LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE FOND (NEW YORK, 24 JUIN - 26 JUILLET 1996)
Le Conseil économique et social a ouvert ce matin au Siège des Nations Unies, à New York, les travaux de sa session de fond de 1996.
En ouvrant la session de fond du Conseil, le Président du Conseil économique et social, M. Jean-Marie Kacou Gervais (Côte d'Ivoire), a rappelé que l'Assemblée générale avait récemment adopté la résolution 50/227 relative aux mesures complémentaires pour restructurer et revitaliser l'Organisation des Nations Unies dans les domaines économique et social et les domaines connexes. Par là, l'Assemblée a une nouvelle fois reconnu le rôle très important qui incombe au Conseil économique et social, en tant qu'organe intergouvernemental central chargé de la coordination des activités du système des Nations Unies et de ses institutions spécialisées et de la supervision de ses organes subsidiaires. L'Assemblée a d'ailleurs recommandé que le rôle du Conseil continue d'être renforcé dans ces domaines. Le Président a souligné, à cet égard, la nécessité de donner une expression concrète à ces objectifs.
M. Gervais a souhaité que le Conseil soit en mesure, dès cette année, de mettre en oeuvre plusieurs mesures de restructuration. Ainsi, le Président du Conseil s'efforcera à l'issue de consultations de présenter une proposition concernant le thème d'actualité devant faire l'objet du débat de haut niveau en 1997. M. Gervais a émis l'espoir que le Conseil choisisse avant la fin du mois de juillet, et au plus tard à la reprise de session du Conseil à l'automne prochain, le thème de ce débat.
Le Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et du développement durable, M. Nitin Desai, ainsi que l'Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le développement économique et social ont fait un exposé liminaire. Dans sa première intervention au Conseil, en cette qualité, M. Speth a rappelé que l'ONU s'est dotée d'un solide mécanisme de coordination à l'échelle du système. Avec les institutions de Bretton Woods, l'Organisation a poursuivi ses efforts en vue d'"opérationnalisation" des recommandations issues des conférences internationales. "Autre initiative importante, a ajouté M. Speth, l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique, qui n'aurait vu le jour sans le rôle joué par M. Jim Wolfensohn et la Banque mondiale". Au sein du système tout entier, des groupes de travail inter-institutions sont maintenant en place et s'impliquent dans l'application des recommandations de ces conférences.
Pourtant, il se cache une certaine "ironie" derrière ces faits encourageants. Elle réside dans le déclin de l'assistance au développement en tant que telle, sans compter l'assistance humanitaire, qui a décliné de 25%. Au moment où l'ONU mène à terme un effort crucial de revitalisation, M. Speth a rappelé que l'Organisation est confrontée à une crise financière sans égal. En fait, a indiqué M. Speth, ces ironies sont les tragédies de notre temps, compte tenu des besoins réels des pays en développement.
"Réformer, ce n'est pas faire des coupes; réformer, c'est bâtir", a déclaré M. Speth. Dans cet esprit, il nous faut renforcer le système de coordination actuel, améliorer la collaboration avec les institutions et resserrer leur relations et repenser le lien entre secours et développement. Autant d'objectifs part entière du processus de réforme. Le Conseil devra réfléchir à ces enjeux.
La session annuelle du Conseil - qui se tiendra du 24 juin au 26 juillet 1996, consacrera son débat de haut niveau au thème de la "coopération internationale contre la production, l'offre, la demande, le trafic et la distribution illicites de stupéfiants et de substances psychotropes et les activités connexes".
