AG/539

LE PRESIDENT DE LA BOSNIE-HERZEGOVINE REPROCHE A L'ACCORD DE DAYTON LA SELECTIVITÉ DE SA MISE EN OEUVRE

25 septembre 1996


Communiqué de Presse
AG/539


LE PRESIDENT DE LA BOSNIE-HERZEGOVINE REPROCHE A L'ACCORD DE DAYTON LA SELECTIVITÉ DE SA MISE EN OEUVRE

19960925 APRES-MIDI AG/539 Poursuivant son débat général, dans le cadre des travaux de sa cinquante et unième session, l'Assemblée générale a entendu cet après-midi, l'allocution de M. Alija Izetbegovic, Président de la République de Bosnie-Herzégovine, qui a estimé que l'Accord de paix de Dayton est bon en ce qu'il a mis un terme aux meurtres en Bosnie-Herzégovine et parce qu'il n'existe pas de meilleur plan. En fait, la plus grande carence ne réside pas dans le plan lui-même, mais dans sa mise en oeuvre sélective et partiale. Le Président a souligné la nécessité pour le futur gouvernement bosniaque d'être le plus représentatif possible et de rassembler toutes les composantes politiques pertinentes conformément aux résultats des élections du 14 septembre dernier, y compris l'opposition présente dans les deux entités. Tout en reconnaissant que la Bosnie-Herzégovine était un pays en convalescence qui avait toujours besoin d'assistance, il a néanmoins recommandé aux Nations Unies de s'abstenir à l'avenir de prendre des responsabilités qu'elles ne peuvent assumer.

L'Assemblée générale a ensuite entendu M. Janez Drnovsek, Premier Ministre de la République de Slovénie qui a déclaré que jamais auparavant la nécessité d'une action concertée à l'échelle mondiale n'a été aussi évidente mais que l'ONU doit procéder aux ajustements qui s'imposent si elle veut être plus efficace, et notamment imaginer de nouvelles formes de financement dans des domaines comme la protection de l'environnement et le développement durable. Membre des Nations Unies depuis 1992, la Slovénie est désormais prête à assumer ses responsabilités au sein des divers arrangements régionaux et souhaite devenir membre du Conseil de sécurité pour l'exercice 1998-1999 afin d'être en mesure de participer activement au rôle central qu'il joue en matière d'élaboration d'un système efficace de sécurité planétaire.

Le Premier Ministre de la République de Trinité-et-Tobago, M. Basdeo Panday, intervenant à son tour, a déploré l'absence de volonté politique, notamment de la part des pays développés, en ce qui concerne l'affectation de ressources nécessaires à la mise en oeuvre des décisions des grandes Conférences. Or, cette situation présente un danger pour l'approche globale, le consensus et les programmes d'action établis. Le Premier Ministre a mis l'accent sur l'importance qu'il attache à la lutte contre le trafic des drogues, qui devrait faire l'objet d'un examen prioritaire de la part de l'Organisation. Il a relevé un autre sujet de préoccupation pour la

(à suivre - 1a)

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Communauté des Caraïbes et les petits Etats insulaires dans le transport des substances nucléaires irradiées, du plutonium et des déchets radioactifs. C'est pourquoi, il a appelé les Etats transporteurs à tenir compte des préoccupations des petits Etats insulaires en développement qui demandent l'arrêt du transit de ces matières par leur zone économique exclusive.

Pour sa part, M. Wolfgang Schüssel, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l'Autriche, a indiqué que son pays jouera un rôle actif dans les travaux préparatoires du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Conférence d'examen quinquennal de la Déclaration de Vienne et du Programme d'action qui aura lieu en 1998. L'Autriche accorde une attention particulière à la promotion et à la protection des minorités comme moyen de prévention et de règlement des conflits. M. Schüssel a estimé qu'il faudrait accorder une attention particulière aux questions de désarmement conventionnel, notamment au registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles, au transfert des armes ainsi qu'au développement de régimes universels de transparence en matière d'armement. A cet égard, l'Accord de Wassenaar qui vient d'être conclu à Vienne, apportera une contribution importante à la paix et à la sécurité internationales.

