AG/SHC/250

LES FORMES DE PLUS EN PLUS SOPHISTIQUEES DU CRIME TRANSNATIONAL ORGANISE EXIGENT L'ADOPTION DE STRATEGIES DE LUTTE NOVATRICES

21 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/SHC/250


LES FORMES DE PLUS EN PLUS SOPHISTIQUEES DU CRIME TRANSNATIONAL ORGANISE EXIGENT L'ADOPTION DE STRATEGIES DE LUTTE NOVATRICES

19961021 APRES-MIDI AG/SHC/250 La Commission sociale poursuit son débat sur le crime et la drogue et entend la présentation d'un projet de texte sur les coopératives

La Commission sociale, humanitaire et culturelle (Troisième Commission) a poursuivi cet après-midi ses discussions sur la prévention du crime et la justice pénale, le contrôle international des drogues et l'élaboration d'une convention internationale contre la criminalité transnationale organisée. Elle a en outre entendu la présentation, par la représentante de la Mongolie, au nom des coauteurs, d'un projet de résolution visant à encourager et faciliter le développement des coopératives dans le monde.

Au cours du débat sur le crime et la drogue, les délégations ont insisté sur les formes de plus en plus complexes et sophistiquées que prennent les réseaux du crime transnational organisé, et ont préconisé l'adoption de stratégies novatrices utilisant les outils de la technologie moderne et permettant de mener une lutte à armes égales contre les organisations criminelles.

Le Ministre de la justice de l'Argentine, M. Elias Jassan, a proposé d'accueillir en Argentine un séminaire d'experts internationaux sur la corruption.

Les représentants de l'Irlande, au nom des pays de l'Union européenne et des pays associés; de la Colombie; du Canada, au nom de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande; de la Jamaïque, au nom des 13 Etats membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM); de la Malaisie; de la Chine; de la Jamahiriya arabe libyenne; de l'Indonésie; de la Hongrie; du Kazakstan; et de l'ex-République yougoslave de Macédoine ont pris la parole au cours de ce débat, ainsi que l'observateur de la Suisse.

La Commission poursuivra ses travaux sur ces questions demain matin, mardi 22 octobre, à 10 heures.

DEVELOPPEMENT SOCIAL

Présentation d'un projet de résolution

Aux termes d'un projet de résolution sur le rôle des coopératives au regard des nouvelles tendances économiques et sociales (A/C.3/51/L.4), présenté par le représentant de la Mongolie, au nom des coauteurs, et amendé en cours de séance, l'Assemblée générale engage les gouvernements notamment à utiliser et développer pleinement le potentiel et la contribution des coopératives en vue d'atteindre les objectifs du développement social; en particulier l'élimination de la pauvreté et à en faciliter le développement. Elle prierait le Secrétaire général de continuer à appuyer, dans les limites des ressources existantes, les buts et objectifs du mouvement coopératif.

PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE; CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES; ELABORATION D'UNE CONVENTION INTERNATIONALE CONTRE LA CRIMINALITE TRANSNATIONALE ORGANISEE

Suite du débat général

M. JOHN D. BIGGAR (Irlande), prenant la parole au nom de l'Union européenne et de la Bulgarie, Chypre, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lituanie, Malte, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Islande et Norvège, a souligné que les bénéfices tirés du trafic des drogues étaient estimés à au moins 500 milliards de dollars, soit plus de 500 fois la somme des contributions volontaires perçues par le Programme des Nations Unies pour le développement. Soulignant les coûts énormes en termes humains et pour la société des dangers de la drogue, il a estimé que la différenciation traditionnelle entre pays producteurs, pays de transit et pays consommateurs n'avait plus lieu d'être. Un marché mondial s'est développé pour la drogue comme pour les biens de consommation, a-t-il déclaré, soulignant la responsabilité partagée de tous les pays dans la lutte pour l'élimination de la drogue. La mode croissante des drogues synthétiques, comme l'ecstasy, requiert, par ailleurs, un renforcement de la coopération internationale dans le contrôle des précurseurs.

