AG/554

LE SOUDAN PROPOSE SA COOPERATION POUR FAIRE TOUTE LA LUMIERE SUR LA TENTATIVE D'ASSASSINAT DU PRESIDENT MOUBARAK

7 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/554


LE SOUDAN PROPOSE SA COOPERATION POUR FAIRE TOUTE LA LUMIERE SUR LA TENTATIVE D'ASSASSINAT DU PRESIDENT MOUBARAK

19961007 MATIN AG/554 La Jordanie invite la Syrie et le Liban à aborder avec réalisme les nouvelles réalités du Moyen-Orient

Réunie ce matin en séance plénière, l'Assemblée générale a poursuivi, sous la présidence de M. Razali Ismail (Malaisie) son débat général en entendant une déclaration de M. Ali Osman Mohamed Taha, Ministre des affaires étrangères du Soudan qui, déplorant le recours croissant aux sanctions pour résoudre les conflits, a réaffirmé la détermination de son gouvernement à coopérer pour faire toute la lumière sur la tentative d'assassinat du Président Moubarak. Il a par ailleurs indiqué que son pays a signé au cours de l'année écoulée une série d'accords avec des factions rebelles du Sud-Soudan.

Pour sa part, M. Khaled, Madadha, Ministre des Affaires étrangères de la Jordanie, a demandé que le processus de paix au Moyen-Orient se poursuive dans son intégralité et a lancé un appel à la Syrie et au Liban pour qu'ils abordent les nouvelles réalités et le nouveau gouvernement israélien de façon positive et réaliste. Il a par ailleurs demandé l'application rapide de l'accord de levée partielle de l'embargo sur le pétrole iraquien.

De son côté, M. Talbak Nazarov, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a demandé à l'Assemblée générale de prendre des décisions en faveur des pays à économies en transition et a demandé aux Etats Membres de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en oeuvre de l'Agenda pour le développement et des conclusions du Sommet de Copenhague.

M. Povilas Gylys, Ministre des Affaires étrangères de la Lituanie, a quant à lui estimé que les défis mondiaux auxquels est confrontée l'ONU rendent indispensable la réforme structurelle et institutionnelle de l'Organisation. A cet égard, il a demandé que soit étudiée l'attribution de sièges supplémentaires au Conseil de sécurité aux pays en développement, à l'Allemagne, au Japon et aux pays d'Europe de l'Est.

(à suivre - 1a)

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Pour sa part, M. Amilcar Spencer Lopes, Ministre des affaires étrangères et des communautés du Cap-Vert, a mis l'accent sur les efforts de son gouvernement à mettre en oeuvre la Convention des Nations Unies contre la désertification. Il a cependant appelé la Commission à s'attaquer aux causes des conflits, notamment en Afrique, dont la situation représente le principal défi que doit relever l'ONU.

Mme Janet Bostwick, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth des Bahamas, a souligné la nécessité de faire de la dignité de l'individu une ligne directrice des missions de l'ONU, car les événements qui ont secoué la communauté internationale ces dernières années démontrent que les inégalités et le non-respect des droits de l'homme mènent à la tension et aux conflits. Elle a également demandé à la communauté internationale de reconnaître les problèmes spécifiques des petits Etats en développement.

M. Gabriele Gatti, Ministre des affaires étrangères et politiques de Saint-Marin, a quant à lui estimé que le Conseil de Sécurité devrait s'ouvrir à un plus grand nombre de pays. Il s'est félicité de ce que la question de la suppression de l'embargo économique comme moyen de pression politique, figure à l'ordre du jour de la 51ème session.

En début de réunion, le Président a indiqué que l'Assemblée générale examinera dans l'après-midi du 24 octobre et non dans la matinée du 23, comme cela était initialement prévu, les points 22, 25 et 28, respectivement intitulés "coopération entre les Nations Unies et l'Organisation des Etats américains", "coopération entre l'Organisation des Nations Unies et la Communauté des Caraïbes" et "Congrès universel sur la question du canal de Panama".

Par ailleurs, le Bureau de l'Assemblée générale se réunira demain, mardi 8 octobre, à 9 heures 15, pour examiner l'inscription d'une question additionnelle intitulée "Octroi du statut d'observateur à l'Autorité internationale des fonds marins".

