GA/9093

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT DE LA CINQUANTE ET UNIEME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE, M. RAZALI ISMAIL (MALAISIE)

19 septembre 1996


Communiqué de Presse
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TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT DE LA CINQUANTE ET UNIEME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE, M. RAZALI ISMAIL (MALAISIE)

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Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : Chers collègues, c'est un plaisir pour moi que de souhaiter la bienvenue ce matin au Président de la cinquante et unième session de l'Assemblée générale, l'Ambassadeur Razali Ismail. Vous le connaissez tous. Il a été Représentant permanent pendant plusieurs années. Il a travaillé avec les médias et il a fait preuve d'une grande ouverture à leur égard. À deux reprises, il a travaillé au Conseil de sécurité. Il a été Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC) et Président de la Commission du développement durable, en 1993. Plus récemment, il a représenté l'Asie, en qualité de Vice-Président, au Comité préparatoire du cinquantième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies.

L'Ambassadeur Razali a participé à de nombreuses activités de l'ONU. Il répondra à vos questions. Je voudrais simplement ajouter que nous avons également avec nous aujourd'hui nos collègues de Vienne et de Genève pour participer à une sorte de téléconférence. Des questions seront d'abord d'abord posées à New York, après la déclaration liminaire du Président Razali. Quelques questions seront ensuite posées à partir de Genève et de Vienne — deux questions de Genève et deux questions de Vienne.

Monsieur le Président Razali Ismail, vous avez la parole.

Le Président (interprétation de l'anglais) : Merci beaucoup. Tout d'abord, bonjour New York, et bonjour Vienne ou Genève, ou plutôt bon après-midi, car ce n'est plus le matin là-bas.

Je n'ai pas l'intention de faire une déclaration de plus. Ce serait une erreur que de multiplier les déclarations en moins d'une semaine. Je ne veux pas donner l'impression de faire des sermons de ma tribune, ce que je ne sais d'ailleurs pas faire.

Je vous renvoie à la déclaration que j'ai prononcée à l'Assemblée générale. Vous pourrez en examiner le texte et vous y trouverez un certain nombre d'éléments. Je ne suis pas arrogant au point de penser que c'est là une sorte de déclaration sur l'état de l'Union, mais j'ai travaillé avec ardeur à cette déclaration, car je voulais faire l'esquisse de l'année qui m'attend, du moins sur le plan de mes souhaits. Je n'ai pas trop critiqué l'ONU. Mes vues ne sont pas isolées. D'autres personnes sont d'accord avec moi. Je travaillerai avec la société civile, le processus intergouvernemental, les fonctionnaires du Secrétariat. Je travaillerai avec les gens qui sont d'accord avec moi, pour voir tout ce que nous pouvons accomplir au cours de cette année.

Je ne me fais pas d'illusions quant aux incidences permanentes mais, pendant mon année de mandat, je vais faire de mon mieux.

Je pense qu'on examine minutieusement l'ONU de l'extérieur et certaines des impressions que les gens ont de l'ONU sont plutôt négatives. Il y a donc là des problèmes dont nous devons nous occuper.

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Au cours des années, ce qui est véritablement valide, ce qui est justifié, ce qui est injustifié, fait partie d'une spirale de confusion, et les gens se contentent de matraquer l'ONU, ce qui est déplorable et injuste. L'ONU a fait des réalisations remarquables, mais elles sont oubliées. Par ailleurs, on examine de très près ce qui se passe au Conseil de sécurité et sans accorder suffisamment d'attention aux autres aspects de l'ONU. C'est une organisation d'une telle ampleur qu'il est très facile d'en critiquer tel ou tel aspect.

Néanmoins, il faut prendre en compte que ce sont les gens qui font ces critiques. Elles ne viennent pas seulement d'ici, de l'intérieur, des gouvernements, mais de l'extérieur. Il faut donc agir à ce sujet.

