LA PREMIERE COMMISSION DISCUTE DU PROGRAMME AFFAIRES POLITIQUES TEL QUE DECRIT PAR LE PLAN A MOYEN TERME POUR LA PERIODE 1998-2001
Communiqué de Presse
AG/DSI/142
LA PREMIERE COMMISSION DISCUTE DU PROGRAMME AFFAIRES POLITIQUES TEL QUE DECRIT PAR LE PLAN A MOYEN TERME POUR LA PERIODE 1998-2001
19961021 MATIN AG/DSI/142 La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a tenu ce matin une réunion spéciale afin d'entendre - et de transmettre à la Cinquième Commission - les vues des délégations sur les questions de désarmement qui devront être examinées dans le cadre du Programme I (Affaires politiques) du plan à moyen-terme pour la période 1998-2001. Un document sur ce point a été transmis à la Première Commission par le Président de la Cinquième Commission.Les délégations des pays suivants ont pris part au débat sur cette question : Afrique du Sud, Cuba, Indonésie (au nom des pays membres du Mouvement des non-alignés et autres pays en développement), Brésil, Mexique, Etats-Unis, Irlande (au nom des pays membres de l'Union européenne) et Oman.
Le représentant de l'Indonésie a estimé, au nom des pays membres du Mouvement des non-alignés et des autres pays en développement, que la partie du Programme I relative au désarmement devrait être traitée séparément et que l'accent devrait être mis en priorité sur l'élimination des armes nucléaires et des autres armes de destruction massive, en particulier chimiques et biologiques.
Le représentant des Etats-Unis a pour sa part estimé que la proposition du Mouvement des non-alignés correspond plus à un programme politique de travail qu'à un instrument programmatique destiné à aider le Secrétaire général dans la conduite des activités qui lui sont confiées par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité dans les domaines de la diplomatie préventive et du maintien de la paix.
La Première Commission reprendra son débat général sur toutes les questions de son ordre du jour liées au désarmement et à la sécurité internationale cet après-midi, à 15 heures.
Documentation relative au Programme I, Affaires politiques
La Commission était saisie d'un document transmis par le Président de la Cinquième Commission, concernant le Programme I relatif aux affaires politiques du projet de plan à moyen terme pour la période 1998-2001 (A/51/6). Le Programme I a pour principaux objectifs d'aider les Etats engagés dans des différends ou des conflits à les résoudre pacifiquement ou à les prévenir. Le Département des affaires politiques est chargé de la mise en oeuvre de ce programme et est responsable de la réalisation de ses objectifs. Ont été regroupés dans ce programme, des éléments qui figuraient dans les programmes et sous-programmes du plan à moyen-terme révisé pour la période 1992-1997.
Le Programme I contient les sept sous-programmes suivants : prévention, maîtrise et règlement des conflits; fourniture d'une assistance et d'un appui au Secrétaire général dans les aspects politiques de ses relations avec les Etats Membres; désarmement; assistance électorale; affaires du Conseil de sécurité; affaires de l'Assemblée générale; question de Palestine.
Le document indique un certain nombre d'activités qu'il faudra entreprendre pour le Programme I, et notamment suivre, analyser et évaluer l'évolution de la situation politique dans le monde. Il faudra également recenser les conflits potentiels ou en cours, formuler des recommandations à l'intention du Secrétaire général, seconder le Secrétaire général dans la conduite des activités dont il prend l'initiative ou qui lui sont confiées par l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité dans les domaines de la diplomatie préventive et du rétablissement de la paix. La mise en oeuvre de ce programme exigera également de fournir au Secrétaire général des analyses, des évaluations et des conseils touchant toutes les questions de désarmement, ainsi que des conseils sur les demandes d'assistance électorale.
Déclarations
M. FREDERICK O. BERGH (Afrique du Sud) a rappelé les progrès importants réalisés récemment en matière de désarmement, à savoir : la Convention sur les armes chimiques et ses mécanismes de contrôle, la prorogation indéfinie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la création de nouvelles zones dénucléarisées, ainsi que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et la signature des Protocoles concernant les mines terrestres et les armes laser aveuglantes.
