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LE COLLOQUE DES ONG D'AMERIQUE DU NORD SUR LA QUESTION DE PALESTINE ENTAME SES TRAVAUX

24 juin 1996


Communiqué de Presse
PAL/111


LE COLLOQUE DES ONG D'AMERIQUE DU NORD SUR LA QUESTION DE PALESTINE ENTAME SES TRAVAUX

19960624 MATIN PAL/111

"Vers un règlement juste et durable de la question de Palestine", est le thème retenu cette année

Le Colloque des ONG d'Amérique du Nord sur la question de Palestine, a entamé ce matin ses travaux au Siège des Nations Unies à New York. Le Colloque sera consacré au thème suivant : "Vers un règlement juste et global de la question de Palestine". Il terminera ses travaux le 26 juin.

La séance inaugurale était présidée par M. Ibra Deguène Ka (Sénégal), Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, qui a notamment déclaré que le Comité reste convaincu que les nouveaux dirigeants palestiniens poursuivront les négociations de paix et appliqueront pleinement les accords déjà conclus. Les membres du Comité demeurent fermement convaincus que le seul moyen de mettre fin au cycle de la violence dans la région est d'accélérer les négociations en vue de parvenir à un règlement juste et durable. Le soutien et l'assistance des ONG est crucial à cet égard, a-t-il souligné.

M. Nasser Al-Kidwa, Observateur permanent de la Palestine auprès de l'Organisation des Nations Unies, a considéré que la nouvelle ligne dure adoptée par le nouveau Gouvernement israélien aurait un effet négatif sur le processus de paix si elle devrait être mise en oeuvre. Les orientations du nouveau gouvernement contredisent les fondements du processus de paix et les accords passés entre le Gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne. Les Palestiniens restent attachés au processus de paix et disposés à négocier avec le nouveau gouvernement sur la base des accords passés ils n'accepteront aucun écart par rapport à ces accords.

Dans son allocution, M. Larry Ekin, Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord pour la question de Palestine, a déclaré que les participants au Colloque étaient liés par leur détermination à travailler à une coexistence pacifique entre israéliens et palestiniens. Il a considéré que le Comité est appelé à redéfinir son mandat et à revoir nombre de relations, en particulier son lien avec les Nations Unies.

-- PAL/111 24 juin 1996

Le Colloque a ensuite tenu sa première réunion plénière, intitulée : "Autodétermination, mise en place des structures de l'Etat; possibilités et obstacles", sous la Présidence de M. Ekin. La réunion était animée par M. Tony Wolfarth, du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord. Les intervenants suivants ont pris la parole : M. Izaat Abdul-Hadi, Directeur du Centre de recherche de développement de Bisan de Ramallah; Mme Samia Khoury, Présidente de l'Organisation féminine "Rawdat Al-Zuhur" et représentante des PNGO (réseau des ONG palestinienne) de Jérusalem; M. Ziad Abu Zayyad, Député du district de Jérusalem au Conseil palestinien, journaliste, rédacteur et éditeur de la revue Palestine-Israël Journal; et M. Larry Ekin, Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord pour la question de Palestine.

Un débat a ensuite suivi ces interventions, au cours duquel des questions ont été posées par des représentants de plusieurs organisations, auxquelles ont répondu les intervenants.

La prochaine réunion plénière du Colloque aura lieu demain 25 juin à partir de 10 heures, sur le thème : "les réfugiés de Palestine et personnes déplacées".

Allocutions d'ouverture

M. IBRA DEGUENE KA, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé que l'ONU s'occupait de la question du règlement juste et durable de la question de Palestine depuis 1947, et que le Comité, créé en novembre 1975, s'efforce depuis de faire en sorte que le peuple palestinien puisse exercer ses droits inaliénables, en particulier son droit à l'autodétermination, à l'indépendance nationale et à la souveraineté dans sa patrie, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale de l'ONU. Ayant accueilli avec satisfaction le processus de paix lancé à Madrid, en 1991, et les différents accords intervenus entre les parties depuis 1993, l'Assemblée générale a affirmé que le Comité pouvait apporter une contribution utile et positive aux efforts déployés par la communauté internationale afin de promouvoir l'application effective de la Déclaration de principes sur les arrangements intérimaires et d'autonomie, les accords d'application conclus par la suite ainsi que la mobilisation d'un appui international en faveur de l'assistance au peuple palestinien pendant la phase de transition. Ces efforts qu'il convient de soutenir prennent une importance encore plus grande aujourd'hui, au moment où les parties doivent engager des négociations sur le règlement final.

