ECOSOC/319

LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL EXAMINE L'ASSISTANCE ECONOMIQUE SPECIALE, L'AIDE HUMANITAIRE ET LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE

19 juillet 1996


Communiqué de Presse
ECOSOC/319


LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL EXAMINE L'ASSISTANCE ECONOMIQUE SPECIALE, L'AIDE HUMANITAIRE ET LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE

19960719 MATIN ECOSOC/319 Réuni ce matin sous la présidence par intérim de M. Carlos Dante Riva (Argentine), le Conseil économique et social a examiné, dans le cadre du point relatif aux questions sociales, humanitaires et droits de l'homme, rapports des organes subsidiaires, conférences et questions connexes, les questions liées à l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe et au Haut Commissariat pour les réfugiés. Dans ce cadre, il a entendu M. Yasushi Akashi, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur l'aide humanitaire et le rapport sur l'assistance à Madagascar et à la Somalie. Dans sa présentation, M. Akashi, a indiqué qu'on compte actuellement 50 millions de personnes qui ont besoin de l'assistance humanitaire, résultat de presque 50 crises dans le monde. La tâche est complexe. C'est pourquoi, la coordination est essentielle au succès de l'action menée dans ce domaine. Toutefois, l'action humanitaire ne peut se substituer à l'action politique. L'assistance humanitaire doit être fournie, en coopération avec les efforts de la communauté internationale pour stabiliser les sociétés menacées, réduire la vulnérabilité et reconstruire les communautés détruites. M. Akashi s'est déclaré convaincu que le processus d'examen et de renforcement de la capacité du système des Nations Unies dans le domaine humanitaire sera conclu au début de l'année prochaine.

Le Conseil économique et social a ensuite entendu la présentation des rapports du Secrétaire général sur l'assistance pour la reconstruction et le développement au Liban et sur l'assistance pour la réparation des dommages de guerre au Yémen, faite par M. Awni S. Al-Ani, Chef de la Division I des programmes de pays du Bureau régional pour les Etats arabes.

Pour sa part, M. Leonardo Franco, Directeur par intérim du Bureau de liaison du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), a présenté le rapport sur la situation des réfugiés, personnes déplacées et retournées en Afrique. Il a indiqué qu'en dépit de la gravité de la situation et de l'urgence des besoins, des signes alarmants de "fatigue" se manifestent dans les pays d'asile ainsi que parmi la communauté des donateurs. L'action du HCR est toutefois tributaire de l'appui qu'il reçoit de diverses organisations, institutions et organisations non gouvernementales.

La Directrice adjointe du Bureau du Programme des Nations Unies pour le développement, chargé de la lutte contre la désertification soudano-sahélienne (BNUS), Mme Sissel Ekaas, a soumis une série de recommandations au Conseil, concernant l'assistance des zones de sécheresse de Djibouti, d'Ethiopie, du Kenya, de la Somalie, du Soudan et de l'Ouganda.

Le Conseil économique et social a ensuite entendu les représentants des pays suivants : Irlande (au nom de l'Union européenne), Liban, Canada, Azerbaïdjan, Nicaragua et Arménie.

Par ailleurs, le Conseil économique et social a pris note des rapports suivants, présentés oralement : assistance à Madagascar, à la Somalie et au Yémen; assistance aux réfugiés, personnes déplacées et retournées en Afrique; assistance aux zones de sécheresse de Djibouti, d'Ethiopie, du Kenya, de la Somalie, du Soudan et de l'Ouganda. Il a également pris note du rapport du Secrétaire général sur l'assistance pour la reconstruction et le développement du Liban, ainsi que du rapport du Haut Commissariat pour les réfugiés.

Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux cet après-midi, à partir de 15 heures. Il devra examiner les questions relatives à la promotion des femmes et au développement social.

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Questions sociales, humanitaires et droits de l'homme: Rapports des organes subsidiaires, conférences et questions connexes

Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe

Le Conseil économique et social est saisi de deux documents:

-- Un rapport sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies (E/1996/77), dans lequel il est rappelé que, par sa résolution 1995/56 du 28 juillet 1995, le Conseil économique et social a reconnu la nécessité d'examiner et de renforcer les capacités du système des Nations Unies en matière d'aide humanitaire. Le Conseil a prié le Secrétaire général de présenter à sa session de fond de 1996, en étroite collaboration avec les institutions compétentes du système des Nations Unies, un rapport approfondi, présentant des solutions possibles, des propositions et des recommandations pour un examen et un renforcement de tous les aspects de la capacité du système des Nations Unies en matière d'aide humanitaire. Le présent rapport fournit une mise à jour des progrès réalisés dans l'application de la résolution 1995/56 du Conseil économique et social ainsi que de la résolution 46/182 de l'Assemblée générale.

