pays en transition, la lutte contre ce fléau en est encore à ses premiers pas, a-t-elle déclaré. Un cadre juridique de lutte contre le trafic et la consommation des drogues va être examiné prochainement par le Parlement roumain. La Roumanie a profité de l'aide du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues pour mettre à jour sa législation et la création d'un laboratoire moderne d'analyse des drogues, a-t-elle par ailleurs indiqué.

Mme LI SAN GU (Chine) a déclaré qu'il est urgent de prendre des mesures efficaces pour endiguer les nouvelles formes de crime transnational organisé, lesquelles se sont révélées être d'une puissance et d'une complexité sans précédent. Jamais il n'a été plus difficile de combattre ce fléau, a dit la représentante, évoquant les techniques de pointe utilisées par les réseaux criminels contemporains, et mettant l'accent sur la nécessité d'utiliser des outils suffisamment performants dans la lutte pour le démantèlement de ces derniers. Il est d'une importance cruciale d'aider les pays en développement, à renforcer leur capacité nationale à lutter efficacement contre le crime organisé, a poursuivi la représentante, qui a rappelé que les pays en développement n'ont ni les moyens ni les outils leur permettant de mener une lutte efficace contre ce type d'épidémie, à même de saper tous leurs efforts de développement.

Dans l'intérêt du développement durable de ces pays, mais bien au delà, dans celui du développement durable du monde, il est impératif que l'action internationale accorde la priorité à l'assistance à ces pays, en adoptant des modalités adaptées aux besoins locaux réels et en respectant pleinement les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale des Etats. La Chine a remporté récemment de nouveaux succès importants dans le cadre d'actions entreprises en collaboration avec les autorités judiciaires d'autres pays; elle participe à de nombreux projets développés sous l'égide du PNUCID, et est désireuse de renforcer encore sa contribution aux efforts internationaux de lutte contre le crime et les drogues.

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Mme TETYANA ZHMACHENKO (Ukraine), prenant également la parole au nom de la République de Moldova, a préconisé un renforcement des liens opérationnels entre les différents programmes des Nations Unies consacrés à la lutte contre le crime afin d'améliorer leur efficacité et a estimé que l'étude d'une convention internationale contre le crime organisé devait constituer une priorité. Dans ce cadre, elle a salué l'initiative de la Pologne et a appelé la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale à se pencher sur la question.

Ce qui nous inquiète particulièrement, a indiqué la représentante, ce sont les liens croissants entre la criminalité organisée et le trafic des drogues et d'armes ou encore le blanchiment de l'argent. Dans les pays en transition, le problème de la drogue s'ajoute aux difficultés qui affectent déjà négativement le développement des économies nationales. Au cours des cinq dernières années, les crimes liés à la drogue ont augmenté en République de Moldova et en Ukraine, devenus des pays de transit sur la route de la drogue qui relie l'Asie à l'Europe.

La lutte contre le crime fait partie intégrante de la politique nationale de l'Ukraine. Un programme global d'action pour la période 1996-2000 a été élaboré récemment. Il s'appuie sur les efforts combinés des institutions gouvernementales et publiques. La représentante a également souligné l'importance des programmes de traitement et de réhabilitation, et a indiqué que l'Ukraine avait adopté, au cours des dernières années, un certain nombre de lois visant à se conformer aux normes internationales en vigueur.

Mme RUTH S. LIMJUCO (Philippines) a soutenu la proposition de la Pologne visant à l'élaboration d'une convention internationale contre la criminalité transnationale organisée. Selon elle, cet instrument pourrait se révéler être un outil clef de l'action internationale dans ce domaine. La représentante a attiré l'attention sur un type particulièrement odieux de crime transnational organisé qui, selon elle, exige une action renforcée : le trafic d'êtres humains, sous toutes ses formes, et en particulier celui des enfants. A ce propos, elle s'est félicitée des efforts faits au sein de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale pour mettre sur pied un plan d'action mondial de lutte contre ce trafic.

