CONFERENCE SUR LES ETABLISSEMENTS HUMAINS: PLUSIEURS DELEGATIONS EXPOSENT LEURS STRATEGIES EN MATIERE D'HABITAT DURABLE
Communiqué de Presse
HAB/120
CONFERENCE SUR LES ETABLISSEMENTS HUMAINS: PLUSIEURS DELEGATIONS EXPOSENT LEURS STRATEGIES EN MATIERE D'HABITAT DURABLE
19960604Istanbul, 4 juin -- Sous la Présidence de M. Eduardo Amadeo (Argentine), la Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a poursuivi, ce matin, l'échange de vues général qu'elle avait entamé hier, sur le thème de la situation des établissements humains et les stratégies à suivre pour l'améliorer.
Les personnalités des pays suivants ont exposé, ce matin, leurs expériences nationales en matière d'établissements humains et fait part de leur opinion quant au résultat final souhaité de la Conférence: le Président de la Banque des matériaux du Pérou; le Ministre des affaires sociales d'Islande; le Ministre du logement du Danemark; le Ministre de la construction et des transports de la République de Corée; le Ministre de l'agriculture du Liban; le Ministre de l'environnement et du logement de la Jamaïque; et le Secrétaire d'Etat du Fonds national de solidarité de la Tunisie. Les chefs de délégation du Mexique, de la Fédération de Russie, et de l'Indonésie ont fait une déclaration. L'observateur permanent du Saint-Siège a également pris la parole. En début de séance, la Plénière a entendu une déclaration du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, M. José Ayala-Lasso.
Au cours de cette séance, les intervenants ont exposé les stratégies mises en oeuvre dans leurs pays respectifs en matière d'établissements humains durables. Le représentant du Saint-Siège a estimé que tous les établissements humains, qu'ils soient urbains ou ruraux, grands ou petits, ne constituent pas seulement un lieu de vie et un abri contre les éléments naturels. Ils représentent également des formes d'expression de l'âme humaine. C'est pourquoi, il ne faut pas les réduire à de simples éléments de fonctionnalité.
Les représentants de deux organisations non gouvernementales ont également pris la parole.
La Plénière de la Conférence poursuivra son débat général, cet aprèsmidi, à partir de 15 heures. Elle tiendra également une cérémonie de remise de douze Prix attribués pour les meilleures pratiques aux représentants de gouvernements, de villes, et d'associations, pour récompenser des contributions insignes à l'amélioration du cadre de vie.
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Débat général
M. JOSE AYALA-LASSO, Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme: en ma qualité de Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, il m'incombe d'informer la communauté internationale de tous les aspects humains relatifs au droit au logement, sur la base des instruments des droits de l'homme existants, à l'instar de ce que j'ai fait lors de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Notre participation à la Conférence Habitat II poursuit donc le même objectif. Le droit au logement a été repris dans un très grand nombre d'instruments juridiques relatifs aux droits de l'homme. Il est ainsi affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et dans le Pacte international des droits économiques, sociaux et culturels. L'interdiction de la discrimination raciale en matière de droit au logement est stipulée dans l'article 5 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. De même, la question de la discrimination contre les femmes en ce qui concerne le droit au logement est traitée par la Convention sur l'interdiction de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Les besoins spécifiques aux enfants figurent dans la Convention sur les droits des enfants. A cet égard, le Comité des droits des enfants a réaffirmé que le droit au logement constitue un droit fondamental des enfants et sa volonté de participer à Habitat II. Pour sa part, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a exhorté la Conférence Habitat II à accorder une attention prioritaire à la question de la ségrégation en matière de logement eu égard au droit de vivre dans la dignité.
Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a participé activement aux travaux de la troisième et dernière session du Comité préparatoire d'Habitat II. Les recommandations formulées par le Haut Commissaire en ce qui concerne le Programme pour l'habitat ont été distribuées de façon non officielle à cette occasion. Je crois que le Comité préparatoire a accompli alors des progrès en ce qui concerne la rédaction du document final de la Conférence eu égard à l'inclusion des dispositions relatives aux droits de l'homme dans le Programme pour l'habitat.
