A L'ASSEMBLEE GENERALE, LE MEXIQUE APPELLE AU RESPECT DES DROITS DES TRAVAILLEURS MIGRANTS ET A UNE LUTTE CONCERTEE CONTRE LE TRAFIC DES DROGUES
Communiqué de Presse
AG/543
A L'ASSEMBLEE GENERALE, LE MEXIQUE APPELLE AU RESPECT DES DROITS DES TRAVAILLEURS MIGRANTS ET A UNE LUTTE CONCERTEE CONTRE LE TRAFIC DES DROGUES
19960927 APRES-MIDI AG/543 Le destin du Sahara occidental, de Gibraltar et du Timor oriental a été également évoquéL'Assemblée générale a achevé cet après-midi, au titre des travaux de sa cinquante et unième session, la première des trois semaines consacrées au débat général. Ce faisant, l'Assemblée générale a d'abord entendu l'allocution de M. Robin Gray, Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Nouvelle-Zélande, qui s'est félicité d'avoir signé aujourd'hui le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires qui suppose la fin des essais nucléaires dans le Pacifique-Sud et dans le monde entier et constitue une étape importante sur la voie d'une élimination complète des armes nucléaires. Le Ministre a insisté sur la nécessité d'améliorer l'efficacité de la Cour internationale de Justice et de programmer rapidement la Conférence de plénipotentiaires chargée d'adopter le statut de la future cour criminelle internationale.
L'Assemblée a ensuite entendu la déclaration de M. Theodoros Pangalos, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, qui a exhorté les Etats Membres, en particulier les principaux contributeurs, à s'acquitter sans délai de leurs contributions au budget de l'Organisation. Pour le Ministre, l'ONU représente la seule instance capable de résoudre les problèmes internationaux et de réaliser la sécurité collective. S'agissant de la question de Chypre, M. Pangalos a estimé qu'il était temps d'aboutir à une solution fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité et a exprimé l'espoir que l'adhésion de Chypre à l'Union européenne faciliterait un règlement global de la question. Il a également formé le voeu que les négociations avec l'ex-République yougoslave de Macédoine sur le nom de la République soient couronnées de succès et permettent une normalisation des relations entre les deux pays.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/543 27 septembre 1996
De son côté, le Ministre espagnol des affaires étrangères, M. Abel Matutes, a rappelé que la décolonisation de Gibraltar est un des objectifs prioritaires de son gouvernement qui compte poursuivre, avec la plus grande fermeté, les négociations bilatérales avec le Royaume-Uni. M. Matutes a également exprimé sa préoccupation face à l'impasse dans laquelle se trouve la question du Sahara occidental faisant observer que celle-ci ne trouvera de solution durable que dans l'exercice du droit à l'auto-détermination du peuple du Sahara occidental à travers un référendum libre assorti de garanties internationales.
M. Angel Gurria, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a souhaité que l'Assemblée générale donne effet à l'avis de la Cour internationale de justice sur l'illégalité du recours de la menace de recours aux armes nucléaires. Le Mexique a signé le traité d'interdiction complète des tests nucléaires, estimant qu'il s'agit d'une étape essentielle vers l'élimination des armes nucléaires. Il a exprimé son inquiétude à l'égard de la loi Helms-Burton qui va à l'encontre des principes du droit international, de la démocratie et de la promotion des droits de l'homme. M. Gurria a insisté sur la nécessité et l'urgence à prendre des mesures et d'adopter des stratégies pour lutter contre le trafic des drogues. En ce qui concerne la migration, il a proposé l'établissement de règles minimum afin de protéger les droits de l'homme des migrants.
Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Myanmar, M. Ohn Gyaw, s'est inquiété des conséquences néfastes sur les petits Etats de la mondialisation et a estimé inacceptable la menace des sanctions économiques brandie pour influencer la politique des pays en développement. Il a rappelé que le Myanmar participe activement à une campagne internationale contre le trafic de drogues et accorde une place capitale à la protection des droits de l'homme pour laquelle la pauvreté demeure l'obstacle essentiel dans les pays en développement.
Le Ministre des affaires étrangères d'El Salvador, M. Ramon Ernesto Gonzalez Giner a lancé un appel pour que des solutions aux problèmes soient recherchées par le dialogue et par la négociation. Le Principe d'universalité de l'Organisation ne sera pleinement respecté que lorsque tous les Etats, y compris la République de Chine à Taïwan, seront représentés à l'ONU, a affirmé M. Gonzalez Giner. Les peuples d'Amérique centrale participent à la nouvelle vision, en laissant derrière eux une histoire de confrontations pour s'engager ensemble vers la paix, le développement et la démocratie, démarche définie par les présidents d'Amérique centrale dans la constitution d'une Alliance pour le développement durable.
