AG/540

LA DEMILITARISATION COMPLETE EST UN ELEMENT ESSENTIEL DE LA SOLUTION DU PROBLEME DE LA REPUBLIQUE DE CHYPRE, DECLARE LE PRESIDENT GLAFCOS CLERIDES

26 septembre 1996


Communiqué de Presse
AG/540


LA DEMILITARISATION COMPLETE EST UN ELEMENT ESSENTIEL DE LA SOLUTION DU PROBLEME DE LA REPUBLIQUE DE CHYPRE, DECLARE LE PRESIDENT GLAFCOS CLERIDES

19960926 MATIN AG/540 La réforme des Nations Unies demeure au centre des interventions

L'Assemblée générale qui a poursuivi, ce matin, sous la présidence de M. Razali Ismail (Malaisie) son débat général, a entendu une déclaration du Président de la République de Chypre, M. Glafcos Clerides, qui s'est félicité de l'adoption par l'Assemblée générale du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), bien qu'il estime qu'il ne constitue pas une fin en soi. Le Président chypriote a proposé comme élément d'une solution globale au problème de Chypre la démilitarisation complète de la République de Chypre. Il a souligné que les événements tragiques récents n'empêcheront pas son gouvernement de chercher une solution pacifique au problème de l'île grâce à des négociations, qui pourraient avoir lieu en 1997 lorsque le terrain aura été suffisamment préparé.

Le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, M. Lamberto Dini, s'est prononcé en faveur d'une restructuration du Secrétariat des Nations Unies qui se traduirait par la fusion des trois départements économiques et sociaux en une seule entité placée sous la direction d'un Secrétaire général adjoint qui serait également Secrétaire exécutif du Conseil économique et social. Il a également indiqué que l'Italie participait activement aux travaux de réforme du Conseil de sécurité et a présenté à ce sujet une proposition détaillée qui ferait de l'Assemblée générale l'instance décisionnaire en matière de choix des pays figurant au Conseil et de leur fréquence de rotation.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Brunéi Darussalam, M. Mohamed Bolkiah, a préconisé l'adoption de mesures concrètes dans le cadre de la réforme des Nations Unies et la recherche du consensus sur les problèmes internationaux. Citant la tragédie bosniaque comme exemple des insuffisances des Nations Unies, il a averti que la situation qui prévaut actuellement au Moyen-Orient pourrait devenir un autre symbole de l'échec de l'Organisation et a appelé le Gouvernement israélien à poursuivre le processus de paix.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/540 26 septembre

De son côté, M. Hennadi Udovenko, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a estimé qu'en signant, demain, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, l'Ukraine franchirait une nouvelle étape en faveur du désarmement. L'Ukraine considère la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Europe centrale et orientale comme la prochaine mesure devant logiquement être prise dans ce domaine. M. Udovenko a estimé que les efforts concertés déployés par les Nations Unies, l'OTAN et l'OSCE en vue de régler le conflit en ex-Yougoslavie prouvent que la volonté politique et une division claire des fonctions entre les structures respectives permet de traduire dans les faits l'idée d'"institutions se renforçant mutuellement". Cette expérience pourrait servir d'exemple en vue de l'élaboration commune de l'architecture de sécurité mondiale future.

Le Ministre des affaires étrangères du Paraguay, M. Ruben Dario Melgarejo Lanzoni, a demandé que les réformes qui seront adoptées par les Nations Unies aillent dans le sens d'une moindre fragmentation de l'Organisation à l'avenir, et vers plus de fonctionnalité et plus d'intégration. Le Ministre s'est dit favorable à l'élaboration de programmes favorisant l'émergence d'un développement économique et humain durable. A son avis, le monde d'aujourd'hui a, non seulement besoin d'un nouvel ordre économique mais également d'un nouvel ordre culturel international.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, M. Stanislaus Mudenge, a regretté la lenteur des travaux du Groupe de travail sur la représentation équitable et l'accroissement du nombre de membres du Conseil de Sécurité. Il a estimé que l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie devraient avoir chacune au moins deux sièges permanents. Le Ministre a déclaré que l'Assemblée générale doit rester l'instance suprême de décision du système des Nations Unies tout entier et que sa délégation n'acceptera pas que le Secrétariat soit autorisé à amender, différer ou annuler certaines activités de programme sans l'approbation expresse de l'Assemblée générale. M. Mudenge a rappelé que les dirigeants africains réunis à Yaounde ont décidé de soutenir la candidature du Secrétaire général sortant, M. Boutros Boutros-Ghali.