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura lieu cet après-midi, à 15 heures, l'Assemblée générale devrait entendre les interventions de l'Erythrée, de l'Afghanistan, de l'Ouganda, de Saint-Vincent-et-Grenadines, la Gambie, et Antigua-et-Barbuda.

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Suite du débat général

M. AMILCAR SPENCER LOPES, Ministre des affaires étrangères et des communautés du Cap-Vert, a rappelé que son pays, situé dans la région sahélienne est gravement affecté par les problèmes écologiques et assiste comme les autres pays du Sahel à une dégradation constante de son environnement, ce qui menace la survie de sa population. C'est pourquoi, le Cap-Vert se félicite de l'adoption de la Convention des Nations Unies contre la désertification, et surtout de son annexe de mise en oeuvre régionale pour l'Afrique. L'attention particulière accordée à l'Afrique est amplement justifiée et le Cap-Vert, qui est déterminé à contribuer à la mise en oeuvre de la Convention, se sent conforté par la mise en place de la Commission inter-étatique de lutte contre la sécheresse au Sahel afin de coordonner à l'échelle sous-régionale les efforts de lutte contre la sécheresse et la désertification.

De son côté, le Cap-Vert poursuit avec la même vigueur le programme de reboisement lancé peu après son accession à l'indépendance, réussissant en près de 20 ans à faire passer la couverture forestière nationale de 300 000 hectares à 750 000 hectares. En dépit de ses efforts, le pays se trouve une fois de plus dans l'obligation de demander assistance à la communauté internationale, suite à la sécheresse qu'elle a connue cet été. A cet égard, le Ministre a estimé que l'Agenda pour le développement qui a pour objectif de soutenir les efforts de redressement des pays les moins avancés, devrait davantage tenir compte les demandes urgentes d'assistance internationale pour le développement. Il a préconisé un renforcement de l'Organisation et une amélioration de son fonctionnement afin de lui permettre d'atteindre les objectifs de la Charte et de relever les défis qui émergent à l'aube du XXIème siècle. Ce qui serait inacceptable serait que le processus de réforme s'achève tout en conservant les disparités qui existent aujourd'hui. A cet égard, le Cap-Vert, souhaite que l'Afrique soit convenablement représentée au sein du Conseil de sécurité, avec des pays africains comme membres permanents.

Abordant les questions de désarmement, M. Spencer Lopes a indiqué que la prorogation indéfinie du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et la récente adoption du Traité d'interdiction complète de essais nucléaires constituent une étape fondamentale et permettent d'entrevoir le jour où le monde sera débarrassé des armes nucléaires. Se félicitant également de la signature en avril dernier du Traité de Pélindaba, qui fait de l'Afrique une zone exempte d'armes nucléaires, le Ministre a exprimé l'espoir que la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, permettra de créer une atmosphère de confiance.

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Le Ministre a par ailleurs soutenu les efforts déployés par le Gouvernement angolais et par la communauté internationale pour instaurer une paix durable, une stabilité sociale et un fonctionnement normal des institutions en Angola. "La nécessité d'agir de façon conjointe pour mettre un terme à la guerre dans différentes régions africaines se fait de plus en plus pressante", a déclaré le Ministre. C'est pourquoi il faut s'attaquer en priorité aux causes mêmes des conflits. Compte tenu du niveau général de développement du continent, ainsi que des questions relatives à la sécurité, le Cap-Vert partage l'opinion de ceux qui estiment que l'Afrique est le principal défi que doivent relever les Nations Unies. Pour sa part, le Cap- Vert, malgré ses problèmes internes, est prêt à contribuer à la création d'un environnement international pacifique, grâce à un partenariat de solidarité. Il joint sa voix à ceux qui demandent qu'au Timor oriental le peuple maubère recouvre son territoire et exerce pleinement ses droits, y compris son droit à l'autodétermination.

M. GABRIELE GATTI, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et politiques de Saint-Marin, a évoqué certains des défis que confronte l'humanité: le développement contre le sous-développement, le progrès contre la récession, l'opulence contre une pauvreté extrême et sans cesse croissante. Dans un tel contexte, certains parviennent à assurer leur propre développement pendant que d'autres, mis à l'écart du monde du travail, échouent, a-t-il noté. Ces phénomènes ne sont pas l'exclusivité des pays défavorisés: les pays socialement avancés sont tout aussi concernés. "Cette situation constitue une menace réelle et persistante pour la paix. Les Nations Unies ne devraient épargner aucun effort pour aider les pays et les peuples à retrouver un certain équilibre et remédier à ces erreurs", a-t-il insisté.

