Nous sommes réunis non seulement pour célébrer la Journée internationale des femmes, mais aussi pour avancer, résilients, unis et résolus, déclare M. Guterres
On trouvera, ci-après, le texte du discours du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcé à l’occasion de la Journée internationale des femmes, à New York, aujourd’hui:
Merci pour votre invitation – et pour cet émouvante prestation. Nous sommes réunis aujourd’hui non seulement pour célébrer la Journée internationale des femmes, mais aussi pour aller de l’avant, résilients, unis et résolus, dans notre quête des « objectifs d’égalité, de développement et de paix pour toutes les femmes dans le monde entier, dans l’intérêt de l’humanité tout entière ».
Ces mots sont les premiers de la déclaration de Beijing. Cette année marque le trentième anniversaire de cette conférence historique, lors de laquelle il a été réaffirmé que les droits des femmes étaient des droits humains.
Depuis, les femmes ont levé des barrières, brisé des plafonds et remodelé nos sociétés. Il y a davantage de filles scolarisées. Il y a davantage de femmes aux postes de pouvoir. Et le militantisme en ligne a lancé des mouvements mondiaux en faveur de la justice.
Pourtant, ces avancées obtenues de haute lutte restent fragiles et sont loin d’être suffisantes. Des abominations séculaires comme la violence, la discrimination et les inégalités économiques continuent d’accabler nos sociétés.
Toutes les dix minutes, une femme est tuée par son partenaire ou un membre de sa famille. 612 millions de femmes et de filles vivent sous la menace de conflits armés, dans lesquels, trop souvent, l’on considère que leurs droits peuvent être sacrifiés. Moins de deux tiers des femmes dans le monde participent au marché du travail, et celles qui le font gagnent beaucoup moins que les hommes.
À ce rythme, il faudrait 130 ans pour mettre fin à l’extrême pauvreté des femmes et des filles. Et comme on peut le voir aux quatre coins du monde, de recul en recul, les droits des femmes s’érodent.
Les effets de siècles de discrimination sont exacerbés par de nouvelles menaces. Les outils numériques, bien que pleins de promesses, étouffent souvent la voix des femmes, amplifient les préjugés et alimentent le harcèlement. Le corps des femmes est devenu un champ de bataille politique. Et la violence en ligne se transforme en violence dans la vie réelle.
Au lieu d’observer une généralisation de l’égalité des droits, nous assistons à la banalisation du machisme et de la misogynie. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que les progrès sont réduits à néant. Nous devons riposter.
En septembre dernier, les États Membres ont adopté le Pacte pour l’avenir. Ce pacte nous rappelle que l’égalité est le moteur du progrès pour tous et toutes, et que le Programme 2030 ne pourra être réalisé que lorsque toutes les femmes et les filles jouiront pleinement de leurs droits.
Il appelle à un investissement accru dans les objectifs de développement durable, à un plus grand allègement de la dette et à un soutien plus fort des banques multilatérales de développement, afin que les gouvernements puissent investir dans ce dont leurs populations ont besoin – notamment l’éducation, la formation, la création d’emplois et la protection sociale, qui peuvent faire avancer l’égalité pour tous et toutes.
Le Pacte mondial pour le numérique appelle à combler la fracture numérique qui existe entre les hommes et les femmes, à lutter contre les atteintes commises en ligne et à veiller à ce que les femmes et les jeunes filles du monde entier puissent saisir et exploiter les possibilités offertes par une économie mondiale en rapide évolution et en tirer profit.
De notre côté, nous nous efforçons de mettre fin au fléau de la violence à l’encontre des femmes et des filles. Grâce à l’Initiative Spotlight, l’ONU et l’Union européenne ont montré que, s’agissant d’éliminer la violence de genre, les approches globales fonctionnent.
Nous avons aidé un million de filles de plus à continuer d’aller à l’école. Nous avons aidé 21 millions de femmes et de filles à ne pas subir de violences de genre. Dans 13 pays participant à cette initiative, le taux de condamnation pour violences de genre a doublé.
Ces résultats prouvent que lorsque nous nous unissons autour de stratégies ambitieuses, nous obtenons des changements réels. Mais notre tâche est loin d’être achevée. Nous ne pouvons en aucun cas tolérer un monde où les femmes et les filles vivent dans la peur, où leur sécurité est un privilège plutôt qu’un droit non négociable.
En cette Journée internationale des femmes, le leadership nous appartient à toutes et à tous. À l’ONU, depuis 2020, nous sommes parvenus à la parité hommes-femmes aux postes de haute direction et parmi les Coordonnateurs et Coordonnatrices résidents, et nous la maintenons.
Et pour la première fois dans l’histoire de notre organisation, nous avons également atteint la parité parmi les administrateurs et administratrices recrutés sur le plan international. Voilà qui prouve une fois encore qu’avec de la détermination et de la concertation, le changement systémique est possible.
Aujourd’hui, je suis fier d’annoncer que dans le cadre du Plan pour l’accélération de la réalisation de l’égalité des genres dans le système des Nations Unies, nous avons pris un engagement en faveur de l’Appel urgent à l’égalité des genres: un engagement ambitieux et résolu de tout faire, de toute urgence, pour défendre et faire progresser les droits de toutes les femmes et de toutes les filles.
Cet appel définit quatre priorités: l’unification des équipes dirigeantes – les hautes et hauts responsables des entités des Nations Unies doivent, toutes et tous, défendre les droits des femmes dans toutes les décisions et tous les lieux de débat; la lutte contre le repli – nous devons activement combattre les remises en cause, empêcher les retours en arrière et créer des espaces où les droits des femmes peuvent prospérer; la coordination de l’impact – pour abolir les inégalités systémiques dans tous les secteurs et à tous les niveaux; et la protection des défenseurs et défenseuses des droits des femmes – nous défendrons et amplifierons les voix des femmes présentes en première ligne, en nous opposant fermement à ceux qui cherchent à les réduire au silence.
Cet appel urgent et le Plan pour l’accélération de la réalisation de l’égalité des genres doivent induire un véritable changement politique dans toutes nos actions. L’ONU montre la voie. Nous demandons aux gouvernements, aux organisations et aux entreprises de suivre cet exemple.
La lutte pour l’égalité des genres ne peut se résumer à une question d’équité. Il s’agit d’une question de pouvoir – qui participe à la prise des décisions, et qui en est exclu. Il s’agit de démanteler les systèmes qui perpétuent les inégalités. Et d’assurer ainsi un monde meilleur pour tous.
Quand les femmes participent aux négociations, la paix dure plus longtemps. Quand les filles peuvent aller à l’école, des générations entières sortent de la pauvreté. Quand les femmes bénéficient d’opportunités professionnelles égales, les économies se renforcent. Et avec la parité dans le leadership politique, les décisions sont plus justes, les politiques sont mieux ciblées et les sociétés sont plus équitables.
En somme: quand les femmes et les filles vont de l’avant, tout le monde prospère. Alors, en cette Journée internationale des droits des femmes, soyons inspirés par les voix des femmes et des filles du monde entier – et choisissons toujours l’action plutôt que l’apathie. Réalisons la vision de la Déclaration de Pékin. Accélérons le changement. Et avançons – pour chaque femme, pour chaque fille, pour chacun, partout.