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AG/536

LE TRAITE D'INTERDICTION COMPLETE DES ESSAIS NUCLEAIRES OUVRE LA VOIE A UN SIECLE OU LES MENACES NUCLEAIRES SERONT REDUITES ET FINALEMENT ELIMINEES, DECLARE LE PRESIDENT CLINTON

24 septembre 1996


Communiqué de Presse
AG/536


LE TRAITE D'INTERDICTION COMPLETE DES ESSAIS NUCLEAIRES OUVRE LA VOIE A UN SIECLE OU LES MENACES NUCLEAIRES SERONT REDUITES ET FINALEMENT ELIMINEES, DECLARE LE PRESIDENT CLINTON

19960924 MATIN AG/536 Le Ministre russe des affaires étrangères dit son opposition à l'avancement de l'OTAN sur l'espace de l'ex-Traité de Varsovie

L'Assemblée générale a poursuivi ce matin son débat général, entamé hier, en entendant une allocution du Président des Etats-Unis, M. William Clinton qui a estimé que la plus grande menace à notre liberté et notre sécurité provient des Etats hors-la-loi, des terroristes, des criminels internationaux et des trafiquants de drogue. M. Clinton a indiqué qu'il avait, ce matin, été le premier dirigeant à signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, qui ouvre la voie à un siècle où le rôle des armes nucléaires et les menaces qu'elles font peser pourront être réduites et finalement éliminées. Le Président américain a estimé que le monde avait, ces trois dernières années, progressé dans la bonne direction, prenant notamment comme exemples la fin de la guerre en Bosnie, le retour de la démocratie en Haïti, la reprise du dialogue entre Israéliens et Arabes et les pourparlers de paix en Irlande du Nord.

En ces temps de défis et de changements, a poursuivi le Président des Etats-Unis, les Nations Unies sont plus importantes que jamais, car le monde est plus interdépendant que jamais. L'immense majorité des Américains, a-t-il souligné soutient les Nations Unies, non seulement parce que l'Organisation reflète nos idéaux, mais aussi parce qu'elle renforce nos intérêts. Pour la 51ème année consécutive, les Etats-Unis seront le principal bailleur de fonds des Nations Unies. Ils paient leur dus et espèrent bientôt s'acquitter de leurs arriérés.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Yevgeny Primakov, évoquant les termes des relations internationales dans la période d'après "guerre froide", a déclaré que la Fédération de Russie s'oppose à l'idée de l'avancement de l'OTAN sur l'espace de l'ex-Traité de Varsovie et aux tentatives de faire de l'alliance l'axe d'un nouveau système européen. S'agissant de la Bosnie, le Ministre a plaidé en faveur de la levée des sanctions contre la République fédérative de Yougoslavie et les Serbes bosniaques. Soulignant l'importance de l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, M. Primakov a engagé tous les Etats intéressés à procéder à un échange de vues sur la proposition de M. Eltsine visant à conclure un Traité sur la sécurité nucléaire et la stabilité avec la participation de toutes les puissances nucléaires. Il a également appelé l'ONU à s'intéresser davantage au conflit afghan. (à suivre - 1a)

- 1a - AG/536 24 septembre 1996

L'Assemblée générale a également entendu une allocution du Premier Ministre de la Lettonie, M. Andris Skele, qui a estimé que les Nations Unies doivent prendre des mesures préventives afin de continuer à promouvoir activement le respect des droits de l'homme, la tolérance, l'universalité des Nations Unies, le désarmement et la mise en oeuvre des accords de contrôle des armements et à appuyer les économies des Etats qui ont besoin d'aide.

M. Dick Spring, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères de l'Irlande (au nom de l'Union européenne) a estimé que l'urgence et la complexité des problèmes auxquels est confrontée l'Organisation exigent qu'elle soit revitalisée et plus efficace. Il a fait observer que garantir la paix exige un examen attentif des causes des conflits et la prévention demeure encore la meilleure stratégie. Il a rappelé, par ailleurs, que les propositions de l'Union européenne en vue de réformer financièrement l'Organisation visent à ce que le barème des quotes-parts reflète réellement la capacité de paiement des Etats Membres.

M. Malcolm Rifkind, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a évoqué le transfert pacifique de la souveraineté de Hong-Kong, rappelant que le Gouvernement chinois s'est montré ouvertement déterminé à préserver la prospérité et la stabilité de l'île, de même que son style de vie, celui d'une société libre et ouverte fondée sur le respect du droit. M. Rifkind a par ailleurs estimé que les pays en développement et développés doivent partager la responsabilité en ce qui concerne la promotion de la croissance économique. Les pays en développement doivent notamment pour ce faire viser à créer un environnement permettant l'épanouissement du secteur privé, moteur de la croissance. De son côté, le monde développé doit lever les obstacles qui entravent l'accès des économies en développement au marché mondial.

