LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE LA QUESTION DU FINANCEMENT DES POLITIQUES VISANT L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE
Communiqué de Presse
SOC/53
LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL EXAMINE LA QUESTION DU FINANCEMENT DES POLITIQUES VISANT L'ELIMINATION DE LA PAUVRETE
19960524 MATIN SOC/53La Commission du développement a poursuivi, ce matin, son débat consacré à l'examen de son fonctionnement et des stratégies et mesures pour éliminer la pauvreté. Elle a entendu les points de vues de la plupart des intervenants, qui, tout en soulignant l'importance, des efforts nationaux dans la lutte contre la pauvreté, ont mis l'accent sur le rôle de la coopération internationale et plaidé en faveur de la création d'un environnement mondial favorable à l'élimination de la pauvreté. Les conséquences néfastes de la mondialisation de l'économie, la fluctuation des prix des produits de base, le poids de la dette extérieure, l'impact négatif des programmes d'ajustement structurel sont autant d'obstacles qui entravent la réalisation des objectifs du développement social.
Regrettant la situation de l'Aide publique au développement (APD), les intervenants ont souligné l'urgence qu'il y a à réaliser l'objectif "0,7% du PNB" et à effectuer des progrès dans la mise en oeuvre du concept 20-20. Des intervenants ont dénoncé la tendance qui consiste à remplacer l'APD par des investissements privés, arguant que ces investissements revêtent un caractère sélectif, et ne s'effectuent que dans les pays à croissance économique forte. Au niveau national, les intervenants ont reconnu que la réalisation des objectifs sociaux exige d'abord et avant tout une participation active de tous les acteurs de la société civile et une bonne gestion des affaires publiques.
Le Ministre de la famille du Venezuela et le Ministre des affaires sociales et de la solidarité nationale du Gabon ainsi que les représentants des pays suivants ont participé au débat : Chili, Philippines, Fédération de Russie, Kazakhstan, Ethiopie, Bélarus, Algérie, Afrique du sud, Côte d'Ivoire, Mongolie, Soudan, Indonésie et Pakistan, de même que les représentants de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ainsi que les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Association américaine des personnes retraitées, Franciscans International et Centre Ambekdar pour la justice et la paix.
La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures.
-- SOC/53 24 mai 1996
Stratégies et mesures pour éliminer la pauvreté
Mme SMITH, représentante de l'Association américaine des personnes retraitées (ONG), a fait part de l'expérience de l'Association et des autres ONG s'occupant des questions relatives aux personnes âgées pour préparer la célébration et le suivi de l'Année internationale sur le vieillissement. Un plan opérationnel a été élaboré qui repose sur l'établissement d'un vaste réseau d'ONG dont les activités durant l'Année et dans le cadre du suivi de cette dernière seront coordonnées et surveillées. Elle a indiqué que ce plan pourrait être une source d'inspiration pour la Commission, dans ses travaux d'établissement des mécanismes de surveillance de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet de Copenhague.
M. PLANTE, Franciscans International, a souligné que l'objectif du développement social doit être de remédier aux privations et au dénuement. La lutte contre la pauvreté exige un réexamen des structures et des lois qui empêchent les hommes de participer à leur propre développement. Franciscans International exhorte la Commission à se préoccuper davantage des causes fondamentales de la pauvreté. Elle doit gagner en dynamisme et se réunir tous les ans pour créer l'élan politique nécessaire à la prise de décisions appropriées. Il revient également à la Commission de créer un mécanisme qui lui permettra de tirer profit des activités d'autres commissions chargées des questions relatives au développement. Franciscans International se réjouit du fait que le Programme d'action de Copenhague ait mis l'accent sur l'importance de la bonne gouvernance et de la bonne gestion publique dans la lutte contre la pauvreté. La sécurité des sociétés doit être assurée parce qu'elle seule peut garantir la sécurité internationale, a indiqué en outre M. Plante.
