L'INDE PROPOSERA BIENTOT UN NOUVEAU PROJET DE CONVENTION ANTINUCLEAIRE EN REMPLACEMENT DES MESURES TROP TIMIDES DEJA ADOPTEES
Communiqué de Presse
AG/552
L'INDE PROPOSERA BIENTOT UN NOUVEAU PROJET DE CONVENTION ANTINUCLEAIRE EN REMPLACEMENT DES MESURES TROP TIMIDES DEJA ADOPTEES
19961004 MATIN AG/552 Les sanctions contre le Burundi seront maintenues tant que les conditions d'Arusha ne seront pas remplies, déclare le Président de la TanzanieL'Assemblée générale, poursuivant ce matin son débat général, a entendu la déclaration du Ministre des relations extérieures de l'Inde, M. Inder Kumar Gujral, qui a estimé que le seul moyen d'assurer, pour toujours, la sécurité des Etats est d'interdire la possession, la production et l'utilisation des armes nucléaires. Le TNP et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne proposant que des "mesures timides et partielles", l'Inde présentera à cette session un projet de convention contre l'utilisation des armes nucléaires.
De son côté, le Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Benjamin William Mkapa, a estimé que l'aide apportée au Sud n'est pas un acte de charité, mais une contribution à l'édification d'un monde plus sûr. Qualifiant le coup d'Etat survenu au Burundi d'anticonstitutionnel, il a indiqué que les sanctions seront maintenues tant que les conditions définies à Arusha ne seront pas remplies.
Pour sa part, M. Vaughan A. Lewis, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Sainte-Lucie, a dit sa préoccupation face aux conséquences pour l'économie des Caraïbes de la remise en question, par certains pays, du régime établi par l'Union européenne pour la banane. Il a proposé la création de zones de libre-échange afin de tenir compte des particularités des petits Etats insulaires en développement.
M. Denzil Douglas, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré qu'il n'était pas venu demander l'aumône mais plaider pour le multilatéralisme. Il a également rappelé que le développement durable, notamment des petits Etats insulaires en développement, est une oeuvre de longue haleine, qui exige une approche intégrée des Nations Unies.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/552 4 octobre 1996
M. Leonardo Santos Simao, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, s'est félicité pour sa part de la consolidation de la paix et de la démocratie dans son pays. Il a indiqué que la question du déminage s'est vu accorder une haute priorité dans la mesure où c'est la condition sine qua non du développement économique et plus particulièrement de la productivité agricole.
Pour sa part, M. Mompati Mierafhe, Ministre des affaires étrangères du Botswana, s'est félicité du lancement par le Secrétaire général de l'initiative spéciale des Nations Unies pour l'Afrique. Bien que la plupart des Etats africains aient mené à bien les programmes d'ajustement structurels, ils continueront d'avoir besoin d'être aidés.
De son côté, le Ministre des affaires étrangères du Kazakstan, M. Kasymjomart Tokaev, a indiqué que les critiques adressées aux Nations Unies ne doivent pas faire douter de leur capacité et de celle du Secrétaire général. Il a appelé instamment le Conseil de sécurité à se saisir à nouveau de la question de l'Afghanistan face à l'aggravation de la situation dans ce pays.
L'Assemblée générale poursuivra cet après-midi, à 15 heures, son débat général, en entendant les déclarations de la Thaïlande, du Suriname, de Panama, de Fidji, des Seychelles et de l'Ouganda.
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Allocution de Son Excellence M. Benjamin William Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie
M. BENJAMIN WILLIAM MKAPA, Président de la République-Unie de Tanzanie, a déclaré que son pays comme les autres membres des Nations Unies souhaite réformer l'Organisation et renforcer son efficacité afin qu'elle puisse mieux faire face aux réalités actuelles et relever les nouveaux défis. Il importe de modifier les méthodes de travail de l'ONU, de lui donner plus de cohérence institutionnelle et politique et de la doter des moyens nécessaires. Tout en se félicitant des succès obtenus par les Nations Unies, le Président a estimé qu'il serait néanmoins présomptueux d'affirmer que nous vivons dans un monde meilleur alors que la pauvreté et les conflits restent le lot de la majeure partie des habitants de la planète.