Dernier orateur de la matinée, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, M. Choi Su Hon, a estimé que la réalisation d'une véritable réunification nationale de la Corée suppose l'instauration d'un nouveau mécanisme institutionnel destiné à apaiser les tensions et à garantir la paix et la sécurité. La conclusion d'un accord intérimaire entre son pays et les Etats- Unis fournirait, selon le Minsitre, une occasion majeure de négocier un accord visant à maintenir une paix durable, et permettrait, à terme, la mise en oeuvre de l'"Accord de réconciliation, de non-agression, de coopération et d'échanges" adopté par les deux Corées. La démocratisation des Nations Unies passe prioritairement par le renforcement de l'autorité de l'Assemblée générale qui devrait se saisir directement des questions liées à la paix et à la sécurité internationales.

(à suivre - 1b)

- 1b - AG/540 26 septembre 1996

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura lieu cet après-midi, à 15 heures, l'Assemblée générale devrait entendre les interventions du Sri Lanka, du Chili, du Liechtenstein, de Singapour, des Pays-Bas, du Koweït et du Turkménistan.

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Allocution de M. Glafcos Clerides, Président de la République de Chypre

M. GLAFCOS CLERIDES, Président de la République de Chypre, a estimé que les Nations Unies devraient faire le bilan de leurs actions passées et concentrer désormais leurs efforts sur ce qu'il reste à réaliser. Pour sa part, le Gouvernement de la République de Chypre apporte une contribution volontaire équivalant à un tiers du budget total de l'UNFICYP et a augmenté d'un tiers sa contribution au budget des opérations de maintien de la paix de l'Organisation. Il attache une grande importance au travail des groupes de travail à haut niveau de l'Assemblée générale chargés d'examiner les moyens de réformer les organes des Nations Unies et leur financement. Il souscrit à la nécessité de réformer le Conseil de sécurité dans le sens d'un élargissement et d'un renforcement de ses capacités de s'acquitter des obligations inscrites dans la Charte en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Président chypriote, tout en se félicitant de l'adoption par l'Assemblée générale du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), a fait observer que ce Traité ne constituait pas une fin en soi, car il importe désormais de parvenir à l'élimination des armes nucléaires et à un désarmement général et complet faisant l'objet d'un contrôle strict et efficace. M. Clerides a proposé comme élément d'une solution globale au problème de Chypre la démilitarisation complète de l'île. Pour ce faire, il a proposé de démanteler la Garde nationale chypriote et de transférer toutes ses armes à une force internationale, en échange d'un retrait complet de toutes les troupes étrangères, tel que cela a été demandé par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La présence de 35 000 soldats turcs, de milliers de tanks et d'autres armements constituent un danger évident et réel pour la paix et la sécurité à Chypre et dans la région.

M. Clerides a estimé que le meurtre brutal de deux manifestants chypriotes grecs désarmés et les blessures infligées à de nombreux autres, y compris à deux soldats de la paix des Nations Unies, du fait des troupes d'occupation turques et des extrémistes turcs, a marqué cette année le vingt-deuxième anniversaire de l'invasion et de l'occupation du territoire de la République de Chypre par les forces turques. Deux rapports des Nations Unies montrent clairement que la responsabilité de ces incidents tragiques incombe à la Turquie et au régime illégal chypriote turc. De plus, il est clairement établi à présent que l'action turque a été programmée longtemps à l'avance et a nécessité le transport de 3 000 terroristes appartenant à l'"Organisation des loups gris" qui sont arrivés de Turquie dans le seul but de participer à une confrontation sanglante entre Chypriotes grecs et turcs. Ce plan sinistre visait à montrer que les deux communautés ne peuvent coexister pacifiquement et, par conséquent, que seules le séparatisme et les solutions sécessionnistes doivent être recherchées, a déploré M. Clerides.