Le Ministre des affaires étrangères de la Belgique, M. Erik Derycke, a abordé la question de la prostitution enfantine en souhaitant que les dispositions de la Déclaration et du Programme d'action de la Conférence mondiale contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales se traduisent par de nouvelles obligations conventionnelles pour tous les Etats. M. Derycke a exprimé le soutien de la Belgique à l'action que mène l'ancien président Julius Nyerere en Afrique centrale et a indiqué la volonté de son pays de collaborer avec l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et les pays de la région. Il a appuyé à cet égard la convocation d'une conférence sur la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs.

(à suivre - 1b)

- 1b - AG/536 24 septembre 1996

Dernier orateur de la séance, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Croatie, M. Mate Granic, a estimé que toute prorogation du mandat de l'ATNUSO en Croatie ne peut que favoriser des retards dans la mise en place de sa partie la plus délicate, à savoir le retour de 80 000 réfugiés non serbes et de personnes déplacées dans la région du Danube. Avec la signature de l'accord de normalisation entre la Croatie et la République fédérative de Yougoslavie, la petite mission d'observateur de la Mission d'observation des Nations Unies à Prevlaka (MONUP) dans la péninsule de Prevalka en Croatie devrait également devenir obsolète dans un proche avenir.

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura lieu cet après-midi à 15 heures, l'Assemblée générale devrait entendre l'allocution du Président de la Pologne, celle du Premier Ministre du Japon, ainsi que les interventions des Ministres des affaires étrangères du Danemark, du Canada, de l'Egypte, du Costa Rica et de la République de Moldova.

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Allocution de Son Excellence M. William J. Clinton, Président des Etats-Unis d'Amérique

M. WILLIAM J. CLINTON, Président des Etats-Unis d'Amérique, a estimé que l'humanité se trouve à un tournant de son histoire, les blocs et les frontières qui, pendant longtemps, ont défini le monde laissant la place à une ère de possibilités remarquables, mais aussi à de nouvelles menaces. Au XXIème siècle, certaines nations auront la tentation d'entrer en guerre pour s'emparer de territoires. Mais la plus grande menace à notre liberté et notre sécurité proviendra des Etats hors la loi, des terroristes, des criminels internationaux et des trafiquants de drogue. Ces forces de destruction tirent avantage de la liberté et des progrès techniques. Elle se révèleront des plus dangereuses si elles accédaient aux armes de destruction massive. Le défi à relever est donc double, a souligné M. Clinton : il convient d'une part de saisir les occasions nouvelles créées par les changements afin que davantage de personnes puissent jouir de la paix, de la liberté, de la sécurité et de la prospérité et, d'autre part, de lutter contre les dangers entraînés par ces évolutions.

Un pas de géant sera fait en faveur de la paix en ce lieu-même : grâce à un consensus mondial écrasant, le monde prendra l'engagement solennel de mettre fin à jamais à tous les essais nucléaires. M. Clinton a indiqué qu'il avait, ce matin, été le premier dirigeant à signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, avec le même stylo utilisé par le Président Kennedy il y a 33 ans pour signer le Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires. Ce Traité ouvre la voie à un siècle où le rôle des armes nucléaires et les menaces qu'elles impliquent pourront être réduites et finalement éliminées. La signature des puissances nucléaires déclarées ainsi que de la grande majorité des nations va immédiatement instaurer une norme internationale contre les essais nucléaires, avant même que ce Traité n'entre formellement en vigueur.

Le Président Clinton a toutefois estimé que ces changements positifs mêmes ont engendré de nouveaux risques. L'effondrement de l'Union soviétique a laissé des matériaux nucléaires dispersés de par les territoires des Etats nouvellement indépendants augmentant ainsi les dangers de contrebande nucléaire. Il convient de réduire la menace que ces matières meurtrières font peser si elles devaient arriver en de mauvaises mains, en mettant au point des défenses efficaces pour nos peuples. M. Clinton a indiqué six objectifs prioritaires pour limiter la prolifération des armes de destruction. Il s'agit tout d'abord de protéger la population contre les attaques chimiques et rendre plus difficile à des Etats terroristes de brandir l'arme du gaz mortel, en contribuant à l'entrée en force de la Convention sur les armes chimiques aussitôt que possible. Le Président a regretté à cet égard que le Sénat américain n'ait pas encore voté sur cette Convention, soulignant qu'il ne laisserait pas le Traité mourir.

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Il convient en second lieu de réduire le risque qu'un Etat ou une organisation hors-la-loi puisse produire une arme nucléaire, en négociant un traité visant à geler la production de matériaux fissiles utilisés pour de telles armes. Il faudrait en outre réduire les arsenaux nucléaires et renforcer les efforts contre la prolifération des armes nucléaires en renforçant le Traité contre la prolifération de ces armes. Il faut par ailleurs mieux protéger les peuples contre ceux qui veulent utiliser la maladie comme arme en renforçant la Convention sur les armes biologiques, notamment en permettant les enquêtes sur le terrain lorsqu'on soupçonne que de telles armes ont été utilisées. Cet objectif devrait être atteint d'ici à 1998. Il convient enfin de mettre fin au carnage entraîné par les mines terrestres anti-personnel et à cet égard M. Clinton a renouvelé son appel en faveur d'une prompte négociation en vue d'une interdiction mondiale de ces mines.