Mais, a-t-il averti, la lutte contre la drogue ne peut se faire uniquement par la répression. Il faut adopter des stratégies qui tiennent compte des causes menant à l'abus des drogues, particulièrement chez les jeunes, et accorder la priorité aux politiques sociales, à l'éducation, à la prévention et à la promotion d'un mode de vie sain. Soulignant, d'autre part, l'importance des programmes de développement alternatif, le représentant a préconisé l'intégration des activités de contrôle des drogues dans les stratégies de développement ainsi que la création d'une division de l'agriculture dans les organes chargés de lutter contre la drogue. L'Union européenne a développé pour sa part, le système généralisé des préférences.

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Au cours de la période 1995-1998, ce système a permis d'aider un certain nombre de pays d'Amérique latine à diversifier leurs exportations et diminuer la part du trafic des drogues dans leur économie, a-t-il indiqué.

La lutte contre la drogue constitue une partie intégrante des politiques de coopération au développement de l'Union, notamment dans ses programmes en faveur des pays d'Europe centrale et orientale. La Convention Europol devrait également permettre d'intensifier la coopération entre les forces de police européennes et leurs homologues des pays tiers dans la lutte contre le crime et la drogue, a indiqué le représentant.

Il a estimé, par ailleurs, que les ressources du PNUCID n'étaient pas à la mesure des tâches croissantes qui lui étaient assignées. Soulignant que l'Union européenne fournit actuellement 75% des ressources du PNUCID, il a estimé qu'il fallait élargir le nombre de pays donateurs ainsi que la part des ressources au titre des contributions au budget ordinaire. Il a indiqué, en outre, que l'Union européenne élaborait actuellement un projet de convention dans le domaine de la lutte contre la corruption.

L'Union européenne accueille avec intérêt la proposition de la Pologne concernant l'élaboration d'une convention-cadre contre la criminalité organisée. A son avis, le Groupe du travail de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale devrait examiner la question à la lumière du rapport du Secrétaire général et des positions exprimées par les gouvernements.

M. ALEJANDRO BORDA (Colombie) a indiqué que son pays reconnaissait l'importance des efforts nationaux dans la lutte contre la drogue, et que les bilans nationaux annuels témoignaient de la détermination du Gouvernement colombien de venir à bout de ce problème. Les efforts seraient cependant vains sans un mécanisme de coopération internationale efficace et solide, a fait remarquer le représentant qui a souligné qu'il était indispensable de corriger au plus vite la tendance générale croissante à la réduction des budgets alloués à la lutte antidrogue. Les réseaux de la criminalité transnationale organisée ne cessent de trouver de nouvelles armes de plus en plus sophistiquées et deviennent de plus en plus complexes à démanteler, a fait remarquer le représentant. Il est urgent que tout le monde s'accorde sur la nécessité d'adapter les stratégies actuelles aux nouvelles tendances de la criminalité contemporaine liées à la drogue. Les ravages de la drogue sont alarmants, et pour preuve, la courbe de la consommation de substances illicites ne cesse de croître, le taux de mortalité des victimes de la drogue a été multiplié par trois en 10 ans, et dans certains pays de consommation, la prise de substances synthétiques est cinq fois plus élevée que celle de cocaïne et d'héroïne.

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Le Gouvernement colombien, a par ailleurs indiqué le représentant, continue de mener une dure bataille contre les narcotrafiquants. Cette bataille se mène sur plusieurs fronts, et notamment législatif. Deux textes de lois importants ont été élaborés qui visent à augmenter les peines pour les délits et crimes liés au trafic des drogues; d'autres mesures sont actuellement à l'étude pour renforcer la collaboration des autorités colombiennes avec d'autres pays dans le domaine de la saisie du produit du trafic des drogues. Le Cartel de Cali a été démantelé, ses chefs portés devant les tribunaux; des accords ont été conclus entre les autorités judiciaires et les institutions de contrôle financier afin de mieux détecter les opérations de blanchiment de l'argent de la drogue, et de renforcer l'échange d'informations dans ce domaine.

Tous les programmes de prévention, de réinsertion des toxicomanes et de sensibilisation ont été renforcés, a ajouté le représentant. Le Gouvernement ne relâche pas ses efforts en vue d'éliminer les cultures illicites et de les remplacer par des cultures licites favorisant le développement durable des collectivités. Cependant, les ressources sont insuffisantes et la Colombie compte sur une amélioration de la coopération internationale. A ce propos, le représentant a réitéré la proposition de son pays de convoquer un groupe intergouvernemental d'experts de haut niveau chargé d'examiner cette question qui intéresse de nombreux pays.

