L'URUGUAY ESTIME QUE LA RESTRUCTURATION DE L'ONU DOIT ALLER AU-DELA DU SIMPLE RENFORCEMENT DE SON EFFICACITE ADMINISTRATIVE
Communiqué de Presse
AG/549
L'URUGUAY ESTIME QUE LA RESTRUCTURATION DE L'ONU DOIT ALLER AU-DELA DU SIMPLE RENFORCEMENT DE SON EFFICACITE ADMINISTRATIVE
19961002 APRES-MIDI AG/549 L'Iraq demande la liberté pour le Secrétaire général d'appliquer sans interférence extérieure l'Accord "Nourriture contre Pétrole"L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi son débat général dans le cadre des travaux de sa cinquante et unième session et a entendu dans ce contexte M. Sheikh Hamad Bin Jassem Bin Jabr Al-Thani, Ministre des affaires étrangères du Qatar, qui a appelé au renforcement de la coopération entre l'ONU et les organisations régionales. Le Qatar s'engage à travailler avec ces dernières pour promouvoir la paix et la sécurité dans le Golfe.
Le Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay, M. Alvaro Ramos-Trigo, a exhorté les Nations Unies à réfléchir rapidement à leur façon de réagir aux nouvelles menaces pour la paix et à la mondialisation. Il a estimé que la restructuration de l'ONU devrait aller au-delà du simple renforcement de l'efficacité administrative.
De son côté, M. Clement Rohee, Ministre des affaires étrangères du Guyana a affirmé que les Nations Unies doivent dépasser leur conception du maintien de la paix et recourir davantage à la diplomatie préventive. Il a, par ailleurs, demandé l'annulation de la dette des pays les moins avancés.
Le Ministre des affaires étrangères et des communautés guinéennes de la Guinée-Bissau, M. Delfim Da Silva, a regretté que malgré l'ONU, la paix et la stabilité demeurent un rêve, notamment en Afrique. Notant que la pauvreté exige une mobilisation constante, il a salué l'Initiative spéciale pour l'Afrique proposée par le Secrétaire général.
Pour sa part, M. Miguel Angel Burelli Riva, Ministre des affaires étrangères du Venezuela, s'est déclaré surpris de voir figurer dans le rapport du Secrétaire général la controverse territoriale qui oppose son pays au Guyana. L'ONU, a-t-il suggéré doit désormais apprendre à toutes les Nations à coexister.
(à suivre - 1a)
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M. Koffi Panou, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo, a souligné que compte tenu de la circulation illicite des armes de petit calibre et des armes légères, il importe de renforcer l'action du Centre Régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, basé au Togo.
Dernier orateur de la séance, le Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, M. Mohammed Said Al-Sahaf, a quant à lui demandé la liberté pour le Secrétaire général d'appliquer l'accord "nourriture contre pétrole" sans interférence extérieure.
En fin de réunion, les Etats-Unis, le Koweït, le Royaume-Uni et l'Iraq ont exercé leur droit de réponse.
L'Assemblée générale poursuivra demain, jeudi 3 octobre, à 10 heures, son débat général. Pour ce faire, elle devrait entendre les interventions du Premier Ministre du Pakistan, du Président de la République dominicaine, ainsi que des Ministre des affaires étrangères du Sénégal, d'Israël, de la Barbade, du Bahreïn et du Burkina Faso.
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Suite du débat général
M. SHEIKH HAMAD BIN JASSEM BIN JABR AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar, a rappelé qu'une série de conflits internes avaient secoué certains Etats les menaçant dans leur existence même. Le monde, a-t-il poursuivi, fait face à de nouveaux défis alors que les règles du nouveau système international n'ont pas encore été précisées. Le rôle essentiel des Nations Unies consistant à préserver la paix et la sécurité internationale est essentiel, et appelle une réforme de l'Organisation qui revitaliserait le rôle de l'Assemblée générale pour faire face aux tâches qui lui sont confiées. Des mesures devraient également être prises au niveau de la communauté internationale pour éviter que des conflits éclatent. Il faut appuyer le rôle des organisations internationales et promouvoir la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales comme l'Organisation de l'unité africaine, la Ligue des Etats arabes, l'Organisation de la conférence islamique et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.
