AG/555

L'AFGHANISTAN DEPLORE LA LONGUE INDIFFERENCE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ET L'EXHORTE A S'ABSTENIR DE TOUTES RELATIONS AVEC LES TALIBAN

7 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/555


L'AFGHANISTAN DEPLORE LA LONGUE INDIFFERENCE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ET L'EXHORTE A S'ABSTENIR DE TOUTES RELATIONS AVEC LES TALIBAN

19961007 APRES-MIDI AG/555 L'Erythrée déplore que le Soudan continue d'entretenir la subversion et le terrorisme dans la Corne de l'Afrique

Poursuivant cet après-midi son débat général, au titre des travaux de sa cinquante et unième session, l'Assemblée générale a entendu l'allocution du Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, M. Abdul Rahim Ghafoorzai qui a déploré la récente invasion de Kaboul par les Taliban qu'il a attribuée à une nouvelle ingérence étrangère. Il s'est déclaré profondément déçu par ce que l'ONU n'ait pas répondu aux appels répétés de son pays en faveur de l'envoi d'une mission d'enquête. Il a demandé à la communauté internationale de ne pas chercher à établir de relations avec les Taliban, préconisant en revanche la conclusion d'un cessez-le-feu immédiat et l'ouverture de négociations entre toutes les parties afghanes.

Le Chef de la délégation de l'Erythrée, M. Amdemicael Kahsai, préoccupé par la situation dans la Corne de l'Afrique, a déploré les actes de subversion et de terrorisme soutenus par le Soudan et a regretté que des acteurs extérieurs cherchent depuis peu à profiter du vide qui existe en Somalie. Evoquant le conflit de l'archipel d'Hanish-Zuquar, il a indiqué que son pays et le Yémen ont conclu le 3 octobre un accord d'arbitrage.

M. Eriya Kategaya, Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, s'est élevé contre l'accroissement des pratiques malhonnêtes et des conflits en matière de commerce international. Il a exprimé l'espoir que la première Conférence ministérielle de l'OMC qui se tiendra en décembre 1996 à Singapour recommandera des mesures précises pour mettre fin d'ici deux ans aux déséquilibres actuels.

Le Ministre du travail, des communications et de l'information de la Gambie, M. Ebrima Ceesay, s'est déclaré préoccupé par la situation au Burundi et a indiqué qu'il était de la responsabilité collective d'y mettre fin. Il a indiqué que la réussite de toute coopération internationale dépend de la prise en compte des priorités des pays en développement.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/555 7 octobre 1996

Le Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, M. Alpian Allen, a proposé d'organiser une nouvelle conférence qui s'attaquerait aux racines mêmes du terrorisme. Il s'est, par ailleurs, prononcé clairement en faveur d'une réintégration de la République de Chine au sein des Nations Unies.

Le Chef de la délégation d'Antigua-et-Barbuda, M. Patrick Albert Lewis, a attiré l'attention sur les conséquences des catastrophes naturelles dans les petits Etats insulaires, liant celles-ci au phénomène de réchauffement de la planète. Il a préconisé un renforcement de la protection de l'industrie de la banane, faute de quoi certains petits Etats insulaires s'effondreront.

En fin de séance, l'Ethiopie et le Soudan ont exercé leur droit de réponse.

En début de réunion, le Président de l'Assemblée générale a indiqué que la question intitulée "Election de dix-huit membres du Conseil économique et social" sera examinée dans la matinée du mardi 31 octobre.

Le Bureau de l'Assemblée générale se réunira demain, mardi 8 octobre, à 9 heures 15, pour examiner l'inscription d'une question additionnelle intitulée "Octroi du statut d'observateur à l'Autorité internationale des fonds marins".

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura également lieu demain, à 10 heures, l'Assemblée générale poursuivra son débat général. Elle devrait entendre les interventions de Djibouti, du Bangladesh, de l'Azerbaïdjan, du Cambodge, des Comores, des Palaos et du Gabon.