M. Gatti a observé qu'il faudra concentrer toute notre énergie pour rendre les Nations-Unies plus efficaces. La République de Saint-Marin estime que le Conseil de Sécurité devra s'ouvrir à un plus grand nombre de pays. Tous les Etats, quelle que soit leur taille, devraient pouvoir, à tour de rôle, bénéficier d'une égale représentativité. Les Etats directement concernés par un sujet devraient pouvoir participer aux débats.

Dans le discours qu'il avait adressé lors de la cinquantième Assemblée générale, le représentant de Saint-Marin avait évoqué la nécessité de reconsidérer le principe de l'embargo. Il se réjouit que, cette année, la suppression des mesures économiques coercitives comme moyens de pression politique, figure à l'agenda de la cinquante et unième session. M. Gatti est convaincu que ce débat conduira à un examen sérieux de la question et qu'une solution sera apportée au problème, "de manière à ce que les populations innocentes et qui souffrent de ces mesures d'embargo ne soient plus les cibles principales".

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Le représentant de Saint-Marin, a indiqué qu'au nom de son gouvernement, il avait signé, aujourd'hui même, le Traité d'interdiction des essais nucléaires. "Nous espérons, a-t-il ajouté, que tous les Etats deviendront des partenaires loyaux au Traité et qu'ils travailleront ensemble à l'élimination de l'énergie nucléaire à des fins non pacifiques, de manière à ce que les générations futures puissent hériter d'une planète dont l'avenir environnemental serait assuré".

M. KHALED MADADHA, Ministre des Affaires étrangères de Jordanie, a exprimé sa gratitude au Secrétaire général des Nations Unies et a indiqué que, conformément à la décision de la Ligue des Etats arabes, son pays soutenait la prolongation du mandat de M. Boutros Boutros-Ghali de façon à lui permettre de poursuivre sa mission et ses efforts au service de la paix et de la sécurité internationales et de mener à bien les réformes qu'il a commencées au sein du secrétariat et des autres organes de l'Organisation.

M. Madadha a par ailleurs souhaité que la restructuration du Conseil de sécurité, débouche sur un élargissement de sa composition afin de tenir compte de l'accroissement du nombre des pays en développement et de la montée en puissance de l'économie de certains pays industriels comme l'Allemagne et le Japon. En outre, le Conseil de sécurité devrait prêter la plus grande attention aux nombreuses propositions et aux nombreux plans dont il a été saisi et notamment à celui de l'Italie par exemple.

Le ministre a souhaité que soit réétudiée la question des sanctions économiques qui ne font pas la distinction entre l'entité politique et les populations innocentes et sans armes, pas plus qu'elles ne répondent aux besoins des Etats affectés par ces actions. Il a demandé également que tous les Etats attachés à la paix puissent devenir membres de l'ONU comme le prévoit l'Article 4, paragraphe 1, de la Charte.

Mon pays est fier, a par ailleurs déclaré M. Madadha, d'avoir été l'un des premiers à soutenir le projet de résolution qui a abouti à l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et également l'un des premiers à signer ce traité. Il a exprimé l'espoir que démarrent prochainement des négociations sur un traité qui interdirait dans un avenir proche la prolifération des armes de destruction massive, des armes nucléaires et autres au Moyen-Orient.

M. Madadha a rappelé les espoirs soulevés par la Conférence de Madrid, les négociations multilatérales qui s'ensuivirent entre Arabes et Israéliens et les Accords d'Oslo en 1993. Ces espoirs ont été par la suite ravivés par les Traité de paix conclus entre la Jordanie et Israël en octobre 1994. Des progrès concrets ont aussi été réalisés sur la voie de la paix entre Syriens et Israéliens.

