AG/557

L'AZERBAIDJAN SE DECLARE PRETE A ENTAMER DES NEGOCIATIONS DE PAIX AVEC L'ARMENIE

8 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/557


L'AZERBAIDJAN SE DECLARE PRETE A ENTAMER DES NEGOCIATIONS DE PAIX AVEC L'ARMENIE

19961008 MATIN AG/557 Le Cambodge appelle à la démocratisation des relations économiques internationales.

La plénière de l'Assemblée générale a poursuivi, ce matin, son débat général en entendant l'allocution du Chef de la délégation de l'Azerbaïdjan, M. Eldar Kouliev, qui a déclaré que, malgré l'agression dont son pays continue d'être victime de la part de République d'Arménie, l'Azerbaïdjan continue d'envisager des négociations de paix dans le cadre du processus de Minsk de l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) et a demandé une application inconditionnelle et immédiate des résolutions du Conseil de sécurité et des décisions de l'OSCE.

De son côté, M. Ung Huot, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a indiqué que l'établissement d'un régime de droit et la mise en place d'un marché assurant les besoins de la population ont permis la demande d'adhésion de son pays à l'ANASE, à partir de juillet 1997. Il a appelé à la démocratisation des relations économiques internationales et a demandé que l'Organisation des Nations Unies place la coopération en matière de développement au centre de ses missions.

L'Assemblée générale a également entendu la déclaration de M. Roble Olhaye, Chef de la délégation de Djibouti, qui a insisté sur le problème de la pauvreté qui touche tout particulièrement l'Afrique et la nécessité du soutien économique de la communauté internationale. Le Ministre s'est inquiété de la détérioration alarmante du processus de paix au Moyen-Orient et a invité les parties à le poursuivre dans le cadre de la Conférence de Madrid et conformément à l'esprit des résolutions du Conseil de sécurité.

De son côté, le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, M.Abdus Samad Azad, a estimé que la paix n'est pas seulement l'absence de guerre, mais le second visage du développement. Il a déclaré que les Nations Unies devaient "s'adapter ou périr" et il a proposé notamment que les économies réalisées soient réinvesties dans des programmes de développement.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/557 8 octobre 1996

Pour sa part, M. Said Omar Said Ahmed, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et du commerce extérieur des Comores, rappelant l'invasion de son pays en septembre 1995 par des mercenaires, a exhorté la communauté internationale à faire cesser ces pratiques d'un autre âge et à accorder une assistance économique spéciale à son pays.

Dans sa déclaration, M. David Orrukem, Représentant permanent des Palaos, s'est félicité de la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qui donne aux citoyens des Palaos et des autres pays l'espoir qu'un jour le monde sera débarrassé de ces armes dangereuses et de la menace qu'elles font peser sur le monde et l'environnement.

M. Casimir Oye Mba, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a pour sa part appelé la communauté internationale à imaginer des solutions nouvelles pour le traitement de la dette, sa conversion et son recyclage en faveur du développement économique et social.

L'Assemblée générale reprendra son débat général cet après-midi, à partir de 15 heures, au cours d'une séance où elle devrait entendre les interventions d'Haïti, du Tchad, des Maldives, de la Grenade, du Cameroun et du Lesotho.

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Suite du débat général

M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a salué la persévérance du Secrétaire général et ses réalisations, et a rappelé que sa délégation, en accord avec la décision et la recommandation de la Ligue des Etats arabes et de l'Organisation de l'unité africaine, soutient la candidature de M. Boutros Boutros-Ghali à sa réélection pour un nouveau mandat qui lui permettra d'atteindre les objectifs de sa mission. En ce qui concerne l'Organisation elle-même, il a déclaré qu'une réforme était nécessaire et qu'il fallait notamment augmenter le nombre des membres du Conseil de sécurité suivant des critères équitables qui ne soient pas fondés sur l'importance de l'économie et de la population des pays.