M. Mkapa a fait observer que les efforts de rigueur exigés des pays en développement, impliquent des conséquences sociales si graves qui seraient intolérables dans les pays développés. A l'évidence, les pays en développement doivent lutter contre la gabegie et la corruption gouvernementales, renforcer l'efficacité de leur administration, libéraliser leurs économies et ouvrir leurs marchés. "L'aide apportée au Sud ne doit pas être seulement conçue comme un acte de charité, mais comme une contribution à l'édification d'un monde plus sûr et plus stable", a déclaré le Président. Regrettant le manque de ressources énergétiques dont pâtissent les pays en développement, M. Mkapa a mis l'accent sur la nécessité de soutenir politiquement la mise en oeuvre du Programme décennal d'énergie solaire qui a été adopté le 17 septembre dernier à l'issue du Sommet d'Harare. Il a indiqué à cet égard que, dans la mesure où 92% des besoins énergétiques de son pays sont satisfaisants par le recours au bois de chauffage, le Gouvernement est condamné, pour protéger les forêts naturelles, à faciliter l'accès aux sources d'énergie alternatives.
Abordant la situation au Burundi, le Président a condamné comme illégal et anticonstitutionnel le coup d'Etat militaire du 25 juillet dernier, estimant qu'il ne peut que saper les efforts déployés dans la région pour promouvoir le dialogue et restaurer la paix dans ce pays tourmenté. "Ce coup d'Etat est inacceptable pour tous les responsables de la région, qui exigent un retour à la légitimité et un règlement politique négocié qui garantira la démocratie et la sécurité des minorités", a déclaré M. Mkapa. "Par conséquent, les sanctions économiques seront maintenues contre le Burundi tant que les conditions définies à Arusha ne seront pas remplies par les dirigeants militaires de Bujumbura. Le Président, a dit sa grande préoccupation devant l'ensemble de la situation dans la région des Grands Lacs et a exhorté la communauté internationale à se montrer solidaire et à soutenir le Rwanda. Il a aussi invité celle-ci à redoubler d'efforts afin de répondre aux besoins urgents de plus d'un million de Rwandais et de Burundais qui se sont réfugiés dans son pays.
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Allocution de Son Excellence l'honorable Vaughan Lewis, CBE, Premier Ministre et Ministre des finances, de la planification et du développement, des affaires étrangères, des affaires domestiques et de l'information de Sainte-Lucie
M. VAUGHAN A. LEWIS, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Sainte-Lucie, a exprimé sa préoccupation face aux difficultés que rencontreraient les petites économies des Caraïbes si certains pays continuaient de contester le régime européen de la banane en invoquant une action relevant de la section 301 de l'Organisation mondiale du commerce. C'est ce que font les Etats-Unis à la suite de la demande présentée par certaines compagnies multinationales américaines impliquées dans le commerce des bananes tandis que d'autres producteurs importants de bananes ont suivi l'exemple, a observé le ministre. La bataille est maintenant engagée au sein de l'Organisation mondiale du commerce, mais celle-ci est inégale. Il est impératif que l'Assemblée générale mais également la communauté internationale cherchent à façonner un nouveau système économique mondial en prenant en compte les besoins particuliers des petits Etats, et en particulier les petits Etats insulaires en développement. La création de zones de libre-échange doit s'accompagner de dispositions particulières en faveur des petites économies, a indiqué le ministre tout en se félicitant de la mise en place d'un groupe de travail sur les petites économies afin de faciliter leur participation aux travaux des zones de libre-échange des Amériques.
Le ministre a noté qu'en dépit des changements que connaît le système international, les forces menaçant l'existence des petits Etats n'ont pas changé. Les petits Etats insulaires sont toujours extrêmement vulnérables aux catastrophes naturelles. Certains Etats voisins ne se sont toujours pas remis des dégâts engendrés, l'année dernière, par le passage des cyclones. Il a indiqué que son pays s'attachera à diversifier et à restructurer son économie, à accroître son efficacité et sa productivité et à s'adapter aux nouvelles réalités. Concernant les autres Etats des Caraïbes, le ministre a appelé instamment la communauté internationale à accroître son aide technique, économique, et financière en faveur d'Haïti. Il a également appelé à la levée du blocus imposé contre Cuba. En ce qui concerne l'Afrique, le ministre a exprimé sa tristesse quant à la persistance des conflits ethniques et, à cet égard, a demandé instamment aux Nations Unies et aux organisations régionales en Afrique de renforcer les mécanismes existants de conciliation. Il a exprimé sa préoccupation face à la situation du Moyen-Orient et a estimé que Taïwan devrait pouvoir participer et contribuer aux travaux des Nations Unies. Il a souhaité, à cet égard, que l'Assemblée générale mette en place un mécanisme qui permettrait à Taïwan de bénéficier des différents programmes des Nations Unies. Il a suggéré que les petites nations recherchent leur propre voie de développement dans le cadre d'une intégration économique régionale. Il a observé que grâce aux mécanismes régionaux de l'Organisation des Etats de l'Est des Caraïbes et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les petits Etats travaillent à l'édification d'institutions qui permettront de consolider les différentes entités de la Communauté des Caraïbes.
