L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA SUITE DONNEE AU SOMMET DE COPENHAGUE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
Communiqué de Presse
AG/568
L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LA SUITE DONNEE AU SOMMET DE COPENHAGUE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL
19961016 MATIN AG/568 Pour plusieurs orateurs la Déclaration et le Programme de Copenhague sont un nouveau contrat social décisif pour le développementL'Assemblée générale a entamé ce matin l'examen du rapport du Secrétaire général sur la Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social : point 45 de l'ordre du jour.
Les pays suivants sont intervenus dans le débat : Costa Rica, au nom du Groupe des 77 et la Chine, Bolivie, au nom du groupe de Rio et des pays d'Amérique Centrale, Burkina Faso, Inde, Mexique, Bangladesh, Mongolie, République de Corée, Chili, Irlande, au nom de l'Union européenne et de la Bulgarie, Chypre, République tchèque, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Islande, Liechtenstein et Norvège, Japon et Slovénie.
Plusieurs intervenants, dont la République de Corée et le Chili, ont estimé que la Déclaration et le Programme de Copenhague constituent un véritable nouveau contrat social à l'échelle mondiale qui sera décisif pour le développement durable. Lors du Sommet mondial pour le développement social, qui représente l'un des plus grands succès contemporains, la communauté internationale a reconnu la nécessité d'adopter des mesures urgentes pour faire face aux problèmes sociaux et la majorité des orateurs s'est accordée à reconnaître que la mise en oeuvre de ces mesures incombait, au premier chef, aux gouvernements eux-mêmes. De nombreux représentants, ont cependant appelé les organismes financiers internationaux et l'ensemble du système des Nations Unies à renforcer leur appui en matière de lutte contre la pauvreté. A cet égard, plusieurs d'entre eux se sont félicités de la réforme intervenue au Conseil économique et social et au sein de la Commission pour le développement social. Par ailleurs, tous ont reconnu l'importance du rôle des femmes pour assurer le succès des diverses politiques de développement entreprises.
(à suivre - 1a)
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En début de séance, le Président a informé l'Assemblée générale que Sao-Tomé-et-Principe ainsi que le Tchad ont effectué le paiement nécessaire pour réduire leurs arriérés et conformément à l'Article 19 de la Charte gardent leur droit de vote, le montant de leurs arriérés étant désormais inférieur à leur contribution pour les deux années complètes écoulées.
L'Assemblée générale poursuivra son débat sur la Suite donnée su Sommet pour le développement social, cet après-midi, à partir de 15 heures.
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Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social : rapport du Secrétaire général (A/51/348)
L'Assemblée générale était saisie d'un rapport du Secrétaire général relatif à la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social (A/51/348), tenu à Copenhague du 6 au 12 mars 1995. Au cours de sa cinquantième session, l'Assemblée générale avait dans sa résolution 50/161, réitéré l'appel lancé aux gouvernements pour qu'ils définissent des buts et objectifs pour ce qui est de la réduction de toutes les formes de pauvreté et de l'élimination de la misère et qu'ils évaluent les progrès réalisés à l'échelle nationale dans la mise en oeuvre des résultats du Sommet. L'Assemblée avait également demandé à tous les organes, organisations et organismes compétents du système des Nations Unies de participer au suivi du Sommet. Par ailleurs, l'Assemblée avait décidé qu'elle-même et le Conseil économique et social constitueraient, avec la Commission du développement social une fois revitalisée, un mécanisme intergouvernemental de suivi de l'application de la Déclaration et du Programme d'action à trois niveaux. L'Assemblée tiendra une session extraordinaire en l'an 2000 pour procéder à un examen et à une évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre des résultats du Sommet pour envisager des interventions et des initiatives nouvelles. Le présent rapport décrit les mesures prises depuis l'adoption de la résolution 50/161 de l'Assemblée générale, en détaillant tout d'abord les initiatives prises par les gouvernements, en examinant les mesures prises au sein de l'Organisation, en inventoriant les activités par fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies, en traitant de la mobilisation de ressources financières et en considérant la participation de la société civile et d'autres acteurs.
