A LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT, L'INDONÉSIE S'EST PRONONCÉE EN FAVEUR D'UNE INTERDICTION TOTALE DE LA PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE
Communiqué de Presse
CD/G/326
A LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT, L'INDONÉSIE S'EST PRONONCÉE EN FAVEUR D'UNE INTERDICTION TOTALE DE LA PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE
19960625L'Indonésie et le Pakistan appellent les puissances nucléaires à faire preuve de souplesse dans les négociations du traité
Genève, le 25 juin -- La Conférence du désarmement a entendu ce matin les déclarations du Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie et du représentant du Pakistan qui ont appelé à une interdiction totale de la prolifération des armes nucléaires et à une plus grande souplesse de la part des puissances nucléaires concernant les négociations du traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
M. Ali Alatas, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, a déclaré que la négociation de mesures de désarmement nucléaire serait essentielle. A cet égard, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires est révélateur de la volonté politique internationale, a estimé le Ministre, et sa conclusion, cette année, constituerait un grand progrès vers un désarmement complet sous contrôle international. L'Indonésie, qui partage les positions de l'ASEAN en la matière, souhaite que le traité freine la prolifération des armes nucléaires tout en servant de base à leur élimination. Le Gouvernement indonésien déplore l'attitude de certaines puissances nucléaires qui ne respectent pas l'interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré M. Alatas, réitérant l'opposition de son gouvernement à des tirs nucléaires dits pacifiques. L'Indonésie s'est également déclarée opposée aux inspections in situ de caractère politique, auxquelles les pays non nucléaires seraient particulièrement exposées. L'Indonésie s'engage à n'épargner aucun effort pour faire aboutir les négociations sur le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, condition préalable absolue pour la stabilité et la paix dans le monde.
Pour sa part, M. Munir Akram, représentant du Pakistan, commentant le texte du traité, a déploré que le texte n'interdise pas tous les essais nucléaires, ouvrant ainsi la voie à d'éventuelles violations. M. Akram a mis en évidence la frustration des États non nucléaires à l'égard des puissances
- - CD/G/326 25 juin 1996(à suivre)nucléaires qui ne s'engagent pas à un arrêt complet du développement des armes nucléaires. Les inspections in situ doivent
rester rares et exceptionnelles, a déclaré M. Akram, indiquant que le Pakistan craint que le déclenchement de ces inspections n'ouvre la voie à l'ingérence, la discrimination et l'abus. Le Pakistan s'est déclaré préoccupé par la récente déclaration de l'Inde, qui met en péril la conclusion du traité et a réitéré son engagement en faveur d'un traité acceptable par tous les participants.
M. José Urrutia, représentant du Pérou, succédant à M. Akram en qualité de Président de la Conférence, a souligné l'importance de parvenir à une conclusion dans les délais prévus du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, estimant que les divergences peuvent être surmontées s'il existe une volonté politique suffisante.
Les représentants du Cameroun et de la République arabe syrienne sont également intervenus.
La Conférence du désarmement tiendra sa prochaine séance plénière le jeudi 27 juin, à 10 heures.
Déclarations
M. ALI ALATAS, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, se félicitant de l'admission des 23 nouveaux membres à la Conférence, a estimé que son élargissement doit se poursuivre activement. La fin de la guerre froide a favorisé le développement d'une coopération accrue, créant un climat favorable à l'interdiction des armes nucléaires, a déclaré M. Alatas, rappelant que son pays est actuellement au dernier stade du processus de ratification de la Convention relative aux armes chimiques. Au vu des tensions subsistant sur la scène internationale, la négociation de mesures de désarmement est essentielle et les efforts pour une interdiction totale de tous les essais nucléaires doivent être maintenus afin d'empêcher la prolifération, tant verticale qu'horizontale. A cet égard, le traité d'interdiction complète des essais nucléaires est révélateur de la volonté politique internationale, a estimé le Ministre, et sa conclusion cette année constituerait un grand progrès vers un désarmement complet sous contrôle international.
M. Alatas a toutefois regretté que certaines dispositions du traité n'aient pas encore trouvé de solution; l'Indonésie, qui partage les positions de l'ASEAN, souhaite que le traité freine la prolifération des armes nucléaires, tout en servant de base à leur élimination. Le Gouvernement indonésien déplore l'attitude de certaines puissances nucléaires qui ne respectent pas l'interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré M. Alatas, réitérant l'opposition de son gouvernement à des explosions nucléaires dites pacifiques. S'agissant du conseil exécutif, le Ministre a souligné que les principes d'équilibre géographique et d'égale représentativité doivent guider l'élection des membres. Il s'est déclaré favorable à une composition élargie qui garantirait un fonctionnement démocratique et transparent.