L'action humanitaire se trouve à la croisée des chemins, note le Secrétaire général. La multiplication des conflits et des exodes oblige la communauté internationale à prendre des mesures sans précédent sur le plan humanitaire. La situation nouvelle et en particulier le fait de travailler dans des conditions instables et peu sûres, avec toutes les conséquences qui en découlent, ont fortement influencé la façon dont les organisations humanitaires conçoivent le rôle qu'elles sont amenées à jouer et leur action sur le terrain. Ces changements ont permis de comprendre que les situations de crise complexes ne sont pas un "dérapage" dans le processus linéaire du développement, mais sont provoquées ou exacerbées par la manière dont la société est organisée, dont les questions de légitimité et l'administration publique sont considérées, et la mesure dans laquelle les groupes et les individus sont touchés par la pauvreté et les disparités. De plus, l'aide humanitaire s'inscrit généralement dans un contexte politique et, bien trop souvent, elle est la seule réponse efficace que puisse apporter la communauté internationale à une situation de crise, lorsque la volonté politique ou les ressources qui permettraient d'en éliminer les causes profondes font défaut.

L'aide humanitaire coûte cher. Sa raison d'être ne saurait être contestée : il importe d'assurer la survie des individus et des groupes touchés par les situations d'urgence ou les catastrophes. Alors que la situation mondiale actuelle se caractérise par l'augmentation des besoins et la diminution des ressources affectées à l'aide internationale, la communauté des donateurs doit opérer des choix difficiles lorsqu'il s'agit de répondre à des situations d'urgence "silencieuses" ou à des situations à fort retentissement, ou de privilégier l'aide d'urgence par rapport à la reconstruction et au développement à long terme. De plus, affirme le

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Secrétaire général, bien que l'on s'accorde à reconnaître qu'il vaut mieux prévenir que guérir, la dure réalité de notre monde veut que l'on ne dispose que de ressources minimes pour s'attaquer aux facteurs susceptibles d'entraîner une catastrophe, et pour appliquer des solutions à long terme.

Il est encore hasardeux de prédire l'orientation future des opérations humanitaires. Etant donné l'évolution permanente de la conjoncture, de nouveaux acteurs, tels que les militaires, ont fait leur apparition sur la scène humanitaire, et des tâches d'un type nouveau, dont le déminage, la démobilisation et la réinsertion des soldats, ont dû être entreprises. Le cloisonnement qui, dans le passé, caractérisait les opérations humanitaires cède la place à des synergies nouvelles : des notions essentielles telles que "secours", "relèvement", "reconstruction" et "développement" doivent être continuellement redéfinies. Dans de nombreuses situations d'urgence complexes, ces distinctions sont inutiles : elles ont tendance à se recouvrir et à estomper le fait qu'en situation de crise prolongée ou de conflit de faible intensité, il est très souvent possible de répondre à la fois aux besoins en matière de secours et de relèvement et, dans certains cas, en matière de développement. En effet, on s'accorde aujourd'hui à reconnaître qu'il s'agit là de la meilleure marche à suivre : la clef du succès est d'ensemencer le terrain en vue du développement tout en répondant aux besoins humanitaires.

La réforme est à l'ordre du jour. Il est apparu nécessaire de revoir les dispositions institutionnelles en vigueur dans le domaine de la fourniture et de la coordination de l'aide humanitaire. Les institutions des Nations Unies, de même que les instances gouvernementales ou non gouvernementales concernées, ont entamé un dialogue visant à identifier les difficultés et les déséquilibres du système, et à les corriger en conséquence. Le Comité permanent interorganisations et le Fonds central autorenouvelable d'urgence sont des innovations positives. Des mémorandums d'accord et autres instruments à caractère technique ont permis de préciser les mandats et d'améliorer la communication entre des acteurs de plus en plus nombreux. Cependant, il subsiste, dans quelques domaines, des lacunes qui doivent être comblées. Ces lacunes concernent notamment la prévention, la planification préalable et la planification des interventions d'urgence; les ambiguïtés du concept même de coordination; les ressources dont le Département des affaires humanitaires a besoin; ainsi que la responsabilité, qui laisse fortement à désirer.

