AG/564

UNE MAJORITE DE DELEGATIONS DEPLORE LE RETARD PRIS PAR LES TRAVAUX DE DIFFERENTS GROUPE DE TRAVAIL DES NATIONS UNIES

11 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/564


UNE MAJORITE DE DELEGATIONS DEPLORE LE RETARD PRIS PAR LES TRAVAUX DE DIFFERENTS GROUPE DE TRAVAIL DES NATIONS UNIES

19961011 APRES-MIDI AG/564 La réforme de l'Organisation doit être l'oeuvre de tous les Etats Membres conformément au principe de l'égalité souveraine, déclarent les intervenants

L'Assemblée générale a achevé, cet après-midi, l'examen du rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation en entendant les interventions de : Cuba, Chine, Malte, Lettonie, Belgique, Koweït, Ukraine, Népal, Pakistan, Zimbabwe, Soudan, Iraq, République populaire démocratique de Corée, Nigéria, Tunisie, Iran, Italie et Costa Rica (au nom du groupe des 77 et la Chine).

De nombreux intervenants ont déploré le retard pris par les différents groupes de travail, souvent pour des raisons de procédures et de manque de volonté d'agir véritablement. Pour certains représentants ce retard est flagrant lorsque l'on considère les réformes concernant les organes intergouvernementaux par rapport à celles relatives à la structure et la gestion du Secrétariat des Nations Unies. La délégation de la Lettonie a proposé de conclure à titre prioritaire des accords-cadres ou des accords séparés dans différents domaines couvrant l'ensemble des réformes des institutions intergouvernementales qui devront être prochainement mises en oeuvre. Par ailleurs, une majorité des intervenants a réaffirmé le principe souverain de l'égalité entre Etats Membres de l'Organisation et a demandé que la concertation sur la réforme soit améliorée. Les représentants s'accordent à reconnaître les mérites de la diplomatie préventive, mais certains estiment, à l'instar de la Belgique, que sa mise en oeuvre n'est pas toujours réalisable, aussi séduisante soit-elle. Par ailleurs, plusieurs orateurs ont insisté sur le fait que la diplomatie préventive ne doit pas s'appliquer en fonction du seul ratio coût/efficacité, ni être mis en place au détriment des activités de développement.

En matière de développement, plusieurs délégations, dont Cuba et le Pakistan, ont dénoncé la tendance isolationniste actuelle, qui voudrait que les pays les plus pauvres règlent eux-mêmes leurs problèmes. En outre, un certain nombre d'orateurs, dont les représentants de l'Ukraine et de l'Iraq, ont abordé la question des sanctions économiques imposées à certains pays et

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ont regretté que le problème de leur impact négatif ne soit pas pris en considération par le Groupe de travail, ni mentionné dans le rapport du Secrétaire général. Plusieurs représentants ont abordé de manière plus précise la question des conflits qui sévissent dans leur pays ou sous-région. Ainsi le représentant du Pakistan a évoqué le conflit au Jammu et Cachemire, qui est le plus ancien que les Nations Unies ont à gérer et a demandé au Secrétaire général d'envisager de désigner un Représentant spécial chargé de collecter des informations pertinentes et exactes sur cette situation et faciliter ainsi le processus de paix. Le délégué de la République populaire démocratique de Corée a estimé que dans son rapport le Secrétaire général démontre que les Nations Unies n'ont pas la volonté réelle de régler le conflit qui l'oppose à la République de Corée.

L'Assemblée reprendra ses travaux le lundi 14 octobre, à partir de 10 heures. Elle procèdera à l'élection de vingt membres du Comité du programme et de la coordination et entamera l'examen du rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis à mi-parcours de la décennie dans l'application de la résolution 45/217 de l'Assemblée générale, relative au Sommet mondial pour les enfants, inscrit au titre du point 98 de son ordre du jour.