Trop souvent, a poursuivi la représentante, les discussions qui portent sur les aspects de ce trafic oublient les victimes et leur famille, et les conséquences dramatiques des traitements qui leur ont été infligés. Combien de victimes - lorsqu'elles sont libérées des mains de leurs tortionnaires - se retrouvent avec des interlocuteurs policiers, ou autres, qui ne connaissent rien des traumatismes qu'elles ont subis et des méthodes d'aborder ceux-ci. Ce n'est là qu'un des nombreux aspects du problème. Quels moyens envisager pour le traitement des traumatismes de ces victimes? Comment les aider à retrouver leur dignité humaine, à retrouver une place dans la société?

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Quelles compensations? Voici des problèmes que nous devons résoudre, a dit la représentante. Il y a des professionnels spécialisés dans l'étude de ces questions et il existe des manuels tels que celui de l'Organisation internationale pour l'étude des traumatismes. Il serait opportun de s'inspirer de ces recherches et de tenter d'établir un manuel à l'intention des gouvernements afin qu'ils prennent les mesures appropriées en cette matière.

M. BRUCE REID (Australie) a préconisé l'adoption d'une stratégie équilibrée dans la lutte contre la drogue. Il a estimé qu'il fallait développer une stratégie globale visant la diminution de la demande et agir, par ailleurs, sur les conséquences sociales et sanitaires de l'usage de la drogue. L'Australie a, pour sa part, mis en place un programme d'échange de seringues. Cette mesure, dont le coût est relativement faible, a permis de réduire la contamination par le virus HIV et l'hépatite B. Parallèlement, le Gouvernement australien a développé des programmes d'éducation et de prévention.

Apportant le soutien de son pays à la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le contrôle international des drogues, il a souligné la nécessité d'y venir avec des engagements politiques nouveaux et vigoureux et d'y prendre des décisions fermes pour que cette session soit un nouveau départ dans la lutte contre la drogue. Beaucoup de pays doivent encore mettre en pratique les dispositions déjà décidées, a-t-il affirmé, estimant que l'on peut faire davantage dans le cadre des conventions existantes. Il a, en outre, appelé les gouvernements à être ouverts aux expériences novatrices réalisées dans les autres pays et à ne plus se rejeter les responsabilités. La division entre pays consommateurs et pays producteurs est un obstacle dans la lutte pour l'élimination de tous ceux qui profitent du trafic des drogues, a-t-il souligné, estimant qu'il était temps que les pays consommateurs reconnaissent publiquement que la demande contribue tout autant, si pas plus, au problème, que l'offre des pays producteurs. Le laxisme dans la mise en place de politiques de réduction de la demande doit être tout autant condamné que le laxisme en matière de contrôle de l'offre, a-t-il ajouté.

Face à la consommation croissante de drogues synthétiques, l'Australie a pris des mesures pour restreindre la disponibilité de ces drogues, a-t-il indiqué, soulignant la nécessité de contrôler les mouvements des précurseurs et des produits chimiques qui entrent dans leur fabrication. Le représentant a affirmé que l'Australie développait, en outre, actuellement un programme d'éducation financé par des fonds saisis auprès des trafiquants de drogues, qui offre notamment des conseils aux parents et enseignants sur la manière d'aborder le problème de la drogue. La stratégie antidrogue de l'Australie, a poursuivi le représentant, prend en compte l'environnement social et physique des toxicomanes. Les contextes socio-économiques dans lesquels les drogues

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illicites sont produites, distribuées et consommées, sont nombreux et variés et chacun doit être pris en compte dans l'élaboration des réponses multilatérales à ce problème, a conclu le représentant, qui a demandé un soutien à la réélection de l'Australie à la Commission des stupéfiants lors de la prochaine session du Conseil économique et social en mai 1997.