La question du désarmement est essentielle pour la sécurité internationale. La prorogation indéfinie du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires doit être appuyée et ratifiée par tous les Etats, dont Israël, qui doit soumettre ses installations nucléaires au régime de garanties de l'AIEA. Le Qatar s'engage à travailler avec les organisations régionales pour promouvoir la paix et la sécurité dans la région du Golfe. Il est indispensable d'entretenir des relations de bon voisinage, de non-ingérence et de respect de la souveraineté avec les autres Etats, et de résoudre les conflits par la médiation, le dialogue et en appliquant les décisions de la Cour internationale de Justice. A ce titre, le Qatar se félicite de la conclusion d'un accord entre le Yémen et l'Erythrée au sujet du différend territorial qui les opposait. Il exprime également sa gratitude à la France pour le rôle qu'elle a joué à cet égard. Le Qatar exprime par ailleurs sa solidarité à l'égard du peuple iraquien qui vit dans des conditions difficiles en raison du régime de sanctions qui lui est imposé. Il exprime sa satisfaction quant à l'accord "pétrole contre nourriture" et réaffirme son engagement en faveur de l'unité et de l'intégrité territoriale de l'Iraq. Il exprime également sa préoccupation au regard des souffrances du peuple lybien en raison des sanctions qui lui sont imposées et demande des garanties pour que les sanctions soient appliquées de façon égale.
Le Qatar est favorable à une paix juste et durable au Moyen-Orient. Il en appelle au nouveau gouvernement israélien pour que se poursuivent les efforts de mise en oeuvre des résolutions des Nations Unies et la reprise du processus de paix. Le Qatar est préoccupé par la confiscation des territoires palestiniens et l'implantation de nouvelles colonies de peuplement en violation des dispositions des accords et traités internationaux. Ces implantations devraient cesser sans retard. La Qatar rejette toute tentative pour modifier la composition démographique ou le statut juridique de la ville arabe de Jérusalem tel qu'il existait avant le 1er janvier 1967.
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Par ailleurs, la décision récente des autorités israéliennes d'ouvrir un tunnel sous la mosquée Al-Aqsar constitue une provocation des musulmans dans le monde et une violation de la quatrième Convention de Genève, ainsi qu'une menace contre la paix dans la région. Il faut mettre fin aux mesures prises par les Israéliens contre les Palestiniens dans la région en attendant que des mesures tangibles soient prises pour fermer définitivement le tunnel.
Le Qatar condamne le terrorisme sous toutes ses formes et appuie les efforts internationaux pour lutter contre ce phénomène. Cependant, la résistance à l'occupation et à l'agression ne peut être considérée comme un acte de terrorisme. S'agissant de la Bosnie-Herzégovine, le Qatar appelle les parties à mettre en oeuvre les accords de Dayton et à faire les efforts nécessaires pour traduire en justice les criminels de guerre. En ce qui concerne le développement de l'économie mondiale, il a exprimé l'espoir que l'OMC pourra aider les économies fragiles.
M. ALVARO RAMOS-TRIGO, Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay, a exhorté les membres de la communauté internationale à réfléchir sans plus attendre à la façon dont les Nations Unies devraient réagir aux nouvelles menaces pour la paix et au problème de la mondialisation. Le Ministre a expliqué qu'en procédant de la sorte, la communauté internationale se heurtera à l'inévitable obstacle de concept de la nation sur lequel a été fondée l'Organisation. Or, la nation en tant que telle n'a plus le monopole des décisions internationales et par conséquent ne constitue plus à elle seule l'élément déterminant de la légitimité des Nations Unies. Bien que les gouvernements, en tant que centres d'exécution des politiques étatiques, conservent les pouvoirs essentiels en matière de diplomatie, de sécurité, de défense et de politique économique et monétaire, il faut désormais tenir compte du double phénomène de la mondialisation et de la fragmentation qui favorise l'émergence de nouveaux acteurs hétérogènes et suscite l'apparition de nouvelles menaces à la paix. Ces nouvelles menaces rendent obsolètes les mécanismes traditionnels de sécurité collective. Il nous faut donc repenser notre Organisation et agir en conséquence, a suggéré le Ministre.