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Suite du débat général

M. AMDEMICAEL KAHSAI, Chef de la délégation de l'Erythrée, a observé que deux tendances dichotomiques caractérisent la situation dans la corne de l'Afrique: d'un côté, de véritables efforts de la part des pays de la région sont faits pour promouvoir la coopération régionale, en revitalisant notamment l'Autorité intergouvernementale pour le développement; de l'autre, de graves conflits internes se poursuivent et font couler davantage de sang. L'Erythrée, qui a vécu une longue guerre, aspire à la paix en dépit de la menace que constituent les actes hostiles et non provoqués du régime du Front national islamique du Soudan qui ont commencé peu après son accession au pouvoir, en 1989. Le Ministre a souligné que ces actes de subversion et de terrorisme, soutenus par le Soudan, ne visent pas seulement l'Erythrée, mais ont pour objectif de déstabiliser ses voisins et d'exporter son expansionnisme au moyen de la subversion et de la violence. Les appels du Gouvernement érythréen à la modération sont non seulement restés sans réponse, mais ont donné lieu à une campagne de terreur et de subversion sans précédent. Il a exprimé sa préoccupation face au problème des réfugiés érythréens encore détenus au Soudan et dont les rapports avec les populations locales font l'objet de manipulation de la part des autorités de Khartoum. Et lorsque une telle politique n'est pas bénéfique, le régime emprisonne arbitrairement, torture et expulse les réfugiés après avoir confisqué leurs biens.

Un autre aspect des tensions dans la région reste le conflit avec le Yémen. Le Gouvernement de l'Erythrée qui a fait appel à l'arbitrage international pour résoudre le conflit qui dure depuis décembre dernier à propos de l'archipel Hanish-Zuquar, a rapidement accepté les initiatives de médiation des Gouvernements de l'Ethiopie et de l'Egypte puis, plus tard, celles du Secrétaire général de l'ONU et de la France. Le gouvernement a pris toutes ces décisions en dépit des accusations mensongères et de l'attitude irresponsable des autorités yéménites visant à aggraver la situation. Finalement, les parties sont parvenues à signer le 26 mai 1996 à Paris un accord de principes, par lequel elles expriment leur désir de résoudre le conflit en s'en remettant à une cour d'arbitrage. Pour ce faire, l'Erythrée et le Yémen ont conclu le 3 octobre dernier à Paris un accord intérimaire qui permettra à la Cour d'arbitrage de commencer ses travaux au début de l'année 1997.

M. Kahsai a estimé que la communauté internationale ne peut se désintéresser du sort de la Somalie. Regrettant l'absence d'initiatives régionales et internationales pour mettre un terme au conflit, le Ministre a indiqué que certaines informations font état de l'implication, ces jours derniers, d'acteurs extérieurs qui cherchent à exploiter le vide existant pour promouvoir leur agenda personnel. Il semble que la Somalie devienne un terrain fertile pour des groupes extrémistes. Le Ministre a exhorté les pays de la région à déployer de nouveaux efforts pour s'opposer à cette évolution de la situation et défendre aussi bien les Somaliens que la paix et la stabilité régionales. Abordant la situation au Moyen-Orient, M. Kahsai a invité instamment Israéliens et Palestiniens à poursuivre dans la voie du dialogue et à négocier en vue de l'instauration d'une paix durable.