Je pense qu'à bien des égards, c'est l'Assemblée générale qui n'a pas su réagir assez activement ou assez clairement pour expliquer son rôle. Que représente l'Assemblée générale? Que représente ce produit en quelque sorte? Personne ne le sait vraiment bien. Comment peut-on utiliser ce qui se fait à l'Assemblée générale pour servir de caution auprès d'une banque par exemple? Je n'en sais rien moi-même, mais si nous ne pouvons pas apporter de réponses à ces questions, il n'y aura rien à écrire. Vous n'avez pas besoin d'écrire quoi que ce soit, et nous pouvons procéder comme nous le faisons tous les ans. Cela n'a aucun sens et la position de l'ONU ne fera qu'accentuer son déclin, car l'Assemblée générale réunit tout le processus intergouvernemental. Si ce processus ne peut réagir aux besoins et nécessités du monde extérieur, alors ce n'est qu'un exercice ésotérique. Ce que vous faites ici n'est pas répercuté à l'extérieur.

C'est essentiellement ce que j'ai dit dans mon allocution. Lorsque l'on examine l'ONU, il est évident qu'il y a deux choses à conjuguer pour créer une situation idéale; mais en général, ce n'est pas le cas; d'un côté il y a les programmes et de l'autre les principes. Pour nous, à l'Assemblée générale, et dans les grandes Commissions, beaucoup a trait à l'élaboration d'un bon programme. Il y a des principes énoncés dans des sommets, puis il faut des programmes pour concrétiser ces principes. Il faut traduire concrètement ce qui a été dit à Copenhague. Il y a eu des paroles remarquables et importantes prononcées, et j'avais dit à mon gouvernement que l'on pourrait les utiliser comme programme électoral réellement valable.

Mais comment les traduire en éléments concrets et tangibles? Pour certaines raisons, la Troisième Commission n'est pas en mesure de le faire ou quelqu'un n'est pas en mesure de le faire. Pourquoi? Est-ce la fin du voyage pour l'ONU? Est-ce que l'on ne peut que définir et parler de notions et de concepts et se contenter de prescrire des mesures aux pays du Sud et voilà? Non, personne ne va prendre l'ONU au sérieux si elle ne se contente que de cela.

Donc, il s'agit d'un programme et des principes qui doivent être conjugués. Il faut examiner les six commissions principales de l'Assemblée

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générale pour cette année. Aujourd'hui, je vais déjeuner avec les responsables et j'aimerais recenser certains domaines prioritaires dans chacune de ces commissions. Nous pouvons tous les examiner. Vous savez ce que c'est. Si l'on examine la Première Commission, il s'agit du désarmement. Malgré les adversaires en place, peut-on progresser sur la question du désarmement? Peut- on tenir compte des aspirations de l'humanité, c'est-à-dire un monde exempt d'armes nucléaires? Peut-on commencer à se diriger dans cette voie comme processus politique? Quant au Registre international des armes, ne pourrait-on pas passer d'un Registre préliminaire et très simple à quelque chose de plus ambitieux?

Ce sont toutes les questions que les présidents des commissions doivent examiner. Une fois les priorités établies, il faudra qu'ils travaillent en ce sens et ne pas s'occuper de trop de questions à la fois, car, en fin de compte, les résultats seraient trop modestes à la fin de l'année lorsque le travail est terminé. La Première Commission pourrait être ainsi. Ensuite, il y a des questions comme celles de la sécurité politique au Moyen-Orient. Je serais embarrassé si l'Assemblée générale ne pouvait pas se prononcer maintenant au sujet de la promotion et de la protection des accords de paix dans le contexte du développement. Si l'on ne peut pas faire cela, si la politique entrave les contributions favorables au progrès et souligne la nécessité de faire progresser les accords de paix, cela signifierait alors que ce travail a été confié à une poignée de puissances, et ce serait déplorable.

Si tel était le cas, la Première Commission se couvrirait de honte. On devrait pouvoir se prononcer à ce sujet. J'accepte que les politiques du pouvoir interviennent fermement dans toutes nos activités. Mais j'espère que ceux qui prônent une intervention musclée des politiques tiendront compte des principes, car il en va de leurs intérêts que de tels principes soient pris en considération et qu'ils fassent parti d'un tout. J'espère que la société civile soulignera ces questions aux gouvernements intéressés. Quoi qu'il en soit, il s'agit de la Première Commission.

