En cours au Siège de l'ONU

AG/535

LE PRESIDENT DE LA COLOMBIE EXHORTE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A ADOPTER UN AGENDA MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE TRAFIC DES DROGUES

23 septembre 1996


Communiqué de Presse
AG/535


LE PRESIDENT DE LA COLOMBIE EXHORTE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A ADOPTER UN AGENDA MONDIAL DE LUTTE CONTRE LE TRAFIC DES DROGUES

19960923 APRES-MIDI AG/535 Les Premiers Ministres de la Norvège, du Maroc et de la Papouasie-Nouvelle-Guinée prennent part au débat général

L'Assemblée générale, poursuivant cet après-midi le débat général qu'elle avait entamé dans la matinée a entendu la déclaration du Président de la Colombie, M. Ernesto Samper Pizano qui a proposé à l'Assemblée générale de définir les paramètres d'une grande "Alliance anti-drogue", en vue d'un Agenda d'action mondiale se fondant sur une responsabilité partagée, l'égalité et une approche intégrée. M. Samper Pizano a également proposé que l'Assemblée générale crée un groupe d'experts chargé d'élaborer un calendrier et un plan d'action pour la mise en place de cet agenda.

L'Assemblée générale a ensuite entendu la déclaration de Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre de la Norvège, qui a annoncé que son pays signera demain le traité d'interdiction complète des essais nucléaires et qu'elle souhaitait à cette occasion célébrer une ère nouvelle de liberté, sans contamination ni prolifération des armes nucléaires. Grâce aux Nations Unies l'interdiction des essais nucléaires fait désormais partie du droit international qu'aucun pays, ayant signé le traité ou non, ne pourra enfreindre à l'avenir. Le Premier Ministre a reconnu que bien souvent en matière de diplomatie préventive le Secrétaire général de l'Organisation avait les mains liées par le manque de ressources financières. Aussi la Norvège se propose-t-elle de créer un Fonds pour l'action préventive, doté de plusieurs millions de dollars par an, qui permettrait le déploiement immédiat d'experts afin de développer une diplomatie préventive active.

Le Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, M. Abdellatif Fillali, intervenant à son tour, a déclaré que la reconduction de M. Boutros Boutros-Ghali pour un second mandat de Secrétaire général constituerait le meilleur garant pour la poursuite des réformes déjà engagées par l'Organisation, et a exprimé l'espoir que toute controverse à ce sujet serait évitée afin de ne pas entraver les travaux de la présente session. Se référant au Sahara occidental, il a réaffirmé la volonté de son pays de mettre en oeuvre le plan de règlement des Nations Unies qui garantit le droit de toutes les personnes issues du Sahara à exprimer leur volonté à travers la participation au référendum. Il a constaté que le plan onusien est arrivé depuis la fin de l'année dernière dans une impasse dont il faudrait sortir dans les plus brefs délais. (à suivre - 1a)

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Lors de son intervention, M. Julius Chan, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a mis l'accent sur la nécessité de réformer et revitaliser l'Organisation des Nations Unies, et plus particulièrement le Conseil de sécurité en respectant le principe de répartition géographique équitable des Etats représentés. M. Chan s'est félicité de la signature du Traité de Rarotonga qui fait du Pacifique Sud une zone exempte d'armes nucléaires tout en regrettant que ce traité n'intègre pas de façon systématique le nettoyage des sites, le versement de compensations et de sources alternatives de revenus pour les habitants de la Polynésie française. Abordant la situation dans la province de Bougainville, M. Chan a indiqué que son gouvernement encourage une réconciliation et reste fermement sur ses positions malgré les efforts de l'armée révolutionnaire de Bougainville.

Pour sa part, M. Seyoum Mesfin, Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie, a déclaré que son pays est déterminé à faire du commerce et des investissements les fondements principaux de la coopération économique et a fait part du désir de voir une coopération plus efficace entre les Nations Unies et l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). Indiquant par ailleurs que le développement durable requiert la paix et la stabilité et que son pays a été récemment en proie au terrorisme d'Etat, il a déclaré que l'Ethiopie ne tolérera pas sur son territoire la mise en place de centres de terrorisme internationaux par des éléments multinationaux.