M. VARHADE, représentant du Centre Ambekdar pour la justice et la paix, a insisté sur la nécessité de briser les systèmes qui sont à la base de l'enracinement de la pauvreté extrême dans les sociétés, notamment en Asie. Il a pris l'exemple de son pays, l'Inde, où le système des castes maintient les intouchables sous le joug de la pauvreté extrême et des violations des droits de l'homme, et sont considérés par les castes élevées comme une pollution. Il a appelé la communauté internationale à aider les gouvernements des pays concernés à démanteler ces systèmes culturels et traditionnels qui nient les droits les plus fondamentaux de l'être humain et vident parfois de tout leur sens les efforts de lutte contre la pauvreté.
M. EDUARDO GALVEZ (Chili) a indiqué que son pays a mis en oeuvre un programme national d'élimination de la pauvreté dont le budget tient compte des besoins fondamentaux des population pauvres. Le Programme comprend un programme spécial des communes qui vise notamment à attirer les investissements dans le pays. Pour 1996, le Chili a proposé une stratégie qui vise à garantir l'accès de toutes les personnes aux services de base, à orienter les investissements vers des projets qui ont des incidences sur
le développement social, ou encore à assurer l'accès des pauvres à des politiques de contrôle de la natalité. Les programmes traditionnels d'éducation et de logement sont aujourd'hui complétés par de nouveaux programmes relatifs aux
domaines d'action, tel l'accès de tous à la justice.
Le Gouvernement a également une politique d'appui aux microentreprises et aux travailleurs indépendants dans les zones rurales et urbaines. Il convient aussi de signaler que les efforts supplémentaires sont déployés dans le domaine de la formation professionnelle. Le Gouvernement a identifié une série d'indicateurs sociaux pour mieux évaluer la situation nationale en matière de pauvreté. Il en ressort que les efforts doivent prioritairement viser à combler le fossé entre les zones urbaines et les zones rurales, à combattre la féminisation de la pauvreté, à élaborer une politique intégrée pour l'enfance, à éliminer la discrimination dont est victime la jeunesse, ou encore à assurer l'équité dans la répartition des dépenses sociales entre zones urbaines et zones rurales.
Mme RUTH S. LIMJUCO (Philippines) a insisté sur l'obligation qu'ont les gouvernements, un an après Copenhague, d'exprimer clairement leur volonté politique de respecter les accords contractés lors du Sommet. Elle a mis l'accent sur les mesures prises par le Gouvernement des Philippines, sous la conduite du Président Ramos, en vue de mettre en oeuvre les recommandations du Programme d'action. Elle a indiqué qu'un plan d'action social était en cours d'élaboration, qui accorde la plus haute priorité à l'élimination de la pauvreté, et repose sur le principe participatif. Cette stratégie cherche à apporter des solutions durables à la pauvreté extrême en tenant dûment compte de la diversité culturelle des Philippines. Des objectifs ont été fixés dans tous les secteurs de la société, et ce dans toutes les régions du pays, en fonction de leurs caractéristiques propres. La pièce maîtresse de cette stratégie nationale est le programme "Philippine 2000" qui a pour objet la satisfaction des besoins élémentaires de tous les citoyens d'ici à l'an 2000.
M. CARLOS ALTIMARI, Ministre de la famille du Venezuela, a rendu compte des progrès enregistrés dans la mise en oeuvre d'un programme dans son pays qui vise à assurer la fourniture de biens et services susceptibles d'améliorer la qualité de la vie de tous les citoyens. Le Gouvernement du Venezuela a confié au Ministère des finances l'exécution d'un plan de réaménagement de l'économie qui vise à lutter contre l'inflation, les déficits fiscaux et les conséquences néfastes des programmes d'ajustement structurel. Cette politique comprend toutefois une composante sociale, appelée Agenda du Venezuela, qui a pour objet de mettre en place des mesures macro-économiques visant à atténuer l'impact des mesures économiques sur les populations.
Les programmes de l'Agenda du Venezuela représentent un investissement de l'ordre de 850 millions de dollars et sont exécutés conjointement par sept ministères. Ces programmes essayent de satisfaire les besoins en matière de santé, de l'alimentation ou d'éducation. Dans la lutte contre la pauvreté,
le défi est de mettre en oeuvre de façon efficace les mesures prises et de coordonner toutes les actions de l'Etat ainsi que de tirer parti des expériences d'autres pays et de disposer d'information pertinentes en matière sociale. Il faudrait réorienter sans cesse la politique en incorporant de nouvelles approches, de sensibiliser les citoyens, et d'encourager le transfert des compétences.