Le Représentant a évoqué le problème de la pauvreté qui touche les 3/5 de la population mondiale et oblige des milliers de personnes à émigrer. Ce marasme est particulièrement frappant en Afrique où, malgré les efforts de réforme et d'ajustements structurels, 50% de la population vit dans la pauvreté. L'Afrique a besoin de l'aide de la communauté internationale et M. Olhaye a demandé que cette aide soit mise en place rapidement. Il s'est félicité de l'approbation, la semaine dernière, par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale d'un plan visant à réduire le poids de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés et dont la plupart se trouvent en Afrique. Le Sommet mondial de l'alimentation qui se tiendra le mois prochain à Rome et la désignation de l'année 1997 comme l'Année internationale pour la lutte contre la pauvreté, devraient donner l'occasion à la communauté internationale d'adopter des mesures pour atténuer les dures réalités de la pauvreté.

M. Olhaye s'est inquiété des conséquences néfastes de l'instabilité économique et politique de trop nombreux pays qui favorise l'accession au pouvoir de dirigeants peu scrupuleux, et la multiplication des conflits qui s'accompagnent de pertes de vies humaines, de violations des droits de l'homme et de nettoyages ethniques. Le Représentant est notamment préoccupé par la situation des Etats de la région des grands lacs, du Rwanda et du Burundi où l'ordre constitutionnel doit être restauré ainsi qu'en Somalie. Les conflits ont aussi eu un effet économique et social dévastateur dans les pays de la Corne de l'Afrique et Djibouti appelle tous ces pays à coopérer afin de résoudre les problèmes communs de la pauvreté et du sous-développement dans le cadre de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (AIGD). Djibouti demande également le soutien financier de la communauté internationale afin de l'aider dans ses efforts de restructuration économique et institutionnelle.

En ce qui concerne la situation au Moyen-Orient, le Représentant a regretté la reprise de la violence dans les territoires occupés par Israël et de la détérioration alarmante du processus de paix. Israël, a-t-il déclaré, poursuit une politique contraire aux principes d'Oslo, à l'Accord de paix de Washington et aux résolutions des Nations Unies.

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M. Olhaye a rappelé l'appel urgent lancé par la Conférence du Sommet arabe qui s'est tenue au Caire en juin dernier afin qu'Israël poursuive le processus de paix dans le cadre de la Conférence de Madrid et dans l'esprit des résolutions 242, 338 et 425.

En ce qui concerne les mines antipersonnel, le Représentant a déclaré qu'il fallait que la communauté internationale impose un moratoire ou une interdiction totale sur leur fabrication et leur utilisation. Il s'est félicité de la signature du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires qui est un premier pas vers l'élimination totale des armes de destruction massive.

M. ABDUS SAMAD AZAD, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a souligné que la politique étrangère de son pays est fondée sur les principes de coexistence pacifique et d'amitié car, a-t-il observé, seul un environnement pacifique peut permettre au Bangladesh de concentrer ses énergies et ses ressources à combattre les fléaux que sont la pauvreté, la faim, les maladies, l'analphabétisme et le chômage. Le Bangladesh attache une importance particulière aux relations de bon voisinage avec les pays de la région. Toutefois, le pays n'est pas à l'abri de problèmes, et c'est ainsi que mon pays a repris les négociations bilatérales avec l'Inde pour résoudre le problème du partage des eaux du Gange de façon amicale et équitable, a indiqué le Ministre. Les ressources en eau jouent un rôle important dans le développement socio-économique d'un pays. Il a indiqué que, selon un document du Comité des ressources naturelles de l'ECOSOC, d'ici à l'an 2025, 52 pays, soit une population totale de plus de 3 milliards de personnes, seront confrontés à une pénurie chronique d'eau. Ce problème n'est pas nouveau, mais il doit faire l'objet d'un examen sérieux de la part de la communauté internationale.

M. Azad a indiqué que son pays mettra en oeuvre un programme de réformes qui insistera sur l'allégement de la pauvreté, la croissance économique et la justice sociale. La démocratie est un objectif louable et souhaitable, mais elle ne constitue pas une panacée. Il a estimé que la paix n'est pas seulement l'absence de guerre; elle est le second visage du développement. Les questions politiques, économiques et sociales sont inextricablement liées. Les Nations Unies peuvent jouer un rôle important dans la définition de stratégies macro-économiques, grâce à une ECOSOC revitalisée, a souligné M. Azad. Il faut une meilleure coordination entre les institutions de Bretton Woods et l'ONU. Le fossé entre le Nord et le Sud se creuse davantage et à une vitesse inquiétante. En 1890, la richesse d'un Européen était deux fois supérieure à celle d'un Sud-Asiatique. Elle est de 70 fois supérieure aujourd'hui. Il faut adopter des mesures spécifiques et concrètes, en matière d'allégement de la dette. Il s'est félicité des propositions visant à lever les barrières sur les produits des pays les moins avancés. Le problème des pays en développement concerne le monde entier, a-t-il affirmé.

