AG/534

L'ASSEMBLEE GENERALE ENTAME SON DEBAT GENERAL

23 septembre 1996


Communiqué de Presse
AG/534


L'ASSEMBLEE GENERALE ENTAME SON DEBAT GENERAL

19960923 MATIN AG/534

L'Assemblée générale a entamé ce matin, sous la présidence de M. Razali Ismail (Malaisie), son débat général dans le cadre des travaux de sa cinquante et unième session. Ce faisant, l'Assemblée a entendu la déclaration du Chef du Gouvernement de la Principauté d'Andorre, M. Marc Forné Molné.

Les personnalités suivantes ont également pris part au débat général: M. Luiz Felipe Palmeira Lampreira, Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Philip Muller, Ministre des affaires étrangères des Iles Marshall, M. Guido Di Tella, Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et du culte de l'Argentine; M. Irakli Menagarishvili, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie; M. Venacio de Moura, Ministre des affaires étrangères de l'Angola; et M. Ali Akbar Velayati, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran.

Le Chef du Gouvernement de la Principauté d'Andorre a déclaré que pour lui, c'est la jeunesse qui ouvrira la voie au 3ème millénaire car c'est elle le pilier de la paix et de la justice. Il faut donc accorder la priorité aux politiques touchant la jeunesse. Il a insisté sur la nécessité de mieux informer l'opinion publique concernant le travail et les succès de l'ONU afin de lui garantir l'appui de tous les Etats Membres.

Le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Luiz Felipe Lampreia, a quant à lui, estimé que MERCOSUL et la Communauté des pays lusophones récemment créée, renforcent la crédibilité de leurs membres et aident à faire de ces institutions un instrument de progrès pour le développement économique et social dans le monde. Evoquant le cinquantième Anniversaire des Nations Unies, il a reconnu que sans l'Organisation, le monde aurait été plus violent, instable, dangereux, injuste et cruel, particulièrement pour les plus faibles. Il a ajouté que pour autant, il serait difficile d'affirmer avec la même confiance que le cinquantième Anniversaire a permis de dégager un engagement renouvelé en faveur des Nations Unies et de leur avenir. Il estime que la conclusion du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE) offre à la communauté internationale une occasion historique de mettre un terme à une pratique dépassée.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/534 23 septembre 1996

M. Philip Muller, Ministre des affaires étrangères des îles Marshall, a exprimé, au nom du Forum du Pacifique Sud, sa satisfaction quant à la cessation des essais nucléaires français dans le Pacifique Sud et appelle instamment tous les Etats à ratifier et signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires le plus tôt possible. Il a indiqué également qu'il était important que les pays affectés par les essais aient un rôle à jouer au sein du Comité exécutif composé de 51 membres et a annoncé que les îles Marshall présentaient leur candidature à ce Comité.

M. Guido di Tella, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l'Argentine, a regretté que l'important problème de la souveraineté sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud, Sandwich du Sud et de leur espace maritime ne soit pas encore réglé et que l'Argentine et le Royaume-Uni ne soient toujours pas parvenus à mettre en application les résolutions de l'Assemblée générale et de la Commission de la décolonisation, ni à trouver une solution définitive à cette question par le dialogue.

De son côté, M. Irakli Menagarishvili, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a fait observer que le "séparatisme agressif" constitue le principal obstacle au redressement de la Géorgie et du Caucase. Il a déploré que la réponse apportée par la communauté internationale à ce genre de situation soit presque toujours tardive et par conséquent inappropriée. Une série de mesures est donc indispensable et notamment la définition du séparatisme agressif en tant que phénomène au regard du droit international, l'application de sanctions économiques et la traduction devant un tribunal international des auteurs de crimes contre l'humanité.

S'agissant des activités des Nations Unies, le Ministre a mis l'accent sur la nécessité de poursuivre les réformes entreprises afin notamment de permettre au Conseil de sécurité de répondre de façon appropriée aux défis contemporains.