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Ce qui se produit ces jours-ci dans les Territoires occupés, a déclaré M. Madadha, avec notamment le retour à la politique de création de colonies de peuplement, la violation de lieux de culte, le bouclage des territoires, le refus d'appliquer les accords déjà signés entre Palestiniens et Israéliens, le fait qu'on ait repoussé ou fait obstacle aux négociations sur le transfert des pouvoirs à l'Autorité, la décision unilatérale sur le statut de Jérusalem, le refus de reprendre les négociations avec la Syrie et Israël là où elles en étaient restées il y a sept mois, le refus de revenir aux termes et au cadre de la Conférence de Madrid... toutes ces mesures négatives ont commencé à faire naître un sentiment de frustration chez les peuples de la région.

Le ministre jordanien a demandé que le processus de paix se poursuive dans son intégralité et a lancé un appel à la Syrie et au Liban pour qu'ils tiennent compte des nouvelles réalités et du nouveau gouvernement israélien de façon positive et réaliste. Il a estimé que malgré tout, il y avait une lueur d'espoir dans le contexte morose actuel et qu'il ne fallait pas la laisser s'éteindre. Pour la première fois, a-t-il fait observer, tous les gouvernements arabes, ont exprimé lors du Sommet du Caire, leur soutien collectif au processus de paix et ont proclamé que la paix était une option stratégique et irréversible. Nous avons entendu les mêmes engagements de la part du Gouvernement israélien. Le président Arafat et les leaders palestiniens ont, en défiant les opposants à la paix, manifesté un souhait clair et net d'une paix juste, étendue et durable. Il n'est pas judicieux de les en récompenser en les mettant dans une position difficile vis-à-vis du peuple palestinien comme des opposants à la paix qui ont parié sur leur échec et celui du processus de paix.

M. Madadha a regretté que les investissements au Moyen-Orient, qui constituent à son avis un des facteurs le plus important de crédibilité du processus de paix, restent à un niveau décevant. Il a exprimé l'espoir que le sommet économique du Caire en novembre prochain sera l'occasion pour les investisseurs étrangers de participer au développement de la région et à la consolidation de la paix.

Le ministre a également soulevé le problème des réfugiés palestiniens et a lancé un appel pour que les Etats industriels qui en ont la capacité, accordent la plus grande attention au problème humanitaire qui affecte la vie de plus de trois millions et demi de Palestiniens dont un million et demi vivent en Jordanie. Il a par ailleurs demandé que soit appliqué au plus vite le récent accord conclu entre l'Iraq et les Nations Unies. Cet accord prévoit une levée partielle de l'embargo sur le pétrole iraquien de façon à fournir des médicaments et de la nourriture au peuple iraquien qui a souffert et continue de souffrir des conséquences de l'embargo sans pour autant que les dirigeants du pays soient affectés.

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Mme JANET G. BOSTWICK, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth des Bahamas, a remercié les Etats Membres pour l'élection de son pays à la vice-présidence de cette cinquante et unième session de l'Assemblée générale. Elle a souligné l'importance des Nations Unies, qui, a-t-elle affirmé, sont la seule institution internationale qui a la capacité et la volonté politique de relever les défis du XXIe siècle. C'est pourquoi la réforme de l'Organisation, actuellement en cours au niveau politique, économique, social et administratif, constitue un pas important dans cette direction. L'élargissement du Conseil de sécurité, une meilleure coordination entre les différents organes de l'Organisation, la révision de l'échelle des paiements qui ne prendrait pas seulement en compte les revenus par habitant, sont autant d'objectifs à réaliser. Elle a souligné la nécessité de faire de la dignité de l'individu une ligne directrice des missions de l'ONU, car les événements qui ont secoué la communauté internationale, ces dernières années, démontrent que les inégalités et le non-respect des droits de l'homme mènent à la tension et aux conflits. Il faut garder à l'esprit que la sécurité économique et sociale influencent directement la stabilité politique. C'est la raison pour laquelle nous soulignons la nécessité de s'attacher à améliorer la qualité de vie des personnes les moins privilégiées.