M. Jacques Poos, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération du Luxembourg, a estimé injustes les critiques formulées à l'encontre des Nations Unies chaque fois qu'une opération de maintien de la paix connaît des difficultés. A son avis, bien des carences attribuées à l'ONU peuvent trouver une solution si tous les Etats Membres s'engageaient à mettre à sa disposition les contributions et surtout les moyens dont elle a besoin. Le Gouvernement luxembourgeois est résolu à encourager la coopération internationale dans les domaines de la prévention et de la répression de l'exploitation sexuelle des enfants.

De son côté, M. Asterio Takesy, Secrétaire aux affaires extérieures de la Fédération des Etats fédérés de Micronésie, s'est félicité de la fin de la menace nucléaire et de l'interdiction complète des essais nucléaires. Il a précisé que la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne constituait qu'une étape vers l'élimination totale des armes nucléaires qui doit être le but ultime. En outre, il a rappelé que le problème du traitement des déchets nucléaires ne devait pas être occulté. Tout en appuyant les négociations de la Convention sur les changements climatiques, il a déploré la tendance actuelle à une recherche de compromis savants qui ne répondent que partiellement aux objectifs de la Convention.

(à suivre - 1b)

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Le Ministre des affaires étrangères de l'Afrique du Sud, M. Alfred Baphethuxolo Nzo, a indiqué que son pays débarrassé de l'apartheid a placé les droits de l'homme au centre de ses priorités. Le Gouvernement sud-africain considère que l'approche fondée sur l'égalité des sexes devrait être intégrée à toutes les stratégies et programmes de développement. Le Ministre s'est déclaré gravement préoccupé par la marginalisation de l'Afrique où sont concentrés les pays les moins avancés ainsi que par les conséquences du processus de mondialisation de l'économie et de libéralisation du commerce. A cet égard, il a souhaité que la question du fardeau de la dette fasse l'objet d'une attention accrue. Le Gouvernement sud-africain se félicite de ce que 1997 ait été proclamée Année internationale pour l'éradication de la pauvreté.

En fin de réunion, l'Iraq a exercé son droit de réponse.

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura lieu demain, jeudi 26 septembre, à 10 heures, l'Assemblée générale devrait entendre l'allocution du Président de la République de Chypre, ainsi que les interventions de l'Italie, du Brunéi Darussalam, de l'Ukraine, du Paraguay, du Zimbabwe et de la République populaire démocratique de Corée.

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Allocution de Son Excellence M. Alija Izetbegovic, Président de la République de Bosnie-Herzégovine

M. ALIJA IZETBEGOVIC, Président de la Bosnie-Herzégovine, a déclaré que son pays a connu l'enfer et qu'il n'a pas à s'excuser d'avoir fait tout son possible pour obtenir des armes durant la guerre. "Au contraire, je rends hommage à toutes les personnes courageuses, et j'exprime mes remerciements à tous les pays amis qui nous ont aidés durant la guerre", a-t-il proclamé. Il a expliqué que la Bosnie-Herzégovine ne peut exister que si elle demeure un Etat démocratique regroupant trois nations égales et des citoyens libres. La Bosnie accepte la disposition fondamentale de l'Accord de paix de Dayton et toutes ses conséquences. C'est une formule bien connue: un Etat, deux entités, trois nations. L'Accord de Dayton est souvent jugé insuffisant. Le Président l'a qualifié de bon en ce qu'il a mis un terme aux meurtres en Bosnie-Herzégovine et parce qu'il n'existe pas de meilleur plan. En fait la plus grande carence ne réside pas dans le plan lui-même, mais dans sa mise en oeuvre.

