AG/563

L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LE RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL SUR LES ACTIVITES DE L'ORGANISATION

11 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/563


L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LE RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL SUR LES ACTIVITES DE L'ORGANISATION

19961011 MATIN AG/563 Plusieurs représentants demandent que le Secrétaire général fasse à l'avenir une présentation orale de son rapport

L'Assemblée générale a entamé, ce matin, l'examen des points inscrits à son ordre du jour, par celui du rapport du Secrétaire général sur les activités de l'Organisation. Les représentants des pays suivants ont fait ensuite une déclaration : des Etats-Unis d'Amérique, de la Fédération de Russie, du Brésil, de la Colombie, du Sri Lanka, de la Malaisie, de l'Autriche, du Nicaragua, de l'Allemagne, de l'Argentine, des Philippines, de la Slovénie et de la Pologne.

Plusieurs orateurs ont souhaité que le rapport fasse l'objet d'une présentation orale devant l'Assemblée générale par le Secrétaire général en personne. L'ensemble des intervenants s'est félicité de ce que le rapport montre dans quelle mesure l'Organisation s'est acquittée de ses obligations et a avancé dans son processus de réforme. Ainsi les Etats-Unis ont indiqué qu'il pouvait être comparé à un rapport annuel présenté à des "actionnaires" et grâce auquel on pouvait évaluer les résultats de notre entreprise. Une majorité des représentants a demandé l'adoption d'un barème des quotes-parts plus équitable. Par ailleurs, certains pays, dont les Etats-Unis et la Fédération de Russie, ont estimé qu'il n'est pas prudent que l'Organisation soit dépendante des contributions d'un seul Etat Membre. Les orateurs ont, en outre, souligné l'importance des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et ont appelé au recours plus fréquent à la diplomatie préventive. Par ailleurs, nombre d'entre eux ont estimé que le rôle des Nations Unies, notamment celui de l'Assemblée générale, devrait être renforcé en ce qui concerne la promotion de la croissance économique et du développement. A cet égard, il serait opportun que l'Organisation fasse du développement une des priorités de son ordre du jour et certains représentants ont proposé que cette question fasse l'objet d'un traitement distinct dans le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation.

(à suivre - 1a)

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Le Président de la séance a, par ailleurs, informé l'Assemblée générale que la Gambie a, conformément à l'Article 19 de la Charte, réduit le montant de ses arriérés. L'Assemblée générale a, en outre, décidé, conformément à la recommandation qui figure au deuxième rapport du Bureau, d'inclure la question de l'octroi du statut d'observateur à l'autorité internationale des fonds marins à l'ordre du jour de la cinquante et unième session et de l'examiner directement en séance plénière.

L'Assemblée générale poursuivra ce débat cet après-midi à partir de 15 heures.

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Documentation

Rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation (A/51/1)

L'Assemblée générale était saisie au titre du point 10 de son ordre du jour du Rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation. Tout au long des 171 pages du rapport, le Secrétaire général souligne les efforts déployés et les résultats obtenus par l'Organisation en faveur de la paix et de la sécurité, du développement social et économique, de la démocratisation, de l'aide humanitaire, des droits de l'homme et de la prévention, des conflits et de leur résolution. Le document se compose de cinq parties : I. Introduction : renouveau et réforme, II. Mettre en oeuvre une stratégie concertée et renforcer les structures administratives, III. Etablir les fondements de la paix : développement, action humanitaire et droits de l'homme, IV. Prévenir, maîtriser et régler les conflits et V. Conclusion : paix, développement et démocratisation.

Le Secrétaire général rappelle que le cinquantième Anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, célébré l'an passé, a été l'occasion pour les Etats Membres de réaffirmer leur attachement aux buts et aux principes de l'Organisation. Il ajoute que lors de la réunion commémorative extraordinaire de l'Assemblée générale, tenue pendant trois jours en octobre 1995, 128 chefs d'Etat ou de gouvernement, ainsi que d'autres représentants de haut niveau des Etats Membres, ont adopté la Déclaration du cinquantième Anniversaire. Dans cette déclaration, tous s'engagent à ce que l'Organisation entre dans le XXIe siècle dotée de moyens, de ressources financières et de structures qui lui permettent de servir efficacement les peuples au nom desquels elle a été créée.