Depuis l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action, le Secrétaire général a écrit à trois reprises, en mars, juillet et décembre 1995, aux chefs d'Etat et de gouvernement pour souligner l'importance politique des engagements pris. Le Secrétaire général note que le Danemark, qui a accueilli le Sommet, a été le premier pays à prendre deux initiatives concernant l'élaboration de statistiques et l'organisation d'une série de séminaires pour le progrès social. Par ailleurs, la dernière réunion des chefs d'état et de gouvernement du groupe des 7 pays les plus industrialisés du monde, et à laquelle le Secrétaire général a été convié, a souligné la nécessité de renforcer la coopération économique et monétaire, la promotion d'une croissance des échanges et des investissements qui soit forte et profitable à tous, le développement d'une approche concertée des problèmes de l'emploi et la fourniture de l'aide multilatérale pour le développement et l'insertion des pays en transition dans l'économie mondiale.
Le rapport examine ensuite les mesures prises au sein de l'Organisation, au niveau de la Commission du développement social, du Conseil économique et social, d'autres commissions techniques, des commissions régionales et du Secrétariat. Conformément à la résolution 1995/60 du Conseil économique et
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social, approuvée par l'Assemblée générale, la Commission du développement social a tenu une session extraordinaire à New York du 21 au 31 mai 1996, au cours de laquelle elle s'est fixé un cadre de fonctionnement afin notamment de faire mieux comprendre au niveau international le développement social, de soumettre au Conseil économique et social des recommandations et d'élaborer des mesures pratiques visant à favoriser l'application des recommandations du Sommet. La Commission a proposé un programme de travail pour les années 1997 à 2000, s'attachant à l'emploi productif et aux modes de subsistance durables, à la promotion de l'intégration sociale et de la participation de l'ensemble de la population, notamment des groupes et personnes défavorisées et vulnérables, aux services sociaux pour tous et à la mise en route de l'examen global de la suite donnée au Sommet et à la contribution de la Commission à l'examen global de la suite donnée au Sommet. Le rapport indique que la Commission a proposé de constituer des groupes d'experts constitués de personnes nommées par le Secrétaire général, des experts travaillant dans les organismes des Nations Unies et des experts des gouvernements et de la société civile.
Le Conseil économique et social a de son côté dit son inquiétude face à la réduction des ressources fournies à des conditions favorables aux institutions multilatérales de développement. Par ailleurs, il s'attache à définir des directives détaillées et à coordonner les travaux des autres organes pour que la lutte contre la pauvreté procède d'une approche harmonisée et intégrée en matière d'élimination de la pauvreté.
Pour ce qui est des activités par fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies, le Comité administratif de coordination (CAC) a créé, lors de sa session d'octobre 1995, plusieurs équipes spéciales interorganisations s'occupant respectivement des services sociaux pour tous, présidée par le FNUAP, de l'emploi et des moyens de subsistance durables, présidée par l'OIT et des conditions favorables au développement économique et social, présidée par la Banque mondiale.
Débat
Mme EMILIA COSTA DE BARISH, (Costa Rica, au nom du Groupe des 77 et la Chine), a réitéré l'intérêt que le Groupe des 77 attache au suivi de la réunion au Sommet tenue par la Commission du développement social. Elle s'est ainsi félicitée de sa décision de tenir désormais des sessions annuelles et non plus biennales, d'élargir sa composition et de la porter de 32 à 46 membres. Elle a demandé que des ressources appropriées soient mises à sa disposition, car a-t-elle déclaré, "Il faut assumer nos responsabilités envers les générations futures, la pauvreté et l'exclusion ne devant pas rester les seules perspectives d'avenir pour les deux tiers de l'humanité". Pour ce faire, elle a proposé de tenir compte des causes sous jacentes et structurelles du sous-développement et faire en sorte que les individus puissent devenir les propres acteurs de leur développement autant que les bénéficiaires. Or la seule entrave est l'absence d'une volonté politique de tous les membres des Nations Unies d'agir dans un cadre de partenariat mondial réel.