Le Président a souligné que l'Accord de Dayton prévoit la création d'une deuxième entité, la Republika Srpska, qui est censée faciliter le retour de plus d'un demi-million de Bosniaques et de Croates qui ont été expulsés. Non seulement cette mesure n'est pas appliquée, mais les expulsions se poursuivent. De façon générale, la mise en oeuvre de l'Accord de Dayton pêche pas son caractère sélectif et partial. Les dispositions de l'Accord stipulent le respect des droits de l'homme. Or, ces droits sont plus ou moins violés sur l'ensemble du territoire de la Bosnie. Les élections de septembre et la campagne électorale l'on bien montré.

M. Izetbegovic a indiqué que la question de Brcko sera réglée par le principal arbitre, M. Roberts Owen, à la suite de la décision de la partie serbe de ne pas assister aux réunions de la Commission d'arbitrage. L'arbitre ne pourra prendre tout à fait librement sa décision sur la question eu égard à l'obligation qui lui est faite de respecter les principes de légalité et d'équité contenus dans l'Accord. Le Président a regretté que les principaux criminels de guerre, MM. Karadzic et Mladic sont toujours libres, en dépit de l'Accord de Dayton, des décisions du Tribunal de La Haye et des principes élémentaires de justice.

Evoquant les doutes émis par certains en Europe et aux Etats-Unis sur la possibilité pour la Bosnie-Herzégovine d'exister, le Président a estimé que ces personnes ne connaissent pas la réalité des faits ou ont été moralement corrompus. La Bosnie-Herzégovine ne pourra survivre si les crimes de génocide restent impunis. Pour le Président, la véritable question consiste non pas à se demander si les peuples peuvent vivre ensemble, mais si une nation plus grande a le droit d'expulser une plus petite, d'usurper ses biens et de rechercher le pardon et la légalisation de ces violations.

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M. Izetbegovic a souligné la nécessité pour le futur gouvernement bosniaque d'être le plus représentatif possible et de rassembler toutes les composantes politiques pertinentes conformément aux résultats des élections, y compris l'opposition présente dans les deux entités. Le programme du futur gouvernement devra veiller à ce que tous les signataires de l'Accord de Dayton le respectent et le mettent en oeuvre pleinement. Le Gouvernement devra également proclamer la réconciliation de tous les peuples et de toutes les nations en s'efforçant toutefois de poursuivre sans faiblesse les criminels de guerre. La nouvelle équipe gouvernementale devra garantir la liberté des médias et reconstruire le pays. Ce programme ne pourra être réalisé par le gouvernement seul. La Bosnie-Herzégovine reste convalescente et a toujours besoin de l'aide mondiale.

Abordant l'avenir des Nations Unies, le Président bosniaque a jugé non seulement nécessaire de réformer l'Organisation, mais aussi de procéder à des changements d'ordre psychologique. Le Conseil de sécurité doit être réformé pour tenir compte des bouleversements survenus à l'échelle mondiale et de la nouvelle attitude adoptée par les Etats pour s'acquitter de leurs obligations. "Les Nations Unies ne doivent plus se charger de responsabilités qu'elles ne peuvent assumer, a observé le Président. "Mon peuple a payé chèrement l'irresponsabilité de l'ONU", a-t-il affirmé.

Suite du débat général

M. ASTERIO R. TAKESY, Ministre des affaires étrangères de la Micronésie, a rendu hommage au dévouement du Secrétaire général envers les Nations Unies et a rappelé que la Micronésie qui n'était Membre de l'Organisation que depuis cinq ans, s'était attachée depuis cette date à renforcer sa capacité de contribuer, ne serait-ce que dans une modeste proportion, aux objectifs que nous défendons tous. Malgré nos ressources limitées nous avons toujours accordé une priorité élevée à notre participation aux activités de l'Organisation et respecté nos engagements financiers. A l'époque de notre accession à l'ONU, a-t-il déclaré, l'attention était orientée vers la protection de l'environnement avec le Sommet de la Terre de Rio. Aujourd'hui, son pays se félicite de la session spéciale de l'Assemblée générale qui se tiendra l'an prochain sur la mise en application des dispositions d'Agenda 21 et l'amélioration de l'efficacité des différentes institutions qui en étaient issues. Il a rappelé que la Micronésie n'avait pas seulement pris des engagements en ce qui concerne l'Agenda 21 et le Programme d'action de la Barbade mais en avait intégré les dispositions dans sa politique nationale. Ainsi la Micronésie dispose d'un Conseil national du développement durable qui joue un rôle central dans l'élaboration de l'ensemble des politiques nationales, qui visent essentiellement au renforcement du secteur privé à l'amélioration de l'efficacité du secteur public.