M. Venancio de Moura, Ministre des relations extérieures de l'Angola, a déclaré au sujet de la réforme du Conseil de sécurité, que la prétention de l'Afrique à y occuper deux sièges au moins est un droit. D'autre part, le Ministre a estimé que l'UNITA n'a pas honoré ses engagements dans le cadre du Protocole de Lusaka et n'a pas respecté les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le Ministre a constaté que celle ci tentait d'imposer des retards stratégiques au processus de paix et à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka.

(à suivre - 1b)

- 1b - AG/534 23 septembre 1996

De son côté, M. Ali-Akbar Velayati, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a déploré que les Etats producteurs et fournisseurs d'armes soient réticents à accepter un désarmement général et complet sous contrôle international digne de foi. Il a également regretté que durant la Conférence sur le désarmement et sur le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, toute référence à un désarmement nucléaire dans un cadre temporel précis se soit heurtée à une forte opposition. C'est pourquoi, l'Iran, de concert avec d'autres pays non alignés, ne signera ce traité que par respect de son engagement à combattre activement les armes inhumaines de destruction de masse.

L'Assemblée générale poursuivra cet après-midi son débat général auquel devraient prendre part la Colombie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Norvège, l'Ethiopie, le Pérou, le Maroc et le Nicaragua.

- 2 - AG/534 23 septembre 1996

Ouverture du débat général

M. LUIZ FELIPE LAMPREIA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, s'est félicité de ce que pour la première fois, l'Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal et Sao-Tomé-et-Principe se présentent à l'Assemblée générale comme membres de la Communauté des pays lusophones, un organe consacré à la coopération et à la coordination politique. Les pays du MERCOSUL se présentent également à l'Assemblée générale forts d'un sens de l'unité renforcé. Le Brésil estime que des institutions telles que MERCOSUL et la Communauté des pays lusophones renforcent la crédibilité de leurs membres et constituent par leur présence dans le monde un instrument de progrès et de développement économique et social. Le Brésil se présente devant la communauté internationale fier de sa présence renforcée dans le monde.

Le cinquantième Anniversaire des Nations Unies a renforcé les espoirs de la communauté internationale; ces espoirs se fondent non seulement sur le passé et les nombreuses réalisations de l'Organisation, mais également sur les perspectives qu'elle a de répondre aux nouvelles réalités et aux nouveaux problèmes. On peut sans risque affirmer que la célébration du cinquantième Anniversaire a été propice dans la mesure où notre réflexion collective a clairement montré que sans les Nations Unies, le monde aurait non seulement été plus violent, instable, dangereux, injuste et cruel, particulièrement pour les plus faibles, qui constituent une proie pour les pouvoirs politiques et les décisions arbitraires. On ne peut, pour autant, affirmer avec la même confiance que le cinquantième Anniversaire a permis de dégager un engagement renouvelé en faveur des Nations Unies et de leur avenir.

Pour sa part, le Brésil s'est acquitté au cours des cinquante dernières années des engagements pris envers la Charte des Nations Unies et envers l'héritage politique, juridique et diplomatique de l'Organisation. La recherche de la paix qui est l'objectif des fondateurs des Nations Unies doit constituer la réponse des différentes régions et groupes de pays aux défis, occasions et risques d'un monde nouveau, dont on dit qu'il est en voie de globalisation". Grâce à la paix, à la coopération, au respect des droits de l'homme et au développement, les Nations Unies peuvent jouer un rôle majeur en veillant à ce que les divisions nées de la guerre froide ne trouvent une nouvelle expression dans l'accroissement des disparités. L'Organisation doit évoluer de façon à pouvoir continuer à jouer avec succès le rôle qu'elle a si souvent exercé par le passé. Elle doit adapter ses structures et ses méthodes de travail, de façon à optimiser ses ressources humaines, matérielles et financières. Le Brésil est convaincu que la réforme des Nations Unies reste réalisable, qu'il est encore possible de garantir que l'Organisation jouera un rôle essentiel au cours de sa nouvelle phase d'existence. C'est pourquoi, il nous faut faire preuve de persévérance et de courage, et par dessus tout, de volonté politique pour faire progresser les discussions sur les questions essentielles à la pertinence des Nations Unies, telles que la réforme du Conseil de sécurité.