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M. ABDUL RAHIM GHAFOORZAI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, a déclaré que le traumatisme afghan infligé par des forces étrangères continuait d'avoir des conséquences désastreuses sur le pays - Alors que pour le monde cela n'est peut-être qu'une autre région de conflit, pour le peuple afghan, cela signifie, agonie, peine, pertes en vies humaines et un avenir imprévisible. Il a rappelé que l'un des premiers actes des Taliban lors de la prise de Kaboul a été d'attaquer le siège des Nations Unies, en violation de toutes les règles du droit international. Il a qualifié les Taliban de force qui menace de ramener l'Afghanistan au moyen-age. Il a expliqué qu'il s'agissait d'une organisation soutenue par l'étranger et dont les rapports avec l'industrie de la drogue sont connus des médias, des Etats-Unis et des Nations Unies. Les Taliban, a-t-il poursuivi, sont habités par une haine dont la terreur à Kaboul est une illustration sans précédent. Il s'agit de mercenaires et la persistance de la crise en Afghanistan est due, une fois de plus, à l'ingérence étrangère dans le pays. Il a rappelé que l'Assemblée générale avait adopté le 21 décembre 1995 une résolution condamnant le financement, le soutien et l'utilisation de forces mercenaires et que la Charte des Nations Unies établit comme principe la non-ingérence, la non-intervention et le respect de l'intégrité territoriale d'un Etat. C'est pourquoi sa déception est encore plus grande à l'idée que les appels répétés de son pays auprès de l'Organisation, pour qu'elle envoie une mission d'enquête, soient restés, à ce jour, sans réponse. Le Vice- Ministre a fait état de témoignages indiquant que les Taliban avaient fait usage d'armes de type chimique. Son pays est donc convaincu que ces armes chimiques ou ces gaz interdits par la communauté internationale ont été fournis aux Taliban par l'étranger. Il a insisté à nouveau sur la nécessité pour les Etats Membres de l'Organisation de dépêcher une mission d'enquête en Afghanistan. Il ne faut pas oublier par ailleurs que les Taliban se sont toujours opposés au processus de paix défini par les Nations Unies. il a indiqué que malgré les lettres par lesquelles le Gouvernement afghan a régulièrement informé l'Organisation des exactions des Taliban, la réaction des Nations Unies n'a pas été appropriée et les Taliban ont pu continuer à agir contrairement à l'esprit de toutes les décisions et résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Aujourd'hui, il est temps de situer les responsables de la tragédie afghane, à moins que l'indifférence actuelle ne signifie que le sang afghan n'a aucune valeur.

Il a assuré l'Assemblée générale que le Gouvernement afghan, qui depuis l'invasion de Kaboul, a établi son siège à Taloqan, reste déterminé à rechercher un règlement du conflit par la négociation, ainsi que le principe en est établi au paragraphe 4 de la résolution du 19 décembre 1995. Toutefois, il a précisé que la résistance s'organisait et que bientôt la communauté internationale aura connaissance des soulèvements. Il a demandé à la communauté internationale de ne pas chercher à établir des relations avec les Taliban car cela signifierait pour lui un début de reconnaissance et de tolérance. A son avis la solution au problème passe par un cessez-le-feu immédiat et par l'ouverture de négociations entre toutes les parties afghanes,

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sous les auspices des Nations unies et de l'Organisation de la Conférence islamique. Ces négociations devraient déboucher sur la création d'un gouvernement de transition d'unité nationale et l'apparition d'une autorité politique crédible. Il a indiqué qu'il s'agirait ensuite de consolider le processus politique par des élections ou la réunion d'une grande assemblée traditionnelle. Le rétablissement de la paix et de la sécurité passe par la création des conditions de droit et de démocratie car seul un gouvernement d'unité nationale de transition, recueillant l'agrément de toutes les parties de la société afghane, pourrait assurer l'unité nationale et procéder à la reconstruction du pays. Il a appelé au soutien de l'ensemble de la communauté internationale et a réaffirmé le principe d'égalité des Etats souverains inscrit dans la Charte des Nations Unies.