Le Ministre des affaires étrangères du Pérou, M. Francisco Tudela Van Breugel Douglas, a estimé que pour réformer les Nations Unies, il importe d'appréhender clairement la réalité internationale et d'adapter l'Organisation à cette réalité. Aujourd'hui, a poursuivi le Ministre, l'inadaptation des Nations Unies est plus manifeste que jamais et la reconnaissance des structures supranationales plus largement répandue. Aussi, les Nations Unies seraient mal avisées d'occulter ces nouvelles données qui les poussent à renforcer le Conseil de sécurité et à réformer leurs institutions.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, M. Ernesto Leal a rappelé que son pays jouit désormais d'une plus grande liberté. Dans les moments difficiles, le peuple du Nicaragua a relevé le défi de faire germer une nouvelle culture de paix aidé en cela par les Nations Unies. Il a par ailleurs exprimé sa préoccupation face au phénomène du trafic des drogues et a soutenu la proposition du Président de la Colombie concernant la mise en oeuvre d'un ordre du jour international pour lutter contre ce fléau.

En fin de réunion, le Royaume-Uni, la France, l'Espagne et l'Argentine ont exercé leur droit de réponse.

Au cours de sa prochaine séance plénière, qui aura lieu demain mardi 24 septembre, à 10 heures, l'Assemblée générale poursuivra son débat général. A ce titre, elle devrait entendre les déclarations des Etats-Unis, de la Lettonie, de l'Irlande (au nom de l'Union européenne), de la Fédération de Russie, du Royaume-Uni, de la Belgique et de la Croatie.

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Débat général

M. ERNESTO SAMPER PIZANO, Président de la Colombie, évoquant les quelques 20 000 personnes qui ont péri au cours des dix dernières années dans la lutte que mène la Colombie contre le trafic illicite des drogues a déclaré qu'à présent que la guerre froide est terminée, les Nations Unies et le monde devraient élaborer et développer une stratégie visant à mettre un terme à la plus grande menace qui pèse sur la sécurité et la stabilité, à savoir : les organisations criminelles de la drogue. Alors que nous préparons le XXIème siècle, j'exhorte tous les dirigeants du monde à refléter collectivement et fermement les propositions que la Colombie présente aujourd'hui.

La Colombie préconise l'adoption et la mise en oeuvre un agenda d'action mondiale contre les drogues fondé sur une responsabilité partagée, l'égalité et une approche intégrée. Aux termes de cet agenda qui comprend six points, il importerait de prendre des initiatives économiques et sociales afin de promouvoir le remplacement des cultures illégales. Il faudrait également renforcer le contrôle des trafics d'armes et de précurseurs chimiques et arrêter des mandats précis pour lutter contre le blanchiment de l'argent. De même, seraient conclus, à l'échelle mondiale, des accords de coopération en matière d'espionnage et de contre-espionnage visant le réseau international de trafic des drogues. Parallèlement à ces actions, on veillerait à favoriser la mise en oeuvre de programmes susceptibles de réduire la demande provenant des personnes les plus vulnérables de la société. Le Président, soulignant que dans la guerre contre les drogues et le terrorisme, la coopération judiciaire ne doit connaître aucune frontière, a proposé l'élaboration d'un traité mondial de coopération judiciaire.

M. Samper Pizano a également proposé que l'Assemblée générale crée un groupe d'experts chargé d'élaborer un calendrier et un plan d'action pour la mise en place de l'agenda mondial proposé pour la guerre contre les drogues. Ce groupe devrait être constitué dans les quatre mois. La Colombie se propose d'accueillir la première réunion de ce groupe d'experts. Un examen des progrès réalisés par ce groupe pourrait être entrepris en 1998 dans le cadre d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale, comme l'a proposé le Gouvernement du Mexique.

"J'ai été la cible d'une tentative d'assassinat qui a failli me coûter la vie". Plus récemment, a poursuivi le Président, j'ai été victime de différentes tentatives d'assassinat et mon intégrité a été mise en doute avant qu'un juge ne me lave complètement de toutes les accusations qui pesaient contre moi. Et il y a juste 48 heures, a-t-il ajouté, avant que je ne me rende aux Nations Unies, j'ai été victime d'une troisième tentative. En effet, de l'héroïne a été introduite à bord de l'avion présidentiel dans le cadre d'un complot visant à saper la crédibilité de la Colombie et de son gouvernement démocratiquement élu. Ce complot montre que les organisations

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criminelles de la drogue ont le pouvoir d'infiltrer presque toutes les institutions de notre société, où qu'elles se trouvent dans le monde. "Je suis ici aujourd'hui, devant l'assemblée mondiale, parce que personne ne m'empêchera de présenter les propositions de la Colombie pour lutter contre les organisations criminelles mondiales de la drogue" a rappelé le Président.