Malgré ces engagements, le Secrétaire général note que la période révèle une volonté moins affirmée de faire face aux problèmes critiques internationaux en ayant recours à l'Organisation des Nations Unies. Les signes les plus évidents en sont la persistance de la crise financière, le fléchissement des activités de maintien de la paix, 67 269 soldats étaient déployés en juillet 1995 contre 25 296 en juillet 1996, ainsi que la tendance à la baisse du volume des ressources destinées au développement. Il indique que le pourcentage de l'aide officielle au développement des pays de l'Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) a été en 1995 de 0,27% ce qui est encore loin de la cible des 0,7% fixée par l'Organisation.

Toutefois au cours de l'année écoulée, des progrès importants ont été accomplis pour ce qui est de rationaliser l'administration, d'adapter les opérations de maintien de la paix aux circonstances nouvelles et d'améliorer l'efficacité et la cohérence des activités de développement. Le Secrétaire général précise que la réforme doit se dérouler essentiellement à trois niveaux : le mécanisme intergouvernemental, l'organisation et la gestion,

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d'où les efforts intergouvernementaux en cours pour mieux équilibrer les pouvoirs du Conseil de sécurité, de l'Assemblée générale et du Conseil économique et social ainsi que pour améliorer l'efficacité et le fonctionnement des organes principaux. Sur le plan de l'organisation, la réforme consiste à simplifier les structures du Secrétariat et à rationaliser les multiples programmes et fonds, de même que leurs rapports avec le Secrétariat. La réforme de la gestion a, quant à elle, déjà permis au Secrétaire général de travailler avec une enveloppe budgétaire en diminution de 10%, soit 2,61 milliards de dollars le nombre total des postes ayant été ramené à un niveau inférieur de 12% à ce qu'il était il y a dix ans.

Pour être efficace, la réforme des Nations Unies doit reposer sur un large consensus touchant les principaux éléments du nouvel ordre mondial et le rôle que l'Organisation est appelée à jouer dans une telle mouvance. C'est sur ces principes que se sont concentrées les conférences globales organisées entre 1990 à New York et 1996 à Istanbul, qui avec un minimum de frais ont abouti à des résultats concrets et de grande portée. Le consensus atteint lors de ces conférences se traduit par des accords, des normes et des engagements internationaux nouveaux, concrétisant les buts et objectifs fixés par les Etats Membres pour eux-mêmes et pour l'Organisation. Elles ont, en outre, contribué à promouvoir la revitalisation du Conseil économique et social en tant qu'organe intergouvernemental essentiel pour la coordination et à renforcer la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, comme le montre l'initiative spéciale du système en faveur de l'Afrique. Le cycle des conférences mondiales s'est achevé par la neuvième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement et la deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) qui ont fourni l'opportunité au Secrétaire général de demander à l'Assemblée générale d'en assurer le suivi et de prendre des mesures pour que les progrès accomplis ne soient pas remis en cause.

Abordant la question du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Secrétaire général suggère que le terme de "diplomatie préventive" soit remplacé par celui "d'action préventive" qui englobe le déploiement, le désarmement, l'action humanitaire et la construction de la paix préventifs. La diplomatie préventive est devenue, en effet, un secteur prioritaire, l'Organisation a renforcé ses moyens dans ce domaine et une force de déploiement préventif a été autorisée pour la première fois, en ex-République yougoslave de Macédoine. Les Nations Unies se sont également employées à adapter leur dispositif de maintien de la paix aux conflits internes, incorporant des éléments classiques du maintien de la paix aux aspects relevant des domaines politique, social, économique, humanitaire et des droits de l'homme. Un accent nouveau a été mis sur la consolidation de la paix après les hostilités pour établir un lien entre la maîtrise et le règlement des conflits et les mesures visant à extirper les racines de la discorde et à affermir les assises de la reconstruction et du développement.

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Le Secrétaire général insiste enfin sur l'importance du désarmement qui reste au coeur de l'oeuvre de paix de l'Organisation, comme l'ont confirmé les décisions historiques de proroger pour une durée indéfinie le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la signature du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires.