M. LUIS KISHIMOTO HIGA, Président de la Banque des matériaux du Pérou: les problèmes liés à l'habitat sont intimement liés à la lutte contre la pauvreté, la protection de l'environnement, l'accroissement de la productivité des établissements humains et l'amélioration de la qualité de la vie. Il s'agit ici de promouvoir des politiques urbaines durables intégrant la dimension de la protection de l'environnement. Pour le Gouvernement du Pérou, il est essentiel de réduire progressivement les niveaux de pauvreté et leur lot de besoins insatisfaits. Pour ce faire, le Pérou prône l'application simultanée de politiques intégrées de planification dans les zones rurales et urbaines. Le Gouvernement du Président Fujimori a, de ce fait, décidé de
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consacrer plus de 40% du budget national aux questions sociales orientées d'ailleurs vers la promotion d'un habitat durable. Le Pérou est en effet convaincu qu'un habitat sain est susceptible de se muer en générateur et multiplicateur du développement. Il incombe à l'Etat d'abord, au secteur privé ensuite, d'orienter les activités de chaque communauté.
M. PALL PETURSSON, Ministre des affaires sociales de l'Islande: l'Islande
a été le témoin des mutations qu'ont connues les établissements humains, même si celles-ci se sont manifestées différemment sur son territoire. L'Islande a connu un exode rural massif. La société a subi des transformations sensibles, notamment en ce qui concerne les relations entre les générations. Le pays, qui dispose de ressources naturelles et maritimes importantes, n'a pas connu les déplacements de population qui ont affecté d'autres Etats. Cependant, le gouvernement veille à sauvegarder l'environnement marin et les zones côtières où se trouve la plupart de la population. L'Islande exhorte les Etats participants à la Conférence à mettre en oeuvre dans les plus brefs délais le Programme pour l'habitat et, ce afin que la coopération internationale en matière de développement des établissements humains soit renforcée.
M. ENRIQUE BUJ FLORES (Mexique): Habitat II constitue une occasion unique de bâtir sur la base des compromis réalisés lors des grandes conférences internationales précédentes. Il serait en effet malencontreux d'entamer un exercice de négociation qui ne servirait qu'à diluer ce qui a déjà été accordé. Le Programme d'action devrait contribuer à orienter les efforts et les politiques gouvernementales de l'ensemble de la communauté internationale et des autorités associées. Les prochains jours devront clairement définir les mécanismes institutionnels à même de garantir la mise en oeuvre de ces engagements. Le Mexique accorde une importance particulière au chapitre relatif à la coopération internationale. Dans ce contexte, la communauté internationale se doit ici de renouveler son engagement dans trois domaines: l'augmentation du niveau de la coopération internationale; la promotion de programmes de formation et d'échanges d'informations; et un soutien financier afin d'accompagner, dans les faits, les recommandations qui seront adoptées à Istanbul.
MONSEIGNEUR RENATO R. MARTINO (Saint-Siège): Habitat II représente une pierre angulaire dans la série des travaux récemment entrepris par la communauté internationale. La question des établissements humains est une question particulièrement concrète. La situation des sans-abris et le manque de logements décents ne sont nullement des questions théoriques. C'est pourquoi, le Saint-Siège a noté avec satisfaction qu'Habitat II a mis l'accent sur deux objectifs importants: "un logement décent pour tous" et "des établissements humains viables dans un monde en pleine urbanisation".
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En effet, la tâche qui consiste à faciliter l'accession par tous à un logement décent est fondamentale. Le Saint-Siège est fermement convaincu que chaque individu a droit à un logement convenable. Cette idée a été réaffirmée à maintes reprises, notamment le 2 octobre 1979, par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II devant l'Assemblée générale des Nations Unies. En fait, ce droit découle d'une vision spirituelle, morale et éthique qui est fondée sur la reconnaissance de la dignité humaine.
Le Saint-Siège appuie fermement l'affirmation selon laquelle la famille constitue l'unité fondamentale de la société et devrait être renforcée en tant que telle. La délégation du Saint-Siège tient à rendre hommage aux efforts qui ont été déployés jusqu'à présent pour souligner les besoins des personnes les plus vulnérables et plus particulièrement de celles qui vivent dans la pauvreté. Cette question constitue en effet l'une des questions sur lesquelles la Conférence doit mettre l'accent afin qu'elle soit reflétée comme il se doit dans le Document final. Tous les
établissements humains, qu'ils soient urbains ou ruraux, grands ou petits, ne constituent pas seulement un lieu de vie et un abri contre les éléments naturels. Ils représentent également des formes d'expression de l'âme humaine. C'est pourquoi, il ne faut pas les réduire à de simples éléments de fonctionnalité.