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Elle a fait observer que beaucoup de pays en développement ont conduit des ajustements sociaux et structurels de grande ampleur pour s'intégrer à l'économie mondiale. Or, le coût humain de ces ajustements ont été très importants, particulièrement dans les pays africains. Pour éliminer la pauvreté, il faudra pouvoir intégrer les politiques nationales dans une stratégie internationale. Ce faisant, il faut également améliorer la situation des femmes et renforcer le rôle des organisations non gouvernementales, des organisations intergouvernementales et de la société civile. Elle a également appuyé l'initiative spéciale des Nations Unies en faveur de l'Afrique, dont une des principales contraintes est la contraction grave des ressources financières et humaines nécessaires pour combattre le sous-développement et la pauvreté. Il faut y ajouter le poids de la dette qui constitue un autre frein à leur développement et au financement de leur croissance. Il faut donc réorienter la dette et c'est pourquoi elle s'est réjouie des décisions récentes prises par les institutions de Bretton Woods, qui doivent cependant réduire le nombre d'éléments restrictifs comme la période d'ajustement, qui devrait être ramenée de 6 à 3 ans. Elle a également souligné l'importance de l'éducation et de la formation, ainsi que celle de la paix et de la sécurité. Elle a lancé un appel à tous les Etats Membres pour qu'ils honorent leurs engagements, notamment financiers. Elle a rappelé que 1996 est l'année internationale pour l'élimination de la pauvreté et a déclaré attendre avec impatience la session spéciale de l'Assemblé générale de l'an 2000 qui établira de nouveaux objectifs et de nouvelles stratégies pour éliminer la pauvreté.
M. EDGAR CAMACHO-OMISTE (Bolivie, au nom de l'Argentine, du Brésil, de la Colombie, du Chili, de l'Equateur, du Mexique, du Panama, du Paraguay, du Pérou, de l'Uruguay et du Venezuela, et du Costa Rica, qui représente les pays d'Amérique centrale) a déclaré que de l'avis du Groupe de Rio, le Sommet mondial pour le développement social, qui a été l'un des plus grands succès contemporains, la communauté internationale a reconnu la nécessité d'adopter des mesures urgentes pour faire face aux problèmes sociaux. La Déclaration et le Programme d'action de Copenhague sur le développement social ont défini les directives qui permettraient de créer une société juste pour tous et de satisfaire convenablement les besoins humains fondamentaux.
Les chef d'Etats et de gouvernement du Groupe de Rio, qui se sont réunis à Cochabamba, en Bolivie, les 3 et 4 septembre derniers ont réaffirmé la détermination de leur gouvernement respectif à éliminer la pauvreté, la dénutrition, la marginalisation, l'absence d'accès aux services de santé et l'analphabétisme et d'adopter des politiques en faveur d'un développement économique durable à moyen et à long terme. Ils ont également exhorté les organismes financiers internationaux à renforcer leur appui en matière de lutte contre la pauvreté et ont réitéré leur appui à l'organisation d'une session extraordinaire en l'an 2000, afin de procéder à une étude et à une évaluation globales de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet mondial pour le développement social.
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M. GAETAN RIMWANGUIYA OUEDRAOGO, Représentant permanent du Burkina Faso, s'associant aux propos du Costa Rica et du groupe des 77 et la Chine, a estimé qu'en matière de lutte contre la pauvreté et des mesures en faveur du développement, le Conseil économique et social est parvenu à des conclusions objectives, équilibrées et lucides. Il a reconnu que la lutte contre la pauvreté était, avant tout, la responsabilité au premier chef des gouvernements qui doivent formuler, exécuter et renforcer les plans et les programmes nationaux. Toutefois l'origine de la pauvreté dépend souvent, sinon toujours, d'une manière ou d'une autre du contexte international. C'est pourquoi la solidarité et la coopération sont si importantes. Il s'est félicité, à cet égard, des récentes mesures prises par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.
