En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/296

LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ACHEVE LE DEBAT DE HAUT NIVEAU CONSACRE AUX ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT

1er juillet 1996


Communiqué de Presse
ECOSOC/296


LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ACHEVE LE DEBAT DE HAUT NIVEAU CONSACRE AUX ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT

19960701 MATIN ECOSOC/296

L'élimination de la pauvreté est au centre du débat sur les questions de coordination, entamé ce matin

Sous la Présidence de M. Jean-Marie Kacou Gervais (Côte d'Ivoire), le Conseil économique et social a achevé, ce matin, sa séance de haut niveau consacrée aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.

Dans ce cadre, les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Australie, Indonésie, Suisse, Colombie, Chine, République-Unie de Tanzanie, Ukraine, Cuba, Brésil (au nom des pays du MERCOSUR), Chili, exRépublique yougoslave de Macédoine et Kazakhstan. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), ont également pris part au débat.

Au cours du débat, des délégations, notamment la Chine et Cuba, si elles ont salué l'avènement d'une coopération renforcée entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies, ont souhaité que cette démarche respecte les choix et la volonté des gouvernements récipiendaires. Dans ce même contexte, il a été réaffirmé que les pays en développement ne sauraient accepter des conditionnalités supplémentaires à l'aide au développement. D'autres, à l'instar de l'Indonésie, ont préconisé le renforcement du dialogue entre les deux entités concernées par cet exercice. Ainsi, l'Indonésie a souhaité l'établissement d'un dialogue d'une journée au cours de la session ordinaire de l'Assemblée générale, avec les chefs des institutions financières.

Entamant ensuite son débat sur les questions de coordination, le Conseil économique et social a abordé l'examen de la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies pour éliminer la pauvreté.

M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et au développement durable, présentant le rapport pertinent du Secrétaire général, a indiqué que le Conseil économique et social se doit

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d'apporter la cohésion nécessaire à l'action contre le fléau de la pauvreté. Cette session revêt par conséquent un caractère indispensable, a ajouté M. Desai. Le fait qu'il s'agit d'une question prioritaire exige une réponse coordonnée. La priorité dont jouit la lutte contre la pauvreté depuis Copenhague rend impérative l'harmonisation des politiques nationales et internationales en la matière.

Les représentants du Costa Rica (au nom du Groupe des 77 et de la Chine) et de l'Irlande (au nom de l'Union européenne) ont fait une déclaration.

Le Conseil économique et social poursuivra son débat, cet après-midi, à partir de 15 heures.

- - ECOSOC/296 1er juillet 1996(à suivre)Débat de haut niveau : Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement : coordination des activités à l'échelle du système : renforcement de la collaboration entre les organismes des Nations Unies pour le développement et les institutions de Bretton Woods dans les domaines du développement économique et social, à tous les niveaux, y compris sur le terrain

M. RICHARD BUTLER (Australie) : Personne ne doit oublier l'importance de la Charte, eu égard en particulier aux Chapitres IX et X. Cette Organisation a été créée pour assurer le progrès et le développement de tous. Dans cet esprit, la Déclaration du cinquantième Anniversaire de l'ONU est une référence importante. La Déclaration souligne malheureusement que le fossé entre riches et pauvres reste encore très large. La Déclaration note également que 1/5 de la planète vit dans la pauvreté la plus large. Mais les grandes conférences internationales ont permis de dessiner un consensus sur une série de thèmes liés au développement. Cet esprit doit nous guider dans notre discussion avec les institutions de Bretton Woods.

Il nous faut concilier les activités de l'ONU avec les principes de la Charte, la Déclaration du Cinquantième Anniversaire de l'ONU et l'indépendance et les objectifs des institutions de Bretton Woods. Dans ce cadre, nous devons poser la question essentielle de l'impact des politiques d'ajustement structurel sur le développement et, point fondamental, sur les populations que nous devons aider. D'une façon générale, l'Australie est satisfaite de la créativité et des innovations apportées par les institutions de Bretton Woods en matière de pauvreté. Il est heureux de noter que les institutions de Bretton Woods répondent à l'ordre du jour international adopté lors des grandes conférences de l'ONU - qu'il s'agisse de l'atténuation de la pauvreté ou de la priorité à l'Afrique. Les institutions de Bretton Woods poursuivent leur réflexion sur les ajustements structurels. Il faut à tout prix évaluer avec soin l'impact des politiques d'ajustement sur les populations. Un autre aspect de la collaboration avec les institutions de Bretton Woods touche aux défis du siècle prochain. A cet égard, il est fort encourageant que les institutions de Bretton Woods se soient déjà mobilisées, par exemple, en faveur du Programme commun coparrainé des Nations Unies pour la lutte contre le VIH/SIDA. La note du Secrétariat dont le Conseil est saisi souligne fort justement la nécessité de renforcer la collaboration entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods. Le succès de ces efforts se jugera à l'efficacité de cette collaboration sur le terrain, au niveau du