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Débat

M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a regretté que l'on se prévale de principes simplificateurs et, par essence, coloniaux, pour faire accroire que la pauvreté est de la faute des pauvres. Le monde globalisé que l'on s'efforce de vanter est en réalité un monde unipolaire et ingouvernable en raison de l'ampleur incommensurable de ses problèmes. Jamais auparavant, n'a été si aigu, le dilemme des Nations Unies entre servir les intérêts de tous ou ceux de quelques Etats, a indiqué M. Rodriguez, alors même que l'unitaléralité agressive est visible de toutes parts, dans les négociations, la composition et les élections des principaux organes des Nations Unies. Les Nations Unies n'ont pas de problème plus urgent ni plus concret que celui de servir les intérêts légitimes de tous les Etats Membres et de cesser d'être l'otage d'un seul.

Le représentant a jugé par ailleurs que si les conflits auxquels continuent de devoir faire face les nations Unies n'ont pas diminué, ce n'est pas parce qu'elles n'ont pas alloué assez de ressources financières à leur résolution mais parce qu'elles se sont contentées d'appliquer "des mesures artificielles de soulagement". Les Nations Unies courent à leur perte si elles continuent d'ignorer les causes réelles des conflits internes, ou si elles continuent de prétendre que la souveraineté et l'égalité souveraine des Etats sont des théories démodées. Les ressources allouées au développement s'amenuisent telles une peau de chagrin parce qu'en réalité, la volonté politique de remédier au sous-développement n'existe pas. Or, les pays en développement ne peuvent se permettre de déléguer à d'autres acteurs internationaux la responsabilité primordiale qui incombe aux Nations Unies de gérer la coopération internationale.

De même, la réforme tant attendue du Conseil de sécurité n'a toujours pas vu le jour en raison du manque de souplesse de certaines délégations. Il n'y aura pas de réforme du Conseil, a prévenu le représentant, tant que le droit anachronique de veto sera maintenu et que l'on prétendra que tous les Etats sont égaux mais que certains sont plus égaux que d'autres. Cuba estime que la diplomatie préventive et l'établissement de la paix ne doivent pas être conçus ou appliqués seulement en fonction de critères coût-efficacité. le déploiement préventif ainsi que les actions préventives ne doivent en aucun cas se substituer aux efforts diplomatiques de l'Organisation. Le représentant a estimé que le rapport annuel du Secrétaire général ne met pas assez l'accent sur le principe de l'assentiment des parties, considéré par la plupart des pays du monde, comme la pierre angulaire de toute négociation diplomatique.

M. WANG XUEXIAN, Chef de la délégation de la Chine, a déploré la crise financière qui perdure, l'affaiblissement du rôle des Nations Unies et le manque d'attention réelle portée au développement. Or, a-t-il souligné, la prévention des conflits, la stabilité, l'éradication de la pauvreté et la

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réalisation des objectifs de développement social sont étroitement liés au développement économique et les Nations unies peuvent jouer un rôle unique en la matière. Il a ajouté que la crise financière de l'Organisation est, en définitive, le résultat du retard des paiements de leurs quotes-parts tant au budget régulier qu'au budget des opérations de maintien de la paix par quelques Etats Membres, dont le premier pays contributeur. Pour permettre à l'Organisation de s'en sortir il a demandé que ces pays règlent leurs arriérés sans plus de délais.

Certes l'Organisation doit entreprendre une réforme appropriée et rationnelle qui lui permette de s'adapter à l'évolution de la situation mondiale, d'atteindre plus pleinement les buts et principes de la Charte et de jouer un rôle plus positif dans la promotion de la paix et du développement. En outre, il a souhaité que la réforme s'effectue en étroite concertation et en accord avec la majorité des pays Membres, et non pas selon le bon vouloir de quelques-uns. L'Organisation doit également s'attacher à extirper les causes profondes des conflits.

M. JOSEPH CASSAR (Malte) a estimé que l'émergence de nouvelles situations politiques, sociales et économiques représentait un défi pour l'Organisation dont le travail s'étend à de plus en plus de domaines. Le rapport du Secrétaire général doit donner à l'Organisation l'occasion d'analyser ses actions et recenser les nouveaux besoins. L'impératif humanitaire a transformé les Nations Unies en un symbole d'espoir pour des milliers de personnes. Un suivi des conférences de Rio, du Caire, de Pékin et d'Istanbul doit être une des priorités de l'Organisation car le développement est essentiel à la promotion de la paix et de la prospérité.

