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ECOSOC/300

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : APPUYER LE ROLE ECONOMIQUE DES FEMMES POUR ACCROITRE L'IMPACT DES POLITIQUES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

3 juillet 1996


Communiqué de Presse
ECOSOC/300


CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : APPUYER LE ROLE ECONOMIQUE DES FEMMES POUR ACCROITRE L'IMPACT DES POLITIQUES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

19960703 MATIN ECOSOC/300

Le Conseil économique et social a achevé, ce matin, son débat consacré à la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et organismes des Nations Unies pour éliminer la pauvreté. Il a entendu, dans ce cadre, les représentants des pays membres suivants : Philippines, Egypte, Suède, Liban, Bélarus, Japon, République de Corée, Chili, et l'observateur de l'Iran. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Directeur de la Division des politiques et des affaires publiques du Programme alimentaire mondial (PAM) ont également pris la parole.

Selon le PAM, la faim n'est pas simplement un symptôme de la pauvreté; elle en est également une cause. En dirigeant les ressources vers les femmes, nous concentrons nos efforts sur les plus pauvres entre les pauvres. Les femmes sont des agents du changement. Dans le cas de situations d'urgence comme au Rwanda ou en Bosnie-Herzégovine, le PAM encourage ses équipes sur le terrain, ses partenaires de l'ONU et ses partenaires non gouvernementaux à suivre de nouvelles directives, afin d'associer les femmes dans l'évaluation des besoins d'aide alimentaire.

Intervenant également, le Secrétaire général adjoint du Département des services d'appui et de gestion pour le développement, M. Jin Yongjian, a décrit les activités d'assistance du Département en matière de mise en oeuvre stratégies nationales, en réponse au cycle des grandes conférences de l'ONU pour faire face aux exigences des plus vulnérables.

Durant ce débat entamé depuis le 1er juillet, les intervenants ont apporté leurs commentaires et observations à une série de recommandations du Secrétaire général, ciblées sur trois grands thèmes - mieux coordonner l'appui offert par l'ONU et les ressources mises à sa disposition pour éliminer la pauvreté; intégrer une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les activités de l'ONU en matière de pauvreté; et définir une approche intégrée, au niveau intergouvernemental.

(à suivre - 1a)

- 1a - ECOSOC/300 3 juillet 1996

Pour tirer parti de la mobilisation de tous les gouvernements en faveur de l'autonomisation des femmes, il est fondamental de coordonner les

stratégies de suivi, a-t-on noté. L'accent a été mis sur l'équité entre les sexes et la manière de refléter cette priorité dans l'action de l'ONU, en matière de lutte contre la pauvreté. Des pays donateurs ont indiqué qu'ils ont adopté l'égalité des sexes comme un des principes de leur coopération en faveur du développement.

Plusieurs délégations ont affirmé que la priorité dont jouit la lutte contre la pauvreté depuis le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague rend impérative l'harmonisation des politiques gouvernementales et intergouvernementales en la matière. Il a été souligné que le renforcement de la collaboration entre les institutions de Bretton Woods et le système de l'ONU ne devra, en aucun cas, créer d'autres conditionalités imposées aux pays en développement.

Le Conseil économique et social entamera, cet après-midi, des discussions sur un autre thème lié à la coordination des politiques et activités internationales; l'application des conclusions adoptées d'un accord commun par le Conseil en 1995.