L'Indonésie considère que les inspections in situ doivent faire l'objet d'une évaluation par le conseil exécutif afin d'éviter les inspections de caractère politique, auxquelles les pays non nucléaires seraient particulièrement exposées. Seules les données fournies par le système international de surveillance (SIS) doivent être prises en considération. La Conférence doit faire preuve d'un esprit novateur et favoriser le consensus à ce sujet. Quant à l'entrée en vigueur du traité, l'Indonésie rappelle qu'elle doit être basée sur une approche numérique simple. La ratification par tous les États doit pouvoir être assurée, a déclaré M. Alatas, sans que le traité puisse être pris en otage par un petit nombre d'entre eux. L'Indonésie s'engage à n'épargner aucun effort pour faire aboutir les négociations sur le traité, condition préalable absolue pour la stabilité et la paix dans le monde.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a réitéré que le Pakistan était favorable à la
conclusion d'un traité depuis 35 ans, déplorant cependant les limites du texte actuel qui n'interdit pas tous les essais nucléaires, ouvrant la voie à d'éventuelles violations. M. Akram a mis en évidence la frustration des États non nucléaires à l'égard des puissances nucléaires qui ne veulent pas s'engager à accepter un arrêt complet du développement des armes nucléaires. Commentant le texte actuel du traité, M. Akram a déploré que l'on insiste sur le système d'inspections in situ, lesquelles doivent rester rares et exceptionnelles. Le système international de surveillance est actuellement limité dans sa capacité et le Pakistan craint que le déclenchement de ces inspections ouvre la voie à l'ingérence, la discrimination et l'abus.
S'agissant du processus de négociation du traité, M. Akram a estimé que la plupart des membres de la Conférence ne sont que des spectateurs d'une pièce dont les seuls acteurs sont les cinq puissances nucléaires. Le Pakistan ne renonce cependant pas aux négociations, espérant que ce traité contribuerait de façon significative à la non-prolifération nucléaire. Tout en dénonçant les déséquilibres du traité, M. Akram a indiqué que sa ratification par le Pakistan et l'Inde permettra d'aboutir à la ratification du traité d'interdiction d'essais nucléaires bilatéral que le Pakistan avait soumis à l'Inde en 1987. Le Pakistan s'est déclaré troublé par la déclaration récente de l'Inde dans laquelle elle annonçait qu'elle ne signerait pas le traité à moins que toutes les conditions soient remplies. Une telle position, si elle était maintenue, pourrait entraîner l'échec des négociations en vue de la conclusion du traité.
Le traité doit interdire toute explosion nucléaire, a déclaré M. Akram. Aucun des huit États, nucléaires ou sur le point d'acquérir l'arme nucléaire ne doit fuir ses responsabilités politiques. La déclaration de L'Inde ne modifie en rien les réalités politiques et stratégiques; de plus, elle fait planer le danger du spectre nucléaire sur le sud de l'Asie et implique une possibilité de réaliser d'autres essais nucléaires dans la région. Le Pakistan demande à la Conférence de relever ce défi, rappelant qu'il a proposé que soit ajouté un paragraphe au Préambule du traité concernant la non prolifération nucléaire.
Le Pakistan a rappelé sa ferme opposition à ce que le Conseil de sécurité des Nations Unies joue un rôle dans l'application de ce traité et a réitéré son engagement en faveur d'un traité acceptable par tous les participants.
M. JOSE URRUTIA (Pérou) succédant à M. Akram en qualité de Président de la Conférence, a souligné l'importance de parvenir à une conclusion dans les délais prévus du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, estimant que les divergences peuvent être surmontées s'il existe une volonté politique suffisante. Le traité doit avoir une portée universelle, interdisant la non-prolifération sous tous ses aspects. Dans cette perspective, la participation des 23 nouveaux membres contribuera à une meilleure efficacité des travaux de la Conférence. Par ailleurs, M. Urrutia a indiqué que la Conférence poursuivrait les consultations concernant l'ordre du jour et la question du désarmement nucléaire dès la conclusion de traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
M. FRANÇOIS-XAVIER NGOUBEYOU (Cameroun) s'est félicité de l'admission des 23 nouveaux membres, estimant que cette décision d'élargissement intervenait à un moment opportun. Il a souligné que la conclusion d'un traité d'interdiction complète des essais nucléaires était essentielle dans la perspective d'un désarmement nucléaire total et s'est engagé à y contribuer pleinement.
MME SAWSAN CHEHABI (République arable syrienne) a déclaré que son gouvernement faisait siennes les vues du Pakistan et de l'Iran concernant l'annexe du document CWP.335.
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