Ensuite, nous avons la Deuxième Commission, je ne sais pas jusqu'où nous pourrons aller. Peut-être pourrons-nous nous pencher sur le commerce, le développement et la dette. Mais ce ne sont pas là des questions au sujet desquelles l'Organisation des Nations Unies a obtenu beaucoup de résultats. D'autres organes statuent : les institutions de Bretton Woods. Mais même en ce qui concerne ces questions, j'ai parlé de la nécessité pour les Nations Unies de devenir l'instrument principal qui chercherait à réaliser une macrocoordination à un niveau élevé — une coordination à l'échelle macro- économique. Les décisions adoptées à Rio de Janeiro, Copenhague et Beijing doivent commencer à avoir un effet direct sur le processus de prise de décisions au Fond monétaire international et à la Banque mondiale, au Comité du développement et au Comité intérimaire. J'espère que les pays du Sud ne s'occuperont pas seulement des ministères de l'environnement, mais que les ministères ayant participé aux conférences de la Banque mondiale prendront le message à ce niveau. C'est la façon de procéder.

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Ensuite, il y a bien sûr la Troisième Commission. La Troisième Commission est l'un des organes qui est le plus efficace, et j'estime qu'il s'agit là du seul organe sur lequel devraient se concentrer les Nations Unies. Elle traite des principes de justice sociale, des personnes marginalisées, d'environnement — toutes les questions qui peuvent susciter un appui de la communauté mondiale. Il s'agit là d'un domaine, me semble-t-il, où les Nations Unies n'ont pas fait suffisamment, n'ont pas porté à un niveau aussi élevé que possible leurs options. Nous voulons donc cette année mettre l'accent sur cet aspect au niveau de la Troisième Commission. L'examen des décisions de Rio est un très bon exemple de point de départ. Cela va se produire l'année prochaine. Nous n'allons certainement pas faire cet examen tout simplement parce que nous avons décidé il y a cinq ans de faire un examen, reproduire la même chose en utilisant de belles paroles pour masquer les défauts, ne rien faire et en revenir assez satisfaits, de sorte que la classe politique pourra rentrer chez elle et faire impression à travers la presse. Cela ne servira à rien. Si les Nations Unies agissent de la sorte, le bien-fondé de l'Organisation sera encore davantage remis en question. Il me semble que l'Organisation des Nations Unies a une occasion en or pour essayer de dégager un schéma de ce que l'on peut faire pour mettre mal à l'aise les gouvernements au sujet du fait qu'ils n'ont pas mis en oeuvre les décisions qu'ils s'étaient engagés à appliquer à Rio. Je ne le dis pas seulement aux pays du Nord — cela s'applique également au Sud. Les Nations Unies ont un rôle particulier à jouer, et j'espère que, s'agissant de cet examen, quelque chose de bon et de concret sortira des Nations Unies.

Bien entendu, il y a un nouveau Groupe de travail. Vous pouvez me poser des questions au sujet du Groupe de travail. Vous me poserez tous des questions sur le Groupe de travail. Je voudrais que cela porte sur une convergence d'idées sur certaines de ces questions. Je ne veux pas entrer dans le détail.

Une autre question est celle des Nations Unies et de ses relations avec le reste du monde — la société civile. Je crois que l'on peut faire beaucoup plus. Lorsqu'on aborde cette question, le secteur privé, la privatisation, l'effet de la mondialisation doivent être pris en considération ainsi que la façon dont on peut faire face au Conseil des affaires internationales et aux autres organes de ce type. Je ne pense qu'il faille seulement agir aux moyens de consultation au sein du Secrétariat ou de groupes de personnes éminentes. Je n'accorde pas beaucoup d'importance à ce genre de chose. J'estime que c'est au processus intergouvernemental des Nations Unies de se concerter avec ces personnes. J'ai pensé ouvrir à ce titre davantage de portes à la société civile. Je crois que la société civile devrait être invitée ici. La société civile ne compte pas seulement les organisations non gouvernementales qui viennent ici pour discuter de telle ou telle question. J'estime qu'elle est beaucoup plus importante.