M. ERIYA KATEGAYA, Premier Vice-Premier ministre et Ministre des Affaires étrangères de l'Ouganda, a observé que la libéralisation et la globalisation de l'économie mondiale offrent des opportunités mais que toutefois celles-ci posent de nouveaux défis pour les nations à l'intérieur des nations. Ces phénomènes jumeaux ont accru la marginalisation de régions, en particulier l'Afrique subsaharienne. Il s'est élevé contre l'accroissement des pratiques commerciales déloyales ainsi que les conflits au plan du commerce international. Les pays en développement sont poussés à ouvrir leur marché soi-disant pour favoriser le libre-échange et la compétition alors que, dans le même temps, les pays développés pratiquent le contrôle des échanges et limitent l'accès de leurs marchés à certains produits d'exportation. Cette contradiction n'est pas saine pour l'économie mondiale, a observé le Ministre qui a toutefois constaté que la création, en 1994, de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en tant que gardien et garant d'un système réglementé de commerce multilatéral, est un développement positif. C'est pourquoi nous accueillons positivement la tenue de la première Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce qui se tiendra en décembre 1996 à Singapour. La Conférence devrait à, notre avis, donner des indications précises à l'OMC sur les mesures à prendre dans les deux années à venir pour redresser les déséquilibres actuelles dans le système commercial international, lesquels s'opposent aux intérêts de nombreux pays, en particulier les pays les moins avancés. C'est la raison pour laquelle nous pensons que la Conférence de l'OMC devra accorder la priorité à l'examen exhaustif des moyens de mettre en oeuvre les accords du cycle de l'Uruguay, dans le but d'adopter des mesures en faveur des pays les moins avancés.

M. Kategaya, au plan de la coopération régionale en faveur du développement, a indiqué que son pays avait activement participé à la relance de la coopération de l'Afrique de l'Est, dans le renforcement du Marché commun des Etats d'Afrique de l'Est et du Sud et dans l'intensification des efforts destinés à rendre opérationnel le Traité établissant la Communauté économique africaine. L'amélioration de la coopération subrégionale et régionale est un élément déterminant dans la réalisation d'une coopération Sud-Sud et de la coopération internationale pour le développement. Il a proposé que, dans le cadre des efforts destinés à renforcer encore la coopération en Afrique, soit passé un accord de coopération entre la coopération de l'Afrique et les Nations Unies.

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Du problème de la dette et des contraintes que font peser le service de celle-ci, le Ministre a noté que celle-ci continue de faire lourdement obstacle aux efforts de développement. L'endettement extérieur total de l'Ouganda s'élève à 3,2 milliards de dollars des Etats-Unis, soit 67,5% du PNB. Le service de la dette s'élève à 141 millions de dollars des Etats-Unis ce qui représente 27% du revenu à l'exportation. L'Ouganda s'est engagé à respecter ses obligations dans la limite de ses moyens. A cet égard, un Fonds multilatéral de la dette a été créé pour apurer la dette due à l'Association internationale de développement, au FMI ainsi qu'à la Banque africaine de développement. Nous sommes reconnaissants à l'égard des donateurs bilatéraux qui ont apporté leur contribution. Pour compléter ces efforts, nous lançons un appel à la communauté internationale, en particulier aux institutions financières multilatérales pour qu'elles prennent des mesures concrètes en vue de réduire radicalement la dette extérieure des pays les moins avancés et des autres pays en développement lourdement endettés.

Au plan politique, le Ministre a exprimé sa préoccupation vis-à-vis de la situation dans le nord de l'Ouganda où la présence de "troupes renégates" engendre de nombreuses souffrances pour la population. Il a lancé un appel pour que toutes les parties concernées par le conflit au Burundi acceptent la médiation de l'ancien Président Julius Nyéreré qui cherche à trouver une solution politique pacifique au conflit dans le contexte de l'initiative d'Arusha et du processus de paix. Il a demandé que l'OUA redouble d'efforts en faveur de la Somalie. M. Kategaya a indiqué que la restauration politique et économique de son pays était effective et que cela était le résultat de la politique de réconciliation. L'année dernière, une nouvelle Constitution a été promulguée. Le 9 mai 1996, se sont tenues les premières élections présidentielles libres et équitables suivies des élections législatives le 27 juin 1996. Aujourd'hui l'Ouganda a élu au suffrage universel pour la première fois depuis son indépendance en 1962.