Le Conseil consacre la première journée du débat de haut niveau - ce 24 juin - à un dialogue de politique avec les chefs de secrétariat des institutions financières et commerciales multilatérales du système des Nations Unies, ainsi que sur les faits nouveaux importants touchant l'économie mondiale et la coopération économique internationale. Ont participé à cet échange de haut niveau, MM. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED); Sven Sandström, Directeur général de la planification et de la gestion des ressources de la Banque Mondiale/Société financière internationale; Prabhakar R. Narvekar, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI). D'après l'Etude sur la situation économique et sociale dans le monde (1996), qui fournira une base générale de discussion, la croissance de l'activité économique s'est étendue à un nombre plus grand de pays; ce rythme de croissance semble pouvoir être soutenu dans un nombre important de pays. L'année 1996 se caractérisera par la poursuite de ce schéma d'une croissance plus générale, concentrée dans les pays en développement. D'après l'Etude , si le plein potentiel d'une croissance plus rapide et durable n'a pas encore été réalisé - ce pourrait être le cas à l'horizon 1997 -, cette tendance reflète une réalité "très encourageante et dynamique dans certains pays; pour d'autres pays, toutefois, ces bonnes prévisions économiques constituent une amélioration mineure ou à peine mesurable des circonstances nationales les plus difficiles". Pour bénéficier de cette embellie économique, les Gouvernements devront relever le double défi de la réduction du chômage et de l'élimination de la pauvreté. (Pour un aperçu de l'Etude (document E/1996/60, à paraître) et le programme de travail du Conseil, voir notre Communiqué de base ECOSOC/285 du 20 juin 1996).
Les représentants de l'Italie (au nom de l'Union européenne), du Brésil, du Pakistan et de la Colombie ont pris part à un échange de vues ultérieur et à un dialogue de politique générale avec les institutions financières et commerciales multilatérales. Ces interventions ont touché aux grands problèmes économiques et sociaux - la poursuite des ajustements structurels et des réformes macro-économiques; les mesures de lutte contre la pauvreté et l'allégement de la dette des pays les plus endettés; la régulation des échanges financiers et commerciaux mondiaux. Plusieurs intervenants ont déploré l'absence de MM. James Wolfensohn, Président de la Banque mondiale; Renato Ruggiero, Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi que Michel Camdessus, Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), craignant qu'elle n'affecte la qualité des discussions du Conseil.
Sur proposition de son Président, le Conseil a décidé d'accréditer une organisation intergouvernementale, l"Union des Conseils économiques et sociaux d'Afrique". Par une autre décision, le Conseil, sur proposition du Président, a pris note de la nomination de M. Carlos Dante Riva, Chargé d'affaires de la Mission permanente de l'Argentine auprès des Nations Unies, en remplacement du Représentant permanent de l'Argentine et Vice-Président du Conseil, M. Emilio J. Cardenas, appelé à d'autres fonctions. M. Riva siégera au Conseil pour la durée du mandat de M. Cardenas, qui reste à courir.
Dans le cadre de l'organisation de ses travaux, le Conseil a adopté ce matin l'ordre du jour provisoire et le projet de programme de travail pour la session de 1996, qui figurent respectivement aux documents E/1996/100 et E/1996/L.16.
Le Conseil reprendra son dialogue de politique générale cet après-midi à partir de 15 heures.
Déclaration d'ouverture
M. JEAN-MARIE KAKOU GERVAIS, Président du Conseil Economique et social (Côte d'Ivoire), a rappelé que l'Assemblée générale avait récemment adopté la résolution 50/227 relative aux mesures complémentaires pour restructurer et revitaliser l'Organisation des Nations Unies dans les domaines économique et social et les domaines connexes. Ce faisant, l'Assemblée a une nouvelle fois reconnu le rôle très important qui incombe au Conseil économique et social en tant qu'organe intergouvernemental central chargé de la coordination des activités du système des Nations Unies et de ses institutions spécialisées et de la supervision de ses organes subsidiaires. Elle a d'ailleurs recommandé que le rôle du Conseil continue d'être renforcé dans ces domaines. Le Président a souligné, à cet égard, la nécessité de donner une expression concrète à ces objectifs.
M. Gervais a fait remarquer que plusieurs directives très importantes sont énoncées dans la résolution 50/227. Si pour des raisons pratiques, il faudra attendre 1997 pour donner suite à certaines dispositions de la résolution, le Président espère que, dans certains domaines, le Conseil sera à même, dès cette année, de mettre en oeuvre plusieurs mesures de restructuration. Ainsi, le Président du Conseil s'efforcera de présenter une proposition concernant le thème d'actualité devant faire l'objet du débat de haut niveau en 1997, à l'issue de consultations avec les Etats Membres et, par l'intermédiaire du Secrétaire général, avec les membres du Comité administratif de coordination. M. Gervais a émis l'espoir que le Conseil choisisse avant la fin du mois de juillet, et au plus tard à la reprise de session du Conseil à l'automne prochain, le thème du débat de haut niveau pour 1997.