- - ECOSOC/300 3 juillet 1996 (à suivre)Coordination des activités menées par les organismes des Nations Unies pour éliminer la pauvreté

M. JI YONGJIAN, Secrétaire général adjoint aux services d'appui et de gestion pour le développement (DDSMS): En dépit des changements remarquables survenus dans les domaines du développement économique, le commerce international et la technologie, la pauvreté n'a pas été réduite et les populations continuent d'en souffrir. Le Département des services d'appui et de gestion pour le développement à la tradition d'assister les pays en développement dans leurs efforts visant à améliorer les conditions économiques et sociales. Actuellement, les activités du Département mettent l'accent sur l'assistance aux pays en développement dans la mise en oeuvre de leurs plans et stratégies nationales en réponse aux Plans d'Action des grandes conférences mondiales, notamment pour faire face aux besoins et exigences des plus faibles et des plus vulnérables. La première étape en faveur des politiques, plans et stratégies de développement visant à atténuer la pauvreté consiste à reconnaître que ce problème est complexe et multidimensionnel, exigeant une approche multisectorielle. Une part intégrante de cette approche devrait viser à renforcer les capacités des pays en développement et des pays à économie de transition pour la mise en oeuvre efficace des programmes nécessaires à l'éradication de la pauvreté.

Le DDSMS appuie les efforts nationaux des pays en développement, en particulier les pays les moins avancés, à renforcer leurs capacités institutionnelles et en ressources humaines dans l'administration publique et les finances, la gestion du développement économique et sociale, ainsi que la planification et la gestion de l'environnement et de l'énergie. Il met également à leur disposition son expertise technique pour appuyer les efforts de reconstruction et de réhabilitation dans les pays se trouvant dans les situations post-conflits. Le DDSMS encourage l'atténuation de la pauvreté au sein des groupes marginalisés dans les zones rurales par le biais d'une variété de programmes multisectorielles en matière de développement rural intégré. Dans le cadre de son assistance technique, le DDSMS insiste également sur la

promotion de la condition socio-économique de la femme, par le biais de projets visant à créer des revenus et à renforcer leurs compétences en matière de gestion, tout en accordant une attention particulière au rôle des femmes rurales et aux stratégies de renforcement de leur rôle dans le processus décisionnel.

En Afrique, le DDSMS participe activement à l'élaboration d'un cadre opérationnel pour mettre en oeuvre le Nouvel Agenda pour le développement de l'Afrique, ainsi que l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique, notamment dans les domaines du renforcement des capacités nationales en matière de gestion' de la production de l'eau potable et de la réduction de la pauvreté par le biais de la promotion du secteur informel et de la création des emplois. Il faudrait promouvoir le développement des communautés de façon multisectorielle et forger des liens institutionnels aux niveaux macro et micro-économiques. Mme CECILIA BALTAZAR REBONG (Philippines) : La création d'équipes spéciales de coordination au niveau du Secrétariat est un pas dans la bonne direction. Les Philippines estiment cependant qu'une interaction doit être établie entre ces équipes spéciales, les organes intergouvernementaux et les gouvernements. Il serait ainsi utile que les conclusions des travaux de recherche de ces équipes soient communiquées aux délégations. A propos de la recommandation du Secrétaire général relative à l'établissement de bilans de pays communs, en particulier le renforcement de la capacité de l'ONU dans la mise au point d'indicateurs d'analyse de la pauvreté, les Philippines notent que l'un des groupes de travail interinstitutions sur la création d'un environnement propice s'est chargé d'étudier les modalités de ce travail. Quelle approche sera retenue? Certains gouvernements, dont celui des Philippines, ont déjà fait un travail important et de qualité dans ce domaine. Les groupes de travail devraient donc s'informer des activités des gouvernements, et les inclure dans leurs travaux. Les Philippines approuvent la recommandation visant à mobiliser, au sein du système, la volonté de coordonner les activités de lutte contre la pauvreté. Les Philippines sont satisfaites de voir le bon départ pris par le Conseil. C'est la première fois que le Conseil s'engagera véritablement dans la coordination réelle des activités et fonctions de ses commissions techniques. Durant cette session, le Conseil devrait prévoir un temps suffisant de réflexion, pour étudier l'impact et la portée des décisions qu'il adoptera. Nous ne pouvons continuer de prendre des décisions, et les amender immédiatement après.