Le représentant a estimé qu'il fallait réussir la réforme et la revitalisation des Nations Unies en revoyant leur structure. La composition du Conseil de sécurité doit être élargi et l'Assemblée revitalisée. Outre le fait que le principe de l'égalité souveraine des Etats est fondamental, une plus grande coopération au niveau institutionnel doit empêcher une duplication du travail. En ce qui concerne le Conseil de Tutelle, Malte estime que le principes de son maintien doit être retenu tout en lui attribuant un rôle qui corresponde à l'émergence de nouvelles réalités.

M. ULDIS BLUKIS (Lettonie), a fait sienne l'opinion émise par plusieurs orateurs, estimant que les réformes concernant les organes intergouvernementaux ont pris du retard par rapport à celles relatives à la structure et la gestion des Nations Unies. Par conséquent, il incombe aux institutions intergouvernementales pertinentes, et notamment à l'Assemblée générale, de rattraper ce retard. Pour ce faire, la Lettonie propose que l'Assemblée envisage la possibilité de créer un système lui permettant de gérer elle-même ses activités, à l'instar de ce qui se fait déjà au sein du Secrétariat. Il convient également de conclure à titre prioritaire des

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accords-cadres ou des accords séparés dans différents domaines couvrant l'ensemble des réformes des institutions intergouvernementales qui devront être prochainement mises en oeuvre. De tels accords faciliteraient les activités des groupes de travail traitant des réformes. Le représentant a regretté que les groupes de travail n'aient consacré jusqu'à présent leurs travaux qu'aux détails et aux méthodes selon lesquelles la réforme pourrait être entreprise. A son avis, il importe désormais de définir les éléments de la réforme et d'arrêter la stratégie nécessaire à leur mise en oeuvre.

M. ALEX REYN (Belgique) a déclaré que son gouvernement partage pleinement l'opinion du Secrétaire général selon laquelle dans un système international redevenu multipolaire, l'avenir de l'Organisation, qui est en pleine mutation, reste plus que jamais conditionné par l'amélioration de ses finances et de son fonctionnement. A cet égard, l'application du plan de réforme générale de gestion jouera un rôle décisif. Aussi, pour garantir la pérennité du système des Nations Unies au cours de sa nécessaire mutation, il faudra veiller à sa santé financière. La certitude des paiements permettra d'éviter au Secrétaire général de recourir à des opérations financières périlleuses pour maintenir un précaire équilibre budgétaire. Les incertitudes qui planent sur le financement des opérations de maintien de la paix risquent de poser des difficultés aux pays fournisseurs de troupes.

Le Gouvernement belge suit avec beaucoup d'attention ce qui est fait pour adapter les organes et les instruments de l'ONU aux défis du développement économique et social. Des progrès ont été accomplis certes, le Secrétaire général les a relevés dans son rapport. La Belgique estime cependant que le recentrage de l'activité des agences et des fonds de l'Organisation doit se poursuivre et que la coordination des activités de développement au Siège, tout comme sur le terrain, est encore susceptible d'amélioration. Elle soutient pleinement les propositions faites par l'Union européenne dans ces domaines et espère que les travaux des groupes de travail ad hoc déboucheront dès la présente session sur des résultats concrets. M. Reyn, notant que le rôle de l'ONU à, en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales, s'est accru de façon substantielle, ces dernières années, a estimé que la mise en oeuvre de la diplomatie préventive n'est pas toujours réalisable, aussi séduisante soit-elle. Se félicitant de la signature par un grand nombre d'Etats du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le représentant a exhorté l'ensemble des Etats Membres à le signer et à le ratifier.