La question de la restructuration des Nations Unies n'est certes pas nouvelle, a reconnu M. Ramos-Trigo. Malheureusement, les efforts déployés actuellement, comme ceux qui ont précédé, ne s'attaquent pas à la racine du problème, qui exige davantage qu'un renforcement de l'efficacité administrative et qu'une rationalisation des fonctions. L'Uruguay a déjà indiqué qu'elle est favorable à un accroissement du nombre des membres permanents du Conseil de sécurité pour tenir compte des réalités actuelles. Elle estime que le nombre de membres non-permanents devraient tout autant être accru pour renforcer la transparence et améliorer la représentativité du Conseil.
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Abordant la situation au Moyen-Orient, le Ministre a jugé essentiel que la communauté internationale maintienne son appui au processus de paix initié en 1991 à Madrid. Soulignant que la liberté du commerce, tel que cela a été maintes fois reconnu lors du cycle de l'Uruguay, a été et demeure l'une des pierres angulaires du développement économique mondial, M. Ramos-Trigo a condamné les efforts unilatéraux qui visent à appliquer extraterritorialement les législations nationales. Tout en appuyant l'apparition d'une démocratie représentative en Amérique du Sud, il s'est opposé au recours à des fins politiques de mesures économiques, commerciales et financières dirigées contre un Etat.
Rappelant que l'Uruguay a été l'un des premiers pays signataires du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, il a estimé que ce traité constitue avec les autres événements survenus récemment en matière de désarmement, l'instrument fondamental de la réaffirmation des principes de paix et de sécurité internationales. Regrettant que la production, le trafic et la consommation de drogues illicites soient des manifestations tangibles du phénomène de mondialisation, il a invité les Etats à assumer leurs responsabilités.
M. CLEMENT ROHEE, Ministre des affaires étrangères du Guyana, a déclaré que la création d'un partenariat pour la paix était l'un des impératifs immédiats auxquels les Etats Membres doivent faire face. Pour y parvenir, les Nations Unies doivent dépasser la conception traditionnelle du maintien et de la restauration de la paix et développer l'utilisation de la diplomatie préventive. Il a ajouté qu'il faut tirer les enseignements des succès et des échecs passés et à cet égard, il s'est félicité des progrès accomplis au niveau du Conseil de sécurité, notamment en ce qui concerne la transparence des opérations entreprises. Cependant, il a estimé que de plus amples négociations étaient nécessaires sur la question de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité afin qu'il soit plus représentatif des Etats Membres de l'Organisation. Il a ajouté qu'un Conseil de sécurité plus démocratique restaurerait la confiance des Etats Membres et qu'à terme ceux-ci préfèreraient renoncer à leurs propres forces défensives qui leur coûtent très cher pour ne dépendre plus que du système de défense collective de l'Organisation. Bien qu'à son avis le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas pleinement satisfaisant, il n'empêche qu'il offre une chance de proscrire le développement futur de telles armes. Il a rappelé qu'il ne fallait pas passer sous silence le problème de la prolifération des armes conventionnelles et a souhaité que les industries d'armements soient reconverties à des fins de développement.
Abordant la question du Moyen-Orient, il a insisté sur la nécessité de ne pas laisser mourir le processus de paix, seul moyen de parvenir à une réconciliation durable dans la région. Il a observé que depuis la fin de la guerre froide, la situation en ce qui concerne l'environnement et le trafic des drogues est devenue très préoccupante. A cet égard, il s'est réjoui de la
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prochaine révision de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement ainsi que de la Réunion de haut niveau de l'ECOSOC sur le trafic et l'usage des drogues qui s'est tenue en juin dernier. Il s'est également réjoui du prochain Sommet sur l'alimentation qui se tiendra prochainement à Rome et a estimé qu'éliminer la faim et assurer la sécurité alimentaire des populations du monde devraient être les priorités absolues de la communauté internationale. S'agissant de l'Agenda pour le développement qui est en préparation, il a estimé que les interdépendances croissantes entre Etats et la mondialisation de l'économie étaient autant de raisons qui militent en faveur de l'établissement d'un partenariat mondial pour la paix et le développement au titre duquel les pays en développement prendraient la responsabilité d'assurer leur propre développement et leurs besoins alimentaires, alors que les pays développés s'engageraient à les aider et à créer un environnement économique international propice. Il a évoqué ensuite le Symposium tenu en août dernier par son gouvernement sur le nouvel ordre humain mondial, qui a demandé l'annulation de la dette des pays les moins avancés et une réduction significative du service de la dette des pays en développement. Les participants ont également conclu à la nécessité d'un flux accru du financement à long terme du développement, par le biais de l'aide au développement et la création d'un fonds mondial.