Le Président du Conseil a rappelé qu'à partir de l'année prochaine, la durée de la session de fond sera de quatre semaines. Il est donc indispensable de structurer dès maintenant le mieux possible les débats en 1997. La présente session de fond revêt une importance particulière non seulement en raison des réformes qui doivent être entreprises à cette occasion, mais aussi de l'intérêt que présentent les principaux thèmes qui seront examinés au cours du débat de haut niveau et des débats consacrés aux questions de coordination et aux activités opérationnelles. Les défis que posent la production, l'offre, la demande, le trafic et la distribution illicites de stupéfiants et de substances psychotropes ainsi que l'élimination de la pauvreté sont des questions d'une portée mondiale. Les débats du Conseil sur le renforcement de la coopération entre les organismes des Nations Unies pour le développement et les institutions de Bretton Woods dans les domaines du développement économique et social à tous les niveaux, y compris sur le terrain, revêtent une importance tout aussi cruciale, a souligné M. Gervais.
Déclarations liminaires
M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et du développement durable, a fait remarquer que le cycle des grandes Conférences internationales a joué un rôle crucial dans la mise en place de politiques en matière de développement. Deux autres phénomènes jouent également un rôle important, à savoir l'extension du processus de cette mise en oeuvre et les activités opérationnelles. Cette session doit permettre d'identifier les moyens pour le Conseil économique et social de contribuer à la mise en oeuvre du processus né des conférences internationales. Le segment des activités opérationnelles comporte des tâches supplémentaires qui appellent tout autant de nouvelles directives au secrétariat. A ce titre, le Conseil devra veiller au suivi des résolutions adoptées et se fonder sur la résolution 50/235 de l'Assemblée générale, qui renforce son rôle en tant qu'organe d'élaboration de politiques de développement.
M. JAMES GUSTAVE SPETH, Administrateur du Programme des Nations pour le développement (PNUD), intervenant en sa qualité de Coordonnateur pour le développement économique et social, a rappelé les initiatives importantes survenues depuis la dernière session du Conseil ici, à New York. Se sont tenues, tout d'abord, la Conférence de Beijing sur les femmes et la IXème session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). De plus, la Conférence des établissements humains vient de s'achever à Istanbul, sur des résultats très fructueux. En outre, l'ONU s'est doté d'un solide mécanisme de coordination à l'échelle du système. Avec les institutions de Bretton Woods, l'Organisation a déployé des efforts importants en ce sens. Dans cet esprit, nous avons poursuivi nos efforts en vue de l'"opérationnalisation" des recommandations issues des conférences internationales convoquées par l'ONU, a souligné M. Speth. "Autre initiative importante, a ajouté M. Speth, l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique. "Nous n'aurions pas eu d'Initiative spéciale sans le rôle joué par M. Jim Wolfensohn et la Banque mondiale", a affirmé M. Speth. Au sein du système tout entier, des groupes de travail inter-institutions sont maintenant en place et s'impliquent dans l'application des recommandations de ces conférences.
Une coordination efficace et dynamique est toutefois essentielle au succès de ces initiatives en faveur du développement durable et des êtres humains, a noté M. Speth. D'autre part, celles-ci ne pourront réussir sans un renouveau de la coopération internationale. Le monde va beaucoup mieux, mais ce n'est souvent là qu'une "apparence". "Chacun de vous comprend l'importance du rôle que doivent jouer les Nations Unies dans la coopération pour le développement, en se chargeant des tâches que les autres partenaires du développement ne peuvent assumer". "L'importance de l'ONU est sans pareille, à cet égard", a noté M. Speth.
Pourtant, il se cache une certaine "ironie" derrière ces faits encourageants. Elle réside dans le déclin de l'assistance au développement en tant que telle, sans compter l'assistance humanitaire. Au cours des 4 dernières années, les ressources consacrées à l'assistance pour le développement ont décliné de 25%, sans compter l'assistance humanitaire. Au moment où l'ONU mène à terme un effort crucial de revitalisation, l'Organisation est confrontée à une crise financière sans égal, qui affecte tant les ressources du budget ordinaire que le niveau des contributions volontaires. En fait, a souligné M. Speth, ces ironies sont les vraies tragédies de notre temps, compte tenu des besoins réels des pays en développement.
