ECOSOC/291

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : LE DEBAT DE HAUT NIVEAU REAFFIRME LE ROLE PIVOT DU SYSTEME DE L'ONU DANS LA LUTTE CONTRE LES STUPEFIANTS

26 juin 1996


Communiqué de Presse
ECOSOC/291


CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : LE DEBAT DE HAUT NIVEAU REAFFIRME LE ROLE PIVOT DU SYSTEME DE L'ONU DANS LA LUTTE CONTRE LES STUPEFIANTS

19960626 APRES-MIDI ECOSOC/291

Le Conseil économique et social a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau relatif à la coopération internationale aux fins de la lutte contre la production, la vente, la demande, le trafic et la distribution illicites de stupéfiants et de substances psychotropes et les activités connexes.

Au cours de cette séance, les représentants de haut niveau des pays suivants ont exprimé leur opinion sur les voies et moyens de lutter efficacement contre ce fléau : Irlande, Thaïlande, Danemark, Australie, Venezuela, Liban, Maroc, Cuba, Malte, Bélarus, Philippines, Swaziland, Algérie, Kazakhstan, Israël, Brésil et Syrie. La Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a également pris la parole.

En fin de séance, les représentants de la Grèce et de l'ex-République yougoslave de Macédoine ont exercé leur droit de réponse.

Du débat de cet après-midi, se dégage un appui renouvelé au rôle pivot du système des Nations Unies dans la lutte contre les stupéfiants. Plus particulièrement, les délégations ont loué l'action du PNUCID qui maîtrise une expertise en la matière. Certains ont toutefois regretté que les ressources allouées au Programme ne coïncident pas souvent avec l'ampleur croissante de son mandat.

La plupart des délégations ont réitéré leur attachement à la proposition mexicaine d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1998, date à laquelle sera commémoré le dixième anniversaire de la Convention internationale de lutte contre les stupéfiants. Cette occasion permettra de faire le point des efforts entrepris à l'échelle internationale en matière de lutte contre la production, la demande, la vente et le trafic illicites de stupéfiants. Il s'agira également d'entreprendre une réflexion féconde sur les stratégies futures de lutte et les nouvelles modalités d'une coopération régionale et internationale devenues indispensables. Certaines délégations ont soulevé la question de la relation existant entre certains groupes terroristes et le trafic illicite de stupéfiants, qui se nourrissent de ce négoce aux fins de déstabiliser les fondements d'Etats souverains.

(à suivre - 1a) - 1a - ECOSOC/291 26 juin 1996

Face au défi mondial de l'usage illicite des stupéfiants, nombre de délégations ont mis en avant l'importance de l'éducation, en tant que premier rempart contre la diffusion et le recours à ces substances. Elles ont dans ce cadre insisté sur la pertinence des campagnes d'information et de sensibilisation, surtout auprès des jeunes, sur les conséquences néfastes des drogues.

Le débat de haut niveau reprendra, demain, 27 juin, à partir de 10 heures.

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Coopération internationale contre la production, l'offre, la demande, le trafic et la distribution illicites de stupéfiants et de substances psychotropes

Déclarations

Mme NORA OWEN, Ministre de la Justice de l'Irlande, a indiqué que son pays a identifié les stupéfiants comme l'un des thèmes prioritaires de sa Présidence de l'Union européenne, qui commence dès lundi prochain. Elle vise, au cours de cette période de six mois, à mettre en oeuvre un