Le Président américain a estimé que le monde avait, ces trois dernières années, progressé dans la bonne direction, prenant notamment comme exemples la fin de la guerre en Bosnie, le retour de la démocratie en Haïti, la reprise du dialogue entre Israéliens et Arabes et les pourparlers de paix en Irlande du Nord. Partout dans le monde, la démocratie et les marchés ouverts se développement. Sur le continent américain, toutes les nations sauf une ont hissé la bannière de la liberté. En Europe centrale, de même qu'en Russie, en Ukraine et dans les nouveaux Etats indépendants, les forces de la réforme ont gagné notre respect et continueront d'avoir notre appui. Il convient maintenant de commencer à accueillir les nouvelles démocraties européennes dans l'OTAN, renforcer le partenariat au sein de celui-ci et de construire une Europe sûre et non divisée. Ensemble, la Corée du Sud, le Japon, la Chine et l'Amérique ont persuadé la Corée du Nord de geler son programme nucléaire. A la lumière des actions de provocation de la Corée du Nord sur la dernière frontière de la guerre froide, il convient de rechercher une paix permanente pour tous les Coréens.

Le Président a reconnu que, en ces temps de défis et de changements, les Nations Unies sont plus importantes que jamais, car le monde est plus interdépendant que jamais. La rapidité des changements ont amené certaines personnes - y compris, malheureusement, certains Américains - à diriger leurs frustrations vers le monde extérieur, et notamment contre cette institution. Ceux-là ignorent ce que font les Nations Unies pour soulager des millions d'existence et pour faire partager les fruits du progrès de par le monde. L'immense majorité des Américains soutient les Nations Unies, non seulement parce que l'Organisation reflète nos idéaux, mais parce qu'elle renforce aussi nos intérêts. Les Etats-Unis veulent continuer à aider les Nations Unies à faire face aux exigences du XXIème siècle. Ils travaillent d'arrache-pied avec d'autres membres pour rationaliser le fonctionnement de l'Organisation et pour réduire son budget. Mais il faudra faire davantage encore. Pour la 51ème année encore, les Etats-Unis seront le principal bailleur de fonds des Nations Unies. Ils paient leur dûs et espèrent bientôt s'acquitter de leurs arriérés. Les Etats-Unis sont favorables au processus de réforme qui fait beaucoup pour rationaliser la bureaucratie et contrôler le budget.

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Le Président américain a estimé que davantage devait être fait pour lutter contre le terrorisme. Il ne faut accorder aucune aide aux terroristes et ne leur faire aucun quartier. La tolérance zéro contre le terrorisme et l'agression exige que nous fassions tout pour isoler les Etats qui refusent d'observer la règle du jeu des pays civilisés. Aussi longtemps que l'Iraq menacera ses voisins et son peuple, aussi longtemps que l'Iran appuiera et protégera les terroristes et que la Lybie refusera de livrer les personnes qui ont fait exploser le vol 103 de la Pan Am, ceux-ci ne sauraient devenir membres légitimes de la famille des nations. La stratégie contre le terrorisme doit être triple : à l'étranger, il convient de travailler plus étroitement que jamais avec les nations, et, à l'intérieur du pays, il faut doter la loi des instruments les plus sévères contre le terrorisme et rendre plus sûrs les aéroports et avions doivent être rendu plus sûrs. Il convient d'adopter la Déclaration sur le crime et la sécurité publique. Le Président a également demandé à tous les membres de ratifier les onze conventions internationales pour punir le terrorisme et pénaliser l'utilisation d'explosifs lors d'attaques terroristes. Il faut également faire davantage, a-t-il souligné, pour réduire le trafic de drogues illégales.

Suite du débat général

M. ANDRIS SKELE, Premier Ministre de la Lettonie, a indiqué que depuis qu'elle est devenue il y a cinq ans, Membre des Nations Unies, la Lettonie a constamment appuyé les réformes de l'Organisation afin d'éviter les crises. Etant donné son absence pendant 50 ans de la communauté internationale, elle est particulièrement sensible au fait que l'Organisation est le seul endroit dans le monde où toutes les nations peuvent parler sur un même pied des questions d'importance mondiale. Le Premier Ministre a rappelé que l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont constitué un bataillon de maintien de la paix, le Baltbat, qui permettra l'an prochain aux pays baltes de contribuer au renforcement des mécanismes de maintien et de rétablissement de la paix mis en place par les Nations Unies. La situation mondiale actuelle oblige la communauté internationale à se demander combien de fois elle n'a pas su faire preuve de sagesse et combien de fois la diplomatie n'a pas permis de résoudre pacifiquement les conflits.