La capacité de la communauté internationale de répondre aux urgences d'ordre humanitaire et aux catastrophes naturelles dépendra en définitive de l'efficience des différents éléments du système et de la façon dont ceux-ci, qu'ils fassent partie ou non du système des Nations Unies, agissent en coopération avec les autres. Il convient d'agir en synergie, sans quoi le système ne sera jamais en mesure de répondre avec l'efficacité et la rapidité souhaitables.

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-- Le rapport du Secrétaire général relatif à l'aide à la reconstruction et au développement du Liban retrace l'évolution de la situation générale et économique dans ce pays, de la gestion des secours, ainsi que des progrès accomplis en matière de reconstruction et de développement (E/1996/65). Le Secrétaire général présente aussi un certain nombre de conclusions eu égard au rôle et aux activités de l'ONU face aux besoins urgents du Liban.

Le Secrétaire général affirme ainsi qu'il faudra beaucoup de temps et de ressources pour que le Liban rattrape les 20 années qu'il a perdues. "Il faudra sans doute une génération pour mener à bien le processus extrêmement complexe du développement, et la mobilisation de toutes les ressources du pays", note t-il. De plus, les causes profondes qui faisaient obstacle au développement n'ont pas disparu. L'Accord de Taef - cadre et base de règlement de la crise libanaise - n'est pas encore intégralement appliqué et le pays doit résoudre le difficile problème des négociations de paix du Moyen- Orient. Le fonctionnement de l'économie et la relance économique continuent de se heurter à des difficultés structurelles. Le Secrétaire général note que la phase de la reconstruction consacrée au redressement d'urgence est pratiquement terminée et il faut maintenant se placer dans une perspective de développement. A cet égard, l'action à court et moyen termes doit être axée sur le développement pour que les programmes favorisent un redressement durable. Il ne fait pas de doute que le renforcement de la démocratie et de la participation facilitera et renforcera le processus national de reconstruction et le développement. Le rôle du Coordonnateur résident des Nations Unies et des organismes de l'ONU au Liban inclut des activités opérationnelles de développement et la mobilisation de ressources, ainsi qu'un appui stratégique et la fourniture de conseils en matière reconstruction et de développement. Ces activités doivent se poursuivre, estime le Secrétaire général. Une place importante doit être accordée aux efforts de sensibilisation sur des thèmes et des programmes internationaux prioritaires, de même sur un appui technique.

Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés

Le présent rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (E/1996/52 et Corr.1), qui porte sur les activités du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés entre le 1er janvier 1995 au 31 mars 1996, souligne qu'en l'absence, pendant la période considérée, de nouveaux afflux de réfugiés d'une ampleur comparable à ceux des dernières années, l'action du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a eu pour principales caractéristiques le regroupement des programmes et des mécanismes mis en place en réponse à des situations d'urgence à grande échelle apparues précédemment, la recherche et la mise en oeuvre de solutions aux problèmes des réfugiés et des personnes déplacées, et lorsque les circonstances le permettent, l'élaboration de stratégies de prévention.

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A la fin de 1995, la population relevant de la compétence du HCR dans le monde, représentait quelque 24 millions de personnes, dont 14,2 millions - 60% environ - étaient des réfugiés. Le reste se composait de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (3,2 millions)., de divers groupes relevant de l'aide humanitaire (3,5 millions) et de rapatriés (2,8 millions). L'effectif total a diminué d'environ 3,5 millions de personnes en 1995. Cette réduction s'explique surtout par la baisse observée dans les catégories des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays et des rapatriés.