Selon le Secrétaire général, le développement et la démocratisation sont les moyens les plus efficaces de prévenir les conflits. L'assistance électorale a donc continué à se développer, tandis que se renforcent tous les moyens permettant d'aider les sociétés à préparer le terrain institutionnel et culturel propice à la démocratisation. L'un des moyens d'y parvenir est de permettre aux acteurs autres que l'Etat, organisations régionales, organisations non gouvernementales, parlementaires, universitaires, milieux d'affaires ou encore média, de faire entendre leur voix dans les instances des Nations Unies. Le rapport indique qu'un autre élément essentiel est la promotion de l'Etat de droit dans les relations internationales et le développement progressif du droit international. Le recours plus fréquents des Etats Membres à la Cour internationale de Justice, l'entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, la création par le Conseil de sécurité de tribunaux internationaux chargés de juger les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis dans l'ex-Yougoslavie et au Rwanda et le début des négociations sur la création d'une cour criminelle internationale permanente sont autant de progrès importants qui ont été réalisés cette année.

Le Secrétaire général rappelle que les réformes lancées durant l'année écoulée ont dégagé la voie à suivre aussi bien au plan politique qu'institutionnel. Il déclare qu'il s'agit d'un processus évolutif et non d'un événement ponctuel et que l'Organisation ne parviendra, à cet égard, jamais à un point où elle puisse déclarer que la réforme est "achevée".

Débat

M. VICTOR MARRERO (Etats-Unis) a estimé que le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation peut être comparé à un rapport annuel présenté à des "actionnaires" et grâce auquel, on peut évaluer les résultats de notre entreprise. Le rapport adresse plusieurs messages et montre dans quelle mesure l'Organisation s'est acquittée de ses obligations. Pour autant, on ne saurait oublier que les ambitions des Nations Unies doivent avoir pour corollaire les ressources disponibles pour leur mise en oeuvre. Cette réalité justifie ce que les Etats-Unis ont maintes fois répété, à savoir qu'il faut réformer les Nations Unies. Nous devons les préparer pour le XXIe siècle et notre discours doit se fonder sur les faits. Cette tâche que nous devons accomplir ensemble doit nous permettre de renforcer le rôle des Nations Unies dans la préparation des générations futures dans le cadre d'un développement durable et s'assurer que les programmes et projets sont conduits dans l'intérêt de tous.

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La réforme de l'ONU doit viser à doter l'Organisation d'un budget qui ne reflète pas des aspirations mais qui cherche à atteindre des résultats concrets. Le rapport du Secrétaire général répond à l'idée que l'ONU doit être réformée. Mais, il faut poursuivre ce processus. Par leurs initiatives de réforme, les Etats-Unis cherchent à promouvoir davantage la paix et le développement. De son côté, le Secrétaire général doit être encouragé à exercer ses prérogatives de responsable de l'administration des Nations Unies, en évitant l'écueil de la micro-gestion. Les Etats-Unis attendent avec impatience les recommandations du Groupe de haut niveau sur la réforme du système des Nations Unies. Au cours des prochaines semaines, ils transfèreront à l'Organisation des fonds en quantité suffisante pour permettre aux Etats-Unis de rester le principal membre contributeur. Les Etats-Unis estiment que le Groupe de travail sur la situation financière de l'Organisation a fait des progrès substantiels et souhaitent qu'une décision collective soit prise pour instaurer un barème des quotes-parts plus équitable. Les Etats-Unis partagent l'idée selon laquelle il n'est pas prudent que l'Organisation soit dépendante des contributions d'un seul Etat Membre. Rappelant que l'an dernier le budget des Nations Unies a connu des coupes claires, le représentant a indiqué que son pays se joindra à d'autres au cours de la présente session de l'Assemblée afin qu'un budget à croissance zéro soit adopté pour la prochaine période biennale.

M. EVGUENI DEINEKO, lisant une déclaration de M. SERGEY LAVROV, Représentant permanent de la (Fédération de Russie), a estimé que le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation aurait du refléter de façon détaillée les réalisations et les carences des Nations Unies dans un contexte de transformations radicales dans le monde et des profondes réformes qui touchent l'Organisation. L'efficacité des Nations Unies ne doit pas dépendre de l'humeur des Etats Membres et ceux-ci doivent s'acquitter de leurs obligations conformément à la Charte. La Fédération de Russie apprécie les mesures prises par le Secrétaire général en ce qui concerne le Conseil de sécurité pour renforcer les capacités de l'Organisation en matière de maintien de la paix. Elle appuie l'appel lancé par le Secrétaire générale en faveur d'un renforcement de la coopération de l'ONU avec les organisations régionales dans les domaines de la diplomatie préventive, le maintien et le rétablissement de la paix.