M. VLADIMIR STORCHEVUS (Fédération de Russie): l'organisation de cette Conférence revêt une importance capitale dans le cadre de la coopération internationale. Les transformations économiques dont la Fédération de Russie a été le témoin, ont également touché sa politique en matière de logement. Aujourd'hui, le pays promeut une politique de privatisation des logements et d'encouragement des investissements extra-budgétaires. La Conférence d'Istanbul se doit de tenir compte des aspects mondiaux de l'urbanisation et de leurs conséquences. Le Programme d'action doit refléter les opinions de l'ensemble des pays, et notamment des pays en transition. La Fédération de Russie estime en effet que les intérêts de ce groupe de pays n'ont pas suffisamment été pris en compte. par ailleurs, les pays de la CEI souhaitent renforcer leur coopération avec le Centre Habitat. Ils souhaiteraient notamment pouvoir coordonner leurs politiques de logement avec le bureau d'Habitat à Moscou.
M. KNUD OVERGAARD, Ministre du logement et de la construction du Danemark: le Danemark accorde depuis de longues années la plus grande priorité aux établissements humains. C'est pourquoi, il apprécie toutes les activités relatives aux actions qui ont été initiées avant et durant la Conférence Habitat II. Le Danemark attend avec impatience les résultats de celle-ci et espère que son suivi sera efficace, aussi bien aux niveaux local, que national et international. Le Danemark estime que la Conférence doit traiter trois questions à titre prioritaire: l'importance de l'aspect démocratique en
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matière d'établissements humains; la nécessité de rendre les établissements humains durables; et la qualité des établissements humains et des constructions. Pour ce faire, il importe de renforcer la coopération internationale et les échanges d'expériences afin de remédier aux carences en matière de logement et d'améliorer l'accès de tous à des logements décents en vue de développer de façon durable les établissements humains. Le Danemark est prêt à partager ses expériences, bonnes ou mauvaises, afin que la Conférence puisse réaliser ses objectifs.
M. SUYONO, (Indonésie): Un logement pour tous et des établissements humains durables doivent être la réponse claire et sans appel de la communauté internationale à la crise du logement. L'avantage d'Habitat II est l'engagement de l'ensemble des secteurs de la société dans une relation de partenariat. Un nouveau contrat urbain revêt une importance capitale. Des coalitions de partenaires doivent être encouragées ainsi que leur participation aux décisions des autorités centrales. Cette approche par le partenariat devrait d'abord inclure le secteur privé, les ONG, les médias, ainsi que les autorités locales et nationales. La réflexion doit désormais s'orienter sur les voies et moyens de faire des villes les moteurs d'un développement durable national, susceptible de contribuer à l'élimination de la pauvreté. Toutefois, les gouvernements doivent veiller à ce que les couches les plus vulnérables de la population ne souffrent aucune marginalisation. De même, et eu égard à la relation intime entre la ville, la campagne et les migrations, notamment l'exode rural, le développement durable des campagnes revêt un caractère
urgent.
M. WHAN-BOK CHO (République de Corée): il faut identifier la nature réelle des problèmes auxquels la communauté internationale est confrontée. Il ne s'agit pas seulement d'offrir un abri, mais de réaliser le fait que le problème lié aux établissements humains s'explique par la faiblesse de la relation entre l'homme et son environnement naturel. Pour offrir un logement décent à tous, il importe tout d'abord d'améliorer les conditions économiques en milieu urbain. Il faut ensuite veiller à associer à la prise de décision toutes les composantes de la société. Il convient également que le concept novateur de partenariat se concrétise au cours des travaux d'Habitat II. De même, il faut réaffirmer l'importance du développement durable pour les établissements humains et renforcer les mécanismes institutionnels de coopération internationale. Il importera, par la suite, de concrétiser les idées dégagées et de traduire dans les actes les engagements pris lors de cette conférence.