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Il a déclaré que les Nations Unies demeurent la cheville ouvrière indispensable de tout ordre international. Elles doivent toutefois, comme toutes les organisations, "s'adapter ou périr". Les domaines de responsabilité de l'ONU doivent couvrir clairement les problèmes entre Etats, notamment ceux qui ont des conséquences mondiales ou un caractère endémique. Il a souhaité voir une Organisation plus rationalisée, ouverte et responsable. Dans cet ordre d'idées, tout réforme du Conseil de sécurité devra viser à en faire un organe efficace et dynamique.

Sur la crise financière de l'ONU, M. Azab a indiqué que la Cinquième Commission et le CCQAB s'intéressent de près aux propositions du G7, faites à Lyon cette année au sujet de la réforme financière de l'ONU. Il a proposé que les économies réalisées soient réinvesties dans des programmes de développement. Rappelant qu'un désarmement général et complet est un principe fondamental de la politique de son pays, le représentant a affirmé que les armes nucléaires devraient être déclarées hors-la-loi. Il a rappelé que son pays joue un rôle important dans les opérations de maintien de la paix. Il a souhaité que les Accords de Dayton soient appliqués dans leur intégralité. Il a réaffirmé l'engagement et le soutien de son pays à la cause arabe et palestinienne.

M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan) a affirmé que son pays poursuit les réformes démocratiques afin de garantir les conditions d'un meilleur développement des personnes et de la société. Toutefois, il éprouve de grandes difficultés du fait de l'agression dont il est victime de la part de la République d'Arménie, qui continue d'occuper quelque 20% de son territoire, où elle pratique le nettoyage ethnique. L'Azerbaïdjan compte aujourd'hui plus d'un million de réfugiés ou de personnes déplacées, chiffre catastrophique dans un pays de 7,5 millions d'habitants. Pourtant, a affirmé le représentant, nous continuons d'envisager des négociations de paix dans le cadre du processus de Minsk de l'OSCE, et l'Azerbaïdjan a donné son accord à un cessez-le-feu qui tient depuis deux ans. M. Kouliev a réaffirmé la position de son gouvernement qui consiste en une application inconditionnelle et immédiate des résolutions du Conseil de sécurité et des décisions de l'OSCE. Il a rappelé que les éléments qui permettraient de parvenir à un accord général étaient à son avis les principes fondamentaux de règlement des conflits dans la zone de l'OSCE, qui seront adoptés lors du prochain Sommet de Lisbonne de l'OSCE.

Le représentant a souhaité que la réforme du Conseil de sécurité permette à cet organe de maintenir, voire de renforcer sa capacité de faire face aux défis lancés à la paix et à la sécurité internationales. Il a soutenu la candidature de l'Allemagne et du Japon à des sièges permanents, tout en rappelant la nécessité de tenir compte d'une représentation équitable de toutes les régions du monde. Il a souhaité que les propositions de l'Italie ou d'autres Etats soient étudiées attentivement.

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M. Kouliev s'est prononcé pour l'intégration mondiale des économies, a fait état des réformes entreprises en ce sens par son pays et appelé les investisseurs étrangers à venir en Azerbaïdjan. Il s'est prononcé pour l'assainissement financier de l'Organisation et a souhaité des quotes-parts justes qui reflètent réellement les capacités contributives des Etats Membres. Il a aussi insisté sur la nécessité d'une représentation équitable des nouveaux Etats indépendants au sein du Secrétariat et a jugé inadmissible que son pays n'y soit pas représenté.

