ECOSOC/299

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : IL EST NECESSAIRE POUR LES NATIONS UNIES D'HARMONISER LEUR ASSISTANCE AVEC LES STRATEGIES NATIONALES DE DEVELOPPEMENT

2 juillet 1996


Communiqué de Presse
ECOSOC/299


CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : IL EST NECESSAIRE POUR LES NATIONS UNIES D'HARMONISER LEUR ASSISTANCE AVEC LES STRATEGIES NATIONALES DE DEVELOPPEMENT

19960702 APRES-MIDI ECOSOC/299

Réuni sous la présidence de M. Gerhard Walter Henze (Allemagne), le Conseil économique et social a poursuivi, cet après-midi, son débat sur la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies pour éliminer la pauvreté. Dans ce cadre, il a entendu les représentants des pays suivants : Afrique du Sud, Etats-Unis, Guyana et Bangladesh. L'observateur de l'Ukraine a également pris la parole.

Les représentants du Fonds international de développement agricole (FIDA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont intervenus.

Des délégations ont estimé que le système de l'ONU devrait harmoniser son assistance avec les stratégies et objectifs de développement durable élaborés par les pays individuellement. En l'absence de note de stratégie par pays, le système de l'ONU devrait définir un cadre de référence, à l'échelle du système tout entier, afin que les initiatives de lutte contre la pauvreté répondent aux mêmes conditions. L'utilisation efficace des ressources pour lutter contre la pauvreté est un objectif aussi important que le volume de ressources à atteindre.

En vue de promouvoir l'équité entre les sexes, au sein de l'ONU, les gouvernements ont reconnu à Beijing que la féminisation de la pauvreté est due non seulement à des facteurs économiques, mais avant tout à la rigidité des rôles prescrits et assignés aux femmes dans la société, des "limites" acceptables dans l'accès des femmes au pouvoir, ont rappelé les délégations. Plusieurs intervenants ont appuyé la recommandation visant à intégrer, à l'échelle du système, une approche plus soucieuse de l'équité entre les sexes. Cette orientation devrait se traduire dans le suivi coordonné des grandes conférences, dans toutes les activités de l'ONU ainsi que dans la documentation. Pour tirer parti de la mobilisation de tous les gouvernements en faveur de l'autonomisation des femmes, il est fondamental de coordonner les stratégies de suivi.

Le Conseil économique et social devra achever son débat sur la question, demain mercredi 3 juillet à partir de 10 heures. Il devrait entamer dans l'après-midi son débat sur l'application des conclusions adoptées d'un commun accord au cours du débat que le Conseil a consacré en 1995 aux questions de coordination.

- - ECOSOC/299 2 juillet 1996 (à suivre)Suite du débat général sur la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations

Unies pour éliminer la pauvreté.

M. MAAZA BEKERE , représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) : L'OMS qui, par expérience, oeuvre étroitement avec les pays les pauvres, a déterminé un certain nombre d'approches et de stratégies qui contribuent à maximaliser sa contribution. Ces approches doivent reconnaître et cibler les pauvres, en tenant compte des différences géographiques et saisonnières de la pauvreté dans la planification et l'affectation des ressources aux niveaux local et national; et assister les secteurs concernés à intégrer les objectifs en matière de santé dans leurs programmes respectifs. L'aide externe devrait compléter les efforts nationaux d'ensemble et devrait être planifiée et programmée en conséquence.

Les stratégies exigées pour l'application effective de ces approches au niveau national, devraient permettre de faire face aux inégalités économiques et sociales importantes, d'encourager une coopération plus étroite entre les secteurs public et privé et les ONG spécialisées dans le domaine de la santé; de renforcer la capacité des femmes ainsi que les groupes de population les plus pauvres; d'appuyer les pays, en particulier les moins avancés, à évaluer leurs situations en matière de santé et de nutrition; et de faciliter le passage vers une approche visant à améliorer la santé des pauvres, tout en assurant de meilleurs coûts et une meilleure efficacité.

Dans le cadre de sa coopération avec les autres institutions des Nations Unies, l'OMS oeuvre étroitement, au niveau des pays, avec l'UNICEF et le FNUAP et, en particulier en matière de réduction de la pauvreté, avec le PNUD. L'approche qui consiste à initier un programme en la matière devrait constituer le point de départ pour la planification de l'aide commune gouvernementale et extérieure et pour la programmation de l'action intersectorielle. Le partenariat entre les institutions des Nations Unies, notamment les institutions de Bretton Woods devrait renforcer la capacité intersectorielle du gouvernement, à la fois aux niveaux national et local. Cette coopération existe déjà au niveau des pays. Il est toutefois nécessaire de développer une approche commune en matière de santé et dans ses rapports avec la pauvreté, et de réduire la fragmentation actuelle du financement et de la coopération technique, en particulier dans les pays les moins avancés. Dans ce contexte, l'OMS participe activement dans le cadre commun établi pour la mise en oeuvre des plans d'action des grandes conférences internationales.