Le rapport reflète objectivement le rôle de maintien de la paix joué par la Fédération de Russie afin de résoudre le conflit en Géorgie/Abkhazie et promouvoir un processus de paix au Tadjikistan et au Haut-Karabakh, ainsi que la contribution des Nations Unies au règlement des conflits dans la région. Le rapport contient des informations thématiques concernant la situation en Afghanistan à la lumière des derniers événements intervenus dans le pays. Le rapport souligne que les combats doivent cesser et invite les parties à dialoguer pour rétablir la paix. Le représentant a évoqué, à cet égard, les propositions avancées lors de la rencontre récente à Alma-Ata par les représentant des cinq pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI).

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Se félicitant de l'étape décisive que constitue l'accord conclu en Bosnie-Herzégovine, il a estimé que les élections récentes et la levée complète par le Conseil de sécurité des sanctions économiques contre la République fédérative de Yougoslavie et la République Srpska ont permis de renforcer le processus de paix. La Fédération de Russie espère que sera très prochainement prise la décision tant attendue de permettre à la Yougoslavie de participer à nouveau aux activités des Nations Unies. Le représentant qui a appuyé les efforts des Nations Unies en faveur d'un règlement politique au Moyen-Orient, a soutenu que le principe consistant à échanger la terre contre la paix est la seule base possible du dialogue. Le représentant a également appuyé l'appel du Secrétaire général aux Etats Membres afin qu'ils adhèrent au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et qu'ils le ratifient le plus tôt possible. De même, la Fédération de Russie partage les préoccupations du Secrétaire général concernant le danger que représentent les importants stocks de matières fissiles. Comme l'indique le rapport, la mise en oeuvre des accords conclus à Moscou en avril 1996 lors du Sommet des 8, contribuera à apporter une solution à ce problème et autres problèmes relatifs à la sécurité nucléaire.

Le Secrétaire général attire, une fois de plus et à juste titre, l'attention sur la situation financière très grave de l'Organisation. La solution la plus urgente consiste en ce que tous les pays s'acquittent de leurs obligations financières. La Fédération de Russie a déjà payé cette année, en dépit de ses nombreux problèmes, plus de 210 millions de dollars, ce qui dépasse largement le montant des contributions qu'elle doit.

Les évaluations de performances des entités économiques de l'Organisation qui figurent dans le rapport montrent la place importante des Nations Unies parmi les institutions multilatérales. Cependant, le rapport ne montre pas les avantages comparés des Nations Unies en ces domaines. De même, il n'y a pas de véritable analyse de l'efficacité des ces activités. La Fédération de Russie espère que cette situation sera corrigée dans le prochain rapport. Il faut montrer les avantages et les inconvénients de la coopération de l'ONU avec les institutions de Bretton Woods.

Evoquant les nombreuses informations intéressantes figurant dans le rapport, le représentant a notamment mentionné l'Initiative spéciale pour l'Afrique et le Programme coparrainé du PNUD et des Nations Unies sur le HIV/SIDA. Il a pris à son compte les préoccupations du Secrétaire général dans le domaine humanitaire, notamment en Afrique, et s'est félicité de la mise en place du système d'alerte avancé sur les crises humanitaires et de l'initiative visant à créer des casques blancs. Il a également noté avec satisfaction le renforcement de la primauté du droit international, rappelant dans ce contexte que son pays a pris l'initiative de convoquer la troisième Conférence sur la paix. Abordant la question des droits de l'homme, le représentant s'est félicité de la place particulière accordée à la défense des réfugiés, mais aussi à la question du traitement préventif des crimes. "Il serait bon que le Secrétaire général puisse présenter oralement son rapport sur l'activité et ce, dès la prochaine session".