M. MOHAMMAD A. ABULHASAN (Koweït), après avoir rendu hommage à la façon efficace dont le Secrétaire général a dirigé l'Organisation depuis cinq ans, a souligné la qualité du rapport du Secrétaire général. L'importance que le Koweït attache à ce rapport s'explique par la richesse des informations qu'il contient. Pour sa part, le Koweït, dont la situation préoccupe particulièrement les Nations Unies et dont il est fait mention dans le rapport du Secrétaire général, regrette que l'Iraq n'ait pas respecté les résolutions

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pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier celles qui concernent la libération des Koweïtiens et la restitution des biens illégalement saisis durant la guerre du Golfe. Le Koweït lance une nouvelle fois un appel à l'Iraq afin qu'il honore ses engagements et respecte les résolutions du Conseil de sécurité. Le fait que le Secrétaire général soit préoccupé par le refus de l'Iraq de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité montre l'importance de la question.

M. ANATOLI M. ZLENKO (Ukraine) a indiqué que des progrès avaient été réalisés dans le cadre des différents groupes de travail au cours de cette année, mais que toutefois le Groupe de travail à composition non limitée sur l'Agenda pour la paix n'est pas parvenu à élaborer et à soumettre des propositions spécifiques. Il a insisté notamment sur le fait que les membres du groupe de travail ont parfois une approche trop critique à l'égard du travail des coordinateurs et qu'inversement, les coordinateurs n'aient pas toujours pris en considération les propositions de certaines délégations. Ainsi le Groupe de travail n'a pas réussi à se mettre d'accord sur des points aussi simples que la question des acteurs, des différentes formes de diplomatie préventive et de reconstruction de la paix après les conflits. C'est pourquoi, il s'est félicité de voir que le Secrétaire général n'avait pas attendu les résultats du Groupe de travail pour agir et créer, par exemple, un observatoire permanent, composé d'experts, qui analyse les crises potentielles et actuelles. A cet égard, il a attiré l'attention sur la proposition faite par le Président de son pays d'établir un comité de surveillance sur l'évolution de la situation dans les démocraties nouvelles ou récemment rétablies. "Il est important d'assurer le respect des principes du droit international", a-t-il ajouté. Il a soutenu la proposition du Secrétaire général de requalifier la diplomatie préventive au profit d'action préventive.

Il a abordé la question des sanctions économiques imposées à certains pays et a regretté que le problème de leur impact négatif, qui a fait l'objet d'un document spécial présenté par sa délégation, ne soit pas pris en considération par le Groupe de travail, ni mentionné dans le rapport du Secrétaire général. Il a estimé que la crise financière, devenue chronique, était l'un des facteurs principaux affectant l'efficacité de l'Organisation. "La stabilité financière des Nations unies dépend avant tout de la volonté politique des Etats Membres", a-t-il précisé. Il a suggéré qu'une résolution déterminant les paramètres de définition de l'échelle des paiements pour la période 1998-2000 soit adoptée lors de la présente session.

M. SHANTI SHUMSHER J.B. RANA (Népal) a déclaré que sa délégation soutient la déclaration faite aujourd'hui au nom des pays non alignés. Il s'est félicité du rapport du Secrétaire général qui, tant dans sa forme que dans son contenu, est meilleur que celui des années passées. Il a remercié le Secrétaire général pour son Agenda pour la paix et pour le développement et pour l'intérêt qu'il porte aux domaines économique et social, à

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l'environnement, à la protection des femmes, des enfants et des droits de l'homme. Au sujet du processus de réforme des Nations Unies, il faut, a-t-il déclaré que le financement et la structure de l'Organisation des Nations Unies soient améliorés afin qu'elle puisse remplir efficacement les fonctions pour lesquelles elle a été créée.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a estimé que le plus grand péril auquel ont à faire face les Nations Unies est la tendance vers le néo-isolationnisme au nom duquel les nations les plus pauvres s'entendent dire qu'elles doivent régler leurs problèmes économiques toutes seules, tandis que l'aide publique au développement est tombée à 0,27%. Il ne faut pas sous-estimer l'importance du développement pour la paix et la sécurité internationales, a indiqué le représentant qui a souhaité un renforcement de la coopération internationale à cette fin.

