En cours au Siège de l'ONU

AG/548

LES PROBLEMES MIGRATOIRES ET LA LEVEE DES SANCTIONS AU CENTRE DU DEBAT GENERAL

2 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/548


LES PROBLEMES MIGRATOIRES ET LA LEVEE DES SANCTIONS AU CENTRE DU DEBAT GENERAL

19961002 MATIN AG/548

L'Assemblée générale, poursuivant ce matin son débat général, a entendu une déclaration du Ministre des affaires étrangères des Philippines, M. Domingo Siazon, qui a estimé que la fin récente dans son pays, du long conflit de Mindanao reflète la tendance salutaire actuelle qui se dessine en faveur de la paix et de la réconciliation dans le monde.

M. Stephen Kalonzo Musyoka, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya, a lancé un appel à la communauté internationale en faveur des populations, victimes des conflits en Afrique. Evoquant les récents événements survenus au Burundi, il regretté que ceux-ci aient anéanti les efforts de l'OUA visant à mettre fin à l'ère des coups d'Etat qui demeurent un obstacle à la paix et la stabilité en Afrique. M. Kalonzo Musyoka a reconnu qu'il était nécessaire de réformer le Conseil de sécurité afin qu'il reflète les principes de démocratie, de transparence et de répartition géographique équitable et a invité les Etats Membres à faire preuve de plus de souplesse sur les différents aspects de cette réforme afin de parvenir prochainement à un consensus.

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, M. Farouk Al-Shara, a déclaré que le nouveau gouvernement israélien avait pris le chemin opposé à la paix en disant non au retrait du Golan, au retrait des territoires palestiniens occupés et à la création d'un Etat palestinien. Il a ajouté que la paix juste et durable à laquelle toute la population de la région aspire, exige le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés, conformément aux résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité. Il a regretté les mesures coercitives prises par le Conseil de sécurité à l'encontre du peuple de la Libye.

M. Gueorgui Pirinski, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a déclaré que son pays souhaite que des négociations soient entamées rapidement en vue de l'élaboration d'une Convention sur l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires. Alors qu'elle déplore un assassinat politique récent, la Bulgarie insiste sur la nécessité de développer la coopération internationale dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale.

(à suivre - 1a)

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Le Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, M. Nguyen Manh Cam, a quant à lui estimé que, pour jouer pleinement leur rôle, les Nations Unies doivent être réformées afin de renforcer le caractère représentatif des différentes instances qui les composent, de démocratiser et d'assurer une plus grande transparence dans les mécanismes et les méthodes de travail de l'Organisation. La clé de voûte du processus de démocratisation de l'ONU est constitué par la réforme du Conseil de sécurité et le renforcement du rôle de l'Assemblée générale.

Pour sa part, M. Uladzimir Syanko, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, s'est félicité de la levée de l'embargo à l'encontre de la République fédérative de Yougoslavie. Il a rappelé que son pays accueillera en mai 1997, à Minsk, une Conférence sur le développement durable des pays en transition et a proposé que soit créé dans cette ville un centre régional permanent sur les problèmes migratoires et des réfugiés pour les pays de l'Europe de l'Est.

M. Dioncounda Traoré, Ministre d'Etat du Mali, Ministre des affaires étrangères et des Maliens de l'extérieur, a souligné que l'un des défis majeurs que les Nations Unies doivent relever aujourd'hui est celui du développement. Les problèmes de la pauvreté, du dénuement et de l'exclusion sociale doivent être traités de façon prioritaire par les Nations Unies, contribuant ainsi à poser les fondements d'une paix durable.

De son côté, M. Luis Valencia Rodriguez, Chef de la délégation équatorienne, a réitéré la nécessité de réactiver le dialogue et la collaboration de toutes les nations afin de garantir l'existence d'un environnement économique et politique favorable à la promotion de la coopération internationale pour le développement, qui soit fondé sur les intérêts mutuels et une véritable interdépendance. Le représentant a informé les membres de l'Assemblée générale de l'avancement des négociations de son pays avec le Pérou, afin de résoudre le différend qui les oppose.

Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu cet après-midi, à 15 heures, l'Assemblée générale poursuivra son débat général. Pour ce faire, elle entendra les déclarations des Ministres des affaires étrangères du Qatar, de l'Uruguay, du Guyana, de la Guinée-Bissau, du Venezuela, du Togo et de l'Iraq.

