ONG/77

LA 49EME CONFERENCE DES ONG/DEPARTEMENT DE L'INFORMATION SE PENCHE SUR LE FINANCEMENT DES ACTIVITES DES NATIONS UNIES

12 septembre 1996


Communiqué de Presse
ONG/77


LA 49EME CONFERENCE DES ONG/DEPARTEMENT DE L'INFORMATION SE PENCHE SUR LE FINANCEMENT DES ACTIVITES DES NATIONS UNIES

19960912 MATIN ONG/77 Le retour à la stabilité financière dépendra du succès de la réforme en cours et de l'attitude américaine

La quarante-neuvième Conférence annuelle des organisations non gouvernementales/Département de l'information, poursuivant ce matin ses travaux entamés le 10 septembre, a abordé la question du financement des activités de l'ONU. Les intervenants ont estimé que le retour à la stabilité financière de l'Organisation dépendra de la réforme profonde qu'elle a entamée et de la volonté des Etats de s'acquitter de leurs obligations, et plus particulièrement de l'attitude américaine au cours des prochains mois. Le Modérateur de la séance, Mme Barbara Crossette, correspondante du New York Times à l'ONU, a présenté les différents orateurs.

Au cours de son intervention, M. Joseph E.Connor, Secrétaire général adjoint pour l'administration et la gestion, dressant un bilan de la trésorerie de l'ONU, a estimé qu'il n'aurait jamais fallu créer une organisation de la taille des Nations Unies sans le doter d'un capital et de fonds propres. Cela ne pouvait que mener à une catastrophe. Le budget ordinaire annuel de l'Organisation s'élève à 1,3 milliard et celui des opérations de maintien de la paix à 1,2 milliard de dollars. En comparaison, les contributions non payées en 1996 s'élèvent à 2,9 milliards de dollars. Quelques Etats importants ne se sont pas acquittés de leurs contributions, alors que plus de 90 Etats Membres qui participé aux opérations de maintien de la paix attendent depuis des mois d'être remboursés. Ainsi à eux seuls les Etats-Unis doivent 73% des sommes non acquittées au titre du budget ordinaire et 55% de celles concernant le budget des opérations de maintien de la paix.

M. Connor a fait valoir, qu'à ce stade, la structure des coûts des Nations Unies est assez bien maîtrisée. La croissance zéro du budget, compte tenu de l'inflation aux Etats-Unis et du taux de change du dollar, signifie que l'Organisation a du générer près de 650 millions de dollars d'économies. Ainsi le budget de 1999 sera identique à celui de 1994. L'ONU poursuit des efforts afin d'améliorer sa productivité, efforts dont les résultats devraient porter leurs fruits au cours des deux prochaines années, si nous survivons, a toutefois conclu M. Connor.

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A son tour, M. Ernst Sucharipa, Représentant permanent de l'Autriche auprès des Nations Unies, Vice-président du Groupe de travail sur la situation financière de l'ONU, a estimé que l'Organisation ne peut éluder le problème du non-paiement des contributions par les Etats Membres. Le barème des quotes- parts actuel n'est sûrement pas le système le plus équitable. Ainsi, il ne tient pas compte des progrès économiques considérables qu'ont connus les pays de l'Asie du Sud-Est. Le représentant a regretté que l'absence de remboursement des pays contributeurs de contingents pour les opérations de maintien de la paix pousse ceux-ci à s'abstenir de mettre à disposition de l'ONU d'autres contingents pour de nouvelles opérations. Il importe désormais que le système de financement tienne davantage compte de la réalité économique mondiale. Pour ce faire, le barème des quotes-parts devrait être réévalué régulièrement. Le système devrait également consacrer la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité qui, seuls, grâce à leur droit de veto, peuvent s'opposer au lancement d'une nouvelle opération de maintien de la paix. Il convient désormais de clarifier la situation de l'Organisation. Ceci dépendra largement de la volonté des Etats-Unis de s'acquitter de leurs arriérés.

M. José Alvarez, Professeur de droit à l'Université du Michigan, a estimé que la situation difficile dans laquelle se trouvent les Nations Unies s'explique par de nombreuses raisons, à commencer par la mauvaise presse qui leur est faite, notamment par les organes d'information américains. Selon lui, les responsables politiques américains ne sont pas non plus exempts de reproches. La contribution des Etats-Unis figurant au budget du Département d'Etat se retrouve en concurrence avec d'importantes priorités américaines telles que la lutte contre le trafic des drogues. Les citoyens américains sont peu intéressés par la situation de l'ONU et par conséquent, il n'existe pas de groupes de pression au Congrès susceptible d'influencer la politique étrangère américaine. Nombreux sont ceux qui estiment que les Etats-Unis doivent résoudre leurs problèmes internes maintenant que la guerre froide est terminée. Il y a également une méfiance vis-à-vis du gouvernement et une aspiration à décentraliser ses pouvoirs. Pour sa part, le Congrès américain, qui détient les cordons de la bourse, souhaite plus que jamais museler le pouvoir des Nations Unies.

M. Robert Fowler, Représentant Permanent du Canada, a rappelé l'affinité entre son pays et l'ONU, même si certains Canadiens semblent adhérer aux critiques contre les Nations Unies diffusées par les médias américains. La crise de l'ONU n'est pas une crise financière mais bien et exclusivement une crise politique due à l'érosion des objectifs de l'Organisation. En effet, il n'a jamais été dit que les Etats-Unis n'ont pas les moyens de régler leurs arriérés. Le montant des arriérés des Etats-Unis représente le dixième de la somme accordée au Pentagone par le Congrès. Il faut noter que les contributions les plus importantes sont désormais versées par des membres non permanents du Conseil de sécurité. De véritables anomalies existent pourtant dans le barème des quotes-parts. Une érosion dans les idéaux de la Charte semble également être perceptible et est à l'origine de la situation actuelle. M. Fowler a indiqué que malgré tout, les Nations

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Unies sont une bonne affaire pour les Etats-Unis étant donné que 47% des contrats d'achat reviennent à des entreprises américaines. De même, l'ONU apporte environ 3 milliards de dollars à la ville de New York.

Reprenant la parole, M. Connor a déclaré qu'un consensus s'était développé au Congrès pour éviter toute campagne contre les Nations Unies dans les programmes électoraux. Toutefois, ce sont des chèques modestes de citoyens qui ont entraîné cette réaction. L'Organisation est très efficace en tant qu'elle rappelle les grands idéaux de l'humanité. Elle a permis la tenue de grandes conférences qui sont les moyens d'expression des plus démunis. L'aspect financier n'est qu'un symbole de l'échec des Etats Membres d'accepter pleinement les responsabilités de l'Organisation.

Mme Annette des Iles, Représentante Permanente de Trinité-et-Tobago, a indiqué que l'ONU dépend entièrement de la volonté des Etats membres de s'acquitter leurs arriérés. L'idée de lier le recrutement et l'achat de biens et services dans les pays débiteurs au paiement des arriérés a été évoquée. A long terme, il faudra mettre plus de sérieux dans la réflexion sur de nouvelles voies de financement des Nations Unies.

M. Ernst Sucharipa a déclaré que le bon fonctionnement de l'Organisation dépend aussi de l'appui des Etats-Unis. Il faut en effet constater que paradoxalement, un appui certain en faveur des Nations Unies existe bel et bien aux Etats-Unis, y compris au sein de cercles influents, comme celui du monde des affaires.

La 49ème Conférence consacrera cet après-midi, à partir 15 heures, sa dernière séance à l'examen du thème "visions pour l'avenir".

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