AG/541

L'ELARGISSEMENT DE LA COMPOSITION DU CONSEIL DE SECURITE DEMEURE AU COEUR DES PREOCCUPATIONS DE LA MAJORITE DES DELEGATIONS

26 septembre 1996


Communiqué de Presse
AG/541


L'ELARGISSEMENT DE LA COMPOSITION DU CONSEIL DE SECURITE DEMEURE AU COEUR DES PREOCCUPATIONS DE LA MAJORITE DES DELEGATIONS

19960926 APRES-MIDI AG/541 Poursuivant cet après-midi son débat général, au titre des travaux de sa cinquante et unième session, l'Assemblée générale a entendu l'allocution du Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, M. Lakshman Kadirgamar, qui a souligné la nécessité de rationaliser davantage les activités du Secrétariat de l'ONU. Il a déclaré que les décisions concernant l'élargissement du Conseil de sécurité devraient refléter les réalités politiques et économiques contemporaines et non la puissance militaire passée. Observant que seules les Nations Unies étaient à même de protéger les intérêts nationaux des petites nations, il a rappelé que depuis de longues années son pays est victime des actes terroristes des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) et a exprimé l'espoir que les propositions faites par les pays du G-7 et la Russie à Lyon pour lutter contre le terrorisme seront affinées au cours de la présente session.

Le Ministre des affaires étrangères du Chili, M. José Insulza, a fait observer que même ceux qui critiquent l'Organisation des Nations Unies dans l'espoir de l'affaiblir ou de diminuer son rôle, n'ont pu proposer une meilleure forme d'association pour aborder les grands problèmes d'un monde toujours plus interdépendant. Le ministre a également évoqué les progrès effectués en matière de libre-échange en Amérique latine avec notamment la participation du Chili aux accords de Mercosur et la décision de Mercosur de négocier des accords similaires avec les pays du Groupe andin et le Mexique. M. Insulza a estimé que la réforme du Conseil de sécurité passe par une amélioration de ses méthodes de travail et un élargissement du nombre de ses membres. A son avis, un Conseil composé de 25 membres ne serait pas moins efficace et verrait sa représentativité renforcée.

De son côté, Mme Andrea Willi, Ministre des affaires étrangères, de la culture, de la jeunesse et des sports du Liechtenstein, a estimé qu'il était urgent de régler la crise financière des Nations Unies, définir des mesures pour relever les défis qui se présentent et parvenir à un accord général sur l'Agenda pour la paix afin de pouvoir réagir de manière efficace et rapide aux situations qui menacent la paix et la sécurité internationales.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/541 26 septembre 1996

Elle a plaidé pour une nouvelle approche du droit à l'autodétermination qui doit pouvoir s'exercer à l'intérieur des Etats et a souhaité que les femmes jouent un rôle plus actif dans la résolution des conflits et soient plus nombreuses à exercer la fonction de Représentant spécial du Secrétaire général.

Le Ministre des affaires étrangères de Singapour, M. S. Jayakumar, a estimé que si les Nations Unies ne sont pas aujourd'hui en mesure de remplir leur fonction cruciale, c'est parce qu'elles sont peu préparées à faire face de manière appropriée aux implications de deux des développements les plus significatifs de notre temps : la fin de la guerre froide et l'émergence d'une économie véritablement mondiale. La conjonction de ces deux éléments a changé d'une manière sans précédent et fondamentale la manière dont les Etats vivent leurs relations mutuelles. Une organisation mondiale en déphasage avec les réalités internationales n'a pas d'avenir, a estimé le Ministre. Tout le monde devrait s'accorder pour garantir aux Nations Unies une base financière solide.

Pour sa part, M. Hans van Mierlo, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, évoquant les moyens disponibles pour améliorer l'efficacité des Nations Unies et les aider à rétablir son autorité, a plaidé en faveur d'une utilisation intégrée des instruments disponibles. Une approche intégrée est la seule façon efficace de prévenir et de combattre les conflits, a-t-il déclaré. L'avenir de la prévention des conflits est également lié au pouvoir de l'ONU de combattre une nouvelle menace à son autorité : l'impunité. M. Van Mierlo a indiqué qu'en conséquence, son pays est favorable à la création rapide d'une cour criminelle internationale.

M. Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a demandé à Israël de suspendre sa décision d'ouvrir un tunnel sous le mur occidental de la mosquée Al Aksa à Jérusalem et de se retirer des territoires palestiniens encore occupés ainsi que du Golan et du Sud-Liban. Il a apporté son soutien à un nouveau mandat du Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali et s'est prononcé en faveur d'un élargissement du Conseil de Sécurité. Il a par ailleurs appelé l'Iraq à régler dans les meilleurs délais la question des prisonniers koweitiens.

Intervenant en dernier, M. Boris Shihmuradov, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a proposé la création dans son pays, sous l'égide des Nations Unies, d'un centre international d'études politiques chargé de mener des études sur la situation politique et économique de la région. Le Vice-Premier Ministre a observé que chacun des Etats nouvellement indépendants possède ses propres caractéristiques et que chacun d'eux a le droit de choisir son propre modèle de développement et de gouvernement. Se réjouissant de ce que le conflit dont est victime l'Afghanistan soit désormais au coeur des efforts internationaux, il a déclaré que le Turkménistan est disposé à prendre une part active dans la recherche d'un règlement pacifique de la question.

(à suivre - 1b)

- 1b - AG/541 26 septembre 1996

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura lieu demain vendredi 27 septembre, à 10 heures, l'Assemblée générale poursuivra son débat général. Elle devrait entendre l'allocution du Premier Ministre de la Malaisie, les interventions des Ministres des affaires étrangères de l'Islande, de la Finlande, de la République de Corée, du Portugal et du Niger, ainsi que celle du chef de la délégation de Malte.

- 2 - AG/541 26 septembre 1996

Suite du débat général

M. LAKSHMAN KADIRGAMAR, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, a souligné la nécessité de rationaliser davantage les activités du Secrétariat de l'ONU. L'Organisation est maintenant suffisamment mature pour procéder aux coupes budgétaires nécessaires. Les programmes concernant les pays en développement doivent plus que jamais être efficaces. Il faut réformer l'Organisation, et non la déformer, a-t-il suggéré. Pour autant, les Nations Unies doivent bénéficier d'une base financière solide. Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a estimé que ce sont les réalités politiques et économiques contemporaines plus que la puissance militaire passée qui doit être reflétée dans les décisions ayant trait à l'élargissement du Conseil. "Les Nations Unies ne doivent être ni maître, ni esclave", a-t-il observé.

Abordant le rôle joué par l'Organisation dans la résolution des conflits et le maintien de la paix, le Ministre a jugé important que les Nations Unies ne s'immiscent ni dans les affaires intérieures ni dans les conflits internes. L'Organisation ne devrait intervenir que forte de l'accord des pays concernés. Aujourd'hui plus que jamais, il nous faut réaffirmer notre respect collectif des principes fondamentaux de la Charte, a souligné le Ministre. Les petites nations doivent recevoir constamment l'assurance des grandes nations que leurs intérêts seront sauvegardés et leurs souveraineté respectée. Seules les Nations Unies sont à même de protéger les intérêts nationaux des petites nations. En termes concrets, cela signifie qu'il faut accroître la présence des pays en développement au sein du Conseil de sécurité où ils sont sous- représentés. Se félicitant des discussions fructueuses entamées sur la question de l'Agenda pour la paix, le Ministre a jugé nécessaire de déployer davantage d'efforts en la matière. La réflexion relative à l'Agenda pour le développement est également essentielle.