M. MOHAMMAD S. AMIRKHIZI (République islamique d'Iran) a affirmé que son pays n'épargne aucun effort pour enrayer le crime transnational, autant dans le cadre de son action nationale, que dans celui de la coopération bilatérale, multilatérale ou internationale. En raison de sa situation géographique au carrefour de routes de la drogue entre les pays producteurs de l'Est et le vaste marché de la consommation de l'Ouest, l'Iran est particulièrement vulnérable face aux opérations des réseaux de narcotrafiquants et de la criminalité transnationale organisée. Le Gouvernement iranien soutient fortement la proposition visant à élaborer une convention internationale contre le crime transnational organisé, en insistant sur le fait que celle-ci doit être élaborée dans le plein respect des principes établis par les instruments déjà existants. Le représentant a plaidé en faveur d'un renforcement de la coopération et de la coordination des efforts internationaux de lutte contre le crime. Il s'est prononcé en faveur de l'adoption de mesures strictes contre le blanchiment de l'argent de la drogue ainsi que pour la saisie et le gel des avoirs provenant de bénéfices d'activités criminelles.

L'Iran souffre depuis 17 ans des conséquences d'un terrorisme aveugle qui a arraché la vie à de nombreux civils innocents. A l'heure actuelle encore, des centaines de soldats et d'officiers de police, tombent en défendant le territoire de l'invasion de groupes de narcotrafiquants membres d'organisations transnationales organisées et de terroristes en possession des armes et des moyens les plus sophistiqués. Nous appuyons la signature d'accords bilatéraux et multilatéraux de lutte contre le crime interdisant l'utilisation des territoires des Etats aux fins d'activités terroristes, a dit le représentant qui a réitéré que son pays condamne de la façon la plus ferme le terrorisme sous toutes ses formes. Il a affirmé qu'il convient d'établir une définition du terrorisme qui distingue clairement ce dernier de la lutte légitime des peuples pour se libérer du joug d'une occupation étrangère.

M. YIP WEI KIAT (Singapour) a affirmé qu'en dépit d'une position géographique défavorable, à proximité du Triangle d'Or en Asie du Sud-Est et au centre du transit international, la situation dans son pays en matière de drogue était restée sous contrôle au cours des 20 dernières années, les cas de mort par overdose étant pratiquement inexistants. Il a expliqué ce résultat par l'application de lois sévères, et notamment de la peine de mort pour toute personne qui se livre au trafic des drogues, ainsi que par l'organisation d'opérations de surveillance et d'interventions préventives contre

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les trafiquants. Des opérations sont, par ailleurs, menées à l'échelle nationale contre les toxicomanes présumés. Ceux-ci sont dirigés vers des centres de réhabilitation où ils peuvent être détenus de six mois à trois ans pour y subir un traitement. Au cours des deux années suivant leur libération, ils sont tenus de se présenter régulièrement aux postes de police pour y subir des tests antidrogue. Singapour estime que la drogue est un problème de comportement plus qu'un problème médical, c'est pourquoi des programmes d'éducation sur les dangers de la drogue ont été mis en place, notamment à l'intention des jeunes.

Soulignant l'engagement de Singapour à faciliter la recherche de trafiquants en transit sur son territoire, le représentant a indiqué que plusieurs réseaux de trafiquants de drogues avaient ainsi pu être détectés grâce à cette politique de coopération.

M. FATEHYAB ALI KHAN (Pakistan), soulignant que la production de drogues et de stupéfiants illicites est inextricablement liée à la demande de ces produits, a réaffirmé la validité du principe de la responsabilité partagée entre producteurs et consommateurs. Les organisations criminelles tirent parti des nouvelles tendances économiques et notamment en profitent pour recycler leurs revenus. La communauté internationale doit adopter une approche équilibrée pour faire face à la production, à la demande et au trafic et garantir un financement approuvé par le PNUCID.

Le Gouvernement pakistanais a déclaré la guerre aux drogues, a affirmé le représentant. Dans le cadre de son plan d'action global, il a pris des mesures pour : éradiquer la production d'opium, de pavot et de cannabis; traiter et réhabiliter les toxicomanes; promouvoir la participation des communautés à la lutte contre les drogues. Un cadre institutionnel a été mis en place pour la lutte contre toutes les drogues illicites. Treize institutions fédérales et provinciales sont chargées de faire respecter la loi. Le Pakistan a promulgué en janvier 1995 une série de textes juridiques pour harmoniser sa législation avec les dispositions des Conventions des Nations Unies relatives à la drogue.