Se félicitant de l'implication croissante de la société civile dans le développement social, il a indiqué cependant qu'elle devait s'effectuer dans des formes et des proportions compatibles avec l'expression souveraine des Etats. De toute façon, les organisations non gouvernementales ne sauraient assumer seules le poids financier du développement et ainsi se pose à nouveau la question des ressources nécessaires à la mise en oeuvre des programmes arrêtés. A cet égard, il a évoqué le concept 20/20 établi à Oslo en avril 1996, qui permet à tous de bénéficier des services sociaux de base selon un calendrier réaliste et précis et il a indiqué que le Burkino Faso avait accepté d'être partie à une expérience pilote en vue de sa mise en oeuvre. Par ailleurs, il a précisé que son pays avait créé un Comité national interministériel de suivi du Sommet qui conduit à l'élaboration d'un programme d'activités nationales, qui se fonde sur l'éducation, la santé, l'environnement et dont les femmes sont le levier.
M. PRAKASH SHAH (Inde) a rappelé qu'au Sommet mondial pour le développement social de Copenhague, les buts étaient d'éradiquer la pauvreté dans le monde grâce à des actions nationales et internationales. L'homme devant être au centre du développement social et économique, les efforts doivent se porter sur les groupes les plus défavorisés, en particulier les femmes. La Constitution indienne a été amendée ces deux dernières années dans le but d'une plus grande participation démocratique des défavorisés, femmes et enfants.
A Copenhague, un document visionnaire a été adopté. Mais en fait, ce document a donné lieu à peu de progrès dans la coopération internationale. La Commission devrait y faire plus attention, et la synergie entre l'action nationale et internationale ne doit pas être déséquilibrée. Le transfert des ressources vers les pays en développement ne doit pas dégénérer en une multiplication de conditionnalités imposées par les pays développés. Pour leur part, ces pays devraient réorienter leurs dépenses publiques et minimiser leurs gaspillages. L'entente mondiale pour le développement économique et social doit être effective.
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M. GUSTAVO ALBIN, (Mexique), a fait sienne la déclaration de la Bolivie au nom du groupe de Rio et a ajouté qu'il était indéniable aujourd'hui que le développement social constitue une priorité dans les programmes nationaux et à l'ordre du jour de la communauté internationale. Il a indiqué que la politique sociale absorbait actuellement plus de la moitié des ressources du budget mexicain. La politique d'aide sociale touche toute la population et consent un effort particulier en faveur des plus pauvres. "Le principal défi que doit relever le Mexique est de soulager quelques 22 millions de mexicains qui vivent dans des conditions de pauvreté extrême" et faire en sorte que les mesures adoptées aujourd'hui réduisent les inégalités sociales dans le long terme.
Pour cela, il a estimé qu'il faut mieux contrôler la distribution des ressources et élargir la participation sociale aux processus de prise de décisions. Le développement social est certes la responsabilité de chaque pays mais pour le réaliser il faut renforcer la solidarité et la coopération internationales. C'est pourquoi le système des Nations Unies est si important et devrait continuer d'apporter un soutien efficace au développement. A cet égard, il s'est félicité du renforcement du mandat de la Commission pour le développement social et de ses nouvelles méthodes de travail. Il a estimé qu'elle pourra ainsi assurer un suivi efficace du Sommet, procéder à des échanges d'expériences nationales et formuler des recommandations de fond. Il a également loué la création à l'intérieur du système d'équipes spéciales interagences, qui permettent également une meilleure coordination des activités.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a rappelé que les engagements du Sommet mondial pour le développement social ont été réaffirmés lors de la 50ème session de l'Assemblée générale qui a notamment décidé de donner une priorité absolue aux politiques et aux actions nationales, régionales et internationales pour la promotion du progrès social, de la justice et de l'amélioration de la condition humaine. Le représentant se félicite de ce que l'Assemblée générale consacre un point de son ordre du jour au suivi du Sommet de Copenhague et soutienne la proposition 20/20 du Sommet.