- 3 - AG/534 23 septembre 1996

Le Brésil s'est engagé à plusieurs reprises en faveur du désarmement nucléaire et de la non-prolifération des armes de destruction massive. Il poursuit désormais ses efforts afin que l'hémisphère sud devienne une zone exempte d'armes nucléaires. Son gouvernement a également déclaré un moratoire sur l'exportation des mines terrestres antipersonnel. La communauté internationale a placé ses espoirs dans un Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Ces espoirs sont pleinement justifiés. Nous avons une occasion historique de mettre un terme à une pratique dépassée qui a progressivement suscité le rejet et la condamnation de l'opinion publique internationale. C'est pourquoi, le Brésil a été l'un des premiers pays à se porter coauteur de l'initiative australienne de saisir l'opportunité historique qui lui était offerte de présenter le TICE à l'approbation de l'Assemblée générale.

M. PHILIP MULLER, Ministre des affaires étrangères des îles Marshall, au nom du Forum du Pacifique Sud, a déclaré que les changements climatiques représentent un problème d'ordre général qui nécessitent une solution globale. Le Forum demande des actions urgentes à la lumière du second rapport d'évaluation du Comité intergouvernemental sur les changements climatiques et lance un appelle à la communauté internationale pour qu'elle accélère les négociations visant l'élaboration d'instruments juridiques en vue de leur adoption à la prochaine Conférence des Etats parties. Pour cette raison, le Ministre a indiqué que le Forum du Pacifique Sud réitère son soutien au protocole de l'Alliance des petits Etats insulaires qui appel à une réduction plus importante des émanations de dioxyde de carbone dans un temps imparti. Abordant la question du droit de la mer, il a rappelé l'importance que le Forum accorde à l'efficacité du régime juridique international des océans et leurs ressources ainsi que la nécessité de fournir des ressources financières adéquates à l'Autorité des fonds marins. Il a rappelé que les îles Marshall ont offert d'accueillir la seconde consultation de haut niveau sur la gestion et la conservation des ressources de la pêche l'année prochaine.

Abordant les questions de développement, le Ministre a rappelé que les dirigeants du Forum participent à l'examen et à l'évaluation de l'Agenda 21. A cet égard, il a appelé les partenaires au développement à soutenir les efforts déployés par les pays du Forum du Pacifique Sud. Il a mis en garde contre une prolifération d'organisations et de réunions. Les efforts concertés de la communauté internationale doivent se concentrer sur des mesures pratiques qui amélioreraient les efforts entrepris à un niveau régional. Rappelant que l'année 1997 sera celle des Récifs de corail dans le Pacifique, il a formé l'espoir que des progrès quant à la mise en oeuvre des stratégies des zones côtières seront enregistrés. Quant à la Conférence de la Barbade, le Ministre a souligné l'importance d'accorder une attention particulière au Programme d'action. La session extraordinaire de l'Agenda 21, a-t-il souligné, devrait établir les fondements d'une plus grande coopération internationale et stimuler les initiatives nationales et régionales et la mobilisation des ressources pour faire face au besoin des petits Etats insulaires en développement.

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En ce qui concerne les questions nucléaires, le Ministre a exprimé sa satisfaction quant à la cessation des essais nucléaires français dans le Pacifique Sud et a appelé instamment tous les Etats à ratifier et à signer le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires le plus tôt possible. Il a fait part de sa préoccupation au sujet du transport du plutonium et des déchets radioactifs dans la région. Ces transports doivent être effectués dans le respect des règles internationales de sécurité. Le Ministre a indiqué que dans le cadre du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, il est indispensable que les pays affectés par les essais jouent un rôle au sein du Comité exécutif composé de 51 membres. Il a indiqué en outre que les îles Marshall présenteront leur candidature afin d'adhérer à ce Comité. Soulignant que son pays ne pouvait pas régler à lui seul les problèmes médicaux, environnementaux et économiques découlant des radiations, le Ministre a sollicité l'aide de la communauté internationale.