M. RAMISHVILI (Fédération de Russie) a fait part des mesures prises par son gouvernement pour mettre en oeuvre le Programme
d'action de Copenhague. Pour résoudre le problème de la pauvreté, il ne suffit pas de prendre des mesures sociales. C'est toute la politique nationale qu'il faut réorienter. Dans les économies en transition, il importe en particulier d'examiner les voies et moyens qui s'offrent de réduire les effets négatifs des politiques d'ajustement structurel sur la population, et de tenter de rétablir un système de protection sociale. Mais une politique sociale active consiste surtout à prévenir le risque de retombée brutale au cas où une nouvelle crise surviendrait, et d'aider la population à mieux réagir à de telles situations.
L'objectif prioritaire que s'est imposé le gouvernement de la Fédération de Russie est de parvenir d'ici à l'an 2000 à augmenter les garanties de l'Etat en matière sociale jusqu'à un niveau qui permette de satisfaire les besoins essentiels de tous les citoyens, a expliqué le représentant. "Le succès des réformes de la Fédération de Russie et des autres économies en transition déterminera leur non seulement leur avenir, mais changera également le paysage politique international. Aussi est-il capital d'accorder toute l'attention qu'ils méritent à ces pays, et de les soutenir dans leurs efforts de transition.
M. MURAT SMAGULOV (Kazakhstan) a indiqué que son pays a adopté une politique sociale qui vise à améliorer le sort des chômeurs et des populations à faible revenu. Plus de 5 millions de personnes bénéficient des services sociaux. En outre, des fonds régionaux à but non lucratif ont été créés afin d'améliorer la condition des nécessiteux et des personnes handicapées. La Kazakhstan a, par ailleurs, mis au point un projet en coopération avec la Banque mondiale, intitulé "Projet de protection sociale". Ce projet comprend deux volets qui concernent les services sociaux en tant que tels et les services à l'emploi. Les chômeurs seront les premiers bénéficiaires de ce projet.
M. SILESHI SHEWANEH (Ethiopie) a souligné que les efforts de dépaupérisation, tant au niveau mondial que national exigent des stratégies intégrées, et une solide coordination des actions entreprises. Il a souligné qu'il était essentiel que les efforts des gouvernements soient soutenus par la coopération internationale.
Mme GRYTSENKA (Bélarus) a souligné que les efforts de transformation et de réformes entrepris dans son pays ont entraîné une détérioration considérable des conditions sociales des populations. En dépit de ces difficultés, le Gouvernement s'efforce de protéger les populations les plus vulnérables. Toutefois les prestations sociales de l'Etat continuent de diminuer, des mesures sociales et économiques s'imposent pour préserver à l'Etat son rôle de fournisseurs de biens sociaux. En ce sens, la coopération internationale à un grand rôle à jouer. Il est temps d'adopter un Programme d'action pour venir en aide aux pays en transition et régler leurs problèmes spécifiques. Le Bélarus appelle également les puissances industrielles de son pays et d'ailleurs à appuyer le processus de restructuration.
M. BOUBACAR TOURE, représentant de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a rappelé que plus d'un milliard de personnes vivent aujourd'hui dans des conditions inacceptables de pauvreté. A moins que des mesures
extraordinaires ne soient prises immédiatement, il ne sera pas possible, d'ici à 2010, d'obtenir une réduction sensible des victimes de la sous-alimentation chronique dans les pays en développement, dont le nombre s'élève à pus de 800 millions de personnes. Dans son Etude "Agriculture mondiale - Horizon 2010", la FAO souligne la nécessité d'augmenter la production alimentaire mondiale dans les pays qui ont de faibles ressources et dont le secteur agricole est le principal fournisseur d'emplois et de revenus.
Le Directeur général de la FAO, M. Jaques Diouf, à proposé la tenue, d'urgence, d'un Sommet mondial de l'alimentation au niveau des Chefs d'Etat et de Gouvernement. Ce Sommet, qui sera une première mondiale, permettra de discuter au plus haut niveau de la situation mondiale et des perspectives de l'alimentation et de l'agriculture, et d'adopter une stratégie visant à renverser la tendance actuelle et assurer la sécurité alimentaire de tous. Le Sommet se tiendra du 13 au 17 novembre 1996 au Siège de la FAO, à Rome.