Le représentant a déclaré qu'il fallait, comme l'Assemblée l'a reconnu l'année dernière, trouver des ressources financières supplémentaires et réduire la dette afin de permettre aux pays en développement de mettre en oeuvre le Programme d'action de Copenhague. La lutte contre la pauvreté est une des priorités du Bangladesh qui soutient entre autre les efforts de la Commission du développement social qui essaie de mobiliser la communauté internationale et de trouver des ressources adéquates pour supprimer la pauvreté. Une coordination internationale est essentielle afin d'empêcher que les pays les moins développés ne soient complètement marginalisés. A ce sujet, le Bangladesh a attiré l'attention du Président du G7 sur la nécessité d'une coopération avec les pays les moins développés. Le représentant soutient l'initiative d'un Sommet pour le micro-crédit qui devrait permettre à 100 million de familles de sortir de la pauvreté d'ici l'an 2005 et appelle tous les pays à y participer.
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M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a indiqué que son pays attache une importance particulière à l'examen que la plénière de l'Assemblée générale a décidé de conduire à propos de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social. Cet examen contribue à maintenir l'élan donné par le Sommet et à encourager les membres de la communauté internationale à traduire en réalité concrète leurs engagements aussi bien, au niveau national qu'international. Il s'est donc félicité de ce que les activités de la Commission pour le développement social aient été renforcées par l'augmentation du nombre de ses membres, l'annualisation de ses sessions et la réaffirmation de son mandat. Il s'est également réjoui de l'adoption, par la Commission, du Programme de travail pluriannuel pour les années 1997-2000 qui est axé sur les questions centrales abordées lors du Sommet et qui favorise l'introduction de méthodes de travail novatrices.
Le représentant a souligné la nécessité de résoudre de façon durable le problème de la dette extérieure des pays en développement, en réduisant ou en annulant celle-ci afin de pouvoir investir les ressources ainsi libérées dans le développement social. Il a indiqué que son pays appuie les résolutions de l'Assemblée générale faisant de 1996 l'Année internationale pour l'élimination de la pauvreté et proclamant la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté (1997-2006). Pour sa part, la Mongolie, immédiatement après la tenue du Sommet de Copenhague, a renouvelé et renforcé le mandat du Comité préparatoire national. Déjà, en 1994, le Gouvernement avait adopté un Programme de réduction de la pauvreté, qui est décentralisé et a pour objectif de réduire d'ici à l'an 2000 le nombre de pauvres de 26% à 10% sur l'ensemble du territoire.
M. PARK SOO GIL (République de Corée) a estimé qu'au Sommet mondial pour le développement social, la communauté internationale avait mis en place un nouveau contrat social qui marque un point tournant décisif dans l'histoire du développement humain dans la mesure où il accorde la priorité au social. Au niveau national, le gouvernement de Corée a élaboré un plan visant à garantir un niveau de vie élevé à tous les Coréens en insistant particulièrement sur les besoins des groupes les plus défavorisés, par exemple les handicapés. La Corée espère pouvoir poursuivre ses efforts dans ce sens et être en mesure d'assurer une formation technique a plus de 30 000 personnes dans les pays en développement d'ici l'an 2010.
La Corée estime que des politiques doivent être élaborées et les partenariats forgés entre les Nations Unies, la communauté internationale et les pays donateurs si l'on veut atteindre les objectifs fixés par les conférences internationales. Les Nations Unies doivent répercuter les résultats de ces conférences au niveau national. La perspective de parvenir à l'égalité des sexes doit être incorporée aux résultats du sommet. Enfin, il faut parvenir à une implication plus active de la société civile au niveau national.