En ce qui concerne l'action du Haut Commissariat dans les différentes régions du monde, le rapport souligne notamment qu'en mars 1996, alors que la situation imposée à deux millions de réfugiés et personnes déplacées bosniaques semblait sur le point de trouver une solution après la signature de l'Accord de Dayton, le HCR a présenté son plan d'opération en vue de solutions durables aux problèmes du déplacement dans l'ex-Yougoslavie. Dans la région des Grands Lacs, par contre, les plans de rapatriement volontaire massif du HCR ont été mis en échec par des contraintes exogènes, et les solutions durables se sont révélées plus aléatoires. Néanmoins, a la fin de 1995, près de 250 000 réfugiés rwandais récemment pris en charge avaient opté pour le rapatriement. S'agissant par ailleurs de l'action du HCR dans les Etats de l'ex-Union soviétique, le rapport indique que ce dernier s'est en particulier concentré durant la période considérée, à la consolidation des bases d'une stratégie ambitieuse pour s'attaquer aux déplacements actuels et potentiels de population, tandis qu'en Asie du Sud est, l'achèvement du Plan d'action global pour les réfugiés indochinois (PAG), prévu pour juin 1996, marque dans l'histoire des demandeurs d'asile la conclusion d'un chapitre dont l'origine remonte aux années 70.

Parallèlement et dans le contexte de ces actions, au cours de la période considérée, le HCR a également accordé une attention particulière à la coordination de ses activités avec d'autres institutions et organismes des Nations Unies, notamment dans le contexte de la résolution 1995/56 du Conseil économique et social, qui porte sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies. Cette résolution a fait l'objet, de la part du Comité exécutif du Haut Commissariat, d'un large examen articulé autour de la recherche de solutions, de la prévention, et des interventions d'urgences. De même, le HCR participe dorénavant aux consultations parallèles interinstitutions organisées sous l'égide du Département des affaires humanitaires (DAH) et du Comité permanent interorganisations. Le DAH a quant à lui été invité à intervenir régulièrement lors des réunions intersessions du Comité exécutif du HCR sur les progrès accomplis dans les consultations interorganisations et dans les débats des organes directeurs concernés par la résolution du Conseil économique et social.

En s'efforçant d'améliorer l'interface entre secours réadaptation et développement, le HCR a par ailleurs continué de renforcer son approche communautaire de l'aide à la réintégration et s'est employé à consolider ses partenariats avec d'autres institutions des Nations Unies, notamment, le PAM,

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l'UNICEF, l'OMS, le PNUD, le FNUAP,et l'UNESCO. La signature, en mars 1996, d'un mémorandum global d'accord entre le HCR et l'UNICEF a marqué une étape importante dans cette direction. Le HCR a des échanges de vues approfondis avec d'autres départements et institutions du systèmes, notamment le DAH, le PNUD et la Banque mondiale sur les moyens qui permettraient de remédier plus efficacement aux lacunes institutionnelles dans le continuum qui va des secours au développement. Le Haut Commissariat a continué d'accorder une importance particulière aux problèmes de politiques générales considérés comme des domaines prioritaires par son Comité exécutif et le Conseil économique et social, tels que les besoins spéciaux des femmes et des enfants réfugiés, les problèmes d'environnement liés à la présence massive de réfugiés dans les pays d'asile, questions qui occupent dorénavant davantage de place dans son travail de planification et d'information.

En 1995, le budget définitif du HCR était de 1, 17 milliards de dollars. Les Etats Unis, le Japon, les pays nordiques, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont maintenu leur niveau très élevé de financement. Les opérations spéciales ont représenté pratiquement les deux tiers des activités opérationnelles du Haut Commissariat en 1995.

Déclarations

M. JOHN H.F. CAMPBELL (Irlande), au nom de l'Union européenne, a estimé que d'importants progrès ont été réalisés pour renforcer la coordination de l'assistance humanitaire d'urgence depuis la création, il y a quatre ans, du Département des affaires humanitaires (DHA). Par le biais des mécanismes tels que le Fonds central autorenouvelable d'urgence (CERF), le processus consolidé des appels interinstitutions et le Comité directeur interinstitutions, les Nations Unies ont été en mesure de répondre plus rapidement et de façon coordonnée aux situations d'urgence. L'objectif central visant à assurer une action coordonnée aux situations d'urgence dépend du partage des responsabilités par les institutions impliquées et de leur volonté d'appuyer les efforts du Coordonnateur des secours et du DHA en vue de s'acquitter de leur mandat respectif. L'Union européenne appuie les efforts du DHA en vue de renforcer les capacités nationales dans les domaines de la prévention, de l'atténuation, de la réduction et de la formation liées aux catastrophes naturelles. Il est essentiel que les stratégies de prévention et d'action visant à répondre aux catastrophes naturelles constituent une part intégrale des plans et programmes de développement à long terme. Il faudrait oeuvrer davantage pour définir les rôles respectifs de tous les organes compétents des Nations Unies afin d'assurer l'intégration efficace des activités humanitaires et de développement. Le représentant a souligné la nécessité d'allouer des fonds supplémentaires au Département des affaires humanitaires pour lui permettre de s'acquitter efficacement de son mandat.