M. K.J. JELE (Afrique du Sud) : L'état de pauvreté de la majorité de la population en Afrique du Sud, héritage des inégalités socio-économiques de l'ère de l'apartheid, rend cruciale l'élimination de ce fléau. Pays hôte de la IXème CNUCED, l'Afrique du Sud se félicite de la reconnaissance de la pauvreté comme l'une des questions multisectorielles prioritaires dans l'ordre du jour de la Conférence. En accord avec la première recommandation du Secrétaire général, selon laquelle les gouvernements nationaux sont responsables de la lutte contre la pauvreté, le Gouvernement sud-africain a lancé un programme global de reconstruction et de développement, qui inclut l'élimination de la pauvreté. Conscient de la nécessitant d'une approche multidimensionnelle et intégrée pour éliminer la pauvreté, l'Afrique du Sud souhaite que la Commission du développement social soumette une telle approche en faveur des actions menées aux niveaux national et international à cette fin.

Dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, l'Afrique du Sud favorise l'idée de la promotion d'une politique de genre dans l'élaboration et l'application de macro et micro-politiques consacrées à l'élimination de la pauvreté. L'Afrique du Sud est par ailleurs d'avis que la gestion du fardeau de la dette autant par le système des Nations Unies que par les institutions de Bretton Woods est à même de contribuer à l'objectif d'éliminer la pauvreté. En effet, examiner ce problème équivaut à faire un pas en avant dans la lutte contre le sous-développement. Dans ce contexte, l'Afrique du Sud se félicite du

lancement de l'Initiative spéciale pour l'Afrique et du fait qu'elle ne vise nullement à remplacer l'Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90. Qui plus est, les efforts en faveur de l'élimination de la pauvreté sont voués à l'échec s'ils ne sont pas appuyés par la communauté internationale. En conclusion, l'Afrique du Sud soutient une coordination renforcée entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies étant entendu que ce processus ne saurait marginaliser mais bien améliorer le rôle phare dévolu aux Nations Unies en la matière.

M. SYED RAFIQUL ALOM (Bangladesh) : L'économie mondiale se dirige peu à peu vers une marginalisation croissante des plus faibles. La réduction de la pauvreté devrait être l'objectif de toutes les activités de développement. Nous devons relancer le projet d'un nouvel ordre international plus juste. Car la pauvreté est une menace pour tout système économique ou social, pour toute région affectée. Il faut attaquer la pauvreté de front, et non l'accepter comme inéluctable. Il faut instaurer un nouveau système de valeurs, de compassion.

Le Sommet mondial et les autres conférences internationales n'ont pas fixé d'objectifs à atteindre en matière de ressources nécessaires pour lutter contre la pauvreté. Le Bangladesh suggère d'adopter un plan d'action, plus restreint, contenant de tels objectifs. La coordination sur le terrain, et les outils utilisés à cette fin, ne doivent pas introduire de nouvelles conditionalités. Les pays donateurs et l'ONU doivent coordonner leurs efforts avec les pays bénéficiaires. Des actions concrètes, acceptées par tous, doivent être prises, qui privilégieront une croissance à long terme, centrée sur la personne humaine et la valorisation des pauvres. La coordination doit s'appuyer en outre sur une approche de valeurs nouvelles, plutôt que sur le profit. Il est important de réduire l'impact des ajustements structurels sur les pauvres.

Mme BISA WILLIAMS-MANIGAULT, Vice-Secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis : S'agissant des recommandations du Secrétaire général en matière de coordination de l'appui offert par l'ONU et des ressources mises à leur disposition pour éliminer la pauvreté sur le terrain, les Etats-Unis approuvent la recommandation selon laquelle les initiatives de lutte contre la pauvreté doivent être cohérentes avec les priorités des pays. Le système de l'ONU doit harmoniser son assistance avec les stratégies et objectifs de développement durable élaborés par les pays individuellement. En l'absence de note de stratégie par pays, le système de l'ONU devrait définir un cadre de référence, à l'échelle du système tout entier, afin que les initiatives de lutte contre la pauvreté répondent aux mêmes conditions. Les Etats-Unis estiment que l'utilisation efficace des ressources pour lutter contre la pauvreté est un objectif aussi important que le volume de ressources à atteindre. La recommandation visant à investir les capacités de l'ONU dans la mise au point d'indicateurs pour étudier la pauvreté pourrait entraîner des incidences financières importantes; et exiger par conséquent que des réductions de dépenses ou des économies soient réalisées ailleurs.

Avant de mettre cette recommandation en oeuvre, le Secrétariat devrait identifier les réductions possibles dans les services existants. Quant à la recommandation de promouvoir l'analyse par sexe, il serait d'abord utile que le Secrétariat précise et identifie les points faibles du système et les corrections proposées.