Aux yeux de M. Edward Laing, Représentant permanent du Belize auprès des Nations Unies, de nombreux signes permettent de croire en un affaiblissement de la notion de souveraineté nationale. L'Etat et le citoyen sont de plus en plus sujets à l'attention minutieuse de la communauté internationale tandis que de nouveaux acteurs, tels que la société civile et les ONG, sont apparues sur la scène internationale et nationale.
(à suivre - 1b)
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Il a observé que le phénomène de mondialisation est la conséquence logique de l'affaiblissement de la notion de souveraineté et que la contrepartie à cette mondialisation est le régionalisme. Il a appelé instamment les nations à explorer les voies de la coopération au niveau régional et sous-régional.
En fin de réunion, la République populaire démocratique de Corée, de l'Indonésie, du Royaume-Uni, de la République de Corée et du Portugal ont exercé leur droit de réponse.
Au cours de sa prochaine séance, qui aura lieu le lundi 30 septembre, à 10 heures, l'Assemblée générale poursuivra son débat général. Pour ce faire, elle devrait entendre les interventions de la Bolivie, de la Namibie, de l'Indonésie, du Bénin, de la République tchèque, du Yémen et de Cuba.
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Suite du débat général
M. ROBIN GRAY, Ministre d'Etat et Vice-Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, rappelant que son pays procèdera dans deux semaines à des élections générales, a souligné que bien que les avis des partis politiques néo-zélandais divergent sur nombre de questions, le pays dans son ensemble appuie sans réserve les activités des Nations Unies. Le Secrétaire d'Etat s'est félicité d'avoir signé aujourd'hui le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en faveur duquel son pays s'est battu durant plus de trois décennies. La Nouvelle-Zélande plaide et continuera de plaider pour l'élimination de toutes les armes nucléaires. Pour elle, le Traité signifie la fin des essais nucléaires dans la région du Pacifique Sud et dans le monde entier. Ce traité renforce l'engagement pris par les cinq puissances nucléaires en signant les Protocoles du Traité de Rarotonga qui crée une zone exempte d'armes nucléaires dans le Pacifique Sud et constitue une étape importante sur la voie d'une élimination complète des armes nucléaires.
La communauté internationale doit maintenant s'efforcer de consolider les progrès accomplis. Il lui faut faire preuve de pragmatisme. La Cour internationale de Justice (CIJ), dans le récent avis qu'elle a rendu sur la légalité de l'utilisation des armes nucléaires, a obligé la communauté internationale à agir de bonne foi et à mettre un terme aux négociations en vue d'un désarmement nucléaire. Le Traité sur l'interdiction complète des essais d'armes nucléaires n'est qu'une des mesures nécessaires pour s'acquitter de cette obligation. Il nous faut nous préparer pour les années à venir, à observé M. Gray. La Nouvelle-Zélande estime qu'en 1997 tous les Etats, en particulier ceux dotés de l'arme nucléaire, devront poursuivre les négociations sur un programme de désarmement nucléaire afin de parvenir à une élimination complète des armes nucléaires et à un traité de désarmement général et complet sous contrôle international.
La Nouvelle-Zélande appuie fermement le rôle des Nations Unies en matière de maintien de la paix et juge nécessaire que ces opérations de maintien de la paix de l'ONU disposent des ressources nécessaires à l'exécution de leur mandat. L'Organisation doit éviter de confier aux opérations les tâches d'imposition et de maintien de la paix sans fournir aux soldats de la paix les moyens nécessaires pour affronter les nombreux dangers auxquels ils sont exposés. Le Conseil de sécurité devrait s'abstenir d'adopter des résolutions impossibles à mettre en oeuvre, ce qui sape grandement la crédibilité de l'Organisation. La Nouvelle-Zélande est d'avis qu'il faut poursuivre les efforts visant à doter les Nations Unies d'une capacité de réponse rapide.
Ayant rendu hommage aux importants efforts déployés, ces cinquante dernières années par les Nations Unies en matière de respect des droits de l'homme, M. Gray a indiqué que le Ministre des affaires étrangères de son pays a annoncé aujourd'hui la création d'un "Programme international de bon gouvernement", qui a pour objectif de renforcer la capacité à bien gouverner et à appuyer les activités de promotion et de défense des droits de l'homme. Le Vice-Ministre a indiqué que son Gouvernement, conformément aux recommandations d'Action 21 adoptées à Rio, a augmenté son assistance au développement de près d'un tiers depuis juin 1992 et augmentera en 1996 de 24% sa contribution aux institutions chargées de développement au sein des Nations Unies.