Dans le cadre d'un plan d'action élaboré, en collaboration avec le PNUCID, le Pakistan s'efforce de sensibiliser la population aux dangers de l'abus des drogues. Le Pakistan estime qu'aujourd'hui, dans la lutte contre l'abus des drogues, la responsabilité incombe principalement aux pays traditionnellement consommateurs. L'échange d'informations, l'amélioration des capacités de la police et les procédures d'extradition ont une importance primordiale. Les recommandations relatives au blanchiment de l'argent doivent être strictement appliquées. Il est nécessaire de définir un nouveau cadre juridique pour combattre le blanchiment de l'argent et permettre la saisie des bénéfices du trafic.

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M. PHAM BINH MINH (Viet Nam) a appelé à un réengagement de la communauté internationale en faveur du combat contre le crime transnational organisé et la lutte contre les drogues. Il s'est dit très préoccupé par la large quantité de drogues qui continue d'être produite, et l'ouverture de nouvelles routes du trafic, mais s'est dit tout autant inquiet devant le manque de mesures pour appliquer pleinement le principe de la "responsabilité partagée", une application sans laquelle les efforts déployés ne sauraient être couronnés de succès. Le représentant a par ailleurs rappelé que toute action entreprise dans le cadre du combat contre la drogue doit respecter la souveraineté et l'intégralité des Etats. Le Viet Nam est favorable à la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale pour donner un nouvel élan à la lutte contre les drogues dans le cadre d'une coopération internationale renforcée. Il a insisté sur le rôle crucial que joue le PNUCID dans ce contexte, et sur la nécessité de donner à ce dernier les moyens, en particulier financiers de s'acquitter pleinement de son mandat. Le Viet Nam estime que les pays qui ont les moyens d'augmenter leur contribution à ce Programme devraient le faire sans tarder.

Le Viet Nam s'est fermement engagé à lutter contre les drogues sur son territoire et dans sa région, et sa politique nationale en témoigne. Des mesures législatives importantes ont été prises récemment encore pour garantir un contrôle des drogues plus efficace. Le programme national privilégie l'action en faveur de la réduction de la consommation, des soins et de la réinsertion des toxicomanes ainsi que de la prévention. La détermination du Viet Nam de venir à bout de ces problèmes est reflétée, en outre, par la contribution qu'il apporte au niveau régional au sein de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) et notamment, dans le cadre des programmes déployés dans ce contexte sous l'égide du PNUCID.

M. MARTIN GARCIA MORITAN (Argentine) a regretté qu'en raison du manque de ressources, le Conseil sur le contrôle des stupéfiants et des substances psychotropes pourrait être amené à renoncer à une série d'activités importantes dans la lutte contre la drogue. Soulignant la nécessité de stimuler de toutes les manières possibles la coopération permanente et continue entre tous les Etats Membres, il a lancé un appel pour inverser la tendance afin que les pays puissent continuer à bénéficier du soutien inestimable de cette institution.

Le représentant a assuré que l'Argentine continuerait, pour sa part, à renforcer ses activités de contrôle des substances chimiques. Dans ce cadre, le Gouvernement argentin a promulgué récemment une loi prévoyant des mesures de contrôle de la production nationale et du commerce des substances chimiques susceptibles d'être utilisées dans la fabrication illicite des stupéfiants et des substances psychotropes. Il a, par ailleurs, apporté le soutien de son pays à la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le contrôle international des drogues en 1998, estimant qu'il s'agira d'une

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occasion historique de définir la stratégie pour le deuxième millénaire dans le domaine de la lutte contre la production, le commerce, la demande, le trafic et la distribution des drogues et des substances psychotropes ainsi que dans celle menée contre les activités connexes.

M. FIKRET MAMEDALI PASHAYEV (Azerbaïdjan) a déclaré que l'annexion d'un cinquième de son territoire par les forces arméniennes a eu pour conséquence la multiplication des infiltrations et des activités de groupes criminels transnationaux organisés. L'agresseur arménien qui utilise le territoire azerbaïdjanais pour faire transiter d'importantes quantités de drogues, a expliqué le représentant, a fait de l'Azerbaïdjan un pays dont la réputation est celle d'un fief de narcotrafiquants. Les trafiquants ne cessent de renforcer leur présence et des dizaines d'hectares de terres sont en outre aujourd'hui exploités pour la culture de plantes illicites servant à la fabrication de drogues.