M. ADEL ABDELLATIF (Egypte) : Les efforts déployés par les pays pour éliminer la pauvreté doivent être appuyés et tenant compte du fait que les besoins de chacun d'entre eux diffère. L'Egypte est d'avis que la mise en valeur des ressources humaines et la réalisation du développement économique sont susceptibles de contribuer efficacement à cette fin. A l'heure du déclin de l'aide publique au développement, la question des ressources allouées aux multiples institutions spécialisées mérite une attention particulière. Parmi les recommandations contenues dans le rapport pertinent du Secrétaire général, il aurait été utile de préciser davantage sur le rôle primordial de l'Etat dans la mise en oeuvre des stratégies nationales. L'Egypte souhaite par ailleurs le renforcement de la collaboration entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies.

M. PIERRE SCHORI, Ministre de la coopération internationale pour le développement de la Suède, : Il faudrait poursuivre l'élaboration de méthodes permettant à la fois d'analyser et de mettre en oeuvre des projets. Comme la pauvreté est propre à chaque pays, il est nécessaire que la communauté internationale appuie le renforcement des capacités nationales des pays concernés. Les personnes concernées, hommes et femmes, devraient participer activement au processus de développement. On ne peut parvenir à l'éradication de la pauvreté sans renforcer les capacités des pauvres. Il est également nécessaire d'établir un dialogue plus étroit et plus dynamique avec les partenaires du développement. Les planificateurs du développement, les décideurs et les populations

concernées devraient renforcer leur coopération. La réduction durable de la pauvreté ne peut se réaliser qu'avec l'assistance d'une société civile forte. Il est impératif de promouvoir les organisations de base, la bonne gestion, la démocratie et les droits de l'homme en vue de renforcer la société civile. Les femmes ont un rôle crucial à jouer dans la société. Il faudrait accorder une haute priorité aux efforts visant à appuyer l'égalité des sexes. L'égalité des sexes est cruciale au développement social, économique et politique. C'est une question de pouvoir et de démocratie.

La Suède a récemment adopté l'égalité des sexes comme un des principes de la coopération en faveur du développement. Les Nations Unies devraient fonctionner comme un système unifié afin d'assurer l'impact maximum de la lutte contre la pauvreté. Des réformes en matière de gestion et de structure sont nécessaires pour garantir cette unification. L'ECOSOC devrait renforcer son rôle pour être en mesure de fournir des directives de politique générale dans le domaine de la coopération pour le développement. En outre, il faudrait une intégration plus étroite des activités des différentes organisations du système des Nations Unies. La répartition des responsabilités au sein du système doit être claire. Pour leur part, les commissions techniques ont un rôle important à jouer dans le cadre du suivi des grandes conférences des Nations Unies. Elles peuvent promouvoir une coordination pour l'ensemble du système. Tout en reconnaissant qu'il incombe en premier lieu aux gouvernements d'élaborer et de mettre en oeuvre des plans, des programmes et des activités visant à l'éradication de la pauvreté, il est indispensable que la communauté internationale apporte son appui et mobilise les ressources nécessaires à l'éradication de la pauvreté et au développement en général.

Mme NINA SIBAL, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), : L'UNESCO met son expertise technique à la disposition des Etats membres en ce qui concerne la formulation de stratégies, de politiques et de programmes de lutte contre la pauvreté et de promotion d'un développement humain durable. Par le biais de son programme international de recherche en sciences sociales, appelé "Gestion des transformations sociales" (MOST), l'Organisation contribue à l'analyse, à la mesure et à l'évaluation des politiques de lutte contre la pauvreté. L'UNESCO est convaincue que l'élimination de la pauvreté est tributaire, non de la charité, mais de l'autonomisation des plus déshérités. Dans ce contexte, l'éducation revêt un caractère d'investissement puisqu'elle est susceptible de promouvoir un environnement favorable au renforcement des capacités endogènes et de l'expertise. Les initiatives de l'UNESCO visent deux domaines: une action en faveur des populations-cibles visant à améliorer leur situation et faciliter leur accès aux services de base d'une part et la contribution à l'édification des capacités, d'autre part. En sa qualité de bras intellectuel du système des Nations Unies, l'UNESCO a le devoir d'encourager le débat sur les différentes stratégies de développement, notamment celles qui ont trait à l'élimination de la pauvreté. Dans ce cadre, une réunion sur les questions de la pauvreté en

Amérique centrale, organisée sous les auspices du Programme MOST, est prévue en 1997 au Costa Rica.