Programme d'action européen sur la prévention de la dépendance aux stupéfiants dans le domaine de la santé publique pour la période 1996-2000, la conclusion d'accords entre l'Union européenne et des pays tiers sur l'identification, le contrôle et la vente de précurseurs; l'adoption de mesures en vue de la protection des frontières externes de l'Union; et le renforcement de la coopération internationale avec les pays et les régions ne faisant pas partie de l'Union. Le Conseil européen tenu la semaine dernière à Florence, a ouvert la voie à la ratification de la Convention relative à Europol, qui permettra le renforcement de la coopération entre les forces de police européennes et leurs collègues à travers le monde entier.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a indiqué que son pays accorde une haute priorité à la lutte contre les stupéfiants. Le gouvernement thaïlandais a adopté une approche équilibrée et globale dans ses efforts inlassables de lutte contre les stupéfiants, à la fois en termes de réduction de l'offre par le biais du contrôle et en termes de réduction de la demande par le biais de la prévention et des mesures de traitement et réhabilitation. La Thaïlande est convaincue que la coopération internationale et l'action collective sont essentielles pour lutter contre le problème de la drogue, à la fois au niveau de la demande et de celui de l'offre. Appuyant pleinement les initiatives du Programme des Nations Unies pour le contrôle des stupéfiants (PNUCID) concernant des projets sous-régionaux, le gouvernement thaïlandais a pour sa part signé en 1993 le Mémorandum d'Accord avec la Chine, le Lao, Myanmar et le PNUCID, qui sert de cadre pour la coopération en matière de lutte contre les stupéfiants. Ce Mémorandum a été étendu en 1995 au Cambodge et au Viet Nam. En outre, un plan d'action sous-régional a été adopté pour s'attaquer aux problèmes de la production, du trafic et de l'abus illicites des stupéfiants. La Thaïlande, qui n'est pas encore partie à la Convention de 1988 sur les stupéfiants, a déjà repris de nombreuses dispositions de la Convention et des recommandations du Plan mondial d'action dans sa législation nationale. Par ailleurs, le représentant a souligné que le PNUCID pourrait jouer un rôle vital en assistant les Etats membres à mettre en oeuvre aux instruments sur le contrôle des stupéfiants.

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Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a fait remarquer que la consommation de stupéfiants affecte le plus souvent les jeunes des couches sociales les plus défavorisées. La Convention des droits de l'enfant, qui est à la base des activités de l'UNICEF, traite spécifiquement de ce problème et stipule que les enfants ont le droit d'être protégés de ce fléau. De ce fait, l'UNICEF gère ce problème sous l'angle des droits et de la protection de l'enfance. La stratégie de la santé adoptée par l'UNICEF en 1995 contient une série d'éléments concernant la réduction de la demande. La semaine dernière, le Conseil d'administration a adopté une stratégie appelée à faire face aux besoins spécifiques des enfants requérant une assistance spéciale, nombre d'entre eux étant vulnérables aux stupéfiants. En plus de sa collaboration avec le PNUCID, l'UNICEF collabore également avec le Programme sur l'abus des drogues de l'OMS et le HCR.

M. BENNY KIMBERG (Danemark) a indiqué que son pays a mis en oeuvre un projet pilote visant à assurer un traitement aux toxicomanes criminels. Il a estimé que la prévention primaire ne peut être sous-estimée. Toutefois, il est paradoxal de constater qu'il existe certaines restrictions à la coopération internationale en matière de prévention primaire. C'est pourquoi, le Danemark appuie fermement la résolution,

adoptée par la Commission des stupéfiants à sa 39ème session, qui demande au PNUCID d'élaborer une déclaration sur les principes directeurs concernant la réduction de la demande. Dans l'élaboration de cette déclaration, il est important de tenir compte des particularités historiques, culturelles et sociales de chaque pays. En même temps, il est important de souligner que l'abus des drogues réside, notamment, dans l'absence d'éducation, d'emploi et de conditions sociales appropriées. Toute amélioration des conditions sociales aura un impact fondamental sur la prévention primaire de la demande des stupéfiants. De l'avis de sa délégation, les projets du PNUCID devraient être liés, pour être hautement efficaces, à ceux mis en oeuvre par d'autres organisations compétentes du système des Nations Unies. Le plan général d'action devrait être perçu comme un instrument stratégique pour renforcer l'impact relatif des activités du PNUCID et lui donner un rôle de catalyseur efficace.

