L'INTERDICTION DES ARMES CONVENTIONNELLES ET SURTOUT DES MINES ANTIPERSONNEL SOUHAITEE PAR NOMBRE D'INTERVENANTS A L'ASSEMBLEE GENERALE
Communiqué de Presse
AG/542
L'INTERDICTION DES ARMES CONVENTIONNELLES ET SURTOUT DES MINES ANTIPERSONNEL SOUHAITEE PAR NOMBRE D'INTERVENANTS A L'ASSEMBLEE GENERALE
19960927 MATIN AG/542Le représentant de Malte met en garde les
Etats Membres contre la banqueroute financière et morale de l'ONU
Poursuivant ce matin son débat général sous la présidence de M. Razali Ismail (Malaisie), l'Assemblée générale a entendu l'allocution du Premier Ministre de la Malaisie, M. Dato Seri Mahathir Mohamad, qui s'est félicité de l'élection d'un Malaisien au poste de Président de l'Assemblée générale bien qu'il ait déploré que l'Organisation elle-même reste éloignée des aspirations des peuples. Le Premier Ministre a invité instamment la communauté internationale à travailler de concert afin de procéder à des changements significatifs qui reflèteraient un partage du pouvoir économique et politique plus équitable et a dénoncé les abus de pouvoir des pays les plus nantis. Il a regretté que dans le contexte de la globalisation des échanges, le multilatéralisme ait été abandonné alors qu'il représente le fondement des relations internationales et de la coopération.
L'Assemblée générale a également entendu une déclaration du Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande, M. Halldor Asgrimsson. Le Ministre notant que la prolifération des armes de destruction massive préoccupe à juste titre la communauté internationale, a invité ses membres à ne pas oublier les nombreuses souffrances causées par les armes conventionnelles, et plus particulièrement par les mines terrestres antipersonnel dont la production et l'exportation doivent être interdites. Il les a exhorté à honorer les engagements pris lors des grandes conférences internationales. M. Asgrimsson a estimé que l'Assemblée générale devrait adopter au cours de la présente session une résolution relative aux arrangements institutionnels du Programme mondial d'action pour la protection de l'environnement marin contre la pollution terrestre, afin d'en accélérer la mise en oeuvre.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/542 27 septembre 1996
Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Finlande, Mme Tarja Kaarina Halonen, a insisté sur l'universalité des droits de l'homme, qui doit être garantie par l'Assemblée générale, en s'assurant que les mécanismes des Nations Unies pour promouvoir et surveiller le respect des droits de l'homme ne soient limités dans leur action par le manque de ressources. S'agissant des conflits, la Finlande appuie la création dans les plus brefs délais d'une unité centrale à déploiement rapide au sein des Nations Unies. Mme Halonen a également proposé la tenue de négociations, au sein de la Conférence sur le désarmement, en vue de l'adoption d'un traité d'interdiction de toutes les mines terrestres antipersonnel.
De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, M. Ro-Myung Gong, a déclaré que la situation dans la péninsule coréenne continuait à être une source de tension et d'instabilité mettant en péril la paix et la sécurité. La Corée du Nord doit impérativement cesser de penser à l'idée absurde de réunifier par la force les deux Corées et doit arrêter ses provocations et respecter l'armistice. Le Ministre a une nouvelle fois invité la Corée du Nord à participer à des négociations quadripartites avec la Corée du Sud, la Chine, et les Etats-Unis qui permettraient de consolider une paix durable dans la péninsule.
M. Jaine Gama, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a rappelé l'urgence qu'il y avait, à trouver une solution politique et diplomatique au Timor oriental en accord avec le droit international et le droit des peuples à l'autodétermination. Il a indiqué, d'autre part, que son pays est impliqué dans la création d'une Charte euro-méditerranéenne et il a rappelé l'importance qu'attache son pays au processus de transition à Macao dans un esprit de dialogue constructif et de coopération avec la Chine.
Le Ministre d'Etat aux affaires étrangères du Niger, M. André Salifou, a, quant à lui, indiqué que son pays souscrit entièrement aux recommandations adoptées lors de la revue à mi-parcours du Nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 et s'est félicité du lancement le 15 mars dernier de l'Initiative spéciale du Secrétaire général en faveur de l'Afrique. Il s'est associé aux initiatives qui seront prises pour combattre le trafic illicite de petites armes, ainsi qu'à la réprobation de plus en plus unanime de la communauté internationale, de la fabrication comme de l'usage des mines terrestres antipersonnel.