La communauté internationale pourrait à cet égard, s'inspirer de l'exemple de son pays, où la promotion et la protection des droits de l'homme, la promotion de la femme, la justice sociale, l'égalité et le développement sont au centre des préoccupations du gouvernement. Aujourd'hui la révision de l'Agenda 21 est une opportunité à saisir, non pas pour renégocier le document, mais pour prendre des mesures concrètes et réaffirmer les engagements en faveur du développement durable. Elle a demandé que la communauté internationale reconnaisse notamment les problèmes spécifiques des petits Etats en développement, que le nouveau régime de commerce international, avec son train de libéralisation des marchés, met en position difficile. Par conséquent, elle s'est félicitée de l'adoption par le G7 d'un plan d'allégement de la dette des pays les plus pauvres. L'exemple d'Haïti, où l'instabilité persistante et le flux permanent d'immigrants menacent la sécurité de toute le région, révèle que les tentatives de restaurer la démocratie sont vaines, tant que l'on ne s'attaque pas aux causes réelles des problèmes et que l'on ne met pas en place les conditions économiques et sociales nécessaires à sa réalisation. Elle a mis l'accent sur la nécessité de combattre le trafic des drogues, le trafic et la prolifération des armes et le terrorisme. Elle a fait part de la préoccupation de son pays face au trafic d'armes légères dans les Caraïbes. Elle a rappelé que son pays dénonçait le transport des déchets nucléaires et autres substances dangereuses en mer des Caraïbes, qui devrait être une zone exempte de toutes substances nucléaires.

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Le Ministre, soulignant la nécessité d'agir avec plus de justice et d'équité, a réaffirmé son soutien aux efforts des 21 millions d'habitants de la République de Chine à Taïwan pour obtenir une représentation officielle au sein de l'Organisation. Elle a appelé les Etats Membres à entendre les revendications du peuple de Taïwan et à envisager ce qui est juste et justifié pour lui. Elle a déclaré que les 50 prochaines années seraient ponctuées de moments difficiles et qu'il fallait adopter une attitude nouvelle. Elle a réaffirmé que les Nations Unies sont l'instance appropriée pour faire face aux problèmes mondiaux, quelle que soit leur origine.

M. ALI OSMAN MOHAMED TAHA, Ministre des affaires étrangères du Soudan, a déclaré que comme les autres membres de la Ligue des Etats arabes et de l'OUA, son pays appuie la réélection de M. Boutros-Ghali. Le Soudan, a-t-il poursuivi se félicite de l'adoption de la résolution 50/227 relative à la restructuration et à la revitalisation des Nations Unies dans les domaines économique et social et les domaines connexes. Le Ministre a mis l'accent sur la nécessité de démocratiser le Conseil de sécurité, tout en améliorant ses méthodes de travail. Le Conseil, a-t-il insisté doit s'acquitter de ses seules responsabilités politiques, laissant le soin à la Cour internationale de Justice de connaître des questions juridiques, conformément à la Charte. Notant, à cet égard, l'apparition d'une tendance nouvelle qui consiste, pour résoudre un conflit, à imposer des sanctions à certains pays, le Ministre a regretté que celles-ci touchent principalement les personnes les plus vulnérables, à savoir les femmes, les enfants et les personnes âgées. Il a donc proposé de réexaminer les fondements sur lesquels l'imposition, la durée et la levée des sanctions sont décidées.

Le Gouvernement soudanais suit avec attention les efforts déployés par les pays d'Afrique de l'Ouest dans le but de rétablir la stabilité au Libéria. Il espère que ceux accomplis en Angola seront couronnées de succès et demande aux différentes factions somaliennes de surmonter leurs divergences. Le Soudan forme également le voeu que la stabilité règnera bientôt à nouveau au Rwanda et au Burundi. Il préconise un renforcement des efforts de l'OUA en vue de résoudre ces conflits. Evoquant les sanctions imposées au peuple libyen, le Ministre a exhorté la communauté internationale à faire davantage d'efforts pour parvenir à un règlement final du conflit et à lever l'embargo pour alléger les souffrances de la population. Abordant la situation au Moyen-Orient, M. Taha a réitéré la demande de son gouvernement qui exige une mise en oeuvre immédiate des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Quant à la situation dans le Golfe persique, le Ministre a souligné la nécessité de respecter la souveraineté du Koweït et de l'Iraq et a demandé que les sanctions imposées à ce dernier soient levées. Le Ministre, après avoir félicité le Président Izetbegovic de sa récente élection, a demandé aux Nations Unies de travailler activement à la mise en oeuvre complète des Accords de Dayton.