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Soulignant la nécessité de réformer l'Organisation et d'élargir le Conseil de sécurité, M. Gray a présenté la candidature de son pays au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), eu égard à la disposition de son pays à s'acquitter rapidement de ses obligations financières, mais aussi en raison de son engagement maintes fois démontré à réformer les finances des Nations Unies.
M. THEODOROS PANGALOS, Ministre des Affaires étrangères de la Grèce, a regretté que peu de propositions valables aient été faites par les Etats Membres en ce qui concerne la restructuration de l'ONU. La Grèce est favorable à un renforcement des capacités et des responsabilités de l'Organisation ainsi qu'une dotation conséquente. M. Pangalos a exhorté les Etats Membres, en particulier les principaux contributeurs, à s'acquitter promptement de leurs engagements beaucoup plus importants actuellement que la question de l'amélioration de certains aspects de l'Organisation. La Grèce, quant à elle, a décidé d'augmenter sa contribution au budget des opérations de maintien de la paix, en passant volontairement du groupe C au groupe B des pays contributeurs au financement des activités de maintien de la paix.
Bien que la tendance soit à la méfiance à l'égard des dispositifs de sécurité collective, la Grèce, qui a pourtant peu de raisons de se faire des illusions à cet égard, compte tenu de l'incapacité de la communauté internationale de faire appliquer les résolutions des Nations Unies à Chypre, estime qu'il ne faut pas pour autant renoncer au multilatéralisme car aucune société ne peut se développer hors d'un cadre juridique approprié. Tout au long de leur existence, les Nations Unies ont incarné un esprit d'espérance universel, et ont constitué un instrument utile de prévention et de gestion des conflits. L'ONU représente la seule instance apte à résoudre les problèmes internationaux et à réaliser la sécurité collective.
S'agissant des relations entre la Grèce et la Turquie, il a déclaré qu'elles illustrent la nécessité d'une amélioration de la sécurité internationale. La Grèce souhaite sincèrement l'établissement de relations de bon voisinage, fondées sur les respect du droit international et des traités internationaux, que la Turquie semble mépriser. Il en est ainsi de la revendication par la Turquie des îlots d'Imia dans la mer Egée, qui relèvent de la souveraineté de la Grèce, allant jusqu'à utiliser des moyens militaires en violation des Traités de Lausanne et de Paris. Ceci crée un précédent dangereux dans la région puisque les revendications du Premier Ministre portent sur un grand nombre d'autres îles et îlots grecs. La Grèce a proposé à plusieurs reprises, et en vain, à la Turquie de porter le différend sur les îlots d'Imia devant la Cour internationale de Justice. La Turquie a même occupé l'île habitée de Gavdos. La Turquie viole donc sciemment les principes de base du droit international, alors que la Grèce fait preuve d'une grande retenue et ne réagit pas aux violations massives de son espace aérien par les avions turcs.
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En ce qui concerne la question de Chypre, il est admis que le statu quo est inacceptable, mais aucun progrès n'a été constaté au cours des 22 dernières passées. Il est temps de trouver à ce problème une solution fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité. La perspective d'une adhésion de Chypre à l'Union européenne faciliterait un règlement global de la question. Toutefois, la tension qui prévaut actuellement dans l'île rend plus difficiles les efforts menés pour le règlement du conflit. La Grèce estime que l'adoption de la proposition du Président Cleridès visant la démilitarisation de Chypre, contribuera de façon décisive au relâchement de la tension et garantira plus de sécurité aux communautés de l'île.
Dans les Balkans, la politique de la Grèce est guidée par des principes de maintien de la stabilité, de la paix et de la sécurité, l'inviolabilité des frontières internationalement reconnues et le respect des droits de l'homme, conformément aux principes de l'ONU et de l'OSCE. Elle soutient le rapprochement des pays des Balkans avec l'Union européenne et ses institutions. Elle soutient toutes les initiatives internationales visant à promouvoir la coopération régionale dans les Balkans. A cet égard, la Grèce a pris l'initiative de rencontres trilatérales avec la Bulgarie et la Roumanie. Elle est également un des membres fondateurs de la Coopération économique de la mer Noire, et est membre de l'Assemblée parlementaire de la mer Noire, qui contribue au développement et à la stabilité dans le région.