M. RICHARD BUTLER (Australie) a indiqué que la stratégie clé pour gérer les effets adverses de l'abus des drogues visait à mettre en oeuvre des mesures qui réduisent les préjudices causés par ce phénomène. Il est important de souligner que la réduction du préjudice causé ne peut être isolée du contrôle de l'offre des stupéfiants. Ces mesures ne peuvent être efficaces sans une pleine coopération et une entente entre les responsables du contrôle de l'offre et les services de santé ou de réhabilitation. M. Butler a indiqué également que l'année dernière, l'Australie a créé un groupe de travail national chargé de trouver des solutions pour réduire les décès causés par l'héroïne. Des analyses préliminaires concluent qu'il pourrait exister un lien entre l'augmentation du nombre des décès et l'existence d'une héroïne très pure provenant d'Asie du sud-est. Cette question préoccupe profondément la communauté australienne. Aussi, le Conseil ministériel chargé des stratégies en matière de stupéfiants a-t-il créé un groupe multidisciplinaire pour examiner la question. Cet organe fournit des informations en matière de prévention.

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Sur le plan normatif, les autorités fédérales et des Etats fédérés réexaminent la législation en vigueur en matière de stupéfiants, qui est très complexe, en vue d'élaborer un ensemble de règles simplifiées. Des lois compatibles et complémentaires applicables par toutes les juridictions australiennes faciliteront la poursuite des responsables du trafic de stupéfiants et réduiront les frais de procédure. M. Butler a estimé que le Programme des Nations Unies pour le contrôle des stupéfiants (PNUCID) ne pourra être efficace que s'il bénéficie de la participation active de tous les Etats Membres et s'il dispose des ressources nécessaires.

M. EMILIO ALCALAY, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a indiqué que son pays, en sa qualité de promoteur de la Convention de 1988, réitère son engagement international de prendre une part active à la lutte contre le fléau du trafic de stupéfiants. Qui plus est, le Venezuela attache une importance particulière à la tenue en 1998, d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale, en vue d'établir les priorités susceptibles de renforcer la stratégie mondiale contre les stupéfiants. De par sa situation géographique, le Venezuela est un pays de transit. Les mesures de prévention visent en outre à empêcher la transformation du pays en producteur. Dans ce contexte, le phénomène de la narco-guérilla démontre le cercle vicieux qui prévaut entre la violence, le trafic de drogue et la corruption. Le Venezuela est un partisan du renforcement de la coopération internationale en matière de lutte contre les stupéfiants. Enfin, le Venezuela est convaincu que l'harmonisation nécessaire des systèmes juridiques passe par la ratification de la Convention de 1988.

M. SAMIR MOUBARAK (Liban) a indiqué que la guerre n'a pas seulement apporté la mort et la dévastation à son pays. Elle a également servi les fins des trafiquants de drogue qui ont tiré avantage de la situation pour développer la production de stupéfiants et leurs activités illicites. Aussitôt le conflit terminé, le Gouvernement libanais a adopté une stratégie nationale qui s'attaque à l'ensemble des aspects de la consommation, de la production et du trafic de drogue, notamment l'opium et le cannabis. Dans le cadre de ces efforts, le Liban a en outre ratifié la Convention de 1988 et renforcé la coordination entre la justice et la police. A la demande du Gouvernement, le PNUCID et d'autres institutions des Nations Unies ont entamé un programme d'assistance économique aux régions libanaises concernées par la production. Le Gouvernement a maintes fois mis en exergue l'importance de la mise en oeuvre de programmes de développement et de réhabilitation aux fins d'éliminer définitivement les cultures illicites. Un projet national de cultures alternatives a été élaboré, qui requiert un montant de 43 millions de dollars. A ce jour, seuls 4 millions ont été mobilisés. La semaine dernière, le Gouvernement a lancé une initiative nationale en établissant l'"Institut national de cultures alternatives", chargé de recommander les méthodes optimales de développement des régions concernées.

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M. MOHIEDDINE AMZAZI, Directeur de l'Unité de coordination de la lutte anti-drogue du Maroc, a estimé que face aux nombreux périls liés à la drogue, la coopération internationale devrait être axée tant sur les mesures de réduction de la demande, que sur des programmes alternatifs de développement en vu d'enrayer les causes d'ordre socio-économiques qui sont à l'origine de la culture des drogues. Une telle démarche devrait consister à assurer des cultures de substitution suffisamment rentables et réduire la dépendance des populations, dont les conditions économiques précaires les conduisent vers une production nocive, mais d'un apport financier certain. La stratégie marocaine en matière de lutte contre les stupéfiants en est principalement axée sur les trois points complémentaires suivants : la réduction de l'offre, la lutte contre le trafic illicite et l'intensification de la coopération internationale sur l'ensemble des aspects concernant la drogue.