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M. JUAN SOMAVIA (Chili), rappelant que son pays avait souscrit pleinement aux interventions faites au nom du Groupe des 77 et du Groupe de Rio, a reconnu que la Déclaration et le Programme d'action de Copenhague constituent un nouveau contrat social à l'échelle mondiale. Ils représentent l'un des plus importants engagements de la communauté internationale à faire de la lutte contre la pauvreté, le chômage et la marginalisation sociale son objectif principal en matière de développement pour le XXIe siècle. Les décisions prises lors du Sommet mondial ouvrent entre les nations la voie à une nouvelle ère de collaboration centrée sur la sécurité des personnes. Le représentant a regretté à cet égard qu'à la guerre froide ait succédé une "paix froide" caractérisée par l'insensibilité et l'indifférence au sein et entre les nations.
M. Somavia a souligné les nombreuses incidences du Sommet social sur le fonctionnement des Nations Unies et du système multilatéral en général. Il a toutefois reconnu que c'est au niveau national que doit se manifester la volonté de s'acquitter des engagements pris à Copenhague. Il a mis l'accent sur l'importance de la session extraordinaire que l'Assemblée générale consacrera en l'an 2000 à la suite donnée au Sommet de Copenhague. Pour le représentant, le Sommet social ne pourra pas être considéré comme un véritable succès s'il ne génère aucune avancée positive pour l'Afrique et les pays les moins avancés et s'il ne contribue pas à promouvoir l'égalité des sexes. "Le Sommet représente un effort moderne, contemporain, réaliste et pratique, pour jeter un regard humain sur les choses et lutter contre l'indifférence morale de notre temps", a-t-il déclaré. "C'est pourquoi, les membres de l'Assemblée générale doivent garder vivant en eux-mêmes et au sein des Nations Unies l'esprit de Copenhague", a-t-il ajouté.
M. JOHN CAMPBELL (Irlande, au nom de l'Union européenne, de la Bulgarie, de Chypre, de la République tchèque, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de Malte, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovénie, de la Slovaquie, de l'Islande, du Liechtenstein et de la Norvège), a déclaré que le Sommet mondial avait permis de souligner le caractère interdépendant du développement économique et social, de la protection de l'environnement, et du bien être des individus. Bien que des progrès notables aient été réalisés dans les domaines de l'éducation, de la santé, des services sociaux, le fossé entre les pays pauvres et riches continue à s'élargir. Dans le monde, environ 1.3 milliard de personnes vivent dans une pauvreté absolue et leur nombre augmente au rythme de 25 millions par an. La pauvreté est un problème complexe et multidimensionnel et les Gouvernements doivent mettre en oeuvre des plans d'action pour son éradication. La lutte contre la pauvreté devrait faire partie intégrante des mécanismes des Nations Unies destinés à aider les Gouvernements à s'engager dans un processus de développement socio-économique. L'Union européenne est convaincue que l'aide de la communauté internationale, tant au niveau bilatéral que multilatéral, reste essentielle et que les ressources financières doivent être mobilisées et utilisées de façon plus efficace.
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Alors que le Programme d'action a identifié l'emploi rémunéré comme une solution efficace pour combattre la pauvreté et promouvoir l'intégration sociale, plus de 120 millions de personnes sont au chômage. L'emploi doit donc devenir une des priorités des politiques gouvernementales. Par ailleurs, les droits de l'homme continuent à être bafoués et la discrimination raciale, ethnique, religieuse, physique, et entre les sexes est en augmentation. L'Union européenne est déterminée à combattre le racisme, la discrimination, l'intolérance et la xénophobie. Le représentant a rappelé qu'il ne peut y avoir de développement sans institutions démocratiques qui défendent l'égalité sociale, le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales, de la diversité culturelle.
