ENV/DEV/379

LE SECRETAIRE GENERAL INSISTE POUR QUE LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE BENEFICIE D'UN SOUTIEN ACCRU

19 septembre 1996


Communiqué de Presse
ENV/DEV/379


LE SECRETAIRE GENERAL INSISTE POUR QUE LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE BENEFICIE D'UN SOUTIEN ACCRU

19960919 NEW YORK, le 15 septembre (Département de la coordination des politiques et du développement durable) — Le Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali affirme que pour consolider et amplifier les progrès considérables réalisés en Afrique au cours des cinq dernières années sur les plans économique et politique, les gouvernements africains et la communauté internationale doivent renforcer leur appui au processus de réforme engagé sur le continent.

Dans un nouveau rapport sur le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, le Secrétaire général note que les résultats économiques des pays d'Afrique se sont nettement améliorés durant la première moitié de la décennie. En 1995, 12 pays africains ont enregistré un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) de 6 % ou davantage, alors qu'en 1992, trois seulement avaient atteint ce niveau. Le Secrétaire général cite d'autres "signes de progrès concrets", mais il ne manque pas de signaler certaines déficiences, notamment la stagnation de l'aide extérieure à l'Afrique, les apports nets d'aide publique au développement étant tombés de 25 milliards de dollars en 1992 à 23 milliards en 1994.

Le rapport a été établi pour le Comité ad hoc plénier de l'Assemblée générale, qui examinera durant une semaine, à compter du 16 septembre, la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour. Dans le cadre de cet examen, le Comité écoutera diverses évaluations des efforts accomplis par les pays d'Afrique et la communauté internationale pour atteindre les objectifs fixés. Il entendra également des propositions visant à améliorer la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour durant les cinq années à venir. L'opinion des gouvernements, des organisations non gouvernementales, des institutions multilatérales et d'organismes régionaux tels que l'Organisation de l'unité africaine sera prise en considération.

"En ce moment critique," affirme le Secrétaire général dans son rapport, la communauté internationale doit "accroître son soutien à ces pays afin de maintenir la dynamique du redressement et du développement durable". Elle doit en particulier accroître le volume et élargir la portée de l'aide et prendre "des mesures supplémentaires décisives" pour résoudre la crise de la dette des pays africains. Elle doit également prendre des mesures concrètes pour aider ceux-ci à s'adapter au nouveau marché mondial.

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Pour tenter de résoudre les problèmes particulièrement difficiles auxquels se heurte le continent africain en matière de développement, l'Assemblée générale a adopté, en décembre 1991, le nouvel Ordre du jour, qui exprime un consensus et fixe le cadre du partenariat entre l'Afrique et la communauté internationale. Ce document a défini les actions complémentaires que les pays d'Afrique et leurs partenaires de la communauté internationale devaient entreprendre dans les années 90 en vue d'atteindre les objectifs de développement prioritaires. Les pays d'Afrique ont décidé de redoubler d'efforts dans des domaines tels que la gestion de l'économie, la coopération régionale, la démocratisation, la promotion de l'investissement, les services sociaux, l'agriculture, l'environnement et la population. Leurs partenaires externes se sont engagés à renforcer ces efforts en apportant l'appui technique et financier nécessaire, notamment par l'augmentation des flux nets de ressources, ce qui comporterait, par exemple, des mesures supplémentaires d'allégement de la dette, et l'ouverture de nouveaux débouchés aux exportations africaines.

Le Comité ad hoc plénier a été créé par la résolution 42/163 de l'Assemblée générale pour examiner le Programme d'action des Nations Unies pour le redressement économique et le développement de l'Afrique, 1986-1990.

Signes de progrès

Dans son rapport sur la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour, le Secrétaire général constate que "la grande majorité des pays d'Afrique ont mis en oeuvre des mesures judicieuses pour parvenir à une croissance et à un développement soutenus et durables". Les mesures en question comprennent une série de réformes politiques et économiques grâce auxquelles on peut observer des signes de progrès :

— Non seulement un nombre croissant de pays d'Afrique ont un taux de croissance du PIB de 6 % ou davantage, mais encore le nombre de pays ayant une croissance négative n'était plus que de trois en 1995, contre 19 en 1993;

— Les pays d'Afrique s'engagent de plus en plus dans la voie de la coopération et de l'intégration économiques aux niveaux sous-régional et régional;

— De nets progrès ont été accomplis en matière de démocratisation et de réforme constitutionnelle; les élections ouvertes à plusieurs partis se sont multipliées, tandis que les efforts s'intensifiaient pour prévenir et résoudre les conflits. Les organisations non gouvernementales ont pris une part plus active aux programmes nationaux de développement, mettant l'accent sur la participation communautaire et les programmes d'entraide;

— En matière de développement économique, les initiatives du secteur privé, national ou étranger, sont aujourd'hui plus encouragées;

— Les gouvernements ont entrepris des réformes pour relancer le secteur agricole et permettre aux catégories les plus pauvres de se procurer plus facilement des denrées alimentaires; ils ont également lancé des programmes visant à protéger l'environnement et régler les questions relatives à la population.