Le Pakistan appuie le point de vue du Secrétaire général suivant lequel la meilleure façon de prévenir et de régler les conflits est la diplomatie préventive et les déploiement préventifs dans la mesure où la priorité doit être accordée au règlement pacifique des conflits. Le représentant a également évoqué la crise financière que connaissent les Nations Unies en faisant observer combien il était ironique de constater que les premières victimes sont les pays contributeurs de troupes, qui sont au demeurant, des pays en développement.

Le Secrétaire général, a-t-il poursuivi, a noté dans son rapport annuel que le conflit au Jammu-et-Cachemire était le plus ancien qu'avaient à gérer les nations Unies et que les tensions s'y étaient considérablement aggravées ces dernières années. Le Pakistan a tout tenté pour résoudre cette question, a indiqué le représentant, y compris en proposant la tenue d'un référendum, l'organisation de négociations bilatérales ou multilatérales, et la médiation du Secrétaire général. L'Inde a rejeté toutes ces propositions de façon catégorique et continue sa répression contre le Jammu-et-Cachemire. 700 000 hommes de troupe indiens y ont été déployés ces six dernières années et plus de 500 000 Cachemiriens ont déjà trouvé la mort dans les affrontements avec les forces armées indiennes, a-t-il déclaré. Or, les tensions au Jammu-et-Cachemire sont une menace pour la paix et la sécurité, non seulement régionales mais aussi mondiales. C'est pourquoi la recherche d'une solution politique grâce à un dialogue sérieux est plus que jamais urgente. Le Secrétaire général devrait envisager de désigner un Représentant spécial, chargé de collecter des informations pertinentes et exactes sur cette situation et faciliter ainsi le processus de paix.

M. MACHIVENYIKA T. MAPURANGA (Zimbabwe) a déclaré que sa délégation soutient la déclaration faite par la Colombie au nom des pays non alignés. Son pays appuie la réforme et la restructuration des Nations Unies afin que l'Organisation soit plus efficace, démocratique, transparente et réponde mieux aux besoins des Etats Membres. Cette réforme ne doit pas être entendue comme

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une réduction au risque d'affaiblir l'Organisation. Le représentant a appuyé l'idée du Secrétaire général selon laquelle il ne faut pas compromettre les objectifs de l'Organisation mais adapter ses structures et ses méthodes au nouvel environnement global. Ainsi, faudra-t-il renforcer le rôle de l'Assemblée générale et redresser la situation financière de l'Organisation, en faisant en sorte que les Etats Membres règlent leurs contributions. A propos de l'Agenda pour la paix, le Zimbabwe est convaincu que l'Assemblée générale doit jouer un rôle clé dans la reconstruction de la paix après les conflits. Le représentant a soutenu les propositions du Secrétaire général contenues dans son supplément d'un Agenda pour la paix sur la diplomatie préventive. Le Zimbabwe se félicite des activités des Nations Unies dans le domaine humanitaire tout en rappelant que ces interventions devraient être liées au développement. En ce qui concerne le développement, il faut que les mesures envisagées dans l'Agenda pour le développement soient mises en oeuvre et qu'il y ait une coordination entre les différents programmes se rapportant au développement, afin d'accroître leur efficacité.

M. EL FATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a remercié le Secrétaire général pour son rapport complet sur les activités de l'Organisation. S'attardant longuement sur la partie du rapport portant sur l'opération "Life Line" au Soudan où il est dit que le Gouvernement soudanais a limité l'acheminement de l'aide de secours, le représentant a indiqué, qu'au contraire, son pays a essayé de coordonner ses efforts avec ceux de la communauté internationale afin de pouvoir venir en aide aux populations éprouvées par la guerre au Sud- Soudan. L'opération "Life Line", modèle du genre, est fondée sur l'efficacité et la transparence et bénéficie de l'appui de l'ONU. Elle a toutefois rencontré des difficultés inhérentes à ce genre d'action et certains acteurs internationaux se plaignent de ne pouvoir mieux venir en aide aux populations victimes du conflit.