La Grèce poursuit avec l'Albanie des relations de bon voisinage et de coopération dans tous les domaines. Un Traité de coopération et d'amitié a été signé récemment entre les deux pays. Les relations entre la Grèce et la Bulgarie, ainsi qu'avec la Roumanie, sont fructueuses. La Grèce a pour objectif l'établissement de liens amicaux avec tous les pays issus de l'ex-Yougoslavie. Elle a soutenu l'Accord de paix de Dayton en Bosnie- Herzégovine. Elle espère que les négociations avec l'ex-République yougoslave de Macédoine sur le nom de la République seront couronnées de succès et permettront une normalisation des relations entre les deux pays.
S'agissant de la situation au Moyen Orient, la Grèce exhorte les parties à s'abstenir de toute action qui engendrerait une escalade de la violence. Les parties doivent remplir leurs obligations et reprendre les négociations immédiatement. La communauté internationale doit faire tous ses efforts afin de créer une base solide pour la survie politique et économique de l'Autorité nationale palestinienne.
La Grèce appuie une plus grande représentativité du Conseil de sécurité. Elle a posé sa candidature à l'un des deux sièges non permanents réservés au groupe d'Europe occidentale et autres groupes au Conseil de sécurité pour la période 1999-2000 et a rappelé à cet égard qu'elle n'a occupé qu'une seule fois un siège dans cet organe, il y a quarante ans.
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M. ABEL MATUTES, Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, a déclaré que la décolonisation de Gibraltar est un des objectifs prioritaires de son Gouvernement et qu'il poursuivra avec la plus grande fermeté les négociations bilatérales avec le Royaume-Uni dans le but non dissimulé de restaurer l'intégrité territoriale de l'Espagne tout en protégeant les intérêts de la population de la colonie. Il a fait part de sa préoccupation eu égard à la question du Sahara occidental, en particulier à la suspension de l'opération d'identification des votants et le blocage du Plan des établissements humains. L'Espagne estime que la question du Sahara occidental ne trouvera de solution durable que dans l'exercice du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental à travers un référendum libre assorti de garanties internationales. Quant à la Bosnie-Herzégovine, le Ministre a indiqué que son pays a l'intention de poursuivre son aide en vue de renforcer la stabilité et de promouvoir la réconciliation de la région. Se félicitant de la prorogation du mandat de la MINUGUA et du succès remporté par la MINUSAL, le Ministre a formé l'espoir que de tels résultats positifs ne seront pas entravés par les difficultés financières de l'Organisation. Il a insisté sur l'engagement de l'Espagne aux opérations de maintien de la paix, et a souligné l'importance d'améliorer la logistique sous-tendant ces opérations. Les pays contributeurs de troupes devront participer plus activement à la phase de préparation des opérations de maintien de la paix, tandis que le Secrétariat de l'ONU poursuivra ses efforts dans le but d'améliorer la coordination des différents services chargés du maintien de la paix.
Tout en indiquant que son pays est membre de la Conférence du désarmement, le Ministre s'est félicité de l'adoption du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires à une majorité écrasante. Il a indiqué en outre que son pays participera au réseau des centres sismologiques dont le but est de vérifier l'application du Traité. Une plus grande adhésion à ce Traité, tout comme la conclusion d'un Traité interdisant la production de matières fissiles devront être au rang des priorités. L'Espagne qui a été l'un des premiers pays à ratifier la Convention interdisant la production, le stockage et l'emploi d'armes chimiques a entamé la procédure nécessaire visant la ratification du nouveau Protocole sur les armes aveuglantes et le Protocole II de la Convention sur certaines armes conventionnelles, a indiqué le Ministre.
Le Ministre a évoqué les problèmes africains et ceux du Moyen-Orient. En ce qui concerne l'Afrique, il a appuyé le rôle de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et appelé à la réconciliation des populations en conflit sur le continent. Quant au Moyen-Orient, le Ministre a invité les partis à s'abstenir de tous actes susceptibles d'exacerber la tensions dans la région.