L'instabilité politique, les tensions raciales, religieuses et ethniques, combinées à un faible niveau de vie alimentent les conflits armés. Les Nations Unies doivent prendre des mesures préventives afin de continuer à promouvoir activement le respect des droits de l'homme, la tolérance, l'universalité des Nations Unies, le désarmement et la mise en oeuvre des accords de contrôle des armements et d'appuyer les économies des Etats qui ont besoin d'aide. La Lettonie appuie le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ouvert à la signature et à la ratification, après une longue et difficile recherche de compromis. "Je m'apprête à signer le Traité aujourd'hui", a déclaré le Premier Ministre. "Nous sommes convaincus que ce traité rapprochera davantage le monde de la paix", a-t-il ajouté.

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La Lettonie est d'avis que le respect universel des droits de l'homme doit être une priorité des Nations Unies et de ses Membres. Conformément aux recommandations de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, la Lettonie a créé une institution indépendante pour la protection des droits de l'homme, le Bureau d'Etat des droits de l'homme, qui a reçu une aide précieuse des Nations Unies. Le Premier Ministre a souligné que son pays, qui appartient à la famille européenne des Etats démocratiques, partage leurs valeurs et coopère à leur protection. La Lettonie juge prioritaire son intégration à l'Europe et aux structures transatlantiques.

La Lettonie, qui appuie la restructuration et la revitalisation des Nations Unies dans les domaines économique, social et connexes ainsi que l'application du principe de roulement des Etats Membres au sein des institutions et organes des Nations Unies, a présenté pour la première fois sa candidature au Conseil économique et social pour un mandat qui commencerait en 1997. Elle estime que si les Nations Unies continuent à ne pas prendre de décisions, elles perdront progressivement leur capacité à réaliser efficacement leurs objectifs mondiaux.

L'une des causes de la crise que connaît l'Organisation est de nature financière. La contribution financière de chaque Etat Membre à l'Organisation doit refléter sa capacité de payer. Le futur système de contributions devra être équitable, transparent et souple, de façon à pouvoir rapidement s'adapter aux changements économiques. La Lettonie réitère son appel en faveur de l'instauration d'un mécanisme nouveau et novateur de financement. Elle appuie les efforts actuellement déployés par le Conseil économique et social visant à étudier des mécanismes de financement du développement durable.

S'agissant de la réforme du Conseil de sécurité, le Premier Ministre a jugé nécessaire d'accroître le nombre de ses membres de façon à respecter le principe de représentation géographique équitable et à tenir compte de l'augmentation du nombre d'Etats Membres de l'Organisation au cours des dernières décennies.

M. DICK SPRING, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d'Irlande, au nom de l'Union européenne, a estimé que la coopération mise en oeuvre par les Nations Unies représente toujours le meilleur instrument de promotion de la paix, de progrès dans les domaines économique et social, des droits de l'homme, et de l'assistance humanitaire. Il convient, afin de maintenir l'efficacité de l'Organisation dans ces domaines, de doter de ressources adéquates et de poursuivre la modernisation des structures et des méthodes de travail de ces institutions. L'urgence et la complexité des problèmes auxquels est confrontée l'Organisation, en cette période de grands changements politiques, économiques et technologiques, exigent qu'elle soit revitalisée et plus efficace. Des progrès ont été réalisés au cours de l'année dernière mais beaucoup reste à faire.

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Evoquant les questions de maintien de la paix, le Vice-Premier Ministre a fait observer que la garantie de cette paix exige un examen attentif des causes des conflits. A cet égard, la prévention demeure la meilleure stratégie. Des dispositions d'alerte rapide, améliorée grâce à des efforts efficaces et coordonnés, à l'échelle internationale, et à la prise en compte des facteurs économiques et sociaux, peuvent apporter beaucoup à la qualité des solutions envisagées. Les mécanismes existant de médiation, de conciliation et de bons offices devraient être exploités de manière plus vigoureuse. Les initiatives de redressement en période d'après-conflit doivent être plus complètes et plus coordonnées afin de répondre aux exigences de l'aide humanitaire, de la reconstruction économique et sociale ainsi que du respect des droits de l'homme, de la démocratie et des règles de droits. A l'heure actuelle, l'Union européenne fournit la majorité du personnel des opérations de maintien de la paix et contribue à hauteur de 37% de leurs budgets. L'Union estime que les Nations Unies ne peuvent gérer, à elles seules, la prévention des conflits et le maintien de la paix globale. C'est pourquoi, elle accueille avec satisfaction la coopération de plus en plus étroite qui semble s'instaurer entre les Nations Unies et les organisations régionales.