Parallèlement aux mesures répressives, une démarche a été entreprise en faveur des régions touchées par ce fléau à travers un plan de développement lancé en 1992. Pour ce faire, le Maroc a mobilisé d'importantes ressources et a entrepris des démarches auprès de l'Union européenne pour qu'elle apporte sa contribution à la solution de ce problème commun, compte-tenu de la corrélation étroite unissant la demande et l'offre. Le Maroc exprime l'espoir qu'une démarche résolue soit entreprise, dans les meilleurs délais, par les pays donateurs et les institutions financières internationales pour apporter l'aide nécessaire aux pays dont la volonté d'éradiquer le fléau de la drogue est déterminante.

C'est avec la même volonté et la même détermination que le Maroc veille à renforcer la coopération avec différents pays par le biais d'accords bilatéraux et d'actions concertées au niveau de la sous-région de la Méditerranée occidentale, de la région euro-méditerranéenne ou dans le cadre des organisations spécialisées des Nations Unies. Lors de la réunion des Ministres de l'intérieur des pays riverains de la méditerranée occidentale, tenue à Rabat en avril 1996 et qui a été consacrée aux menaces que les stupéfiants font peser sur notre région, les participants ont adopté la "Déclaration de Rabat" qui approuve la responsabilité aussi bien des pays producteurs que des pays

consommateurs, de même qu'elle appelle à l'accroissement de la coopération dans les domaines policier, économique, technique et judiciaire.

Mme ZENAIDA OSORIO VIZCAINO, Première Vice-Ministre de la Justice de Cuba, a fait remarquer qu'aujourd'hui, force est de reconnaître que le trafic de drogues est devenue une activité des plus lucratives. C'est à cette formidable puissance économique que l'Humanité devra faire face au XXIème siècle. Certes, la communauté internationale, les Nations Unies notamment, a déployé des efforts louables pour freiner ce marasme, mais eu égard à la réalité, ces entreprises se sont avérées insuffisantes. Evoquer le problème de la drogue ne se limite donc pas uniquement à son impact sur la santé.

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Il est un phénomène synonyme d'autres maux : violence, corruption, conséquences sur l'économie. Des facteurs sociaux ont également leur rôle dans la prolifération du mal : ils ont pour nom misère, marginalisation sociale, carence d'opportunités. Toutefois, l'élément central demeure l'écart économique entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Il doit être dûment tenu compte de cette réalité dans tout programme d'assistance, bilatérale ou multilatérale. Toute aussi importante est l'allocation de plus de ressources financières aux pays les plus défavorisés. L'acceptation de l'assistance par ces pays les a souvent obligé à se plier à des conditionalités, synonymes de soumission politique. Cuba a conclu des accords de coopération avec 12 pays ainsi qu'un mémorandum d'accord avec un autre. Des actions de coopération et d'excellentes relations de travail ont été entreprises avec trois autres pays. Cuba est prêt à conclure des accords avec tout pays, qui sur la base du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires internes, est décidé à combattre le trafic illicite de stupéfiants. Dans ce contexte, Cuba vient de ratifier la Convention de 1988.

M. TONIO BORG, Ministre de l'intérieur de Malte, a indiqué que son pays a adhéré en février 1996 à la Convention de Vienne sur les stupéfiants. Le parlement a adopté un projet de loi reprenant les dispositions de cette Convention, notamment la possibilité d'exécuter les mesures de saisie et de confiscation prises à l'étranger contre les trafiquants de stupéfiants. La mise en place d'un commando d'élite restructuré et renforcé, le nombre record d'arrestations et de condamnations de trafiquants de drogues ainsi que des saisies de stupéfiants ne traduisent que certains des efforts déployés par le gouvernement maltais, a fait remarquer M. Borg. Malte a toujours accordé une importance particulière à la coopération internationale. A cet égard, il a déjà établi une coopération avec les différentes institutions chargées de l'exécution de la loi en Europe à la fois par l'échange de l'information et de l'assistance policière et judiciaire. Grâce à sa coopération avec le Programme des Nations Unies pour le contrôle des stupéfiants, Malte organise régulièrement des programmes de formation. M. Borg a réaffirmé que son gouvernement s'oppose fermement à la légalisation des stupéfiants. La légalisation contribuerait, selon M. Borg, à augmenter la consommation des drogues. Outre ces mesures, le gouvernement a mis en place une agence contre l'abus des stupéfiants et de l'alcool pour faire face aux aspects sociaux du problème de la drogue et de l'alcool. Cet organe offre un service personnalisé sous forme de traitement. Cette année, le gouvernement a consacré 2,1 millions de dollars aux activités de l'agence.