Malgré ces progrès qu'il a qualifiés d'impressionnants, M. Bergh a indiqué que les priorités de son pays en la matière figurent de façon fidèle dans les conclusions de la Commission de Canberra. Celles-ci demandent un désarmement nucléaire général et complet dans un délai fixé. De même, il faudrait interdire la production d'armes fissiles et veiller à l'application de la Convention sur les armes biologiques. En ce qui concerne les mines
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terrestres antipersonnel, M. Bergh a rappelé que son pays s'alignait sur la position exprimée dans la Déclaration du Groupe d'Ottawa qui vise une interdiction complète de ces armes. Son pays rejoint également la Déclaration des pays non alignés qui considèrent le désarmement nucléaire total comme prioritaire.
De l'avis de M. Bergh, il faudrait aussi que des progrès soient réalisés dans le domaine des armes classiques. En même temps, le désarmement, qu'il soit nucléaire ou conventionnel, devrait s'accompagner de mesures de reconstruction économique.
M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a déclaré que son pays partageait intégralement la position des pays non alignés exprimée par l'Indonésie et que la question dont est saisie la Première Commission était d'une importance considérable. En effet, a-t-il dit, cette question constitue la base de nos activités pour la période 1998-2001. Le délégué a estimé que les futures résolutions et un éventuel programme d'action devront tenir compte des principales idées exprimées sur la question. Un budget devrait y être consacré. Mettant l'accent sur l'importance du sujet, M. Rivero Rosario a regretté que les délégations n'aient pas eu assez de temps à consacrer à l'analyse approfondie du Programme. Il a également souhaité qu'à l'avenir tous les documents s'y rapportant soient distribués à temps. Il a estimé ensuite que, comme lors du programme à moyen terme précédent 1994-1998, celui de 1998-2001 fasse l'objet d'un programme indépendant et pas d'un sous- programme, comme cela est proposé.
Les objectifs du désarmement nucléaire sont loin d'être atteints, a-t-il ajouté, et il est regrettable que les deux principaux détenteurs d'armes chimiques n'aient pas encore ratifié la Convention sur les armes chimiques. Rappelant d'autre part, qu'il n'existe encore aucun programme relatif à la destruction de tout armement nucléaire dans un délai fixé, le délégué s'est étonné qu'on insiste tant sur les armes classiques alors que des objectifs fondamentaux de désarmement nucléaire ne sont pas encore atteints.
Evoquant enfin la question de l'attribution de bourses pour la formation d'experts en désarmement, M. Rivero Rosario a demandé des éclaircissements sur l'avenir de ce programme.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie), Président du Groupe de travail des pays non alignés sur le désarmement, a déclaré que le sous-programme 1.3 devrait être examiné séparément. Il est important, a-t-il insisté, que le programme reflète plus amplement la position des pays membres du Mouvement des non- alignés, c'est-à-dire la majorité dans l'Organisation.
Evoquant l'Avis unanime rendu par la Cour internationale de Justice, il a demandé que soit considérée comme prioritaire l'obligation de mener des négociations en vue d'un désarmement nucléaire complet sous un contrôle strict et efficace. Par ailleurs, malgré le prolongement indéfini du Traité de non- prolifération, les puissances nucléaires, a-t-il indiqué, continuent de
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menacer la sécurité internationale. Les arsenaux nucléaires deviennent de plus en plus précis et destructeurs pendant que de nouvelles doctrines nucléaires apparaissent. Par ailleurs des mesures visant l'élimination des autres armes de destruction massive, et spécialement les armes chimiques et biologiques, devraient également figurer à l'agenda.
Le délégué de l'Indonésie a estimé qu'il était urgent de réduire la production et la mise au point d'armes conventionnelles tant au niveau global que régional, tout en tenant compte du droit légitime de chaque Etat à l'auto- défense et des particularités régionales. Par ailleurs, le nouveau concept selon lequel le désarmement pourrait être utilisé comme un outil de diplomatie préventive ou de construction de la paix devrait, a-t-il dit, être traité avec précaution et circonspection. Cette approche pourrait dévier l'attention de la mise en oeuvre d'accords déjà existants sur des questions que nous considérons comme prioritaires.
