En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/22702

Responsabilité de protéger: une nécessité urgente, un impératif moral et une promesse non tenue, selon le Secrétaire général

On trouvera, ci-après, le texte de l'allocution prononcée, aujourd’hui, par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, devant l’Assemblée générale à l’occasion du vingtième anniversaire de la Responsabilité de protéger:

Il y a 20 ans, au Sommet mondial de 2005, les responsables politiques se sont engagés à protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.

Ce faisant, ils ont convenu que la souveraineté s’accompagnait non seulement de droits, mais également de responsabilités – à commencer par le devoir qu’a chaque État de protéger son propre peuple.

Ils ont souligné que la communauté internationale avait le devoir de soutenir les États dans cette démarche et insisté sur la nécessité de mener en temps voulu une action collective résolue, conformément à la Charte des Nations Unies, lorsque les autorités nationales n’y parviennent manifestement pas.

Aujourd’hui, nous marquons le vingtième anniversaire de la Responsabilité de protéger à un moment où le monde est dans la tourmente.

Le nombre de conflits armés auxquels nous assistons est le plus élevé enregistré depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Ces conflits se caractérisent par une montée de la violence identitaire, des violations généralisées du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, et une impunité grandissante.

Les conflits sont de plus en plus longs, complexes et interconnectés.

Les menaces émergentes, telles que la militarisation des nouvelles technologies et la prolifération des armements de pointe, exigent que nous nous adaptions constamment afin d’empêcher que des atrocités criminelles soient commises et de protéger les populations.

De plus, les alertes rapides restent trop souvent lettre morte et les preuves avancées à l’appui de crimes commis par des acteurs étatiques et non étatiques font l’objet d’un déni, d’indifférence, voire sont réprimées.

Les réponses sont souvent trop faibles, trop tardives, incohérentes ou minées par l’application d’un système du deux poids, deux mesures.  Ce sont donc les civils qui paient le plus lourd tribut.

Une défense crédible de la paix et de la sécurité, du développement et des droits humains passe par le respect de la Charte des Nations Unies.

À l’occasion de cet anniversaire, nous devons prendre conscience que la Responsabilité de protéger n’est pas uniquement un principe: c’est un impératif moral, ancré dans notre humanité commune et dans la Charte des Nations Unies.

C’est dans cet esprit que je présente aujourd’hui le dix-septième rapport du Secrétaire général sur la Responsabilité de protéger.  Ce rapport rend compte de deux décennies d’efforts, préconise la revitalisation de l’action menée et présente les résultats des enquêtes qui ont permis de l’établir.

Nous avons constaté que ce principe bénéficiait d’un large soutien parmi les États Membres.

Les communautés touchées par la violence y voient une lueur d’espoir, mais réclament une mise en œuvre efficace à tous les niveaux.

Le rapport met en lumière les efforts faits dans le cadre de mécanismes nationaux de prévention ou sous un leadership régional – sous l’égide de l’Union africaine, de l’ASEAN, de l’OSCE ou de l’Organisation des États américains et dans le cadre d’initiatives multilatérales telles que le Groupe des Amis de la Responsabilité de protéger, le code de conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence, et l’appel à la limitation du droit de veto en cas d’atrocités de masse.

Le rapport montre que la diplomatie préventive, l’alerte rapide et les voies institutionnelles innovantes visant à prévenir et combattre les atrocités criminelles peuvent être efficaces.

Il souligne également la nécessité d’intégrer la prévention des atrocités dans l’ensemble du système des Nations Unies – de l’action humanitaire au maintien de la paix en passant par les droits humains.

Enfin, il préconise l’intégration des systèmes d’alerte rapide, le renforcement des mécanismes nationaux de prévention et la prise en compte de la prévention des atrocités criminelles dans les activités plus générales concernant la pérennisation de la paix, la défense des droits humains et le Programme 2030.

Aucune société n’est à l’abri du risque de crimes d’atrocité.

La prévention doit commencer chez soi – par un leadership qui protège les droits, valorise la diversité et respecte l’État de droit.

Elle doit également être soutenue à l’échelle mondiale – grâce à la coopération multilatérale, à une diplomatie fondée sur des principes, et une action rapide et décisive pour protéger efficacement les populations.

Vingt ans après, la Responsabilité de protéger demeure une nécessité urgente, un impératif moral et une promesse non tenue.

Tenons cette promesse.  Approfondissons notre engagement.  Renforçons notre coopération.  Et faisons de la prévention des atrocités et de la protection des populations une pratique permanente et universelle.

Allons de l’avant avec détermination, dans l’unité, et avec le courage d’agir.

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