M. FERNANDO DELFIM DA SILVA, Ministre des affaires étrangères et des communautés guinéennes de la Guinée-Bissau, notant que les nombreux défis et espoirs auxquels les Nations Unies doivent répondre aujourd'hui sont sans précédent, a souligné la nécessité de déployer tous les efforts nécessaires en vue de la restructuration et de la revitalisation de l'Organisation. Le Ministre a observé, qu'en dépit des efforts constants de l'ONU, la paix et la stabilité demeurent un rêve dans plusieurs régions du globe. L'Afrique, a-t-il regretté, est malheureusement le continent le plus atteint par cette tragédie. Indiquant qu'il s'est récemment rendu en Angola à la demande de son Président et alors que son pays assurait la présidence du Conseil de sécurité, M. da Silva a estimé que cette visite témoigne de la solidarité de toujours de son pays avec le peuple angolais et illustre clairement sa volonté de promouvoir entre les parties la confiance indispensable au succès du processus de paix. La Guinée-Bissau souhaite que les raisons qui retardent l'application intégrale du Protocole de Lusaka puissent être surmontées.
Le Ministre, déplorant la tragédie qui divise le Libéria et soulignant les effets négatifs du conflit dans les pays voisins, a exhorté toutes les factions belligérantes à respecter le nouveau plan d'exécution de l'Accord d'Abuja, ainsi que le Gouvernement de transition nationale. Il les a invités à coopérer pleinement avec l'ECOMOG, la MONUL et le reste de la communauté internationale dans la recherche d'une solution définitive au problème du Libéria. M. da Silva s'est déclaré préoccupé par la situation dans la région
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des Grands Lacs, notamment au Burundi. Il a soutenu les efforts de l'ONU et de l'OUA tendant à éviter que la tragédie du Rwanda ne se répète. En ce qui concerne le Sahara occidental, il a réitéré l'appui de son pays aux efforts du Secrétaire général en vue de l'organisation d'un référendum. Il a salué les pourparlers entre le Portugal et l'Indonésie organisés sous les auspices des Nations Unies en vue de trouver une solution juste au conflit du Timor oriental.
Le Ministre a indiqué que son gouvernement est fermement convaincu que la République de Chine devra être admise au sein des Nations Unies sur la base du respect de l'universalité et de l'égalité juridique des Etats. Evoquant la situation au Moyen-Orient, il a estimé que les événements tragiques de ces derniers jours ont fragilisé le processus de paix tout en affectant sérieusement l'opinion publique internationale. M. da Silva a fait valoir que l'embargo contre Cuba dont les répercussions affectent gravement la population de ce pays doit pouvoir être levé grâce au dialogue et à la négociation.
M. Da Silva a déclaré que la persistance de la pauvreté dans le monde exige une mobilisation constante et renforcée de la part de la communauté des nations et requiert une approche globale des grands problèmes socio- économiques du monde. Il a salué les actions menées par l'ONU dont l'Initiative spéciale pour l'Afrique. Le Ministre a souhaité que l'effort de rétablissement entrepris par son pays soit complété par un appui additionnel de la communauté internationale. Il s'est réjoui de l'initiative du Portugal de proposer à ses partenaires de l'Union européenne la tenue d'un sommet eurafricain dont l'objectif est de promouvoir un dialogue politique en vue de la création de nouvelles bases pour un partenariat global.
