En cours au Siège de l'ONU

AG/561

L'ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT GENERAL UN JOUR AVANT LA DATE PREVUE

10 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/561


L'ASSEMBLEE GENERALE ACHEVE SON DEBAT GENERAL UN JOUR AVANT LA DATE PREVUE

19961010 APRES-MIDI AG/561

L'Assemblée générale a achevé cet après-midi son débat général en entendant les interventions du Vanuatu et de la Thaïlande. Pour sa part, le Chef de la délégation du Vanuatu, M. Jean Ravou-Akii, a appuyé l'élection du Secrétaire général pour un second mandat. Il a, par ailleurs, réaffirmé la position de son gouvernement en faveur de l'interdiction totale des mines terrestres antipersonnel.

Dernier orateur du débat général, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, M. Amnuay Viravan, a souligné la nécessité de revitaliser et de réformer l'ONU, afin d'assurer la prééminence de l'Assemblée générale sur les autres organes du système. Il a également proposé un réexamen de l'ensemble de la politique des Nations Unies en matière de maintien de la paix.

En outre, les représentants du Burundi, de Fidji, de la Turquie, de la Grèce et de Chypre ont exercé leur droit de réponse.

Faisant en fin de séance, le bilan du débat général, le Président de l'Assemblée générale, M. Ismail Razali (Malaisie) a indiqué que 181 orateurs ont pris part au débat général, qui avait commencé le 23 septembre dernier. Parmi eux, douze chefs d'Etat, une altesse princière, dix-sept Premiers Ministres et cent-six Ministres des affaires étrangères sont intervenus, ce qui illustre une fois de plus l'importance attachée à ce débat, qui constitue pour les responsables des 185 Etats Membres de l'Organisation le seul cadre universel au sein duquel ils peuvent librement présenter leurs points de vue.

Le Président a observé que les thèmes majeurs abordés durant le débat général couvrent toutes les questions pressantes auxquelles sont confrontés les pays. Ainsi a été réaffirmée dans de nombreuses déclarations la nécessité de réformer les Nations Unies, de restaurer leur crédibilité et de leur permettre de renforcer leur pertinence et leur efficacité. A cet égard, les intervenants ont particulièrement souligné la nécessité de réformer le Conseil de sécurité et de résoudre la crise financière que traverse l'Organisation.

(à suivre - 1a)

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De nombreux dirigeants mondiaux ont également mis l'accent sur la question essentielle du développement, jugeant indispensable que les Nations Unies jouent un rôle central en matière de développement et de coopération et résolvent de manière intégrée les questions relatives à la dette, au commerce, aux finances et à l'environnement. Nombreux ont été les responsables de l'Afrique et des autres régions en développement qui ont exhorté la communauté internationale à les aider et à les soutenir dans les efforts qu'ils déploient pour améliorer les conditions économiques et sociales dans leur pays et intégrer ceux-ci à l'économie mondiale afin d'éviter d'être davantage marginalisés.

Les orateurs ont, par ailleurs, examiné les mesures spécifiques telles que l'élimination des armes nucléaires, la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, constituant à cet égard une source de satisfaction. Le désarmement sous tous ses aspects, y compris la création de zones exemptes d'armes nucléaires, l'interdiction de l'exportation des mines terrestres antipersonnel et du commerce illicite d'armes ont été également souvent évoqués.

Référence a été souvent faite à la situation au Moyen-Orient et dans les autres zones de conflit telles que la région des Grands Lacs en Afrique, les Balkans et l'Asie centrale, qui suscite de grandes préoccupations dans le mesure où elle est considérée comme faisant peser une menace sur les fragiles accords de paix, sur la vie des populations et celle des générations futures et les chances qu'ont les sociétés et les Etats de se développer. De même la criminalité transfrontalière, le terrorisme, le trafic des drogues et la pollution de l'environnement ont également été condamnées alors que les questions ayant trait aux droits de l'homme, aux femmes, aux enfants et au rôle de l'information publique dans une ère de communication par satellite ont retenu l'attention d'un grand nombre de délégations.

Le Président a estimé que le fait que le débat général se soit achevé un jour plus tôt que prévu montre la détermination collective des Etats Membres à améliorer les méthodes de travail de l'Organisation et à mieux utiliser le temps disponible. De même la tenue de vingt-sept séances au lieu des trente initialement prévues, à permis de réaliser près de 81 600 dollars d'économies. Les enseignements tirés de la façon dont nous avons notre temps de travail doivent devenir partie intégrante de la culture des Nations Unies en matière de travail, a déclaré le Président. Désormais 68 jours nous séparent de l'ajournement, le 17 décembre, de la cinquante et unième session, et 272 jours de sa fin. Cet échéancier devrait encourager les délégations à relever les défis si éloquemment définis par les responsables politiques qui ont inauguré les travaux de la présente session.