M. MARC FORNÉ MOLNÉ, Chef du Gouvernement de la Principauté d'Andorre, a déclaré que la Principauté d'Andorre se tourne vers l'avenir avec optimisme. Il a rappelé qu'Andorre est un petit pays qui n'a pas le poids politique que donne la force des armes, mais qu'il devrait toutefois être perçu comme un bon exemple, une vision du monde, du fait même qu'il est un pays pacifique. Il a observé que la jeunesse représente le pilier de la paix et de la justice. La population d'Andorre est jeune, et l'énergie, l'idéalisme dont elle dispose constituent une force capitale qui doit être préservée. Il a mentionné les problèmes qui touchent principalement la jeunesse, à savoir, le problème du chômage, du gaspillage et de l'éducation. Il a évoqué le sida, la pauvreté, la faim, la délinquance qui concernent tous les pays.

M. Forné Molné a insisté sur la priorité de la politique touchant les jeunes. Il faut, selon lui, agir principalement dans le domaine de la formation, de l'orientation des jeunes vers des professions avec des débouchés, et leur permettre de mieux s'intégrer dans la société. Il a rappelé l'importance du Programme d'action pour la jeunesse d'ici l'an 2000, adopté par l'Assemblée générale en décembre 1995 qui souligne les priorités de l'éducation, de l'orientation et des soins médicaux. Il a exprimé la nécessité d'encourager un dialogue entre les générations. Il n'est pas question de glorifier la jeunesse au détriment des personnes âgées qui tiennent une place capitale dans la société.

Le Chef du gouvernement d'Andorre a rendu hommage aux jeunes de Bosnie, victimes de la guerre et du nettoyage ethnique. Il a rappelé que, durant la guerre civile espagnole et la seconde guerre mondiale, la Principauté d'Andorre a servi d'asile à de nombreuses personnes fuyant les conflits armés et, de ce fait, elle se sent particulièrement solidaire des jeunes de Bosnie.

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M. Forné Molné a évoqué les opérations de maintien de la paix qui ont considérablement augmenté puisqu'en sept ans on est passé de 9000 à 70000 casques bleus. Si les Nations Unies ont été accusées d'inaction, comme en Bosnie, il faut que les critiques soient faites de manière constructive. Pour lui, des efforts en matière d'information sont nécessaires. Il est capital que l'opinion publique soit tenue au courant, qu'elle comprenne les efforts des Nations Unies en matière de droit international ou de droits de l'homme. Il ne faut pas encourager le cynisme qui alimente le terrorisme. Au contraire, il faut que soient soulignés les succès des Nations Unies que ce soit dans la réduction des conflits, ou dans la mise en place du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Les Nations Unies méritent l'appui de tous les Etats Membres. Il a rappelé que la Principauté d'Andorre, qui signera demain le Traité d'interdiction nucléaire, a été un des pays qui a soutenu la résolution à cette fin, votée à l'Assemblée. Le TICE est selon lui un pas capital vers le désarmement et la non-prolifération nucléaire.

Le Chef du gouvernement a déclaré qu'il était important de continuer à encourager les valeurs de liberté, de justice, de progrès social. La Principauté d'Andorre est prête à coopérer avec les autres Etats Membres. Il faut empêcher que les pays s'isolent. Ils doivent au contraire partager leurs expériences et se sentir solidaires avec les Etats qui ont besoin d'aide. La Principauté d'Andorre a signé et ratifié, il y a moins d'un an, la Déclaration des droits de l'enfant et il est essentiel que l'enseignement de la tolérance et des droits de l'homme commence à l'école.