M. MIGUEL ANGEL BURELLI RIVAS, Ministre des relations extérieures du Venezuela, après avoir rappelé que le monde n'avait pas connu de conflit généralisé depuis la création de l'Organisation des Nations Unies, a indiqué que le Venezuela suivait avec beaucoup d'intérêt le travail entrepris par la communauté internationale pour faire du Conseil de sécurité un organe plus représentatif des nouvelles réalités mondiales, et plus efficace. Il a ajouté que la longue période de paix relative qu'a permis l'instauration des Nations Unies a également rendu possible l'intégration européenne, le développement des civilisations technologiques des pays d'Asie, ainsi que la croissance de la région d'Amérique latine. Pour sa part, le Venezuela s'est engagé dans la défense des grandes causes contemporaines, comme le respect des droits de l'homme, une démocratie véritablement représentative, l'intégration en tant que culture politique et économique des temps modernes, et le désarmement comme garantie de la sécurité mondiale. Le Venezuela qui signera demain le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires espère qu'il sera tenu compte des critiques faites à l'Organisation en mettant rapidement en oeuvre des projets de réforme et de revitalisation. Le ministre a évoqué le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation dans lequel référence est faite à la controverse territoriale entre le Venezuela et le Guyana.
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Cette controverse, a-t-il rappelé, entre dans le cadre de l'Accord de Genève de 1966, auquel les deux pays ont souscrit afin de trouver une solution pratique et durable à leur différend. Il a été fait appel aux bons offices du Secrétaire général, et les parties appliquent maintenant les mécanismes prévus dans la Charte des Nations Unies pour le règlement pacifique des conflits. Le Venezuela est par conséquent surpris que l'on se réfère à cette situation dans le chapitre consacré aux situations conflictuelles. La mondialisation des relations internationales fait planer une menace sur la paix mondiale. L'Organisation doit donc concevoir un projet de développement des ressources humaines et de formation systématique pour apprendre à toutes les nations à coexister.
Le Venezuela qui dispose des ressources pétrolifères les plus importantes du monde occidental, a confié l'exploitation de ces ressources au seul Etat, qui a utilisé ses revenus à des fins excessivement interventionnistes engendrant ainsi une attitude de dépendance. La crise vénézuélienne n'est pas une crise économique mais une crise morale qui peut être résolue par le retour à une conduite de probité et d'effort qui demandera beaucoup de temps. C'est ce à quoi s'est attelé le Président Rafael Caldera. Le 15 avril dernier, il a décidé d'ouvrir l'économie afin d'y incorporer les valeurs de l'économie de marché, sans pour autant nuire aux plus pauvres, qui ont pâti de l'Etat paternaliste.
En Amérique latine, la crise sociale semble être due à une formation insuffisante, et pas seulement aux faiblesses de l'enseignement. L'effondrement des foyers traditionnels prive les gens des valeurs morales essentielles qui étaient transmises par les mères. Aujourd'hui, l'Etat doit remplacer la famille dans la formation morale des citoyens. Il a observé que la chaîne famille-école-université-vie s'est brisée depuis quelque temps, parce que son premier maillon a disparu. Il faut reconstituer l'être humain, afin qu'il grandisse muni des valeurs qui en font un être humain. L'Amérique latine, qui ne connaissait pas la haine raciale ou les conflits religieux, et avait une âme indivisible, souffre de voir que les véritables problèmes d'aujourd'hui sont dus à des problèmes sociaux liés à des politiques qui ont ignoré les principes de l'éducation. La démocratie doit être une civilisation articulée, transparente dans sa conduite et efficace dans ses réalisations pour offrir une alternative à la dictature. Le Venezuela a proposé une Convention contre la corruption, qui a été adoptée au niveau de l'hémisphère. Il s'agit de la première convention de ce genre et le jour est proche où ce qui est fait dans l'hémisphère le sera dans l'Organisation. Au cours de la dernière session de fond de l'ECOSOC, le Venezuela a coparrainé la Déclaration des Nations Unies contre la corruption et l'assujettissement dans les pratiques de commerce transnational.
Si les Nations Unies, par le truchement de l'UNESCO, ajoutent un enseignement universel à ses programmes de coopération, la rédemption éthique et humaine véritable de la société pourra commencer. L'Amérique latine pourrait servir de laboratoire pour montrer comment redresser la norme éthique de l'espèce humaine dans les régions où elle a été déformée.