(à suivre - 1b)
- 1b - AG/542 27 septembre 1996
Le Chef de la délégation de Malte, M. Joseph Cassar, a pour sa part demandé la ratification universelle du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, de même que celle d'autres traités, comme la Convention sur les armes chimiques. Malte soutient par ailleurs l'appel en faveur de l'interdiction de la production, de l'exportation et de l'utilisation des mines terrestres antipersonnel. Malte a travaillé activement à la promotion de la sécurité et de la coopération en Méditerranée et espère poursuivre cette tâche comme membre à part entière de l'Union européenne. Le représentant a affirmé l'engagement de son pays en faveur du développement, des droits de l'homme et de la lutte contre le trafic de drogues et la criminalité internationale. Il a appuyé le processus de rationalisation de l'Organisation et a mis les Etats Membres en garde contre la banqueroute financière et morale.
Au cours de sa prochaine réunion, qui aura lieu cet après-midi, à 15 heures, l'Assemblée générale devrait entendre, au titre de son débat général, les interventions des Ministres des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, de la Grèce, de l'Espagne, du Mexique, du Myanmar, d'El Salvador et du Belize.
- 2 - AG/542 27 septembre 1996
Suite du débat général
M. HALLDOR ASGRIMSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande, a estimé que l'élan imprimé par le cinquantième Anniversaire des Nations Unies doit désormais servir à adapter l'Organisation aux nouvelles réalités. A cette fin, il importe d'entreprendre des réformes structurelles et financières, d'arrêter des priorités et d'y réaffecter les ressources limitées. De telles réformes ne réussiront que grâce à un esprit de dialogue et de compromis. Ainsi, convient-il d'élargir dans les meilleurs délais, la composition du Conseil de sécurité et adapter ses méthodes de travail. Le système des Nations Unies doit également s'impliquer davantage dans les domaines du développement économique et social.
Observant que la prolifération des armes nucléaires et des autres armes de destruction massive préoccupe particulièrement la communauté internationale, le Ministre islandais a souligné la nécessité pour ses membres d'adhérer de façon inconditionnelle et universelle au Traité de non- prolifération des armes nucléaires (TNP), aux conventions sur les armes chimiques et biologiques et au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Pour autant, les horreurs associées aux armes de destruction massive ne doivent pas faire oublier les nombreuses souffrances causées par les armes conventionnelles, et plus particulièrement par les mines terrestres dont la production et l'exportation doivent être interdites. De plus, les Nations Unies doivent répondre à la menace importante pour la sécurité et la paix internationales que représentent les conflits régionaux. Les membres de la communauté internationale doivent renforcer la prévention et la coopération en matière de lutte contre le crime organisé, les agressions terroristes et le trafic des drogues. A cet égard, l'Islande appuie la tenue en 1998 d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au contrôle des drogues.
M. Asgrimsson s'est félicité de ce que grâce à la série de conférences internationales tenues sous son égide, l'Organisation ait pu mettre l'accent sur les questions qui préoccupent l'humanité. A cet égard, il a attiré l'attention des Etats Membres sur la nécessité d'oeuvrer de concert à la mise en oeuvre des recommandations adoptées lors de ces conférences. Six ans après la tenue du Sommet mondial pour les enfants, la communauté internationale doit honorer ses engagements, a insisté le Ministre.
L'Islande, dont la prospérité et la survie dépendent des ressources marines, a constamment souligné le potentiel que représentent les océans en termes de sources d'alimentation. Ses pêcheries ont acquis une expérience et une technologie qui peuvent bénéficier à d'autres. Le Gouvernement islandais est disposé à faciliter la coopération internationale en ce domaine. L'Islande, qui a participé activement à l'élaboration du droit international régissant la protection et l'exploitation durable des océans, notamment la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, souhaite que soit mis en oeuvre rapidement le Programme mondial d'action pour la protection de l'environnement marin contre la pollution terrestre. Elle est d'avis, à cet égard, que la présente session de l'Assemblée générale devrait adopter une résolution relative aux arrangements institutionnels afin de faciliter la mise en oeuvre du Programme. De même, l'Islande appuie la proposition du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) visant à créer en 1997 un Comité international qui permettrait de parvenir à un accord général sur la question des polluants organiques durables.