M. GUIDO DI TELLA, Ministre des affaires étrangères, du commerce international et du culte de l'Argentine, a déclaré que malgré le scepticisme ambiant, de nombreux progrès avaient été accomplis dans le monde notamment dans les domaines de la paix et de la sécurité, de la démocratie, de la non-prolifération des armes nucléaires et chimiques et du développement durable. Ces progrès ont été recensés par le Secrétaire général de l'Organisation promus et diffusés par le biais de ses rapports annuels ainsi que dans l'Agenda pour la paix et l'Agenda pour le développement qui sont autant de documents essentiels à l'interprétation de l'ère post guerre froide. Le Ministre a rappelé que l'Argentine avait également coopéré à ces progrès en participant à la création et au développement de l'Organisation des Etats américains ainsi qu'à plusieurs initiatives spécifiques pour combattre la corruption. Il a précisé que pour l'Argentine, la question du développement durable allait au-delà des discours académiques, car la détérioration croissante de la couche d'ozone dans l'hémisphère sud a un impact réel sur la vie quotidienne des populations du sud de la Patagonie. L'Argentine a donc en coopération avec le système des Nations Unies et d'autres pays de la région, créé cinq stations de contrôle de la couche d'ozone.

- 6 - AG/534 23 septembre 1996

En ce qui concerne la stabilité politique et économique, l'Argentine a tout particulièrement développé MERCOSUR ainsi que le Groupe de Rio qui sont devenus des canaux importants de sa politique étrangère. Lors de la dernière réunion de MERCOSUR, les Etats parties (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) ont rappelé leur attachement à la mise en oeuvre d'institutions démocratiques. A cet égard, l'Argentine estime que c'est là une précondition à l'admission de tout nouveau membre dans le MERCOSUR. Il a fait état, par ailleurs, des accords signés avec le Chili et la Bolivie, en faveur d'un élargissement du système, ainsi qu'avec l'Union européenne pour la création d'un accord cadre interrégional en vue du renforcement des liens économiques, politiques et culturels entre les deux régions.

Le Ministre a indiqué, par ailleurs, que l'intérêt naturel de l'Argentine pour l'Atlantique Sud se manifestait par sa participation à la zone de paix et de coopération de l'Atlantique Sud, dont les membres s'engagent notamment à promouvoir la non prolifération des armes nucléaires et la dénucléarisation. Il a cependant regretté la persistance de l'important problème de la souveraineté sur les îles Malvinas, Georgie du Sud, Sandwich du Sud et de leur espace maritime. Il était incompréhensible, a-t-il insisté, qu'après avoir surmonté leurs désaccords et rancunes, l'Argentine et le Royaume-Uni ne soient toujours pas parvenus à mettre en application les résolutions de l'Assemblée générale et de la Commission de la décolonisation, ni à trouver une solution définitive à la question par le dialogue. "Il ne manque qu'une volonté de s'installer ensemble à une même table", a-t-il ajouté.

Abordant la question des opération de maintien de la paix, il a estimé qu'elles étaient l'un des outils les plus efficaces de prévention de la violence et que son pays leur apportait son soutien total. Il lui est vital cependant d'assurer une transition appropriée entre les opérations de maintien de la paix et les tâches de reconstruction visant à réduire les dommages économiques, politiques et sociaux engendrés par les conflits et à fournir une assistance humanitaire efficace. C'est dans cette perspective, que le Président de l'Argentine, M. Carlos Saul Menem, a proposé la création des "Casques Blancs". Il a ajouté que l'engagement politique des Etats Membres était absolument nécessaire pour que l'Organisation puisse continuer à assurer efficacement des mandats de plus en plus larges et complexes. Parallèlement, il a souligné la nécessité de renforcer l'Organisation par une stricte rationalisation et une réforme, qui est d'ores et déjà en cours. Son pays soutient un système qui sans altérer l'efficacité du Conseil de sécurité assurerait la participation des Etats ayant clairement démontré leur engagement en faveur du respect des principes de la Charte. Par ailleurs, il a estimé qu'il est tout aussi important que le Conseil de sécurité garantisse la plus grande transparence possible de ses débats et de son processus de prise de décision.