M. ANDRE FRANCOIS GIROUX (Canada) a rappelé que son pays est un membre actif de la Commission des stupéfiants de l'Organisation des Nations Unies à laquelle il a siégé presque sans interruption depuis 1946, et participe à de nombreuses organisations politiques et techniques, internationales ou régionales. Il a insisté sur le coût de l'abus des drogues citant l'étude qui a révélé que les drogues illicites ont coûté au Canada, en 1992, 1,37 milliard de dollars, soit 48 dollars pour chaque homme, femme et enfant du pays.

Le Canada a lancé, dans un premier temps, son initiative antidrogue coordonnée en 1987 qui attaquait le problème de la drogue sur tous les fronts et visait principalement un objectif : atténuer le mal causé aux personnes, aux familles et aux collectivités par la consommation abusive de certaines substances. L'approche visait à la fois à réduire la demande tout en contrôlant l'approvisionnement. Les programmes de réduction de la demande ont contribué à sensibiliser la population aux conséquences négatives de la drogue et à freiner leur consommation dans certains groupes. Des points ont également été marqués sur le plan de l'approvisionnement. Les saisies de drogues aux frontières ont augmenté radicalement.

Le représentant a déclaré qu'il s'était avéré plus compliqué de s'attaquer à la racine du problème : les criminels organisés qui font le trafic des drogues. Le Canada a adopté une loi sur les produits de la criminalité en 1989. Cette loi a permis de saisir et de confisquer des avoirs

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dérivés d'activités criminelles comme le trafic des stupéfiants. Lorsque la phase II de la stratégie antidrogue a été conçue en 1992, a poursuivi le représentant, nous savions que la consommation de drogues avait diminué dans l'ensemble de la population. Nous savions cependant que la situation avait empiré parmi certains groupes et que nos professionnels chargés d'appliquer la loi avaient affaire à des trafiquants aux méthodes perfectionnées. Nos professionnels de l'application de la loi ont mis sur pied trois unités pilotes appelées "Unités antidrogue spéciales mixtes" et les ont chargées de faire enquête sur les produits de la criminalité. Ces unités ont déjà démantelé d'importants groupes de criminels organisés et permis de nombreuses arrestations. Elles ont aussi procédé à des saisies en espèces et en nature valant au total plus de 74 millions de dollars durant leurs trois premières années d'activité. Le succès de ces unités incite le Canada à étendre le réseau. Récemment, le Canada a aussi actualisé sa législation relative aux drogues et autres substances contrôlées avec l'adoption de la loi réglementant certaines drogues et autres substances, ce 20 juin dernier. Le Canada appuie énergiquement la production d'une déclaration sur les principes directeurs de réduction de la demande et est impatient de siéger au groupe d'experts qui se réunira à Vienne.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque), parlant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que la CARICOM avait adopté en mai dernier un plan d'action pour la coordination et la coopération concernant le contrôle des drogues dans les Caraïbes. Soulignant la situation particulière de la région, sur les routes maritimes entre les grands centres de production et de consommation, elle a affirmé que le problème de la drogue et les délits connexes, exerçaient une pression importante sur des sociétés déjà vulnérables, obligeant les gouvernements de la région à consacrer une part importante de leurs maigres ressources humaines et financières au traitement et à la réhabilitation des toxicomanes ainsi qu'à la lutte contre la drogue, souvent au détriment d'autres secteurs comme le développement social.

La CARICOM, a indiqué la représentante, a notamment intensifié sa coopération intrarégionale avec l'assistance du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues. Le progrès le plus récent est la création, en Jamaïque, d'un centre de formation à l'application de la loi en matière de lutte contre la drogue.

Préconisant une approche plus équilibrée du problème de la drogue, elle a critiqué le manque d'harmonisation et de coopération entre les régions ce dont profitent les trafiquants de drogues pour multiplier leurs activités. Dans ce cadre, elle a apporté son appui à la proposition de convoquer une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le contrôle international des drogues en 1998. Elle a préconisé, par ailleurs, un meilleur usage des techniques modernes d'investigation pour faire échec aux cartels de la drogue.