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Suite du débat général

M. DOMINGO L. SIAZON, Secrétaire aux affaires étrangères des Philippines, a rappelé qu'il y a tout juste un mois aujourd'hui, son gouvernement et le Front de libération national Moro (FLNM), ont signé un accord mettant fin au conflit dans la province de Mindanao et que, le 9 septembre, le dirigeant du FLNM, M. Nur Misuari, a été élu Gouverneur de la région. Le règlement du conflit de Mindanao reflète la tendance salutaire actuelle en faveur de la paix et de la réconciliation dans le monde et est une modeste contribution à celle-ci, a-t-il indiqué. M. Siazon a regretté que le processus de paix au Moyen-Orient reste semé d'embûches. Abordant la situation en Bosnie-Herzégovine, il a espéré que les Accords de Dayton et les élections du 14 septembre dernier permettront aux différents groupes ethniques de vivre à nouveau en paix. Le Ministre a espéré que le Myanmar appliquera bientôt une nouvelle constitution qui permettra aux différents partis et nationalités de participer à la vie politique. Il a déploré que les conflits ethniques continuent d'imposer des souffrances à des civils innocents, notamment au Rwanda et au Burundi.

Se félicitant des importants progrès accomplis par la communauté internationale en matière de contrôle des armes, M. Siazon a toutefois estimé que le monde reste dangereux et que davantage doit être fait afin de parvenir à un désarmement nucléaire complet. Le Ministre a rappelé que son pays et neuf autres Etats ont signé, à Bangkok en décembre 1996, le Traité faisant de l'Asie du Sud-Est une zone exempte d'armes nucléaires. Il a exhorté les puissances nucléaires à respecter ce traité en signant son Protocole et a observé que la signature de ce traité constitue une étape majeure en vue de la dénucléarisation de l'hémisphère Sud. Le Ministre a indiqué que son pays a décidé, en décembre dernier, de procéder à la destruction immédiate de tous ses stocks de mines terrestres antipersonnel.

M. Siazon a déploré que la lutte pour obtenir des positions stratégiques sur les océans représente une grave menace pour la paix et la sécurité mondiales et régionales. Il s'est réjoui, à cet égard, de la sagesse collective dont a su faire preuve la communauté internationale en adoptant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Le Ministre, qui a affirmé que son pays s'est fermement engagé en faveur de la protection de son environnement, a condamné les risques écologiques considérables que fait peser le démantèlement des centrales nucléaires et des navires à propulsion nucléaire. Soulignant qu'il est temps que la communauté internationale s'attaque à ce problème, M. Siazon a rappelé que le Président Ramos a proposé, au mois de mai, de créer une organisation internationale, l'Asiatom, qui serait chargée d'y apporter des solutions en Asie du Sud-Est.

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Estimant que l'efficacité de la mise en place de relations économiques internationales n'est plus à démontrer en Asie du Sud-Est, grâce notamment à la création de la Zone de libre-échange des pays de l'ANASE, le Ministre a indiqué que son pays accueillera, le mois prochain, la réunion annuelle du Forum de coopération économique Asie-Pacifique. M. Siazon a, par ailleurs, prôné la mise en oeuvre immédiate de Programme d'action adopté à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, soulignant que son pays est particulièrement préoccupé par la situation des travailleuses migrantes. La paix, la stabilité et les progrès, la santé et la dignité des habitants du monde dépendent, dans une large mesure, des Nations Unies et non de leur seul Secrétariat général, a-t-il conclu.