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M. ANGEL GURRIA, Ministre des affaires étrangères du Mexique, a réitéré l'engagement de son pays à l'égard des principes et idéaux des Nations Unies, ainsi qu'en faveur de la paix, du droit et de la Justice. En ce qui concerne la question du désarmement, il a estimé que l'Assemblée générale devrait donner effet à l'avis de la Cour internationale de justice sur l'illégalité du recours ou de la menace de recours aux armes nucléaires, et entamer des négociations sur ce sujet dans le cadre de la Conférence du désarmement. Le Mexique ne pense pas que le recours ou la menace de recours aux armes nucléaires puisse être légitime même en cas d'autodéfense. Le Traité de Tlatelolco, a-t-il rappelé, est le premier instrument juridique à établir une zone dénucléarisée dans une région du monde densément peuplée. Le Mexique continuera d'encourager le renforcement du régime établi par ce Traité et tout en se félicitant de la création d'une nouvelle zone exempte d'armes nucléaires dans le sud-est asiatique, il espère qu'une zone analogue sera établie prochainement au Moyen-Orient. Le Ministre a soutenu l'initiative du Brésil visant à la proclamation de l'hémisphère sud comme zone exempte d'armes nucléaires. Il a indiqué que le Mexique a signé le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, parce qu'il s'agit d'une étape essentielle vers l'objectif ultime qu'est l'élimination des armes nucléaires. Le Mexique, a-t-il poursuivi, invite tous les pays à appliquer les dispositions du Traité, avant même son entrée en vigueur. Il exhorte en outre la Fédération de Russie et le Congrès américain à ratifier le plus rapidement possible la Convention sur les armes chimiques. M. Gurria a rappelé que le Président du Mexique, M. Zedillo, avait présenté lors du Sommet récent du groupe de Rio deux propositions relatives respectivement à la nécessité d'adopter une convention contre le trafic illicite d'armes, et sur celle d'adopter des mesures sur le contrôle des armes conventionnelles en Amérique latine, afin d'éviter la course aux armements. Le Mexique soutient par ailleurs la proposition visant à entamer des négociations pour une interdiction totale des mines terrestres antipersonnel.
En ce qui concerne la coopération internationale pour le développement, le Mexique, conscient du lien entre paix et développement, appuie avec enthousiasme le travail effectué par les Nations Unies et ses institutions spécialisées dans le domaine économique et social, et en particulier l'adoption de l'Agenda pour le développement. Il exprime son inquiétude à l'égard de certains décrets dans le domaine commercial tels que la loi Helms- Burton, qui ont un caractère extra-territoriale contrevenant aux principes du droit international, allant à l'encontre de la démocratie et de la promotion des droits de l'homme.
M. Gurria a insisté sur la nécessité et l'urgence à prendre des mesures et d'adopter des stratégies pour lutter contre le trafic de drogues, sur la base de la coopération internationale. L'Assemblée générale devrait convoquer cette année une assemblée spéciale pour l'année 1998, afin d'évaluer la coopération internationale dans la lutte contre la production, la vente, la demande, le trafic et la distribution illégale de stupéfiants et de substances psychotropes ainsi que d'activités connexes. Il faudra préparer un ordre du jour pour cette session, qui tienne compte les idées spécifiques de l'Assemblée et du Conseil économique et social sur la question.
- 7 - AG/543 27 septembre 1996
S'agissant de la migration, le Mexique reconnaît le droit de chaque nation à déterminer les règles et conditions de l'admission des travailleurs étrangers sur son territoire. Cependant, la situation de ses ressortissants dans les pays étrangers est devenue une cause d'inquiétude au Mexique. Le Mexique rejette toutes les actions ou omissions de la part des autorités des pays de destination qui créent ou exacerbent un climat de violence et d'intolérance à l'encontre des travailleurs mexicains et de leurs familles. Ce problème doit être traité d'une façon globale et objective, qui corresponde aux caractéristiques régionales et sous régionales. L'entrée en vigueur de la Convention sur les droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles constituerait un cadre approprié à la protection des droits de millions de personnes.
En ce qui concerne le processus de réforme des Nations Unies, le Mexique déplore le manque de progrès dans les groupes de travail sur la réforme de l'Organisation. Il faut accroître la capacité des Nations Unies de prévenir les conflits et de résoudre les conflits existants. Pour ce faire, il faut réformer le Conseil de sécurité, renforcer les mesures de résolution des conflits et des différends, et renforcer le rôle du Secrétaire général dans la prévention des conflits. Les Nations Unies doivent aussi renforcer leurs activités en matière de protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, sur la base des obligations contractuelles de chaque Etat Membre. Enfin, la situation financière de l'ONU doit être résolue le plus rapidement possible, par le versement des Etats Membres de leurs contributions.
En ce qui concerne les violents incidents au Moyen-Orient, le Mexique s'associe à l'appel de la communauté internationale afin que les parties s'abstiennent de toutes actions qui ne feraient que détériorer la situation et redoubler d'efforts pour avancer le processus de paix et faire en sorte que le dialogue et la raison prévalent dans le région.