S'agissant des questions de désarmement, le Vice-Premier Ministre s'est félicité d'avoir signé ce matin le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et a lancé un appel à tous les Etats pour qu'ils signent et ratifient ce Traité important. Abordant la question particulière des mines antipersonnel, le Vice-Premier Ministre a, à l'instar du Conseil de sécurité, appelé tous les Etats Membres à contribuer au Fonds volontaires pour le déminage. Commentant, par ailleurs, la situation financière des Nations Unies, M. Spring a rappelé que l'Union européenne a présenté une série de propositions tendant à réaliser une réforme financière comprenant un volet sur l'adaptation du barème des quotes-parts afin qu'il reflète réellement la capacité de paiement des Etats Membres. Venant aux zones de tension dans le monde, le Vice-Premier Ministre a déclaré qu'en ce qui concerne l'ex- Yougoslavie, la prochaine initiative de l'Union européenne et de la communauté internationale, devra être d'assurer le suivi des élections qui se sont déroulées le 14 septembre dernier en Bosnie-Herzégovine. Prenant note de la volonté des parties de tenir d'autres élections en 1998, l'Union européenne estime que dans l'intervalle, il conviendra de fournir une aide au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Concernant le Moyen-Orient, le Vice-Premier Ministre a dit craindre que l'absence de progrès dans les négociations ne viennent compromettre les perspectives de paix. L'Union européenne, a-t-il insisté, lance un appel au Gouvernement israélien pour qu'il mette un terme à l'extension des colonies de peuplements. Cette politique, a prévenu le Vice-Premier Ministre, diminue la capacité de l'Autorité palestinienne à contenir les extrémistes. M. Spring s'est, d'autre part, prononcé en faveur d'une reprise rapide des négociations

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entre la Syrie et Israël et a réaffirmé le soutien de l'Union européenne à l'indépendance, à l'intégrité territoriale et à la souveraineté du Liban. Il a appelé de ses voeux la tenue de négociations sur ces questions. Concluant sa déclaration par une brève description de la situation en Irlande du Nord, le Vice-Premier Ministre a déclaré que les parties s'attachent à la recherche d'une paix durable et d'un règlement politique. Des progrès substantiels ont été effectués durant les douze derniers mois, et ce, en dépit de l'incertitude et des méfiances qui continuent de compromettre une véritable réconciliation entre les communautés. En mettant fin au cessez-le-feu, en février dernier, l'IRA a obligé les deux gouvernements à mettre fin au dialogue ministériel avec le Sinn Fein. Depuis lors, l'Irlande et le Gouvernement britannique n'ont de cesse que de persuader les représentants de la communauté unioniste de se joindre aux discussions sans délai.

M. YEVGENI PRIMAKOV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a affirmé que son pays s'est engagé irrémédiablement dans la voie qui mène vers l'avenir, la majorité de ses citoyens ayant voté pour la poursuite des réformes économiques, pour l'Etat de droit et pour la politique de transparence et de coopération. La Fédération de Russie oeuvre fermement pour la paix en Tchétchénie et ne renoncera pas à cette voie, a-t-il déclaré. Dans ses relations avec les pays de la CEI, la Fédération de Russie s'oppose résolument aux idées de la restauration de l'Union soviétique, et soutient l'intégration volontaire de ses membres. Sur le plan international plus général, la Russie s'est engagée dans la voie visant la création d'un nouvel ordre mondial, ayant pour base solide l'égalité de tous les Etats, l'équité et la sécurité générale.

Cependant, la formation d'un tel ordre mondial se traîne, influencée non seulement par des causes objectives, mais aussi par des causes subjectives, a constaté le Ministre. Il a souligné à cet égard trois conditions de transformation des relations internationales dans la période de l'après "guerre froide". Tout d'abord, il est inadmissible que les anciens fronts de l'opposition de blocs soient remplacés par de nouvelles lignes de division. Pour cette raison, la Russie n'admet pas l'idée de l'avancement de l'infrastructure militaire de l'OTAN sur l'espace de l'ex-Traité de Varsovie, ni les tentatives de faire de l'alliance un axe d'un nouveau système européen. Seule la création d'un système paneuropéen réel des relations internationales pourrait réaliser les possibilités de la coopération économique et de l'enrichissement spirituel des peuples du continent. Le Sommet de l'OSCE de Lisbonne est appelé à marquer une étape importante dans la formation d'une telle Europe. L'OTAN doit occuper une place importante dans le système de la sécurité européenne, mais avec d'autres organisations et compte tenu d'un rôle particulier d'une OSCE plus universelle. La Russie, qui se prononce pour une opposition résolue aux forces extrémistes et terroristes, demande l'élaboration d'une convention universelle se rapportant à tous les Etats, sans exception, selon laquelle ceux qui pratiquent des activités terroristes doivent être privés de moyen de droit d'asile politique, où que ce soit.

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La deuxième condition d'avancement vers une paix durable est de se débarrasser de la mentalité de "ceux qui mènent" et de "ceux qui sont menés", aucun Etat n'étant suffisamment puissant pour s'acquitter à lui seul de tous les problèmes, tandis que les tentatives d'imposer aux autres les solutions unilatérales ne font que provoquer la rivalité. Enfin, la troisième condition de l'avancement rapide vers un monde stable est de concerter les activités de la communauté internationale, en particulier dans les domaines du règlement des conflits, de la réduction des armements et de l'établissement de la confiance dans le domaine militaire, dans l'assistance et le soutien des pays qui éprouvent des difficultés dans leur développement.