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Rappelant le Principe 21 de la Déclaration de Stockholm qui établit depuis 1972 la responsabilité d'un Etat coupable de dommages à l'environnement d'autres Etats ou dans des zones se trouvant au-delà leur juridiction nationale, il a observé que l'année passée avait été témoin à cet égard de progrès mitigés en matière de régulation des activités dommageables à l'environnement, notamment dans les îles du Pacifique. Or, la volonté politique de la communauté internationale d'adopter des mesures concrètes semble avoir diminué au cours de l'an passé. Il s'est félicité de la fin de la menace nucléaire et de l'interdiction complète des essais d'armes nucléaires. Il a précisé que la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne constituait qu'une étape vers l'élimination totale des armes nucléaires qui doit être le but ultime. Il a insisté en outre sur la nécessité de ne pas occulter le grave problème du traitement des déchets de ces armes.

Tout en appuyant les négociations relatives à la Convention sur les changements climatiques, il a déploré la tendance actuelle à une recherche de compromis sophistiqués qui sont loin de répondre efficacement aux objectifs de la Convention. En tant qu'Etat dispersé sur plus d'un million de miles carrés d'océan, il s'est félicité de la mise en application de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, ainsi que de l'Accord sur les stocks de poissons chevauchants et grands migrateurs. Il s'est, en outre, réjoui de l'élection de M. Satya Nandan de Fiji en tant que Premier Secrétaire général de l'Autorité internationale des fonds marins, organe qui a un rôle crucial à jouer dans la protection des océans face à l'exploitation humaine. C'est pourquoi il a engagé l'Assemblée générale à lui fournir les ressources financières adéquates jusqu'à ce que les Etats parties en assume la responsabilité l'an prochain.

Il a regretté que la lenteur des réformes des Nations Unies ait découragé certains Membres de continuer à régler leurs contributions. Même si quelques injustices existent concernant l'échelle des quotes-parts, il n'en reste pas moins que chaque Etat est tenu de continuer à respecter ses engagements. Il a ajouté que même sans réforme, le coût de l'Organisation était largement justifié et la complexité des défis à relever par les Nations Unies n'appelle pas nécessairement un changement d'instrument mais une plus grande maîtrise des interrelations croissantes au sein de la communauté internationale. Il s'agit donc, a-t-il estimé, de faire en sorte que l'Organisation devienne l'instrument multilatéral le plus efficace pour le développement de l'humanité.

M. WOLFGANG SCHUSSEL, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l'Autriche, a déclaré que les résultats de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme constituent une partie intégrante du suivi coordonné des récentes conférences des Nations Unies. L'Autriche jouera un rôle actif au cours des travaux préparatoires du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Conférence d'examen

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quinquennal de la Déclaration de Vienne ainsi que du Programme d'action en 1998. Aujourd'hui, l'objectif principal n'est pas d'élaborer de nouvelles normes internationales dans le domaine des droits de l'homme, mais d'assurer le plein respect de l'ensemble des normes existantes dans toutes les régions du monde. Ceci exige la participation active de l'ensemble du système des Nations Unies et, notamment, des projets du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur la gouvernance, des efforts de l'UNICEF dans le domaine de la justice juvénile, des programmes de la Division pour la prévention du crime concernant le renforcement des systèmes de justice criminelle, ainsi que de l'intégration des composantes des droits de l'homme dans les missions des Nations Unies sur le terrain. Le Ministre a souligné la nécessité de renforcer la coopération et l'intégration dans le domaine des droits de l'homme, dans le cadre des travaux préparatoires de 1998. L'Autriche accorde une attention particulière à la promotion et à la protection des minorités comme moyen à la fois de prévention et de règlement des conflits. Le respect des droits des minorités est crucial pour assurer un développement pacifique et pour maintenir des relations de bon voisinage. Le cas du Tyrol du Sud en est une bonne illustration. Un demi-siècle après la conclusion du Traité de Paris, le 5 septembre 1946, entre l'Autriche et l'Italie, les Tyroliens du Sud continuent de jouir de la protection d'une autonomie très réglementée, qui contribue à inspirer de plus en plus des situations comparables ailleurs.