Le Président a souligné que le plan d'action qu'il propose doit avoir une dimension mondiale à l'instar du problème lui-même. Le problème ne sera résolu que si chacun et chaque pays, sans exception, assume ses propres responsabilités. Pour ce faire, il importe de définir les paramètres d'une grande "Alliance anti-drogue". Or, jusqu'à présent force est de constater que l'action internationale n'a pas été particulièrement encourageante. Face à cette réalité démoralisante, deux attitudes sont possibles: rejeter la responsabilité sur les autres ou coopérer. Pour sa part la Colombie se prononce sans réserve pour la seconde solution.

M. JULIUS CHAN, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a mis l'accent sur la nécessité de réformer et de revitaliser les Nations Unies compte tenu des mutations constantes que connaît le monde, notamment après le colonialisme et la guerre froide. De nouvelles priorités devraient être envisagées dans les domaines du maintien de la paix, des droits de l'homme et du développement durable, a-t-il souligné. Il a mentionné le fait que les critiques les plus importantes sur l'inefficacité des Nations Unies venaient des Etats les plus lents à verser leurs contributions et qui confondaient les réductions des ressources des Nations Unies avec une réforme véritable. Tout comme les membres du Mouvement des non-alignés, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est aussi convaincue de la nécessité de réformer le Conseil de sécurité afin que la composition de celui-ci prenne en compte une répartition géographique équitable des Etats représentés.

Le Premier Ministre a mentionné les réformes à la fois constitutionnelles et économiques entreprises dans son pays. Tandis que l'aide internationale apporte un soutien nécessaire, la Papouasie-Nouvelle- Guinée s'efforce de mettre l'accent sur une réforme qui lui est propre qui ne laisserait pas de place aux compromis. Son gouvernement est partisan de la réforme de l'Organisation des Nations Unies, car il est capital que le monde puisse être représenté par une organisation qui soit efficace.

En ce qui concerne la sécurité , il a mentionné que cela soulevait des questions plus vastes que la seule défense militaire contre les agressions armées. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a toujours perçu la sécurité collective comme une partie essentielle de la sécurité nationale. La diplomatie doit permettre aux Etats de coopérer afin de maintenir la paix. En ce qui concerne la coopération en matière nucléaire, il s'est félicité, en tant que Président actuel du Groupe avancé mélanésien de l'adhésion de Fidji à ce Groupe. Il a mis l'accent sur la coopération essentielle en matière de contrôle des armes, et a cité le Forum du Pacifique Sud comme en étant un parfait exemple.

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Il s'est félicité de ce que certains pays, en particulier la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui avaient des intérêts nucléaires dans la région, aient signé le Traité de non-prolifération nucléaire du Pacifique Sud (Traité de Rarotonga). Ce Traité n'est pas assez large. Il devrait intégrer de façon systématique le nettoyage des sites, l'établissement de compensations et de sources alternatives de revenu pour les habitants de la Polynésie française. Le Premier Ministre a rappelé que des efforts sous-régionaux et régionaux ont été négociés l'année passée l'Asie du Sud-Est, l'Afrique, l'Antarctique et l'Amérique latine, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée est prête, à la suggestion du Brésil, à participer à l'élaboration d'une zone de non- prolifération nucléaire couvrant la totalité de l'hémisphère sud. Il a rappelé l'importance du Forum du Pacifique Sud qui doit permettre de prévenir et de résoudre les conflits.

Au sujet des changements climatiques, le Premier Ministre a observé que des pays entiers risquent de disparaître. En ce qui concerne Taïwan, il a déclaré qu'il était important d'examiner les options qui lui permettraient de participer au travail des Nations Unies. Au sujet des petits Etats insulaires en développement, il a souligné la nécessité d'une coopération internationale. La Papouasie-Nouvelle-Guinée soutient fermement le Comité spécial des Nations Unies de la décolonisation et, est favorable à la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. Son gouvernement soutient fermement le droit à l'autodétermination. En ce qui concerne la situation dans la province de Bougainville, le Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée encourage une réconciliation et reste ferme sur ses positions malgré les pires efforts de l'armée révolutionnaire de Bougainville (ARB). Son gouvernement s'efforce d'établir une Commission nationale des droits de l'homme.