M. Kadirgamar, notant qu'un consensus international contre le terrorisme se fait jour, a jugé nécessaire de le traduire dans les faits. Il a rappelé que depuis de longues années son pays est confronté aux agissements d'un groupe armé qui cherche à démembrer le pays en recourant à la violence. Ce groupe, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), a commis une série d'actes terroristes qui ont fait de nombreux morts et ont causé de nombreux dégâts. Il ne représente d'aucune façon significative les personnes en faveur desquelles il est censé se battre. Il n'a jamais cherché a être élu démocratiquement par la population. Au contraire, craignant que le processus démocratique ne le marginalise, il recourt chaque jour davantage à la violence. Le gouvernement sait pertinemment que ce groupe tire ses ressources de membres de la communauté tamoul, installés à l'étranger et dans les pays voisins. Le Ministre sri lankais a émis l'espoir que les propositions faites par les pays du G-7 et la Russie à Paris et à Lyon pour lutter contre le terrorisme seront affinées au cours de la présente session.

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M. Kadirgamar a jugé essentiel que l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a succédé au GATT, reste sensible aux préoccupations des pays en développement. Le Sri Lanka continue à accueillir favorablement les investissements et la coopération économique et technologique étrangers. Il favorise de plus en plus la coopération économique avec les pays de l'Asie et du Pacifique. Plus que jamais, il se sent solidaire de l'action des 112 autres pays membres du Mouvement des pays non alignés. Le Ministre, tout en se félicitant de l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a regretté que ce traité ne contienne aucun engagement clair en faveur d'un désarmement nucléaire et d'une élimination totale de toutes les armes nucléaires.

M. JOSE INSULZA, Ministre des affaires étrangères du Chili, a fait observer que même ceux qui critiquent l'Organisation des Nations Unies dans l'espoir de l'affaiblir ou de réduire son rôle, n'ont pu proposer une meilleure forme d'association pour aborder les grands problèmes d'un monde toujours plus interdépendant.

Parlant des opérations de maintien de la paix, il a estimé qu'elles étaient devenues un élément essentiel du système multinational. Il faut faire en sorte que le succès de ces opérations soit garanti grâce à des mandats clairs et bien définis tout en s'assurant qu'elles sont entourées de toutes les garanties de légitimité. Toutefois, il ne fait pas de doute que ce mécanisme requiert des ajustements qui lui permettraient de faire face aux conjonctures politiques actuelles. C'est bien pour cela que le Chili participe activement à la cellule de réflexion visant à améliorer la capacité de réaction rapide et planifiée aux conflits qui pourraient éclater.

Le Ministre a soutenu qu'une conception élargie du maintien de la paix et de la sécurité exige une action décisive en matière de développement social, de démocratie et de promotion des droits de l'homme. L'ordre mondial du prochain siècle appelle une extension des libertés fondamentales. Il faut donc commencer à créer les conditions qui permettraient un accès de plus en plus facile des personnes et des Etats aux bienfaits engendrés par l'accélération du développement des techniques. A cet égard, les six dernières grandes conférences des Nations Unies doivent être suivies de mesures concrètes qui postulent un engagement plus décisif des Nations Unies dans le domaine social international.

Le ministre a également évoqué les progrès accomplis en matière de libre échange en Amérique latine avec notamment l'association du Chili aux accords Mercosur et la décision de Mercosur de négocier des accords similaires avec les pays du Groupe andin et le Mexique. Ces réalisations traduisent l'existence d'une dynamique d'intégration en Amérique latine, a-t-il déclaré. Ces développements régionaux ne constituent cependant pas une alternative au multilatéralisme et le Chili insiste pour que ces négociations soient compatibles avec le marché multilatéral défini par l'Organisation mondiale du commerce.

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M. Insulza a estimé que la réforme du Conseil de sécurité passe par une amélioration de ses procédures de travail. Des progrès ont été réalisés dans ce sens, a-t-il poursuivi, notamment en ce qui concerne les consultations des pays contributeurs de contingents dans le cadre des opérations de maintien de la paix, les consultations des Etats voisins de conflits et les Etats tiers qui peuvent être affectés par l'application des sanctions.

Un second aspect déterminant de la légitimité et de la pertinence politique des décisions du Conseil, a indiqué M. Insulza, concerne sa composition. A cet égard, le Chili estime que son élargissement est indispensable. Il existe une large base d'accord pour permettre l'admission de l'Allemagne et du Japon en tant que membres permanents et pour accorder aux pays en développement un siège permanent par région, l'élection à chaque siège se faisant régionalement. Un Conseil composé de 25 membres ne serait pas moins efficace et verrait sa représentativité renforcée. Le Chili reste cependant disposé à examiner les formules présentées par d'autres membres.