Le Soudan tient à réitérer sa volonté de secourir tous ses citoyens victimes de la guerre, où qu'ils se trouvent. Il a procédé récemment à des élections, qui ont notamment permis de progresser sur la voie de la paix, certaines factions ayant enfin décidé de s'engager sur cette voie. Ainsi, la paix a permis de retrouver la stabilité nécessaire à la fourniture de l'aide humanitaire. La communauté internationale doit répondre favorablement à l'appel lancé par les Nations Unies en faveur de l'opération "Life Line" pour l'année 1996. Le représentant a regretté que les agissements des rebelles empêchent la fourniture de secours. Le Gouvernement soudanais est disposé à coopérer avec toutes les autorités compétentes pour alléger les souffrances des populations victimes de la guerre.

M. NIZAR HAMDOON (Iraq) a exprimé la reconnaissance de son pays au Secrétaire général pour le rapport exhaustif qu'il a rédigé sur les activités de l'Organisation. L'Iraq réaffirme que les efforts inlassables du Secrétaire général ne permettront pas de réformer l'ONU, à moins que les Etats ne se

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décident à agir de façon concertée. Or, actuellement la réforme du Conseil de sécurité semble impossible en raison de la volonté de certains d'en faire un club élitiste. De même, en matière de développement économique et social, les pays du Nord paraissent peu enclins à coopérer avec les pays du Sud. Evoquant la partie du rapport consacrée à la situation en Iraq et au Koweït dans laquelle le Secrétaire général estime que l'Iraq continue à manquer à certaines ses obligations, le représentant a indiqué que son pays continue à rapatrier les réfugiés et les personnes déplacées et qu'il avait d'ores et déjà contribué au retour de 6 500 d'entre eux. Il a observé que le conflit avait fait de nombreuses victimes et disparus et a rappelé à cet égard que les Etats-Unis sont toujours à la recherche de leur soldats disparus au Viet Nam. Le représentant s'est demandé s'il est normal que 4 500 enfants iraquiens meurent chaque jour, comme l'a récemment rappelé un rapport de l'UNICEF et que de nombreux autres souffrent de malnutrition parce qu'il y a 600 personnes disparues qui n'ont pas encore été retrouvées.

Il a par ailleurs déclaré que le rapport de l'Agence international de l'énergie atomique (AIEA) affirme que toutes les quantités de matière nucléaire trouvées en Iraq ont été retirées et que toutes les infrastructures nucléaires militaires iraquiennes ont été détruites. L'AIEA poursuit son contrôle du respect par l'Iraq des obligations imposées par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. "Par conséquent, est-il admissible que des questions de détail permettent de déclarer que l'Iraq continue à ne pas s'acquitter de ses obligations", s'est interrogé le représentant. Il a estimé que le Groupe de travail spécial de l'Assemblée générale sur les sanctions a récemment adopté des recommandations qui doivent être prises en compte lorsque des sanctions sont imposées à un pays. A son avis, le régime des sanctions doit impérativement contenir les mesures précises que doit adopter le pays faisant l'objet d'une sanction pour s'acquitter de ses obligations. Or, il y a lieu de se demander si les sanctions prises contre l'Iraq sont conformes aux principes dégagés par le Groupe de travail ad hoc.

M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) s'est félicité de ce que le Secrétaire général ait accordé une grande importance, dans son rapport annuel, à la situation qui prévaut dans son pays, car, a-t-il dit, la question de Corée est l'une des questions les plus importantes dont les Nations Unies soient encore saisies. Le problème fondamental est de réunifier le pays par des moyens pacifiques et remédier aux conséquences néfastes nées de l'intervention en Corée qui a été menée par les grandes puissances. Or, a-t-il ajouté, celles-ci ont trompé les Nations Unies sur la situation et l'Organisation doit à son tour, aujourd'hui, corriger les erreurs du passé.