M. UNG HUOT, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Cambodge, a évoqué le cinquième anniversaire de la signature de l'Accord de paix dans son pays, le 23 octobre prochain, et a souligné combien tout processus de reconstruction de la paix était complexe et multiple et demandait une approche globale. C'est grâce à une telle approche que le Cambodge a recouvré à la fois la stabilité politique et la croissance économique et qu'il a pu signer un certain nombre de Conventions des Nations Unies, en particulier celles sur la biodiversité et la désertification. Le Ministre a souligné l'importance de la sécurité qui, a-t-il insisté, est la condition préalable au développement. C'est la raison pour laquelle le Cambodge s'est attaché à résoudre le problème des Khmers rouges en s'efforçant d'abord de les réintégrer au tissu national dans le cadre d'une politique de développement rural à long terme. Il a distingué dans la garantie des droits de l'homme un autre aspect de la reconstruction de la paix, d'autant qu'elle ouvre la voie aux droits politiques et au libre exercice du choix politique. A cet égard, il s'est félicité du soutien apporté au Cambodge par les Nations Unies et son représentant spécial M. Hammarberg et a indiqué que son pays organiserait des élections locales et nationales en 1997 et en 1998. L'établissement d'un régime de droit et la mise en place d'un marché assurant les besoins de la population ont motivé la demande d'adhésion du Cambodge à l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), à partir de juillet 1997. Il a ajouté que l'instance qu'offre l'ANASE pouvait être considérée comme une première étape dans la mise en oeuvre de la diplomatie préventive, tout comme la signature du Traité instaurant l'Asie du Sud-Est comme zone exempte d'armes nucléaires. L'enjeu véritable reste toutefois l'interdiction complète et l'élimination des armes nucléaires ainsi que la destruction des mines terrestres antipersonnel, dont son pays a tant souffert.

M. Huot a souligné la nécessité pour la communauté internationale de lutter contre la criminalité et le trafic des drogues. Il a indiqué que le Cambodge est l'une des victimes les plus flagrantes de ce trafic illicite et a remercié les Etats-Unis du soutien apporté à la construction d'un système légal, technique et financier de lutte contre ce fléau.

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Se félicitant des résultats escomptés des grandes conférences organisées ces dernières années par les Nations Unies, le Ministre a mis l'accent sur la nécessité de réduire le fossé entre pays riches et pays pauvres. Ce fossé est une conséquence directe de la nature, de l'organisation et de la santé de l'économie mondiale qu'engendre une grande instabilité dans les pays les moins avancés, a-t-il observé. Ces pays deviennent ainsi vulnérables aux facteurs extérieurs. Il revient aux Nations Unies de trouver les moyens de redresser une telle situation, déjà fort critique pour beaucoup de pays de la communauté internationale. C'est la raison pour laquelle le Cambodge appelle à la démocratisation des relations économiques internationales, a déclaré le Ministre, tout en demandant aux Nations Unies d'accorder davantage de coopération à leurs missions de développement. Pour se faire, l'ONU pourrait accroître le rôle de la CNUCED et de l'ONUDI, en leur confiant notamment des études sur les tendances et les problèmes de l'économie mondiale. Il a évoqué la crise financière de l'Organisation et a appelé à une réforme équitable et juste, prenant plus en considération les priorités des pays en développement.

M. SAID OMAR SAID AHMED, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et du commerce extérieur des Comores, après avoir recommandé la candidature de M. Boutros-Ghali pour un second mandat, a estimé que la réforme du Conseil de sécurité s'impose comme une nécessité impérieuse afin qu'il soit, à l'avenir, conforme aux principes de l'égalité souveraine des Etats. A ce sujet, la proposition italienne présente des avantages concrets en ce qui concerne la possibilité d'accès au Conseil pour les moyens et les petits Etats. A l'aube du troisième millénaire, l'ONU demeure l'unique recours pour l'équilibre et l'émancipation des peuples ainsi que pour l'élimination de la pauvreté", a déclaré M. Ahmed. Faisant observer que la recrudescence des hostilités au Moyen-Orient ces derniers jours résultait de l'accumulation des provocations des nouvelles autorités israéliennes, le Ministre a indiqué que son pays appuie la reprise du processus de paix au Moyen-Orient qui doit nécessairement passer par le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés, du Golan et du Sud-Liban; quant à la fermeture du tunnel sous la mosquée d'Al quods, elle reste une condition sine qua non pour faire baisser la tension et arrêter la violence.