M. STEPHEN KALONZO MUSYOKA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya, a déclaré que les conflits armés qui sévissent dans certaines régions de l'Afrique constituent l'un des fléaux socio-politiques les plus urgents qui assaillent le continent, puisqu'ils sont responsables de la plus grande menace à la sécurité, à la cohésion et aux progrès économiques. Ces conflits, qu'ils soient entre Etats ou internes, engendrent une multitude de problèmes, notamment des pertes de vies humaines, la destruction des biens, la pauvreté, les tensions ethniques et le sous-développement. Les conflits, ajoutés aux catastrophes naturelles ont provoqué un flux considérable de réfugiés et de personnes déplacées. C'est pourquoi, le Ministre a lancé un appel pressant à la communauté internationale afin qu'elle renforce son appui pour alléger les souffrances de ces populations. Depuis la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1963, le continent africain a connu une vingtaine de guerres civiles dont le conflit au Burundi qui préoccupe gravement le Kenya et les autres pays de la région. Le récent coup d'état qui, dans ce pays a renversé un gouvernement constitutionnellement formé, a causé une crise politique. Il anéantit les efforts de l'OUA visant à mettre fin à l'ère des coups d'état qui ont bouleversé le continent et demeurent un obstacle à l'instauration de la paix et de la stabilité en Afrique. Tout en se félicitant de la récente décision du Conseil de sécurité sur le Burundi, le Kenya invite le Conseil à prendre des mesures plus concrètes pour garantir que les responsables au Burundi se conforment à l'initiative de paix d'Arusha II. Le Ministre a estimé en outre qu'il est temps pour la communauté internationale de faire pression sur les chefs de faction somaliens pour qu'ils reprennent les négociations et parviennent à un accord qui, une fois pour toutes, mettra fin à l'agonie et aux souffrances du peuple somalien. Par ailleurs, M. Kalonzo Musyoka s'est déclaré convaincu que l'élection de son pays au Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans lui permettra de contribuer davantage à la recherche de la paix et de la sécurité internationales dont la poursuite incombe à tous les Etats Membres de l'Organisation.

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Le Ministre des affaires étrangères kenyan a indiqué que l'économie de son pays est maintenant complètement libéralisée. Toutes les restrictions imposées aux exportations ont été abolies, faisant du Kenya une des destinations les plus intéressantes en matière d'investissements. En vue d'assurer une croissance économique plus forte et de maintenir l'élan du développement, le Kenya invite ses partenaires en matière de développement à un engagement et à un appui continus. L'Accord sur la coopération entre les pays de l'Afrique de l'Est, conclu entre les Chefs d'Etat du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie, marque un tournant important dans le processus d'intégration politique et socio-économique. Il constitue une étape cruciale dans la réalisation de la communauté économique africaine.

Evoquant la réforme des Nations Unies, le Ministre Kenyan a souligné la nécessité de réformer le Conseil de sécurité afin qu'il reflète les principes de démocratie, de transparence et de répartition géographique équitable. Il invite les Etats Membres à exercer plus de souplesse sur les différents aspects de cette réforme en vue de parvenir prochainement à un consensus. Cette réforme ne peut constituer une fin en soi, mais peut servir d'instrument permettant à l'Organisation de réaliser ses objectifs de façon plus efficace et moins onéreuse.

M. FAROUK AL-SHARA, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a estimé que le nouveau gouvernement d'Israël a pris le chemin opposé à la paix et a clairement répondu non à son retrait du Golan et à celui des territoires palestiniens occupés. Ce gouvernement s'oppose en outre à la création d'un Etat palestinien. Il apparaît dès lors clairement que le Gouvernement israélien ne cherche qu'à modifier les fondements et les règles du processus de paix définis à Madrid et à annihiler les avancées obtenues ces cinq dernières années. C'est pourquoi le Président Hafez Al-Assad a déclaré récemment que tant qu'Israël maintiendra une telle position, il ne conçoit pas qu'une paix juste et durable soit réalisable. Le chef de la diplomatie syrienne a, quant à lui, indiqué que la réouverture du tunnel sous la mosquée Al-Aqsa et l'escalade des tensions avec la Syrie et le Liban démontrent qu'Israël n'a pas l'intention de reprendre les négociations de paix telles que définies par la légitimité internationale, la Conférence de Madrid et la formule de la "Terre pour la paix". Israël souhaite imposer un fait accompli. Le Ministre a rappelé que la semaine dernière le général Sharon, Ministre israélien des infrastructures, avait alloué trois nouveaux sites du Golan syrien à la construction de 600 maisons de colons. Pourtant Israël devrait réaliser que le chemin de la confrontation qu'il a décidé d'emprunter ne le mènera qu'à des pertes humaines et politiques et à une plus large condamnation internationale, sans faire taire la volonté d'une nation. Le Ministre a estimé qu'il s'agirait d'une véritable catastrophe si pour Israël la paix n'était pas une option stratégique. Il a ajouté que la paix juste et durable à laquelle toute la population de la région aspire exige le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés, ainsi qu'il l'est inscrit dans les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité.