Rendant hommage aux pays dont l'action s'inscrit à contre-courant de cette tendance, M. Speth a rappelé le rôle du Japon, devenu premier contributeur en matière d'assistance au développement, de même que pionnier d'une nouvelle approche philosophique du développement. M. Speth a également rendu hommage au "Groupe des 7" - parmi lesquels, la Norvège, la Suède et les Pays-Bas qui ont atteint l'objectif fixé de consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement.
La consolidation d'une assise financière est donc vitale, tout comme il importe de renforcer le suivi des grandes conférences. A cet égard, les groupes de travail inter-institutions - qu'il s'agisse de celui présidé par la Banque mondiale ou par l'Organisation internationale du travail (OIT) - ont réussi cette mise en commun des efforts. "Nous avons la base d'un appui puissant en faveur du développement, pour mettre toutes nos énergies derrière les gouvernements", a affirmé M. Speth, et mettre ainsi notre poids derrière les pays qui ont besoin d'assistance. J'espère que durant sa session, le Conseil apportera son appui à ces groupes interinstitutions et au succès des diverses initiatives, y compris de l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique. "Réformer, ce n'est pas faire des coupes; réformer, c'est bâtir", a déclaré M. Speth. Dans cet esprit, il nous faut renforcer le système de coordination actuel, améliorer la collaboration avec les institutions et resserrer leur liens et repenser la relation entre secours et développement. Autant d'objectifs à part entière du processus de réforme. Le Conseil devra réfléchir à ces enjeux.
Dialogue de politique générale et discussions des événements importants dans l'économie mondiale et dans la coopération économique internationale avec les chefs de secrétariat des institutions financières et commerciales du système des Nations Unies
Débat de haut niveau
M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la CNUCED, a fait observer que bien que le processus de développement se soit géographiquement concentré sur des domaines et un groupe de pays limités, la contribution des pays en développement à la croissance et à l'interdépendance de l'économie mondial et du commerce international, au cours de ces dernières années, dépasse de loin leur poids économique relatif. Tandis que la croissance dans les pays développés est passé de 2,8% à 2,1% de 1994 à 1995, la croissance dans les pays en développement dans son ensemble a dépassé, l'année dernière, les 4% et devrait aller au-delà des 5% d'ici 1997. Cette évolution est marquée par des incidences nouvelles. C'est l'autonomie de la croissance économique dans certains pays en développement vis-à-vis de la "locomotive" traditionnelle dans le monde industrialisé. Cette tendance est très marquée dans certains pays d'Asie dont le taux de croissance a un excédant de 7 ou 8% au moment où le Japon est en récession et où la demande est ralentie, au mieux, dans le reste des pays développés. Les importations de marchandises de dix pays en développement asiatiques en 1995 sont passées à 748,4 milliards de dollars, excédant ainsi celles de l'Union européenne. Elles égalent les exportations des Etats-Unis et représentent le double de celles du Japon.
En ce qui concerne les pays d'Amérique latine, le volume des exportations s'est accru de 11,5%, au cours de la période 1990-1995. Au Brésil, par exemple, les importations en 1996 devraient atteindre 50 milliards de dollars, soit plus de 40% par rapport à 1994. De l'avis de M. Ricupero, la croissance économique ne pourrait à elle seule permettre l'augmentation des importations. Il faudrait tenir compte d'un autre facteur, à savoir les 60 cas de programmes unilatéraux de libéralisation du commerce entrepris par les pays en développement au cours et après le cycle de l'Uruguay. Il est grand temps de modifier les clichés obsolètes concernant les pays en développement qui seraient à la traîne en termes de libéralisation du commerce. De même, le temps est venu pour envisager une libéralisation du commerce non seulement dans de nouveaux domaines, mais également en ce qui concerne l'augmentation tarifaire et l'anti-dumping. On ne peut oublier que dans des domaines comme l'agriculture, les textiles, le processus de libéralisation est encore à un stade embryonnaire.