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Se félicitant de ce que la question des droits de l'homme se voit accorder chaque jour une priorité élevée à l'ONU, il a rappelé les initiatives prises dans ce domaine par son pays. Après avoir fait observer que l'Islam était la religion de la tolérance et de la coexistence, il a exhorté la communauté internationale à cesser ses attaques contre elle et à demandé aux Nations Unies de se démarquer d'une telle campagne de dénigrement. Quant à la question de l'adoption contre son pays des résolutions 1044, 1054 et 1070 du Conseil de sécurité, M. Taha a notamment rappelé que ce sont onze Egyptiens qui ont organisé et participé à la tentative d'assassinat du Président Moubarak et qu'il n'a aucune preuve que les suspects étaient au Soudan au moment des faits. Le Soudan réaffirme sa détermination à coopérer avec les parties concernées sur cette question et rappelle que selon toute évidence les suspects ne sont pas sur son territoire. La poursuite des tentatives visant à imposer des sanctions défie donc la logique et la justice et doit être réexaminée de façon à éviter des souffrances inutiles à la population soudanaise innocente. Il a indiqué que le Soudan a vécu, au cours de l'année écoulée, de nombreux événements politiques, à commencer par les élections présidentielles. Par ailleurs, les efforts incessants de négociations du gouvernement de son pays ont permis de parvenir à la signature d'un accord politique avec le mouvement d'indépendance du Sud-Soudan et avec la faction Bahr Elgazal, qui a été suivie par la signature de nouveaux accords avec d'autres factions rebelles.

M. POVILAS GYLYS, Ministre des Affaires étrangères de Lituanie, a attiré l'attention sur le fait que la session en cours de l'Assemblée générale marque le cinquième anniversaire de la réintégration de son pays dans la communauté des Etats. Durant ces cinq années, a-t-il noté, des opportunités ont été saisies. Nous avons constaté que les plus hauts niveaux de coopération, à la fois internationale et régionale, sont possibles. La destinée des différents peuples du mondes a été liée comme jamais auparavant en raison de la globalisation de l'économie mondiale et des super-autoroutes de l'information. Cependant nombre de problèmes transfrontières, tels que la criminalité, la drogue, la pollution et le terrorisme, posent un défi majeur non seulement à chaque Etat-nation mais aussi à la famille des nations. Pour cette raison, nous avons besoin d'une Organisation qui réponde mieux aux demandes des Etats Membres et, des Etats Membres qui agissent de façon plus responsable en se fixant des objectifs réalistes et en fournissant les ressources nécessaires à leur mise en oeuvre.

M. Gylis a par ailleurs indiqué que durant ces cinq années, la Lituanie avait progressé politiquement et économiquement. Ses relations avec ses voisins sont amicales et mutuellement bénéfiques, assurant un environnement sûr et stable dans la région, a-t-il affirmé. Nous sommes en train d'intégrer les structures européennes et transatlantiques et les négociations avec l'Organisation mondiale du commerce sont bien avancées. Les défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, a-t-il observé, réclament l'adhésion des

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Etats Membres aux objectifs fixés par la Charte et rendent indispensable la réforme structurelle et institutionnelle de l'Organisation. Il va sans dire que nous devons d'abord doter l'Organisation de finances saines et renforcer sa capacité à remplir ses tâches vitales. Nous soutenons les propositions de l'Union européenne à cet égard.

Le Ministre a déclaré que la Lituanie reste prête à faire face à ses engagements financiers vis-à-vis de l'Organisation mais qu'à une époque où son pays comme beaucoup d'autres, ont entrepris des réajustements budgétaires, la saine gestion des ressources de l'ONU prend une importance accrue. Il s'est également prononcé en faveur d'une amélioration du fonctionnement des organes décisionnaires. Le Conseil de sécurité prend des décisions qui engagent tous les Etats Membres et influencent la vie de milliards de personnes, a-t-il observé. La Lituanie a demandé que soit améliorée la représentativité du Conseil pour les deux catégories de membres. Le Gouvernement de Lituanie reconnaît que les pays en développement sont en droit de réclamer que leur représentation soit améliorée. Nous estimons aussi que certains pays, comme l'Allemagne et le Japon peuvent apporter une contribution particulière et sont prêts à assumer une responsabilité particulière dans le domaine politique, militaire et financier en tant que nouveaux membres permanents. Les aspirations des pays d'Europe de l'Est qui souhaitent se voir attribuer un siège de membre non permanent doivent aussi être pris en compte.