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M. Al-Shara a exprimé son attachement à l'unité du territoire et du peuple iraquiens et s'est élevé contre toute tentative de violation de ce territoire et toute ingérence dans les affaires internes du pays, même s'il s'agit d'établir une soi-disant zone de sécurité. Il a appelé à la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité, notamment sur la question des détenus koweïtiens. Il a regretté également les incessantes mesures coercitives prises par le Conseil de sécurité à l'encontre du peuple de la Libye, conséquences de la crise de Lockerbie. En outre, il a exprimé son inquiétude face à la détérioration de la situation en Somalie et a réitéré l'appel à la réconciliation lancé par le Sommet arabe. Il a souhaité l'établissement d'une autorité nationale représentant toutes les parties de la population somalienne. Il a soutenu les aspirations du peuple coréen à la réunification.

Abordant la question de la réforme de l'Organisation, il a estimé que la crise actuelle ne trouve pas sa racine dans les objectifs et les principes de la Charte, mais plutôt dans le mécanisme de prise de décisions et dans la manière sélective avec laquelle elles sont mises en oeuvre. Il a indiqué que la crise financière lui apparaissait comme le reflet d'une crise politique liée à l'identité des Nations Unies et à leur rôle dans la période d'après guerre froide. Aussi s'est-il interrogé sur la possibilité réelle d'introduire des réformes efficaces. Il a souligné que ce défi demande de toute façon un renforcement du dialogue et de la coopération internationaux. Il a indiqué que son pays est en faveur d'un nouveau mandat pour le Secrétaire général.

M. GUEORGUI PIRINSKI, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a déclaré que son pays s'efforçait de mettre en oeuvre les priorités établies par les Nations Unies, sur la base de son identité européenne et dans la perspective de son adhésion à l'Union européenne. La Bulgarie attache une grande importance à la dimension régionale, qui confère une nouvelle approche aux problèmes qui se présentent. La situation actuelle au Moyen-Orient et en Afrique est la preuve de ce que la paix et la sécurité mondiales ne peuvent être assurées tant que des conflits persistent dans certaines régions du monde. A cet égard, la Bulgarie appuie pleinement les pourparlers de Washington sur le Moyen-Orient. En ce qui concerne le sud-est de l'Europe, la Bulgarie se félicite de la conclusion des accords de Paris et de Dayton. Elle se félicite de la reconnaissance des résultats des élections en Bosnie- Herzégovine par l'OSCE. Les accords qui ont été signés doivent être pleinement appliqués par toutes les parties. Même durant la phase active du conflit en ex-Yougoslavie, la Bulgarie a toujours travaillé à la promotion de liens de bon voisinage dans la région. Une réunion des ministres des affaires étrangères des Etats d'Europe centrale et du sud-est a été organisée en juillet, à l'issue de laquelle la Déclaration de Sofia sur les relations de bon voisinage, de stabilité de sécurité et de coopération dans les Balkans, a été adoptée. Cette Déclaration relance le processus de coopération régionale multilatérale qui doit se développer à l'avenir. De plus, elle est conforme

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aux priorités établies par le nouvel agenda des Nations Unies concernant la coopération régionale dans tous les domaines. Les domaines d'activité qui ont été définis à Sofia portent sur la paix et la sécurité régionales, et sur la mise en place de mesures d'établissement de la confiance, dans l'esprit de la Charte des Nations Unies et concrétisées notamment par la signature d'accords bilatéraux, l'organisation à Sofia d'une réunion des ministres de la Défense des pays des Balkans, la coopération dans le domaine économique et en matière d'infrastructure, de transports, de production énergétique et de communications. Ces mesures d'établissement de la confiance se sont également étendues aux domaines de la coopération culturelle, des droits de l'homme, par la mise en place de programmes bilatéraux ou multilatéraux, la prévention du crime et l'élimination du terrorisme international ainsi que par la mise en oeuvre d'un agenda régional d'action conjointe dans ces domaines. La Déclaration de Sofia a établi le cadre global de la coopération régionale et a défini des actions de suivi. Ces efforts régionaux font partie d'un système de sécurité et de coopération dans toute l'Europe. La Bulgarie espère que le Sommet de Lisbonne, qui aura lieu en décembre, fournira des directives pour une action future en Europe et dans ses différentes régions.