pays. C'est là la finalité que nous ne pouvons manquer. Nous ne pouvons nous reposer sur la satisfaction de la fin de la Guerre froide. Il y a d'autres défis autour desquels nous devons nous mobiliser.

M. ISSLAMET POERNOMO (Indonésie) : l'efficacité de la coopération internationale demeure tributaire du renforcement de la coopération et de la coordination entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods, et ce, aux niveaux mondial, régional et national. De même, une plus grande complémentarité est possible par le biais d'une relation plus intime entre l'Assemblée générale et le Conseil économique et social d'une part, et le Comité intérimaire du FMI et le Comité conjoint sur le développement du FMI et de la Banque mondiale, d'autre part. L'Indonésie favorise la tenue d'un dialogue d'une journée sur les questions importantes ayant trait au développement et à la coopération économique internationale. Cet exercice aurait lieu lors de la session annuelle de l'Assemblée générale et réunirait les chefs des institutions financières et commerciales internationales. A l'heure où les ressources allouées au développement connaissent un déclin, il ne faudrait pas que les programmes des institutions de Bretton Woods comportent des conditionnalités supplémentaires.

M. FRANCOIS ROHNER, Chef de la coopération multilatérale de la Direction du développement et de la coopération (Suisse) : La Suisse reconnaît que des progrès notables ont été réalisés ces dernières années dans la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Elle a également pris note du désir tant de la Banque mondiale que du Fonds monétaire international de prendre une part active dans les délibérations des groupes de travail inter-agences chargés du suivi des conférences mondiales. Quant à la collaboration du système des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods sur le terrain même, il devrait être possible de la rendre plus régulière et plus systématique en renforçant la consultation lors de la préparation des Notes de stratégie du pays ou encore des Programmes par pays des différentes entités. Il faut espérer aussi que l'application plus générale de l'approche de programme conduise à des co-financements et des financements parallèles plus fréquents entre les deux groupes d'institutions. La Suisse salue également la mise sur pied d'un Groupe de travail chargé d'étudier la collaboration entre les institutions de Bretton Woods et estime qu'à cet égard, le Secrétariat pourrait procéder à un certain nombre d'études de cas auxquelles seraient étroitement associés les pays concernés. La Suisse se propose d'aider à financer l'un ou l'autre de ces examens.

M. JAIRO MONTOYA (Colombie) : La collaboration entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods a une portée étendue. Ceci est plus évident dans le contexte actuel de la mondialisation, lorsque le multilatéralisme s'expose à des risques en raison du rôle croissant du marché et, en conséquence, de la tendance visant à affaiblir la coopération intergouvernementale. L'Agenda pour le développement et sa mise en oeuvre offrent l'occasion pour renforcer l'interaction, la coopération et la coordination entre les institutions de Bretton Woods et les Nations Unies. Cette coordination renforcée devrait constituer le résultat institutionnel de l'interaction croissante entre les finances, les investissements et les autres questions relatives au développement.