Mme GRO HARLEM BRUNDTLAND, Premier Ministre de la Norvège, a indiqué que son pays signera, demain, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et qu'elle souhaitait à cette occasion de célébrer une ère nouvelle de liberté, qui soit exempte de contamination et de prolifération d'armes nucléaires. Grâce aux Nations Unies, l'interdiction des essais nucléaires fait désormais partie du droit international qu'aucun pays, ayant signé le Traité ou non, ne pourra enfreindre à l'avenir. Certes cette décennie de négociations a paru une éternité mais sans la persévérance de l'Organisation, le travail n'aurait jamais abouti. Elle a regretté que depuis plus de cinquante ans, les Nations Unies soient toujours perçues de manière injuste, davantage d'après leurs échecs que par leurs succès. Elle a ajouté que les menaces pour la paix sont aujourd'hui moins le résultat d'une confrontation entre grands Etats que de conflits au sein d'un même pays et que l'on fait appel de plus en plus aux Nations Unies lorsqu'il s'agit de conflits internes. Ce faisant, l'Organisation ne possède pas toujours les moyens nécessaires, ni les mandats et la capacité de remplir ses missions de mettre un terme à ses conflits dévastateurs. C'est pourquoi l'Organisation a besoin de plus d'action et de diplomatie préventives, ce qui passe notamment par le développement d'une capacité institutionnelle, juridique et de gestion.

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Son efficacité pourrait être nettement améliorée si l'Organisation envoyait des diplomates de réputation et des missions de soutien dans les "régions à risques". Le Premier Ministre a reconnu que bien souvent le Secrétaire général de l'Organisation a les mains liées par le manque de ressources financières. Aussi la Norvège se propose-t-elle de faire une contribution spéciale aux Nations Unies en créant un Fonds pour l'action préventive, qui sera doté de plusieurs millions de dollars par an et qui permettrait le déploiement immédiat d'experts, ceci dans le but de développer une diplomatie préventive active.

Mme Brundtland a souligné qu'il est indispensable de trouver une solution à long terme en faveur d'une échelle équitable des contributions et du respect scrupuleux des Etats Membres à assurer leurs obligations financières et à s'acquitter de leurs arriérés. Elle a déclaré qu'il était temps pour que la composition du Conseil de sécurité reflète le monde tel qu'il est. Elle s'est prononcée en faveur de son élargissement à l'Asie, l'Afrique et à l'Amérique latine. Elle est en faveur de l'initiative visant à octroyer des sièges permanents à l'Allemagne et au Japon. Le Premier Ministre a déploré la trop grande fragmentation des organes des Nations Unies, notamment dans les domaines du développement durable, de la population et de l'éducation. Il faut une structure plus légère et par conséquent plus efficace pour mettre en pratique ce qui a été décidé aux Sommets de Rio, du Caire, de Copenhague et de Beijing. Les problèmes politiques, humanitaires et du développement durable sont souvent liés, et la structure organisationnelle des Nations Unies devrait refléter ces interactions. Le traité d'interdiction complète des essais nucléaires est l'exemple de ce que les Nations Unies font le mieux et de ce qu'elles doivent continuer à accomplir, car aucun pays, aujourd'hui, ne peut affronter seul les menaces actuelles que sont le terrorisme, la prolifération nucléaire, le crime, la drogue, les maladies et les dommages à l'environnement. Ainsi, aujourd'hui, et cinq ans après le Sommet de Rio, il s'agit de mettre en place la norme établie pour assurer le développement durable. Se félicitant du travail du Tribunal des crimes de guerre, elle a ajouté qu'on ne devait plus autoriser les conflits à aller aussi loin, et qu'il fallait s'attaquer aux racines des problèmes à temps.