Le Ministre a exprimé son soutien aux propositions concernant la restructuration du Conseil de sécurité et visant à introduire davantage de transparence dans ses méthodes de travail.

M. ALPIAN R.O. ALLEN, Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l'information de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, s'est inquiété de l'avenir de la planète et de la menace particulière que constitue le terrorisme. "L'année passée, le terrorisme nous a infligé un nombre sans fin de destructions et de morts. Quelle gloire peut-on retirer de l'assassinat d'innocents? Seuls des esprits malades peuvent y trouver une certaine satisfaction. Ces criminels sans visages qui accomplissent ces actes - parfois avec l'accord tacite de certaines autorités - n'ont pas leur place au sein de la communauté des nations", a-t-il insisté. M. Allen a annoncé que sa délégation souhaite la convocation d'une nouvelle conférence qui s'attaquerait aux racines mêmes du terrorisme. Cette conférence, a-t-il précisé, doit impliquer l'Assemblée générale car il est important que les petits pays au même titre que les grandes puissances puissent s'exprimer sur la question.

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Entre autres sujets de préoccupation de son gouvernement, M. Allen a posé la question de savoir pourquoi il fallait continuer à stocker des armes de destruction massive dont le but est d'exterminer le plus grand nombre possible. Il s'est félicité de ce que son pays est associé à la résolution australienne concernant le Traité d'interdiction des essais nucléaires. "Chaque pas, aussi petit soit-il, qui va dans le sens d'un infléchissement de la course aux armements doit être considéré comme un élément positif", a-t-il déclaré.

Par ailleurs, les problèmes que connaît l'industrie bananière préoccupe grandement son pays dont c'est la principale activité économique. "Notre existence même est menacée par des forces beaucoup trop puissantes pour nous. Je parle sans colère, mais la douleur et le désarroi me tenaillent. Quels autres sentiments pourrions-nous ressentir quand ceux qui ont la capacité de nous aider visent à nous détruire? Si l'indifférence et la cupidité devaient l'emporter, notre société serait alors balayée et la démocratie que nous chérissons tant s'envolerait en fumée", a-t-il déclaré.

Après avoir abordé le problème du trafic de drogues, de s'être réjoui des récentes élections en Bosnie-Herzégovine et de dire sa préoccupation à propos des récents événements dans le Golfe persique et au Moyen-Orient, M. Allen a proposé la réintégration de la République de Chine de Taïwan comme Etat-Membre des Nations-Unies. "Ce Membre fondateur des Nations Unies se retrouve exclu de cette auguste assemblée depuis un quart de siècle. Il est temps de l'y réintégrer", a-t-il déclaré. M. Allen estime que le succès économique de ce pays contribuera au développement des Etats Membres. Par ailleurs, a-t-il souligné, les premières élections présidentielles directes dans ce pays constituent une grande victoire pour le processus démocratique. M. Allen a estimé que le Conseil de Sécurité devrait être restructuré sur base notamment d'une répartition géographique plus équitable.

M. EBRIMA CEESAY, Ministre du travail, des communications et de l'information de la Gambie, a indiqué que le processus de démocratisation dans son pays s'est concrétisé cette année par un référendum qui vise à instituer une nouvelle constitution et l'élection d'un nouveau président, le 26 septembre dernier. La Gambie tiendra bientôt des élections législatives générales et le processus politique de démocratisation sera progressivement complété par des projets de développement réalistes, telle la création de la première chaîne de télévision nationale. Il a indiqué, en outre, que l'économie de la Gambie avait résisté depuis quelques années aux sanctions imposées pour des raisons politiques par des partenaires et à la mondialisation des échanges. C'est grâce au partenariat entre le gouvernement et la population qu'une stratégie visant à améliorer le niveau de vie de la Gambie a pu être lancée. Il a remercié les pays de la communauté internationale qui ont apporté leur aide à son pays durant cette période de transition.