Lorsque nous parlons de l'ONU et du reste du monde, il faut inévitablement parler des relations de l'ONU avec les États-Unis. Et j'ai

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l'impression que l'ONU et les États-Unis appartiennent l'un à l'autre; c'est inévitable. Et je pense que vous ne pouvez pas dire que les États-Unis n'ont pas besoin de l'ONU. Bien sûr, l'ONU a désespérément besoin des États-Unis, c'est une certitude. Mais les États-Unis ont besoin de l'ONU. Bien que certaines personnes ne semblent pas l'admettre, c'est vrai. Pour moi il est très surprenant que nous soyons ici, à New York, et malgré tout ce que nous faisons, malgré toute cette cacophonie de paroles, de bruits et tous ces discours que nous faisons ici, peu de choses sont relatées dans la presse américaine au sujet de l'ONU. Je ne me plains pas de ce que Barbara Crossette a fait pour moi, je suis plus que flatté d'avoir fait l'objet de deux ou trois mentions, mais pourquoi, pourquoi les médias occidentaux n'ont-ils pas parlé des véritables questions du débat Nord-Sud? Ce sont là les choses qui pourront conquérir les bons sentiments et emporter l'appui de la population américaine. Actuellement, soit on n'en parle pas, soit on en parle de façon erronée. C'est dommage, car si on veut susciter l'intérêt des Américains, ils devraient savoir exactement quel est le débat. Ce n'est pas une simple question du Sud qui demande des fonds au titre de l'APD pour la Malaisie ou n'importe quel autre pays. Cela n'a rien à voir. Je pense que le public américain a beaucoup d'idées fausses au sujet de l'ONU; on pense qu'il s'agit simplement de drainer l'argent américain de Fort Knox vers d'autres pays du monde. Mais ce n'est pas cela du tout. Dans ce cas, les médias se sont fait du tort et ont rendu un mauvais service à l'ONU.

Puis il y a ce problème des affaires courantes ou l'aspect interne des choses. Nous devons être responsables de ce que nous faisons. L'ère des déjeuners et des réunions en retard, toutes ces choses sont révolues. Je vais travailler d'arrache-pied avec mes amis pour essayer d'enterrer tout ce concept de journées passées sans beaucoup se fatiguer aux Nations Unies. Personnellement, je n'accepterai pas de déjeuner qui aille au-delà de 14 h 30 — quel que soit mon hôte, cela m'est égal.

Et je ne permettrai pas que les réunions de l'Assemblée générale soient retardées parce que quelqu'un ou un organe des Nations Unies a quelque chose à faire à 9 h 30. La cérémonie du Traité d'interdiction complète approche. Ils peuvent faire ce qu'ils veulent, mais je commencerai ma séance à 10 h 30. C'est ainsi que ça doit se passer. Je veux dire, tout le monde a participé aux travaux du Bureau hier, tout le monde était d'accord, donc cela doit se faire. Voilà ce dont il s'agit. Et nous avons des dates pour commencer et des dates pour terminer. Il ne devrait y avoir aucune raison de reprendre la session. Si tel est le cas, nous devrions avoir honte. C'est là que le processus gouvernemental doit être examiné de très près, et vous ne devriez pas nous permettre de le faire.

Et il en va de même pour le Secrétariat. Le Secrétariat devrait prévenir le processus intergouvernemental s'il fait fausse route, et c'est à nous de rappeler au Secrétariat qu'il fait fausse route, s'il ne fait pas son travail. Le Secrétariat, si je puis m'exprimer ainsi, est ancré dans les traditions du passé — tout ce qui a été fait depuis 50 ans. Des énergies créatrices

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pourraient être libérées si l'on cherchait ailleurs. Il doit y avoir une autre façon de faire les choses. On me dit : c'est ainsi que nous avons procédé ces 50 dernières années, c'est notre façon de faire. Très bien, c'est important. Mais s'il y a une autre façon de faire, pourquoi pas? Hier il y a eu une réunion du Bureau, on avait prévu trois séances. Je ne me vante pas, mais nous avons fini le travail en une séance. Tout est fait; il s'agissait d'examiner dûment la question de Taiwan; environ 50 pays ont pris la parole, et cela a été fait entre 10 heures et 13 h 30. Où est l'exploit? Merci.

Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : Merci beaucoup. Au Secrétariat, nous attendons avec intérêt de travailler avec le Président Razali, ainsi qu'avec les représentants, sur diverses pratiques qui ont été perpétuées sur la base de précédents.

Question (interprétation de l'anglais) : Au nom des correspondants des Nations Unies, et aujourd'hui au nom de nos collègues de Genève et de Vienne, nous vous souhaitons la bienvenue et nous vous félicitons de votre accession au pouvoir, si je puis m'exprimer ainsi.

Ma première question concerne la relation qui existe entre l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité : Est-ce que vous avez pensé à donner à l'Assemblée générale plus d'informations sur ce que fait le Conseil de sécurité? Comme vous le savez, pendant de nombreuses années on s'est plaint en particulier à ce sujet.

Le Président (interprétation de l'anglais) : Il y a eu des plaintes; les gens se plaignent des relations. Mais personne n'a élaboré une formule sur la façon de procéder. Ces relations entre l'Assemblée et le Conseil constituent une question très délicate. Au sein de l'ONU, c'est le Conseil de sécurité qui exerce un grand pouvoir. Il faudrait faire comprendre au Conseil qu'il est de son intérêt de traiter avec la communauté élargie, l'Assemblée générale.

Il y a, par exemple, l'élection, le choix d'un Secrétaire général. Ce sera une occasion pour l'Assemblée de démontrer sa capacité à jouer un rôle constructif dans le processus de sélection qui prenne en compte l'acceptabilité politique et les qualifications, de façon à ce que la communauté élargie puisse être convaincue qu'elle a examiné minutieusement les qualifications des candidats et qu'elle a joué un rôle authentique dans le choix. Il ne s'agira pas de fumée blanche sortant d'une cheminée. Il s'agit là d'un bon exemple. Il y a d'autres façons d'agir.

S'agissant de la réforme du Conseil de sécurité, nous commencerons — je ne devrais pas le dire en tant que Président, mais j'espère que les relations seront mieux précisées.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur le Président, vous venez de dire de quelle façon l'Assemblée devrait démontrer sa capacité à jouer un rôle constructif, en particulier dans la sélection du Secrétaire

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général. S'agit-il là d'une occasion pour l'Assemblée générale de cesser d'être marginalisée? Comme vous le savez, l'Assemblée générale n'a pas été marginalisée de façon fortuite. En particulier, l'Ambassadeur des États-Unis, Madeleine Albright, a indiqué hier que la définition d'emploi du Secrétaire général a varié entre un administrateur, un diplomate et un homme d'État. Elle a dit que ce dont on avait besoin pour le XXIe siècle était un administrateur chargé exclusivement des réformes. Est-ce votre opinion? S'agit-il là du rôle que vous souhaitez voir jouer par l'Assemblée?

Le Président (interprétation de l'anglais) : L'Assemblée a un rôle à jouer — et je confirme ce que j'ai dit —, un rôle constructif dans le choix du Secrétaire général. Il ne faudrait pas trop se préoccuper de ce qu'a dit Mme Albright. C'est son point de vue et il faut naturellement en tenir compte. Mais je représente — je dois rassembler — les avis d'une vaste communauté de pays. Ce qu'elle dit est important, mais ce que je veux éviter est qu'on considère l'Assemblée comme une instance avalisant ce qu'elle reçoit. Il ne faudrait pas qu'on se contente de confirmer les décisions prises au sujet d'un candidat au poste de Secrétaire général. Je ne pense pas que nous agirons ainsi.

Étant donné l'évolution de cette question, l'Assemblée générale a la possibilité de démontrer sa pertinence dans le processus de sélection. Nous ne proférons pas de menaces. Mais si un grand nombre de pays à l'Assemblée générale estime que la candidature qui est présentée est inadéquate pour une raison quelconque au plan des qualifications, l'Assemblée peut très bien renvoyer la candidature au Conseil de sécurité. Je ne suis pas inflexible. Je respecte les droits du Conseil de sécurité. C'est le Conseil qui détermine cette question, mais nous devons participer aux travaux dès le début.