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M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil) a indiqué que sa délégation appuie la restructuration et la réforme des Nations Unies. Il a estimé que la menace nucléaire même si elle reçoit moins d'attention aujourd'hui n'a pas disparu. Il a demandé aux deux puissances chimiques déclarées de ratifier la Convention sur les armes chimiques, regrettant que la distinction soit devenue plus floue entre le règlement pacifique des conflits et la coercition. Il a fait sienne la proposition du Secrétaire générale selon laquelle l'activité appelée diplomatie préventive devrait plutôt être désignée comme "une action préventive". Il ne faut pas à son avis établir non plus de confusion avec les mesures d'imposition de la paix. Le représentant a souligné que les principaux organes des Nations Unies ne peuvent être renforcés que par la promotion du pluralisme et l'amélioration de leur représentativité.

M. JUAN MANUEL TURBAY, (Colombie, au nom du Mouvement des pays non alignés) a estimé que le rôle des Nations Unies, notamment celui de l'Assemblée générale, doit être renforcé en ce qui concerne la promotion de la croissance économique et du développement. A cet égard, il faut que l'Organisation fasse du développement une des priorités de son ordre du jour. Par conséquent, la question du développement devrait faire l'objet d'un chapitre séparé dans le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation.

Le représentant, commentant les recommandations faites par le Comité de coordination commune du Groupe de travail à haut niveau sur le renforcement des Nations Unies, a estimé qu'étant donné la nature et l'étendue du rapport, il serait utile de préparer un résumé couvrant les questions les plus importantes abordées dans le rapport. Le rapport devrait être examiné en séance plénière de l'Assemblée générale, juste après le débat général afin d'évaluer la façon dont les mandats confiés par l'Assemblée générale ont été mis en oeuvre par le Secrétariat. L'examen du rapport devrait permettre une analyse approfondie de son contenu et l'adoption de mesures concrètes et appropriées. Enfin, le rapport devrait être présenté et distribué le plus tôt possible aux Etats Membres dans toutes les langues officielles de l'Organisation.

M. HERMAN LEONARD DE SILVA (Sri Lanka) a déclaré qu'un débat de fond sur le rapport du Secrétaire général est absolument nécessaire si l'on veut qu'une politique intergouvernementale sérieuse puisse émerger des débats. Il a appuyé le point de vue du Secrétaire général selon lequel le développement et la démocratisation sont et seront les meilleurs remparts contre l'apparition de nouveaux conflits car, a-t-il expliqué, le sous-développement contient en lui les germes des conflits. Les Nations Unies ont un rôle catalytique à jouer à la fois dans le domaine des politiques macro-économiques et des activités opérationnelles qu'il faut mettre en oeuvre afin de promouvoir la croissance et le développement dans le monde. Cependant, le représentant a souhaité que les questions de développement ne soient pas perçues dans le système des Nations Unies, que du seul point de vue "éminemment complexe et politique" de la prévention des conflits.

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Le représentant a par ailleurs estimé que le contenu de la base de données du système d'alerte rapide dans le domaine humanitaire, constituée par le Département des affaires humanitaires, doit absolument être connu des pays Membres ainsi que la façon dont cette base de données sera utilisée. Il faut également que le Secrétariat consulte l'Etat concerné avant de décider quelles informations précises figureront dans la base de données. En outre, les institutions présentes sur le terrain doivent s'efforcer de n'enregistrer que des données exactes sur la situation du pays dans lequel elles opèrent. Le Sri Lanka, a-t-il poursuivi, a déjà fait remarquer au Secrétaire général que la partie de son rapport qui traite du Sri Lanka contient plusieurs inexactitudes regrettables. Le Sri Lanka espère donc qu'à l'avenir, les délégations des pays mentionnés dans le rapport annuel du Secrétaire général seront consultées avant sa parution.

M. HASMY AGAM (Malaisie) rappelant que huit pays sont actuellement sous le coup de sanctions décidées par le Conseil de sécurité, a fait observer qu'il s'agit là d'un sujet très grave et préoccupant pour son pays qui estime que le recours aux sanctions ne devrait se faire qu'en dernier ressort, lorsque toutes les autres options pacifiques prévues par la Charte auraient été épuisées. Elle devraient être régulièrement revues et en aucun cas, être utilisées comme un instrument de promotion des intérêts nationaux de quelque membre que ce soit.