- 3 - AG/542 27 septembre 1996
MME TARJA HALONEN, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a déclaré que l'universalité des droits de l'homme ne peut être remise en question, et que rien ne peut justifier leur violation. Cependant, l'adhésion aux principes généraux n'est pas suffisante, a affirmé Mme Halonen, qui a estimé que l'Assemblée générale pouvait agir dans trois domaines. Elle doit d'abord s'assurer que les mécanismes mis en place par les Nations Unies pour promouvoir et surveiller le respect des droits de l'homme ne seront pas limités dans leur action par le manque de fonds. Elle doit ensuite aider à établir, en accord avec les conclusions du Comité préparatoire, une cour criminelle internationale permanente qui traite des violations flagrantes du droit humanitaire international et des droits de l'homme. Enfin, il faut mettre en place un mécanisme de suivi durable et intégré des conférences des Nations Unies qui se sont déroulées de Vienne à Istanbul, afin d'appliquer pleinement les programmes d'action qui y ont été adoptés. Les gouvernements doivent attribuer les budgets nécessaires à cet effet. Une pleine et égale jouissance des droits de l'homme par les hommes et les femmes doit être l'objectif principal des Nations Unies et des gouvernements. Les Etats parties à la Convention des droits de l'enfant doivent assurer leur mise en oeuvre universelle.
Mme Halonen a déclaré qu'il fallait tout mettre en oeuvre pour prévenir les conflits. Le maintien de la paix doit être considéré comme partie d'un processus de paix global. Les composantes civiles et militaires d'une opération de paix doivent travailler en étroite collaboration. Les opérations de maintien de la paix doivent être liées à des efforts de consolidation de la paix à plus long terme. Les soldats de la paix des Nations Unies ne doivent pas être chargés de l'imposition de la paix, mais ce rôle doit être confié par le Conseil de sécurité à d'autres organisations régionales ou coalitions créées à cet effet. Cependant, dans la majorité des conflits, ce sont les Nations Unies qui doivent être chargées du maintien de la paix. L'Organisation doit agir à temps et avec le soutien de ses Membres, y compris le soutien financier. La développement des accords de réserve actuels avec les Etats Membres est la façon la plus pratique de renforcer la capacité de réaction rapide de l'Organisation. Cependant, la Finlande appuie la création d'une unité centrale à déploiement rapide aux Nations Unies, le plus vite possible. La prévention est essentielle, et à ce titre, le FORDEPRENU joue un rôle crucial en faveur de la stabilité dans la région.
La Finlande, qui vient de signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, estime qu'il ne faut pas se limiter à l'interdiction des armes nucléaires, mais viser un même but en ce qui concerne les armes conventionnelles, et en particulier les mines terrestres. Un effort international concerté, sous l'égide des Nations Unies, est indispensable pour aider au déminage. L'activité de déminage doit faire partie intégrante des mandats de maintien de la paix. La seule solution est une interdiction des mines terrestres, qui soit juridiquement contraignante, mondiale et vérifiable. En premier lieu, tous les Etats doivent adhérer au protocole à la Convention sur les armes conventionnelles relatif aux mines terrestres. La Finlande propose que des négociations soient conduites au sein de la Conférence du désarmement à Genève, dans le but d'aboutir à l'adoption d'un traité d'interdiction de toutes les mines terrestres antipersonnel.
- 4 - AG/542 27 septembre 1996
En ce qui concerne les activités des Nations Unies dans les domaines économique et social, il est nécessaire d'évaluer l'impact des activités en matière de développement du système des Nations Unies au niveau des pays. Ces activités devraient se concentrer sur les pays les plus pauvres et les groupes les plus vulnérables de la société. En outre, une meilleures intégration des activités du système renforcerait l'efficacité du travail de l'Organisation à l'échelle des pays. S'agissant du suivi de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, la Finlande attache une grande importance à un engagement politique mondial pour la gestion durable des forêts.
La Finlande appuie la déclaration faite par le Président de l'Union européenne au sujet des violents incidents à Gaza et sur la rive occidentale. Elle souhaite que des négociations s'engagent de manière urgente sur la réforme du Conseil de sécurité. Elle soutient la candidature de la Suède lors des prochaines élections des membres non permanents du Conseil. Enfin, la Finlande, qui a été le premier Etat Membre à s'acquitter pleinement de ses contributions au budget ordinaire des Nations Unies, engage tous les Etats Membres à faire de même.