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M. KOFFI PANOU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo, a rappelé que la tenue des élections législatives partielles, les 4 et 18 août 1996, dans le calme, l'ordre et la transparence, illustre la détermination du peuple togolais à progresser, sous l'impulsion du Président Eyadéma, sur le chemin de la démocratie, de la paix et de la stabilité politique, gages sûrs du développement économique et social. Evoquant les conflits en Afrique, il a regretté que la multitude de victimes, de réfugiés, de personnes déplacées ainsi que les destructions massives engendrées par ces conflits ne suffisent pas pour amener les parties impliquées à prendre conscience de la nécessité de mettre fin à ces crises, au risque de lasser la patience et la persévérance de la communauté internationale dans ses efforts. S'agissant en particulier du Libéria, la délégation togolaise se félicite des mesures courageuses prises par le Comité des Neuf de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), lors de sa réunion tenue en août dernier à Abuja en vue de faire aboutir le processus de paix engagé depuis de nombreuses années. Les mesures préconisées, assorties de sanctions, témoignent de la détermination des pays de la CEDEAO à tout mettre en oeuvre pour parvenir à un règlement définitif et durable de ce conflit fratricide. Pour ce qui est du différend de la presqu'île de Bakassi, le Togo tient à saluer l'action du Secrétaire général des Nations Unies tendant à son règlement pacifique. Résolu à régler tout conflit par des moyens pacifiques et à sauvegarder la paix et la sécurité sur le continent africain, le Togo reste disposé à contribuer à la restauration de la paix dans la presqu'île et à la normalisation des relations entre le Cameroun et le Nigéria. Eu égard aux nombreux conflits auxquels devra faire face le mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits et compte tenu de la circulation illicite des armes de petit calibre et armes légères, il est essentiel de renforcer l'action du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, basé au Togo. S'agissant de la sauvegarde de la paix par le désarmement, le Togo réitère son ferme engagement en faveur du désarmement général et complet, et soutient sans réserve les efforts entrepris jusqu'ici par la communauté internationale pour atteindre cet objectif. La délégation togolaise estime à cet égard que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ouvert à la signature des Etats le 24 septembre dernier et que le Togo vient de signer, contribuera par son entrée en vigueur et son application à réduire la menace nucléaire. Le Gouvernement togolais se félicite de la signature au Caire, le 11 avril 1996, du Traité de Pelindaba faisant de l'Afrique une zone exempte d'armes nucléaires.
En ce qui concerne la situation sociale et économique de l'Afrique, M. Panou a souligné que la solution aux problèmes économiques des pays en développement passe par la recherche de solutions radicales et novatrices, visant notamment l'annulation ou la réduction sensible de leurs dettes, et par la mise en oeuvre de mesures hardies à assurer leurs progrès. A cet égard, sa délégation se félicite des efforts déjà déployés par les créanciers en vue de régler le problème de la dette. Elle se félicite tout particulièrement de la
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récente décision des ministres des finances du Groupe des sept pays les plus industrialisés d'alléger, jusqu'à concurrence de 80%, le fardeau de la dette des pays les plus pauvres. Le ministre a salué l'engagement de ces pays à poursuivre les efforts dans le cadre de la facilité d'ajustement structurel renforcé à assurer, en ce qui concerne les créances bilatérales, la viabilité financière et à aider les pays qui déploient les efforts d'ajustement nécessaires à supporter le poids de leur dette. A l'heure de la mondialisation de l'économie et de la libéralisation des marchés, il est une nécessité impérieuse que les Etats africains soient compétitifs dans le commerce international. Pour ce faire, il faudrait relever le défi du développement industriel grâce à la coopération financière et technique soutenue avec les pays industrialisés. Il y a lieu, par ailleurs, d'éviter que l'Afrique ne soit tributaire que de l'exploitation des matières premières dont les prix sont en constante détérioration. Le Gouvernement togolais souhaite que le prochain Sommet mondial sur l'alimentation, qui se tiendra à Rome en novembre, soit couronné de succès et que les recommandations qui seront adoptées concourront à relever au mieux la situation alimentaire et agricole afin de satisfaire les besoins des populations.