M. OHN GYAW, Ministre des Affaires étrangères du Myanmar, a déclaré que les Nations Unies sont arrivées à une croisée de chemins et qu'il est impératif de renforcer leur rôle et de promouvoir un système multilatéral qui ait pour base le respect du droit international, des principes de souveraineté, d'intégrité territoriale, de la liberté de choisir et de l'égalité des Etats. Il a observé qu'il faudrait poursuivre les efforts dans les domaines prioritaires que sont le désarmement, le développement durable, la protection de l'environnement et le contrôle des substances psychotropes. Il s'est félicité de la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) et a déclaré que son gouvernement contribue de façon active au processus de désarmement nucléaire qui vise un désarmement général et complet. Il a rappelé que son pays a appuyé l'élaboration de zones non nucléaires et qu'il a signé et ratifié le Traité portant création d'une zone non nucléaire en Asie du Sud-Est.
- 8 - AG/543 27 septembre 1996
Le Ministre a souligné que le développement économique est nécessaire à la paix et à la sécurité mondiales. Il est indispensable d'aider les pays en développement et de favoriser un environnement économique mondial qui soit équitable. Il s'est inquiété des conséquences néfastes de la globalisation sur les petits Etats et a observé qu'il est inacceptable de se servir de la menace des sanctions économiques pour influencer la politique des pays en développement.
Sur la drogue, le Ministre a déclaré que l'emploi de telles substances constitue une menace pour la communauté internationale et que le Myanmar participe activement aux efforts pour les supprimer. Des stratégies nationales ont été élaborées et couvrent plusieurs domaines tels que la substitution des cultures, le traitement des drogués, l'éducation préventive, l'application de la législation. Le Myanmar, en collaboration avec ses voisins et le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCD), participe activement à une campagne internationale contre le trafic des drogues. Il se félicite que cette année l'armée de Mong Tai, conduite par U Khun Sa se soit rendue, permettant ainsi une réduction importante du trafic de l'opium.
Le Ministre a observé que son pays défend activement la promotion et la protection des droits de l'homme. Il a regretté la tendance de plus en plus répandue selon laquelle des Etats occidentaux s'emploient à vouloir politiser la question des droits de l'homme et à l'utiliser comme un prétexte pour intervenir dans les affaires intérieures d'un Etat. Les gouvernements, les institutions ou les individus doivent prendre en compte les spécificités de chaque nation ou d'une région donnée, les différences historiques, culturelles et religieuses. Ils ne doivent pas oublier que dans les pays en développement, la pauvreté demeure l'obstacle essentiel au respect des droits de l'homme. En ce qui concerne le Myanmar, les réformes économiques actuelles ont un impact capital sur la qualité de la vie de tous ses citoyens. Le gouvernement a permis la transformation de son économie en une économie de marché, encourageant les investissements privés et étrangers et permettant le développement de l'emploi.
M. RAMON GONZALEZ GINER, Ministre des relations extérieures d'El Salvador, a rappelé que les Etats Membres s'étaient engagés, à l'occasion du cinquantième Anniversaire de l'ONU, à appuyer la mise en oeuvre des réformes nécessaires pour que la communauté internationale puisse compter sur une Organisation plus efficace et en mesure de répondre aux défis d'un monde en mutation. M. Gonzalez Giner a souhaité que les débats de la présente session se concentrent sur l'élaboration de recommandations pratiques en vue de la mise en oeuvre de la déclaration du cinquantième Anniversaire des Nations Unies. La dynamique à laquelle a obéi le système international au cours des dernières années a conduit à une plus grande attention aux problèmes communs. Il faut agir de façon concertée et procéder à des échanges d'expériences. La tenue des grandes conférences au Sommet est une manifestation évidente de la volonté politique et de l'engagement moral de la communauté internationale en vue de redéfinir les paradigmes du développement durable grâce à une nouvelle créativité centrée sur l'individu et la famille.
- 9 - AG/543 27 septembre 1996
Chacun doit redoubler d'efforts pour participer à la recherche de solutions communes. Mais il ne faut pas confondre travail collectif et responsabilité première des Etats pour ce qui est de trouver des solutions aux problèmes propres de leurs sociétés. El Salvador est convaincu que les efforts accomplis par l'ONU pour résoudre et limiter la portée des conflits, par ses opérations de maintien de la paix, contribuent à l'harmonie mondiale. L'expérience qu'a vécue El Salvador pourrait servir aux autres pays vivant des expériences semblables.