S'associant aux membres de l'ONU, le Comité se déclare convaincu que les nouveaux dirigeants israéliens poursuivront les négociations de paix et appliqueront pleinement les accords déjà conclus. Les membres du Comité demeurent fermement convaincus que le seul moyen de mettre fin au cycle de la violence dans la région est d'accélérer les négociations en vue d'un règlement juste et global.

Dans ce contexte, le soutien et l'assistance des ONG prennent une importance primordiale. M. Ibra Deguène Ka a exprimé toute sa gratitude à toutes les ONG pour les efforts qu'elles poursuivent afin de renforcer leur coordination et leur coopération avec le Comité de la Division des droits des Palestiniens. Il a remercié le Comité de coordination nord-américaine et les autres comités de coordination des ONG pour le rôle que jouent ces organisations, et surtout pour les informations qu'elles communiquent régulièrement et qui facilitent la tâche du Comité. Le Comité et la Division des droits des Palestiniens souhaitent renforcer la coopération dans le domaine de la documentation.

M. Ibra Deguène Ka a informé les membres du Colloque que le Comité, lors de l'adoption de son programme de travail pour 1996, a décidé à nouveau de concentrer son attention sur un certain nombre de questions prioritaires : continuer à promouvoir l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et l'application effective des accords conclus entre les parties, mobiliser l'appui de la communauté internationale au peuple palestinien

pendant la période de transition, et continuer à coopérer avec les gouvernements, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales et les organismes des Nations Unies dans l'exercice de son mandat.

Le programme de séminaires et de réunions des ONG s'est poursuivi en 1996 compte tenu de l'évolution de la situation. Le Comité a organisé un important séminaire sur cette question, intitulé "Séminaire sur l'assistance au peuple palestinien" , qui s'est tenu au Caire du 21 au 23 mai 1996, et auquel ont participé de nombreux pays donateurs, des membres de l'Autorité palestinienne et des représentants d'organismes des Nations Unies et d'ONG. En ce qui concerne la Réunion internationale et la Colloque européen d'ONG, une décision concernant la date et le lieu de la réunion seront annoncés prochainement, certains ayant exprimé le souhait qu'elle se tienne dans la zone contrôlée par l'Autorité palestinienne.

Le Comité est d'avis que le rôle de la communauté internationale, à tous les niveaux, y compris les ONG, à l'appui du peuple palestinien demeure d'une grande importance pendant la période de transition. Le programme du présent colloque, établi en étroite consultation avec les membres du Comité de coordination nord-américain, vise à encourager un échange d'informations et de points de vue sur plusieurs points cruciaux et à promouvoir la coordination et les efforts des ONG. M. Ibra Deguène Ka a espéré notamment que les ateliers permettront aux organisations de mettre au point des programmes d'action concrets et soutenus qui guideront les travaux du Comité, tout en aidant les ONG palestiniennes dans leurs propres efforts.

M. NASSER AL-KIDWA, Observateur permanent de la Palestine auprès de l'Organisation des Nations Unies, évoquant l'évolution politique récente au Moyen-Orient, a souligné que le Gouvernement israélien nouvellement élu a adopté une ligne politique plus dure, qui, si elle devait être mise en oeuvre effectivement, aurait un effet négatif sur le processus de paix, ce qui conduirait en fin de compte à créer une situation dangereuse dans la région. Les orientations exprimées par ce nouveau gouvernement contredisent les fondements du processus de paix engagé au Moyen-Orient et les accords passés entre le Gouvernement israélien et les représentants du peuple palestinien. La persistance d'une telle ligne ne permettrait pas la survie du processus de paix. Les principales exigences pour préserver la paix au Moyen-Orient demeurent l'acceptation par le Gouvernement israélien du principe "territoires contre paix" sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La position palestinienne est claire : les Palestiniens restent attachés au processus de paix et sont disposés à négocier avec le nouveau gouvernement sur la base des accords passés. Le peuple palestinien n'acceptera aucun écart par rapport à ces accords, autant en ce qui concerne la période de transition que le règlement définitif. Toute tentative visant à reprendre les colonies de peuplement aurait ainsi des effets dévastateurs.