M. LEMARESQUIER, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), soulignant que la pauvreté croît plus vite que la population, de nos jours, a insisté sur le fait que pauvreté et inégalité sont une seule et même réalité. La pauvreté se conjugue avec l'injustice, l'exclusion sociale ou encore l'insécurité. Le PNUD reconnaît qu'il n'y a pas de lutte efficace contre la pauvreté sans croissance économique. Toutefois, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne, a-t-il souligné. Si la lutte contre la pauvreté relève de la responsabilité de Etats, force est de reconnaître que la mondialisation de l'économie a un impact certain sur le développement des pays. En outre, l'investissement privé qui est en passe de remplacer l'APD reste sélective et ne s'adresse qu'aux plus avancés des pays en développement. Par ailleurs, la charge de la dette continue d'hypothéquer gravement la capacité des Etats à sortir de la condition de pauvreté.
Le Sommet de Copenhague a élargi le cadre dans lequel les actions de lutte contre la pauvreté doivent être entreprises. Dès lors, le PNUD a défini une politique qui accorde la priorité à la formulation de stratégie intégrée, appuyant au maximum des activités entreprises à l'échelle nationale. Le PNUD a lancé une initiative qui vise à sensibiliser les pauvres, à mesurer la pauvreté pour trouver ses causes profondes, à définir des objectifs chiffrés et des cadres temporels précis, à passer en revue les politiques et budgets nationaux ou encore à encourager la réforme des politiques en mettant l'accent sur la coordination intergouvernementale. Le PNUD a mis à la disposition de la Commission un rapport à ce sujet.
Mme AMINA Z. MESDOUA (Algérie) a considéré qu'il était temps d'examiner la manière dont les politiques d'ajustement structurel conçues par les institutions financières internationales affectent le tissu social des pays en développement et aggravent les conditions de vie des populations les plus pauvres en induisant également la paupérisation des couches moyennes , alors que les équilibres de la société et son évolution dépendent de cette même catégorie sociale. L'Algérie, comme beaucoup de pays du Sud, est exposée à l'instabilité de l'environnement économique international. Le gouvernement met toutefois en oeuvre un processus de stabilisation économique et de restructuration globale de son système économique dont il
s'attache à maîtriser le coût social au prix d'efforts considérables.
Face à l'impératif auquel sont confrontés nos pays, afin de mettre en oeuvre une politique macro-économique saine, il est indispensable que s'engage un véritable dialogue qui souligne l'exigence de remédier aux déséquilibres mondiaux et le devoir qui incombe aux pays développés de lever les contraintes qui entravent le développement des pays du Sud, en adhérant au principe d'une gestion démocratique du système mondial. C'est aux Nations Unies qu'il appartient de prendre en charge cette exigence. L'heure est venue pour l'Organisation d'inscrire dans les actes et dans les faits son mandat originel dans les domaines économique et social et de placer le développement au centre de toute son action. Dans ce contexte, il convient de renforcer le mandat de la Commission, laquelle doit représenter la cheville ouvrière du dispositif onusien en ce qui concerne le suivi du Sommet de Copenhague et la coordination de l'ensemble des activités du système en ce domaine. Ce renforcement doit s'accompagner de moyens adéquats lui permettant d'assurer toutes les tâches qui lui incombent.
Mme IRMA ENGELBRECHT (Afrique du Sud) a indiqué que son pays a mis au point une Stratégie de développement de croissance fondée sur sa vision de l'an 2020. Cette stratégie vient renforcer les activités entreprises grâce au Fonds de développement et de reconstruction, auquel le Gouvernement a alloué en 1995, la somme de 1,3 milliards de dollars. La stratégie prône la mise en oeuvre de plans susceptibles d'accélérer la croissance et le développement et de permettre au Gouvernement de réaliser les objectifs de l'élimination de la
pauvreté, de l'augmentation de l'emploi et de l'amélioration des conditions de vie. Elle vise, en conséquence, à assurer une répartition plus équitable des revenus et des services offerts par l'Etat à la majorité des pauvres, à éliminer la pauvreté et à donner l'élan nécessaire à l'économie. Cette stratégie s'appuie sur six piliers : créer des emplois à une grande échelle; investir dans la population, augmenter les investissements économiques, lutter contre la criminalité, établir un système de sécurité sociale et transformer le gouvernement en un instrument efficace au service des populations.