Pour le représentant, le fait que le rapport du Secrétaire général n'ait pas réellement traité du fond du problème laisse à penser que l'ONU n'a ni vraiment l'intention ni l'envie de transformer ses relations avec la République populaire démocratique de Corée. L'accord d'armistice de 1953 qui

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est invoqué par le Secrétaire général, n'était à l'origine qu'une mesure temporaire qui ne s'est jamais transformée en accord de paix. Or, la République populaire démocratique de Corée a proposé en février 1996, la conclusion d'un accord intérimaire qui interviendrait comme mécanisme institutionnel minimum permettant d'empêcher les conflits armés et la reprise des hostilités. Les Etats-Unis n'ont jamais répondu. Si les Nations Unies se préoccupent vraiment de la situation sur la péninsule, il faut qu'elles retirent les contingents placés sous commandement des Nations Unies ainsi que le drapeau de l'Organisation, a-t-il déclaré.

M. IBRAHIM A. GAMBARI (Nigéria) a noté que le rapport du Secrétaire général met l'accent sur les activités des Nations Unies dans les domaines de prévention et de résolution des conflits, de maintien de la paix, d'aide humanitaire d'urgence. Il a regretté que ces priorités se fassent au détriment des efforts de développement mais est conscient qu'il ne peut y avoir de développement sans paix. En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, le représentant s'est félicité des efforts faits pour accroître la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales. La diplomatie préventive est un facteur clé et M. Gambari a noté avec satisfaction les mesures prises par le Secrétaire général, notamment au titre de la notion d'"action préventive". Les activités de prévention pourraient empêcher la souffrance humaine et servir d'alternative à des opérations politico-militaires coûteuses. A propos de l'Agenda pour le développement, il faut mettre en oeuvre les programmes de développement économique et social d'une façon plus coordonnée et cohérente. Des mesures de réforme du système des Nations Unies sont indispensables mais ne doivent pas diminuer la capacité de l'Organisation d'assumer ses fonctions. Il est regrettable que des programmes et des services en faveur du développement aient été réduits sans que leurs conséquences sur les plus démunis aient été évaluées. Certaines situations, comme le règlement des arriérés aux pays contributeurs de troupes, sont inacceptables. Une révision du barème des quotes-parts doit être faite en prenant en compte la capacité de payer et la responsabilité spéciale d'un Etat Membre.

M. SLAHEDDINE ABDELLAH (Tunisie) soulignant les frustrations grandissantes de la plupart des pays de la planète sur le plan économique et social, a attiré l'attention sur la corrélation étroite qui existe entre le développement et la paix. L'action future, au sein des nations Unies, devrait être axée sur la poursuite et le renforcement des efforts déployés afin de concrétiser les engagements pris, notamment dans le cadre des grandes conférences des Nations Unies, pour faire progresser la coopération en matière de développement.

Pour ce qui est de la réforme de l'Organisation, la Tunisie estime que le rôle de l'Assemblée générale doit être renforcé et que le Conseil de sécurité doit opérer dans une plus grande transparence en tenant compte de la nouvelle donne géopolitique mondiale. La réforme du Secrétariat doit être effectuée dans le souci d'assurer une répartition équitable des postes de

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responsabilité entre les différentes régions du monde. Le représentant a, par ailleurs, souhaité que soit publié chaque année un résumé du rapport annuel du Secrétaire général mettant l'accent sur les principaux points à l'ordre du jour de l'Organisation, ainsi que sur les principaux problèmes auxquels elle doit faire face.

M. MEHDI DANESH-YAZDI (République islamique d'Iran), soulignant l'importance du rapport du Secrétaire général sur les activités de l'Organisation, a fait sienne la déclaration faite ce matin par la Colombie, au nom du Mouvement des pays non alignés. Pour sa part, l'Iran estime que le processus de réforme de l'ONU doit avoir pour objectif la réalisation des objectifs de la Charte ou de parvenir à un compromis sur ceux-ci. L'Iran partage l'opinion du Secrétaire général selon laquelle le développement et la démocratisation sont les formes les plus efficaces de prévention des conflits. Elle constate néanmoins avec préoccupation le fait que les Nations Unies patissent d'un fort déclin de l'aide internationale au développement. Le représentant a regretté la tendance récente de l'Organisation à sous-estimer le rôle du désarmement, qui se reflète dans le rapport du Secrétaire général. L'Iran est par ailleurs d'avis que les activités en matière de diplomatie préventive, de maintien et de rétablissement de la paix devraient être conçues, développées et mises en oeuvre conformément aux principes de la Charte.