M. HICHAM HAMDAM (Liban) a rendu hommage à l'action entreprise par le Département des affaires humanitaires. A partir de son expérience, le Liban peut témoigner de la solidité de l'action du Département, qui s'est considérablement accrue au cours de ces dernières années. Le Liban a invité

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le Département à continuer de mettre l'accent sur une plus grande transparence de ses prises de décisions et à poursuivre ses efforts visant à mettre en valeur ses ressources humaines. M. Hamdam a appuyé les activités réalisées dans le cadre de l'assistance au Liban. Le Liban ne peut cacher son inquiétude quant à l'ampleur des difficultés que rencontre le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), dans la fourniture de son assistance en Afrique, en particulier. L'ONU et tous ses organes principaux, dont le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, doivent redoubler d'efforts pour parvenir à une solution durable de la crise actuelle des réfugiés. La seule solution viable, a ajouté M. Hamdam, réside en un retour des réfugiés dans leurs foyers, dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Appuyant les observations formulées par le Secrétaire général dans son rapport sur l'aide à la reconstruction et au développement du Liban, M. Hamdam a lancé un appel pour que ces recommandations soient appliquées. Il a évoqué l'ampleur des destructions causées par la guerre. Près d'un tiers de la population a été déplacée ou s'est exilée; de nouveaux fléaux et calamités sont apparus, en particulier la criminalité et le trafic illicite de stupéfiants. Depuis six ans, le Liban a entamé une gigantesque tâche de relèvement et de reconstruction. "Ce que nous avons réalisé relève du miracle", a affirmé M. Hamdam. Le Liban a réussi à rétablir sa crédibilité auprès des donateurs internationaux et institutions financières. L'économie connaît une croissance qui semble se confirmer. Le Liban a dû consacrer une part importante de ses ressources nationales aux victimes des actes d'agression perpétrés par Israël. En raison des "événements tragiques d'avril dernier", les bons résultats économiques enregistrés jusqu'ici seront en recul. Les actes d'agression d'Israël ont entraîné de lourdes pertes économiques et sociales. Le Gouvernement demeure engagé en faveur du processus de paix au Moyen-Orient, sur la base de l'Accord conclu à Madrid.

Mme MARINA B. LAKER (Canada) a noté que bien que bon nombre des questions abordées dans la première partie du rapport du Secrétaire général soient déjà connues des organismes, états et organisations non gouvernementales qui s'occupent d'aide humanitaire, les liens entre l'aide humanitaire, la prévention et la reconstruction doivent éclairer les délibérations de tous les éléments du système. En fait, cet aspect a été relevé dans la résolution 1995/56 du Conseil. La nécessité d'une réponse intégrée aux crises et aux urgence est mise en évidence dans l'évaluation conjointe de l'aide d'urgence fournie au Rwanda. L'un des principaux messages de ce rapport, s'est que l'intervention humanitaire ne peut remplacer l'action politique. Le Canada appuie fermement ce message.

Le Canada attendra de recevoir des rapports d'étape des autres programmes, organismes et fonds, comme le prévoit la résolution 1995/56. Le Canada prie les organismes qui n'ont pas mis au point les procédures requises pour participer à l'examen global de la résolution 1995/56 de le faire dans les plus brefs délais. Le Secrétariat et surtout le Département des affaires humanitaires doivent exercer leur leadership dans l'élaboration du rapport global final, en avançant des propositions et des recommandations spécifiques.

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Le Canada a toujours favorisé l'élaboration de mémoires d'entente entre les institutions pour faciliter la définition des responsabilités, des capacités et des compétences spécifiques de chacun en cas d'urgences humanitaires. Le Département des affaires humanitaires (DAH) a un rôle à jouer dans l'examen de la liste des mémoires d'entente qui s'allonge; il doit repérer les lacunes du système et les domaines qui pourraient profiter de la négociation d'un mémorandum précis.