Le Président chypriote a indiqué que les événements tragiques récents n'empêcheront pas son gouvernement de chercher une solution pacifique au problème de Chypre grâce à des négociations, conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies.

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Tout règlement du problème de Chypre devra viser à créer un Etat de Chypre doté d'une souveraineté unique, de la personnalité internationale, d'une seule citoyenneté, un Etat indépendant, jouissant de l'intégrité territoriale et constitué de deux communautés politiquement égales. La République de Chypre est prête à participer à des négociations bilatérales en 1997 lorsque le terrain aura été suffisamment préparé pour garantir leur succès. "Nous ne voulons pas, après 22 ans de négociations qui n'ont donné aucun résultat sur les questions fondamentales, nous engager dans une nouvelle série de pourparlers infructueux. Dans le même temps, le Gouvernement de la République de Chypre maintiendra sa candidature à l'Union européenne, car elle estime que l'adhésion à cette organisation profitera aux deux communautés.

Suite du débat général

M. LAMBERTO DINI, Ministre des affaires étrangères de l'Italie, s'est prononcé en faveur d'une restructuration du Secrétariat des Nations Unis qui tiendrait compte de ses ressources et de ses fonctions et qui s'articulerait autour de deux axes : la paix et la sécurité d'une part, la démocratie et le développement de l'autre. L'Italie propose donc que les trois départements économiques et sociaux du Secrétariat doivent fusionner de façon à en faire une seule entité sous la direction d'un vice-secrétaire général qui serait également Secrétaire exécutif du Conseil économique et social (ECOSOC).

L'Italie est également activement engagée dans la réforme du Conseil de sécurité et a présenté, à ce sujet, une proposition détaillée qui maintiendrait le rôle central de l'Assemblée générale qui déciderait sur la base de critères objectifs, la rotation des membres du Conseil. Ce serait à l'Assemblée générale d'élire ces pays au scrutin secret et à la majorité des deux-tiers, de façon réellement démocratique. Il a rappelé que le Sommet mondial sur l'alimentation, qui se tiendra à Rome les 13 et 17 novembre, conclura un important cycle de conférences mondiales organisées par les Nations Unies traitant systématiquement des problèmes clés auxquels l'humanité doit faire face. Ce sommet sera l'occasion de définir de nouveaux objectifs stratégiques en faveur d'une action internationale dans le domaine de la sécurité alimentaire de façon à surmonter les pénuries structurelles en particulier dans le domaine de la nutrition qui se produisent dans de nombreuses régions de la planète.

En matière de désarmement, M. Dini a qualifié d'étape majeure la signature du Traité d'interdiction des armes nucléaires. Notre prochain objectif, a-t-il déclaré, devrait être l'arrêt de la production de matières fissiles à des fins militaires. L'Italie s'est engagée à renoncer, une fois pour toutes, à la production et à l'exportation de mines antipersonnel. Nous allons également engager un processus de destruction du matériel existant et promouvoir des restrictions supplémentaires dans l'espoir de parvenir à une solide compréhension internationale et à une interdiction définitive.

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Le Prince MOHAMED BOLKIAH, Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam, a préconisé l'adoption de mesures concrètes dans le cadre de la réforme des Nations Unies. Il a observé que dans un contexte actuel où les tensions et les conflits se multiplient, les Nations Unies sont de plus en plus sollicitées pour résoudre des problèmes dans les domaines, social, économique et parfois criminel, qui dépassent les frontières. Dans le même temps, les Nations Unies sont invitées à se pencher sur les causes profondes d'instabilités futures, sur le fossé qui s'élargit entre le Nord et le Sud, ainsi que sur les problèmes de surpopulation et d'urbanisation dans un contexte d'intolérance grandissante, d'agressions violentes et, trop souvent, d'extrémisme et de terrorisme. Face à ces nouvelles tâches, les Nations Unies ne disposent, par la faute des Etats Membres, que de vieux outils obsolètes et de moyens limités.