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Evoquant la Conférence d'Istanbul, il a déclaré que l'agenda adopté lors de la Conférence révélait les lacunes persistantes en matière de développement social et humain. Il s'est engagé à mettre en application l'ordre du jour d'Habitat. L'examen pour le développement de l'Afrique a montré qu'il y avait des signes d'encouragement au développement de l'Afrique, toutefois la mise en oeuvre de l'Agenda pour l'Afrique reste limitée par le fait que les 0,7% d'aide au développement ne sont toujours pas appliqués. Il faudrait éliminer complètement la dette des pays africains au tournant du XXIe siècle. Il a souligné que la réussite de l'initiative dépendra de la disponibilité des moyens financiers nécessaires, d'autant que la mondialisation ne profite pas encore aux pays en développement. Certes les pays les moins avancés ont reçu depuis longtemps l'attention de la communauté internationale, mais les objectifs premiers n'ont toujours pas été atteints, notamment en matière de bien-être social, et cela est dû en partie au manque de l'aide versée par la communauté internationale. Il a appuyé les efforts de l'ONU en vue de rétablir et d'assurer la paix partout dans le monde, car cela reste l'un des aspects vitaux du travail de l'Organisation. Il s'est félicité des progrès intervenus au Libéria et en Bosnie-Herzégovine. Il s'est déclaré préoccupé par la situation au Burundi et a indiqué qu'il était de la responsabilité collective d'y mettre fin. Il a indiqué que la quête universelle de la paix ne devait pas éluder la question de l'égalité et de la reconnaissance et il a regretté que la question de la République de Chine à Taïwan n'ait pas été incluse au débat de cette session. Il a estimé que la pratique de l'imposition unilatérale d'un embargo économique imposé à un pays aurait dû prendre fin avec la disparition de la guerre froide. Il a souligné que les efforts en faveur de la paix et ceux visant l'application des principes du droit international devraient être plus étroitement liés.

Il a demandé que la réforme du Conseil de sécurité soit l'occasion de garantir que les intérêts hégémoniques de certains pays ne seront pas promus aux dépens de la majorité. Les efforts entrepris par l'Organisation pour faire face à la crise financière actuelle révèlent la volonté de la majorité des Etats Membres de montrer leur attachement à la préservation et à la réalisation des missions de l'Organisation. Il a indiqué que la réussite de toute coopération internationale en matière de développement et de paix passait par une attention plus ciblée portée à la mise en application effective des priorités de développement des pays en développement. Le lien entre le développement et la paix n'est pas seulement essentiel mais il est aussi l'un des piliers de la Charte des Nations Unies. Les problèmes du trafic et de l'usage des drogues, du désarmement et de la sécurité alimentaire ne peuvent ainsi être résolus sans une plus grande coopération internationale, dont les conférences internationales de l'ONU sont l'une des meilleures expressions.

M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et-Barbuda) a attiré l'attention sur les conséquences des catastrophes naturelles dans les petits Etats insulaires. Le 7 juillet dernier, l'ouragan Bertha est passé dangereusement près d'Antigua-et-Barbuda, a-t-il expliqué et un volcan est entré en activité depuis quinze mois dans l'île de Montserrat à quelques 50 kms de nos côtes. Le réchauffement de la planète est évident.

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Reprenant la déclaration du représentant de son pays lors de l'Assemblée générale des Etats d'Amérique, M. Albert-Lewis a fait observer que le développement durable n'est pas réalisable si chaque année les petits Etats insulaires sont forcés de faire face à une série de tempêtes et d'ouragans. Les émissions de dioxyde de carbone, provoquées, depuis le début de la révolution industrielle en Europe occidentale il y a deux siècles, par la combustion de pétrole, de charbon, de bois et de gas, a commencé à mettre en péril la survie des petites îles. Il a demandé que soient réduites les émissions de dioxyde de carbone conformément aux objectifs fixés par Toronto.