M. ACHILLES EMILIO ZALUAR (Brésil) a jugé que compte tenu des changements considérables qui ont eu lieu en matière de désarmement ces cinq dernières années, il faudrait adopter une nouvelle approche dans ce domaine. Le représentant a regretté que le document sur le Programme I confonde maintien de la paix et recours à la force, ainsi que diplomatie préventive et déploiement préventif. Le Brésil estime que l'action préventive a entraîné une démarche trop ambitieuse et estime que les Nations Unies doivent se concentrer sur les activités qui peuvent avoir des résultats concrets en matière de désarmement. Le représentant a également regretté la confusion qui est faite entre conflits et activités à mener dans le domaine du développement.
Le Brésil regrette en particulier que le sous-programme 3, relatif au désarmement sous-tende que le désarmement nucléaire ne soit plus un problème. Pour son pays, en outre, la raison pour laquelle la priorité devrait être accordée aux questions de l'après-désarmement n'est pas claire. Il a indiqué ne pas comprendre la référence, faite dans le document, aux "variantes régionales" du Registre des armes classiques, qui n'existent pas. Le Programme insiste trop sur le désarmement régional, a-t-il déclaré.
MME ANGELICA ARCE MORA (Mexique) a indiqué que les activités énumérées au titre du sous-programme 3 sur le désarmement ne correspondent pas aux activités qu'il faudrait mener. Elle a jugé indispensable que les activités qui doivent être menées dans le cadre des Nations Unies reflètent les mandats confiés à l'ONU par les Etats Membres. Le programme de désarmement pour la période 1998-2001 doit clairement indiquer que le désarmement nucléaire et classique constituent toujours deux priorités de l'Organisation.
M. KING (Etats-Unis) a jugé que le sous-programme 3 qui traite du désarmement est acceptable pour son gouvernement car il reconnaît implicitement qu'on a beaucoup fait en matière de désarmement nucléaire, tout en faisant une référence particulière aux efforts qu'il faut continuer de consacrer au désarmement conventionnel. Les Etats-Unis sont convaincus que la communauté internationale doit faire davantage pour éliminer les armes
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classiques. Or, a-t-il dit, le Mouvement des non-alignés propose que le sous- programme de désarmement soit traité de manière distincte dans le cadre du plan à moyen terme. Ce qui, de l'avis des Etats-Unis, risquerait de semer le doute quant aux objectifs généraux du Programme des affaires politiques. Le plan à moyen-terme apporte des indications au Secrétaire général, a dit M. King, alors que la proposition du Mouvement des non-alignés correspond davantage à un programme politique de travail à l'intention de la communauté internationale. Il a estimé que cette proposition met en évidence une préférence pour la rhétorique et laisse de côté les tâches considérables qu'il reste à accomplir en matière de désarmement. Le représentant a rappelé que le plan à moyen-terme est un instrument financier et que ce n'est pas à la Première Commission qu'il appartient de faire des propositions de révisions, mais à la Cinquième Commission. Le représentant a souhaité que le rapport qui sera remis sur le débat tenu aujourd'hui à la Première Commission reflète le point de vue des délégations qui se sont exprimées.
M. ANDREW O'ROURKE (Irlande, au nom de l'Union européenne) a indiqué que la structure du plan à moyen-terme a été autorisée par l'Assemblée générale en 1995 et que l'Union européenne appuie le programme I, en l'état.
M. MOHAMED AL-HASSAN (Oman) a estimé que le Programme I (Affaires politiques) doit être examiné de façon détaillée, en particulier pour ce qui est de la coordination entre le Secrétaire général et les organes des Nations Unies impliqués dans les affaires de désarmement, y compris les organismes régionaux de désarmement. Il a indiqué que son pays appuie la position du Brésil et a convenu que le sous-programme relatif au désarmement ne met pas assez l'accent sur la question du désarmement nucléaire. Il a en particulier jugé que des mesures doivent être prévues pour assurer l'application universelle des traités conclus en matière de désarmement. Il a également souhaité que le plan à moyen-terme sur le désarmement étudie plus avant certaines questions toujours en suspens, notamment la proposition de transformer le Moyen-Orient en zone exempte d'armes nucléaires et de donner une application concrète aux accords de désarmement régional.
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