Le succès de la politique macro-économique à l'échelle mondiale, d'abord dans la réalisation de la stabilité des prix internes et, ensuite, dans la contribution à une faible inflation dans les économies industrielles par le biais des prix de produits de base qui sont demeurés en général à des niveaux très modestes, sauf au cours d'une brève période qui a commencé en 1993, semble se poursuivre et augmente.
Comme le suggérait l'Organisation mondiale du travail lors de sa présentation au sommet du Groupe des Sept à Lille, les pays les plus industriels devraient coordonner une stratégie d'expansion économique en vue d'augmenter la demande et de promouvoir les politiques budgétaires qui contribueraient à lutter contre le chômage. Le Japon a adopté en septembre dernier la stratégie fiscale et budgétaire la plus importante de son histoire contemporaine. Le résultat a été que l'économie a augmenté à son taux le plus rapide depuis 23 ans au cours de son premier trimestre de 1996.
Par ailleurs, M. Ricupero a estimé que la mise en place d'un système de coopération financière capable de prévenir l'émergence de crises financières graves et de réduire le niveau de la volatilité financière, n'est pas une tâche facile.
Abordant la question du rôle de la CNUCED, M. Ricupero a rappelé que la CNUCED IX qui s'est tenu le mois dernier en Afrique du Sud, a permis de définir un mandat clair et renforcé de l'Organisation qui établit un équilibre entre d'une part, l'accent mis sur les nouvelles questions comme les investissements et les entreprises, et d'autre part, le maintien de l'ordre du jour traditionnel de l'institution en vue de traiter des problèmes persistants. Parmi les grands changements en cours, le mécanisme intergouvernemental a été simplifié et doté de trois commissions axant leurs travaux sur les questions prioritaires. La durée des sessions a été réduite de moitié. Le résultat le plus important de la Conférence a été le renforcement de partenariat entre les pays en développement et les pays développés en vue de réaliser l'objectif de la promotion de la croissance et du développement avec équité et justice sociale, en accordant une attention particulière aux pays les moins avancés. M. Ricupero a souligné qu'il incombe aux gouvernements et aux organisations internationales d'avoir la foi et de la transmettre, et de donner l'espoir par l'action visant à promouvoir la croissance, l'emploi et l'égalité des chances.
M. SVEN SANDSTROM, Directeur général de la Banque mondiale, chargé de la planification et de la gestion des ressources, a énuméré une série de faits importants, survenus dans l'action de la Banque. L'exercice de reconstitution des ressources de l'AID -élément essentiel de l'effort international pour la réduction de la pauvreté - a été mené avec succès, récemment au Japon. La reconstitution des ressources a été portée à 19 milliards de dollars au titre du budget ordinaire, plus 3 milliards de dollars pour les 3 années à venir. La Banque a d'autre part, lancé une initiative en faveur des pays les plus pauvres et les plus endettés. En vue de cet objectif, la Banque s'est assurée la collaboration du FMI, mais également de tous les autres acteurs. Cette initiative ne manquera pas d'occuper une place importante à l'ordre des discussions de la réunion de Lyon. Avec l'appui de la communauté internationale, la Banque est prête à faire des propositions supplémentaires d'ici à sa Réunion annuelle, en octobre prochain. Entre autres initiatives, la Banque a ouvert un bureau en Bosnie-Herzégovine, dans le cadre d'un partenariat avec l'Union européenne. La Banque a créé à cet effet un Fonds d'affectation spéciale de 150 millions de dollars, qui a permis de financer 7 projets; 8 autres projets sont prévus.
Une autre initiative importante a été lancée en faveur des pays les plus pauvres, dans le cadre d'un programme de 200 millions de dollars. Dans ce cadre, la Banque accorde des prêts aux micro-entreprises, en particulier aux femmes. Une réunion sur le financement de telles initiatives s'est récemment tenue à Bamako, a indiqué M. Sandström. La Banque a lancé également une mobilisation de fonds en faveur de l'éducation des fillettes.