La Bulgarie se félicite de la conclusion récente du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qu'elle a signé le premier jour. Une Convention sur l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires serait la prochaine étape logique du travail de la Conférence sur le désarmement, et la Bulgarie souhaite que des négociations sur cette question soient entamées rapidement. L'entrée en vigueur de la Convention d'interdiction des armes chimiques est également une priorité. La Bulgarie est favorable au renforcement du mécanisme de contrôle et de vérification établi par la Convention sur les armes biologiques. La Bulgarie a participé activement à l'examen de la Convention sur certaines armes conventionnelles et a interdit pour trois ans l'exportation de mines antipersonnel. S'agissant de la coopération économique et sociale et du développement, la Bulgarie attache une grande importance aux mesures de suivi des conférences internationales qui se sont tenues sur ces questions, et en particulier au suivi de la Conférence de Rio sur l'environnement. D'autre part, la Bulgarie, qui est devenue membre de l'OMC, espère être pleinement intégrée au système commercial mondial. En ce qui concerne les droits de l'homme, la Bulgarie est devenue une véritable démocratie, et a adhéré aux instruments internationaux majeurs sur les droits de l'homme. Sa législation nationale a été mise en conformité avec les normes universelles et européennes en la matière. Elle est favorable à la coopération internationale dans le domaine des droits de l'homme, en accord avec les principes de la Charte et du droit international. Une nouvelle forme de coopération doit se développer de manière urgente dans le domaine de la prévention du crime et de la justice pénale, a affirmé M. Pirinski. La Bulgarie se félicite de l'engagement pris par l'Assemblée générale de rechercher un système global afin d'éliminer le terrorisme et combattre le crime transnational et soutiendra les efforts en ce sens.

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Le Ministre a déploré l'assassinat politique survenu hier de Andrey Lukanov, ancien premier ministre de Bulgarie, qui a été un des défenseurs de la promotion des droits de l'homme et a joué un rôle majeur dans les réformes survenues dans le pays depuis 1989.

S'agissant de la réforme des Nations Unies, la Bulgarie estime qu'une représentation équitable et une augmentation des membres du Conseil de sécurité est la clef du processus de réforme. Les idées présentées par le ministre italien, M. Lamberto Dini méritent d'être étudiées avec attention. Le nombre des Etats d'Europe orientale ayant presque doublé au cours de ces dernières années, il faudrait leur octroyer un siège non permanent supplémentaire. La représentation sous-régionale doit également être prise en considération. La Bulgarie espère que les mesures prise en faveur d'une plus grande participation des pays membres au processus de décision du Conseil de sécurité vont se poursuivre. Il faut par ailleurs améliorer le mécanisme de mise en oeuvre des sanctions afin d'éviter que des pays tiers ne soient affectés par ces mesures.

M. NGUYEN MANH CAM, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a déclaré qu'il convient de réformer les Nations Unies en renforçant le caractère représentatif des différentes instances qui les composent, en démocratisant et assurant une plus grande transparence dans les mécanismes et les méthodes de travail de l'Organisation, si l'on veut que l'Organisation joue pleinement son rôle. La clé de voûte du processus de démocratisation de l'ONU est la réforme du Conseil de sécurité et l'élévation du rôle de l'Assemblée générale. C'est là une tâche difficile et complexe exigeant une extrême persévérance. Elargir la composition du Conseil de sécurité et démocratiser son processus de prise de décision constituent un impératif de la communauté internationale. En même temps, renforcer les pouvoirs et le rôle de l'Assemblée générale, l'organe le plus largement et pleinement représentatif, est l'exigence légitime de tous. Seule une Organisation des Nations Unies de plus en plus démocratique pourra jouir de la stature et de la confiance indispensables pour exercer son rôle d'harmonisation des actions des Etats sur la base des principes de droit international. A cet égard, il a invité à donner une impulsion plus dynamique à l'élan suscité lors du cinquantième Anniversaire des Nations Unies afin que celles-ci puissent entamer le vingt-et-unième siècle comme un exemple de démocratisation de la vie politique mondiale.

Abordant la question de la mondialisation de l'économie et de la libéralisation du commerce et des investissements, le Ministre a fait remarquer que les pays en développement et, notamment les pays les moins avancés, s'engagent dans cette épreuve vitale pour les besoins de leur développement et de leur prospérité. Aussi, la communauté internationale, et tout particulièrement les pays développés, devraient-ils accorder une attention particulière à la question, afin de contribuer à sa résolution.