M. SEBASTIEN MAMBOUDOU-MOUYAMA, Ministre des affaires sociales et de la solidarité nationale du Gabon, a fait part des mesures prises par son gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté. En dépit de toutes les contraintes auxquelles il doit faire face, le gouvernement gabonais a pris plusieurs initiatives pour aider ses nationaux à atténuer la difficulté qu'ils éprouvent à vivre dans un pays où les chaînes de solidarité d'antan ont été brisées par l'accélération de l'urbanisation, la montée du chômage et l'appauvrissement de ceux qui ont encore la chance de travailler. Sur le plan sanitaire, le gouvernement vient d'engager une vaste réforme, qui s'appuie sur 10 régions sanitaires placées sous la responsabilité de directeurs régionaux qui devront réactiver les programmes de médecine préventive, en particulier à l'intention des femmes et des enfants. Dans le même temps, l'Etat poursuit un programme d'assainissement des eaux, d'électrification des villages, en particulier les plus isolés.
Pour amortir l'effet de la dévaluation du franc CFA et de l'instauration d'une taxe sur la valeur ajoutée (TVA), le gouvernement a décidé de réduire de moitié le taux applicable
aux produits pharmaceutiques. Des efforts ont été faits dans les domaines de l'éducation, de la formation professionnelle, et de l'aide à l'emploi pour les jeunes. A cet égard, un Fonds d'Insertion à l'intention des jeunes en quête d'emploi a été créé, qui est soutenu par d'autres initiatives, dont l'une entreprise par l'Office national de l'emploi, qui a lancé une "opération taxi", à l'intention des jeunes chômeurs titulaires d'un permis de conduire. Les taxis sont préfinancés par l'Etat et les jeunes en deviennent propriétaires dès qu'ils ont remboursé la totalité du crédit. Un institut d'appui au développement agricole a par ailleurs été créé.
Mme DIENEBOU KABA CAMARA (Côte d'Ivoire) a fait observer que l'élimination de la pauvreté, parce que complexe, exige d'abord et avant tout une stratégie intégrée. Dans les pays en développement, a-t-elle précisé, les politiques en la matière ne peuvent réussir sans la coopération internationale et la création d'un environnement favorable qui exige une amélioration des flux des ressources vers les pays du Sud. Un des moyens d'y parvenir est la réalisation de l'objectif "0,7% du PNB". Il convient de prendre, à l'échelle bilatérale ou multilatérale, des mesures d'annulation ou de réduction de la dette extérieure des pays en développement et d'atténuer les conséquences
néfastes des programmes d'ajustement structurels qui doivent désormais tenir compte des indicateurs sociaux. La représentante a souhaité la création d'un mécanisme de compensation des pertes enregistrées par les pays qui subissent les conséquences négatives de la mondialisation du commerce.
Un an après Copenhague, a-t-elle indiqué, les pays africains restent confrontés à un manque de ressources. C'est ainsi que la Côte d'Ivoire consacre au paiement de sa dette dix fois le budget de la santé. Le fait que les ressources à l'exportation restent tributaires des fluctuations des prix des produits de base constitue un handicap sérieux. Faisant part de la politique sociale de son pays, la représentante a indiqué qu'il s'attache à y associer davantage la société civile, à mettre l'accent sur la participation des femmes ou à assurer une bonne gestion de l'administration publique. Elle a souligné que la croissance économique, si elle n'est pas assortie de créations d'emplois n'entraîne pas de croissance sociale. Il s'agit de s'en souvenir au moment où le PNB est souvent considéré comme un indicateur de la bonne santé économique et sociale d'un pays.