Tout en reconnaissant le rôle prépondérant du Secrétaire général en tant que responsable de l'administration de l'ONU, le représentant a déclaré que celui-ci devrait, pour la mise en oeuvre des résolutions et décisions de l'Assemblée générale, informer les Etats Membres de tout changement et rester en permanence en contact avec eux. A cet égard, le rapport du Secrétaire général devrait contenir une analyse de l'impact de la restructuration. Le représentant a estimé qu'il était très difficile d'accroître l'efficacité de l'Organisation alors que l'on réduit de 12% son personnel. L'Iran regrette que l'influence continue exercée par certains membres non seulement sur l'Organisation, mais également sur les relations inter-étatiques, l'insuffisante volonté d'utiliser le multilatéralisme pour résoudre les problèmes et surtout le recours à des pressions politiques et à des mesures unilatérales au service d'intérêts particuliers fassent passer au second plan la vision du Secrétaire général quant à l'avenir de l'Organisation.

M. FRANCESCO PAOLO FULCI (Italie) a observé que l'un des problèmes les plus urgents auxquels est confrontée l'ONU est celui de la réforme du Conseil de sécurité. A ce sujet, l'Italie est formellement opposée à la poursuite du statu quo. Compte tenu du fait que le groupe de travail chargé d'examiner cette question a lui-même estimé que la création de deux autres sièges permanents au Conseil était impensable, il semble que l'accroissement du nombre de sièges non permanents soit la voie à suivre, a-t-il dit. L'Italie refuse de nouveaux régimes de privilèges mais appuie la participation de tous. M. Fulci a souligné qu'il est essentiel de limiter les travaux de l'Assemblée générale. Il a souhaité que le Conseil de tutelle, qui n'a plus aucune raison d'être, soit transformé en "gardien de l'héritage de l'humanité".

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M. Fulci a indiqué que l'Italie appuie l'initiative de l'Argentine visant la création de casques blancs ainsi que leur participation aux activités des Nations Unies dans le domaine des activités d'assistance humanitaire. Pour ce qui est de la prévention des conflits, le représentant a indiqué que les Nations Unies ne peuvent imposer la paix en faisant la guerre. Ce qui veut dire, a-t-il ajouté, que l'ONU n'est pas équipée, tant au niveau de ses structures que de ses moyens, pour mener à bien les opérations d'imposition de la paix. Il faut laisser ces opérations à ceux qui peuvent les conduire, à savoir les organisations régionales ou les coalitions d'Etats. L'Italie appuie néanmoins les efforts réalisés en vue d'accélérer les capacités d'intervention préventives de l'ONU et en matière de maintien de la paix. Le représentant a rappelé que son pays a été le premier à mettre à la disposition de l'ONU une base logistique à Brindisi.

Mme NAZARETH A. INCERA (Costa Rica, au nom du Groupe des 77 et la Chine) a indiqué que le Groupe des 77 et la Chine remercient le Secrétaire général, M. Boutros-Ghali, pour la présentation de son rapport sur l'activité de l'Organisation qui contient de nombreuses et précieuses informations sur les activités de l'Organisation et du Secrétariat. Le Groupe des 77 et la Chine souhaitent cependant souligner que le paragraphe 94 du rapport, qui est relatif aux recommandations du Conseil afin de réaliser rapidement certaines économies, soulève certaines difficultés. Le Groupe des 77 et la Chine n'acceptent pas le contenu de ce paragraphe et souhaitent qu'il soit dûment pris note de leur position.

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