M. HICHAM HAMDAN (Liban) : La question de la pauvreté a été le dénominateur commun des thèmes examinés par les conférences convoquées par l'ONU depuis 1990. La pauvreté est un problème essentiel dans l'accroissement de la violence; elle est cause de dégradation de l'environnement. L'accent doit donc être mis sur l'application des plans d'action adoptés par les conférences internationales. Le rapport du Secrétaire général, qu'examine le Conseil, constitue aussi une contribution importante qu'il faudra intégrer. La Commission du développement social pourrait se charger de la coordination des activités de lutte contre la pauvreté, en établissant notamment un cadre multilatéral pour assurer la coordination, au niveau national. Les activités en faveur du maintien de la paix ne peuvent être dissociées des

activités de lutte contre la pauvreté. La dichotomie actuelle entre ces deux pôles d'activités ne peut plus, conceptuellement, se justifier. Les efforts de coordination doivent veiller à associer, sur le terrain, les acteurs de la société civile et les organisations non gouvernementales.

Un moyen efficace de lutte contre la pauvreté réside également dans une coopération avec les milieux spécialisés dans la propriété intellectuelle et la technologie de pointe. En dépit de la destruction engendrée par une guerre de 17 ans, le Gouvernement du Liban a lancé une stratégie, assortie d'objectifs concrets. L'accent a été mis sur la femme et les autres acteurs de la société civile. Les programmes réalisés dans le cadre de la stratégie nationale devront bénéficier à toutes les couches de la population et à toutes les régions du pays.

M. MOHAMMAD DJABBARI (Iran) : Il faudrait faire face à tous les aspects du problème de l'éradication de la pauvreté de manière globale et intégrée, conformément aux besoins et aux priorités de chaque pays en développement. Sur le plan national, des investissements,notamment en matière de production alimentaire, de santé, d'éducation, de ressources humaines et d'infrastructure, peuvent contribuer à l'éradication de la pauvreté. Une meilleure réponse de la part des institutions multilatérales financières, en particulier les institutions de Bretton Woods, exige un examen des fonctions et des mandats de ces institutions dans le contexte des Nations Unies. La coopération et l'interaction entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies, par le biais d'un dialogue sur la question des politiques macro-économiques mondiales renforcement l'efficacité des efforts visant à fournir un appui aux pays en développement dans leurs activités dans le domaine de l'éradication de la pauvreté.

Toutefois, la collaboration entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods ne devrait pas affecter les caractères neutre et multilatéral des ressources financières des Nations Unies dans le domaine du développement. Il est nécessaire que l'assistance des Nations Unies se conforme aux priorités et aux objectifs de développement déterminés par les gouvernements. Les équipes spéciales interinstitutions ne devraient pas servir seulement à l'assistance coordonnée au niveau des pays, mais également pour donner des avis cohérents sur les activités économiques et sociales entrant dans le cadre du mandat de l'ECOSOC. Les différentes commissions et organisations chargées de la question de l'éradication de la pauvreté devraient coordonner leurs travaux pour éviter les doubles emplois. L'Iran a intégré dans son second plan quinquennal de développement le programme d'Action du Sommet mondial de Copenhague. Il a également mis en place un comité national chargé d'élaborer et de coordonner les activités entre les institutions nationales et les organisations non gouvernementales en vue d'éradiquer la pauvreté.