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a estimé qu'il serait intéressant d'identifier des caractéristiques communes de la pauvreté dans les différentes régions du monde, et d'établir des critères qui permettent d'évaluer le niveau de pauvreté des pays sur une échelle commune. Si la responsabilité de la mise en oeuvre des stratégies de développement social incombe en premier chef aux gouvernements, un plus grand soutien de la communauté internationale à leurs efforts est indispensable. A cet égard, la Mongolie salue la volonté réaffirmée de l'Union européenne de consacrer 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement. La représentante a formulé l'espoir que les autres donateurs suivront cet exemple. Evoquant l'état de la pauvreté dans son pays, elle a indiqué que de nombreux problèmes sociaux sont devenus si aigus depuis le début de la période de transition, que l'on peut aujourd'hui dire que la pauvreté dans le pays a atteint des proportions épidémiques. En 1993, 26% de la population vivaient sous le seuil de la pauvreté et 6% dans un état de pauvreté absolue. Le gouvernement a mis en place un programme national de dépaupérisation qui vise essentiellement à
renforcer et à assurer aux pauvres la satisfaction de leurs besoins élémentaires.
M. ABDEL-HALIM (Soudan) a souhaité que le mandat de la Commission soit élargi afin de relancer la mise en oeuvre des recommandations du Sommet et de renforcer le processus de coopération internationale nécessaire. La Commission devra rester indépendante de tout autre instance et devra élargir sa composition à 53 membres. Il convient également qu'elle rapproche la périodicité de ses sessions; une périodicité d'un an serait tout à fait acceptable. Le représentant a mis en garde contre la proposition qui consiste à permettre au Bureau de tenir des réunions intersessions. Les grandes décisions ne sauraient se prendre sans l'accord de tous les membres de la Commission, a insisté le représentant.
Venant à la question de l'élimination de la pauvreté, le représentant a indiqué que son pays a été l'un des premiers à réaliser les dimensions du fléau de la pauvreté. Ainsi, la stratégie nationale soudanaise, qui va bien au-delà des objectifs fixés par Copenhague, exige de toute activité économique ou environnementale qu'elle se conforme aux objectifs sociaux. Cette stratégie qui vise d'abord et avant tout l'autosuffisance, a été lancée en priorité dans les campagnes. Aux fins du développement social, le Soudan a jugé utile de créer une Banque sociale. Lançant un appel aux Etats membres du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant les a encouragés à réaliser à tout prix l'autosuffisance devant les réticences de certains pays à poursuivre la coopération internationale.
M. DONDKUSUNO (Indonésie) a estimé que le mandat de la Commission était suffisamment large pour lui permettre d'assumer son rôle dans le cadre du suivi du Sommet mondial pour le développement social. Il est important que la Commission établisse un programme de travail précis et holistique, et que l'on se concentre sur les moyens d'éviter les doubles emplois entre les différentes Commissions techniques de l'ECOSOC. L'Indonésie considère qu'il est important que la composition de la Commission reflète une répartition géographique équitable; aussi conviendrait-il d'en augmenter le nombre des membres. Pour que les pays en développement puissent poursuivre la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague et assurer le succès de leurs stratégies, il faut mobiliser davantage les initiatives de coopération internationale. L'Indonésie s'est engagée au respect du concept 20/20, puisqu'elle alloue 27% de son budget national au développement social.
M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a souligné que la lutte contre la pauvreté exige la mise en place d'investissements diversifiés dans les domaines de l'alimentation, de la santé, de l'éducation ou encore des ressources humaines. La féminisation de la pauvreté, toute préoccupante qu'elle soit, a toutefois le mérite de montrer la nécessité de faire participer tous les acteurs de la société civile à la réalisation des objectifs de développement social. Le représentant s'est félicité que les institutions de Bretton Woods aient suivi le Sommet avec intérêt et a émis l'espoir que les recommandations du Sommet les inciteront à donner un visage humain aux programmes d'ajustement structurel. Les Pays développés, a-t-il poursuivi, doivent s'acquitter de leur engagement de réaliser l'objectif essentiel de "0,7% du PNB". L'annulation de la dette des pays les plus pauvres, décidée notamment par la Norvège devrait servir d'exemple. Le développement social, a insisté le représentant, ne saurait être réalisé sans un développement économique
adéquat. Il convient donc de tout mettre en oeuvre pour rendre viables les économies des pays en développement. Les quatre années qui séparent de l'an 2000, Année de l'examen par l'Assemblée générale des progrès réalisés, doivent permettre de définir un cadre de mesures pratiques.
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