Pour le Ministre, la tragédie bosniaque entre autres témoigne des insuffisances des Nations Unies. Il a averti par ailleurs que la situation qui prévaut actuellement au Moyen-Orient pourrait devenir un autre symbole de l'échec de l'Organisation. Estimant que le nouveau Gouvernement israélien met en péril les espoirs de paix dans la région, le Ministre a appelé les dirigeants de l'Etat hébreu à poursuivre le processus de paix, non seulement par des déclarations, mais dans l'esprit des accords de Madrid et d'Oslo.

L'émergence d'un nouveau type de communauté internationale, à la fois plus diversifiée et plus rapprochée en raison des avancées technologiques et des communications exige une nouvelle approche, a-t-il déclaré tout en mettant en garde contre le fait que les nouvelles technologies pouvaient installer une division permanente entre les pays développés et ceux en développement. Il a invité les Etats Membres à prendre exemple sur l'Association des Nations du Sud-Est asiatique (ANSEA) qui s'efforce de promouvoir la coopération économique et la diplomatie préventive dans la région, avec notamment la signature lors de son dernier sommet d'un Traité créant une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est.

Le Ministre a enfin insisté sur la nécessité de rechercher ensemble le consensus plutôt que des compromis difficiles sur les problèmes internationaux.

M. HENNADI UDOVENKO, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a estimé qu'en signant, demain, le Traité d'interdiction complète des essais d'armes nucléaires, l'Ukraine franchirait une nouvelle étape en faveur du désarmement. En effet, en éliminant les missiles nucléaires stratégiques qui se trouvaient sur son territoire - le troisième plus important arsenal nucléaire mondial -, l'Ukraine est devenue, depuis le 1er juin dernier, un Etat dépourvu d'arme nucléaire. En prenant cette mesure, ce pays a fait une contribution sans précédent, et non encore reconnue comme il se devrait par la communauté internationale, en faveur de la réduction de la menace nucléaire mondiale. L'Ukraine, qui estime avoir une responsabilité particulière dans le maintien de la stabilité en Europe, considère l'initiative lancée par le Président Kuchma, s'agissant de la création d'une zone exempte d'arme nucléaire en Europe centrale et orientale entre la Baltique et la mer Noire, comme la prochaine mesure devant logiquement être prise dans cette voie.

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La création d'une telle zone, qui s'ajouterait à celles situées dans les régions de l'Antarctique, du Pacifique Sud, de l'Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que des zones dénucléarisées en Asie du Sud et de l'Est et en Afrique, engendrerait une "masse critique" favorisant le processus de désarmement nucléaire mondial. La Conférence du désarmement devrait immédiatement commencer à mettre au point le programme de désarmement nucléaire complet.

L'Ukraine estime que les récents efforts internationaux, notamment ceux des Nations Unies en matière de maintien de la paix, déployés en ex-Yougoslavie ont été un succès, et ce, pas seulement en ce qui concerne le règlement pacifique du conflit. Ces efforts ont en effet vu l'émergence d'un mécanisme potentiel de coopération efficace entre les différentes structures internationales de gestion des crises. Les efforts concertés déployés par les Nations Unies, l'OTAN et l'OSCE en vue de régler l'un des conflits les plus tragiques de notre temps prouvent que la volonté politique et une division claire des fonctions entre les structures respectives permettent de traduire dans les faits l'idée d'"institutions se renforçant mutuellement". Cette expérience pourrait servir d'exemple en vue de l'élaboration commune, par tous les membres de l'Organisation, de l'architecture de sécurité mondiale future. Une telle architecture devrait également comporter un concept global de maintien de la paix, dont l'élaboration, dans le cadre des Nations Unies, doit être accélérée. Un élément essentiel de ce travail devrait consister à réorienter à terme le maintien de la paix vers la diplomatie préventive.