Les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods ont un rôle clair à jouer dans le domaine du développement. Il est important que les gouvernements examinent de manière globale, transparente et constructive la question de la coordination. Il doit être reconnu, en même temps, que pour une interaction vraiment coordonnée et harmonisée, les institutions de Bretton Woods devraient examiner leurs orientations, politiques, gestion et procédures de vote. Conformément à la Charte, un rôle fondamental des Nations Unies consiste à promouvoir le plein emploi et les conditions propices aux progrès économiques et sociaux et de développement, ainsi que la solution des problèmes économiques, sociaux internationaux et connexes. Cette relation devrait s'inscrire dans les objectifs des Nations Unies. Si les instituions de Bretton Woods

contribuent efficacement à la solution de ces problèmes, il serait possible d'établir une véritable coopération interinstitutions. Pour assurer l'efficacité de la coordination et de la collaboration, il est nécessaire d'avoir des institutions fortes. Ceci ne peut se faire que par le rétablissement d'un financement adéquat, par l'aide publique et par d'autres ressources nécessaires à la coopération internationale en faveur du développement. La Colombie estime toutefois qu'il n'est pas clair que les institutions de Bretton Woods et les Nations Unies doivent se compléter en atténuant les effets des programmes d'ajustement structurel. Cette complémentarité ne devrait pas être partagée par les Nations Unies, dans la mesure où la condition pour les pays en développement d'adopter les programmes d'ajustement structurel est exigée par les institutions de Bretton Woods.

M. YUAN SHAOFU (Chine) : La Chine se félicite du renforcement de la coopération entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies dans le domaine du développement socio-économique. Cette démarche est à même d'accroître l'efficacité de l'aide au développement et d'avoir un impact positif et plus direct sur les pays récipiendaires. La Chine est d'avis que le débat sur le renforcement de cette coopération doit avoir lieu dans le cadre du processus de réformes actuellement en cours au sein des secteurs social et économique des Nations Unies. Au niveau des pays, la Chine se veut confiante que les deux acteurs en question sauront respecter pleinement les choix et la volonté du gouvernement récipiendaire, et renforcer leur collaboration en coordination et en harmonie avec les besoins des pays récipiendaires. Les approches différentes adoptées par les deux entités est source d'une certaine difficulté tant dans le domaine de la coordination des politiques que dans celui de la collaboration programmatoire. La Chine souhaite réitérer ici que la collaboration envisagée ne saurait affecter ou affaiblir les avantages comparatifs de l'assistance au développement du système des Nations Unies, qui doit préserver son caractère neutre et flexible.

M. KATINDA E. KAMANDO (Tanzanie) : Nous sommes heureux d'entendre qu'il émerge un consensus minimal sur la nécessité d'intensifier la coopération et la collaboration entre le système de développement de l'ONU et les institutions de Bretton Woods. Pour réussir cette collaboration en matière de projets et de programmes au niveau du pays, il est impératif de collaborer en matière de formulation des politiques. La Tanzanie souhaite voir s'intensifier la collaboration en matière d'harmonisation des processus de préparation des documents-cadres de politique au niveau du pays, des notes de stratégie par pays et des documents-cadres de coopération par pays - dernière innovation du PNUD/FNUAP pour remplacer les chiffres indicateurs de planification (IPF).

La Tanzanie note cependant que l'harmonisation des processus de préparation des documents-cadres ne devrait en aucun cas créer des conditionnalités nouvelles dans les activités de développement de l'ONU. Nous sommes également heureux d'entendre, selon les propos du Vice-Président de la Banque mondiale, que "l'ajustement structurel, comme nous l'avons connu, est mort". Après 10 ans de réformes, la Tanzanie estime que les institutions de Bretton Woods doivent adopter une approche plus souple et plus réaliste, privilégiant les réformes orientées vers les stratégies de développement formulées par les pays récipiendaires mêmes, à partir de leurs priorités. Par ailleurs, l'absence ou l'insuffisance de ressources extérieures risque de compromettre toute flexibilité et le sens même d'une nouvelle approche. S'agissant de l'Initiative spéciale pour l'Afrique, sa mise en ouvre opérationnelle ne doit en aucun cas se substituer au Nouvel ordre du jour pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF).

M. IGOR V. GOUMENNY (Ukraine) : Le renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods est essentiel dans le domaine des activités opérationnelles. Elle permettra d'économiser des ressources importantes et d'atteindre un niveau de

sécurité internationale plus fiable. Il faudrait renforcer la coordination tant au niveau international qu'au niveau des pays à économie de transition. Il faudrait accroître l'efficacité des groupes de travail. Une plus grande transparence est nécessaire au sein des organisations internationales. L'Equipe spéciale établie entre le PNUD et la Banque mondiale contribuera à créer un climat propice au développement économique et social. L'interaction positive entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies serait facilitée par la conclusion de Memoranda d'accords entre les différentes organisations.