M. HISASHI OWADA (Japon) a estimé que la volonté de placer les personnes au centre du processus de développement constitue l'un des principaux résultats obtenus lors du Sommet de Copenhague. Il a rappelé que dans toute société, la croissance économique est intrinsèquement liée aux progrès accomplis en matière de développement social. Compte tenu de cette constatation, les membres de la communauté internationale doivent désormais s'attaquer de concert et dans leurs pays respectifs aux trois questions fondamentales sur lesquelles leur attention a été attirée à Copenhague, à savoir l'élimination de la pauvreté, le développement de l'emploi productif et l'intégration sociale, afin de parvenir à un développement fondé sur la justice sociale. Pour ce faire, il importe de s'assurer de la participation des peuples, des gouvernements et des autres acteurs de la société civile à la mise en oeuvre des recommandations du Sommet social.
Evoquant la formule 20/20 qui a été adoptée à Copenhague, le représentant a indiqué que son pays a consacré en 1994 23,2% de son aide bilatérale aux projets d'amélioration de l'infrastructure sociale et 33,3% de cette aide à la satisfaction des besoins humains fondamentaux. M. Owada s'est félicité de ce que l'Assemblée générale, le Conseil économique et social et la Commission pour le développement social aient commencé à s'acquitter de leurs obligations respectives en matière de mise en oeuvre des recommandations du Sommet conformément au mandat confié par la résolution 50/161 de l'Assemblée générale. Le représentant s'est déclaré en faveur d'un renforcement de la coopération des institutions spécialisées du système des Nations Unies oeuvrant dans le domaine du développement social et d'une participation plus active des institutions de Bretton Woods au processus de suivi du Sommet.
M. DANILO TURK, Chef de la délégation de la Slovénie, s'est félicité de voir que les Nations Unies pouvaient formuler et adopter des décisions aussi ambitieuses. Il a indiqué cependant que la réalisation de tels objectifs demandait du temps et qu'il fallait garder à l'esprit le caractère à long terme du programme de Copenhague qui ne sera couronné de succès qu'à condition que les décideurs, au niveau national et international, soient prêts à respecter leurs engagements et qu'ils disposent d'un soutien institutionnel approprié. Il a reconnu que pour beaucoup de pays, dont le sien, il faut
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faire des choix politiques difficiles car les engagements pris lors du Sommet social peuvent entrer en conflit avec d'autres priorités, tant locales, régionales qu'internationales. Les décideurs doivent ainsi faire preuve de détermination et d'imagination, notamment pour accorder plus de place aux acteurs non gouvernementaux et à la société civile dans la mise en oeuvre des politiques de développement. Il a déclaré que si les Etats avaient la responsabilité première de ces politiques, les mesures prises au plan international étaient un plus, parfois indispensable.
Reconnaissant que l'évaluation des progrès accomplis demandait un outil méthodologique adéquat, il s'est félicité du projet statistique lancé par le Danemark et a demandé à l'Organisation de lui apporter un appui efficace. De même, il s'est réjoui des initiatives prises au sein de la Commission des statistiques des Nations Unies. Il a estimé que l'importance des informations statistiques était symptomatique du besoin encore plus grand de comprendre le phénomène social qu'est la pauvreté et ses causes structurelles afin de définir des politiques appropriées. Il a estimé que la nouvelle approche conceptuelle qui se dégage au sein des Nations Unies, et qui met l'accent sur les activités génératrices de revenus mises en place par les populations en développement elle-mêmes, doit être jugée à la lumière des résultats des politiques actuelles. Il a notamment insisté sur le fait que cette nouvelle approche devrait réduire le fossé entre les revenus des plus riches et ceux des plus pauvres. Il a ajouté qu'il était important de placer la question de l'égalité des sexes et de l'autonomisation de la femme, au centre des analyses. La mise en place du Programme de Copenhague dans sa diversité et son ambition demande beaucoup d'énergie et de détermination et c'est pourquoi il a demandé que l'Assemblé générale obtienne des rapports réguliers sur la question.
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