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S'inquiétant des liens croissants entre le trafic des drogues et le trafic d'armes, elle a appelé les Etats producteurs et exportateurs d'armes à accorder une plus grande attention au renforcement des mesures de contrôle internes visant à lutter contre l'exportation illégale d'armes, particulièrement vers les Caraïbes et les pays en développement.

M. ELIAS JASSAN, Ministre de la justice de l'Argentine, a insisté sur le rôle-clef que la Commission de la prévention du crime et de la justice pénale joue et doit continuer de jouer au sein du mécanisme international de lutte contre le crime. Il nous faut aborder avec réalisme les nouvelles conditions que nous imposent les nouvelles formes très complexes de criminalité, a-t-il fait remarquer. Plus que jamais, les activités d'assistance technique des Nations Unies en matière de prévention du crime et de justice pénale sont de la plus haute importance. La Division de la prévention du crime et de la justice pénale est submergée et ne dispose pas des ressources lui permettant de répondre aux demandes des Etats. Il nous faut nous pencher sur cette question et trouver une solution à ce problème. Dans ce contexte, la décision de constituer un groupe spécial dans le cadre de la Commission chargé d'examiner les voies qui s'offrent de mobiliser des ressources mérite d'être saluée.

La délégation argentine souscrit aux propositions visant à l'adoption d'une déclaration sur le crime et la sécurité publique, et d'un code de conduite à l'attention des agents publics ainsi qu'à la suggestion d'élaborer une convention internationale contre la criminalité transnationale organisée. L'Argentine défend depuis longtemps l'idée de l'élaboration d'un tel instrument; des initiatives importantes de ce type ont été prises au niveau régional. L'Argentine est d'avis que le texte proposé par la délégation de la Pologne devrait constituer une base minimum, qui devra être enrichie de contributions d'autres Etats. Pour témoigner de son engagement envers les efforts internationaux de lutte contre la corruption - priorité du Président Menem - le Gouvernement argentin propose de financer et d'accueillir une réunion d'un groupe d'experts internationaux de haut niveau qui serait chargé de faire avancer les travaux relatifs à l'application d'un code de conduite international en la matière.

M. CHANG SEE TEN (Malaisie) a fermement appuyé la création d'une cour criminelle internationale chargée de juger les auteurs de crimes internationaux et a préconisé une augmentation des ressources allouées au Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, proportionnelle à l'expansion rapide des attentes des Etats Membres au titre de ce programme.

Soulignant les menaces particulièrement sévères pour les pays en développement du trafic des drogues, il a préconisé une approche globale visant à la fois une réduction de l'offre et de la demande et tenant compte

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des dimensions sociale et économique du problème. Il faut trouver des activités économiques alternatives, notamment implanter des cultures de remplacement, pour ceux qui dépendent de la culture et de la production de la drogue, a-t-il déclaré.

La Malaisie a pour sa part mis en place un programme national fondé sur l'éducation préventive et prévoyant le traitement et la réadaptation des toxicomanes. Un système national d'information sur la drogue et une banque de données ont été créés pour suivre et mettre en oeuvre les programmes de prévention, a indiqué le représentant. A l'échelon régional, la Malaisie a renforcé sa collaboration avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE). L'éducation préventive, le traitement et la réhabilitation, le respect des lois et la recherche figurent parmi les priorités de la région en vue de contenir et réduire la consommation et le trafic des drogues, a affirmé le représentant.

M. CHENGXIN SHI (Chine) a appuyé la convocation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le renforcement de la coopération internationale en matière de lutte contre la drogue, et a fait part de la volonté de son pays d'apporter sa pleine contribution aux travaux de ladite session. Il a formulé l'espoir que la communauté internationale saurait saisir cette occasion pour donner un nouvel élan à sa coopération, et pour identifier une nouvelle approche à la hauteur des défis qui lui sont imposés par les formes de plus en plus sophistiquées de la criminalité liée à la drogue. Pour la Chine, une telle approche doit reposer sur la détermination résolue des Etats d'éliminer ce fléau, et respecter certains principes fondamentaux : partage de la responsabilité ainsi que respect de la souveraineté, de l'intégrité des Etats et de la non-ingérence dans leurs affaires internes. La Chine n'est pas à l'abri des problèmes de drogue. Elle attache une importance prioritaire à la lutte contre ce fléau, et déploie de grands efforts pour le combattre dans le cadre des actions concertées entreprises par les pays de sa région.

