En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/22380

« Dans un monde de richesses exceptionnelles, de connaissances et de technologies sans précédent, nous n’avons aucune excuse », dit le Secrétaire général en demandant de garder les ODD en vie

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors du coup de projecteur sur les objectifs de développement durable, à New York, aujourd’hui:

Les objectifs de développement durable incarnent une vision audacieuse.  Ils constituent un engagement en faveur d’un avenir meilleur, plus sain, plus sûr, plus prospère et plus durable.  Mais les vents contraires sont nombreux.  Nous sommes mal partis pour atteindre plus de quatre sur cinq de toutes les cibles associées aux objectifs de développement durable.  Outre les conséquences d’une pandémie mondiale auxquelles ils doivent faire face, de nombreux pays sont écrasés par un endettement massif, des liquidités limitées et des coûts d’emprunt très élevés.  Les conflits, la faim, les inégalités et la crise climatique s’intensifient.  En outre, l’architecture financière mondiale ne permet pas aux pays en développement de pouvoir compter sur suffisamment de financements et de liquidités et ne leur offre pas un filet de sécurité efficace pour tous.  Le monde a pourtant les richesses, les technologies et le savoir-faire qu’il faut pour atteindre les objectifs de développement durable.

Au mois de septembre dernier, le Sommet sur les objectifs de développement durable a permis de dégager un consensus autour d’un plan de relance des objectifs de développement durable, prévoyant des financements d’au moins 500 milliards de dollars par an pour les pays en développement – et de s’accorder sur le fait qu’il est nécessaire de réformer l’architecture financière mondiale. L’accent a été mis sur les transitions clefs qui permettront d’accomplir un maximum de progrès dans toute une série de domaines : élimination de la faim, développement des énergies renouvelables, numérisation, éducation, protection sociale et travail décent, ainsi que de mettre fin à la triple crise planétaire, à savoir les changements climatiques, la pollution et l’appauvrissement de la biodiversité.  Il a également été souligné qu’il était crucial de veiller à ce que les femmes, les filles et les jeunes aient leur place à la table des décisions. 

Aujourd’hui, vous entendrez des dirigeants et dirigeantes parler des progrès réalisés par leur pays dans tous ces domaines.  Ils sont déterminés à faire bouger les lignes, en dépit des difficultés énormes auxquelles ils heurtent.  Et nous célébrerons des réussites phares à l’échelle planétaire : depuis la réduction des taux de mortalité infantile jusqu’à l’amélioration de la prévention des nouvelles infections par le VIH, en passant par l’élargissement de l’accès aux énergies renouvelables et de l’accès au haut débit et par l’amélioration de la parité entre les femmes et les hommes dans les systèmes éducatifs.  Alors que nous réfléchissons aux prochaines étapes, je vous invite à vous concentrer sur les trois moteurs du développement qui pourraient permettre d’accélérer le rythme des progrès.

Tout d’abord, les financements.  Dans de nombreux pays en développement, les investissements dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’alimentation sont exsangues à cause du niveau écrasant de la dette et de l’inefficacité des systèmes fiscaux.  Dans le Pacte pour l’avenir, il est prévu d’appuyer le plan de relance des objectifs de développement durable et la réforme de l’architecture financière mondiale afin d’atténuer la crise de la dette que traversent de trop nombreux pays en développement.  Il s’agit notamment de multiplier la capacité de prêt des banques multilatérales de développement afin de dégager davantage de ressources pour l’action climatique et le développement durable, et de modifier leur modèle de fonctionnement afin de mobiliser en masse des financements privés.  Les Sommets sur le développement social et le financement auront lieu l’an prochain, et j’invite tous les pays à redoubler d’efforts pour faire avancer la réforme dans cette perspective.

Le deuxième moteur du développement, c’est l’action climatique.  J’invite les pays à adopter des plans d’action nationaux pour le climat qui soient ambitieux, en ne dépassant pas la limite des 1,5 degré, et en couvrant l’ensemble de l’économie et tous les secteurs. Il faudra pour cela aligner les stratégies énergétiques nationales sur l’objectif d’une élévation de la température mondiale ne dépassant pas les 1,5 degré, mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles et fixer un prix pour le carbone.  L’heure est venue d’éliminer progressivement mais rapidement les combustibles fossiles, au terme d’une transition équitable, et d’augmenter rapidement, avec discernement, les énergies renouvelables pour favoriser le développement durable, la sécurité énergétique et la prospérité économique.  Nous devons répondre d’une manière juste et durable à la demande mondiale en minéraux essentiels, qui ont le potentiel de porter la révolution des énergies renouvelables. Et le Groupe chargé de la question des minéraux essentiels à la transition énergétique a formulé des recommandations à cette fin.  Il est également essentiel de protéger les acquis du développement face aux bouleversements climatiques.  Il faut par ailleurs que de nouvelles et généreuses contributions soient versées au Fonds pour les pertes et les préjudices.  Les pays développés doivent honorer l’engagement qu’ils ont pris de doubler le financement de l’adaptation d’ici à 2025.  Et il faut que les gouvernements se mettent d’accord sur un nouvel objectif ambitieux en ce qui concerne le financement de l’action climatique lors de la vingt-neuvième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, y compris au sujet des sources de financement nouvelles ou novatrices. 

Le troisième facteur de développement, c’est la paix.  Tous nos plans de développement sont rapidement anéantis par des conflits sans fin causant la mort, la destruction, la faim, les déplacements de populations et les violences basées sur le genre.  Et les ressources dont nous avons tant besoin pour nourrir et éduquer nos enfants et construire une planète durable pour notre jeunesse sont gaspillées en dépenses militaires.  Nous avons besoin de paix – à Gaza, en Ukraine, au Soudan, et partout ailleurs.  J’appelle les dirigeants du monde entier à surmonter les divisions, à mettre fin aux conflits, et à investir dans l’avenir de leurs populations et dans la paix.

Dans un monde de richesses exceptionnelles, de connaissances et de technologies sans précédent, nous n’avons aucune excuse.  Il est temps de tenir les promesses du Programme 2030 – de mettre fin à la pauvreté, de protéger la planète, et de ne laisser personne de côté.  Gardons les objectifs de développement durable en vie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.