M. MOHAMMED SAID AL-SAHAF, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, a évoqué la récente attaque par missiles contre son pays et le projet d'agression militaire du Gouvernement des Etats-Unis. Il a réaffirmé que son pays n'avait en aucune manière agi contrairement aux principes de la Charte des Nations Unies ou des résolutions du Conseil de sécurité. L'Iraq, à la demande d'une importante communauté de Kurdes iraquiens, n'a opéré que des mouvements de troupes sur son propre territoire et a ainsi repoussé l'agression militaire d'une faction liée à un pays voisin. Ces opérations tombent donc sous le coup de la souveraineté de l'Iraq sur son territoire, ce qui est un droit garanti par le droit international et les conventions internationales. Il a indiqué que le problème avait été réglé sans perte de vies humaines. Ce faisant, les Etats-Unis ont essayé de tirer parti de ces événements et en ont pris prétexte pour détruire un certain nombre d'installations civiles et faire des blessés dans la population. Non satisfaite, l'administration américaine a décidé, le 3 septembre dernier, d'étendre la zone de non-survol dans le sud de l'Iraq, ce qui est, ni plus ni moins, un recours à la force armée contre le territoire et la souveraineté iraquiens. Il a souligné qu'il s'agissait d'une décision unilatérale n'ayant rien à voir avec les Nations Unies ou les résolutions du Conseil de sécurité. Ainsi que l'ont reconnu, entre autres, le Ministre des affaires étrangères français et le représentant permanent de la Russie, l'imposition de cette zone de non-survol n'est ni légitime, ni légale et constitue une agression flagrante contre l'Iraq. C'est pourquoi, notre pays a demandé à l'Organisation, au Secrétaire général et au Conseil de sécurité de rejeter cette logique selon laquelle on a recours à la force sous le prétexte de protéger des intérêts stratégiques. Il a affirmé que nul ne pouvait ignorer
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les souffrances imposées au peuple iraquien du fait de l'embargo en vigueur depuis six ans. Or, les Etats-Unis, qui, hier, pleuraient sur les conditions humanitaires de la population de l'Iraq, s'opposent aujourd'hui publiquement à la mise en oeuvre de l'accord "nourriture contre pétrole", conclu en mai 1995. Il a demandé que le Secrétaire général mette cet accord en application sans interférence extérieure.
Le chef de la diplomatie iraquienne a indiqué que son pays avait rempli toutes les obligations assignées par les résolutions du Conseil de sécurité, en dépit des injustices qu'elles comportent. Le Conseil de sécurité n'a pas respecté les engagements auxquels il était tenu. Bien au contraire, il semble qu'il ait légué ses pouvoirs à la Commission spéciale chargée de la mise en application de la section C de la résolution 687. Après six ans d'enquête, il est inconcevable que la Commission spéciale ne soit toujours pas parvenue à accomplir sa tâche, a-t-il remarqué. Il a affirmé que les allégations selon lesquelles son pays détient encore des armes prohibées sont sans fondement et émanent des services secrets américains et britanniques. Ce faisant, l'Iraq demande que les membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que l'Egypte, participent désormais aux activités et à l'élaboration des conclusions de la Commission.
Il a souligné que les pratiques qui ont cours sous le couvert des Nations Unies révélaient l'existence d'un problème structurel au sein de l'Organisation, à savoir le déséquilibre flagrant entre les droits et les obligations ainsi que la prévalence d'une logique de force, contraire à l'esprit de la Charte. L'Organisation ne doit pas servir la politique étrangère d'un pays, a souligné le Ministre. Le Conseil de sécurité n'est pas un gouvernement du monde, ayant un pouvoir législatif, mais un organe des Nations Unies dont l'action devra reposer sur le droit international. M. Al-Sahaf a regretté que les pays pauvres de l'hémisphère Sud soient victimes de tentatives de marginalisation et d'isolement, les empêchant de tirer parti des progrès scientifiques et économiques. Il a souligné la responsabilité des Nations Unies d'assumer les missions qui lui sont confiées en vertu de la Charte et de les droits de tous les peuples et de tous les pays à la paix, au développement et à la prospérité économique. Il a souhaité que l'Organisation, dans un avenir proche, recouvre sa capacité de rejeter toute hégémonie et d'accomplir les objectifs de bien-être de l'humanité fixés en toute légitimité par la Charte.