Abordant la question du désarmement, M. Schüssel a estimé qu'il faudrait accorder une attention particulière aux questions de désarmement conventionnel, notamment le registre des Nations Unies sur les armes, le transfert des armes ainsi que le développement des régimes universels de transparence en matière d'armements. L'Accord de Wassenaar, qui vient d'être conclu à Vienne, apportera une contribution importante à la paix et à la sécurité internationales, en renforçant notamment la transparence des exportations d'armes classiques. Pour faire face à la tragédie humaine des victimes civiles des mines terrestres, l'Autriche a été un des pionniers dans les efforts visant l'adoption d'un moratoire sur les mines terrestres antipersonnel et l'élaboration d'un traité universel d'interdiction complète de ce fléau. L'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires constitue une pierre angulaire dans la voie de l'élimination des armes nucléaires. Avant l'entrée en vigueur du Traité, la Commission préparatoire jouera un rôle vital dans la vérification de sa mise en oeuvre. L'Autriche se réjouit d'accueillir cet organe international important et entend contribuer à établir un climat propice à ses travaux. La position de Vienne qui abrite déjà l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), est davantage renforcée par les nouveaux mécanismes de vérification nucléaire cruciaux. En tant que Siège des Nations Unies, l'Autriche attache une très grande importance aux efforts de réforme entrepris par les différentes institutions spécialisées et par l'ensemble du système des Nations Unies.

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Evoquant les questions relatives au contrôle des substances psychotropes, au crime organisé et à l'exploitation sexuelle des enfants, le Ministre a observé que ces questions doivent figurer au nombre des priorités des Nations Unies et que son pays accueille favorablement l'idée de convoquer une session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1998 qui sera consacrée à la question d'un contrôle des substances psychotropes et de la drogue.

Quant à l'exploitation sexuelle des enfants que le Ministre a qualifiée de forme contemporaine d'esclavage, M. Schüssel a évoqué la Déclaration et le Programme d'action de Beijing ainsi que les récentes recommandations du Congrès mondial de Stockholm contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales et a souligné que seule une action commune des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des institutions spécialisées des Nations Unies pourra mettre un terme à ce fléau.

Allocution de Son Excellence M. Janez Drnovsek, Premier Ministre de la République de Slovénie

M. JANEZ DRNOVSEK, Premier Ministre de Slovénie, a estimé que les Nations Unies doivent s'atteler désormais à une double tâche, celle de l'ajustement et celle de la modernisation. C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, le processus de réduction du personnel du Secrétariat nécessaire et souhaitable doit s'accompagner d'une redéfinition claire des priorités de l'Organisation et d'une allocation plus rationnelle de ses ressources humaines et matérielles.

Il a déclaré que jamais auparavant la nécessité d'une action concertée à l'échelle mondiale n'a été aussi évidente. L'ONU doit donc procéder aux ajustements qui s'imposent afin d'atteindre à plus d'efficacité. Il a ajouté qu'il fallait imaginer de nouvelles formes de financement dans des domaines comme la protection de l'environnement et le développement durable et procéder à des réformes structurelles comme celle du Conseil de sécurité qui requiert un élargissement de sa composition. Le Premier Ministre a par ailleurs estimé que le désarmement continue d'être le domaine dans lequel les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer. Rappelant que son pays a signé, hier, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, M. Drnovsek a tenu à souligner que seule une application très stricte des dispositions de ce Traité permettra l'avènement d'un monde plus sûr pour tous. M. Drnovsek a regretté que le projet d'un accroissement du nombre des Etats membres à la Conférence du désarmement n'ait pas abouti. Tous les Etats qui souhaitent et peuvent contribuer aux efforts internationaux en faveur du désarmement devraient pouvoir participer aux travaux de la Conférence, en tant qu'Etats membres à part entière, a-t-il notamment insisté.