M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus) a déclaré que pour son pays, la lutte contre le trafic illicite des drogues revêt une double importance, tant

en raison de l'imbrication des réseaux du crime organisé et de la drogue qu'à cause de l'impact des drogues sur la santé de la population, déjà confrontée à de sérieux problèmes écologiques. Plus de 750 crimes liés aux drogues ont été commis au Bélarus, en 1995. A cause de la hausse rapide de l'utilisation des drogues et de l'expansion des bénéfices liés au trafic, les trafiquants ont

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choisi récemment d'établir leurs bases au Bélarus. Des liens étroits se tissent en outre entre les groupes criminels locaux et les réseaux étrangers de trafiquants. Des cargaisons de cocaïne en provenance d'Europe occidentale ont été saisies, dont les prix étaient considérablement abordables par rapport aux prix mondiaux. Ce pourrait être là une indication de l'émergence de nouveaux marchés sur le territoire du Bélarus, avec la complicité des cartels d'Europe occidentale.

De par sa situation géographique, le Bélarus représente une zone intéressante de transit des drogues. En 1990, seulement trois cas de trafic clandestin avaient été décelés et 960 grammes de marijuana, confisqués. Durant les 6 premiers mois de 1995, plus de 33 cas ont été signalés et 417,5 kilogrammes d'opium, de pavot, de marijuana, de hachisch, de cocaïne et d'héroïne ont été confisqués. Selon les statistiques nationales, plus de 30% des drogues confisquées proviennent de l'étranger. En 1995, 51 ressortissants étrangers de 13 pays ont été détenus et inculpés pour activités illégales liées aux drogues, sur le territoire du Bélarus. Cette tendance à l'importation de quantités massives de drogues dangereuses, telles l'héroïne et l'opium, est alarmante, a noté M. Sychou.

Pour répondre à ces défis, le Gouvernement du Bélarus a adopté une série de mesures visant à arrêter l'expansion du trafic, à réduire l'offre et la demande. Une Commission interinstitutions de lutte contre la criminalité et la toxicomanie a été créée en 1995, sous les auspices du Conseil national de sécurité du Bélarus. D'autre part, un programme de recherche scientifique sur la dépendance vis-à-vis des drogues a été conçu, par les institutions chargées de l'exécution des lois, l'Institut de recherche scientifique sur la criminologie et l'expertise juridique. Un aspect important de l'effort du Gouvernement passe en outre par la participation du Bélarus à l'action multilatérale et bilatérale, a indiqué M. Sychou. Ainsi, le Bélarus a conclu plusieurs accords bilatéraux, en matière de blanchiment de l'argent, de détournement des précurseurs et autres substances chimiques, de production ou de trafic illicites des drogues. Avec l'assistance du PNUCID, le Bélarus a renforcé sa législation anti-drogues, de même que la formation de professionnels du trafic. Un programme relatif à "l'organisation des institutions et à l'amélioration des efforts de lutte contre l'abus des drogues" a été préparé en 1995, avec le PNUCID.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a souligné que malgré les sept conférences internationales convoquées par l'ONU sur les thèmes du développement, la communauté internationale semble avoir manqué l'occasion d'analyser l'impact de l'abus des drogues, de la production, de l'offre, de la demande et du trafic illicites sur le développement. A la volonté politique de réussir le développement social et économique, doit correspondre une volonté non moins ferme de lutter contre le problème de l'abus des drogues. Les Philippines appuient la proposition de convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1998, consacrée à la coopération internationale dans ce domaine. Une ratification universelle des Conventions de 1961 des Nations Unies sur