L'Observateur de la Palestine a prié les parrains du processus de paix et les partenaires internationaux d'assurer la mise en oeuvre des accords passés et la préservation des bases du processus de paix jetées à Madrid.

Le Sommet arabe qui vient de se tenir constitue un pas important et positif permettant de resserrer les rangs parmi les pays arabes et de garantir une position arabe appropriée. La déclaration de Florence adoptée le week-end dernier par l'Union européenne constitue également une mesure positive à cet égard. Il faudra travailler dur pour préserver les acquis et faire avancer le processus engagé, qui passe notamment par la tenue d'élections nationales pour l'élection du Président de l'Autorité palestinienne et de son Conseil législatif et l'établissement des institutions de l'Etat palestinien.

Au cours de l'année passée, depuis le dernier colloque, les Palestiniens ont poursuivi leurs travaux à l'ONU, avec le soutien de nombreux Etats amis. L'ONU doit maintenir toutes ses positions de principes relativement aux droits inaliénables du peuple palestinien. Elle doit continuer d'apporter tout le soutien en son pouvoir au processus de paix au Moyen-Orient et contribuer aux efforts de reconstitution de l'économie palestinienne. Ces efforts se poursuivront au cours de la cinquante-et-unième session, malheureusement dans une atmosphère moins favorable, compte tenu de l'évolution en Israël. Les Palestiniens espèrent pouvoir compter à cet égard sur le soutien et la solidarité de nombreux Etats Membres, ainsi que sur l'appui de la communauté des ONG.

Les ONG de ce mouvement ont réalisé un travail précieux pour soutenir la cause palestinienne. L'Observateur a souhaité que la composition du Comité nord-américain des ONG soit plus diversifiée, englobant toutes les tendances existant au sein du mouvement. Il a souligné que les travaux du Comité ne devraient toutefois pas outrepasser la portée de ce qui est fait aux Nations Unies et ne devraient pas s'écarter de la base de son mandat. Il ne faut pas confondre le programme de travail de l'ONU avec d'autres questions, ce qui ne pourrait que nuire au processus de paix.

M. LARRY EKIN, Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord pour la question de Palestine, a déclaré que ce qui lie les intervenants, au-delà de leur diversité politique, religieuse ou d'opinion, est leur détermination à travailler à une coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens. Les ressources dont dispose le Comité ne suffisent pas étant donné la tâche à accomplir, et des priorités ont dû être établies. La nature du réseau binational qui a été créé permet d'aller plus loin. Au fil des ans les différentes ONG ont appris à utiliser leur diversité pour renforcer leur crédibilité. Toute organisation est appelée à évoluer dans le temps, a déclaré M. Ekin. Le Comité est appelé à redéfinir son mandat et à revoir nombre de relations, en particulier son lien avec les Nations Unies. Nous passons par une transition dans notre relation avec les représentants du peuple palestinien, a affirmé M. Ekin. Nous connaissons une transformation

dans nos propres relations entre nous, en tant qu'ONG liées à la question de Palestine, a-t-il ajouté. M. Ekin a présenté certaines des ONG américaines représentées au Colloque et a déclaré qu'il reste des gens en Amérique du Nord qui sont profondément attachés à cette cause à laquelle nous voulons travailler.