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Suite du débat général
M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères du Mozambique, s'est félicité de la consolidation depuis quatre ans de la paix et de la démocratie dans son pays, après une longue période d'incertitude et de sacrifices. Des efforts ont été faits pour la mise en oeuvre du Programme gouvernemental quinquennal (1995-1999) dont les objectifs principaux visent la réduction de la pauvreté, l'éducation, la santé, le développement rural et l'emploi. Mon gouvernement, a-t-il poursuivi, s'efforce de créer et de renforcer un système judiciaire conformément aux dispositions de la Constitution afin de renforcer la démocratie et l'Etat de droit, d'assurer la sécurité publique et le respect des droits de l'homme, de lutter plus efficacement contre la criminalité, le trafic des armes, de drogues et le blanchiment de l'argent.
Le Ministre a attiré l'attention sur le problème crucial de déminage qui reste une des priorités du Mozambique dans la mesure où il est absolument indispensable au processus de développement national et notamment à la production agricole. A cet égard, le Gouvernement mozambicain renouvelle son appui à l'appel lancé en faveur d'un accord international contre la production, le transfert et l'utilisation de mines terrestres antipersonnel. En ce qui concerne la question des réfugiés, il a indiqué que grâce à l'aide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), 1.7 million réfugiés Mozambicains ont pu rentrer au pays.
Le Ministre a par ailleurs exprimé son inquiétude devant les difficultés financières que connaît actuellement son pays. Le Programme d'ajustement structurel, en vigueur depuis 1987, a été adopté pour assurer à l'économie nationale un cadre légal et structuré en vue de promouvoir l'investissement, et pour lui donner un budget adéquat destiné à des programmes sociaux. Bien que des progrès aient été faits, le niveau de vie des travailleurs s'est détérioré dans certains cas. Le Ministre s'est inquiété du poids énorme de la dette du Mozambique et du fait que son remboursement a des conséquences négatives sur l'économie nationale. C'est pourquoi, a-t-il déclaré, il faut d'urgence trouver une solution à l'endettement des pays en développement. Les Engagements de Naples, adoptés par le Club de Paris en faveur des pays les plus pauvres et les plus endettés, devraient être mis en oeuvre d'urgence et des mesures d'allégement doivent également être prises par les créanciers non membres du Club de Paris. Le Ministre a demandé qu'il y ait une plus grande coopération entre les débiteurs et les créanciers et a appelé les organes des Nations Unies et ses institutions spécialisées à participer à la mise en place du Programme d'action pour les pays les moins développés. Il s'est félicité de l'Initiative spéciale pour l'Afrique récemment lancée par les Nations Unies et de la révision du nouvel agenda pour le développement de l'Afrique (NADAF) qui contribuent à mobiliser la communauté internationale sur les problèmes de l'Afrique.
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En ce qui concerne l'Angola, le Ministre a encouragé les parties concernées à résoudre au plus tôt le conflit. Il a reconnu les progrès accomplis en Sierra Leone et au Rwanda, mais s'est déclaré inquiet de la situation au Burundi, au Libéria et en Somalie ainsi que de la situation au Moyen-Orient. Le Ministre a déclaré qu'une réforme des Nations Unies était nécessaire. Les pays en développement devraient jouer un rôle plus actif aux Nations Unies et particulièrement au Conseil économique et social. Quant à la représentation du Conseil de sécurité, elle doit être plus équitable et plus représentative géographiquement.