Ont pris part au débat général les Chefs de l'Etat de la Bosnie-Herzégovine, de Chypre, de la Colombie, de la Dominique, des Etats-Unis d'Amérique, de l'ex-République yougoslave de Macédoine, du Guatemala, du Libéria, de la Pologne, de la Sierra Leone, du Suriname et de la Tanzanie.

(à suivre - 1b)

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L'Assemblée générale a, pu en outre entendre l'intervention du Prince héritier de Monaco et les Premiers Ministres de l'Andorre, du Japon, de la Lettonie, de la Malaisie, du Maroc, de Maurice, de la Mongolie, de la Norvège, du Pakistan, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de Saint-Kitts-et-Nevis, de Sainte Lucie, de Samoa, de la Slovénie, de la Suède, du Swaziland et de Trinité-et-Tobago ont également pris la parole. Les Vice-Ministres et Ministres des affaires étrangères de l'Albanie, de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Barbades, de la Chine, de la Croatie, de l'Irlande, d'Israël, de la Jamaïque, du Koweit, du Luxembourg, de l'Ouganda, de la République tchèque, du Turkménistan, de la Turquie, du Yémen et du Zaïre ont eux aussi participé au débat général de cette cinquante et unième session. Le nombre total de Ministres des affaires étrangères qui ont pris part au débat était de 106.

En revanche, cette année le Cameroun, Sao-Tomé-et-Principe, la Somalie et la Yougoslavie n'ont pas participé au débat général.

Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu demain, vendredi 11 octobre, à 10 heures, l'Assemblée générale entamera ses travaux de fond en examinant le deuxième rapport de son Bureau et le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation.

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Fin du débat général

M. JEAN RAVOU-AKII, Chef de la délégation du Vanuatu, après voir appuyé la réélection du Secrétaire général, a réaffirmé la position de son gouvernement en faveur du bannissement total des mines terrestres antipersonnel. "Cette position est d'autant plus justifiée que la majorité des victimes de ces armes sont les enfants et les femmes", a-t-il observé. En ce qui concerne les armes de destruction massive, il s'est félicité de la signature du Traité de Rarotonga sur la zone dénucléarisée du Pacifique Sud et de la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il a ajouté que le récent avis de la Cour internationale de Justice, selon lequel les armes nucléaires représentent un danger pour l'humanité constitue un engagement supplémentaire en faveur du désarmement général et complet.

Il s'est félicité des progrès accomplis en faveur de la paix dans plusieurs régions du monde, et qui apportent des espoirs réels de règlement des conflits anciens. L'Organisation des Nations Unies doit poursuivre son rôle de premier plan dans l'édification du droit international. A cet égard, il a soutenu les efforts en cours en vue de la création d'une cour criminelle internationale. Il a rappelé que son pays s'attache à la défense des droits de l'homme et s'efforce d'en assurer le respect maximum à l'intérieur de son territoire.

Abordant la question de la réforme des Nations Unies, il a estimé que le barème des quotes-parts devrait fidèlement refléter la capacité de paiement de chaque pays Membre de l'Organisation. Il a souhaité que la prochaine réévaluation de l'Agenda 21 soit l'occasion de conclure de nouveaux engagements dans le domaine de la défense environnementale. Il a indiqué que son pays avait créé à cet effet un bureau spécial. Sur le développement durable, il a indiqué que son pays a réduit, l'an passé, le nombre de ses provinces dans le but de décentraliser la fonction publique et l'administration afin de permettre aux grandes îles qui le constituent de mieux aider les petites. Il a remercié les Nations Unies de l'aide fournie eu égard à l'élaboration récente par son pays du livre sur le développement durable qui sera publié bientôt.

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M. AMNUAY VIRAVAN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, s'est prononcé pour une réforme et une revitalisation des Nations Unies tant dans le domaine des relations intergouvernementales que de la gestion. C'est pourquoi, la Thaïlande attache une grande importance aux travaux des cinq groupes de travail de l'Assemblée générale consacrés à la réforme de l'Organisation. Elle regrette cependant qu'en dépit du fait que ces groupes existent depuis près de trois ans, un compromis sur les questions essentielles ne semble toujours pas en vue. En outre, la Thaïlande estime que pour être significative, toute réforme du système des Nations Unies doit bénéficier de l'appui politique, matériel et financier des Etats Membres.