Déclarations

M. IZAAT ABDUL-HADI, Directeur du Centre de recherche-développement de Bisan (Ramallah), a indiqué que les ONG palestiniennes ont déterminé un cadre de principes pour leur travail futur. Elles ont souligné qu'il ne suffit plus de participer aux efforts de reconstruction actuels, mais qu'il convient de mettre en place une véritable politique économique, sociale et culturelle et de renforcer les principes de la société civile en Palestine. Il s'avère dont nécessaire de mettre en relief les aspects de politique intérieure, car si l'Etat doit être prédominant dans tous

les domaines, le devoir de la société palestinienne est, de son côté, de réaffirmer la démocratie. Le représentant a souligné que l'environnement légal d'une société comme la société palestinienne détermine dans une grande mesure les conditions économiques, sociales et culturelles de cette société. L'environnement légal de la Palestine déterminera donc l'avenir du futur du peuple palestinien. Les activités du Conseil législatif et des ministres palestiniens doivent réaffirmer des cadres de référence appropriés pour la mise en place de politiques générales adéquates.

Il faut en Palestine adopter un cadre précis régissant les relations entre les parties publiques et privées, cadre qui fait actuellement défaut. Le manque de dialogue entre les différentes parties ne permet pas de mettre en relief une vision claire s'agissant des différents aspects du développement et de leurs relations avec l'environnement légal. Les ONG palestiniennes sont en faveur d'un partenariat efficace entre l'Autorité et les organisations civiles. Le représentant a estimé que, depuis les Accords d'Oslo, les parties palestiniennes ne sont pas encore parvenues à consolider leurs relations et à renforcer la société civile. Il ne faut pas se concentrer sur un noyau politique "professionnel" qui n'a pas de racine dans la société civile. Les partis politiques doivent être en contact direct avec la société. C'est ainsi qu'il convient de promouvoir le renforcement des partis politiques tout en améliorant la participation des membres de la société civile en leur sein. Le renforcement de cette participation et des relations entre les organisations palestiniennes exige en outre que les organisations ne se concentrent pas seulement sur les aspects proprement politiques, mais aussi civils. Les anciens modèles sont devenus obsolètes, et l'Etat moderne doit se concentrer sur le développement.

Le représentant a observé que les organisations islamistes ont une influence croissante sur la vision économique, sociale et culturelle de la société palestinienne, et sont les seules qui aient véritablement conforté leur relation avec la société palestinienne. Ceci s'explique notamment par le fait qu'elles bénéficient d'un financement approprié, mais aussi par la clarté de leur vision, par la force de conviction de leurs membres et par la transparence de leur programme politique. Les organisations islamistes ne négligent pas la nécessité d'édifier une société solide. Il semble nécessaire de nouer un dialogue avec ces organisations afin de renforcer la relation entre les islamistes et les laïcs, ce qui permettra de mettre en oeuvre des politiques dans divers domaines de développement et de favoriser l'échange d'informations et d'expériences.

Mme SAMIA KHOURY, Présidente de l'organisation féminine "Rawdat AlZuhur" et représentante du PNGO (réseau des ONG palestiniennes) de Jérusalem, a déclaré que le moment actuel était un moment crucial dans l'histoire du peuple palestinien. La création de l'Etat d'Israël a marqué le début d'une longue lutte et de grandes souffrances. La privation du territoire palestinien en 1967 a accru ce sentiment de dépossession. Le droit à l'autodétermination était un des droits fondamentaux des Palestiniens et n'a cessé d'être dénié, malgré toutes les décisions de l'ONU qui l'ont réitéré. L'initiative de paix de 1988 a été catégoriquement rejetée par Israël. En plein intifadah, les Palestiniens se sont sentis abandonnés. Les Etats-Unis sont devenus la seule puissance arbitre de l'exercice des droits des Palestiniens. La signature de l'accord d'Oslo était le témoignage ultime de l'attachement des Palestiniens à la paix. La célébration de cette signature a coïncidé avec le retrait des forces militaires israéliennes des grandes villes mais depuis, le découragement et la déception se sont installés parmi les Palestiniens. Les militaires israéliens se sont redéployés autour de la rive occidentale et de Gaza. Israël refuse d'admettre qu'il