M. JORGE WERTHEIN, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), : une coordination accrue au niveau international s'avère nécessaire en vue de conférer toute son importance au concept de développement. Toutefois, la responsabilité de la coordination incombe, en premier lieu, aux Etats. Il revient à chaque Etat membre d'une organisation multilatérale de déterminer sa politique. De même, c'est au pays récipiendaire de coordonner l'assistance extérieure au développement. Sans la volonté politique sans faille et le soutien des Etats, la coordination entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods risque de demeurer illusoire. Cette exigence de coordination devra se fonder sur le concept de complémentarité entre ces deux acteurs. Le dialogue entre eux doit se faire plus opérationnel. L'UNESCO estime qu'il est plus important de voir le PNUD renforcer son assistance aux institutions spécialisées concernant l'identification des besoins des Etats plutôt que de subventionner les banques et renforcer leur expertise. L'UNESCO suggère en outre de formaliser la coopération entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods dans certains domaines et de revenir à des programmes de coopération entre ces dernières et les institutions spécialisées. Il s'agirait en outre de confier un véritable rôle central au coordonnateur résident et de réaliser une complémentarité réelle entre la note de stratégie par pays et les documents économiques les plus importants.

Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) : C'est le lieu de réitérer que les programmes d'ajustement structurel, élaborés sous les auspices de la Banque mondiale et du FMI, ont un impact négatif sur la majorité des pays en développement, et notamment sur leur développement social. Cuba est d'avis que la coopération entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies doit s'effectuer dans le cadre d'un mécanisme multisectoriel et d'orientation générale à tous les niveaux du système. Le but de cet exercice étant l'augmentation des ressources disponibles de manière prévisible, constante et sûre, en harmonie avec les besoins spécifiques des pays en développement. Cuba adhère dans ce contexte aux positions du Groupe des 77, en vue de défendre le caractère multilatéral, universel, volontaire et inconditionnel des activités de développement des Nations Unies. Ces activités ne sauraient se fonder sur un système conditionnel, à l'instar de celles des institutions de Bretton Woods. S'agissant de la note de stratégie par pays, Cuba réaffirme que ce document se fonde sur une démarche volontaire de la part des gouvernements concernés. De ce fait, le recours à cet instrument en tant qu'alternative pour progresser sur la voie du renforcement de la collaboration entre les institutions financières et le système des Nations Unies, pourrait donner lieu à une différenciation entre les pays récipiendaires et à l'émergence de barrières discriminatoires à l'encontre des pays ayant choisi de manière souveraine, de ne pas élaborer ladite note. 9

M. ENRIQUE AGUILAR, Directeur du Bureau de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel à New York (ONUDI) : L'ONUDI a lancé, dans le cadre de sa réforme, une initiative spéciale visant à élargir sa coopération dans le domaine du développement industriel avec les organisations du système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. L'ONUDI a créé conjointement avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) un groupe de travail auquel participent également la CNUCED et le Centre international du commerce, pour appuyer la mise en

place d'un système de commerce international efficace dans le domaine de l'industrie. L'ONUDI a également signé un accord avec la Banque inter-américaine de développement pour faciliter la fourniture des services de l'ONUDI en ce qui concerne les projets de coopération technique financés par des prêts consentis par la Banque. Au début de cette année, les deux institutions se sont entendues pour axer leur coopération dans quatre domaines particuliers, à savoir la privatisation et la restructuration de l'entreprise industrielle, la qualité et les normes dans le secteur de l'industrie, la compétitivité et la productivité des petites et moyennes entreprises, ainsi que la conception et la mise en oeuvre des schémas "BOT" dans les pays en développement. Dix-sept projets de coopération techniques ont été approuvés, recouvrant un montant de 16 millions de dollars. Ils portent sur un ensemble de questions concernant notamment les stratégies de développement industriel durable, le développement des ressources humaines, la privatisation et le renforcement des capacités nationales. Dans le domaine du développement des ressources humaines et du renforcement des capacités nationales, l'Institut du développement économique de la Banque mondiale et l'ONUDI coopèrent ensemble pour assurer la formation de responsables potentiels, essentiellement dans les pays à économie de transition. Les deux institutions coopèrent étroitement pour assurer la mise en oeuvre et le suivi intégré des grandes conférences internationales par le biais de l'Equipe spéciale du Comité administratif de coordination en vue de créer un climat propice au développement économique et social.