Mme ANDREA WILLI, Ministre des affaires étrangères de la Principauté du Liechtenstein, a souligné la nécessité de définir les mesures à adopter pour faire face aux défis qui se présentent. Elle a estimé qu'il était urgent de régler la crise financière des Nations Unies, en particulier les arriérés de paiement. La Ministre a indiqué que son pays est favorable à un élargissement du Conseil de sécurité qui respecte le principe de l'égalité souveraine de tous les Etats Membres et tienne compte, quant à l'attribution des sièges permanents, des contributions financières et autres ainsi que d'une répartition géographique équitable.

Mme Willi a estimé que les Nations Unies devaient être mieux équipées pour répondre de manière efficace et rapide aux situations qui menacent la paix et la sécurité internationales, en s'assurant notamment que les missions de maintien de la paix disposent d'un mandat clair et des fonds nécessaires à leur mise en oeuvre. Notant les progrès réalisés par le Groupe de travail de l'Assemblée générale chargé de l'Agenda pour la paix, elle a souhaité que les deux autres sous-groupes chargés de la diplomatie préventive et de l'établissement de la paix ainsi que du renforcement de la paix puissent conclure leurs travaux rapidement afin de parvenir à un accord général sur l'Agenda pour la Paix. La Ministre a préconisé un renforcement de la diplomatie préventive, qui peut réduire considérablement les coûts et éviter beaucoup de souffrance humaine. A ce propos, elle a estimé qu'une action préventive déterminée était urgente au Burundi où les risques d'une aggravation de la situation persistent.

Elle a observé que beaucoup de conflits tirent leurs origines actuellement de l'intérieur même des Etats, du fait des tensions entre les différentes communautés. C'est pourquoi, a-t-elle indiqué, la communauté internationale doit développer des mécanismes qui permettent aux différentes communautés d'exercer leur droit à l'autodétermination de manière souple et en conformité avec le droit international.

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Soulignant l'attachement du Liechtenstein au désarmement, elle a indiqué que son pays signerait demain le Traité d'interdiction totale des essais nucléaires et a par ailleurs appelé à l'interdiction totale des mines terrestres antipersonnel. Elle a souhaité que les femmes, qui contribuent dans une large mesure à préserver l'ordre social lors des guerres et des conflits armés, jouent un rôle plus actif dans la résolution de ceux-ci. Elle s'est prononcée en faveur de la nomination d'un plus grand nombre de femmes comme Représentant spécial du Secrétaire général.

M. S. JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a estimé que l'échec de la Force de protection des Nations Unies (FORPRONU) suscite des questions dérangeantes quant à l'avenir du rôle des Nations Unies dans la période d'après-guerre froide. La leçon essentielle à tirer du sort de la FORPRONU n'est pas seulement dans la manière dont le Conseil de sécurité est devenu un théâtre politique visant à satisfaire les préoccupations internes de certains de ses principaux membres, ni dans le fait que les Nations Unies ne peuvent pas faire davantage que ce que lui permettent de faire ses principaux membres. La véritable tragédie des Nations Unies en Bosnie réside dans le fait que lorsque les puissances principales ont décidé que le moment était venu de s'attaquer sérieusement à ce qu'elles étaient parvenues à considérer en fin de compte comme une menace à la paix et à la sécurité internationales, l'instrument auquel elles ont eu recours n'a pas été les Nations Unies. Ce dont les pays les moins développés ont le plus urgemment besoin, ce n'est pas de sophisme, mais d'assistance pour construire des institutions viables et formuler des politiques qui leur permettront d'accéder à l'économie mondiale. Sur ce plan non plus, les Nations Unies n'ont pas été en mesure de répondre au défi qui leur était posé.