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M. IRAKLI MENAGARISHVILI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, après avoir rappelé les nombreux efforts et progrès accomplis par son pays au cours de ces deux dernières années, a néanmoins relevé que le "séparatisme agressif" constituait le principal obstacle au redressement de la Géorgie et du Caucase. Le phénomène qui n'est pas nouveau, n'a cependant attiré que récemment l'attention de la communauté internationale, en raison de sa nature mondiale et de ses conséquences destructrices pour la sécurité internationale. Face à ce problème, la communauté internationale ne peut se contenter de rester un observateur passif. Bien que le droit des peuples à l'autodétermination représente l'un des principes fondamentaux les plus importants du droit international, on ne peut s'empêcher de constater l'usage détourné qu'en font des minorités nationales ou certaines communautés peu nombreuses au sein d'Etats souverains aujourd'hui membres des Nations Unies.

Ce n'est pas, a-t-il déclaré, un hasard si la Géorgie est amenée à évoquer le problème du séparatisme agressif. En effet, il constitue actuellement une grave menace pour la paix et la sécurité internationales et c'est pourquoi elle a déployé d'importants efforts pour inscrire cette question à l'ordre du jour de la communauté mondiale. Elle rappelle que le séparatisme agressif a recours à la purification ethnique comme principal outil de vengeance contre les autres nations et les autres groupes. Ainsi non seulement près de 300 000 citoyens géorgiens ont été expulsés de l'Abkhazie, mais plusieurs milliers d'autres ont été tués, brûlés vifs, pendus ou torturés. C'est là un crime grave contre l'humanité.

La Géorgie regrette que la réponse qu'apporté par la communauté internationale à de telles situations soit presque toujours tardive et par conséquent inappropriée. C'est pourquoi, la Géorgie estime qu'un certain nombre de mesures s'imposent, notamment une définition du séparatisme en tant que phénomène au regard du droit international. Il convient également de décréter et d'appliquer des sanctions économiques et de traduire devant un tribunal international les auteurs de crimes contre l'humanité. Il est évident que le terrorisme international et le séparatisme agressif sont étroitement liés; il faut donc les combattre et à cet égard, il faut espérer que les efforts entrepris par les pays du G-8 en vue d'éliminer le terrorisme international seront couronnés de succès. Par ailleurs la Géorgie appuie pleinement la récente initiative du Président de l'Egypte en vue de la création d'une nouvelle organisation internationale spécialisée consacrée à la lutte contre le terrorisme. Il nous faut également oeuvrer aussi vite que possible à la formulation d'un système ferme de sécurité régionale.

Le Ministre a indiqué que le processus de négociation en vue du règlement pacifique du problème abkhaze lancé sous les auspices des Nations Unies et de la Fédération de Russie se poursuivait et il croyait qu'il était possible de régler le conflit grâce à un processus pacifique de négociations. C'est pourquoi, dans la nouvelle constitution dont s'est dotée la Géorgie, la question de la structure étatique territoriale a été laissée ouverte à dessein et des propositions ont été faites afin que l'Abkhazie jouisse d'une autonomie définie selon les normes internationales les plus poussées en la matière.

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Malheureusement, les efforts de la Géorgie se sont révélés infructueux. La responsabilité de cet état de fait appartient entièrement aux séparatistes. Ceux-ci ont cyniquement ignoré les nombreux efforts de médiation, notamment ceux de la Fédération de Russie et des Nations Unies. La Géorgie estime que le Conseil de sécurité doit désormais examiner et élaborer une série de décisions afin d'éliminer le phénomène destructeur du séparatisme agressif. Le Caucase se trouve aujourd'hui au carrefour de contradictions et d'intérêts politiques, économique et financiers. A cet égard, l'initiative prise au printemps dernier par le Président de la Géorgie en faveur d'un "Caucase pacifique" constitue une base pour la création d'un modèle régional qui pourrait devenir un élément majeur d'un système général et global de sécurité pour l'Europe au cours du prochain siècle.