Le Ministre a par ailleurs lancé un appel à l'Iraq pour qu'il recherche les solutions pouvant garantir la paix et la sécurité de ses voisins notamment en respectant l'indépendance et l'intégrité territoriale du Koweit. Le Ministre a en outre rappelé que l'occupation des îles de la Thomb et d'Abou Moussa par l'Iran représentait également une source de tension dans cette partie du monde. Préoccupé par l'embargo imposé aux peuples libyen et iraquien, M. Ahmed a invité l'Organisation à rechercher les voies et moyens devant permettre aux parties concernées d'entamer un dialogue en vue d'atténuer les souffrances des populations civiles de ces pays. Il a également préconisé un retour à l'ordre constitutionnel et à la légalité républicaine pour apaiser la tension et favoriser le dialogue entre tous les Burundais.

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Le Ministre a estimé que les récents accords d'Abuja sur le Libéria laissent entrevoir une lueur d'espoir de paix à condition que toutes les factions observent le cessez-le-feu en vigueur et participent au désarmement et à la démobilisation des troupes. M. Ahmed a encouragé l'initiative du Gouvernement de la Sierra Leone et du Front uni révolutionnaire qui se sont engagés dans la voie de la négociation en vue de mettre fin à la guerre tragique et fratricide que connaît ce pays. Il a déploré la situation qui prévaut en Somalie et considère qu'elle dénote l'incapacité de la communauté internationale de trouver une issue au drame que vit ce pays. Quant à la question du Sahara occidental, elle nécessite, à son avis, un examen approfondi de la part de l'Organisation, car il s'agit de sauvegarder l'unité et l'intégralité territoriale du Maroc.

Constatant que l'histoire de son pays est caractérisée ces dernières années par une série de tragédies, le Ministre a évoqué les derniers événements dramatiques qu'ont connus les Comores au mois de septembre 1995, à la suite de l'invasion du pays par des mercenaires. Le peuple comorien qui a trop souffert des manoeuvres de déstabilisation à répétition, fomentées depuis l'extérieur, en appelle à la communauté internationale pour que ces pratiques d'un autre âge cessent partout dans le monde. Le Ministre a rendu hommage à la France, à l'OUA et à l'ONU pour leur rôle respectif dans le dénouement de l'affaire. Soulignant que le Chef de l'Etat nouvellement élu a hérité d'une situation catastrophique, M. Ahmed a indiqué que le Président Taki, fort de la légitimité populaire, a en six mois posé les grandes lignes de ses réformes politiques, économiques et sociales. Il a précisé que dans ce cadre, son pays organisera en décembre prochain une Conférence internationale pour réunir les fonds nécessaires au financement d'une éducation à la mesure de l'attente de la jeunesse comorienne. Le Ministre a lancé un appel solennel à la communauté internationale pour qu'elle accorde une assistance économique spéciale à la son pays.

Evoquant la question de l'île comorienne de Mayotte, qui figure à l'ordre du jour de la présente session, il a indiqué qu'il ne manquera pas le moment venu de communiquer à l'Assemblée générale des informations sur son évolution et l'espoir de son dénouement né du changement démocratique intervenu au Comores depuis six mois.

M. DAVID ORRUKEM (Palaos) a observé que son pays, en adoptant sa constitution en 1978, s'était engagé le premier à demeurer un pays sans armes nucléaires. Il a remercié les pays signataires du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Ce Traité permettra de prévenir le développement d'autres armes nucléaires plus dangereuses, d'empêcher des pays d'obtenir des armes nucléaires existantes et de rendre le monde plus sûr. Le fait que les cinq puissances nucléaires reconnues - les Etats-Unis, la Chine, la France, la Fédération de Russie et le Royaume-Uni-, aient accepté d'être liées par les termes du Traité donne aux citoyens des Palaos et des autres pays l'espoir qu'un jour le monde sera débarrassé de ces armes de destruction et de la menace qu'elles font peser sur le monde et l'environnement, a-t-il déclaré.

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Le représentant a indiqué que la question de la protection de l'environnement afin de parvenir à un développement économique durable est cruciale pour un petit Etat insulaire comme les Palaos. Il s'est déclaré heureux de voir affirmé et reconnu le fait que les être humains sont au centre du développement durable et qu'ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature. Toutefois, pour que cette affirmation devienne réalité, des actions doivent être prises à tous les niveaux de l'Etat et au niveau international. Les pays en développement, en particulier les petits Etats insulaires, doivent disposer des ressources nécessaires pour mettre en oeuvre les décisions et recommandations des Conférences des Nations Unies qui ont eu lieu sur le thème du développement durable.