M. Agam s'est par ailleurs félicité de ce que le rapport du Secrétaire général évoque la question du désarmement nucléaire de manière plutôt exhaustive tout en regrettant qu'il ait accordé si peu de place à l'avis de la Cour internationale de Justice rendu en juillet dernier. En effet, a poursuivi le représentant, la Cour a rendu un avis consultatif sur la légalité du recours ou de la menace du recours à l'emploi des armes nucléaires qui constituent un événement majeur puisqu'elle a admis, in fine, que les Etats ont l'obligation de négocier de bonne foi, jusqu'à un accord général sur tous les aspects d'un désarmement nucléaire placé sous un contrôle international strict et efficace.

M. Agam a par ailleurs évoqué la question des contributions et de l'assisse financière solide que le Secrétaire général souhaite donner à l'Organisation en réformant le barème des quotes-parts de telle sorte que la quote-part totale d'un Etat Membre ne dépasse pas 15 ou 20 % du budget ordinaire. Or, le représentant a déclaré qu'une telle proposition serait non seulement contraire au principe consacré de la capacité de chacun de payer mais encore qu'elle aboutirait à faire peser des charges financières trop lourdes sur d'autres Etats Membres, dotés de capacités financières moindres que le principal contributeur au budget des Nations Unies.

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M. ERNST SUCHARIPA (Autriche) a estimé que le rapport du Secrétaire général montre que les Nations Unies accomplissent un travail bien plus utile et essentiel qu'il n'est généralement admis. Il a souligné les priorités qui émergent en matière de coopération internationale, en particulier le rôle de l'Organisation dans la prévention et le règlement pacifique des conflits et la menace que font peser sur la sécurité internationale la drogue et le crime organisé. Il montre également que les réformes nécessaires au sein du Secrétariat vont plus vite que les efforts des Etats Membres pour adapter l'institution intergouvernementale. En outre, le rapport est concis.

Le représentant a estimé que le succès de la réforme de l'ONU suppose nécessairement que l'Organisation dispose d'une base financière stable. Aussi, incombe-t-il aux Etats Membres et non au Secrétariat d'examiner et d'adapter les mandats et de contrôler et d'évaluer les méthodes de travail au niveau intergouvernemental. Le représentant a observé qu'il est plus facile de créer un comité au sein de l'Organisation que d'en supprimer un. Il a déclaré que l'Assemblée générale aurait tout avantage à ce que le Secrétaire général lui présente oralement le rapport sur l'activité de l'Organisation, tout en reconnaissant qu'une telle pratique ne fait pas partie de sa tradition. Il ne faut pas cependant perdre de vue que les progrès accomplis par les groupes de travail sur la réforme du système des Nations Unies restent l'objectif principal. Le représentant a exprimé l'espoir que le Secrétaire général pourra écrire dans son prochain rapport que les Etats Membres se sont acquittés de leurs obligations à l'égard de l'Organisation.

M. ALVARO SEVILLA SIERO, Vice-Ministre des relations extérieures du Nicaragua a déclaré qu'aucun instrument établi en faveur de la paix et de la sécurité ne peut porter ses fruits s'il ne bénéficie pas de l'appui et de la volonté politique des parties en conflit. Le cas du Rwanda est à cet égard l'exemple même, de conflit dans lequel l'ONU n'a pas su réagir à temps. En conséquence, il a estimé que les Nations Unies doivent faire davantage en matière de prévention des conflits. Celle-ci ne passe pas uniquement par la diplomatie, a déclaré M. Sevilla Siero, mais également par le désarmement, l'aide humanitaire et la consolidation de la paix préventives. Le Nicaragua est en outre favorable à la constitution d'une force de déploiement rapide des Nations Unies.

Le Vice-Ministre a par ailleurs relevé qu'une des causes majeures et sous-jacentes des conflits est le sous-développement et plus particulièrement la pauvreté, l'analphabétisme, la santé précaire et le manque de nourriture. Vue sous cet angle, l'aide au développement se transforme en forme de prévention des conflits, a convenu le Vice-Ministre qui a dit son inquiétude vu que l'aide publique au développement n'a pas dépassé l'année dernière les 0,27% alors qu'elle devrait être de 0,7%. Evoquant le signature en septembre dernier du Traité d'interdiction des essais nucléaires, M. Sevilla Siero a invité tous les pays qui ne l'ont pas encore fait à signer ce texte et à déposer, le plus tôt possible, les instruments nécessaires à sa ratification de manière à permettre l'émergence d'un monde de paix et de sécurité, plus juste, plus démocratique et plus tolérant pour tous.