M. JAMALEDDIN A. HAMIDA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le projet d'une convention internationale sur le crime organisé proposé par la Pologne, bien qu'intéressant, suscitait de nombreuses questions sur son contenu et qu'il fallait, par ailleurs, préciser certaines définitions. Il a estimé notamment que les composantes essentielles du projet n'étaient pas bien définies, que certains chiffres étaient arbitraires et que certains termes n'étaient pas clairs.

"Qu'est-ce qu'un acte de terrorisme, que veut-on dire par trafic illicite, comment définir le crime transfrontière, comment relier ceci au droit pénal en vigueur dans les différents systèmes juridiques, qu'entend-on par crime politique ?", a-t-il notamment demandé. L'extradition est, par

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ailleurs, une question sensible qui mérite une étude à la lumière du droit international en vigueur. Or, à la lecture du texte, on a l'impression que l'extradition devient automatique et que les autorités nationales n'ont pas leur mot à dire, a-t-il poursuivi. L'extradition, de même que la question de la coopération internationale, exigent une terminologie précise et une compréhension commune des termes, a-t-il ajouté. Soulignant l'aspect politique de la question, il a estimé qu'il fallait donner le temps aux Etats Membres d'étudier le texte en profondeur et le transmettre, par ailleurs, aussi à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale pour qu'elle l'examine également.

M. SUTJIPTOHARDJO DONOKUSUMO (Indonésie) a souligné l'importance de mener une lutte efficace contre le blanchiment de l'argent. Seule la coopération internationale permettra de résoudre le problème et seuls la coopération technique et les services consultatifs permettront aux pays en développement de mieux contribuer aux efforts internationaux. D'autre part, l'Indonésie appuie les initiatives prises par l'ECOSOC en ce qui concerne le contrôle de la prolifération des armes à feu.

Le représentant a indiqué que son gouvernement a élaboré un nouveau code pénal qui comporte plusieurs dispositions contre le blanchiment de l'argent. La législation limite le droit de posséder des armes à feu aux membres de certaines professions et interdit certains calibres. L'Indonésie a mis en place un comité national pour coordonner les diverses actions contre le crime transnational. Soulignant par ailleurs que les activités opérationnelles relatives à la prévention du crime et à la justice pénale sont prioritaires, le représentant s'est déclaré encouragé par la formation d'un groupe informel consultatif, au sein de la Commission, chargé de se pencher sur la question de la mobilisation des ressources.

M. ISTVAN SANDOR (Hongrie) s'est associé pleinement à la déclaration prononcée par l'Irlande au nom des pays de l'Union européenne. La Hongrie soutient toute initiative internationale concertée dans le contexte de la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Il a soutenu l'adoption d'une convention internationale sur la criminalité transnationale organisée ainsi que celle d'une déclaration sur le crime et la sécurité publique et d'un code de conduite pour agents publics. Le représentant a souligné le défi difficile que devaient actuellement relever les autorités de son pays face à la présence croissante d'immigrés illégaux dont un certain nombre a amené des nouvelles formes de criminalité. La Hongrie qui préside actuellement le Groupe de Budapest, recherche avec ses voisins des voies efficaces de renforcer la coopération dans la lutte contre le crime et la drogue.

Nous connaissons la nature complexe du trafic des drogues, a poursuivi le représentant qui a rappelé que son pays figure en plein coeur de la route des Balkans, axe par lequel transitent, dans son voyage d'Asie du Sud-Est vers

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l'Europe, plus des deux tiers de la production mondiale d'héroïne. Dix pour cent des saisies de drogues en Europe s'effectuent sur la route des Balkans, a précisé le représentant. En février dernier, a-t-il dit, le Parlement hongrois a ratifié la Convention de 1988. Le Gouvernement hongrois a mis sur pied une stratégie nationale de lutte contre les stupéfiants, a encore expliqué le représentant, qui a insisté sur l'importance que revêt l'assistance technique pour les pays en transition comme le sien.