M. INDER KUMAR GUJRAL, Ministre des affaires étrangères de l'Inde, a souligné l'importance de l'émergence d'un véritable esprit de coopération entre tous les Etats. Aucune nation, à elle seule, ne peut prétendre trouver la solution aux problèmes du monde; cela doit revenir aux Nations Unies qui sont, a dit le Ministre, l'incarnation du multilatéralisme et le cadre propice à la coopération internationale. Il a souligné que les Nations Unies se trouvent à un moment crucial de leur histoire. La crise financière n'est pas seule responsable de cette situation car l'ONU doit faire également face à un problème important, celui du financement de la coopération mondiale. Jamais l'aide au développement n'est tombée à un niveau aussi bas, a-t-il noté en déplorant que de plus en plus de pays remettent en question le rôle que jouent les Nations Unies dans la croissance mondiale et dans le processus de relèvement économique des pays en développement. Jugeant essentiel que l'on rende justice aux Nations Unies pour ce qu'elles font d'essentiel, à savoir l'éradication de la pauvreté, le Ministre a jugé qu'il faut réformer de fond en comble le système économique multilatéral ainsi que les liens entre l'Organisation et les institutions financières internationales.
Evoquant la question du respect des droits de l'homme, M. Kumar a regretté que certains pays se servent de cette question dans le but d'exercer des pressions politiques ou commerciales sur d'autres. Il a fait remarquer que les violations des droits de l'homme peuvent revêtir plusieurs formes, le terrorisme n'en étant sa manifestation la plus pernicieuse. Il a rappelé que son pays a été l'un des premiers à attirer l'attention de la communauté internationale sur la violation flagrante des droits de l'homme que représente le terrorisme. Il a ajouté que l'Inde poursuivra, cette année encore, ses efforts dans le but d'adopter un instrument juridique contraignant pour tous en ce qui concerne le terrorisme.
Le Ministre a évoqué la question du désarmement, en faisant valoir que le seul moyen d'assurer, pour toujours, la sécurité des Etats est d'interdire la possession, la production et l'utilisation de toutes les armes nucléaires et de se fixer, pour ce faire, un calendrier d'action. Le Traité de non-prolifération et le traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne sont en fait que des textes qui proposent des "mesures timides et partielles" de limitation des armements et qui légitiment la volonté de
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certains Etats de posséder de telles armes et de procéder à des essais, a jugé le Ministre. Tout désarmement, pour être efficace, doit être universel dans son approche et sa portée, a-t-il observé en estimant que les approches régionales dans ce domaine ne font que nous écarter de cet objectif. Pour autant, l'Inde qui reste fermement engagée au processus de négociation visant la conclusion d'un traité interdisant toutes les armes nucléaires et leurs essais a signé et déposé, il y a quinze jours, les instruments de ratification nécessaires à l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques. Il a indiqué que son pays présentera à cette session un projet de Convention contre l'utilisation des armes nucléaires, car, a-t-il dit, la possibilité de demander un avis consultatif à la Cour internationale de Justice sur la légalité de l'utilisation des armes nucléaires a facilité la présentation d'un tel texte. L'Inde a d'ailleurs présenté, récemment, à la Conférence du désarmement, un programme séquentiel d'élimination des armes nucléaires d'ici à l'an 2020.
Jugeant inévitable que les Nations Unies procèdent à une réforme en profondeur du système, si elles veulent rester "crédibles", le Ministre a rappelé que son pays est candidat au poste non permanent du Conseil de sécurité pour les pays d'Asie pour la période 1997-98. L'Inde n'a jamais cessé de soutenir les activités de l'ONU, a-t-il dit en précisant qu'elle a participé à plus de 25 opérations de maintien de la paix sur quatre continents et qu'elle défend les valeurs de paix, de non-violence, de pluralisme et de tolérance. Le Ministre a évoqué la situation en Afghanistan en rappelant les liens étroits qui unissent l'Inde à ce pays, tant sur le plan culturel que religieux. Il a exhorté toutes les parties afghanes à résoudre leurs différends par le dialogue pacifique et les négociations.