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Dans le contexte de l'interdépendance, on ne saurait accepter un monde où l'abondance serait concentrée dans un petit nombre de pays tandis que la majorité continuerait à se débattre dans une pauvreté croissante. La coopération internationale, notamment l'apport de capitaux et le transfert de technologies des pays développés, s'avère indispensable et nécessaire au développement durable des pays développés eux-mêmes.

Concernant le financement des Nations Unies, le Ministre a souligné que la mesure immédiate à prendre porte sur le paiement de la totalité des contributions financières par chaque Etat Membre. Il convient en même temps d'encourager toutes les initiatives susceptibles d'apporter à l'ONU des ressources financières nouvelles. A cet égard, il a fait sienne l'idée selon laquelle l'Assemblée générale devrait charger le Groupe de travail sur les finances des Nations Unies et les autres groupes de travail pertinents, d'examiner les propositions concernant les initiatives génératrices de nouvelles ressources financières, afin de tirer parti de toutes les possibilités de doter les Nations Unies de ressources financières en faveur notamment des pays les moins avancés.

M. Nguyen a rappelé que son pays, aujourd'hui entièrement sorti de la situation de blocus et d'embargo, a établi des relations diplomatiques avec plus de 160 pays, notamment avec les grandes puissances et les institutions politiques et économiques internationales. Le Viet Nam prépare activement, dans le cadre de la coordination des politiques de coopération et de développement, la tenue à Hanoï en 1997 du 7ème Sommet des pays francophones. Le Viet Nam prépare également son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et au Forum pour la coopération économique en Asie-Pacifique (APEC).

M. ULADZIMIR SYANKO, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a préconisé l'adoption d'une approche pragmatique en ce qui concerne la réforme des Nations Unies, fondée sur une appréciation réaliste de la capacité de l'Organisation de renforcer l'efficacité de tout le système, conformément aux lignes stratégiques de ses activités dont une aspect essentiel est le maintien de la paix qui, au lendemain de la guerre froide connaît une regain d'importance. Il s'est réjoui des avancées réalisées dans ce domaine en ex- Yougoslavie et il a mis l'accent sur la nécessité de restaurer les liens économiques, scientifiques et culturels entre les différents pays de la région en vue de la normalisation dans les Balkans. C'est pourquoi, il s'est félicité de la levée de l'embargo économique et commercial à l'encontre de la République fédérale de Yougoslavie. Par ailleurs, il a réaffirmé le droit de tous les Etats de la région du Moyen-Orient de vivre en paix au sein de frontières internationalement reconnues. Il a estimé que l'une des manière d'améliorer l'efficacité du Conseil de sécurité serait une représentation plus équitable de tous les groupes régionaux des Etats Membres de l'Organisation, et notamment du groupe des Etats de l'Europe orientale.

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Abordant la question du désarmement, il a réitéré la proposition du Président du Bélarus de déclarer l'Europe centrale et orientale "zone exempte d'armes nucléaires". Se félicitant des récents progrès accomplis vers le désarmement, il a regretté que l'Europe reste le seul continent où aucune avancée réelle n'a été enregistrée dans cette direction. Par ailleurs, il a demandé à l'Assemblée générale d'examiner l'interdiction du développement et de la fabrication de nouveaux types d'armes de destruction massive. Il a indiqué que son pays s'est acquitté de ses obligations à l'égard du Traité sur les armes conventionnelles en Europe et a , par ailleurs, présenté au Secrétaire général en juillet dernier les instruments de la ratification de la Convention sur les armes chimiques. Il a, en revanche, exprimé l'inquiétude de son pays au regard de l'expansion rapide de l'OTAN et du déploiement d'infrastructures militaires à proximité de ses frontières. Il a exprimé l'espoir que dans ce contexte l'OSCE sera appelé à jouer un rôle plus décisif et que le prochain sommet de Lisbonne permettrait de fournir une base solide au renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l'OSCE, ainsi qu'à une meilleure répartition des tâches en matière de sécurité dans la région.