Allocution de M. Dato Seri Mahathir Mohamad, Premier Ministre de la Malaisie
M. MAHATHIR BIN MOHAMAD, Premier Ministre de la Malaisie, s'est félicité de l'élection d'un Malaisien au poste de Président de l'Assemblée générale et a déclaré qu'il supposait que ce choix était dû aux efforts déployés par son pays au sein des Nations Unies. Le Ministre a déploré que la célébration du cinquantième Anniversaire des Nations Unies n'ait débouché que sur peu de résultats concrets - l'Organisation étant demeurée éloignée des aspirations des peuples des Nations Unies. Les pays riches continuent de bénéficier de plus de pouvoir ,aidés en cela par le contrôle qu'ils exercent sur le Conseil de sécurité et le monopole qu'ils détiennent dans le domaine des armes nucléaires. Le Ministre a dénoncé l'abus de pouvoir de la part des pays les plus nantis et a appelé instamment la communauté internationale à travailler de concert vers des changements significatifs qui reflèteraient un partage du pouvoir économique et politique plus équitable. Il a regretté, d'autre part, le manque de concensus au sujet du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires qu'il a attribué aux ambitions nucléaires dans la région de l'Asie et du Moyen-Orient et s'est néanmoins félicité de l'adoption du texte par l'Assemblée générale. Il a estimé qu'il fallait convoquer une session spéciale de l'Assemblée générale consacré au désarmement afin d'appuyer les conclusions rendues par la Cour internationale de Justice sur la légalité du recours ou de la menace de recours à l'emploi d'armes nucléaires.
D'autre part, le Ministre a observé que dans le contexte de la globalisation des échanges, le concept multilatéral a été abandonné alors qu'il représente le fondement des relations internationales et de la coopération. Pour redonner de la vigueur au multilatéralisme, il a préconisé une réforme des institutions de Bretton Woods qui, à son avis, n'ont servi jusqu'ici qu'à discipliner le tiers monde et à recouvrer les dettes au profit du Nord. La baisse de l'aide des pays industrialisés marque un tournant dans le développement de la coopération internationale.
- 5 - AG/542 27 septembre 1996
Il serait important d'examiner les réalités qui se cachent derrière le soi-disant libre échangisme. L'Organisation mondiale du commerce (OMC), supposée être une organisation multilatérale ne servira les intérêts que des plus riches puissances économiques, a-t-il prédit. La compétition sur une base équitable ne s'adresse qu'aux riches uniquement. Les accords du GATT n'ont pas réussi à protéger les ressources du sud, a-t-il déploré, ajoutant que si la Malaisie a été l'un des rares pays a avoir enregistré des bénéfices, ceux-ci sont dûs au travail et à l'ingéniosité du peuple malaisien.
Nous vivons dans un monde brutal et injuste; à quelles valeurs obéit ce monde globalisé quand un nombre croissant de personnes au nord comme au sud vivent dans une pauvreté abjecte? Pouvons-nous croire en la sincérité des pays riches quand ils parlent de partenariat mondial et de la réalisation du développement durable, s'est interrogé le Ministre. Abordant d'autre part la question des médias, il a indiqué que la liberté de la presse est un principe démocratique élémentaire mais que la mainmise sur la presse par l'ouest a fait de ce principe un non-sens. Les images de la pauvreté et des inégalités se sont banalisées et si l'ère de l'information apportera un accès facile et peu onéreux à l'éducation, elle bafoue les valeurs morales du monde. Les abus du système Internet et le monopole qu'exerce le nord sur les médias électroniques doivent cesser.
Suite du débat général
M. GONG RO-MYUNG, Ministre des affaire étrangères de la République de Corée, a déclaré que la situation dans la péninsule coréenne continue d'être une source de tension et d'instabilité mettant en péril la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est. Il a rappelé que la Corée du Nord venait de violer l'armistice entre les deux Corées en envoyant un sous-marin militaire dans les eaux territoriales sud-coréennes. La Corée du Nord doit impérativement cesser d'entretenir l'idée absurde de réunifier par la force les deux Corées. La Corée du Nord doit en outre arrêter ses provocations et respecter l'armistice. Le Ministre a renouvellé son invitation à la Corée du Nord de participer à des négociations à quatre avec la Corée du Sud, la Chine et les Etats-Unis qui permettraient de consolider une paix durable dans la péninsule.