Il ne saura toutefois être possible de bâtir une nouvelle architecture de sécurité globale sans une réforme radicale des Nations Unies, elles-mêmes. Et tout changement réel ne saurait être réalisé sans une révision significative du système financier existant. L'incapacité d'un certain nombre d'Etats Membres de s'acquitter de leurs obligations financières est une conséquence directe de la surévaluation de leur quote-part. Les Nations Unies ne pourront éviter une crise financière tant que les irrégularités présentes dans le barème des quotes-parts ne sont pas éliminées. Une solution appropriée à cette question doit être trouvée au cours de cette session. Contre son gré, l'Ukraine est devenue un des débiteurs des Nations Unies. M. Udovenko a néanmoins annoncé que son pays commencerait à rembourser ses dettes envers les Nations Unies. Dès cette année, le montant de sa dette sera ainsi réduit de 20 millions de dollars. Dans les années à venir, ses paiements réels seront augmentés.

Une des autres composantes de la transformation des Nations Unies est la réforme du Conseil de sécurité. Appuyant la volonté de l'Allemagne et du Japon d'en devenir membres permanents, l'Ukraine est en faveur de l'augmentation des membres non permanents de cet organe sur la base de la représentation géographique équitable, en tenant compte également des intérêts du groupe régional de l'Europe orientale. Il a espéré que la formule "2+8", proposée par l'Ukraine, coïncidant en principe avec l'approche italienne et celle d'autres pays, permettra de parvenir à une solution mutuellement acceptable.

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M. Udovenko a estimé que le monde devrait également concentrer son attention sur les dimensions économique, sociale et écologique de la paix et du développement durable. Il a fait part de sa conviction selon laquelle les Nations Unies et les institutions financières du système de Bretton Woods devraient allouer plus d'argent en faveur du développement, ce qui permettrait d'accélérer les transformations économiques et sociales des pays en développement et à économie en transition. Le Ministre a souligné que son pays a pour objectif stratégique l'intégration aux structures européennes et euro-Atlantique, mais qu'il était toujours attaché à son statut de "non-bloc", ce qu'il vient de prouver en devenant, hier, observateur au sein du Mouvement des non-alignés.

M. RUBEN DARIO MELGAREJO LANZONI, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, soulignant l'importance du phénomène de mondialisation, a demandé que les réformes qui seront adoptées par les Nations Unies aillent dans le sens d'une moindre fragmentation de l'Organisation vers une plus grande fonctionnalité et plus d'intégration. Le Ministre a mis l'accent sur la nécessité pour les Etats Membres de s'acquitter de leurs obligations financières dans les délais impartis et s'est déclaré favorable à une réforme du Conseil de sécurité prévoyant une augmentation du nombre de ses membres dans le respect du principe d'une répartition géographique équitable. A cet égard, le Ministre a indiqué qu'outre l'Allemagne et le Japon, il fallait aussi accorder à certains pays d'Amérique latine le statut de membres permanents du Conseil.

M. Melgarejo Lanzoni s'est prononcé en faveur de l'élaboration de programmes favorisant l'émergence d'un développement économique et humain durable et à mettre en oeuvre par les Nations Unies. Il a indiqué que, pour sa part, son pays a pris des initiatives en ce sens. Ainsi, le Paraguay a créé un Secrétariat à l'action sociale, dont l'objectif principal consiste à élaborer des projets de politique sociale. Le Ministre a estimé que le monde d'aujourd'hui a non seulement besoin d'un nouvel ordre économique mais d'un nouvel ordre culturel international qui nous ferait prendre conscience que nous ne sommes rien sans les autres. Le Ministre a déploré que la disparition des caractéristiques d'un monde bipolaire n'ait pas permis de mettre un terme à tous les conflits. Le Paraguay espère que les affrontements belliqueux finiront par cesser, notamment au Moyen-Orient. Il accueille favorablement l'attitude de réconciliation manifestée par le Gouvernement de la Chine qui a exprimé son intention d'établir un dialogue en vue d'éliminer les tensions entre elle et la République de Chine.