Le Ministre a déclaré en outre que la mondialisation de l'économie aggravait la vulnérabilité des pays en transition, parmi lesquels le Bélarus, qui ont raison d'attendre de l'Organisation qu'elle prenne des mesures spéciales pour leur permettre de participer aux institutions et mécanismes économiques multilatéraux existants. Rappelant l'attachement de son pays aux questions sociales et environnementales, il s'est félicité des résultats obtenus à la Conférence régionale de Genève sur le problème des réfugiés et des personnes déplacées dans la Communauté des Etats indépendants. Il a proposé la création d'un centre régional permanent sur les problèmes migratoires et des réfugiés pour les pays de l'Europe de l'Est, qui serait placé sous l'égide du Haut commissariat aux réfugiés et dont le siège se situerait à Minsk. Il a appelé, également, à des mesures préventives en matière de sécurité nucléaire et notamment à l'adoption d'une convention internationale adéquate afin que la catastrophe de Tchernobyl ne se reproduise pas.

Abordant la question des problèmes financiers de l'Organisation, il a indiqué que son pays était dans l'incapacité de régler sa quote-part et a attribué cette situation non seulement à la mauvaise santé économique de son pays mais également à l'injustice de l'échelle des paiements des Nations Unies. Ainsi des taux de contributions excessifs et une injuste répartition des coûts des opérations de maintien de la paix ont abouti à ce que l'un des Etats fondateurs de l'Organisation ne soit plus en mesure, pour des raisons objectives, de s'acquitter de ses obligations financières. C'est pourquoi son pays soutient toute mesure visant à réformer le système financier des Nations Unies dans son ensemble et notamment à régler, par la coopération entre l'Organisation et les Etats Membres, la question des arriérés.

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M. LUIS VALENCIA RODRIGUEZ, Représentant permanent de l'Equateur auprès des Nations Unies, a considéré que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'est qu'une étape vers le but ultime qui est une interdiction complète et la destruction de toutes les armes nucléaires. L'Equateur continue à appuyer toutes les activités visant au désarmement complet. Il se félicite de l'avis émis par la Cour internationale de Justice sur l'illégalité de l'utilisation ou de la menace d'utiliser les armes nucléaires, avis qui pose également l'obligation de poursuivre les négociations pour le désarmement nucléaire. L'Assemblée générale devrait adopter les critères établis par la Cour. Le terrorisme sous toutes ses formes, le crime organisé international, la production, la consommation et le trafic des drogues illicites, constituent toujours des menaces graves à la sécurité et à la stabilité internationales et il est indispensable que tous les Etats participent de manière concertée afin d'éradiquer ce problème. En ce qui concerne l'interdépendance en matière économique, l'Equateur réitère la nécessité de réactiver le dialogue et la collaboration de toutes les nations afin de garantir l'existence d'un environnement économique et politique favorable pour la promotion de la coopération internationale pour le développement, qui soit fondé sur les intérêts mutuels et une véritable interdépendance. Les Nations Unies doivent continuer à jouer leur rôle dans le processus de développement économique et social et les mesures de suivi des conférences internationales doivent devenir une priorité pour la communauté internationale.

L'Equateur a récemment donné l'exemple d'un processus électoral démocratique, en élisant M. Abdala Bucaram à la présidence, ainsi qu'une femme, Mme Rosalia Arteaga, à la vice-présidence. Les efforts de la nouvelle administration sont consacrés en priorité à la politique sociale, en matière de logement et d'éradication de la pauvreté. L'Equateur est convaincu de ce que la relation qui existe entre les droits de l'homme, la démocratie et le développement tel que posé par la Déclaration et le Programme d'action de Vienne, nécessite un engagement mondial et intégré afin d'assurer la promotion et la protection des droits de l'homme. L'Equateur considère que les droits de l'homme sont devenus l'un des domaines les plus importants du Plan d'action des Nations Unies. M. Valencia Rodriguez a rappelé que les problèmes économiques et sociaux frappent également des sociétés menacées par une dette extérieure croissante, l'instabilité du système financier international, la persistance du chômage et de la pauvreté, ainsi que le crime et la corruption. L'écart entre les pays développés et en développement prend des proportions inacceptables. L'Equateur exhorte tous les Etats Membres à intensifier la coopération internationale, afin de mettre en oeuvre les accords et objectifs établis pour l'éradication de la pauvreté. L'Equateur, qui est un pays multiethnique, considère que la Décennie internationale des peuples autochtones établit un programme d'action permettant de restaurer les droits de ces peuples qui ont toujours été opprimés. La communauté internationale doit comprendre que protéger ces populations revient à préserver l'humanité dans son ensemble.