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M. Drnovsek a rappelé que son pays n'est devenu Membre des Nations Unies qu'en 1992 mais qu'il est parvenu, dans ce laps de temps, à des résultats positifs dans son processus de transformation économique et politique. La Slovénie est désormais prête à assumer ses responsabilités au sein des divers arrangements régionaux qui ont été conclus, pour la paix et la stabilité dans le monde. C'est la raison pour laquelle, a expliqué le Premier Ministre, la Slovénie souhaite devenir membre du Conseil de sécurité pour l'exercice 1998-1999 et être en mesure de participer activement au rôle central qui est le sien en matière d'élaboration d'un système efficace de sécurité planétaire.

Suite du débat général

M. JACQUES F. POOS, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération du Luxembourg, après avoir appuyé l'intervention faite par l'Irlande au nom de l'Union européenne, a indiqué qu'il a signé, hier, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires qui représente un progrès substantiel sur la voie de la non- prolifération nucléaire et de la création d'un monde plus sûr et plus humain. M. Poos a soutenu, sans réserve, la relance des travaux de l'ONU sur la question des mines antipersonnel. Se réjouissant des progrès substantiels obtenus, en moins d'un an, dans le conflit en ex-Yougoslavie, le Ministre a salué la tenue des élections, le 14 septembre dernier, qui constituent une étape déterminante pour la Bosnie-Herzégovine. Le Luxembourg est en faveur d'une continuation de l'action civile et militaire internationale, afin de créer l'environnement nécessaire pour préserver la paix et pour éviter un recours à la guerre.

Préoccupé par l'arrêt du processus de paix au Moyen-Orient à la suite du changement de gouvernement en Israël, le Luxembourg considère qu'il n'y a pas d'alternative à ce processus, complexe et fragile, résultat de négociations laborieuses. M. Poos a condamné les récentes attaques menées par le Gouvernement iraquien contre la population kurde au Nord de l'Irak. Il a souligné que la situation dans la région des Grands Lacs, et notamment au Burundi, continue de susciter la plus vive inquiétude de son pays.

M. Poos a observé qu'il est foncièrement injuste de critiquer les Nations Unies chaque fois qu'une opération de maintien de la paix connaît des difficultés. Bien des carences attribuées à l'ONU peuvent trouver une solution si tous les Etats Membres s'engagent à mettre à la disposition de l'Organisation les contributions et surtout les moyens dont elle a besoin. Le Luxembourg apporte son appui à la création rapide d'une Cour criminelle internationale qui représentera un progrès déterminant pour le respect des principes du droit international. Le Gouvernement luxembourgeois est résolu à encourager la coopération internationale dans les domaines de la prévention et de la répression de l'exploitation sexuelle des enfants.

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Le Ministre a fait part de son inquiétude face à l'élargissement du fossé des inégalités qui se creuse tant à l'intérieur des pays qu'entre pays du Nord et du Sud. Il a proposé de mettre au point une nouvelle stratégie fondée sur quatre axes. Ceux-ci consistent à assurer le suivi et à traduire en actions opérationnelles les résultats des grandes conférences organisées sous l'égide des Nations Unies depuis le début de la décennie. Il convient également d'arrêter la baisse persistante des fonds mis à la disposition du développement, "la lassitude des donateurs". A cet égard, le Luxembourg a l'intention de consacrer 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement avant la fin du siècle. Il importe également de renforcer la capacité d'action des Nations Unies dans le domaine économique et social. Il faut enfin développer la coopération avec les représentants de la société civile organisée représentée par les organisations non gouvernementales.