En vue de promouvoir l'équité entre les sexes, au sein de l'ONU, les gouvernements ont reconnu à Beijing que la féminisation de la pauvreté est due non seulement à des facteurs économiques, mais avant tout à la rigidité des rôles prescrits et assignés aux femmes dans la société, des "limites" acceptables dans l'accès des femmes au pouvoir. Les Etats-Unis appuient la recommandation visant à intégrer, à l'échelle du système, une approche plus soucieuse de l'équité entre les sexes. Cette orientation devrait se traduire dans le suivi coordonné des grandes conférences, dans

toutes les activités de l,ONU ainsi que dans la documentation. Pour tirer parti de la mobilisation de tous les gouvernements en faveur de l'autonomisation des femmes, il est fondamental de coordonner les stratégies de suivi. Les Etats-Unis n'appuient pas la recommandation visant à élargir le mandat de la Commission du développement social, pour qu'elle s'occupe de pauvreté. Cela empièterait sur les fonctions du Conseil économique et social, qui est l'organe central de coordination des politiques. Le mandat de la Commission doit être au contraire resserré; la Commission n'ayant pas d'expertise en matière d'élimination de la pauvreté. Tout élargissement du mandat de la Commission ne pourra de toute façon subvenir qu'après le prochain examen du rôle des commissions techniques et commissions régionales, conformément à la résolution 50/227.

M. JIM MOODY, Vice-Président du Fonds international pour le développement agricole (FIDA) : Il est nécessaire d'adopter une stratégie hautement coordonnée pour prévenir une catastrophe monumentale aux plans humain et écologique. Le FIDA reconnaît que l'accroissement de l'approvisionnement en vivres doit être combinée avec des efforts locaux pour l'amélioration de l'infrastructure, des installations de dépôt et des opportunités de marketing. Les projets d'investissement du FIDA répondent de plus en plus à la pauvreté et à la sécurité alimentaire de manière intégrée. Les investissements du FIDA reconnaissent également le lien direct entre la pauvreté et la détérioration de l'environnement. Les projets du FIDA visent non seulement à augmenter la production alimentaire, mais également à assister les pauvres des campagnes à gérer et à protéger leurs ressources naturelles précieuses de façon durable. Parce que les projets du FIDA sont fréquemment mis en oeuvre dans des zones à faibles ressources, il est crucial d'intégrer l'agriculture durable comme élément intrinsèque de ces projets.

L'expérience du FIDA montre que des résultats durables ne peuvent être réalisés qu'en faisant participer directement les bénéficiaires à l'élaboration et à la mise en oeuvre de ces mesures. Le FIDA a intégré les objectifs de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement dans ses travaux et assiste activement les pays à lutter contre la désertification. Avec la coopération de la FAO, le FIDA a convoqué récemment un forum international sur le parrainage des projets nationaux de développement. Le FIDA renforce son partenariat avec d'autres organisations multilatérales. Il oeuvre en vue de conclure des accords avec d'autres institutions et programmes des Nations Unies pour assister les pays à mettre en oeuvre la Convention internationale sur la désertification. Le FIDA coopère également avec le Fonds mondial pour l'environnement (FME). Le FIDA redéfinit les schémas de micro-finances afin d'explorer de nouvelles voies visant à fournir des services financiers aux pauvres des zones rurales dans les pays de différentes cultures. Le Fonds s'est joint à la Banque mondiale et à un certain nombre de donateurs bilatéraux au sein du Groupe consultatif sur l'assistance des plus défavorisés, pour expliquer les programmes de microfinancement.

M. SAMUEL INSANALLY (Guyana) : Convaincu que la pauvreté représente le défi majeur à la paix et au développement, le Gouvernement du Guyana a lancé une ambitieuse campagne pour combattre un fléau qui affecte plus de 40% de la population nationale. Toutefois, les meilleurs efforts du pays se trouvent détournés par le fardeau de la dette et les conséquences de l'ajustement structurel, notamment sur l'infrastructure sociale. Le Guyana souhaite par conséquent que le système des Nations Unies souligne davantage la relation entre la dette, l'ajustement structurel et les stupéfiants d'une part et la pauvreté d'autre part. Ce fléau est en effet un phénomène multidimensionnel qui requiert une gestion similaire. A l'heure où il est admis que la pauvreté serait une menace à la stabilité internationale, il est temps de songer à établir une coopération entre ce Conseil et le Conseil de sécurité. Une relation de travail plus intime entre les Présidents de ces deux organes et celui de l'Assemblée générale, renforcerait amplement la capacité des Nations Unies à gérer la

lutte contre la pauvreté.

M. YEVHAN V. KOZIY (Ukraine) : Les recommandations faites par le Secrétaire général en matière de coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies dans le domaine de l'éradication de la pauvreté sont constructives. La pauvreté prend de plus en plus d'ampleur et touche la plupart des pays, notamment les pays à économie de transition. En application du Plan d'action de Copenhague, l'Ukraine a adopté un certain nombre de mesures. Le renforcement de la coopération internationale est essentiel et indispensable pour le développement économique et social. Il incombe aux coordonnateurs résidents de mettre l'accent sur la coopération au niveau des pays. La coopération entre les organisations internationales contribuerait à réduire les chevauchements de leurs activités et permettrait une meilleure efficacité de leur rôle.

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