les stupéfiants, de 1971 sur les substances

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psychotropes et de 1988 contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, est essentielle, a affirmé M. Mabilangan. De même, un renouveau de la coopération internationale passe par l'appui de tous les Etats au Programme mondial d'action adopté en 1990 par l'ONU, à la Déclaration de 1987 de l'Assemblée générale sur une approche compréhensive et multidisciplinaire et, de façon générale à l'action du PNUCID. Les Philippines apportent leur appui à la proposition du Directeur exécutif du PNUCID, en vue d'identifier un système commun de surveillance et d'évaluation des résultats nationaux, qui serait universellement accepté.

En tant que partie à la Déclaration de 1976 de l'Association des Nations d'Asie du sud-est (ANASE) sur la lutte contre l'abus des drogues, les Philippines continuent d'honorer leurs engagements régionaux. Du 4 au 8 novembre 1996, les Philippines vont accueillir la 21ème Réunion des Chefs des organes chargés de l'exécution des lois (HONLEA), au niveau de la région Asie-Pacifique. L'Union européenne a financé deux projets importants de réduction de la demande au niveau des pays de l'ANASE. Les Philippines souhaitent poursuivre ces programmes en 1997, pour atteindre toutes les régions du pays.

M. MAWENI SIMELANI, Ministre de la justice du Swaziland, a fait remarquer que le risque et la menace que le trafic des stupéfiants et ses liens avec le terrorisme, le crime organisé, le blanchiment de l'argent et le commerce des armes posent à la société civile, obligent les gouvernements à y faire face par le biais de la coopération et de la prévention. Les liens directs qui existent entre l'abus des drogues et les questions socioéconomiques et politiques, notamment les liens entre les stupéfiants et la famille, l'emploi et le crime, ne peuvent pas être sous-estimés. A cet égard, il est nécessaire que les gouvernements intensifient leurs efforts en adoptant une législation nationale visant à renforcer les systèmes juridiques nationaux et à prendre des mesures efficaces en matière de contrôle des stupéfiants, conformément aux instruments internationaux en vigueur.

Le Swaziland appuie fermement l'accent mis par le Programme des Nations Unies pour le contrôle des stupéfiants (PNUCID) sur les stratégies régionales, sous-régionales et nationales de lutte contre les stupéfiants et appelle le PNUCID à continuer à compléter ces stratégies. Avec la coopération d'organisations non gouvernementales et le PNUCID, le gouvernement du Swaziland met en oeuvre actuellement deux projets sur l'exécution de la loi en matière de stupéfiants et sur la création d'un centre de ressources pour la réhabilitation sur le lieu du travail. En outre, le parlement procède au renforcement de la loi anti-corruption.

M. RAMTANE LAMAMRA (Algérie) a estimé que le PNUCID qui s'est établi rapidement comme l'articulateur opérationnel de la coopération internationale pour le contrôle des stupéfiants, a su capter l'éveil des Etats à la nécessité d'une lutte organisée contre les drogues, à l'échelle universelle, comme il a

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su bâtir sur les expériences nationales des Etats pour développer des

démarches et des programmes tendus vers la promotion de la prévention ainsi que vers le renforcement du contrôle et de la répression à travers l'harmonisation des efforts nationaux et l'assistance mutuelle entre les nations. Il importe, des lors, que les ressources humaines et financières du PNUCID se renforcent et s'accroissent de manière significative et soutenue afin que la mise en oeuvre des programmes agréés par la communauté internationale ne souffre pas de disparités et ne connaisse pas de points faibles, principalement dans les pays en développement et en Afrique tout particulièrement.