M. CHAOUKI FAKHOURY, Ministre de l'Agriculture du Liban: la situation actuelle des établissements humains au Liban est affectée par les trois facteurs suivants: les conséquences des événements sanglants qui ont duré
15 ans et demi; l'impact des plans de réhabilitation d'urgence et du plan décennal pour la construction et le développement; et l'occupation par Israël
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d'une partie du Liban et de la Bekaa occidentale et ses opérations militaires contre le territoire libanais. L'occupation israélienne et ses agressions perpétuelles contre le Liban aboutissent à une destruction méthodique de tous les secteurs en rapport avec les établissements humains, comme le logement, l'infrastructure, l'économie, les affaires sociales, la santé, l'environnement et l'éducation. Malgré ces contraintes, le Liban présente plusieurs exemples de meilleures pratiques dans le domaine des établissements humains durables, parmi lesquels le développement et la reconstruction du centre de Beyrouth; le retour à leurs régions de 90,000 familles libanaises déplacées durant les événements; la réhabilitation des banlieues sud et ouest de Beyrouth. Le Liban a besoin du soutien financier et technique international pour les projets suivants: la réhabilitation de l'infrastructure et l'établissement de réseaux développés couvrant l'ensemble des régions libanaises, en particulier Beyrouth et la procuration d'un logement convenable aux groupes les plus vulnérables incapables de bénéficier de crédits à long terme.
M. EASTON DOUGLAS, Ministre de l'environnement et du logement de la Jamaïque: la Jamaïque fait sienne la déclaration faite au nom du Groupe des 77 et de la Chine. De nos jours, dans un contexte de restrictions budgétaires, il est largement reconnu que les gouvernements ne peuvent plus satisfaire à eux seuls les besoins de développement des établissements humains et que la société civile doit être partie intégrante du processus. Le gouvernement de la Jamaïque a depuis de longues années déployé des efforts pour résoudre les problèmes liés aux établissements humains. Pour ce faire, il a adopté une approche large, globale et intégrée. Il a créé en janvier 1995, un nouveau Ministère de l'environnement et du logement dont les activités visent à souligner l'importance que le gouvernement attache à une gestion harmonieuse des ressources naturelles et au développement durable des établissements humains. Cette approche est conforme aux priorités mises en relief et négociées par Habitat II. Cette conférence offre l'occasion de mettre un terme à la détérioration de la situation mondiale des établissements
humains et, en fin de compte, crée les conditions nécessaires à l'amélioration des conditions de vie de l'humanité.
M. KAMEL HADJ SASSI, Secrétaire d'Etat du Fonds national de solidarité de la Tunisie: l'Etat tunisien s'est attaché, dès le départ, à instaurer le cadre juridique et les structures nécessaires pour la mise en oeuvre d'une politique planifiée ayant pour objectif l'organisation de la croissance urbaine, de l'évolution des villes et de l'utilisation de l'espace territorial. La Tunisie a été parmi les premiers pays à mettre en place des règlements et des politiques visant à pallier les efforts négatifs de la construction anarchique et à organiser l'évolution des établissements humains en y associant les communes et les structures régionales et locales. Le Fonds de solidarité nationale prévoit l'éradication des zones d'ombre en Tunisie d'ici à la fin du siècle par le financement d'interventions ponctuelles en vue de doter ces zones des équipements essentiels et de permettre à leurs habitants de disposer de ressources durable afin de les fixer dans leur milieu d'origine.
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M. ANDRE HEDIGER, Association internationale des villes messagères de la paix (ONG): de nos jours, le rôle des villes s'est foncièrement transformé. Elles sont plus proches des personnes. C'est pourquoi, la Conférence Habitat II se tient à un moment crucial. Il importe, en effet, d'examiner les responsabilités qui incombe aujourd'hui aux villes, et celles qu'elles auront à assumer demain. Dans ce sens, l'Association internationale des villes messagères de la paix, qui est née sous les auspices de l'Assemblée générale des Nations Unies et connue sous le nom de "Messagers de la paix", estime que les autorités municipales ont l'importante responsabilité de jouer un rôle actif dans l'émergence d'une culture de la paix sans frontières. L'Association encourage la création de bureaux officiels au sein des communes ayant pour mandat de développer des programmes qui visent à encourager la tolérance et le respect mutuel. Cela inclut les relations entre les villes. Ces programmes doivent comprendre tous les échelons et s'adresser plus particulièrement aux jeunes.
Mme SHOBBANA RANADE, Conférence des femmes de l'Inde (ONG): les femmes, qui représentent plus de 50% de la population mondiale, sont souvent ignorées lorsqu'il s'agit du développement des établissements humains. Le logement devrait être considéré comme un droit de l'homme fondamental. Les programmes relatifs aux établissements humains devraient compter sur une participation plus importante des femmes dans les phases de planification, de mise en oeuvre et de gestion. Les femmes vulnérables devraient en priorité bénéficier de logements décents. Enfin, les femmes devraient pouvoir accéder plus aisément aux facilités de crédit.
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