La solution de tous ces problèmes forme à l'étape actuelle la stratégie de création d'un nouvel ordre mondial, dont la direction prioritaire est le règlement des conflits régionaux et locaux. En ce qui concerne le Moyen-Orient, la Russie apprécie les efforts de paix entrepris par les Etats-Unis, l'Union européenne, la France, l'Egypte et les autres membres de la communauté internationale, et se prononce pour un partenariat toujours plus étroit dans ce domaine. S'agissant de la Bosnie, il est indispensable d'intensifier considérablement l'assistance à la reconstruction sociale et économique du pays et à la création des conditions pour le retour des réfugiés, a déclaré le Ministre. Il faut se former une vision au-delà des accords de Paris. La présence internationale militaire et policière à laquelle participe la Russie doit rester un facteur du processus de paix pour une certaine période après décembre. D'autre part, il faut lever les sanctions contre la République fédérative de Yougoslavie et les Serbes bosniaques et assurer le retour de la Yougoslavie à l'Assemblée générale de l'ONU et aux autres organisations internationales.

Le Ministre a estimé que le programme de désarmement, de sécurité et de stabilité tourné vers le 21ème siècle doit être un des pivots principaux de la stratégie de la période transitoire. L'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est un pas très important dans cette direction. La Russie vient de le signer et espère qu'il sera soutenu par tous les pays membres de l'ONU. M. Primakov a engagé tous les Etats intéressés de commencer un échange d'opinions sur la proposition de M. Eltsine visant à conclure un Traité sur la sécurité nucléaire et la stabilité avec la participation de toutes les puissances nucléaires. Le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires devrait également donner une impulsion à la suppression du trafic illégal des matières fissibles.

Les droits de l'homme devraient former un des axes de la nouvelle conception de sécurité internationale. Cela concerne entièrement le problème de la protection des droits des minorités nationales. A cet égard, la Russie considère que la Déclaration des droits des minorités nationales, linguistiques et autres, adoptée par l'Assemblée générale doit devenir une règle de la vie de tous les Etats Membres.

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Le Ministre a déclaré que le maintien de la paix et de la sécurité internationales demeure la tâche principale de l'ONU. Cependant, l'ONU ne peut avoir recours aux mesures coercitives que dans des cas extrêmes, lorsque tous les autres moyens sont épuisés. La modernisation des mécanismes des sanctions imposées par l'ONU est nécessaire. Estimant que le travail méthodique orienté vers la création d'une nouvelle base légale de la paix s'impose, et que c'est l'ONU qui pourrait l'accomplir, M. Primakov a rappelé que la Russie a proposé de tenir, en 1999, la troisième conférence de la paix dans ce but.

Il a espéré que l'ONU attachera une attention plus grande aux conflits sur le territoire de la CEI. La Fédération de Russie appelle par ailleurs l'ONU à se tourner vers le conflit afghan.

M. MALCOLM RIFKIND, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a indiqué que le transfert pacifique de la souveraineté de Hong-Kong, territoire de six millions de personnes libres et prospères, sera un événement sans égal dans notre époque moderne. Il a rappelé que ce transfert se fera sur la base d'un traité international passé entre deux membres du Conseil de sécurité, qui garantira qu'à partir de 1997, et pendant cinquante ans, il y aura "un peuple deux systèmes" et que "le peuple de Hong-Kong gouvernera Honk-Kong". Le Royaume-Uni continuera d'être attaché à l'avenir de Hong-Kong et à celui de son peuple au cours du prochain siècle. Le Gouvernement chinois s'est montré ouvertement déterminé à préserver la prospérité et la stabilité de Hong-Kong, de même que son style de vie, celui d'une société libre et ouverte fondée sur le règne du droit. Pour le Royaume-Uni, un transfert réussi tournera une page de son histoire. Mais ce sera aussi un nouveau commencement pour ses relations avec Hong-Kong et la Chine. Tant que les promesses de la Déclaration commune seront mises en oeuvre, Hong-Kong aura un avenir brillant, comme partie de la Chine, et en tant que l'une des principales villes du monde, contribuant sensiblement à la croissance et à la prospérité dans la région Asie-Pacifique.

M. Rifkind a observé que les Nations Unies sont le forum approprié pour débattre de la menace mondiale que constitue le terrorisme. Il a indiqué que son pays propose, pour adoption au cours de cette session, une déclaration qui stipulerait sans équivoque que les actes de terrorisme, le financement et la planification de tels actes, ainsi que l'incitation à ceux-ci, sont contraires aux buts et aux principes des Nations Unies. Observant que la lutte contre le terrorisme contribue à construire un monde plus sûr, M. Rifkind a souligné que la signature du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires allait dans le même sens. Indiquant qu'il avait signé ce matin même ce Traité, il a considéré ce texte comme une importante contribution à la prévention de la prolifération des armes nucléaires. Evoquant la crise financière des Nations Unies, le Secrétaire d'Etat a appuyé la réforme de l'Organisation, qui doit notamment passer par une mise à jour approfondie des quotes-parts des

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Etats Membres, de façon à ce que leurs contributions reflètent réellement leur capacité de paiement. Toutefois, tous les Etats Membres doivent rapidement s'acquitter de leurs contributions comme de leurs arriérés. Il convient également de mettre au point dans l'année qui vient une résolution relative aux discussions sur l'élargissement du Conseil de sécurité.