M. ALFRED B. NZO, Ministre des affaires étrangères de l'Afrique du Sud, a déclaré que son pays débarrassé de la tyrannie de l'apartheid accorde la plus haute priorité aux droits de l'homme inscrits dans sa Constitution. En outre, le gouvernement a pris des mesures pour la création d'un bureau chargé de la condition de la femme pour veiller à l'égalité des sexes dans tous les programmes financés par des fonds publics. En Afrique du Sud, et dans la région tout entière, a-t-il poursuivi, les processus de démocratisation ont permis de libérer des ressources humaines et politiques aux fins d'une amélioration de la productivité. Contribuant ainsi à la réalisation de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région.

L'Afrique du Sud vise à placer au centre de ses priorités la coopération technique, l'assistance mutuelle et la planification conjointe des initiatives de développement régional, en vue d'assurer une pleine intégration économique. Le Ministre s'est déclaré préoccupé par les conflits au Libéria, au Burundi et en Somalie. Le Gouvernement d'Afrique du Sud s'efforce de jouer un rôle actif dans les efforts entrepris par la communauté internationale pour aider le peuple burundais à instaurer une paix durable et la réconciliation nationale. Le Président Mandela a nommé récemment un représentant spécial pour le Burundi chargé de chercher une solution viable en étroite coordination avec les autres représentants spéciaux et avec les pays de la région. Ces efforts devraient être renforcés par une coopération étroite entre l'Organisation de l'unité africaine et les Nations Unies. Grâce au mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, les Etats membres de l'OUA se sont solidairement engagés à restaurer la paix et la sécurité sur le continent africain. M. Nzo a indiqué que pour appuyer ces efforts, la Communauté de développement de l'Afrique australe a créé récemment un organe chargé de la défense et de la sécurité. Ces efforts reflètent la préoccupation essentielle de l'Afrique en matière de diplomatie préventive et de règlement des différends.

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Le Ministre s'est déclaré par ailleurs gravement préoccupé par la marginalisation du continent africain où sont concentrés les pays les moins avancés, du fait de la mondialisation de l'économie et de la libéralisation du commerce. A cet égard, il a préconisé une plus grande attention à la question du fardeau de la dette. Le Gouvernement sud-africain se félicite de l'examen à moyen terme du nouvel agenda des Nations Unies pour le développement de l'Afrique et reconnaît l'importance de l'initiative spéciale des Nations Unies en faveur de l'Afrique, ainsi que de la nécessité de garantir son succès par des ressources adéquates. Le Gouvernement sud-africain se réjouit par ailleurs de la proclamation de l'Année internationale pour l'éradication de la pauvreté en 1997. M. Nzo a exprimé l'espoir que la communauté internationale réalisera cet objectif en reconnaissant clairement les défis auxquels elle fait face. Il s'est déclaré convaincu que le prochain Sommet mondial pour l'alimentation, qui se tiendra à Rome en novembre, permettra à la communauté internationale de réaffirmer son engagement à assurer que les stratégies visant l'éradication de la pauvreté sont pleinement intégrées à toutes les initiatives du système des Nations Unies. Le Gouvernement sud-africain estime que la base de la coopération établie par CNUCED IX à Midrand (Afrique du Sud), en avril 1996, et l'appel en faveur d'un partenariat en vue de la croissance et du développement lancé par la Déclaration de Midrand devrait être mis en oeuvre par l'Assemblée générale et les autres instances pertinentes. L'Afrique du Sud est particulièrement satisfaite de ce que le cadre adopté à Midrand pour la réforme de la CNUCED se concrétise pour le monde en développement.