M. CELSO L. N. AMORIM (Brésil et au nom des pays du MERCOSUR - Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) : Nous estimons que la coopération au niveau du terrain ne pourra être renforcée sans une plus grande coopération au niveau intergouvernemental, en particulier par le biais du Conseil économique et social, ainsi qu'au niveau du Secrétariat (et du dialogue entre chefs des institutions spécialisées). Nous prenons note des propos de la Banque mondiale selon lesquels "la guerre civile au sein de la famille du développement au sujet de l'ajustement structurel peut officiellement être déclarée comme finie". Il n'en demeure pas moins des divergences entre les cadres de politique élaborés par l'ONU, dans les domaines de la croissance économique, du développement social, de la protection de l'environnement, et les stratégies suivies par les institutions de Bretton Woods.

Comment donc ces institutions pourraient-elles coopérer plus efficacement au niveau du terrain, s'il n'existe pas un dialogue de politique au niveau intergouvernemental. C'est une question que la note du Secrétariat à l'intention du Conseil aurait dû soulever. Le pragmatisme au niveau de l'approche ne survivra pas sans une certaine dose de "convergence intellectuelle". Nous nous félicitons que cette idée figure dans la déclaration du représentant de la Banque. Comme d'autres orateurs l'ont noté, il faut toutefois se garder de la vélléité d'uniformiser les politiques de ces institutions. La Banque et le FMI ont des approches différentes. A propos de la note du Secrétariat, la seule référence porte sur la résolution 50/120 de l'Assemblée générale sur l'examen triennal des activités opérationnelles. Nous aurions souhaité une références à d'autres résolutions, tout aussi importantes. Nous sommes par ailleurs préoccupés par le lien qui est fait dans ce document, entre les processus de préparation des documents-cadres de politique et les notes de stratégie par pays. Qui détermine ces liens? Dans quelle mesure cela influence-t-il les fonds et programmes de l'ONU par rapport aux stratégies de la Banque, en termes d'accès à des ressources plus larges? Quelles sont les incidences sur la propriété finale des pays récipiendaires sur les programmes?

M. EDUARDO GALVEZ (Chili) : A propos de la création d'équipes spéciales interinstitutions sur le progrès économique et social, le Chili estime que ces efforts doivent tendre à l'amélioration de la qualité de vie des populations et à l'élimination de la pauvreté. La collaboration entre les institutions de Bretton Woods et l'ONU doit ainsi se porter sur l'échange de données et l'élargissement d'un dialogue intergouvernemental

sur les cadres de politique. Notre pays se félicite de cette "convergence intellectuelle", que reconnaît aujourd'hui la Banque. Le développement économique doit tendre au développement centré sur l'homme, comme le reconnaissent le Groupe des 77 et le nouvel Agenda pour le développement.

Le Chili estime que la bonne gouvernance doit porter sur 3 domaines - en termes de renforcement des institutions, en termes d'efficacité de la gestion, en termes de participation à la vie publique. Ces objectifs nous semblent importants eu égard à une convergence intellectuelle au niveau intergouvernemental et d'une bonne gouvernance sur le développement. Le Chili attire l'attention du Conseil sur les travaux menés en la matière; le récent séminaire organisé à Paris entre l'OCDE et la Banque interaméricaine de développement sur le thème de la démocratisation et du développement des pays d'Amérique latine. D'autres contributions importantes existent, établies par des instituts de recherche allemand ou norvégien. Le Chili se félicite des travaux du Groupe d'experts chargés de la mise en oeuvre des capacités pour la gouvernance.

M. KRLIU (ex-République yougoslave de Macédoine) : Il s'agit de renforcer la coopération entre les institutions de Bretton Woods et le système des Nations Unies sans toutefois négliger les spécificités de chacun. Le renforcement d'une telle collaboration est à même d'influer favorablement sur la coopération bilatérale entre les Etats. Les pays à économie en transition ont un intérêt particulier vis-à-vis de cette démarche. La macédoine souhaite par ailleurs voir la communauté internationale s'engager davantage dans la région des Balkans.