Mme JOULDYZ L. AKICHEVA (Kazakstan), soulignant les dangers croissants que fait peser le crime organisé sur les pays en transition, a déclaré que son gouvernement était favorable à l'adoption d'une déclaration des Nations Unies sur le crime et la sécurité publique et à un code de conduite international pour les agents publics. Il a, par ailleurs, souligné la nécessité de renforcer les ressources financières de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale et le Programme des Nations Unies dans ce domaine.

Le trafic des drogues, et notamment de cannabis, connaît actuellement une croissance importante au Kazakstan, tandis que, de part sa position géographique, le pays est devenu un territoire de transit vers l'Europe. Le Gouvernement a créé une commission d'Etat pour le contrôle des stupéfiants conformément aux recommandations des Nations Unies, ainsi que plusieurs organes de lutte contre la drogue, a-t-il indiqué. Par ailleurs, en mai dernier, le Kazakstan a signé avec d'autres pays d'Asie centrale un protocole d'accord prévoyant la création d'un mécanisme de coopération dans la lutte contre les stupéfiants. Il s'est, en outre, déclaré favorable à la convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le contrôle international des drogues, qui devrait permettre d'opter pour une action concrète appuyée par des ressources financières suffisantes.

M. OLIVIER KRLIU (ex-République yougoslave de Macédoine) a fait part des efforts importants que son gouvernement déploie dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale. Il a indiqué que la politique nationale en la matière accordait la plus haute importance à l'action préventive et à la sensibilisation. Parmi les initiatives importantes prises récemment en cette matière, le représentant a mentionné la mise en place d'une commission de haut niveau chargée de coordonner tous les efforts nationaux dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, la création d'une banque de données, ainsi que l'adoption de mesures législatives pour renforcer les peines en cas de crime, y compris en cas de blanchiment de l'argent provenant d'activités criminelles. La criminalité transnationale organisée menace la sécurité et la stabilité de chaque Etat et l'ensemble des nations. Aussi, a estimé le représentant, aucun effort ne doit-il être épargné pour renforcer les mécanismes de coopération existants, à tous les niveaux. L'ex-République yougoslave de Macédoine se félicite de l'initiative de la Pologne relative à l'élaboration d'une convention internationale contre la criminalité transnationale organisée.

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M. JOHANNES J. MANZ, Observateur de la Suisse, a déclaré que son pays mène une politique en matière de drogue bâtie sur les quatre piliers : la prévention de l'abus de drogues, la réduction des risques, le traitement et la répression du trafic illicite et du blanchiment de l'argent. Le Gouvernement suisse considère que la légalisation de la drogue illicite n'est pas la solution au problème. L'Observateur a appelé l'attention sur la disposition des autorités internationales chargées de la mise en oeuvre de la loi et sur les difficultés rencontrées par la communauté internationale pour financer ses activités antidrogues. Les cartels criminels possèdent des moyens financiers énormes. Ils sont en mesure de menacer des Etats entiers, et ils n'hésitent pas à corrompre des fonctionnaires pour atteindre leurs objectifs. Le Gouvernement suisse y voit un défi que la communauté internationale ne pourra résoudre qu'en se montrant solidaire.

M. Manz a noté que la plupart des pays européens sont actuellement confrontés au problème de l'abus de drogues synthétiques. Il s'agit surtout de stimulants telles les amphétamines et "l'ecstasy" (MDMA). Les experts présument que, globalement, la production et le trafic illicites des stimulants ont atteint un taux supérieur à celui que connaissent l'héroïne et la cocaïne. Beaucoup de ces drogues sont considérées par les jeunes comme étant à la mode. Pourtant, les risques sanitaires et d'autres aspects liés à l'abus des stimulants psychiques ne sont que peu connus, ce qui entrave les activités de prévention et de traitement. C'est pour cette raison que la Suisse a décidé d'accorder un soutien financier à l'Organisation mondiale de la santé, lui permettant d'organiser une conférence internationale qui réunira des experts renommés à Genève du 12 au 15 novembre 1996. La Suisse a adhéré aux Conventions de 1961 et 1971, ainsi qu'au Protocole de 1972 des Nations Unies, a déclaré M. Manz. Bien que nous n'ayons pas encore adhéré à la Convention de Vienne de 1988, nous aimerions confirmer à toute la communauté internationale que la Suisse remplit d'ores et déjà toutes les obligations internationales qui découlent de cette Convention.

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