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M. GERHARD HENZE (Allemagne) a déclaré que le Rapport du Secrétaire général fait clairement apparaître les difficultés que connaît l'Organisation à l'heure actuelle et le peu d'intérêt à s'occuper des problèmes urgents qui apparaissent sur l'Agenda international. Les Nations Unies ont besoin de façon urgente d'une transformation structurelle et institutionnelle complète. L'Assemblée générale doit guider cette transformation des Nations Unies, mais il faut que soient arrêtées les discussions formelles qui ne débouchent pas sur des projets concrets. Le Rapport précise qu'il faut un meilleur équilibre entre les pouvoirs du Conseil de sécurité, de l'Assemblée générale et de l'ECOSOC. Il est capital que les Etats Membres règlent leur arriérés. Le barème des quotes-parts doit être réexaminé et refléter les changements de la situation économique et financière des pays Membres. L'Union européenne a fait une proposition à cet égard et a suggéré de commencer une discussion sur la base de chiffres précis. En ce qui concerne le travail de l'Assemblée, il semble que le très grand nombre de rapports qui lui sont soumis forment partie du problème. Il faut éviter les doubles emplois entre le travail des Commissions et celui de l'Assemblée. Au sujet de la réforme du Conseil de sécurité, il s'est félicité du rapport complet du Groupe de travail sur la question d'une représentation équitable et de l'augmentation du nombre de ses membres qui contient tous les éléments nécessaires pour la réforme du Conseil de sécurité. Le représentant a déclaré que 9 des 10 nouvelles propositions du Rapport, qui se rapportent à la composition et à la taille du Conseil, soutiennent l'augmentation des membres permanents et non permanents. D'autres propositions se réfèrent aux méthodes de travail et aux procédures du Conseil, et incluent notamment la question du veto. L'Allemagne a proposé une révision périodique. Il est temps de traduire ces idées en actions.

Le représentant a déclaré que son pays reste convaincu qu'il ne peut y avoir de stabilité et de paix durable sans un développement économique et social. La réforme des Nations Unies dans le domaine économique et social est capitale et doit être au coeur des débats. De larges contributions doivent être faites afin de répondre aux besoins les plus urgents en matière de développement. Les Nations Unies doivent avoir un rôle central dans la coopération pour un développement durable. Par ailleurs, il faut améliorer les opérations de maintien de la paix, la diplomatie préventive, et soutenir le renforcement de la paix après les conflits. En ce qui concerne les mines terrestres antipersonnel, l'Allemagne espère qu'elles seront totalement interdites.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a souhaité que l'on parvienne à une meilleure transparence dans les travaux du Conseil de sécurité notamment par l'instauration d'un mécanisme de consultations et d'échange d'informations entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes. Pour ce qui est des progrès réalisés dans le domaine des droits de l'homme, le représentant s'est félicité de ce que le Haut Commissaire aux droits de l'homme, M. Jose Ayala Lasso, ait tant oeuvré en faveur de la démocratie sur le continent américain. L'Argentine, a-t-il ajouté, est favorable à la proposition de création d'un corps de casques blancs, d'abord au niveau national, afin de s'acquitter de tâches telles que la distribution de nourriture, l'assistance électorale, la planification urbaine ou le déminage.

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S'agissant du désarmement, M. Petrella a indiqué que son pays a d'ores et déjà signé le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. L'Argentine est en outre en train d'élaborer des directives et mesures de contrôle du transfert et du trafic illicite des armes de petit calibre. L'Argentine, qui a appuyé la mise en place par l'Organisation des Etats américains de programmes de déminage au Nicaragua, au Honduras et au Costa Rica, a décidé de mettre un terme à l'exportation, à la vente et au transfert de mines terrestres antipersonnel, a déclaré le représentant.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) s'est félicité du Rapport du Secrétaire général qui traite de points fondamentaux. Une des questions les plus importantes est celle de la réforme des Nations Unies. Il a exprimé l'espoir que le Groupe de travail sur le renforcement du système des Nations Unies proposera des mesures pour revitaliser l'Assemblée générale à la fin de cette session, et qu'il poursuivra son examen des questions touchant le Secrétariat. En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, il est évident qu'il faut augmenter le nombre de ses membres. Le Groupe de travail sur la situation financière des Nations Unies doit proposer des mesures concrètes pour régler le problème des arriérés et du paiement des contributions.