Mme AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) : Le renforcement de la coopération entre le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods est crucial pour le succès des activités opérationnelles en matière de développement économique et social. Une coopération accrue dans le domaine du développement humain est nécessaire. Les institutions de Bretton Woods pourraient apporter une aide analytique et des informations importantes dans le domaine des activités économiques et sociales. En application du Programme d'Action du Sommet mondial de Copenhague, la Banque mondiale a contribué à la mise en place d'un programme de développement au Kazakhstan. Pour sa part, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a apporté une aide indispensable pour assurer une meilleure gestion de l'eau.

Documentation

Débat consacré aux questions de coordination : coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies pour éliminer la pauvreté.

Au titre de l'examen de cette question, le Conseil économique et social est saisi du rapport du Secrétaire général (E/1996/61), établi conformément à sa décision 1995/321, et qui a pour objet de l'aider dans ses délibérations sur la coordination des politiques et activités des organismes des Nations Unies dans le domaine de l'élimination de la pauvreté.

L'examen de cette question dans le cadre du débat que le Conseil consacrera aux questions de coordination en 1996, devrait permettre à celui-ci d'atteindre trois objectifs. Le premier est d'assurer un appui coordonné des organismes des Nations Unies aux activités entreprises au niveau des pays pour éliminer la pauvreté, ainsi que les ressources nécessaires. Le présent rapport étudie la question des ressources à octroyer à l'élimination de la pauvreté au moment où les ressources globales affectées à l'assistance au développement diminuent et contient des recommandations qui sont présentées au Conseil économique et social pour examen. Le rapport

indique les initiatives prises par le Comité administratif de coordination (CAC) pour que le suivi des conférences à l'échelon des pays jouisse de l'appui intégré des organismes des Nations Unies et analyse l'adéquation des mécanismes de coordination au niveau des pays de l'action menée pour éliminer la pauvreté. Il met l'accent sur les recommandations du Comité consultatif pour les questions relatives aux programmes et aux opérations (CCQPO) du CAC concernant une action commune des organismes des Nations Unies et formule, pour que le Conseil les examine, un certain nombre de recommandations relatives à la définition d'une stratégie d'élimination de la pauvreté; à un effort d'une évaluation commune des pays dans le domaine de la pauvreté; à une utilisation meilleure des notes de stratégie de pays et du système des coordonnateurs résidents; et à l'amélioration de la coopération avec les organismes issus des Accords de Bretton Woods.

En ce qui concerne l'intégration aux autres activités de la problématique hommes-femmes, le présent rapport décrit les progrès réalisés dans l'examination des activités d'élimination de la pauvreté entreprises par les organismes des Nations Unies, grâce au plan à moyen terme à l'échelle du système sur la promotion de la femme, aux efforts interorganisations et à la suite donnée aux décisions prises à la dernière session de la Commission de la condition de la femme en ce qui concerne la pauvreté. Le rapport contient ainsi des recommandations pour intégrer la problématique hommes-femmes dans les activités de suivi des conférences et dans les travaux du Conseil économique et social lui-même.

Le rapport a également pour but d'aider le Conseil économique et social à favoriser un examen harmonisé et intégré, au niveau intergouvernemental, de la question de l'élimination de la pauvreté, en particulier au sein des organes subsidiaires. Des recommandations s'appuyant sur l'examen des travaux des commissions techniques et sur l'analyse des recommandations des grandes conférences internationales ayant trait à l'élimination de la pauvreté sont présentées au Conseil pour que celui-ci procède lui-même à un examen intégré afin de mieux centrer les travaux de certaines commissions techniques sur les aspects principaux de l'élimination de la pauvreté.

Enfin, le rapport met également en lumière un certain nombre de domaines dans lesquels les commissions techniques pourraient mieux coopérer en échangeant leurs données.

Le présent rapport comprend trois sections, chacune correspondant à l'un des trois thèmes que le Conseil a décidé de placer au centre de ses débats. La problématique hommes-femmes est également traitée dans les sections I et III du rapport. Dans chaque section, le Conseil trouvera des projets de recommandation qui devraient l'aider dans ses délibérations.