Question (interprétation de l'anglais) : Mais s'agissant de la description, êtes-vous d'accord pour dire que l'ONU n'a besoin que d'un administrateur et non d'un diplomate ou d'un homme d'État?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Je suis sûr que Mme Albright ne parlait pas d'une seule facette ou d'une seule caractéristique. Il y a beaucoup d'autres éléments à prendre en compte. Ce n'est pas seulement un administrateur.

Question (interprétation de l'anglais) : Avant de passer au processus d'aval — et puisque la question du choix du Secrétaire général a fait l'objet de plusieurs critiques car étant trop vague et trop long — est-ce que l'Assemblée générale pourrait entamer plus tôt un débat à ce sujet, au moins à titre officieux? C'est-à-dire, quel est le genre de Secrétaire général souhaité par les nations du monde en fait élaborer une sorte de profil avant même que le Conseil ne procède au choix effectif?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Je ne pense pas qu'un débat soit utile. Premièrement, il y a des domaines très délicats, et il faut

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respecter les desiderata des Africains. Les Africains ont pris une position, et parlant en tant que Malaisien, je respecte les voeux des pays africains, et même en tant que Président, je pense que l'Afrique devrait avoir un deuxième mandat. Donc il ne faut pas prendre une décision qui irait à l'encontre des souhaits des pays africains pour ce qui est d'un candidat africain qui permettrait à l'Afrique d'avoir, pour ainsi dire, un deuxième mandat.

Mais j'espère que l'Assemblée générale sera consultée très tôt au cours du processus, et si ma vision de l'avenir est juste, ce sera peut-être au mois de novembre. J'attends avec intérêt la présidence de l'Indonésie au Conseil de sécurité. Deux pays asiatiques peuvent travailler utilement pour que l'Organisation des Nations Unies en tire avantage.

Question (interprétation de l'anglais) : Votre prédécesseur, le professeur Freitas do Amaral, a dit que sa priorité absolue était la réforme des institutions relevant de l'Assemblée générale, et il a présidé les quatre groupes de travail qui s'occupent de la réforme. Sa seule ambition était d'élaborer un plan directeur des réformes plutôt que de les faire aboutir. Mais il n'a pas été en mesure de le faire. Est-ce que pour vous la réforme est une priorité élevée? Si oui, est-ce que vous avez l'intention de présider personnellement les groupes de travail? Et si c'est le cas, à votre avis quel est le legs que vous a transmis le professeur do Amaral?

Le Président (interprétation de l'anglais) : J'ai beaucoup d'admiration pour le professeur Freitas do Amaral. C'est quelqu'un qui était étranger au système des Nations Unies; et il est venu ici et en une année il a eu un impact considérable. Il a travaillé d'arrache-pied et s'est mis en rapport avec de nombreuses personnes. Il a abouti à certains résultats avec les différents groupes de travail.

Oui, je voudrais moi aussi travailler avec chacun des groupes, et j'essayerai de les présider. Mais j'ai entière confiance dans les Vice-Présidents concernés. Ce que je voudrais dire est que, pour obtenir des résultats, pour élaborer un ensemble de réformes, que ce soit la réforme du Conseil de sécurité ou le renforcement des Nations Unies, il faut être nombreux à bord. Ce n'est pas une démarche élitiste. Rien aux Nations Unies ne devrait constituer une démarche élitiste. Quand vous parlez du Secrétariat, j'aimerais seulement que les gouvernements et l'administration se concertent très tôt; et alors il n'y aura plus de problème du genre de celui qu'il y a eu récemment à la Cinquième Commission. Cela ne doit pas se passer de cette façon.

J'essayerai de consulter le plus grand nombre de personnes possible, y compris le Secrétariat et les gouvernements concernés, pour voir quel train de mesures pourraient être élaborées, même pour la réforme du Conseil de sécurité. Si on ne peut pas obtenir un consensus, il est possible d'avoir recours à une majorité des deux tiers. À mon avis, il faut aboutir à l'acceptation des résultats. Sinon, année après année, on tourne en rond, et à

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cette allure on détournera l'intérêt du public. Je crois qu'on a encore un ou deux ans pour aboutir à des résultats qui seront décisifs pour les Nations Unies, qu'il s'agisse de la réforme du Conseil de sécurité, du renforcement des Nations Unies, ou des ressources financières. Mais si l'on n'est pas capable de le faire, les gens ne s'intéresseront plus du tout à l'Organisation des Nations Unies.