M. SEYOUM MESFIN, Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie, a déclaré que le peuple éthiopien est finalement parvenu à la paix et la stabilité durables. Les programmes de réforme économiques ont porté leurs fruits et les résultats dans le domaine de la production agricole sont encourageants. L'Ethiopie travaille actuellement à l'optimisation de ses capacités afin de devenir un partenaire fiable au sein de la communauté économique internationale et attirer les investissements. Rappelant que son pays s'est engagé depuis quelques années à contribuer au maintien de la paix et de la sécurité, il a indiqué que l'Ethiopie a l'intention de remplir ses engagements au niveau régional et international. Il a par ailleurs fait part du souhait de son gouvernement de voir s'établir une coopération plus efficace entre les Nations Unies et l'Organisation de l'Unité africaine. Il a également formé le voeu que les mesures en faveur de l'Afrique prises par les Nations Unies seront mis en oeuvre telles que prévues.

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D'autre part, il a exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la situation en Afrique. En effet, le continent africain est le seul continent où le niveau de pauvreté augmente de façon spectaculaire. Les conflits y sont non seulement plus nombreux mais aussi plus meurtriers. Le Ministre a indiqué que la plupart des conflits civils sont apparus dans le contexte d'une aggravation de la situation économique. La seule solution durable à la crise politique en Afrique est la régénération et le développement du continent. Le développement est le seul moyen préventif pour assurer et maintenir la paix et la stabilité en Afrique, a-t-il insisté. Néanmoins, le développement de l'Afrique restera à l'état de rêve si l'on ne s'attaque pas au problème de la dette. Le Ministre a rappelé que l'Ethiopie est un des pays les moins avancés qui supporte l'une des dettes les plus lourdes. Il s'est néanmoins déclaré encouragé par le sommet du Groupe des 7 qui s'est tenu récemment à Lyon et a exprimé l'espoir que des progrès seront réalisés lors de la réunion annuelle de la Banque mondiale et du FMI.

Il est également vrai que le développement durable requiert la paix et la stabilité, a précisé le Ministre tout en se félicitant des efforts déployés par l'Organisation de l'Unité africaine dans les conflits au Libéria, en Somalie et au Burundi. Il a rappelé que l'OUA a accru ses capacités dans le domaine de la résolution des conflits en mettant en place en 1993, le Mécanisme pour la prévention des conflits. Les conflits ont des conséquences non seulement sur les pays directement affectés mais aussi sur les pays voisins. Notre région qui a vécu une période d'instabilité prolongée et qui a été récemment en proie au terrorisme d'Etat ne tolérera pas la mise en place de centres internationaux de terrorisme par des éléments multinationaux en notre sein, a affirmé le Ministre. Il a rappelé que l'Ethiopie combattra toujours le terrorisme.

M. FRANCISCO TUDELA VAN BREUGEL-DOUGLAS, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a fait remarquer que les membres de la communauté internationale, lorsqu'ils abordent la nécessité de réformer l'Organisation des Nations Unies, soulignent tous sans exception le besoin de se doter de nouveaux mécanismes afin de promouvoir à l'échelle mondiale un développement et une stabilité économique et sociale élargis, mais également pour faire face aux conflits latents et futurs entre et à l'intérieur des Etats. Ainsi, un débat se fait jour sur la possibilité de créer un nouveau Conseil économique et un nouveau Conseil social et de renforcer le Conseil de sécurité. Or, pour mettre en oeuvre ces réformes, il importe d'appréhender clairement la réalité internationale et d'adapter l'Organisation à cette réalité afin de disposer de perspectives prometteuses. Il importe que les Etats, dans le cadre du système des Nations Unies, dépassent leurs activités traditionnelles et s'engagent, de concert, à déployer des efforts afin de répondre à ces nouvelles réalités, pour parvenir à une meilleure représentativité et à une plus grande efficacité.

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Aujourd'hui, a poursuivi le Ministre, l'inadaptation des Nations Unies est plus manifeste que jamais et la reconnaissance des structures supranationales est plus largement répandue. Tout en rejetant le concept simpliste d'un internationalisme pur, le Pérou reconnaît la légitimité d'entités qui agissent aujourd'hui en coopération ou par-dessus la souveraineté étatique. La vitalité de la Communauté andine, de MERCOSUR et de l'Union européenne montre la façon dont devront être appliqués à l'avenir les accords juridiques internationaux. De nos jours, le droit international semble constituer le seul corps de règles capable de répondre aux nouvelles réalités. Pour le Ministre, la réalité nucléaire a, à n'en pas douter, contribué à transformer le concept traditionnel de l'Etat-nation.