M. Rifkind a rappelé qu'il y a trois mois, les pays du G-7 avaient affirmé leur engagement en faveur d'un partenariat pour le développement, moyen par lequel les pays en développement et développés partageraient une responsabilité en ce qui concerne la promotion de la croissance économique. Il a estimé que les pays en développement devaient, à cet effet, poursuivre leurs politiques de croissance économique. Leur objectif doit être de créer un environnement permettant la floraison du secteur privé, lequel est le moteur de la croissance. De son côté, le monde développé doit lever les obstacles qui entravent l'entrée des économies en développement sur le marché mondial. Des mesures visant à soulager le poids de la dette doivent être mises en oeuvre rapidement et avec souplesse. Il convient en outre de fournir une aide en vue de promouvoir le développement intérieur des pays les plus pauvres, notamment en les aidant à générer une croissance dans l'équité, à développer leurs ressources humaines et à faire face aux besoins sanitaires et éducatifs des plus pauvres d'entre eux. Pour aider les pays en développement, les pays développés doivent également acheter leur production. Pour ce faire, ils doivent démolir les barrières qu'ils opposent à leurs importations. Le protectionnisme est non seulement égoïste mais est aussi le signe d'une réflexion à court terme. La croissance et la prospérité du monde en développement améliorera, en effet à terme la santé des pays industrialisés. La liberté du commerce commence chez soi, par la levée des barrières tarifaires et des autres restrictions à l'importation. Cette levée permettra aux pays en développement de réduire leurs coûts de production, d'augmenter leur efficacité et de promouvoir leurs exportations et leur croissance. Les pays développés doivent libéraliser leurs économies, réduire leur fardeau public et lever toute restriction au libre fonctionnement du marché. Une Organisation revitalisée a un rôle à jouer pour permettre à tous ses membres de recueillir les fruits de leur intégration à l'économie mondiale.

M. ERIK DERYCKE, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a observé que les calamités des temps modernes, telles que les violations des droits de l'homme, les guerres, le sous-développement, le chômage, le trafic d'organes, de drogues, ou encore la prostitution enfantine exigent de la communauté internationale qu'elle mette en place des mécanismes de lutte efficaces. A cet égard, la Belgique estime que les dispositions de la Déclaration et du Programme d'action de la Conférence mondiale contre l'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales doivent se traduire par de nouvelles obligations conventionnelles pour tous les Etats.

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Les négociations en cours pour l'adoption d'un Protocole facultatif à la Convention relative aux Droits de l'enfant paraissent être un forum approprié pour y parvenir. La protection des enfants doit également inciter à une approche créatrice et courageuse dans toutes les autres instances pertinentes des Nations Unies. Le Ministre des affaires étrangères a en outre souhaité qu'une liste des priorités morales soit établie et qu'une nouvelle éthique internationale soit créée, fondée sur les priorités que sont la paix, la non- violence, l'acceptation de l'autre, le partage et la solidarité sociale. Il a préconisé l'inscription de la diplomatie préventive au nombre des priorités essentielles. Il faut, a-t-il poursuivi, vaincre le désespoir et tout mettre en oeuvre pour permettre en particulier, à l'Afrique de connaître l'éclosion de la justice, du progrès social et de la démocratie.

Toujours à propos de l'Afrique, le Ministre des affaires étrangères a exprimé son soutien à l'action que mène le Président Julius Nyerere en Afrique centrale. Cela témoigne de la volonté de la Belgique de collaborer avec l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) et les pays de la région. Dans ce contexte, la Belgique appuie la convocation d'une conférence sur la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs. S'agissant du Burundi, M. Derycke a estimé que les dispositions adoptées le 25 juin et le 31 juillet derniers à Arusha sont susceptibles de renforcer les efforts de normalisation. Concernant le Zaire, il a déclaré que les élections qui se tiendront en 1997 sont pour le Gouvernement belge et l'Union européenne une occasion de manifester leur solidarité dans le cadre de l'effort collectif d'assistance électorale que doivent coordonner les Nations Unies. S'il n'appartient pas à la communauté internationale d'imposer à d'autres pays un système de gouvernement, il convient néanmoins d'insister sur le concept du "good governance".