Mais au-delà de ces innovations, la Banque est consciente de la nécessité de s'adapter, pour mieux répondre aux besoins et attentes de ces "clients". Il lui faut adapter ses structures, être davantage à l'écoute de ses clients et de ses partenaires. Les stratégies de pays sont désormais élaborées avec les clients, et des expériences concluantes ont été menées au Burkina Faso et en Asie. Notre collaboration avec l'ONU doit se réaliser, au niveau du terrain. La Banque reconnaît, dans sa gestion, la nécessité de demeurer en contact étroit avec les "clients". Par exemple, le Département de la Banque chargé du Mexique vient de s'établir à Mexico. Outre la nécessité d'adapter ses structures, la Banque se doit d'adapter les services même, en créant de nouveaux portefeuilles, en offrant aux clients des services plus diversifiés et personnalisés en matière de prêts, notamment. "Nos clients sont en droit d'attendre l'excellence de la Banque; et nous sommes décidés à le faire".
Tous ces efforts, a affirmé M. Sandström, s'inscrivent dans le cadre de la volonté de réduire la pauvreté dans le monde. A cet effet, la Banque a institué de nouveaux partenariats avec tous les acteurs - le FMI, l'ONU, les banques de développement. "Nous pouvons aller beaucoup plus loin dans cette collaboration avec l'ONU", pour aller au-delà du suivi des grandes conférences.
M. P.R. NARVEKAR, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a indiqué, à propos des défis de la mondialisation de l'économie, que la politique du Fonds se concentre désormais sur trois axes principaux, en l'occurrence le renforcement de son système de surveillance pour garantir les conditions de participation optimales des membres tout en minimisant les risques; l'amélioration des instruments existants; et le renforcement des ressources du FMI afin de lui permettre d'intervenir pour aider ses membres à s'ajuster et à tirer avantage de la mondialisation en cours de l'économie. Le FMI est convaincu que les initiatives visant au renforcement des mécanismes de surveillance du Fonds ont amélioré, de manière significative, sa capacité à identifier et gérer les problèmes avant même qu'ils ne deviennent des crises réelles. Toutefois, le Fonds admet que des circonstances données appellent une action rapide et spécifique. Ainsi, le FMI a adopté des procédures de financement d'urgence qui incluent les situations "post-chaos" dans lesquelles l'assistance du Fonds peut s'avérer essentielle à la reconstruction d'économies dévastées par la guerre ou un conflit interne.
M. Narvekar a déclaré que la confiance des membres reste tributaire de la disponibilité de ressources financières suffisantes du Fonds. Ce dernier se propose d'ailleurs de doubler ses ressources existantes au titre des arrangements généraux d'emprunt. Qui plus est, le Fonds souhaite renforcer son mécanisme de ressources concessionnelles afin de poursuivre son assistance aux efforts de réforme entrepris par les pays les plus pauvres. Au-delà des efforts entrepris au niveau individuel, les défis macro-économiques sont également à l'ordre du jour du FMI. A ce titre, sa contribution vise surtout à aider les pays à promouvoir un environnement favorable à la mise en oeuvre de programmes socio-économiques lancés par d'autres institutions, notamment l'Initiative spéciale sur l'Afrique et la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Echange de vues
M. ANGELO GIORGIANNI (Italie), au nom de l'Union européenne a souligné l'importance qu'il attache au dialogue à l'ordre du jour. Il a souhaité savoir comment les institutions financières envisagent leur rôle dans le cadre de la lutte contre la production et le commerce des stupéfiants. Par ailleurs, le représentant s'est interrogé sur la manière optimale pour les pays en développement de bénéficier au mieux de la mondialisation des échanges. Comment éviter la marginalisation des pays les plus pauvres et quel est le rôle imparti aux institutions financières internationales dans ce défi, a demandé M. Giorgianni qui a conclu son intervention par deux autres questions: quelles sont les perspectives d'améliorer les chances des générations futures et comment le FMI et la Banque mondiale comptent-ils prendre part à l'Initiative spéciale pour l'Afrique ?