La nouvelle réalité amène à affirmer que la souveraineté étatique s'est déjà effacée au profit du droit international. Cela ne signifie pas pour autant que les notions de patriotisme, de patrie et d'histoire nationale soient dépassées. Il y a lieu toutefois de reconnaître que le mythe de l'Etat nationaliste a vécu. Aujourd'hui, un régionalisme ouvert et fonctionnel émerge, apportant des changements considérables qui modifient l'ordre existant. Aussi, les Nations Unies seraient mal avisées d'occulter cette nouvelle réalité qui les poussent à renforcer le Conseil de sécurité et à réformer leurs institutions.

M. ABDELLATIF FILLALI, Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a estimé que l'initiative du Secrétaire général tendant à restructurer les Nations Unies et à renforcer leur rôle est de nature à préparer à la résorption des effets des conflits, à travers la diplomatie préventive, le développement et la réforme des organes de l'ONU et la coordination entre les Nations Unies et les autres organisations internationales. C'est pourquoi, a-t-il déclaré, le Maroc est convaincu que la reconduction de M. Boutros Boutros-Ghali pour un second mandat de Secrétaire général constitue le meilleur garant pour la poursuite de ces réformes. Il a exprimé l'espoir qu'à cet égard, toute controverse sera évitée afin de ne pas entraver les travaux de la présente session. Le Maroc estime, par ailleurs, que toute initiative tendant à élargir et à améliorer les méthodes d'action du Conseil de sécurité requiert davantage de réflexion de façon à aboutir à une représentation équitable de tous les continents. Cependant toute réforme qui ne tiendrait pas compte des difficultés financières que traverse l'Organisation ne peut conduire aux résultats escomptés, d'où la nécessité pour les Etats de régler leurs quotes-parts et les arriérés. Le Premier Ministre a exprimé son souhait de voir le Moyen- Orient devenir une zone exempte de toute arme de destruction massive, particulièrement nucléaire. A cet égard, il s'est félicité de la signature demain du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

Réaffirmant sa foi dans la paix et le règlement des différends par le dialogue, il s'est déclaré convaincu que la récupération des villes de Sebta et Melillia et des îles avoisinantes, encore sous occupation espagnole, ne pourrait se faire qu'à travers le dialogue. Il a déploré en revanche l'arrêt

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du processus de paix entre Israël et la Palestine qui augure d'un anéantissement de tous les efforts déployés pour l'instauration de la sécurité dans la région. C'est pourquoi, il a appelé au respect scrupuleux de tous les engagements pris et à la levée du blocus imposé aux territoires palestiniens et qui frappe même l'envoi de l'aide humanitaire internationale. Il a également plaidé pour l'octroi d'un soutien matériel total à l'autorité palestinienne. Il a, par ailleurs, regretté les derniers développements dans la région du Golfe, qui sont de nature à replonger cette zone dans la spirale de l'instabilité et à reporter l'application de la résolution 986 de l'ONU, pétrole contre nourriture. Après avoir réaffirmé la nécessité du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Iraq, il a regretté les conséquences des mesures imposées à la Libye et qui portent un grand préjudice au peuple libyen. Il a réitéré son soutien total au peuple de Bosnie- Herzégovine et s'est félicité de la mise en place du volet militaire des accords de Dayton et du début de la création des institutions politiques de Bosnie-Herzégovine.

Abordant la situation économique, il a souligné que le déséquilibre économique actuel contient en germe une menace pouvant se traduire par une confrontation entre les Etats. Dans ce contexte, il a renouvelé son accueil favorable à l'initiative du Secrétaire général relative au Plan de développement. Il a exprimé l'espoir que l'objectif tendant à corriger les dysfonctionnements engendrés par la mondialisation sera la première des priorités de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Notant que la situation économique actuelle exige une révision en profondeur du rôle des institutions financières internationales, il a souhaité que la réunion de Singapour de l'OMC, en décembre prochain, soit une occasion pour examiner plus en avant la cohérence des politiques économiques, financières et monétaires. Il a rappelé que le roi Hassan II avait été le premier à proposer en 1994, lors de la tenue de la conférence de l'Uruguay round à Marrakech le lancement d'un plan Marshall pour la promotion de l'Afrique et s'est félicité de l'initiative des Nations Unies pour l'Afrique. S'agissant du Sahara occidental, il a réaffirmé la volonté de son pays à mettre en oeuvre le plan de règlement des Nations Unies qui garantit le droit de toutes les personnes issues du Sahara à exprimer leur volonté à travers la participation au référendum. Il a constaté que le plan onusien est arrivé depuis la fin de l'année dernière à une impasse dont il faut sortir dans les plus brefs délais.