M. Gong a souligné qu'il est essentiel de renouveller et de renforcer le système des Nations Unies afin qu'il soit mieux adapté aux mutations du monde actuel. Son Gouvernement soutient activement les groupes de travail de l'Assemblée générale qui oeuvrent à rendre l'Organisation plus efficace. Il a évoqué la nécessité des Etats Membres à verser leurs contributions afin de permettre à l'Organisation de résoudre sa crise financière actuelle. Il a mentionné l'importance de la réforme du Conseil de sécurité qui doit être élargi et représente de façon plus équitable les Etats Membres de l'ONU. Le Ministre, abordant le désarmement, a proposé de s'attacher à quatre priorités: la réduction et le contrôle de la prolifération des armes, l'élargissement des capacités des Nations Unies en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, l'assistance sociale et économique et la protection de l'environnement ainsi que le respect du droit international et des droits de l'homme.
- 6 - AG/542 27 septembre 1996
Il s'est félicité de la signature du Traité d'arrêt total des essais nucléaires (CTBT) qui est un pas important vers le désarmement nucléaire. La République de Corée s'apprête à le ratifier et prie les autres Etats à en faire de même. Il a rappelé que la République de Corée, nouveau membre de la Conférence du désarmement, contribuera activement au travail vital de celle-ci. Il a déclaré que la menace de la prolifération nucléaire touchait la péninsule coréenne et a précisé qu'il était impératif que la Corée du Nord fasse preuve de transparence à ce sujet, qu'elle respecte les obligations du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) ainsi que l'accord signé avec les Etats-Unis. La Corée du Nord doit respecter la Déclaration conjointe entre les deux Corées sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
En ce qui concerne les armes chimiques, la République de Corée vient de ratifier la Convention s'y rapportant et appelle les autres Etats, et particulièrement la Corée du Nord, à en faire de même. Il a rappelé que son pays participe aux efforts envisagés dans le cadre de la Convention sur les armes biologiques et toxiques à laquelle il a adhéré. Il a déclaré qu'il était impératif de s'attaquer au problème des mines terrestres antipersonel et a indiqué que la République de Corée a décidé de prolonger d'un an son moratoire sur l'exportation de ces mines. Il a fait remarquer que le rôle des Nations Unies en matière de maintien de la paix s'est étendu et englobe des tâches telles que celles qui consistent à empêcher les violations des droits de l'homme, à organiser des élections libres, à rétablir des institutions civiles et à aider les réfugiés. Il a déclaré qu'il fallait donner à l'Organisation les ressources nécessaires afin qu'elle puisse élargir sa capacité d'intervention. Il a mentionné que son pays était en faveur d'une force de déploiement rapide et était prêt à y contribuer. Le Ministre a évoqué la nécessité de combattre le terrorisme et a indiqué que son Gouvernement participe activement aux actions en vue de son élimination. Il a indiqué que son pays joue un rôle important dans le processus d'aide aux pays en développement aussi bien au plan international que bilatéral.
M. JOSEPH CASSAR (Malte) s'est félicité de l'ouverture à la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Cependant, il faut en obtenir la ratification universelle, de même que celle d'autres traités, comme la convention sur les armes chimiques. Malte, a-t-il poursuivi, soutient l'appel en vue de l'interdiction de la production, de l'exportation et de l'utilisation des mines terrestres antipersonnel. Il a soutenu que seul un régime consolidé d'établissement de la confiance et des mesures de désarmement peuvent aboutir au règlement pacifique des conflits. Malte a travaillé activement à la promotion de la sécurité et de la coopération en Méditerranée. Elle a présenté, avec la France, des propositions pour un pacte de stabilité pour la région méditerranéenne et appuie le partenariat euro-méditerranéen. L'élargissement de l'Union européenne, dont Malte espère devenir un membre à part entière, offre une dimension unique au processus de coopération régionale dans la mesure où les institutions européennes ont permis de renforcer la coopération entre les pays dans de nombreux domaines, dont dépend la sécurité de la région. Malte soutient l'établissement de tribunaux spéciaux et les négociations en cours sur la mise en place d'une cour criminelle internationale, car c'est la preuve des efforts accomplis par les Nations Unies pour répondre aux nouveaux besoins.