L'Azerbaïdjan, plaide en faveur d'un renforcement de la coopération internationale dans le domaine de la lutte antidrogue et du combat contre le crime transnational organisé. Il est en faveur d'une augmentation des ressources allouées aux activités menées dans ces domaines. L'Azerbaïdjan est un partenaire réel du PNUCID, et est déterminé à n'épargner aucun effort dans le cadre des efforts internationaux contre le crime et la drogue.

Mme SHAHIRA HASSAN WAHBI (Soudan) a estimé que l'expansion du crime constituait une menace pour l'humanité affectant particulièrement la croissance économique et entraînant un gaspillage des ressources humaines et matérielles. Soulignant la participation continue du Soudan aux diverses conférences et conventions de lutte contre le crime, elle a appelé la communauté internationale à donner aux pays en développement les moyens nécessaires pour lutter contre ce fléau. Demandant notamment une assistance technique, elle a affirmé que par leur situation, ces pays risquaient d'être un lieu de transit pour les groupes de criminels organisés. La représentante a demandé, en outre, que des ressources accrues soient mises à la disposition de l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants.

Rappelant que la Charia constitue le cadre législatif et le pilier de la justice soudanaise, elle a indiqué que des centres de recherche sur le crime avaient été mis sur pied, tandis que des services nationaux ont été créés pour honorer les engagements pris par le pays vis-à-vis d'INTERPOL notamment. Saluant le projet d'une convention internationale sur le crime transnational organisé, elle a estimé qu'un tel instrument contraignant permettrait de mieux agir contre le crime. Elle a toutefois averti qu'il fallait se garder d'associer la criminalité transnationale avec certaines organisations criminelles nationales et être clair sur la définition du crime. Une convention internationale ne prêtant pas le flan à des interprétations

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divergentes serait un outil précieux pour combattre le crime transnational organisé, a-t-elle déclaré, estimant que la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale devait participer à l'élaboration de cet instrument de concert avec les Troisième et Sixième Commissions et avec la société civile.

Dans le domaine de la lutte contre la drogue, elle a indiqué que le Soudan privilégiait l'éducation, en donnant aux jeunes des principes et des valeurs spirituelles et en préservant la cohésion familiale notamment. En protégeant l'individu, on peut éviter qu'il ne tombe dans le piège de la drogue, a-t-elle déclaré, estimant que la lutte contre la drogue devait être intégrée aux politiques de développement. Au Soudan, le problème de la drogue n'est pas encore dangereux, a-t-elle affirmé, indiquant toutefois que le pays servait de lieu de transit pour le trafic des stupéfiants. Plusieurs lois en matière de lutte contre la drogue ont été adoptées, dont la condamnation à la peine capitale pour les responsables de trafic et de distribution des drogues.

Mme NAJMA HEPTULLA (Inde) a indiqué que l'ampleur qu'avait pris le fléau de la drogue avait effacé toute distinction entre les pays en développement et pays développés, et que la lutte ne pouvait être efficace que dans le cadre d'une approche globale, sous l'égide des Nations Unies. La représentante a fait valoir que la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1998 était une initiative opportune. Elle a insisté sur la nécessité de mettre davantage l'accent à l'avenir sur la participation de tous les acteurs de la société aux efforts entrepris dans ce domaine, ainsi que sur le rôle clef qu'il fallait conférer aux organisations non gouvernementales. Rappelant que 50% des saisies d'héroïne étaient constituées de produits en provenance d'Asie du Sud-Est, la représentante a demandé qu'un rang de priorité soit accordé à l'élimination des cultures illicites, notamment par le biais de programmes de développement durable.

La politique nationale de l'Inde porte sur le renforcement des peines, l'élaboration de législations pertinentes ainsi que sur le traitement des toxicomanes et la prévention. "Le lien étroit entre le terrorisme et le trafic des stupéfiants est évident", a encore dit la représentante qui a appelé à une plus grande détermination de tous à traiter ces problèmes.

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