M. IGAR GUBAREVICH (Bélarus) : Il est reconnu que la pauvreté constitue l'un des problèmes les plus graves de l'heure. L'ampleur de ce fléau exige que les Nations Unies aillent plus loin dans l'amélioration de l'action des organes chargés de l'élimination de la pauvreté. A ce titre, le Bélarus exprime l'opinion que le système des coordonnateurs résidents a un rôle central à jouer dans ce sens. De plus, le Bélarus souhaite le renforcement de l'action complémentaire des institutions de Bretton Woods et du système de l'ONU. A cette fin, il faut souligner ici la nécessité d'accroître le rôle de coordination du Conseil économique et social, ainsi que les mandats des commissions du développement social et de la condition de la femme. Le Bélarus appelle de ses voeux qu'une attention particulière soit accordée aux pays à économie en transition qui, souvent, ne sont pas capables d'affronter, seuls, les défis de la marginalisation sociale.

M. HIROYASU KONAYASHI (Japon) : La coordination et l'harmonisation des activités des organisations et institutions spécialisées du système des Nations Unies est fondamentale. Elle permet d'éviter les doubles emplois

et de garantir le succès des programmes mis en oeuvre dans ce domaine. La nouvelle stratégie pour le développement est fondée sur l'approche d'ensemble et l'approche individuelle. La mobilisation des ressources est indispensable pour l'éradication de la pauvreté. L'aide publique au développement est efficace, si elle est conjuguée à la participation du secteur privé et de la société civile. Tous les protagonistes au développement devraient être appelés à participer à l'assistance technique et financière visant l'élimination de la pauvreté. Il faudrait encourager la participation des femmes au processus de décision concernant les plans et programmes de développement. Comme le Secrétaire général le propose, chacune des commissions techniques devrait se concentrer notamment sur la question des femmes et celle des droits de l'homme. Puisque les questions multisectorielles concernent plusieurs commissions fonctionnelles, l'ECOSOC devrait leur apporter son assistance.

M. JOHN M. POWELL, Directeur de la Division des politiques et des affaires publiques du Programme alimentaire mondial (PAM) : La faim n'est pas simplement un symptôme de la pauvreté; elle en est également une cause. Un adulte dont l'enfance a été marquée par la malnutrition est, plus souvent qu'un autre, condamné à la pauvreté. Les pauvres qui souffrent de la faim ne peuvent produire et se battre à armes égales avec les nantis et les bien-nourris. Les pauvres sont privés de la capacité de travailler, de produire; ils sont plus vulnérables aux maladies et leur espérance de vie est souvent plus courte. La faim affecte les femmes et les jeunes enfants plus durement qu'elle n'affecte les hommes adultes. Par conséquent, en dirigeant nos ressources vers les femmes, nous concentrons nos efforts sur les plus pauvres entre les pauvres. De par le monde, les mots "pauvreté" et "femmes" sont aujourd'hui devenus des synonymes.

Pourtant, les femmes sont des agents du changement. Dans le cas de situations d'urgence comme au Rwanda ou en Bosnie-Herzégovine, notre expérience prouve qu'en dirigeant l'aide alimentaire vers les femmes, elle parvient à un plus grand nombre de familles nécessiteuses. Le PAM encourage ses équipes sur le terrain, ses partenaires de l'ONU et ses partenaires non gouvernementaux à suivre de nouvelles directives, afin d'associer les femmes dans l'évaluation des besoins d'aide alimentaire. Les femmes sont des acteurs clé, pour panser les plaies d'un conflit interne. Pour restaurer la paix, il faut travailler sur la famille, assurer les besoins essentiels de la société, réapprendre les valeurs qui ont disparu et pardonner. Jusqu'à présent, le rôle des femmes dans l'agriculture est méconnu. Les femmes assurent 80% de la production alimentaire en Afrique, 60% en Asie, et plus de 10% en Amérique latine. "Nous devons appuyer le rôle économique des femmes, et non le saper par des projets qui traitent les femmes comme des récipiendaires passifs de mesures sociales". Pour promouvoir l'éducation dans les familles, le PAM exige maintenant que ses projets aillent en faveur d'écoles qui comptent au moins 50% de filles. Le PAM discute avec les pays donateurs pour accroître l'assistance en matière d'alphabétisation des femmes. L'ONU et les ONG doivent s'associer à cette initiative. Le renforcement de la collaboration au sein de l'ONU doit donc porter sur 3 domaines, largement inexplorés jusqu'ici - encourager le retour à une vie normale dans les pays déchirés par un conflit; créer des partenariats pour aider les pauvres et lutter contre la faim; placer la faim et le problème de l'accès aux ressources à l'avant-plan de l'ordre du jour sur la sécurité alimentaire.