Le Ministre des affaires étrangères a poursuivi en déclarant que lorsque la diplomatie préventive et le contrôle des armements-autres garanties importantes de la paix- ne suffisent pas, les missions de paix deviennent nécessaires. Pour la Belgique, ces missions représentent une des responsabilités premières des Nations Unies. La multiplication et l'ampleur des opérations de maintien de la paix ont fait évoluer les concepts politiques et donné une nouvelle dimension à la coopération militaire internationale. Le Gouvernement belge espère que l'accord intervenu récemment entre le Comité international de la Croix-Rouge et le Secrétariat général des Nations Unies sur l'applicabilité du droit humanitaire aux opérations de maintien de la paix permettra l'adoption rapide de lignes de conduite à cet effet. La fin de ce siècle est marquée par l'ampleur et l'urgence des opérations de réhabilitation, les interventions et les aides humanitaires, a souligné le Ministre des affaires étrangères. Ces situations de crises exceptionnelles ne doivent pas faire oublier l'importance du développement global et durable. A cet égard, la mise en oeuvre effective des dispositions morales et politiques, arrêtées par les grandes conférences internationales des Nations Unies, s'inscrivent dans le droit fil de la nouvelle éthique internationale que la Belgique appelle de ses voeux.

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M. MATE GRANIC, Premier Ministre adjoint et Ministre des Affaires étrangères de Croatie, a déclaré qu'après avoir traversé la crise régionale la plus grave de l'après-deuxième guerre mondiale, son pays est désormais en position de résoudre ses problèmes nationaux et internationaux par ses propres moyens et sur un pied d'égalité avec les autres membres de la communauté internationale. Il a exprimé son immense gratitude à l'ONU et à ses institutions pour l'aide apportée afin de mettre un terme à la guerre d'agression en Croatie et dans la région. La Croatie a accueilli une des opérations les plus importantes et complexes de maintien de la paix, et a été souvent critiqué à l'égard de l'inefficacité et de l'ambiguïté des mandats de maintien de la paix dans la région. Elle a estimé que son expérience a donné un élan positif à la réforme nécessaire des opérations de maintien de la paix, au travail du Conseil de sécurité et aux modifications des systèmes de politique régionale et de sécurité.

Le Gouvernement croate est très optimiste quant au succès du mandat de l'Administration transitoire des Nations Unies pour la Slavonie orientale, la Baranja et le Srem occidental (ATNUSO). Elle est reconnaissante envers les Etats Membres qui ont soutenu ses appels devant l'Assemblée générale pour le respect du droit international. Les pays qui ont émergé du démantèlement de l'ex-Yougoslavie sont désormais engagés dans la résolution des problèmes communs sur une base bilatérale et à l'aide de contacts multilatéraux réguliers, qui réduisent le recours à la médiation internationale et ne peuvent être remplacés par des associations régionales inutiles et ambitieuses. Dans ces circonstances, la nécessité d'une présence continue des forces de maintien de la paix a disparu. Toute prorogation du mandat de l'ATNUSO en Croatie ne peut que favoriser des retards dans sa mise en place et mettre en danger sa partie la plus délicate, qui est le retour de 80 000 réfugiés non serbes et de personnes déplacées dans la région du Danube. C'est pourquoi le Gouvernement croate demande que le mandat de l'ATNUSO soit exécuté dans les délais. Avec la signature de l'accord de normalisation entre la Croatie et la République fédérative de Yougoslavie, la petite Mission d'observateur de la MONUP (Mission d'observation des Nations unies à Prevlaka) dans la péninsule de Prevalka en Croatie doit également devenir obsolète dans un proche avenir.

Les priorités de la politique internationale et nationale de la Croatie s'orientent désormais vers la compatibilité avec l'intégration au sein des organisations régionales européennes. Elle est également consciente de ses responsabilités en ce qui concerne la stabilisation pacifique de la Bosnie- Herzégovine voisine, dont les croates forment une des trois nations constitutives. Les ressources et la contribution de la Croatie ont permis de réduire de façon significative les coûts de la présence et de l'aide internationales. Un Etat croate économiquement fort peut contribuer de manière importante à la viabilité de la Bosnie Herzégovine. La Croatie est disposée à reconnaître les résultats de tout processus démocratique entre les trois nations constituantes et les deux entités de Bosnie Herzégovine, et donnera son plein appui au succès de la mise en place des accords de Fédération. Toute tentative de modifier la définition constitutionnelle de la

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Fédération est inacceptable pour la Croatie, de même que toute tentative de modifier la situation actuelle des entités par une centralisation excessive de la Bosnie Herzégovine. La Croatie a accepté le fait que les critères établis pour la Croatie dans de nombreux domaines du développement démocratique sont beaucoup plus élevés que pour les autres pays en transition et affirme son engagement envers les valeurs démocratiques.

La Croatie est disposée à contribuer activement aux activités des Nations Unies et aux mécanismes régionaux. Elle suit de près le processus de réforme du système des Nations Unies, et participe à certains de ses aspects. Elle suit avec un intérêt particulier le processus de résolution de la crise financière de l'Organisation, et soutient les efforts effectués afin de trouver un barème des quotes-parts plus équitable pour les Etats Membres qui se trouvent dans des situations exceptionnelles. S'agissant de la réforme du Conseil de sécurité, la Croatie soutient l'augmentation du nombre de ses membres à 25 dans les deux catégories. Une plus grande transparence du travail du Conseil est également essentielle.

La Croatie se félicite du développement de la coopération internationale dans de nombreux domaines, et s'engage à y participer, en particulier en ce qui concerne la création de la cour criminelle internationale.

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