Les Palaos accordent une grande importance à leur appartenance aux Nations Unies, a déclaré le délégué. Le rôle le plus important des Nations Unies est de fournir un forum aux nations grandes et petites pour débattre, discuter et trouver un accord sur le meilleur moyen de résoudre les problèmes économiques, sociaux, culturels ou humanitaires. Le défi pour nous tous est de communiquer pour découvrir ces solutions, a-t-il poursuivi. Les Nations Unies fournissent clairement le forum pour un tel dialogue et pour de telles découvertes. Un plus grand nombre de voix invitées à participer à ces discussions ne peut que conduire à de meilleures solutions étant donné la diversité des problèmes auxquels le monde doit faire face.

M. CASIMIR OYE MBA, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a réaffirmé le soutien de son gouvernement au Secrétaire général. C'est un digne fils de l'Afrique, qui a fait honneur à notre Organisation. Comme tous les Etats-Membres de l'Organisation de l'unité africaine l'ont proposé lors du Sommet de Yaoudé, le Gabon souhaite que M. Boutros Boutros-Ghali poursuive son oeuvre.

M. Oye Mba a déclaré que la réforme de l'ONU doit s'inscrire dans le cadre du nouvel ordre international émergeant de l'égalité souveraine des nations. Le nombre de membres permanents du Conseil de sécurité devrait augmenter, sans pour autant transformer celui-ci en organe pléthorique difficile à manier. L'Afrique devrait se voir attribuer au moins un siège permanent, qui devrait être occupé à tour de rôle par tous les pays africains selon des modalités à déterminer. Le ministre s'est prononcé pour la mise en place d'un système international rénové, capable de préserver le monde des conflits, de combattre le sous-développement, de préserver l'environnement et de lutter à l'échelle mondiale contre les pandémies comme le sida ou le paludisme; donc d'aider puissamment à juguler les entraves à l'harmonie et au développement d'un monde riche de sa diversité. Il est temps de nous accorder pour redonner à l'ONU le souffle politique et les moyens qui lui font encore défaut, a ajouté M. Oye Mba.

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Le ministre a déclaré que la paix passe par le dialogue et la création d'une culture de paix. Il a rappelé le rôle de médiateur joué par le Gabon dans les conflits du Tchad et de l'Angola et a demandé la reprise du dialogue dans d'autres régions d'Afrique ou du monde. Toutefois, le dialogue ne suffit pas. D'autres initiatives salutaires sont nécessaires, parmi lesquelles le désarmement et la dénucléarisation. Le Gabon se réjouit de la prolongation indéfinie, l'an passé, du Traité de non-prolifération et de la signature de l'Accord de Pelindaba sur la dénucléarisation de l'Afrique. Il approuve chaleureusement le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Je l'ai signé hier au nom de mon pays, a déclaré le ministre, qui a également insisté sur le rôle de la diplomatie préventive.

Le développement est consubstantiel à la paix, a poursuivi M. Oye Mba. Il a estimé que les profondes mutations qui affectent les relations économiques et financières internationales sont loin d'être bénéfiques à l'Afrique et a fait observer que l'aide au développement, qui diminue en termes réels depuis 1991, se concentre désormais sur une vingtaine de pays et évite le continent noir. Quant aux salutaires programmes d'ajustement structurel, ils imposent d'énormes sacrifices aux populations, alors que les Etats ont aussi le devoir d'intégrer les besoins sociaux dans leurs réformes. Le ministre a souhaité que la récente Initiative spéciale des Nations Unies pour l'Afrique puisse mettre à contribution l'ensemble du système. Il a appelé la communauté internationale à imaginer des solutions nouvelles pour le traitement de la dette, sa conversion et son recyclage en faveur du développement économique et social. Rappelant les efforts d'intégration économique régionale de l'Afrique, il a proposé de changer, à l'orée du XXIème siècle la formule latine "Si tu veux la paix, prépare la guerre" en "Si tu veux la paix, prépare le développement".

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