ne peut y avoir de paix sans le rétablissement de l'autodétermination palestinienne. Des actes de violence ont été perpétrés par des Israéliens qui ont utilisé des moyens sophistiqués pour s'attaquer à certaines cibles. L'accord n'a servi qu'aux Israéliens. Les Palestiniens ont choisi la paix et doivent trouver les moyens de s'accommoder de cette situation défectueuse. Malgré toutes leurs concessions, il n'ont pu obtenir la paix et la sécurité promises. Les Israéliens n'ont rien fait concernant les prisonniers restant, en particulier les femmes et les enfants et les implantations de colons israéliens se poursuivent. Si le gouvernement israélien est vraiment intéressé à la paix, il doit réagir maintenant. Les résultats des élections récentes ont montré que les Israéliens ne sont pas satisfaits du parti travailliste. Le bombardement du Liban ne reflétait en aucune façon la paix. La paix a été mentionnée plusieurs fois dans les discours du nouveau premier ministre mais le genre de paix dont il s'agit n'est pas clair, a estimé Mme Khoury.

Notre destinée est dictée par d'autres et nous avons toutes les raisons de nous inquiéter a-t-elle ajouté. L'Autorité palestinienne semble avoir confiance dans le fait qu'un accord sera honoré mais elle n'a pu obtenir du gouvernement qu'il signe cet accord. Les ONG palestiniennes ont joué un rôle très positif depuis 1967 pour fournir ce dont les Palestiniens avaient besoin. Elles devraient être considérées comme un complément de l'Autorité palestinienne, qu'elles pourraient remplacer dans certains de ses rôles. Le système éducatif actuel manque de créativité et ne donne pas la possibilité aux élèves d'apprendre par aux-mêmes. Le Ministère de l'éducation a un rôle très important à jouer dans l'établissement d'un régime le régime démocratique qui contribuera à garantir l'exercice du droit à l'autodétermination et construire un processus de paix juste et durable.

M. ZIAD ABU ZAYYAD, Député du District de Jérusalem au Conseil législatif palestinien, a souligné que la paix ne peut être construite par la guerre, mais seulement par la négociation. Le processus de paix semble parfois difficile à comprendre. La ligne politique que semble avoir adopté le nouveau Gouvernement israélien semble ne laisser pour seule option que le développement des implantations de colons et la création d'une nouvelle Afrique du Sud. Sans le démantèlement de ces implantations, il n'y aura pas de possibilité de solution pacifique. M. Abu Zayyad a rappelé que, depuis la signature de la Déclaration de principes, l'Autorité palestinienne existe, et que celle-ci a ses propres médias et s'exprime librement pour la première fois dans l'histoire. Le peuple palestinien a enfin la possibilité d'organiser des élections pour désigner ses propres représentants au sein du Conseil législatif ainsi que son Président. Le nouveau défi auquel est désormais confronté le Conseil consiste à jeter les bases d'une société démocratique et d'un Etat démocratique.

La promulgation de nouvelles lois et la création de nouvelles institutions permettent au processus démocratique de se développer et de forger les principes démocratiques dans la société. Il n'est pas facile de changer les mentalités, de passer d'une mentalité révolutionnaire à une mentalité de gestionnaire de gouvernement d'Autorité. Cette transition mentale, nous y procédons avec résolution. Un changement doit également être apporté dans la mentalité des ONG, qui ne travaillent plus non plus dans un régime de pleine occupation israélienne. Les ONG ne doivent pas continuer de jouer le rôle de remplaçant ou d'Autorité par intérim. Une Autorité est actuellement en place, avec laquelle elles doivent désormais travailler et coopérer.

Les Palestiniens tentent de participer au processus graduel de transfert d'attribution d'autorité de manière pacifique. Ils n'ont jamais caché

leur intention de pratiquer leur droit à l'autodétermination. Cet exercice signifie qu'ils doivent avoir le droit de créer leur propre Etat palestinien s'ils le désirent. Cette aspiration à l'autodétermination, ils la demandent