Bien qu'existent encore des conflits et des problèmes qui n'ont pu être encore réglés, El Salvador lance un appel pour que des solutions soient recherchées par le dialogue et la négociation. 25 nouveaux Etats ont rejoint l'Organisation au cours des dernières années, réaffirmant ainsi le Principe d'universalité de l'Organisation. Malheureusement, ce principe ne connaîtra une pleine application que lorsque tous les Etats, y compris la République de Chine à Taïwan, seront représentés à l'ONU, a affirmé M. Gonzalez Giner.
Il a ajouté que l'Organisation ne contribuera efficacement à accréditer l'idée selon laquelle la démocratie est un processus positif pour l'humanité que dans la mesure où elle permet d'assurer un Etat de droit, un emploi garanti, ainsi que la sécurité urbaine, le logement, une bonne éducation, le droit à la santé et à un environnement sain. Les problèmes financiers de l'Organisation sont un obstacle à la mise en oeuvre des programmes de développement. Le fonctionnement de l'Organisation doit être transparent et plus efficace, pour qu'il y ait une cohérence entre les convictions et les actions.
Les peuples d'Amérique centrale participent à la nouvelle vision, en laissant derrière eux une histoire de confrontations pour s'engager ensemble vers la paix, le développement et la démocratie, démarche définie par les présidents d'Amérique centrale dans la constitution d'une Alliance pour le développement durable. Cette Alliance est un ensemble de politiques, programmes et actions qui définissent un nouveau cadre de développement intégral par la croissance économique et l'équité sociale et un développement en harmonie avec la nature, garantissant la qualité de vie des nouvelles générations.
En El Salvador, quatre ans après la signature des accords de paix, les engagements ont été respectés et le pays avance dans la voie du renforcement des institutions démocratiques et de la reconstruction nationale. Les actions du gouvernement sont orientées vers la satisfaction des aspirations profondes de la population. Le développement économique et le développement humain sont perçus comme allant de pair. Le Président Armando Calderon Sol impulse des réformes visant à donner les mêmes opportunités à tous les citoyens, sur la base de la reconnaissance de la société comme une seule entité.
- 10 - AG/543 27 septembre 1996
M. EDWARD A. LAING (Bélize) a observé que de nombreux signes permettent aujourd'hui de croire que le concept de souveraineté nationale a perdu de son contenu. Les organes régionaux et les associations, tel le Commomwealth, se livrent de plus en plus à un examen minutieux, du respect des droits de l'homme. La multiplication des Conventions, des sommets et de nouvelles organisations témoignent de l'érosion rapide du concept de souveraineté. Le représentant a estimé que la création, cette année, du Tribunal international pour le droit de la mer et les Tribunaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie, entre autres, constituent une évolution significative du système international au sein duquel l'Etat et le citoyen sont de plus en plus sujets à l'attention minutieuse de la communauté internationale. Il a observé que le secteur public traverse une phase de restrictions tandis que de nouveaux acteurs, tels que la société civile et les ONG, sont apparues sur la scène internationale et nationale.
Le représentant a évoqué le phénomène de globalisation qui, outre la libéralisation qu'elle suppose, entraîne la révision des doctrines qui désapprouvent les monopoles internationaux et les associations industrielles excessives. La globalisation est la conséquence logique de l'affaiblissement de la notion de souveraineté, a précisé le représentant en ajoutant que, parfois, la globalisation entre en contradiction avec notre humanité. Il a indiqué que la globalisation est contenue dans le concept sous-tendant l'ONU. Abordant la question de la réforme de l'ONU, il a insisté sur la nécessité d'accroître l'efficacité de l'Organisation en rationalisant sa structure administrative et la manière dont les cadres supérieurs sont recrutés. Il faut accorder une autonomie financière dans certains domaines qui échappent à l'autorité des Etats. D'autre part, le représentant a appelé à l'élimination des mines et autres armes ainsi que celle des substances toxiques. Il a réitéré que son pays avait lancé l'idée de tenir une session extraordinaire de l'Assemblée générale afin de discuter des questions de développement.
D'autre part, explique le représentant, la contre-partie à la globalisation du secteur privé est le phénomène régionaliste qui est à l'origine de nombreuses propositions concernant la réforme du Conseil de sécurité. Il a appelé instamment les nations à explorer les voies de la coopération au niveau régional et sous-régional et s'est félicité d'assister à un tel régionalisme en Afrique, en Asie, en Europe et dans d'autres parties de l'Amérique latine. Il a observé que l'approche contemporaine de la notion d'Etat justifiait l'aspiration de Taïwan à une plus grande participation au système international et que l'intégrité territoriale de la Chine ne serait pas affectée.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, a qualifié de puérile l'intervention du Ministre des affaires étrangères de la soi-disant République de Corée. Les autorités de ce pays n'ont aucune compétence pour intervenir dans les questions ayant trait au désarmement nucléaire de la péninsule et qui ne relève que de la compétence de la République populaire démocratique de Corée et des Etats-Unis.