Allocution de Son Excellence l'honorable Basdeo Panday, Premier Ministre de la République de Trinité-et-Tobago

M. BASDEO PANDAY, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a affirmé qu'il ne fallait pas reculer devant les défis qui se présentent à la communauté internationale aujourd'hui. Son pays s'est ainsi engagé dans une stratégie dynamique de développement orientée vers l'exportation. Celle-ci se propose d'allier le développement économique à l'équité sociale, et elle met également l'accent sur le commerce, les investissements, le tourisme, l'agriculture, les services et l'environnement. Il a noté que Trinité-et-Tobago avait fait sa transition démocratique en 1995, une transition qui témoigne de la stabilité de la région des Caraïbes. Il a précisé que la Journée mondiale des Nations Unies, le 24 octobre prochain, verrait la mise en place, grâce à la coopération du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d'un Conseil national du développement social dans le but de mobiliser les efforts en faveur des pauvres et des sans-abris. En matière d'environnement, il a précisé qu'un cadre législatif et administratif complet avait été créé afin de répondre aux demandes du développement durable et d'apposer une touche "verte" aux actions du gouvernement.

Il a indiqué que l'intégration régionale a toujours été une composante fondamentale de la stratégie de développement de son pays. Ce faisant, des alliances stratégiques ont été passées avec la Communauté des Caraïbes, le

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Groupe de Rio, et plus récemment l'Association des Etats Caraïbes. Il a espéré, en outre, que les efforts visant à renforcer l'intégration régionale aboutiront, bientôt, à des relations avec le Marché commun d'Amérique centrale, le Pacte andin et le MERCOSUR, et à plus long terme à l'apparition d'une seule zone de libre échange dans l'hémisphère ouest. Il a affirmé que la succession des grandes Conférences, de Rio à Istanbul, avait abouti à la définition d'un Agenda global pour le XXIe siècle. Toutefois, il a observé qu'il existe, de la part des pays développés, une réticence à respecter les engagements qu'ils ont pris et qui consistent à fournir les ressources au développement. Or, cette situation menace de rendre caducs l'approche globale, le consensus et les Programmes d'action établis.

Le Premier Ministre a souligné la priorité qu'il attache à la lutte contre l'usage et le trafic des drogues. La menace que constitue ce fléau devrait faire l'objet d'un examen prioritaire de la part de l'Organisation et il a apporté son soutien entier au projet de conférence internationale en 1997. Il s'est réjoui de la décision prise, l'an passé, d'étendre le Traité de non-prolifération des armes nucléaires et de l'adoption récente du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il a affirmé que la communauté internationale devait désormais s'attacher à interdire toute sorte d'explosion nucléaire. Il a distingué un autre sujet de préoccupation pour la communauté caraïbe et les petits Etats insulaires dans le transport des fluides nucléaires irradiés, du plutonium et des déchets radioactifs. C'est pourquoi il a appelé les Etats transporteurs à respecter les préoccupations des petits Etats insulaires en développement qui demandent l'arrêt du transit de ces matières dans leur zone économique exclusive. Il a réaffirmé que les notions de responsabilité partagée et d'action collective étaient la raison d'être du système des Nations Unies. C'est pourquoi, il s'est déclaré confiant dans la capacité de l'Organisation à réconcilier les forces de globalisation et de fragmentation qui s'opposent aujourd'hui et à construire un partenariat global de coopération et de solidarité.

Droit de réponse

Le représentant de l'Iraq, exerçant son droit de réponse, a répondu au Ministre des affaires étrangères du Luxembourg ayant condamné les "récentes attaques menées par le Gouvernement iraquien contre les populations kurdes". Il a rappelé qu'il s'agissait en fait d'une tentative de groupe armé soutenu par un pays voisin pour établir un bastion sur le territoire iraquien. Les autorités intérieures ont simplement restauré l'ordre. Aussi comment condamner du point de vue du droit international un mouvement de troupes sur son propre territoire afin de rétablir l'ordre. Il s'est interrogé sur la demande par le Représentant du Luxembourg de respecter l'intégrité totale du territoire de l'Iraq et sur la nécessité d'un retrait total des troupes iraquiennes et en a souligné la contradiction. Il a ajouté que si le Luxembourg était vraiment attaché à l'intégrité iraquienne, il serait opposé à l'imposition d'une zone de non-survol de son propre territoire par un pays et demanderait le respect de la résolution 986.

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