Droits de réponse
Le représentant des Etats-Unis a déclaré que la nature du régime iraquien était bien connue; il a lancé une guerre contre ses voisins et ses citoyens; il a utilisé des armes chimiques et biologiques contre ces mêmes voisins et de ses propres citoyens. De par ses actes, le régime iraquien s'est délibérement placé en marge des pays qui respectent le droit, ce qui
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a été reconnu par le Conseil de sécurité en particulier par la résolution qui lui interdit d'acquérir ou de posséder des armes chimiques. Il a rappelé que seule la Commission spéciale est investie de la responsabilité de décider si l'Iraq a respecté les dispositions de la résolution. Le représentant s'est déclaré persuadé que l'Iraq cache encore des armes puisqu'il interdit aux inspecteurs de l'UNSCOM l'accès à de nombreux sites particuliers. En ce qui concerne ses autres obligations, il est connu que les armes prises au Koweit ont été intégrées dans l'unité de garde républicaine de l'Iraq. Pour ce qui est de la résolution 986, le Ministre en a déformé les dispositions. C'est l'Iraq qui a retardé l'application de l'accord "pétrole contre aliments" en lançant une attaque dans le Nord. Les Etats Unis se préoccupent de la souffrance du peuple iraquien beaucoup plus que ses dirigeants. Toutes les délégations sont préoccupées par le comportement de l'Iraq qui essaie de ne pas respecter ses obligations, et particulièrement ses voisins. Les Etats Unis n'envisageront pas de modification du régime des sanctions tant que l'Iraq n'aura pas respecté ses obligations.
Le représentant du Koweït a émis des doutes quant au fait que l'Iraq ait pleinement mis en application les résolutions du Conseil de sécurité. Il a déclaré lors de la révision des sanctions tous les deux mois, les membres du Conseil de sécurité ont toujours constaté l'unanimité que l'Iraq n'avait pas encore rempli ses engagements. Quant aux prisonniers de guerre du Koweït, le représentant a rappelé que pas un seul d'entre eux n'avait été rendu malgré les réunions régulières qui ont lieu de chaque côté de la frontière. A l'inverse, l'Iraq se sert de ces réunions pour prétendre coopérer avec le HCR. Les biens koweitiens et les documents officiels volés doivent encore être rendus, tout comme le matériel militaire. Une partie de ces équipements militaires ont d'ailleurs été vus parmi le matériel iraquien. Il a demandé que l'Iraq mette en oeuvre les dispositions de la résolution 687 car le Koweït souhaite vivement mettre un terme aux souffrances du peuple frère de l'Iraq. Il a ajouté que les résolutions du Conseil de sécurité sont un tout politique et diplomatique que l'on ne peut mettre en oeuvre de façon partielle.
Le représentant du Royaume-Uni a déclaré que la version du Ministre iraquien est étonnante et montre l'indifférence du régime aux souffrances de la population. La responsabilité de cette souffrance incombe uniquement aux dirigeants qui savent très bien ce qu'il suffit de faire pour alléger les sanctions. Les dispositions de la résolution 987 n'ont pas été respectées en ce qui concerne le Koweït. Le régime iraquien n'a pas respecté ses obligations de répondre de ses programmes d'armes chimiques et biologiques. Le gouvernement du Royaume-Uni a parrainé la résolution 987 pour alléger les souffrances du peuple iraquien. Il continuera de se laisser guider par les impératifs de sécurité dans la région pour décider de lever ou non le régime des sanctions.
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Le représentant de l'Iraq a indiqué que le représentant des Etats-Unis semble avoir oublié que son pays, lui-même, commis les pires crimes contre l'humanité. Il a cité Hiroshima. Il s'est demandé qui avait donné le droit aux Etats-Unis d'attaquer le peuple iraquien, il y a quelques semaines, au mépris du droit international. Il a affirmé qu'il s'agissait d'un véritable acte de terrorisme. Depuis quand la restauration de la paix et de la stabilité à l'intérieur d'un Etat créérait-elle l'instabilité ? Il s'est étonné de la déclaration du représentant du Koweït sur un sujet qu'il n'y a pas lieu d'aborder dans cette instance, alors qu'il n'avait même pas été fait mention de son pays dans notre intervention, a observé le représentant.
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