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Questions critiques

Le Secrétaire général consacre une grande partie de son rapport à une série de recommandations destinées tant à l'Afrique qu'à la communauté internationale, en vue d'accélérer l'exécution du nouvel Ordre du jour durant les cinq années à venir. La responsabilité principale du développement incombe aux Africains; les dirigeants du continent doivent comprendre que "l'avenir de l'Afrique est entre leurs mains".

Pour consolider le processus de démocratisation et améliorer la gestion des affaires publiques, le Secrétaire général recommande aux pays d'Afrique de promouvoir une plus large participation populaire aux processus de prise de décisions, de favoriser l'apparition d'une société civile forte et sûre d'elle-même, de garantir l'indépendance des médias et d'assurer la primauté du droit grâce à un système judiciaire objectif. Ils devraient également créer des mécanismes propres à maintenir la stabilité politique et à prévenir ou résoudre les conflits.

Pour ce qui est du renforcement des capacités, les pays d'Afrique doivent améliorer les systèmes de soins, intensifier leurs efforts pour que tous aient accès à l'éducation primaire et aux programmes d'alphabétisation, intégrer les politiques en matière de population à leurs stratégies de développement, s'attaquer au problème du chômage et donner aux femmes les moyens de participer pleinement au processus de développement.

En ce qui concerne la mobilisation des ressources au niveau national, le Secrétaire général propose des mesures pour restructurer la fiscalité, maîtriser les dépenses publiques, accroître l'épargne privée et attirer l'investissement intérieur et étranger. Pour augmenter les rentrées du continent, les pays d'Afrique doivent relancer le commerce extérieur et diversifier leurs économies, de manière à rompre leur dépendance vis-à-vis d'un petit nombre de produits de base. Ils doivent également s'employer à renforcer les institutions régionales et sous-régionales.

Notant que le nouvel Ordre du jour pour l'Afrique met l'accent sur les principes de "partage des responsabilités et de partenariat à part entière" entre l'Afrique et la communauté internationale, le Secrétaire général énumère également un certain nombre de domaines dans lesquels les partenaires de l'Afrique devraient renforcer l'appui qu'ils lui apportent aux fins du développement.

Durant la première moitié de la période que couvre le nouvel Ordre du jour, "les apports financiers des donateurs sont restés à un niveau inférieur à ce que l'on attendait". Néanmoins, "il faut absolument accroître le volume et le degré de libéralité de l'aide au développement en faveur de l'Afrique", étant donné que les difficultés économiques auxquelles se heurtent de nombreux pays les empêchent de bénéficier de crédits privés. Par ailleurs, les donateurs devraient "réorienter les apports vers les programmes prioritaires en matière de développement", privilégier les formes d'aide non génératrices d'endettement, lier l'aide humanitaire et l'aide au développement, et mieux coordonner leurs divers programmes d'aide.

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Le problème de la dette et le commerce exigent des efforts supplémentaires

Si l'on a quelque peu progressé vers une solution du problème mondial que représente la crise de la dette, note le Secrétaire général, les progrès ont été moins sensibles dans les pays à faible revenu, notamment les pays d'Afrique, où le service de la dette extérieure absorbe près d'un cinquième de l'épargne moyenne. Il faudrait encourager les banques commerciales à accepter un rabais plus important lors des opérations de rachat et fournir des ressources supplémentaires au Fonds de désendettement de la Banque mondiale destiné aux pays à faible revenu. Il faudrait également inciter le Club de Paris (créanciers publics) à améliorer les conditions qu'il offre pour réduire la dette publique bilatérale, et inciter la Banque mondiale et le Fonds monétaire international à mettre en oeuvre les propositions récentes sur l'allégement de la dette multilatérale, qui représente aujourd'hui près de la moitié des obligations de l'Afrique en matière de service de la dette.

Les accords issus des Négociations d'Uruguay sur le commerce international offrent des possibilités à long terme pour les exportations africaines en élargissant l'accès des produits africains aux marchés mondiaux, mais ils sont susceptibles d'avoir des conséquences négatives à court terme, car les pays d'Afrique perdent leurs préférences commerciales sur les marchés européens et sont exposés à payer des factures plus élevées d'importations vivrières. Le Secrétaire général demande instamment que l'on adopte des mesures compensatoires appropriées, notamment des réductions supplémentaires des droits de douane perçus sur les exportations africaines et une aide à l'importation de produits alimentaires. En outre, il prie les pays donateurs d'aider à "financer la phase préparatoire de diversification des produits de base dans les pays d'Afrique".

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