Si les Nations Unies sont aujourd'hui moins en mesure de remplir leur fonction cruciale, inscrit dans la Charte, d'"être un centre d'harmonisation des actions des nations", c'est parce qu'elles ont été peu enclines à faire face de manière appropriée aux implications de deux des développements les plus significatifs de notre temps : la fin de la guerre froide et l'émergence d'une économie véritablement mondiale. La conjonction de ces deux phénomènes change la manière dont les Etats vivent leurs relations mutuelles d'une manière sans précédent et fondamentale. Et ces développements sont, au mieux, imparfaitement reflétés aux Nations Unies. Toute organisation mondiale en déphasage avec les réalités internationales n'a pas d'avenir.

M. Jayakumar a estimé que la notion traditionnelle de relations internationales, structurées en fonction des interactions entre quelques grandes puissances poursuivant leurs intérêts nationaux individuels, pour n'être pas entièrement obsolète, n'en est pas moins une représentation inadéquate du monde d'aujourd'hui. Ceci devrait rendre le processus consultatif multilatéral plus attractif; or tous les Etats, petits ou grands, qui choisissent de s'adapter au système international changeant, ne le font pas nécessairement au sein ou au moyen des Nations Unies.

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Aux Nations Unies, la plupart des puissances traditionnellement dénommées "grandes" ont réagi avec divers degrés d'inquiétude à ces nouvelles réalités internationales. Certaines, troublées par leur incapacité grandissante à contrôler les événements à l'intérieur de leurs propres frontières, sont frustrées par leur incapacité à imposer leur volonté sur ce qui est perçu comme une organisation récalcitrante, étrangère et gênante. D'autres la considèrent comme une menace à leur position et à leur prestige. Dans les discussions sur la réforme des Nations Unies, les faits simples sont souvent obscurcis par l'utilisation de jargons compliqués. Si les Nations Unies doivent être marginalisées, laissons clairement dire d'où en vient la responsabilité. Ceci est vrai dans les deux domaines les plus cruciaux et interdépendants que sont la réforme du Conseil de sécurité et la situation financière de l'Organisation.

S'agissant du Conseil de sécurité, M. Jayakumar a souligné que les petits pays n'aspirent pas à devenir membres permanents. Mais, en tant que principal organe pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ses méthodes de travail et ses processus de prise de décision sont d'intérêt crucial pour eux car ils ont un impact direct sur leur propre sécurité. Le principe fondamental de justice voudrait que les parties les plus directement touchées par une situation particulière puissent directement présenter leurs vues à l'organe qui a le plus d'influence sur toute action que les Nations Unies pourraient prendre en la matière. Singapour appuie l'élargissement du Conseil par un nombre maximum de cinq membres permanents, en tant que partie intégrante d'un ensemble de mesures qui, entre autres, inclurait l'ajustement conséquent de la composition des membres non permanents en vue de maintenir l'équilibre.

Tout le monde devrait s'accorder pour garantir aux Nations Unies une base financière solide. Mais cette entreprise doit être réellement collective et impliquer un échange franc et juste. Or, les résistances politiques se renforcent, car il devient de plus en plus évident que l'on attend de la majorité des pays qu'ils donnent, tandis que quelques-uns recevront. Il est politiquement incongru et fondamentalement injuste de demander à la majorité d'assumer la plus grande part des fardeaux financiers sans, dans le même temps, être préparé à leur donner davantage d'autorité sur les décisions de dépenses les plus importantes.

M. HANS VAN MIERLO, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a estimé que la nécessité de réformer les Nations Unies était évidente. Il a dépeint l'Organisation comme une jungle institutionnelle où les personnes extérieures au système n'osent plus s'aventurer et qui pour cette raison, entre autres, a perdu beaucoup de sa crédibilité. Les deux ingrédients nécessaires à la revitalisation des Nations Unies sont, selon le Ministre, le pouvoir et l'autorité. Le pouvoir est exercé de différentes manières et par certains Etats plus que par d'autres.

- 7 - AG/541 26 septembre 1996

Il n'y a pas grand chose que l'ONU puisse faire pour pousser les Etats Membres à faire usage de leur pouvoir dans l'intérêt de la paix mondiale et de façon à promouvoir le progrès social et de meilleures normes de vie assorties de plus de liberté comme le promet la Charte.