Se référant aux activités des Nations Unies, le Ministre a mis l'accent sur la nécessité de poursuivre les réformes entreprises afin de permettre au Conseil de sécurité de répondre de manière appropriée aux défis contemporains. Il a réitéré, à cet égard, l'appui de son pays à l'élargissement du Conseil à l'Allemagne et au Japon.

M. VENANCIO DE MOURA, Ministre des relations extérieures de l'Angola, a déclaré que la présente session de l'Assemblée générale devrait s'attacher à résoudre les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales, de la crise économique et sociale qui afflige le monde en développement. Abordant la crise financière des Nations Unies, le Ministre a réitéré le soutien de son pays aux propositions concernant la révision du barème des quotes-parts, la réduction des effectifs du Secrétariat et de certains de ces organes. Certains programmes d'aide au développement et humanitaires sont confiés à des agents extérieurs alors qu'ils pourraient être menés par des agents locaux. Quant à la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a rappelé que son pays s'alignait sur la position de l'Organisation de l'Unité africaine qui demande un élargissement de cet organe sur la base d'une représentation équitable des membres permanents et non permanents. La prétention de l'Afrique à deux sièges au moins est un droit, a-t-il indiqué. Abordant la question des droits de l'homme, le Ministre a souligné que le XXXII Sommet des Chefs d'Etat de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) se tiendra en Angola.

Il a déclaré que la clé du développement économique et social des pays d'Afrique réside dans la promotion et la réorientation de la coopération économique. Nous devons définir aussi rapidement que possible une stratégie générale de développement. Il a réitéré le soutien de son pays aux mesures d'urgence pour l'Afrique entreprises par les Nations Unies. Quant à la dette croissante des pays africains, il a évoqué comme solution, la reconduction de la dette et l'annulation de celle-ci pour les pays les plus endettés. Le renforcement de la coopération Nord-Sud et l'intégration économique régionale sont les moyens d'obtenir un ordre économique plus équitable. Il a également exprimé sa préoccupation quant à la détérioration de la situation alimentaire en Afrique et a préconisé à cet égard une aide spéciale pour la promotion des secteurs agricoles en Afrique et a exhorté tous les pays à ratifier la Convention internationale sur la lutte contre la désertification.

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Précisant d'autre part que plus de 10 millions de mines jonchent l'Angola, le Ministre a précisé que son pays soutenait tous les efforts déployés en vue d'une interdiction complète de la production, de l'utilisation et de l'exportation des mines antipersonnel. Observant également que les conflits en Afrique affectent négativement le développement et la stabilité du continent africain, il a exprimé sa préoccupation quant à la situation en Somalie et a appelé à cet égard au dialogue entre les parties concernées. Il a préconisé un référendum sur la question de l'autodétermination du Sahara occidental. Abordant par la suite, la situation propre à son pays, le Ministre a critiqué la position adoptée par le dirigeant de l'UNITA. Non seulement l'UNITA n'a pas honoré ses engagements dans le cadre du Protocole de Lusaka, mais elle n'a pas respecté les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Elle n'a pas réalisé le casernement de toutes ses forces militaires, elle n'a pas remis son matériel lourd, elle n'a pas intégré tous ses officiers au sein de ses forces armées régulières et continue de faire obstacle à l'incorporation de ses 26 300 hommes au sein de l'armée nationale. Rappelant que l'UNITA a rejeté la proposition de nommer son dirigeant au poste de Vice-Président de la République, le Ministre a estimé que celle-ci tentait d'imposer des retards stratégiques au processus de paix et à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Il a appelé la communauté internationale à faire pression afin que le dirigeant de l'UNITA renonce à la guerre.