Question (interprétation de l'anglais) : Certains pensent que toute l'institution doit être réorganisée, et dans vos remarques liminaires vous avez donné de bonnes raisons pour cela. Qu'en pensez-vous?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Je ne pense pas qu'il soit possible de réorganiser les Nations Unies de façon spectaculaire. Si on le fait, alors on rejette le passé. Beaucoup de bonnes choses sont arrivées dans le passé. On reconstruirait de fond en comble. Je pense que les changements aux Nations Unies, à leur propre rythme, seront plus marquants que spectaculaires. Je ne crois pas, par exemple, que la réforme du Conseil de sécurité, soit telle qu'on aura brusquement tout un système de prise de décisions qui soit entièrement différent du système actuel avec les cinq membres permanents. Je ne le pense pas.

Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : Nous allons à présent aller à Genève. J'espère que quelqu'un a une question à poser, si vous m'entendez.

Question (interprétation de l'anglais) : Nous vous entendons, Monsieur. Monsieur Razali, la position officielle de votre gouvernement, est que M. Boutros-Ghali ne devrait pas avoir un deuxième mandat car il aurait échoué en Bosnie. Partagez-vous ce point de vue? Deuxièmement, j'aimerais une précision à propos de la question du Conseil de sécurité. D'après le Gouvernement allemand, vous avez indiqué que vous aviez l'intention de mettre aux voix à l'automne la question de son élargissement. Est-ce exact? Pensez- vous qu'il y aura une majorité suffisante cet automne?

Le Président (interprétation de l'anglais) : C'est une vue de l'esprit que de penser que je mettrai aux voix la question de l'élargissement du Conseil de sécurité cet automne. Il n'y a pas la moindre possibilité de le faire. Je n'ai aucun pouvoir de le faire. Et pour ce qui est des déclarations faites par moi-même ou par mon gouvernement au sujet du candidat sortant, nous les maintenons. Toutefois, je puis vous assurer que ni la position de mon gouvernement ni la mienne ne m'empêcheront en aucune manière de faire jouer un rôle positif à l'Assemblée générale pour ce qui est de choisir un Secrétaire général.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur Razali, dans votre déclaration hier, vous avez parlé de la nécessité d'un leadership stimulant et responsable pour l'avenir de l'ONU. Avez-vous constaté que tel n'avait pas été le cas ces quatre dernières années?

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Le Président (interprétation de l'anglais) : Lorsque je parle d'un leadership stimulant, il ne s'agit pas seulement du leadership du Secrétaire général. Ce qui fait défaut à l'ONU — et c'est une partie de son problème —, c'est le leadership international. Un pays a fait de nombreuses tentatives pour s'en emparer, mais il n'y a pas, aux Nations Unies, de profil constant de leadership international pour ce qui est des grandes questions. Le parcours est toujours en zigzag et extrêmement sélectif si la question est importante en termes de gains politiques à retirer d'un leadership sur le plan national. Les Nations Unies sont devenues une sorte de mistigri que les gouvernements se passent et se repassent.

Mais ce n'est là qu'un aspect de la question. Bien entendu, il faut aussi un leadership stimulant au Secrétariat. Mais il ne faudrait pas qu'un seul homme s'occupe de toutes ces questions. Il y a de nombreuses personnes brillantes. Pourquoi ne pas avoir la pensée latérale? Pourquoi n'y aurait-il qu'une personne au zénith?

Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : Nous allons maintenant entendre la première question de Vienne.

Question (interprétation de l'anglais) : J'aimerais tout d'abord vous féliciter de votre élection à la présidence de la cinquante et unième session de l'Assemblée générale.

Ici, à Vienne, nous espérons devenir le siège de la nouvelle organisation chargée de surveiller le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Quelles sont à votre avis les perspectives pour la mise en place d'une telle organisation? Peut-on imaginer sa création pour l'année prochaine et quelles seront les prochaines étapes du processus de création de ladite organisation?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Eh bien, ma réponse vous prouvera que je ne suis pas un Président infaillible. Je ne connais pas la réponse à cette question; j'admets que je n'ai pas la moindre idée quant à la façon de répondre à cette question. J'essaierai de me renseigner. De toute évidence, il est important que je sache. Je vous remercie d'avoir démontré mon ignorance.