La Thaïlande, a-t-il poursuivi, estime qu'il est indispensable d'assurer la prééminence de l'Assemblée générale sur les autres organes du système. Celle-ci doit véritablement être la voix et l'autorité morale de la communauté internationale. De même, la délégation thaïlandaise est d'avis qu'à l'aube du XXIe siècle, le Secrétaire général des Nations Unies qui est le chef de l'administration de l'Organisation doit faire preuve de courage et de vision. Or, compte tenu des responsabilités de plus en plus lourdes du Secrétaire général, la Thaïlande serait favorable à la création de postes d'Adjoints au Secrétaire général qui agiraient en son nom. La Thaïlande tient à rendre hommage aux initiatives prises par le Secrétaire général, M. Boutros-Ghali en présentant l'Agenda pour la paix et l'Agenda pour le développement.

La Thaïlande est d'avis que le temps est venu d'accorder une attention accrue au développement économique et social, non pas parce qu'elle est elle-même un pays en développement, mais parce qu'un tel développement est indispensable à l'émergence d'une paix et d'une prospérité durables. La décision qu'a prise la Thaïlande d'accueillir en l'an 2000 la dixième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) constitue un bon exemple de son engagement en faveur des efforts de développement initiés par les Nations Unies. La Thaïlande se félicite de ce que les grandes conférences internationales organisées sous l'égide de l'ONU depuis 1992 aient permis aux Etats Membres de se concentrer sur des aspects particuliers du développement et de dégager une vision et une stratégie communes. Pour sa part, la Thaïlande, qui célèbre cette année le cinquantième anniversaire de l'accession de son roi au trône, commence à mettre en oeuvre son huitième plan quinquennal. Forte d'une population de 60 millions d'habitants, elle considère que le développement humain et social constitue la base du développement national.

La Thaïlande qui a toujours joué un rôle actif en matière de paix et de sécurité internationales et suit de près l'évolution de la situation dans de nombreuses régions du monde, observe avec attention le processus de paix en Bosnie-Herzégovine, les fragiles efforts de paix au Moyen-Orient et les situations instables en Angola, en Haïti et en Slavonie orientale.

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En sa qualité de membre du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et de Coordonnateur du Mouvement des pays non alignés sur cette question, elle appuie l'idée d'un réexamen de la politique d'ensemble des Nations Unies en matière de maintien de la paix. Se félicitant de l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le Ministre a soutenu que la seule façon pratique de sauver le monde d'une catastrophe nucléaire est d'éliminer toutes les armes nucléaires.

Droits de réponse

Le représentant du Burundi, exerçant son droit de réponse, a déclaré que de nombreuses délégations avaient, au cours du débat général, évoqué la situation au Burundi, témoignant ainsi de l'intérêt qu'elles portent à son pays, injustement touché par des sanctions sévères. Il a déploré toutefois que certaines délégations, et notamment le Malawi, ignorent les récents événements survenus et l'évolution politique dans son pays. Il a réaffirmé qu'il n'y avait pas eu de coup d'état le 25 juillet dernier mais qu'il s'agissait d'une véritable action de sauvetage de toute une partie de la population burundaise. Il a rappelé que le régime déchu s'était révélé tout à fait impuissant à régler une situation hautement périlleuse. Par ailleurs, il a précisé que ce régime n'était issu d'aucune élection mais né d'un accord entre les partis burundais, qui depuis lui avait retiré leur appui. Le 25 juillet dernier, des forces vives de la nation ont alors sollicité le nouveau dirigeant du pays pour qu'il accède au pouvoir. Malheureusement les sanctions imposées à son pays depuis lors, ont empêché le nouveau régime de dépêcher des émissaires auprès d'autres pays pour expliquer la situation véritable. Il a indiqué que le Burundi était prêt à accepter toute mission d'enquête afin que la véracité de ses déclarations puisse être pleinement attestée.

Le représentant de Fidji, en réponse à Maurice, a indiqué qu'une commission indépendante avait été nommée pour revoir la question de la constitution et de la représentativité du Parlement. L'un des objectifs est la garantie des droits et la protection des Fidjiens autochtones, qui constituent la majorité de la population et de la préservation des droits des autres ethnies de Fidji. Il a ajouté que cette démarche se fonde sur un souci de démocratie et de respect des peuples autochtones, à la différence de ce qui se passe à Maurice. "La question est une question de droit et non de race" a-t-il ajouté.