L'autorité des Nations Unies s'est vu affaiblie, a également noté M. Van Mierlo. De nombreux Etats considèrent désormais la coopération multilatérale comme l'un des nombreux instruments politiques à leur disposition et ils choisissent ou non de l'utiliser en fonction de leurs intérêts nationaux.

Evoquant les moyens disponibles pour améliorer l'efficacité des Nations Unies et l'aider à rétablir son autorité, le Ministre a plaidé en faveur d'une utilisation intégrée des instruments disponibles. Une approche intégrée est la seule façon efficace de prévenir et de combattre les conflits, a-t-il observé. L'avenir de la prévention des conflits est lié au pouvoir de l'ONU de combattre une nouvelle menace faite à son autorité : l'impunité. Mon pays est favorable à la création rapide d'une cour criminelle internationale.

M. Van Mierlo a demandé également qu'une attention accrue soit portée aux droits de l'homme, ce qui aura pour effet d'accroître l'autorité morale des Nations Unies. Cela suppose que des ressources financières supplémentaires soient accordées à l'Organisation et qu'une large part du budget de celle-ci soit affectée à ce domaine. Il a indiqué qu'il faut engager l'Organisation dans une nouvelle direction et lui assigner de nouveaux objectifs afin qu'elle puisse redevenir le flambeau de l'humanité.

SHEIKH SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères du Koweit, a condamné la décision d'Israël d'ouvrir un tunnel sous le mur occidental de la mosquée Al Aksa à Jérusalem. Considérant cet acte comme une profanation et une provocation à l'égard du peuple palestinien, des Arabes et de toutes les Nations islamiques, il a invité l'Etat hébreu à suspendre immédiatement ces pratiques et à se conformer à ses obligations et à préserver l'identité arabe et islamique de ces lieux saints. Il a également demandé au Gouvernement israélien de suspendre la construction de nouvelles colonies de peuplement dans les territoires palestiniens en particulier à Jérusalem appelée à devenir la capitale d'un Etat palestinien. Réaffirmant l'attachement de son pays à la mise en oeuvre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et au principe de la paix contre la terre, il a appelé Israël à se retirer des territoires encore occupés ainsi que du Golan et du Sud-Liban.

Rendant hommage au travail déjà accompli par le Secrétaire Général Boutros Boutros-Ghali, il a apporté son soutien au renouvellement de son mandat de celui-ci à la tête de l'Organisation des Nations Unies afin de poursuivre les réformes qu'il a mises en chantier.

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Les défis gigantesques auxquels doivent faire face les Nations Unies requièrent un effort international concerté, a affirmé le Ministre, appelant les Etats Membres à, entre autres, s'acquitter du paiement de leur contribution à l'Organisation

Il a par ailleurs préconisé une revitalisation des organes des Nations Unies, en particulier un élargissement du Conseil de Sécurité reflétant l'augmentation des pays membres, l'égalité souveraine de ceux-ci ainsi qu'une répartition géographique équitable entre les groupes régionaux. Insistant sur le fait que le Conseil de Sécurité doit avoir les moyens de faire respecter et de mettre en oeuvre ses résolutions, il a appelé l'Iraq à coopérer avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la question des prisonniers koweitiens et de pays tiers et avec la Commission spéciale des Nations Unies chargée de contrôler la destruction des armes de destruction massive irakiennes.

Le Ministre a, en outre, exprimé l'espoir que l'accord sur la libéralisation du commerce mondial permettrait d'augmenter le volume des exportations des pays en développement vers le marché mondial, car dans un monde interdépendant, on ne saurait séparer la sécurité politique collective des questions économiques.