Qui plus est, le document a été établi en consultation avec les organismes des Nations Unies et sur la base des renseignements qu'ils ont fournis. Il s'inscrit dans le cadre de l'Année internationale pour l'élimination de la pauvreté et de la préparation de la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté. On a également tenu compte des renseignements recueillis pour l'examen triennal (1995) des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies et des travaux entrepris sur l'élimination de la pauvreté par le Comité consultatif pour les questions relatives aux programmes et aux opérations (CCQPO) du Comité administratif de coordination (CAC). Le rapport décrit l'état du suivi des grandes conférences internationales, en particulier par les équipes spéciales interorganisations créées par le CAC à cette fin, ainsi que les travaux sur l'élimination de la pauvreté réalisés par les commissions techniques à leurs dernières sessions.

Les récentes conférences mondiales ont toutes recensé les problèmes liés à l'élimination de la pauvreté et les mesures à prendre. Les divers ordres du jour, plans et programmes d'action ainsi que les déclarations élaborés

depuis le Sommet mondial pour les enfants et la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement jusqu'à la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) sont centrés sur diverses dimensions du problème. En harmonisant les programmes de travail sur l'élimination de la pauvreté, on pourra davantage assurer la cohérence des approches politiques sur le terrain de l'intégration de la problématique hommes-femmes et de la réflexion intergouvernementale.

Au titre de l'examen de cette même question, le Conseil était saisi du rapport de la vingt-neuvième série de réunions communes du Comité du programme et de la coordination et du Comité administratif de coordination, tenue le 16 octobre 1995 (E/1996/4 et Corr.1). A l'issue des débats, on est parvenu aux conclusions générales selon lesquelles l'élimination de la pauvreté est devenue un objectif prioritaire des activités des organismes des Nations Unies. Les efforts visant à éliminer la pauvreté devraient être fondés sur les buts et plans de chaque pays. Il faut identifier et évaluer les mesures pratiques permettant de renforcer la coordination au sein du système des Nations Unies. Il importe également de mobiliser des ressources adéquates et de les utiliser de manière efficace et rentable.

On a également noté qu'à sa seconde session ordinaire, le CAC a créé trois équipes de travail interorganisations sur des questions étroitement liées à l'élimination de la pauvreté . Compte tenu du caractère plurisectoriel des thèmes examinés par les récentes conférences mondiales, ces équipes sont chargées des questions ci-après: services sociaux de base pour tous; plein emploi et moyens d'existence à long terme pour tous; et environnement favorable à un développement durable centré sur l'être humain.

Le Conseil était enfin saisi du rapport d'ensemble annuel du Comité administratif de coordination (CAC) pour 1995 (E/1996/18) qui le point du travail qu'il accompli ainsi que celui de ses organes subsidiaires en 1995. Il cherche en outre à cerner les principales questions et les principaux problèmes en matière de coordination qui doivent être examinés à l'échelon intergouvernemental.

En ce qui concerne la question de l'élimination de la pauvreté à l'ordre du jour du débat de coordination, le rapport indique que la vingt-neuvième série de réunions communes du Comité du programme et de la coordination (CPC) et du CAC a porté sur des mesures propres à favoriser une action concertée, de la part du système des Nations Unies, en vue de l'élimination de la pauvreté, objectif essentiel découlant des conférences mondiales.

A cette occasion, on a souligné qu'il était essentiel de bien répartir les tâches entre les différentes organisations du système des Nations Unies pour maximiser la coordination des activités entreprises. Les membres du CAC ont décrit les activités qu'ils avaient prévues et les mécanismes qu'ils avaient mis en place pour coordonner les activités dans le domaine de la pauvreté, en particulier dans le cadre du suivi du Sommet mondial pour le développement social.

M. OSCAR ACUÑA (Costa Rica, au nom du Groupe des 77 et de la Chine), s'agissant des recommandations formulées par le Secrétaire général, a noté la complexité des stratégies menées par l'ONU, en réponse à un défi des plus complexes. Il importe d'autant plus de coordonner les rôles de tous les acteurs. Conformément au Sommet mondial de Copenhague sur le développement, les gouvernements doivent adopter des stratégies nationales. Le Groupe des 77 et la Chine ont forgé un consensus, qu'ils ont présenté lors des grandes conférences convoquées par l'ONU. La pauvreté constitue un impératif moral. Or, la contraction des ressources extérieures rend difficile une mobilisation efficace contre la pauvreté. On nous parle de "réaffectation" des ressources. De quelles ressources? Comment réaffecter des ressources en déclin? L'élimination durable de la pauvreté exige une mobilisation massive de ressources, et de ressources

additionnelles. Il ne saurait être question de simple réaffectation.