Le représentant de la Turquie a exercé son droit de réponse à propos de la déclaration faite par M. Pangalos, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, le 27 septembre 1996. Le représentant de la Turquie a regretté que la Grèce ait pu proféré des accusations à la fois contradictoires et sans fondement. La Grèce devrait avoir une attitude plus constructive et chercher

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à améliorer les relations entre les deux pays. A cet égard, il fait état des affirmations de la Grèce que son espace aérien est toujours violé par la Turquie. Or, ces affirmations du point de vue du droit international, ne sont pas fondées. Les protestations de la Grèce sont arbitraires et reflètent son attitude expansionniste dans la mer Egée. Le désir de la Grèce d'étendre ses eaux territoriales et de contrôler l'espace maritime, aérien et sous-marin international, alors qu'elle possède déjà approximativement 42,5% de la mer Egée, menace la paix dans la région. En ce qui concerne la crise concernant Kardak, c'est encore une fois la Grèce qui a essayé de s'approprier ces îles inhabitées et d'étendre sa souveraineté à des îles situées au delà de celles qui lui ont été cédées par le Traité de Lausanne en 1923 et le Traité de paix de Paris en 1947. Le représentant de la Turquie a fait référence aux propos du Ministre des affaires étrangères de la Grèce qui a dénoncé la destruction du patrimoine culturel et religieux par les turques alors que la Grèce est un pays où 90% des monuments turques ottomans sont abandonnés ou détruits. La Grèce prétend que le problème de Chypre a commencé en 1974 après l'intervention turque pour empêcher la Junte grecque et les chypriotes grecs d'annexer Chypre à la Grèce. Le représentant de la Turquie a rappelé que la raison de l'établissement d'une force des Nations Unies à Chypre depuis 1964 avait été la destruction systématique du partenariat de l'Etat par les chypriotes grecs depuis le début de la fondation de la République de Chypre en 1960. L'intervention turque de 1974 était légitime après le coup d'Etat grec et était basée sur le Traité de garantie de 1960 dont sont parties la Turquie, le Royaume-Uni, la Grèce, la Communauté chypriote turque et la Communauté chypriote grecque.

Le représentant de la Grèce, en réponse à la déclaration de la Turquie, a signalé que les faits parlaient d'eux-mêmes et que la Turquie occupait depuis prêt de 20 ans par la force militaire une partie du territoire de Chypre, Etat indépendant. Par ailleurs, la Turquie continue une politique d'expansion régionale au mépris du droit international.

Le représentant de Chypre a, quant à lui, parlé de véritable occupation par la Turquie. Il a déclaré qu'il s'agit bien d'un problème international, ainsi que l'ont identifié les membres de l'Organisation en inscrivant la question à l'ordre du jour de l'Assemblée générale et en adoptant plusieurs résolutions. Le retrait des troupes d'occupation, le retour des réfugiés, le respect des droits de l'homme de tous les chypriotes et le respect de la souveraineté de Chypre sont autant d'impératifs à réaliser. Il a ajouté que la Turquie a entraîné par la force la division de la population selon des critères ethniques et religieux et qu'il s'agissait là d'un véritable défi pour le Conseil de sécurité qui doit faire respecter ses décisions solennelles. Or, a-t-il soutenu, aujourd'hui pas un seul soldat turc n'a quitté le sol de Chypre. C'est en évoquant le Traité des garanties que la Turquie justifie ses actes, or ce traité ne lui accorde aucunement le droit de recourir à la force.

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Le représentant de la Turquie, en réponse à la délégation chypriote, a indiqué que les autorités de Chypre nord répondraient par écrit aux allégations de Chypre. Par ailleurs, s'adressant à nouveau à la Grèce, il a déclaré que le régime militaire de la Grèce avait imposé sa Junte, et son lot d'atteintes aux droits de l'homme, aux peuples chypriotes et turcs.

Le représentant de Chypre a reconfirmé ses propos par lesquels il affirme que la Turquie est comme un criminel qui tente d'utiliser une marionnette pour parler en son nom.

Le représentant de la Grèce a ajouté que depuis juillet 1974, les résolutions successives du Conseil de sécurité appellent au retrait des troupes d'invasion turques et que malheureusement la Turquie continue de ne tenir aucun compte de ces décisions du Conseil de sécurité.

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