M. ALI-AKBAR VELAYATI, Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a estimé que parallèlement à l'expansion des démocraties participatives, un mouvement complexe a émergé tendant à l'autocratie, voire au totalitarisme et ce, à une échelle internationale. Il a ainsi dénoncé la signature au Congrès américain d'une loi allouant des fonds en faveur d'activités subversives et terroristes contre la République islamique d'Iran et l'a qualifiée de manifestation supplémentaire de la volonté américaine de régner sans partage sur la communauté internationale et d'appliquer sa propre législation au-delà de ses frontières. Il a ajouté que la même tendance à la domination d'un pays avait saisi le Conseil de sécurité qui n'a pas su empêcher l'attaque israélienne contre des populations sans défense du Liban. Or, a-t-il insisté la paix au Moyen-Orient passe par une solution juste et complète de la question de Palestine et notamment par le retour de tous les réfugiés palestiniens dans leur pays, l'exercice de leur droit inaliénable à l'autodétermination et la libération des territoires occupés. Ces exemples illustrent la nécessité pour le Conseil d'entreprendre une réforme fondamentale et profonde en modifiant particulièrement son processus de prise de décision. Il a souligné qu'à l'inverse, l'Assemblée générale jouissait d'une crédibilité croissante en vertu de son caractère relativement universel, démocratique et transparent. Il ne faut cependant pas que cet organe suprême de l'Organisation devienne le forum de discussions générales qui ne débouchent sur rien. L'Assemblée générale doit assurer sa place méritée de premier organe de décision en matière des problèmes politiques et économiques fondamentaux qui se posent à l'échelle internationale.

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Abordant la question de la lutte contre le terrorisme, il a réitéré l'engagement pris par son pays de participer à toute tentative sérieuse de coopération complète et régie par le droit afin de combattre et d'éradiquer ce phénomène inhumain. Il a déploré que les Etats producteurs et fournisseurs d'armes soient réticents à accepter un désarmement général et complet sous contrôle international digne de foi. Ainsi des puissances nucléaires ont multiplié les efforts pour empêcher que la Cour internationale de Justice ne rende hors la loi l'usage ou la menace d'utiliser des armes nucléaires. Il a également regretté que durant la Conférence sur le désarmement et sur le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, toute référence à un désarmement nucléaire dans un cadre temporel précis ait fait l'objet d'une forte opposition. C'est ainsi que l'Assemblé a approuvé la signature d'un traité défectueux qui ne reflète pas le consensus international. C'est pourquoi, l'Iran, de concert avec d'autres pays non alignés, ne signera ce traité que par respect de son engagement à combattre activement les armes inhumaines de destruction de masse.

Le Ministre a ensuite indiqué que l'Iran n'avait cessé de prendre et de mettre en oeuvre des initiatives visant à renforcer la confiance régionale, à améliorer le respect des principes du droit international, à créer des zones exemptes d'armes de destruction massive et à consolider la coopération économique. Ainsi l'Iran a essayé d'étendre au maximum les aires de coopération entre les Etats membres de l'Organisation de coopération économique, notamment en Asie centrale et dans le Caucase. Par ailleurs, son pays a assuré un rôle de médiateur dans les conflits en Afghanistan et au Tadjikistan. Le Ministre s'est également félicité de l'établissement et du respect du cessez-le-feu et de la fin de l'occupation des territoires dans le Karabakh. En ce qui concerne la partie septentrionale de l'Iran, son gouvernement s'est toujours attaché à maintenir la sécurité sur ses frontières et à empêcher les infiltrations terroristes, tout en respectant la souveraineté iraquienne et en empêchant les tensions entre les différentes factions kurdes. M. Velayati a, par ailleurs, indiqué, que la récente visite du Président de la République islamique d'Iran en Afrique avait été l'occasion d'un processus de réconciliation entre le Soudan et l'Ouganda conduisant à la signature d'un mémorandum de paix entre ces deux pays voisins. Il a affirmé qu'une évolution positive de la communauté internationale ne s'obtiendrait pas en remplaçant des dictateurs locaux par une tyrannie internationale, mais seulement par des efforts collectifs visant à la réalisation des idéaux et aspirations communs des êtres humains.

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