M. HAE JIN CHUN (République de Corée) : Si la responsabilité première d'éliminer la pauvreté incombe aux Gouvernements, la communauté internationale a le devoir de promouvoir un environnement économique international favorable et d'appuyer les efforts nationaux en la matière. La République de Corée partage l'opinion du Groupe des 77 selon laquelle le système des Nations Unies devrait poursuivre son étroite coopération avec les Gouvernements dans la formulation de la note de stratégie par pays et des autres documents pertinents. S'agissant du système de

coordonnateurs résidents, la République de Coré plaide pour son renforcement, étant entendu que la création de nouveaux mécanismes cohérents susceptibles de répondre aux besoins des pays récipiendaires mérite toute l'attention. Le renforcement de la collaboration entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies ne devra, en aucun cas, créer d'autres conditionalités au financement des programmes. Le Conseil économique et social devrait se muer en organe central de discussion de la question de l'élimination de la pauvreté. Il devrait, par conséquent, concentrer son attention sur les questions multisectorielles et coordonner l'action de ses commissions techniques afin d'assurer une approche intégrée évitant les doubles emplois.

M. EDUARDO GALVEZ (Chili) : La coordination des activités du système des Nations Unies en vue de l'éradication de la pauvreté est cruciale au niveau des pays. A cet égard, le bon fonctionnement du système des coordonnateurs résidents est vital. Les importantes initiatives adoptées par l'Administrateur et les organes d'administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de placer l'éradication de la pauvreté au centre des priorités du PNUD, permettront à chaque pays de bénéficier de l'assistance technique nécessaire à l'élaboration et à la mise en oeuvre des plans nationaux d'éradication de la pauvreté. A un peu d'un an après la tenue du Sommet mondial pour le développement social, ceci montre la façon dont le système des Nations Unies entend mettre en oeuvre ses engagements. La mobilisation de ressources nécessaires au développement est indispensable pour faire face au fléau de la pauvreté. A cet égard, l'Initiative en faveur de l'Afrique est une mesure importante. Ayant présidé le Comité préparatoire du Sommet mondial de Copenhague, le Chili reconnaît les besoins particuliers et les priorités des pays africains et des pays les moins avancés. Par ailleurs, la nécessité de promouvoir une politique active et visible de l'intégration de l'approche fondée sur l'égalité et l'équité entre les sexes dans l'élaboration et la mise en oeuvre de tous les programmes et stratégies visant l'éradication de la pauvreté aux niveaux national et international, doit se refléter dans les travaux des Nations Unies, notamment des coordinateurs résidents, qui appuient la participation des femmes dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leurs programmes en matière d'éradication de la pauvreté.

Bien qu'il est suggéré que les différentes commissions axent leurs efforts sur les domaines spécifiques en relation avec la pauvreté, le Chili estime qu'il est nécessaire de renforcer, à cet égard, le rôle de la Commission de la condition de la femme, étant donné la féminisation de la pauvreté. La Commission de statistique devrait également jouer un rôle important afin d'établir les critères appropriés permettant de réaliser des progrès en matière de pauvreté ainsi que la méthodologie fondée sur l'égalité des sexes.

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