M. BORIS SHIKHMURADOV, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, a remarqué que la communauté internationale est aujourd'hui confrontée à des problèmes exigeant des approches nouvelles et des décisions novatrices, ainsi que des analyses et des prévisions approfondies. Il a proposé à cet égard qu'un centre international pour les études politiques soit établi dans son pays, sous l'égide des Nations Unies. Ce centre mènerait des études sur la situation politique et économique de la région comprenant l'ancienne Asie centrale soviétique, l'Asie du Sud-Ouest, et le Proche et Moyen-Orient. Les travaux du centre devraient tenir compte des nouvelles réalités géopolitiques, et devraient notamment viser à élaborer des recommandations stratégiques spécifiques intéressant la paix et la sécurité internationales.

Observant que la notion de sécurité inclut désormais une large gamme de composantes politique, économique, environnementale, sociale et militaire et autres d'importance égale, M. Shikhmuradov a appuyé la proposition visant à élargir la composition du Conseil de sécurité dans des limites raisonnables. Il est également important d'assurer la représentation équilibrée et appropriée au sein du Conseil des Etats du Nord comme du Sud.

Pays à économie en transition connaissant de profonds changements sociaux et politiques, M. Shikhmuradov a espéré que l'Agenda pour le développement sera finalisé au cours de la présente session, ce qui contribuera à établir un système de priorités et d'assistance aux Etats ayant mis en place de tels programmes nationaux de développement. Les Nations Unies ont un rôle primordial à jouer à cet égard, puisqu'elles devraient promouvoir la plus grande objectivité et tolérance à l'égard de tels processus.

- 9 - AG/541 26 septembre 1996

Chacun des Etats nouvellement indépendants possède ses caractéristiques nationales, géographiques, historiques et psychologiques propres. Chacune d'eux a le droit de choisir son propre modèle de développement et de système étatique. Si le Turkménistan appuie l'opinion selon laquelle le monde est un tout, les aspirations de chacun des sujets du droit international en matière de développement et de prospérité ne sauraient être programmées en fonction d'une norme unique ni d'une opinion mondiale. Le principal défi du XXIème siècle est de garantir la capacité de chacun des Membres des Nations Unies de se considérer mutuellement du point de vue de l'unité dans la diversité.

M. Shikhmuradov a indiqué que son pays possède d'énormes ressources naturelles, notamment l'une des plus grandes réserves d'hydrocarbures au monde. A l'instar d'autres Etats littoraux de la mer Caspienne, le Turkménistan est toutefois préoccupé par les perspectives concernant ses ressources naturelles, et rejette toute décision ou diktat unilatéral à cet égard. Il convient ainsi d'établir un système de pleine confiance et d'interaction entre les Etats caspiens au nom de l'intérêt commun et de la prospérité de chaque Etat individuel. La prochaine conférence des ministres des affaires étrangères des Etats caspiens, qui doit se tenir à Ashgabat, doit permettre de discuter de tous ces problèmes et de préparer une plate-forme pour un sommet caspien. Le Turkménistan est opposé à toute activité militaire dans la mer Caspienne et est en faveur d'un régime de libre navigation qui respecte les frontières nationales de chaque Etat littoral. Le Turkménistan ne doute pas que l'Azerbaïdjan, l'Iran, le Kazakstan, la Fédération de Russie et lui-même parviendront à trouver la meilleure solution possible sur la base du bon sens et du respect des intérêts de chacun des pays concernés, au nom de leur objectif commun de paix et de sécurité.

Le Vice-Premier Ministre a souligné que ce n'est que dans un climat de compréhension mutuelle et de confiance que les pays de l'Organisation de coopération économique (OCE) pourront mener à bien leurs projets de coopération et de développement économiques. Ceci est d'autant plus important que les situations conflictuelles persistent au Tadjikistan et en Afghanistan. Le Turkménistan estime que ces deux anciens peuples sont capables de surmonter leurs différences, et appuie pleinement l'initiative lancée par les Nations Unies ainsi que les efforts des pays voisins en vue d'un règlement pacifique du conflit. S'agissant de l'Afghanistan, le Turkménistan se réjouit que le conflit dont est victime ce pays soit désormais au coeur des efforts internationaux. En menant des consultations constantes avec les dirigeants des pays voisins et le Secrétaire général des Nations Unies, le Président du Turkménistan a montré que son pays est prêt à prendre une part active dans la recherche d'un règlement pacifique de la question.

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