CD/G/320

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LE PAKISTAN SOULIGNE QUE LE TRAITÉ INTERDISANT LES ESSAIS DOIT EMPECHER LA MISE AU POINT DE NOUVELLES ARMES NUCLÉAIRES

23 mai 1996


Communiqué de Presse
CD/G/320


CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LE PAKISTAN SOULIGNE QUE LE TRAITÉ INTERDISANT LES ESSAIS DOIT EMPECHER LA MISE AU POINT DE NOUVELLES ARMES NUCLÉAIRES

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Le Groupe des 21 réitère son appel en faveur du commencement des négociations sur le désarmement nucléaire

Genève, 23 mai -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration du représentant du Pakistan sur les négociations relatives au traité d'interdiction complète des essais nucléaires. La Conférence du désarmement avait repris, le 14 mai dernier, les travaux de la deuxième partie de sa session annuelle, qui se tient à Genève jusqu'au 28 juin.

Le représentant du Pakistan a souligné que la proposition australienne concernant la portée du traité permettrait la poursuite d'essais nucléaires de «puissance zéro» et «sous-critiques». Afin d'assurer que de tels essais souscritiques ne permettront pas le développement qualitatif d'armes nucléaires, il faudrait inclure dans le traité des dispositions affirmant notamment que le traité vise à empêcher le développement qualitatif d'armes nucléaires, à empêcher la mise au point de nouveaux types d'armes et de systèmes, à contribuer à la non-prolifération, à promouvoir le désarmement nucléaire et l'élimination éventuelle des armes nucléaires selon un calendrier spécifique.

L'Union européenne a réitéré qu'elle accordait la priorité absolue à la conclusion, avant la fin de la session de printemps de la Conférence, des négociations sur un traité d'interdiction des essais nucléaires.

Le Groupe des 21, composé des pays non alignés membres de la Conférence, a pour sa part réitéré sa proposition tendant à ce que la Conférence commence, dès la fin des négociations sur le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, des négociations sur un programme de désarmement nucléaire par étapes et selon un calendrier déterminé.

Le Président sortant de la Conférence, M. Ejoh Abuah du Nigéria, qui a assumé ces fonctions pour une période de quatre semaines et pendant l'intersession, a déclaré à cet égard que la Conférence n'était pas parvenue à un consensus sur cette proposition du Groupe des 21. S'agissant de l'élargissement de la composition de la Conférence, M. Abuah a déclaré que les délégations étaient sur le point de trouver une solution.

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A partir de la prochaine séance plénière de la Conférence, qui aura lieu le jeudi 30 mai, à 10 heures, la présidence sera assumée, pour une période de quatre semaines, par l'Ambassadeur du Pakistan, M. Akram, qui poursuivra les consultations sur ces questions.

Déclarations

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souligné que la Conférence du désarmement se trouve à un moment décisif de ses négociations sur un traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Il a regretté la lenteur des progrès réalisés jusqu'à maintenant dans la deuxième partie de la session. Il s'est dit optimiste quant à la perspective de conclure le traité d'ici la fin juin, mais a souligné que le traité devra résulter de négociations multilatérales transparentes.

Le représentant a constaté que la proposition australienne concernant la portée du traité semblait recueillir de plus en plus le consensus. M. Akram a estimé que, selon cette formule, des essais de «puissance zéro» et «souscritiques» pourront continuer aux mêmes fins que les essais réalisés précédemment. Le Pakistan s'oppose fermement à la notion d'essais «de sécurité et de fiabilité». La réalisation de tels essais ne pourrait qu'aller à l'encontre de l'objectif principal du traité. En outre, avec la mise en place d'un système de surveillance «bon marché» qui ne pourrait déceler que les explosions de plus d'une kilotonne, il ne sera pas possible de distinguer les essais «sous-critiques», autorisés dans la formulation australienne, des essais de faible puissance, qui sont, eux, interdits. Quelles assurances y at-il que de tels essais sous-critiques ne permettront pas le développement qualitatif des armes nucléaires?

C'est pourquoi le Pakistan estime qu'il faudrait inclure dans le préambule du traité des dispositions sur les buts et objectifs du traité, affirmant que le traité vise à empêcher le développement qualitatif d'armes nucléaires, à empêcher la mise au point de nouveaux types d'armes et de systèmes, à contribuer à la non-prolifération, à promouvoir le désarmement nucléaire et l'élimination éventuelle des armes nucléaires selon un calendrier spécifique, et à promouvoir la paix et la sécurité.

M. Akram a en outre constaté que la limitation imposée sur le système de surveillance pour en faire un système «bon marché» est invoquée en faveur de la réalisation d'inspections sur place et du recours à des moyens de vérification non pas multilatéraux mais nationaux. Le Pakistan estime que le recours aux inspections sur place doit être extrêmement rare et ne devraient être menées qu'avec l'accord de la majorité des deux tiers du conseil exécutif de l'organisation du traité. C'est l'approche «feu vert», à laquelle le Pakistan est attaché. Le Pakistan est par ailleurs fortement opposé au recours aux moyens techniques nationaux de détection, qui pourraient devenir un instrument de harcèlement et d'ingérence dans les affaires intérieures des États.

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Enfin, M. Akram a souligné qu'un traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne pourra être efficace et permanent que s'il est ratifié par tous les États. Le Pakistan estime que le traité devrait entrer en vigueur dès sa ratification par quarante États comprenant les huit pays qui ont une capacité nucléaire et qui n'ont pas contracté l'obligation, aux termes du Traité sur la non-prolifération nucléaire, de ne pas acquérir d'armes nucléaires et de ne pas procéder à des essais nucléaires.

M. GILBERTO VERGNE SABOIA (Brésil), intervenant au nom du Groupe des 21, a rappelé que le Groupe demande depuis longtemps le début de négociations sur le désarmement nucléaire. Il attire l'attention sur la proposition qu'il avait faite le 14 mars tendant à créer immédiatement un comité spécial sur le désarmement nucléaire qui serait chargé de mener des négociations sur un programme de désarmement nucléaire par étapes selon un calendrier précis.

Le représentant de l'Italie, au nom de l'Union européenne, a attiré l'attention de la Conférence sur une déclaration faite le 22 avril 1996 par le Conseil des affaires générales de l'Union européenne, à laquelle se sont ralliés les États membres de l'AELE, de l'EEE, les pays d'Europe centrale et orientale associés à l'Union européenne et les pays associés de Chypre et Malte. L'Union européenne accorde la priorité absolue et est très fermement attachée à la conclusion, avant la fin de la session de printemps de la Conférence, des négociations sur un traité global d'interdiction des essais nucléaires interdisant tout essai d'armes nucléaires par explosion ou tout autre explosion nucléaire, de manière à en permettre la signature en automne, au début de la cinquante-et-unième session de l'Assemblée générale.

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