pour eux mais ne le nient à aucune autre personne, y compris aux Israéliens, car les principes ne peuvent être divisés en deux poids deux mesures. Les accords qui ont suivi la signature de l'accord de paix avec Israël devraient être respectés et les deux parties devraient être en mesure de les mettre en oeuvre. Malheureusement, les extrémistes des deux bords tentent, dans une étrange collusion, de saboter la paix. La politique israélienne a encouragé ces extrémistes. Ces derniers ont en effet été encouragés par le ralentissement du processus de paix, alors qu'il aurait été possible d'isoler les extrémistes des deux bords en faisant avancer au contraire ce processus. L'ancien gouvernement israélien de M. Perez a contribué à arrêter le processus de paix. En février dernier, Israël a en effet décidé de ne pas poursuivre les négociations avec la partie palestinienne, de ne pas redéployer Hébron et a commencé d'appliquer une politique de désengagement entre la rive occidentale et Gaza en imposant l'isolement de Gaza. Les habitants qui ont quitté Gaza n'ont pas pu revenir, car il leur est impossible de passer par la rive occidentale. Cette dangereuse politique de séparation entre Gaza et la rive occidentale viole gravement la Déclaration de principes indiquant que deux parties ont convenus de l'intégrité territoriale de la rive occidentale et de Gaza. Israël n'a pas non plus appliqué les accords concernant Jérusalem Est, a arrêté le transfert de l'Autorité et n'a pas libéré les prisonniers politiques palestiniens, contrairement à ses engagements.

La politique du nouveau Gouvernement israélien n'est pas de bon augure pour le processus de paix. Sa nouvelle image est très décourageante, puisqu'il indique qu'il n'y aura pas de compromis sur Jérusalem, qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien, pas de démantèlement des implantations. Il ne faut pas avoir d'illusions, on a tout juste pas commencé à résoudre le problème palestinien, et il reste beaucoup à faire. L'occupation israélienne demeure l'autorité principale. L'Autorité palestinienne ne contrôle que 5% de la zone de la rive occidentale, et a un contrôle partagé sur 25% de ces territoires. Israël a de son côté le contrôle sur 100% de 70% de la rive occidentale connue sous le nom de zone C. Israël contrôle au total plus de 95% des territoires palestiniens. L'arrêt du processus de paix entraînerait une explosion de l'intérieur. Personne ne peut dire ce qui se passera si le Gouvernement israélien prend cette voie. Il est de la responsabilité de ceux qui ont parrainé le processus de paix de pousser le Gouvernement israélien à appliquer ses engagements. Il faut continuer d'appuyer l'autorité palestinienne afin de lui permettre de faire avancer le programme de paix.

M. LARRY EKIN, Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord pour la question de Palestine, a rappelé que le thème du Colloque avait été choisi avant les événements d'avril et les élections israéliennes. Les ONG doivent être plus vigilantes que jamais. L'importance de la participation de l'ONU dans ce processus doit être soulignée. M. Ekin a souligné la nécessité de poursuivre les activités d'information et d'éducation dans le contexte nord américain. Il faut que les énergies et l'attention soient

consacrées prioritairement à l'information. Il a souligné l'action des institutions comme celle de l'église méthodiste unie, qui a adopté des positions sur la question de Jérusalem consistant, entre autres, à ce que l'on mette un terme aux colonies de peuplement et au bouclage des territoires, à ce que l'on mette également un terme à la pratique de

refuser une carte d'identité aux Palestiniens et à résoudre le problème des sans-abri. Le Gouvernement israélien a été prié de faire aboutir ses efforts afin de réformer le statut de Jérusalem. En Amérique du Nord, il y a de nombreuses personnes qui ont la volonté de continuer à consacrer de l'énergie au processus de paix au Moyen-Orient. Au Canada, des ONG constituent un groupe de travail sur le Moyen-Orient. La structure du Comité de coordination des ONG nord-américaines devrait permettre de réaliser un travail plus efficace, a affirmé M. Ekin. Une série de mesures pourrait être examinée au cours du présent Colloque afin de soutenir le Comité de coordination nord-américain, qui existe par les ONG et à travers les ONG. Ainsi, le Comité ne reçoit pas de soutien financier de l'ONU. Les organisations qui n'ont pas été élues au Comité de coordination peuvent apporter leur aide par d'autres moyens. Le Comité devrait entreprendre une étude des réseaux d'organisations qui en font partie. Il faut poursuivre la diversification et continuer de rallier davantage de personnes. Il faut également travailler plus activement avec les ONG palestiniennes partenaires. M. Ekin a espéré que dans les jours qui viennent, des propositions seront faites dans le cadre des ateliers.