- 11 - AG/543 27 septembre 1996
Le représentant a reconnu qu'un petit sous-marin avait dérivé le 8 septembre dernier par erreur vers les eaux territoriales de la République de Corée et a insisté pour que le bâtiment soit restituer sans délai à son gouvernement. La République de Corée, a-t-il soutenu, a lancé une campagne de provocation et de désinformation, affirmant que le sous-marin était en mission d'espionnage. Les autorités de la Corée du Sud souhaitent absolument un affrontement entre les deux Corées. A moins que ne cessent ces provocations, la République populaire démocratique de Corée, qui est victime de ces manoeuvres, sera amenée tôt ou tard à réagir au risque de créer une situation dangereuse et irréversible.
Le représentant de l'Indonésie, répondant à l'intervention du Ministre portugais des affaires étrangères, a regretté qu'une nouvelle fois le Portugal ait essayé d'induire en erreur les Membres de la communauté internationale sur la situation au Timor oriental qui a cessé depuis longtemps d'être un problème dans la mesure où le territoire a exercé son droit à l'autodétermination, conformément aux principes des Nations Unies en la matière. Le représentant a indiqué que le Secrétaire général, dans son dernier rapport sur la question, a reconnu que grâce au dialogue, et en dépit des nombreuses difficultés, un accord entre les deux parties semble à portée de main. L'Indonésie souhaite rappeler sa volonté de coopérer avec le Secrétaire général afin de parvenir à une solution durable à la question du Timor oriental.
Le représentant du Royaume-Uni, exerçant son droit de réponse à l'intervention de l'Espagne sur la question de Gibraltar, a indiqué que son pays n'a nullement l'intention d'ouvrir une polémique avec un pays ami, membre de l'Union européenne. Toutefois, le Royaume-Uni tient à rappeler que sa souveraineté sur Gibraltar a été clairement établie par le Traité d'Utrecht. Le représentant s'est félicité de ce que les Gouvernements du Royaume-Uni, de Gibraltar et de l'Espagne aient engagé des négociations afin d'améliorer la situation économique du territoire.
Le représentant de la République de Corée, répondant à l'intervention de la République populaire démocratique de Corée, a regretté les attaques personnelles dont a fait l'objet le Ministre des affaires étrangères de son pays. Il a fait observer que le sous-marin en question ne s'était pas échoué sur la côte Est de la République de Corée à la suite d'une dérive involontaire mais bien intentionnelle et a rappelé que cette version officielle mensongère a été présentée par la République populaire démocratique de Corée que cinq jours après que ce soit produit l'incident. Le représentant a précisé que le sous-marin n'a jamais émis de signal de détresse lorsqu'il a prétendu connaître des problèmes de moteur; ses occupants portaient des uniformes de l'armée de la République de Corée, alors qu'ils étaient censés, aux dires de la Corée du Nord, effectuer une simple mission de reconnaissance. De plus, le moteur du sous-marin fonctionnait parfaitement lorsque le sous-marin s'est échoué. Cet incident constitue un acte grave de provocation délibéré et une menace pour la sécurité et la paix dans la région.
- 12 - AG/543 27 septembre 1996
Le représentant du Portugal, répondant au représentant de l'Indonésie, a rappelé que conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies, le Timor oriental est un territoire non-autonome sur lequel le Portugal n'a aucune prétention. Le Portugal appuie le dialogue instauré sous l'égide du Secrétaire général et espère que celui-ci permettra de parvenir à un accord juste et durable sur la question.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déclaré que son pays n'a aucun respect pour le Ministre des affaires étrangères de la Corée du Sud coupable du meurtre d'un grand nombre de personnes. En tant que victime, la République populaire démocratique de Corée a le droit de réagir et de se montrer dès lors intraitable.
Le représentant de l'Indonésie, répondant au Portugal, a estimé que le Portugal a abandonné le Timor oriental de façon irresponsable. Il a estimé que l'intervention du Portugal est une redite qui ne mérite pas de réponse plus longue.
Le représentant de la République de Corée, a estimé que les autorités de la République populaire démocratique de Corée ne peuvent éluder leurs responsabilités.
Le représetnant du Portugal a estimé que la teneur de l'intervention de l'Indonésie ne peut cacher la réalité de la situation au Timor oriental. Le Portugal continuera à travailler de bonne foi et avec patience à la réussite du dialogue initié par le Secrétaire général.
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