Le Ministre, après avoir rappelé qu'il y avait déjà 50 ans que l'Assemblée générale a adopté la Déclaration universelle des droits de l'homme, s'est félicité de ce que le Paraguay soit aujourd'hui devenu de façon irréversible un Etat démocratique grâce à la participation active de ses citoyens et à la solidarité internationale. A cet égard, il a remercié tous les Etats Membres des Nations Unies de leur appui durant la délicate crise qu'a connue son pays et plus particulièrement le Conseil de sécurité pour son soutien clair et rapide à la démocratie paraguayenne. Il a indiqué que la politique extérieure de son pays est désormais axée sur l'intégration économique régionale, dans le cadre de Mercosur.

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Le Paraguay, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la Cour internationale de Justice, et conformément à la promesse faite l'an dernier par son Président devant l'Assemblée générale, a remis hier au Secrétaire général des Nations Unies les instruments juridiques par lesquels elle reconnaît la juridiction de la Cour, a indiqué le Ministre.

M. STANISLAUS MUDENGE, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, a attiré l'attention de l'Assemblée sur l'urgence qu'il y a de réformer et de revitaliser les Nations Unies. Il a regretté à ce sujet la lenteur des travaux du Groupe de travail sur la représentation équitable et l'accroissement du nombre des membres du Conseil de Sécurité. Nous, en Afrique, a-t-il observé, persistons à dire que le mécanisme actuel du Conseil qui ne comprend aucun représentant permanent pour l'Afrique et l'Amérique latine et un seulement pour l'Asie, est injuste et antidémocratique et ne doit pas perdurer. Ces trois régions devraient avoir, chacune, au moins deux sièges permanents et leurs titulaires devraient jouir des mêmes droits et privilèges que les membres permanents actuels. Des sièges non permanents supplémentaires devraient être attribués à chaque région de façon à assurer une représentation géographique équitable en rapport avec le poids numérique de chaque région dans cette Organisation.

Le Ministre déclaré a que l'Assemblée générale doit rester l'instance suprême de décisions du système des Nations Unies tout entier et que sa délégation s'opposera à toute proposition ou résolution qui aboutirait à une usurpation de l'autorité de l'Assemblée générale sous quelque forme que ce soit. En conséquence, la délégation du Zimbabwe n'acceptera pas que le Secrétariat soit autorisé à amender, différer ou annuler quelques activités de programme que ce soit sans l'approbation expresse de l'Assemblée générale.

Les efforts de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique ont connu des succès mitigés, a par ailleurs noté M. Mudenge. Il a notamment demandé que la communauté internationale réexamine l'approche minimaliste qui est actuellement la sienne, via les Nations Unies, à l'égard de la Somalie. Le ministre a également demandé que l'Organisation accentue ses efforts pour trouver une solution aux problèmes du Burundi, du Libéria, du Sahara occidental et du Moyen-Orient.

A propos de la récente mise en place de l'Organisation mondiale du commerce, M. Mudenge a lancé un appel pour que les pays développés prennent des mesures décisives pour réduire le montant de la dette, accroître l'assistance au développement, l'investissement privé et le transfert de technologies vers les pays en développement.

Le ministre a indiqué qu'en ce qui concerne l'élection du Secrétaire général de l'Organisation, les pays d'Afrique estiment que c'est au tour de l'Afrique de fournir un Secrétaire général et que, n'ayant eu un Africain à ce poste que pendant un mandat, un second terme lui revient. Il a rappelé que les dirigeants africains, réunis à Yaoundé, ont décidé de soutenir la candidature du Secrétaire général sortant, M. Boutros Boutros-Ghali.