- 7 - AG/542 27 septembre 1996
Le représentant a rappelé que les Nations Unies avaient élaboré un grand nombre d'instruments juridiques au cours des cinquante dernières années afin de promouvoir la coopération. Il s'agit à présent de les utiliser, a-t-il insisté. En ce qui concerne l'aide au développement, Malte finance et organise un certain nombre de programmes de formation, en collaboration avec les institutions des Nations Unies et le Secrétariat du Commonwealth. Elle contribue à des programmes humanitaires et à des programmes de développement. Malte a également participé à des missions internationales d'observation des élections, prouvant par là son attachement à la démocratie et au respect des droits de l'homme. Malte a renforcé sa législation contre le trafic de drogue, d'armes, le crime organisé et le blanchiment de l'argent. Elle soutient la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1998 pour examiner l'ensemble des question liées au trafic de drogues.
Il a rappelé que c'était M. Guido de Marco, Premier Ministre adjoint de Malte, alors Président de la 45ème session de l'Assemblée générale, qui avait appelé à une meilleure symbiose entre les organes principaux de l'ONU. Des groupes de travail ont depuis, réfléchi sur cette question. En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, Malte n'a pas de position arrêtée sur l'augmentation des membres du Conseil de sécurité, mais estime qu'il faut éviter les positions trop rigides. S'agissant du renforcement du système des Nations Unies, Malte a toujours été favorable à une plus grande efficacité et à un rôle renforcé de l'Assemblée générale. S'agissant de l'examen du rôle du Conseil de Tutelle, Malte a proposé l'année dernière une résolution sollicitant l'avis des Etats sur son avenir. Malte, a-t-il encore déclaré, estime que la rationalisation des coûts et des structures de l'ONU doit se poursuivre et il a mis en garde les Etats Membres contre la banqueroute financière et morale de l'Organisation.
M.JAIME GAMA, Ministre des affaires étrangères du Portugal, a souligné l'urgence qu'il y a, à trouver une solution politique et diplomatique à la question du Timor oriental en accord avec le droit international et le droit des peuples à l'autodétermination. Il a souligné en outre l'importance d'associer les représentants du Timor à ce processus. Le Portugal a proposé à ses partenaires de l'Union européenne la convocation d'un sommet euro-africain qui donnerait une impulsion nouvelle aux domaines traditionnels de coopération et accorderait une grande importance au renforcement du dialogue entre l'Union européenne et le SADC. Par ailleurs, membre de la Troïqua des observateurs en Angola, le Portugal continue d'être profondément impliqué dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Il a appelé le Gouvernement et l'UNITA à suivre le chemin de la paix. Il est urgent que les fonds nécessaires aux programmes de démobilisation des anciens combattants soient disponibles, a observé le Ministre. Il a indiqué que son pays a développé des liens plus étroits avec les pays de la Méditerranée et, en particulier avec ceux du Maghreb. A court terme, il est nécessaire d'adopter des mesures de confiance qui inaugureraient un nouveau type de relations entre les pays de la Méditerranée. Le Portugal participe aux travaux d'élaboration d'une Charte euro-méditerranéenne. Dans le domaine des relations avec l'Asie, le Ministre a indiqué que le processus de transition à Macao, dans un esprit de dialogue constructif et de coopération avec la Chine, était d'une grande importance pour le Portugal.
- 8 - AG/542 27 septembre 1996
Il a déclaré qu'un an après la célébration du cinquantième Anniversaire des Nations Unies, beaucoup reste à faire pour atteindre les objectifs fixés et répondre aux besoins de l'Organisation. En ce qui concerne la crise financière, le Ministre a préconisé trois approches essentielles qui sont le respect des engagements dans les temps impartis, l'examen du barème des quotes-parts, la rigueur financière et la rationalisation des ressources existantes. C'est dans cet esprit que le Portugal a augmenté ses contributions au budget du maintien de la paix. Il a estimé que la réforme du conseil de sécurité devrait s'attacher à une représentation équitable de toutes les régions du monde. Il a insisté sur la nécessité de revoir complètement le système de l'aide internationale au développement et de réfléchir aux attributions des Nations Unies dans ce domaine. Le développement durable et intégré doit s'exercer non seulement dans le domaine économique mais aussi dans celui de la consolidation des institutions démocratiques. Il a rappelé que dans ce domaine, le Portugal a augmenté sensiblement ses aides au développement et que celles-ci dépassent le barème fixé en 1990 par la Conférence de Paris.