Le contrôle de plus en plus rigoureux aux frontières de l'Europe pousse les trafiquants à redéployer leurs activités en se tournant vers d'autres régions, telle l'Afrique, dont les pays ne disposent encore pas de l'expérience et des moyens adéquats pour affronter ce trafic. Il est donc naturel que l'Afrique qui est affectée au plus haut point par cet aspect du trafic insiste pour qu'à côté des intérêts légitimes voire vitaux des pays producteurs et des pays consommateurs, les intérêts des pays de transit soient dûment pris en charge. A cette fin, l'Afrique doit bénéficier de la plus grande attention de la part des organismes chargé de la lutte contre les stupéfiants et constituer un axe important du déploiement de l'action du PNUCID, a estimé M. Lamamra.

Située à un carrefour des espaces africain, méditerranéen et moyen oriental, l'Algérie que ses valeurs culturelles ont préservée pendant longtemps de la condition de producteur et de celle de grand consommateur s'est trouvée happée par le phénomène des drogues en devenant une aire de transit privilégiée de quantités importantes dont une partie résiduelle alimente une consommation locale de récente date. Face à cette situation, les pouvoirs publics ont mis en place et renforcé un dispositif de mesures préventives, dissuasives et répressives. A cet effet, une Commission nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie a été installée et un plan directeur national élaboré et mis en oeuvre avec le concours de l'ensemble des structures compétentes de l'Etat et d'organisations non gouvernementales. La prévention s'exprime essentiellement à travers la sensibilisation des différentes composantes de la société, notamment la jeunesse. "Au plan de la répression la législation algérienne est connue pour sa rigueur"; la loi relative à la protection et à la promotion de la santé, à laquelle s'ajoutent des dispositions des codes pénal, des douanes et des postes et télécommunications, réprime très sévèrement les trafiquants; en outre, le Ministère de la justice a prévu une réforme substantielle de la législation relative au trafic illicite des drogues pour la mettre en conformité avec les conventions internationales auxquelles l'Algérie est partie.

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Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a estimé qu'il faudrait prendre des mesures concrètes pour lutter contre l'abus et le trafic des stupéfiants et des substances psychotropes. Son gouvernement attache une importance particulière à la coopération avec les organes des Nations Unies chargés de la question. En mai dernier, le Kazakhstan a signé un mémorandum de coopération avec d'autres pays voisins et avec le Programme des Nations Unies pour le contrôle des stupéfiants (PNUCID) en vue de créer un mécanisme de coordination de l'action menée en matière de lutte contre les stupéfiants. En outre, le gouvernement a conclu un certain nombre d'accords bilatéraux. Pour lutter contre le crime organisé, un programme a été mis en place. Le gouvernement a renforcé la coopération sur le plan humanitaire et économique avec la Fédération de Russie et le

Bélarus afin de s'attaquer aux aspects multiples de l'abus et du trafic des stupéfiants. Mme Arystanbekova a indiqué qu'une commission nationale chargée de la question des stupéfiants a été créée, conformément aux recommandations du PNUCID. Par ailleurs, le gouvernement assure une formation spécialisée au personnel chargée de l'application de la législation en matière de stupéfiants.

M. EITAN GORNI (Israël) a déclaré dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants menée par son pays, le Gouvernement israélien a conclu plusieurs accords de coopération au cours des six dernières années. Il a en outre inauguré une coopération avec certaines des ex-Républiques soviétiques afin de les aider à établir leurs institutions nationales de lutte contre les stupéfiants. Israël se félicite de ce que le processus de paix ait ouvert de nouvelles perspectives de coopération régionale. Ainsi, la première réunion sous-régionale technique sur la question a eu lieu en juillet 1995 au Caire. Pour la première fois alors, des représentants de l'Egypte, de la Jordanie, d'Israël et des Palestiniens se sont réunis sous les auspices du PNUCID, afin de déclencher un effort coordonné pour juguler le flux de drogues au MoyenOrient. L'Agence israélienne de lutte contre la drogue est convaincue que l'éducation demeure essentielle à la réduction de la demande. La prévention vaut en effet tellement mieux que la cure.

M. ADHEMAR G. BAHADIAN, Sous-Secrétaire général du Ministère des relations extérieures du Brésil, a fait valoir que l'énorme menace qu'impose aujourd'hui au monde la problématique des stupéfiants ne pourra être écartée à long terme que si la communauté internationale reconnaît le principe de la responsabilité partagée. Il convient d'adopter une approche équilibrée et multisectorielle du problème. Le combat contre la production, la vente, la demande, le trafic et la distribution des stupéfiants, et des substances psychotropes ainsi que des activités qui leur sont liées requiert une action concertée tant au niveau national que régional et international.