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M. CHOI SU HON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, a appelé à un règlement urgent de la question de la réunification nationale de la nation coréenne. Etant donné la situation actuelle dans le nord et le sud de la Corée, caractérisée par des idées et des systèmes différents, la création d'une confédération est la seule manière de réunifier le pays d'une manière indépendante et pacifique. Une telle réunification nationale suppose cependant l'instauration d'un nouveau mécanisme institutionnel destiné à apaiser les tensions et à garantir la paix et la sécurité. En avril 1994, le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée avait avancé l'idée de l'élaboration d'un nouvel accord de paix destiné à remplacer l'armistice en vigueur depuis 1953, et devenu obsolète. En février dernier, il également proposé de conclure un accord intérimaire avec les Etats-Unis qui prévoirait notamment des dispositions en vue d'administrer la ligne de démarcation militaire et la zone démilitarisée, ainsi que de traiter les cas de recours aux armes et les incidents. Les Etats-Unis et les autorités sud-coréennes ont répondu à cette proposition en ravivant les tensions, entreprenant des exercices militaires de large envergure et en augmentant le niveau d'armement sur la péninsule coréenne.

Cette situation exige qu'un canal officiel de contacts entre les autorités militaires soit mis en place d'urgence, en vue de prévenir le danger de conflits armés et de reprises des hostilités. La conclusion d'un accord intérimaire entre la République populaire démocratique de Corée et les Etats- Unis fournirait une occasion majeure de négocier un accord visant à maintenir une paix durable, et mènerait à terme la création d'un climat propice à la mise en oeuvre de l'"Accord de réconciliation, de non-agression, de coopération et d'échanges" adopté par les deux Corées du nord et du sud. Si les Etats-Unis sont véritablement intéressés par le maintien de la paix sur la péninsule, ils devraient être prêts à retirer leurs troupes de Corée du sud. Les Nations Unies devraient, de leur côté, interdire l'utilisation de leur nom et de leur drapeau par les troupes américaines basées en Corée du sud. L'existence d'un "commandement des Nations Unies" en Corée du sud constitue en effet un obstacle juridique, qui empêche de passer de la situation actuelle d'armistice à une paix durable et à la fin de la guerre froide sur la péninsule. Ce commandement n'a pas été établi par une résolution des Nations Unies, n'étant qu'un produit de l'époque de la guerre froide qui constitue une utilisation abusive du nom des Nations Unies.

Abordant ensuite la question de la restructuration des Nations Unies, M. Su Hon a estimé qu'elle devrait être menée de manière à ce que les pays en développement, qui constituent la majeure partie des Etats Membres, aient la possibilité de défendre pleinement leur intérêts et d'exercer dans l'équité leur souveraineté dans le processus de résolutions des principales questions internationales. Cette démocratisation, a-t-il soutenu, passe prioritairement par le renforcement de l'autorité de l'Assemblée générale. Les questions liées à la paix et à la sécurité internationales devraient ainsi être soumises directement aux délibérations de l'Assemblée générale. Un nouveau système devrait en outre être mis en place pour approuver les résolution du Conseil de sécurité concernant l'utilisation de la force ou les sanctions, ainsi que les opérations de maintien de la paix. Ces mesures permettraient notamment de prévenir les effets pervers que la mise en application des résolutions du Conseil a sur de nombreux pays.

- 9 - AG/540 26 septembre 1996

La Corée du Nord estime d'autre part que la tentative du Japon, qui ne s'est jamais excusé pour ses crimes de guerre, de devenir membre du Conseil de sécurité, constitue un véritable camouflet aux Etats Membres, notamment aux pays asiatiques. M. Su Hon a par ailleurs déploré l'intensification de la collusion militaire entre les Etats-Unis et le Japon, ainsi que les tentatives de constitution d'une "alliance militaire tripartite" entre le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud. La République populaire démocratique de Corée demande instamment aux autorités japonaises de mettre fin à leurs actes de provocation perpétrés à son encontre, telle que la constitution d'une capacité militaire sous le prétexte de "réaction rapide en cas d'urgence". M. Su Hon a estimé que l'application du principe de "sélectivité", qui établit un lien entre les questions de coopération pour le développement et de transfert de technologies d'une part, et celles liées aux droits de l'homme et le terrorisme, d'autre part, ne devrait plus être tolérée. Il a également appelé à l'élimination de toutes les mesures telles que les sanctions économiques afin de garantir le développement économique des Etats Membres et des régions.

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