Allocution de Son Excellence l'honorable Denzil Douglas, Premier Ministre et Ministre de la sécurité nationale, des affaires étrangères, des finances, de la planification et de l'information de Saint-Kitts-et-Nevis
M. DENZIL DOUGLAS, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré qu'une fois de plus son pays participe aux travaux de l'Assemblée générale non pour demander l'aumône, mais pour défendre le multilatéralisme. Le Premier Ministre a indiqué que l'aggravation des problèmes auxquels sont confrontés les petits Etats en développement n'a en rien entamé la détermination de son gouvernement à les résoudre. Reconnaissant que la drogue, le chômage des jeunes et la pauvreté sont les manifestations de la crise sociale, M. Douglas a précisé que son gouvernement se bat pour que les générations futures puissent encore rêver et réaliser leurs rêves. Pour autant, Saint-Kitts-et-Nevis ne peut à lui seul aider sa population à saisir les occasions qui se présentent à elle. C'est pourquoi, les institutions de Bretton Woods, doivent aider les petits Etats à se doter des structures appropriées qui leur permettent de se développer économiquement et de mieux participer au système mondial.
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"Les pays développés doivent se garder de croire qu'ils sont les mieux qualifiés pour élaborer les stratégies de croissance des pays en développement", a déclaré le Premier Ministre. Saint-Kitts-et-Nevis entend préserver le niveau de vie de ses habitants et leur assurer un avenir prospère. Son gouvernement exhorte la communauté internationale à respecter sa détermination à dénucléariser les Caraïbes et à y interdire les déchets toxiques. La protection de l'environnement des petits Etats insulaires en développement nécessite une action de longue haleine. Convaincu du lien indissoluble qui existe entre le développement durable et la protection de l'environnement, M. Douglas a invité les Nations Unies à adopter une approche intégrée en matière de développement durable. Le Premier Ministre a estimé que la réforme des Nations Unies doit permettre de s'attaquer aux problèmes de la répartition des ressources et de la mise en oeuvre des recommandations. Une réforme qui ne tendrait pas vers de tels objectifs ne serait que superficielle, a-t-il rappelé.
Le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis se félicite de la prorogation de la Mission des Nations Unies en Haïti, car elle permettra de consolider la démocratie et de renforcer le développement humain dans ce pays. En effet il serait impossible d'asseoir la démocratie en Haïti sans s'attaquer à la pauvreté, à l'analphabétisme, à la violence et sans pallier l'absence d'institutions démocratiques. Le Premier Ministre a par ailleurs soutenu les activités du Tribunal international pour le Rwanda. Il a également demandé instamment aux factions burundaises de négocier. S'agissant de la question de Taïwan, M. Douglas a invité la communauté internationale à se tenir prête, si nécessaire, à fournir les mécanismes permettant de faciliter le dialogue et la négociation. La communauté internationale doit, en outre, adopter une approche globale en matière de droits de l'homme, qui envisage de protéger les enfants de la faim, de l'esclavage et de la prostitution.
Suite du débat général
M. KASYMJOMART K. TOKAEV, Ministre des affaires étrangères du Kazakstan, a souligné que le peuple de son pays a grandement souffert du pouvoir destructif des armes nucléaires. Il a réitéré que depuis cinq ans son pays suit une politique constante en vue de la non-prolifération nucléaire. Le Ministre a observé qu'il était nécessaire que la communauté internationale reconnaisse le rôle important joué par le Kazakstan dans ce domaine. Il a estimé que la fin du monde bipolaire n'a pas donné lieu à une planète plus sûre. Ce qui exige la réforme des Nations Unies qui devront répondre désormais aux situations conflictuelles dans les relations internationales. Il a insisté sur la nécessité de rendre les Nations Unies plus efficaces et plus adaptables, en qui concerne les menaces à la paix et à la sécurité. Il a exprimé le soutien de son pays à la candidature du Japon et de l'Allemagne à un siège permanent au Conseil de sécurité et à l'accroissement de la composition, en particulier le nombre de ses membres non permanents sur la
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base d'une représentation géographique équitable. Il a indiqué que les critiques soulevées à l'encontre des Nations Unies ne doivent pas semer le doute quant à leurs capacités et à celles du Secrétaire général. Nous n'avons pas utilisé toutes les ressources de l'Organisation et la Charte elle-même contient des éléments qui n'ont pas été exploités, notamment les dispositions qui traitent de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.