M. ERNESTO LEAL, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, a indiqué que outre le processus de pacification, son pays a entrepris la modernisation de ses institutions avec la privatisation des entreprises publiques, la décentralisation des institutions de l'Etat, la stabilisation de l'économie, le respect des droits de l'homme. Le Nicaragua, à cette fin a adopté des dispositions législatives abolissant l'assassinat, la torture et l'impunité, a-t-il indiqué en outre. Il a souligné que la liberté de la presse est largement exercée au Nicaragua. Le pays a plus de liberté politique que jamais. Dans les moments difficiles le peuple du Nicaragua a relevé le défi de faire germer une nouvelle culture de paix, aidée en cela par les Nations Unies.

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Abordant la question du rôle des Nations Unies, le Ministre a souligné que l'Organisation doit relever le défi de la sécurité collective, l'éradication de la pauvreté, la lutte contre le trafic de drogue, la promotion des valeurs démocratiques. La paix et la démocratie avancent à l'unisson, a-t-il précisé. Citant l'Agenda pour la paix du Secrétaire général, il a estimé que ce document était un outil adéquat d'exercice de la diplomatie préventive. Les Nations Unies connaissent de profondes mutations et cette revitalisation doit rendre l'organisation plus démocratique, surtout en ce qui concerne le fonctionnement du Conseil de Sécurité. La République de Chine à Taiwan se voit refuser cette qualité de membre, a souligné le Ministre.

Il a exprimé sa préoccupation face au déséquilibre économique entre les zones géographiques. Le poids de la dette est insoutenable, les inégalités du système financier international touchent nos économie, a-t-il indiqué. Il a condamné l'attaque menée en Arabie Saoudite et a exprimé sa préoccupation quant au trafic de drogues. Il a soutenu la proposition du Président de la Colombie concernant la mise en oeuvre d'un ordre du jour international pour lutter contre le trafic de drogues. Il a lancé un appel pour que la 3ème Conférence des nouvelles démocraties trouvent l'appui de la communauté internationale. Faisant allusion aux prochaines élections présidentielles, le Ministre a déclaré que Violeta Chamorro a légué un Nicaragua changé en formant l'espoir que son successeur renforcera les acquis.

Droits de réponse

Le représentant du Royaume-Uni, exerçant son droit de réponse, a déclaré qu'il espère que les progrès réalisés dans le dialogue avec l'Argentine sur la question des îles Falkland serviront de base pour une solution prochaine et définitive de la question. Il ne peut accepter cependant ce qui a été dit sur la souveraineté de ces îles et a ajouté qu'il n'y avait aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les îles Falkland. Il a rappelé que la population de ces îles avait été consultée et à cet égard, elle s'était clairement prononcée contre le passage sous l'autorité argentine. Il s'est félicité de la coopération sur la question, notamment en matière de pêches dans l'Atlantique Sud. Il a indiqué qu'une nouvelle session sur cette coopération se tiendra, demain, à New York.

La représentante de la France a indiqué que son pays fait objection aux propos tenus cet après-midi par le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle- Guinée. La représentante a souligné que les populations de la Polynésie française et de Wallis-et-Futuna ont clairement montré leur volonté de faire partie intégrante de la France. Par conséquent, les propos du Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sont sans fondement.

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Le représentant de l'Espagne, se référant aux propos du Premier Ministre du Maroc sur les territoire de Sebta et Mellilia, a rappelé qu'il s'agissait de villes espagnoles dont les habitants sont représentés juridiquement au Parlement européen. Par conséquent, il n'était pas approprié d'établir de parallèle avec la situation de certaines parties de la région à laquelle l'Espagne et le Maroc appartiennent.

La représentante de l'Argentine a rappelé la position exprimée, aujourd'hui, par le Ministre des affaires étrangères de son pays dans le cadre du débat général.

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