Le Canada attend avec intérêt le rapport final et les propositions et recommandations précises qui seront présentées, de même que les discussions qui auront lieu au cours de la prochaine année avec les Agences, les Fonds et le Département des affaires humanitaires.

A ce propos de la mise en oeuvre de la résolution 46/182 de l'Assemblée générale et du Département des affaires humanitaires, le rapport du Secrétaire général signale que le financement limité offert dans le cadre du budget régulier impose des contraintes. Le Canada déplore cette situation et demande qu'elle soit redressée. Le Canada est déçu car le rapport ne reconnaît pas les inquiétudes manifestées par certains Etats Membres en réaction à l'étude de gestion indépendante, surtout en ce qui concerne la capacité et la volonté du département d'établir des priorités en l'absence de financement assuré, et la nécessité de répertorier les activités de base selon leur pertinence par rapport aux objectifs fondamentaux du mandat.

Par ailleurs, le processus d'appel consolidé, géré par le DAH, est un élément important qui facilite le financement des programmes d'urgence des organismes onusiens. A l'heure actuelle, il prend plutôt la forme d'une consolidation des listes de voeux de ces organismes. D'autre part, les appels "éclairs" - Flash Appeals - sont souvent bien financés parce qu'ils accordent la priorité à des besoins criants. Le DAH pourrait améliorer le processus d'appel consolidé s'il parvenait à inciter les Agences à établir des priorités. Il serait utile de fixer des délais aux urgences qui risquent de se prolonger. De même, étant donné que les situations humanitaires varient énormément au cours d'une année, le processus d'appel consolidé devrait être un processus itératif.

M. ELDAR G. KOULIEV (Azerbaïdjan): les structures de coordination mis en place à l'échelle du système en matière d'assistance humanitaire ont prouvé leur efficacité. A la suite de l'agression arménienne et de l'occupation de près de 20% de son territoire, l'Azerbaïdjan est devenue la terre d'asile de plus d'un million de réfugiés qui vivent dans des conditions épouvantables. Le Gouvernement a mis en place un comité chargé de leurs besoins, mais son action est réduite au minimum à cause des nombreux défis économiques auxquels l'Azerbaïdjan doit faire face. L'entreprise de reconstruction a toutefois d'ores et déjà été entamée dans certains territoires libérés. L'Azerbaïdjan attire en outre l'attention sur le péril de l'élévation du niveau de la Mer Caspienne. Il appelle la communauté internationale à ne pas réduire le niveau de l'aide humanitaire dont il bénéficie et qui a démontré son utilité et son efficacité.

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Mme GRETHEL VARGAS (Nicaragua) : Le Nicaragua a payé un lourd tribut aux catastrophes humaines et naturelles de toute nature qui l'ont frappé lors de ces dernières années. Le Nicaragua exprime sa préoccupation face à la tendance visant à privilégier les situations dites complexes dans l'allocation de ressources au titre de l'assistance humanitaire. Le programme d'action humanitaire doit, dans ce contexte, accorder une attention égale aux situation d'urgence complexe comme aux situations découlant de catastrophes naturelles dans les pays ne souffrant d'aucun conflit militaire. S'agissant des activités de secours et de développement, le Nicaragua est favorable à l'intégration de la dimension de la réhabilitation en tant que pont entre les secours d'urgence et le développement. En conclusion, le Nicaragua souhaite attirer l'attention sur le fait que les opérations de déminage qu'il avait entreprises ont dû s'arrêter du fait d'un manque de ressources financières. La poursuite de ces opérations requiert l'aide extérieure.

M. MOVSES ABELIAN (Arménie), prenant note de la déclaration de M. Akashi, a précisé que c'est la 4ème année qu'une assistance est fournie à l'Arménie. La crise humanitaire en Arménie est une conséquence directe de l'agression que constitue un blocus de facto, le conflit dans le Haut-Karabah, l'instabilité dans la région and les effets continues du terrible tremblement de terre de 1988. Malgré ces difficultés, le Gouvernement poursuit un processus de réforme et de consolidation démocratique. L'aide internationale est déterminante pour aider l'Arménie à réussir une transition importante, en jetant un pont entre l'assistance d'urgence et le développement à long terme. M. Abelian a noté que l'action humanitaire doit être coordonnée sur le terrain, en accord avec l'action en faveur des réfugiés.

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