Evoquant la question de la sécurité et de la stabilité en Asie centrale, il a observé qu'il y existe des zones de tranquillité, comme le Kazakstan, mais qu'il y a également des zones de conflit. La situation en Afghanistan est une source de préoccupation, et si la résolution du Conseil de sécurité est importante pour le règlement de ce conflit, il faut impérativement que le Conseil soit saisi à nouveau de la question. Il a formé de grands espoirs quant à la création par la CESAP et la CEE d'une commission conjointe pour l'Asie centrale, et a indiqué que son pays souhaitait rejoindre l'Organisation mondiale du commerce le plus tôt possible. Il a fait valoir le coté positif de la création d'un bataillon de maintien de la paix en Asie centrale. Il a précisé que l'efficacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pourrait être obtenue grâce à une formulation plus précise et à un renforcement du mandat de l'Organisation. Le Ministre a indiqué que le sécessionisme constitue une nouvelle tendance mais qu'il était temps de mettre un terme au caractère absolu du droit des peuples à l'autodétermination. Le monde actuel doit baser ses fondements sur le principe de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des Etats.
Pour ce qui est des catastrophes naturelles, le ministre a souligné que plus de la moitié du territoire du Kazakstan doit être déclarée zone sinistrée. Il a cité la région de Semipalatinsk et de la mer Aral. Reconnaissant que les Nations Unies n'ont pas été indifférents à ce phénomène, il a noté que les victimes des catastrophes naturelles n'ont pas ressenti les effets pratiques des activités des missions internationales. Il a exprimé sa reconnaissance au PNUD, à l'UNICEF et à la Banque mondiale pour l'élaboration d'un programme de grande envergure concernant la réhabilitation de la mer Aral. Il a indiqué que son pays soutenait la proposition de l'Assemblée générale de convoquer une session extraordinaire consacrée aux questions environnementales et au développement durable.
M. MOMPATI S. MERAFHE, Ministre des affaires étrangères du Botswana, passant en revue la situation sur le Continent africain a regretté que les parties en conflit en Angola semblent incapables de progresser davantage dans la voie de la paix. Il a constaté que le Burundi qui était pour l'instant empêtré dans le bourbier de l'autodestruction ne bénéficie d'aucune incitation ou appui politique qui permettent aux dirigeants politiques du pays d'éviter la tentation de l'annihilement mutuel et de prendre le chemin de la réconciliation. Il a souhaité que la communauté internationale poursuive ses efforts pour que le Rwanda parvienne à une réconciliation nationale qui passe
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obligatoirement par le retour des réfugiés dans leur pays. Le Ministre a rappelé que le Botswana souhaite que soit rapidement résolu le problème "politique et moral" que pose la question du Sahara Occidental et notamment la tenue d'un référendum libre, juste et impartial et la reprise du processus d'identification des électeurs, interrompu depuis plusieurs mois. Il a exprimé l'espoir que les Nations Unies ne considèrent pas la Somalie comme une "cause perdue" et qu'elles persévèreront dans la recherche d'un règlement global de la crise politique que connaît ce pays.
M. Merafhe a par ailleurs évoqué le problème des mines terrestres antipersonnel et a estimé que la seule solution à la menace qu'elles font peser sur l'humanité réside dans l'interdiction totale de leur production, stockage, exportation et utilisation. Considérant que l'existence d'armes de destruction massive, et notamment nucléaires était très préoccupante, le Ministre a indiqué qu'il est difficile d'accepter que les Etats nucléaires dissuadent certains Etats d'acquérir l'arme nucléaire pour des raisons de sécurité alors qu'ils se sont dotés eux-mêmes de ces armes, qu'ils appellent des armes de dissuasion. A cet égard, les garanties unilatérales de sécurité offertes par les Etats nucléaires ne répondent pas aux préoccupations de la majorité des Etats non nucléaires, a déclaré le Ministre.
M. Merafhe s'est en outre félicité de ce que le Secrétaire général ait lancé l'Initiative spéciale des Nations Unies en faveur du développement de l'Afrique dans les années 1990, aux termes de laquelle 25 milliards de dollars permettraient, sur dix ans, de régler certains problèmes prioritaires sectoriels en matière de développement et de s'attaquer à la délicate question des liens entre alimentation, population et environnement. Bien que la plupart des Etats africains aient rempli les obligations qui leur incombaient en vertu des programmes d'ajustement structurels, il continueront d'avoir besoin d'être aidés pour parvenir à la reconstruction de leurs infrastructures sociales, économiques et physiques. Il a également évoqué les drames que représentent la pandémie du virus VIH-SIDA et a souhaité que la communauté internationale entreprenne une action concertée afin de juguler, avant qu'il ne soit trop tard, ce fléau qui touche les secteurs les plus jeunes et les plus productifs des sociétés africaines.
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