Le représentant a tenu à préciser que bien que l'on ne puisse douter des liens entre la paix et le développement, les questions de développement devraient faire l'objet d'un traitement séparé et que son processus devrait être distingué de celui qui concerne la paix et la sécurité. Les Philippines soutiennent les efforts des Nations Unies de coopération internationale dans les domaines du développement et de la protection des droits de l'homme. En ce qui concerne l'aide humanitaire, qui ne doit pas se substituer à une solution politique, elle doit être envisagée dans le contexte du développement. Au sujet des opérations de maintien de la paix, il faut que les pays qui fournissent de troupes puissent participer davantage à la prise des décisions.

M. DANILO TURK (Slovénie) a demandé qu'à l'avenir le rapport du Secrétaire général soit disponible plus tôt dans l'année afin notamment de permettre de mieux cibler les questions qui figurent à l'ordre du jour de l'Assemblée générale. Il a observé que les progrès accomplis par les différents groupes de travail ont été lents et a appelé à une plus grande discipline financière qui passe non seulement par le règlement à temps et dans leur totalité des contributions, mais également par l'élaboration d'une nouvelle échelle des quotes-parts, ainsi que l'exploration de nouveaux modes de financement. Il a regretté que le Groupe de travail sur l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité n'ait pas encore fourni de propositions concrètes et a ajouté qu'il en allait de même pour d'autres groupes de travail. "Cette pratique ne devrait pas devenir une pratique normale de l'Organisation et ne devrait pas empiéter sur le rôle des grandes commissions et de l'Assemblée générale" a-t-il estimé.

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Abordant la question du statut de la République fédérative de Yougoslavie, il a mis l'accent sur la nécessité de s'en tenir strictement aux résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité et a plaidé que la République fédérative de Yougoslavie redevienne bientôt membre de l'Organisation. Il a fait remarquer que les opérations de maintien de la paix étaient de plus en plus complexes, s'étendant des domaines militaires aux domaines humanitaires, politiques et autres alors que les Etats Membres souhaiteraient des mandats de plus en plus précis. Le Secrétaire général devrait avoir l'opportunité et les moyens financiers de tirer les enseignements des expériences passées en matière d'opérations de maintien de la paix combinées.

M. JAN WORONIECKI (Pologne) a fait sienne l'observation du Secrétaire général selon laquelle la réforme de l'Organisation doit être renforcée au niveau des relations intergouvernementales, de l'organisation et de la gestion. Il a jugé qu'il était essentiel de renforcer la solidarité internationale en mettant l'accent sur l'amélioration d'un environnement général en faveur d'un développement économique et social durable. Le représentant a souligné la nécessité d'intensifier les négociations concernant l'Agenda pour le développement. Abordant les activités du système des Nations Unies dans le domaine humanitaire, M. Woroniecki a préconisé un renforcement de la coordination des activités du Département des affaires humanitaires et des autres institutions spécialisées. Le représentant a souhaité une accélération de la mise en oeuvre des recommandations des conférences internationales organisées sous l'égide des Nations Unies depuis le début des année 90.

La Pologne s'associe aux Etats Membres qui ont appuyé de façon continue les efforts visant à résoudre la crise financière de l'Organisation. Ayant noté avec satisfaction l'attention accordée dans son rapport par le Secrétaire général aux activités de la Commission économique pour l'Europe, le représentant s'est opposé à toute réduction des activités des commissions régionales. Il s'est félicité de la contribution de l'Organisation à l'instauration d'un monde plus stable et plus sûr grâce au désarmement et à la non-prolifération. Il a accueilli avec satisfaction les recommandations du Groupe de travail sur l'Agenda pour la paix et a estimé que les opérations de maintien de la paix devraient rester sous le contrôle de l'Organisation.

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