Dans le domaine de diplomatie préventive et du maintien de la paix, le Ministre a fait état de l'initiative menée par son pays en coopération avec l'Estonie, la Lettonie et la Pologne, qui consiste en la création de forces de maintien de la paix communes, une initiative qui, selon lui, porte le témoignage d'une meilleure compréhension et coopération entre les pays,

M. Gylys a fait valoir que le Traité d'interdiction complète des essais qu'il a signé ce même jour, peut être considéré comme l'une des décisions historiques de la décennie.

M. TALBAK N. NAZAROV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a déclaré qu'au cours des cinq dernières années, son pays avait vu à la fois sa souveraineté reconnue, par son adhésion à l'Organisation et les conséquences tragiques d'une guerre civile, mettant en péril sa survie même. Il apparaît clairement aujourd'hui a poursuivi le Ministre que le conflit imposé au peuple Tadjik vise à empêcher l'émergence des fondements d'un Etat, à freiner son développement économique et à construire un Etat indépendant. Il a remercié la Communauté des Etats indépendants, les Nations Unies et l'OSCE de l'appui qu'ils apportent à son gouvernement dont les efforts se concentrent sur la reconstruction de l'infrastructure socio-économique du Sud du pays et la conversion à une économie de marché. Il a souligné que cette tâche était

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rendue plus complexe encore par les difficultés financières et l'insuffisance de l'assistance humanitaire internationale. Toutefois, a-t-il indiqué, la coopération avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international permettait de poser pierre après pierre les bases d'un développement solide. Il a demandé à l'Assemblée générale de prendre des décisions en faveur des pays à économies en transition et a demandé aux Etats Membres de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en oeuvre de l'Agenda pour le développement et des conclusions du Sommet pour le développement social de Copenhague. Le Ministre a relevé que la stabilisation économique ne permettait pas seulement de satisfaire les besoins économiques et sociaux de la population mais aussi de promouvoir la réconciliation nationale, dont l'une des manifestations les plus constructives est la récente adoption d'un Traité de conciliation.

M. Nazarov a indiqué que l'un des obstacles à la construction d'une société nouvelle dans son pays était la "guerre larvée" qui se déroule dans la partie sud-est du Tadjikistan sur sa frontière avec l'Afghanistan et qui est imposée au peuple Tadjik par le Mouvement du renouveau islamique. Il a remercié les Nations unies et la Fédération de Russie de leur médiation humanitaire et a assuré l'Assemblée générale de la volonté de son pays de résoudre le différend par le dialogue. Il a fait observer cependant que les efforts déployés seraient plus fructueux encore si le conflit en Afghanistan, pays voisin, était réglé. C'est pourquoi il s'est réjoui des décisions prises par le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale de promouvoir une résolution pacifique du conflit. Il a rappelé, en outre, que des milliers de réfugiés Tadjiks se trouvaient encore en Afghanistan, dont le retour au pays était empêché par l'opposition armée et a demandé à la communauté internationale de prendre des mesures rapides pour permettre leur retour, comme ce fut le cas de la Conférence sur les réfugiés dans la communauté des Etats indépendants tenue en Mai dernier à Genève.

Il a fait observer que l'un des obstacles à la paix était le lien étroit qui s'est développé entre les organisations terroristes et le trafic de drogues. Il a appelé les Nations Unies à adopter des mesures concrètes en matière de lutte contre le terrorisme et a proposé que les organisations régionales soient pleinement utilisées. Pour ce faire, il a préconisé une meilleure coordination au sein du système des Nations Unies et une concentration des efforts sur le maintien de la paix, la résolution des crises humanitaires, la protection des droits de l'homme, le développement durable et le soutien aux économies en transition. Il a déclaré que l'un des éléments majeurs de cette réforme de l'Organisation devrait être le renforcement du rôle du Conseil de sécurité qui doit être l'instrument le plus important de la paix et de la sécurité internationales. C'est pourquoi, il importe d'élargir le Conseil de sécurité, notamment aux représentants de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique Latine.

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