En outre, le Secrétaire général, dans son rapport, a ignoré complètement les recommandations du Sommet mondial. Il laisse ainsi de côté les recommandations en matière de mesures statistiques de la pauvreté. Il faut passer aujourd'hui à un système de coopération collective. Le renforcement de la collaboration entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods, envisagé au niveau du terrain, ne saurait créer des conditionnalités nouvelles en matière d'assistance. La note de stratégie ne peut en outre être l'unique instrument de coordination. Il faut penser à d'autres outils, pour les pays qui n'ont pas adopté la note de stratégie - et n'envisagent pas de le faire. A propos des travaux des Groupes de travail inter-institutions, le Groupe de travail sur la création d'un environnement propice doit tenir compte de l'environnement extérieur. Pour cela, le Groupe devrait s'appuyer sur les travaux de la Commission du développement durable. Compte tenu de la diversité des mandats des acteurs du développement, des "paquets" cohérents doivent être présenté aux pays récipiendaires. Il faut éviter les "messages" contradictoires. La pauvreté ne saurait être un défi uniquement national. Elle est un défi mondial. La vision d'une croissance économique durable doit profiter aux populations, également à celles vivant en milieu rural.

M. JOHN H.F. CAMPBELL (Irlande, au nom de l'Union européenne) : Alors que le système des Nations Unies a un rôle essentiel et complémentaire à jouer pour appuyer les efforts des gouvernements en vue de l'éradication de la pauvreté, il incombe en premier lieu aux gouvernements d'évaluer les situations en matière de pauvreté, de formuler et de mettre en oeuvre les plans et programmes nationaux concernant l'éradication de la pauvreté. En vue de s'acquitter de ce rôle, le système des Nations Unies doit adopter une approche coordonnée et intégrée à la fois au siège et sur le terrain pour assurer le suivi des grandes conférences internationales, qui ont toutes donné la priorité à l'éradication de la pauvreté, et la mise en oeuvre des autres mesures en matière d'éradication de la pauvreté adoptées par les Nations Unies. Ceci exige une approche multisectorielle et l'intégration de la sexospécificité dans toutes les activités des Nations Unies. Il est important d'éviter tout double emploi, notamment en ce qui concerne le développement des indicateurs. Il est également essentiel que les résultats de l'examen global intègrent les résultats des différentes équipes spéciales et établissent des lignes directrices claires pour le système des coordinateurs résidents et autres parties concernées pour la mise en oeuvre des programmes et plates-formes d'Action. Il faudrait renforcer les liens existant entre les équipes spéciales et le mécanisme créé par le Comité administratif de coordination. L'élaboration de lignes directrices claires et leur mise en oeuvre sur le terrain sont cruciales à la l'efficacité des activités opérationnelles des Nations Unies.

De l'avis de l'Union européenne, il faudrait faire une meilleure utilisation des groupes thématiques pour encourager une participation plus large aux discussions sur la pauvreté et la note de stratégie de pays devrait constituer l'instrument principal pour l'élaboration des plans et programmes en matière d'éradication de la pauvreté. En outre, la mobilisation effective des ressources financières en matière d'éradication de la pauvreté et assurer une meilleure orientation de la coopération et de l'assistance en faveur du développement devraient être pleinement explorées, en gardant à l'esprit l'engagement pris par les pays d'atteindre l'objectif de 0,7% du PNB pour l'aide publique au développement.

Par ailleurs, les engagements pris à Beijing doivent constituer la base des efforts du système des Nations Unies d'encourager une intégration soucieuse d'équité entre les sexes dans les activités menées par l'Organisation des Nations Unies dans le domaine de l'élimination de la pauvreté. Conformément au Plan d'Action de Beijing, il faudrait mettre l'accent sur la nécessité d'assurer au personnel des Nations Unies une

formation relative aux questions de sexospécificité, notamment sur le terrain, en vue de le sensibiliser aux exigences de l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes. En raison de la féminisation accrue de la pauvreté et la nécessité d'intégrer l'équité entre les sexes dans les activités liées à l'élimination de la pauvreté, la Commission de la condition des femmes a un rôle important à jouer dans ce domaine.

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