M. CELSO L.N. AMORIM (Brésil) a estimé que l'intégration croissante des pays à l'économie mondiale a eu pour effet de les rendre plus vulnérables à la volatilité des marchés financiers. De ce fait, le renforcement, voire l'expansion de leurs réformes commerciales demeurent tributaires de la stabilité du système financier international. Le Brésil souhaite entendre l'opinion des chefs des institutions financières internationales sur l'état des engagements souscrits au titre de la résolution 91/50. Qui plus est, le Brésil a maintes fois soutenu la nécessité du renforcement de l'interaction entre les Gouvernements et les hauts fonctionnaires internationaux sur la revitalisation du débat économique au sein des Nations Unies. Celles-ci doivent demeurer le forum au sein duquel est débattue la complexité des relations économiques internationales. Le Brésil favorise donc une approche coopérative avec les institutions de Bretton Woods. Il s'agit d'élargir cette coopération aux questions centrales et découlant des tendances récentes à la mondialisation des échanges.
Dans ce contexte, le Brésil souhaite savoir comment le FMI et la Banque mondiale envisagent ce dialogue à ses divers niveaux intergouvernemental, secrétariats, et opérationnel. Comment ces deux institutions envisagent-elles une coopération qui dépasse le simple avantage comparatif et les activités opérationnelles pour s'attacher aux questions économiques centrales ? Enfin, de quelle manière les réformes en cours au sein des institutions de Bretton Woods seraient-elles à même de les rapprocher des Nations Unies et vice versa ?
M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a regretté l'absence des responsables de certaines institutions financières internationales au débat de haut niveau, notamment du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Faisant référence à la mobilité des capitaux, le représentant a demandé au représentant de l'OMC de préciser ce que cette institution va faire pour faire figurer la main d'oeuvre à son ordre du jour. Peut-on expliquer ce que l'OMC entend faire en ce qui concerne les clauses écologiques et humanitaires qui ont toutes deux des incidences protectionnistes dans les régimes de commerce multilatéral ? Quelles sont les mesures prises par les institutions de Bretton Woods, pour encourager la production des pays en développement et pour introduire une symétrie dans l'exécution de leurs politiques ?
M. JAIRO MONTOYA (Colombie) a rappelé que bien que les récentes négociations commerciales aient abouti à un certain nombre d'accords, des ombres de doutes subsistent. Les récentes conférences sur le développement ont adopté un langage timide en ce qui concerne les flux financiers. S'adressant à la Banque mondiale, le représentant a demandé de préciser les mesures visant à remédier au transfert négatif net des ressources de la Banque mondiale vers les pays en développement. La Banque mondiale a-t-elle songé à modifier les programmes d'ajustement structurel visant à alléger le fardeau de la dette ? Par ailleurs, la rigidité des institutions multilatérales n'a pas contribué à régler le problème de la dette. Quelles sont les mesures prises pour régler de façon définitive ce problème? M. Montoya a fait en outre observer que dans le domaine du commerce, le problème des investissements a déjà été traité par l'OMC et, auparavant, par le GATT. Il a demandé au Secrétaire général de la CNUCED de faire des commentaires sur ces questions.
Composition et Bureau du Conseil économique et social
Le Conseil économique et social a élu à sa Présidence, M. Jean-Marie Kacou Gervais (Côte d'Ivoire) et à sa Vice-Présidence, MM. Karel Kovanda (République tchèque), Carlos Dante Riva (Argentine), Gerhard Walter Henze (Allemagne) et Samir Moubarak (Liban). M. Riva, Chargé d'affaires de la Mission permanente de l'Argentine auprès des Nations Unies, remplace M. Emilio J. Cardenas, qui a quitté New York.
Le Conseil se compose cette année des 54 Etats Membres suivants: Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Australie, Bangladesh, Bélarus, Brésil, Bulgarie, Canada, Chili, Chine, Colombie, Congo, Costa Rica, Côte d'Ivoire, Egypte, Etats-Unis, Fédération de Russie, Finlande, France, Gabon, Ghana, Grèce, Guyana, Inde, Indonésie, Irlande, Jamaïque, Japon, Jordanie, Liban, Luxembourg, Malaisie, Nicaragua, Ouganda, Pakistan, Paraguay, Pays-Bas, Philippines, Pologne, Portugal, République centrafricaine, République tchèque, République unie de Tanzanie, Roumanie, Royaume-Uni, Sénégal, Soudan, Suède, Thaïlande, Togo, Tunisie, Venezuela et Zimbabwe.
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