Le gouvernement brésilien accorde une grande priorité à la lutte contre les activités illicites liées aux stupéfiants. Des mesures importantes ont été prises pour moderniser le cadre institutionnel dans ce domaine, comme en témoignent notamment les réformes entreprises par le Ministère de la justice,

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y compris l'établissement d'un Secrétariat de la planification pour l'action nationale sur la sécurité publique, et l'adoption du nouveau Programme d'Action national de lutte anti-drogues, récemment approuvé par le Président Fernando Henrique Cardoso. Ce programme d'action met en particulier l'accent sur la prévention, le renforcement de la loi, et la réhabilitation des toxicomanes, ainsi que sur le renforcement de la coopération entre le Brésil et les institutions policières étrangères. Le Brésil a en outre entrepris des démarches en vue de l'adoption d'une législation visant à appliquer certaines dispositions de la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants et des substances psychotropes. De nouvelles lois sont entrées en vigueur, ces douze derniers mois, qui ont institutionnalisé des normes pour le contrôle et l'inspection des précurseurs chimiques, et le Congrès est actuellement en train de considérer un projet de texte qui vise notamment à renforcer la lutte contre l'argent de la drogue. La législation nationale sur les stupéfiants, les substances psychotropes et les précurseurs, élaborée avec la collaboration du PNUCID, a encore expliqué M. Bahadian, devrait par ailleurs être bientôt approuvée. Le Sous-Secrétaire général adjoint du Ministère des relations extérieures du Brésil a par ailleurs insisté sur l'importance que son pays accorde à la

coopération régionale. Mettant l'accent sur le rôle important que joue le PNUCID au niveau international, il a considéré que des ressources supplémentaires devaient être allouées à ce programme essentiel.

M. AHMED HALLAK (Syrie) a indiqué qu'il devient évident que le défi posé par le trafic, la production et la vente de stupéfiants requiert désormais la coopération de tous. Partie à l'ensemble des instruments internationaux en matière de stupéfiants, la Syrie s'attache désormais à adapter sa législation interne en conséquence. Confiantes dans les vertus de la coopération régionale et internationale, les autorités syriennes coopèrent activement avec les services spécialisés des autres pays arabes pour mettre fin à l'usage illicite des stupéfiants. De plus, la Syrie combat le passage de ces substances sur son territoire. La coopération avec Interpol a permis d'appréhender des quantités considérables de drogues au cours des dernières années. La Syrie appuie le rôle de coordonnateur des Nations Unies dans cette lutte.

Droits de réponse

Le représentant de la Grèce, exerçant son droit de réponse, a fait observer que le représentant de l'ex-République yougoslave de Macédoine a désigné le nom de son pays, contrairement aux dispositions d'une résolution des Nations Unies. Hier, les représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont également mentionné dans leur déclaration respective le nom de Macédoine, au lieu d'utiliser l'appellation donnée par la résolution 817 du Conseil de sécurité.

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Le représentant de l'ex-République yougoslave de Macédoine a déclaré que les rapports entre l'ex-République yougoslave de Macédoine et la Grèce évoluent de manière satisfaisante. L'ex-République yougoslave de Macédoine veut croire que cette tendance est irréversible. Ce n'est pas la première fois que la Grèce interprète de façon erronée la résolution 817 (1993) du Conseil de sécurité. Cette résolution n'interdit pas à l'ex-République yougoslave de Macédoine l'usage de son nom constitutionnel.

Le représentant de la Grèce a souligné que l'utilisation du nom d'exRépublique yougoslave de Macédoine a été réglée par la résolution 817 du Conseil de sécurité.

Le représentant de l'ex-République yougoslave de Macédoine a affirmé qu'il est "impensable et contraire à la Charte" et aux principes de l'ONU, d'exiger d'un pays qu'il n'utilise pas le nom inscrit dans sa Constitution. Ce nom constitutionnel est "République de Macédoine".

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