Débat

En réponse notamment à la question du représentant d'Amnesty International, M. ZAYYAD a déclaré que certaines ONG se trouvant dans les territoires occupés n'ont pas compris qu'il y avait désormais un Gouvernement palestinien responsable. Les factions palestiniennes radicales n'ont pas été élues mais insistent pour jouer un rôle et il n'y a pas toujours une ligne claire entre les militants des droits de l'homme et les militants politiques. M. Zayyad n'accepte pas l'arrestation du Docteur Elias Sarraj, dont il a demandé la libération immédiate.

Le Gouvernement israélien a demandé la poursuite de son plan de colonie de peuplement de Jérusalem pour séparer la partie arabe et la partie occupée de la rive occidentale. Il utilise le nom de Jérusalem pour implanter de plus en plus de colonies de peuplement. Il prétend mener des négociations sur Jérusalem en affirmant qu'elle est la capitale des juifs. M. Zayyad demande au Gouvernement israélien de respecter ses obligations.

S'agissant du nouveau rôle des ONG, il doit y avoir une réévaluation de leur rôle. Elles devraient fonctionner en tant qu'ONG et non de factions politiques.

Mme KHOURY, a évoqué l'hypothèse selon laquelle le nouveau Gouvernement israélien pourrait surprendre tout le monde en prouvant qu'il n'est pas si mauvais qu'on le croit. Elle a estimé que le parti travailliste tentait d'escamoter le débat en privilégiant l'attentisme. Depuis son arrivée au pouvoir, le nouveau Gouvernement israélien a pris le dossier d'Hébron au sérieux et entamé des négociations sur le redéploiement. La situation reste extrêmement fluide. Quant au rôle des ONG, il demeure très important, que l'on vive dans un régime d'occupation ou que l'Etat soit établi. Les ONG, qui ont été très actives au moment de l'occupation, ont toujours un rôle à jouer. Elles peuvent avoir un rôle de remplacement, car l'Autorité a beaucoup de pain sur la planche, et elles pourront aider celle-ci à accomplir un certain nombre de tâches. En attendant qu'ils soient mis en place par l'Autorité, les ONG pourront ainsi fournir certains services pendant que l'Autorité travaille à mettre en place l'Etat. Il faut promouvoir la coopération avec l'Autorité, quitte à la remplacer parfois, ce qui ne signifie pas qu'elles désirent prendre la place de l'Etat.

M. TONY WOLFARTH, a souligné que beaucoup d'électeurs canadiens sont d'origine palestinienne. Il est ainsi possible de mobiliser certains parlementaires qui représentent cet électorat en cas de difficulté. Cette situation existe également dans certaines villes des Etats-Unis.

M. ABDUL-HADI a rappelé que traditionnellement le rôle des ONG est un rôle de prestataire de services. Elles aimeraient coordonner leur action avec l'Autorité dans certaines structures comme celles de la santé mais sont mûres maintenant pour travailler en évitant les doubles emplois. S'agissant de l'obédience politique des ONG, elles ont adopté des principes de démocratie en raison de la nouvelle donne. Il faut qu'il y ait des relations constructives entre les ONG et l'Autorité. Le réseau des ONG palestiniennes travaille dans des domaines qui ont fait l'objet de violations des droits de l'homme. M. Abdul-Hadi a espéré que M. Sarraj sera prochainement libéré.

En ce qui concerne les organisations populaires, on essaie de recréer le mouvement social, qui sera un maillon dans la société palestinienne et de forger des mouvements sociaux qui forment des professionnels.

M. AL-KIDWA a réitéré le fait que l'Autorité palestinienne respectait le droit de toutes les ONG à adopter toutes les positions. En réponse à la proposition d'un représentant d'ONG de lancer une pétition demandant à l'Autorité palestinienne de libérer le Docteur Sarraj, M. Al-Kidwa a estimé que le Comité ne devait pas s'éloigner de son cadre de travail.

En tant que Palestinien, il a considéré que toute tentative d'établir un parallèle entre la violation massive et flagrante des droits de l'homme par les occupants et des violations occasionnelles par l'Autorité palestinienne est infondée.

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