Le représentant a lancé un appel pour que la Déclaration et le Plan d'action d'Istanbul rencontrent une large adhésion. Il a indiqué que les problèmes d'urbanisation ne sont pas limités aux pays les plus riches mais que de petits pays comme le sien doivent eux aussi faire face à des phénomènes qui à certains moments ont failli les submerger et qui appellent des réponses urgentes.

A propos de la restructuration des Nations Unies, M. Albert-Lewis a estimé que la crise financière que connaît l'Organisation est peut-être due au défaut de paiement de la quote-part des Etats Membres. Cependant, on ne peut nier l'existence de gaspillages, qu'il s'agisse de la duplication du travail, de la reproduction excessive de documents ou de la convocation de réunions sans objet. Il s'est inquiété de l'absence de toute indication d'une évolution quelconque en ce qui concerne la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité. Antigua et Barbuda s'en tient à sa position initiale à savoir que tout élargissement de la composition du Conseil doit inclure les Pays en développement et que les Groupes des Etats d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes devraient être représentés, a-t-il déclaré. Nous aimerions aussi voir appliquées certaines restrictions au droit de veto.

Le représentant a déploré que les réductions des dépenses aient mis en danger les commissions régionales et en particulier la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Il a estimé que cette commission ayant déjà effectué les réformes nécessaires ne devrait pas être pénalisée et a souligné les services rendus par la Commission à travers ses sous-programmes de développement économique.

M. Albert Lewis a par ailleurs attiré l'attention sur le fait que certains Etats des Caraïbes dont la survie économique dépend entièrement de la production de la banane sont menacés par les pressions qu'ils subissent. Sans une forme quelconque de protection de l'industrie de la banane, le Etats du Caricom s'effondreront, entraînant un grave effondrement social qui engendrera une catastrophe politique.

Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays était conscient des dangers de l'accroissement de la criminalité dans la région, qu'il travaillait avec ses voisins sur la question et qu'il espérait qu'une aide supplémentaire en provenance de sources multilatérales et bilatérales lui permettrait de lancer un programme de contrôle national de la drogue et du blanchiment de l'argent.

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Droits de réponse

Le représentant de l'Ethiopie, a déploré que le Ministre des affaires étrangères du Soudan ait évoqué une question dont est saisie le Conseil de sécurité et qui n'a pas lieu d'être évoquée au sein de cette assemblée. Le Soudan délivre des passeports et fournit parfois des armes à des terroristes qui oeuvrent ensuite sur le territoire éthiopien. Le Soudan continue de prétendre qu'il tente de poursuivre ces terroristes et notamment les trois personnes qui ont tenté d'assassiner le Président égyptien, mais cela reste illusion. Par ailleurs, la décision éthiopienne de tenir le procès de ces trois individus à huis clos est tout à fait conforme au droit international. Par conséquent, il a demandé au Soudan de remettre les trois suspects à son pays et de cesser d'épauler des actions terroristes.

Le représentant du Soudan a réaffirmé son attachement aux principes de la Charte et a rappelé que nombre de réfugiés érythréens hébergés par son pays avaient depuis reçu la nationalité soudanaise, alors que l'Erythrée elle-même refuse d'accueillir à nouveau ses ressortissants au nom de difficultés économiques. Par ailleurs, il a indiqué que l'Erythrée avait offert abri à une opposition soudanaise armée visant à renverser le régime en place. Les efforts du Soudan pour normaliser les relations entre les deux pays se trouvent ainsi dans une impasse et il a déploré que l'Erythrée se retourne désormais contre un pays qui lui a toujours apporté son soutien.

Répondant à l'Ethiopie, le représentant du Soudan a indiqué que jusqu'à la regrettable tentative d'assassinat contre le Président égyptien, les relations entre les deux pays étaient normales. Il a réclamé pour son pays le droit d'obtenir le texte des allégations des personnes jugées alors qu'il s'est vu imposé des sanctions sur la base même de ces déclarations.

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