Question (interprétation de l'anglais) : Le Traité sera ouvert à la signature la semaine prochaine, et je crois que le Président Clinton sera le premier à le signer. Une fois le Traité signé, avez-vous une idée du déroulement des événements?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Je sais que le 24, il y aura la cérémonie de signature. Mais, parlant en tant qu'Ambassadeur de la Malaisie, je sais que les choses ne s'arrêtent pas là. Divers efforts doivent être faits pour que tous les gouvernements s'engagent à respecter un

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calendrier. Mais, comme Président, je ne peux pas le dire. Si vous dites que j'ai parlé d'un calendrier, je le nierai.

Question (interprétation de l'anglais) : Que penseriez-vous d'une femme comme Secrétaire général des Nations Unies? Je crois savoir qu'il y a plusieurs candidates.

Le Président (interprétation de l'anglais) : Merveilleux! Que toutes les candidatures se manifestent. Je pense qu'il est temps que tous les candidats se manifestent, où qu'ils se trouvent, et démontrent l'intérêt qu'ils portent à la fonction de Secrétaire général. Le processus est actuellement très calme et tout se fait sans la moindre transparence.

Je souhaite que tout le monde se manifeste et, s'il existe des candidatures féminines, qu'elles s'annoncent. Qu'elles se déclarent. Je ne comprends pourquoi les gens sont si timides et hésitent à brandir un drapeau disant : «Je suis intéressé.»

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez indiqué que vous vous attendez à beaucoup d'activités pour promouvoir le processus de paix au Moyen- Orient. Pouvez-vous développer votre idée?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Jusqu'à présent, l'Assemblée générale a très peu influencé les progrès sur le processus de paix ou sur les questions relatives au Moyen-Orient. Certes, des résolution ont été adoptées, mais je n'ai pas l'impression que nous ayons beaucoup influé sur le processus pour ce qui est des progrès réalisés en vue d'une paix au Moyen- Orient. Il y a quelques années ce n'était pas le cas, mais dernièrement, nous n'avons pas fait grand chose. Je ne dis pas qu'il s'agit nécessairement d'une erreur. Quelquefois, ces choses ne peuvent être accomplies par tant de pays ensemble, mais quelques pays peuvent y parvenir.

Mais en ce moment, alors qu'existe une sérieuse possibilité de voir le processus de paix interrompu ou dévoyé, il est important que les délégués qui viennent ici, et qui représentent leurs pays en tant qu'éléments de la communauté internationale, affirment l'immense valeur du processus de paix et la nécessité de le défendre. Je ne dis rien d'autre.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez parlé de l'an prochain comme échéance de l'examen quinquennal de la Conférence de Rio. Pensez-vous que cet examen quinquennal puisse réellement remettre sur les rails l'application de la Conférence de Rio?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Oh oui. Je pense qu'il ne faut pas être défaitiste à ce sujet. C'est un dossier à propos duquel, si vous bénéficiez d'un soutien grandissant de l'extérieur et si vous l'utilisez correctement, des résultats peuvent être obtenus. Vous pouvez embarrasser les gouvernements en les interpellant et en leur demandant pourquoi ils n'ont pas

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aidé et pourquoi ils n'ont pas honoré leurs engagements. Je pense réellement qu'on peut le faire.

Le Groupe de travail sur l'«Agenda pour le développement» est bloqué parce qu'il ne sait pas où il va. Je pense que si nous pouvions mettre au point quelque chose lors de l'examen de la Conférence de Rio à cette session, nous pourrions en fait renforcer l'«Agenda pour le développement». Si l'on peut faire quelque chose à propos du développement durable en termes d'application, d'identification des ressources et de répartition des responsabilités, pas seulement au niveau national, mais au niveau global — si nous pouvons obtenir un consensus sur certaines de ces choses —, nous pourrions faire progresser l'«Agenda pour le développement» lui-même. Je suis optimiste à ce sujet.

Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : Merci beaucoup, Monsieur le Président.

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