Abordant la question de la paix et de la sécurité internationales, il a indiqué que le Portugal a signé et ratifiera prochainement le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il est urgent que le processus d'élargissement de la Conférence du désarmement soit achevé et que celle-ci, à sa prochaine session, entame les négociations sur un Traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins nucléaires. Le Ministre a indiqué que son pays a ratifié le 23 août dernier la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Dans le domaine des droits de l'homme, le Ministre a estimé nécessaire de doter le Haut Commissariat pour les réfugiés et le Centre des droits de l'homme de ressources humaines et financières adéquates.
M. ANDRE SALIFOU, Ministre d'Etat chargé des relations extérieures du Niger, a rappelé le soutien apporté lors du dernier Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA au Secrétaire général de l'ONU et a indiqué que si dans les prochaines semaines aucun veto ne venait s'opposer à la réélection de M. Boutros Boutros-Ghali dans ses fonctions actuelles, l'Afrique ne s'en porterait que mieux. Le Ministre a indiqué que son pays souscrit entièrement aux recommandations adoptées lors de la revue à mi-parcours du nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 et s'est félicité du lancement le 15 mars dernier de l'Initiative spéciale du Secrétaire général en faveur de l'Afrique. Il a souhaité que des mesures de suivi appropriées soient mises en place à l'occasion des prochaines assises de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui auront lieu à Singapour afin que les droits et les intérêts de tous les pays et en particulier ceux des pays africains soient protégés. De même, la fourniture d'une assistance technique et financière pour la mise en oeuvre des politiques de diversification de leurs exportations contribuerait à offrir aux pays africains les moyens d'une plus grande indépendance économique.
Notant les succès enregistrés par l'Organisation depuis la fin de la guerre froide dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, M. Salifou a indiqué que son gouvernement suit avec beaucoup d'attention les efforts entrepris par les autorités du Rwanda pour surmonter les séquelles des tragiques événements connus de tous, mais surtout pour consolider l'oeuvre de réconciliation nationale et de paix durables.
- 9 - AG/542 27 septembre 1996
Le Niger soutient les recommandations adoptées par le dernier Sommet de la CEDEAO spécialement consacré au Libéria et a décidé, malgré ses propres difficultés financières de renforcer la structure de l'ECOMOG par l'envoi d'un contingent d'environ 500 hommes.
"La Somalie mérite également d'être soutenue", a observé le Ministre. Le Niger suit avec grand intérêt l'évolution de la situation au Sahara occidental et souhaite la reprise du dialogue entre les deux parties concernées. Le Niger estime, par ailleurs, que les propositions constructives faites par les autorités libyennes constituent une base sérieuse de négociation en vue du dénouement d'une crise dont les conséquences pèsent lourdement sur la population libyenne, ainsi d'ailleurs que sur les pays voisins. "Notre Organisation doit prendre ses responsabilités et tout mettre en oeuvre pour éviter au Moyen-Orient de sombrer dans une nouvelle guerre dont personne ne peut dire aujourd'hui quelles pourraient en être les conséquences", a déclaré M. Salifou.
Le Ministre a réitéré l'appel de son pays en faveur d'une adhésion universelle aux conventions et aux traités internationaux relatifs aux armes de destruction massive, et en particulier au TNP. A son avis, la signature du Traité de Pélindaba sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique, constitue une source légitime de fierté. Le Niger se félicite de l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il s'associe aux initiatives qui seront prises pour combattre le trafic illicite de petites armes, ainsi qu'à la réprobation de plus en plus unanime de la communauté internationale de la fabrication, comme de l'usage des mines terrestres antipersonnel.
Abordant la situation politique dans son pays, M. Salifou a indiqué que le Niger, après avoir élu son nouveau Président, est en train de préparer les élections législatives. Le Gouvernement le fait, en concertation avec l'opposition qui a finalement accepté, pas plus tard que la semaine dernière, de discuter avec les représentants de la mouvance présidentielle et de définir avec elle les conditions d'organisation des futures consultations populaires. C'est dire, que l'Afrique en général et le Niger en particulier, ne sont pas allergiques à la démocratie. Mais en la matière, ce que souhaite notamment le Niger, c'est qu'il lui soit laissé le loisir de construire son système démocratique dans le respect des droits et libertés de la personne humaine, tout en marchant à son rythme et en tenant compte du contexte politique, économique, social et culturel qui est le sien.
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