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L'ONU doit renforcer sa capacité de prévention des conflits, de diplomatie préventive, du maintien et de la consolidation de la paix. Il faut améliorer les moyens de faire face aux situations d'urgence. Le travail de l'Assemblée générale doit être revitalisé, et le Conseil de sécurité doit assurer une représentation équitable des Membres de l'Organisation. Le Conseil économique et social doit retrouver sa vocation qui est de promouvoir le bien-être et des meilleures conditions d'existence à la population de cette terre. Les principaux pays contributeurs doivent s'acquitter de leurs obligations financières.

Le représentant a informé les membres de l'Assemblée générale que, dans le cadre du processus de pacification en cours avec le Pérou, dans le cadre de la Déclaration d'Itamaraty, plusieurs réunions ont eu lieu, qui ont permis de réaliser des progrès sur la procédure qui sera utilisée durant les négociations sur la controverse frontalière entre les deux pays.

M. DIONCOUNDA TRAORE, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères et des Maliens de l'extérieur, a souligné que l'un des défis majeurs que les Nations Unies doivent relever aujourd'hui est celui du développement. Les problèmes de la pauvreté, du dénuement et de l'exclusion sociale doivent être traités de façon prioritaire par les Nations Unies, contribuant ainsi à poser les fondements d'une paix durable. Il a souligné l'importance que le Mali attache à l'élaboration d'un Agenda pour le développement, qui est un corollaire indispensable de l'Agenda pour la paix. L'Agenda pour le développement permettra de replacer la coopération pour le développement au centre des préoccupations. Il pourra constituer un moyen de renforcer la coordination au sein du système des Nations Unies, notamment en reconnaissant l'Organisation comme un réseau d'institutions chargé d'assurer le développement économique et social des Etats membres. Dans cet esprit, la question du financement de la dette extérieure mérite, à travers la crise persistante de la dette extérieure des pays du Sud et le tarissement de l'aide publique au développement, une attention toute particulière. L'Agenda pour le développement doit accorder la priorité à l'Afrique. Ce continent, confronté à toutes sortes de maladies épidémiques et endémiques, notamment le paludisme et le Sida, ne dispose que d'un médecin pour 18 000 habitants alors que les pays développés ont un médecin pour 390 habitants. De même, plus de 80 millions d'enfants en âge scolaire n'ont pas accès à l'enseignement primaire ou secondaire. Plus d'un tiers de la population du continent souffre de la famine et plus de 23 millions d'enfants souffrent de malnutrition. En outre, l'Afrique ploie sous le fardeau d'une dette extérieure qui était estimée à 322 milliards de dollars en 1995. Dans le cadre de ses efforts de développement, le Mali a mis en oeuvre une politique de relance économique et d'assainissement des finances publiques. Les objectifs macro-économiques ont été globalement atteints.

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Le Ministre a estimé qu'il est impératif de résoudre le problème de la dette extérieure des pays du Sud. Sa délégation souhaite que les discussions en cours sur la création d'un Fonds d'affectation spéciale susceptible de réduire considérablement l'endettement multilatéral des pays pauvres sous ajustement structurel connaissent un aboutissement heureux à l'Assemblée générale de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Le Mali se félicite de l'offre de 500 millions de dollars faite par le Groupe des Sept, lors du Sommet de Lyon en juin dernier, et qui a pour objet de réduire la dette des pays africains. M. Traoré a souligné la nécessité pour la communauté internationale d'appuyer l'Initiative en faveur de l'Afrique lancée par le Secrétaire général des Nations Unies.

Dans le cadre du désarmement, le 27 mars 1996, à Tombouctou, avait eu lieu une cérémonie symbolique de destruction des stocks de plusieurs milliers d'armes déposées par les ex-combattants des mouvements et fronts unifiés de l'Azawad et du Mouvement patriotique malien Ganda Koy. M. Traore a appelé la communauté internationale pour qu'elle appuie les efforts du Gouvernement malien en vue de consolider la démocratie malienne, de renforcer la paix établie et de témoigner de sa solidarité concrète en fournissant l'aide humanitaire nécessaire au retour des réfugiés.

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