SG/SM/21973

En dépit de « divisions profondes », une « communauté d’ambitions » émerge autour de Notre Programme commun, se réjouit le Secrétaire général

On trouvera, ci-après, les observations du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, formulées à l’occasion de la consultation de l’Assemblée générale sur Notre Programme commun, à New York, aujourd’hui:

Nous sortons tout juste de la semaine de haut niveau de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale.  Les dirigeants mondiaux ont pris part au Sommet sur les objectifs de développement durable, au Sommet Ambition Climat et à des dizaines d’autres manifestations.  J’ai personnellement tenu 141 réunions bilatérales. Tout au long de la semaine, j’ai écouté la bande-son de l’état de notre monde. 

Et malgré les défis extraordinaires auxquels nous devons faire face, j’ai trouvé ce que j’entendais encourageant.  Tous les dirigeants, sans exception, ont souligné l’importance que revêtaient les solutions multilatérales.  Mais tous m’ont dit, les uns après les autres, que nos institutions multilatérales actuelles n’étaient pas à la hauteur et qu’ils souhaitaient que des réformes soient adoptées.  Nombreuses ont été les critiques formulées contre l’inadéquation entre les institutions de la gouvernance mondiale et les réalités économiques et politiques de notre monde.  L’état de la planète et le climat que nous laissons aux jeunes et aux générations futures suscitent de vives inquiétudes. 

Des appels répétés ont été lancés en faveur de directives et de garde-fous supplémentaires face aux nouvelles technologies.  En somme, les thèmes qui sont ressortis des débats de la semaine de haut niveau sont les thèmes de Notre Programme commun.  Depuis que j’ai présenté mon rapport, il y a deux ans, les États Membres ont examiné, débattu et continué d’affiner ces idées plus de 50 fois. 

Je remercie les cofacilitateurs, et en particulier l’Allemagne et la Namibie, des efforts fructueux qu’ils ont déployés pour nous permettre d’en arriver là.  Je me félicite des mesures importantes que vous avez prises tous ensemble pour que les recommandations figurant dans le rapport puissent prendre corps concrètement à l’échelle mondiale.

À présent que l’Assemblée générale a défini la portée du Sommet de l’avenir, nous disposons du cadre qui présidera aux décisions significatives et importantes qui nous attendent.  Dans la déclaration issue du Sommet sur les objectifs de développement durable, les parties prenantes ont estimé que le Sommet de l’avenir était une occasion importante d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030; c’est encourageant. 

Les propositions et les idées présentées dans Notre Programme commun sont autant de passerelles qui nous aideront à franchir le fossé entre le monde tel qu’il est et le monde tel qu’il pourrait être: autrement dit, le monde tel que l’envisagent la Charte des Nations Unies, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris et la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Certaines des grandes propositions formulées dans Notre programme commun, notamment le Nouvel Agenda pour la paix, la réforme de l’architecture financière internationale et le Pacte numérique mondial, seront examinées l’an prochain lors du Sommet de l’avenir.  La réunion ministérielle qui s’est tenue pendant la Semaine de haut niveau a montré que les États membres sont très engagés sur ces questions.  C’est de bon augure pour la prise de décisions significatives lors du sommet.

De nombreuses idées sont déjà mises en œuvre par le système des Nations Unies dans le cadre des mandats existants, en collaboration avec les États Membres et les partenaires.  Ces idées sont regroupées sous quatre rubriques principales; des informations complémentaires sur chacune d’entre elles seront communiquées dans le compte rendu écrit.

Premièrement, Notre Programme commun appelle à un renouvellement du contrat social – ancré dans les droits humains et fondé sur le Programme 2030 et les Objectifs de développement durable.  Ça relève essentiellement de l’action des gouvernements dans chaque pays mais nous sommes prêts et nous aidons les gouvernements à renforcer le contrat social et à rétablir la confiance grâce à l’action que nous menons pour accroître les capacités du secteur public; pour créer des emplois décents dans les économies verte et numérique; pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles; et développer les infrastructures numériques communes – et plus encore.

Nous mettons également à la disposition des États Membres des outils pratiques pour les aider à promouvoir les droits humains et à mettre en place des institutions solides et résilientes.  Les initiatives à fort impact présentées lors du Sommet sur les ODD nous permettront d’intensifier nos activités en ce sens.

Deuxièmement, Notre Programme commun reconnaît nos responsabilités à l’égard des jeunes et des générations futures, qui bénéficieront – ou souffriront – des politiques et des décisions d’aujourd’hui.  Ces deux dernières années, nous avons vu des jeunes du monde entier prendre les choses en main – qu’il s’agisse de jeunes filles qui refusent d’accepter leur exclusion de l’école ou d’étudiants qui intentent des actions en justice pour protéger notre climat et notre planète.

Nous comptons mettre à profit cette énergie et cette créativité grâce au nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse, qui devrait être opérationnel et doté d’effectifs complets d’ici la fin de l’année.  J’espère que, d’ici un an, la gouvernance mondiale sera plus à l’écoute des aspirations de ces deux groupes importants et qu’elle assumera davantage ses responsabilités à leur égard.

Troisièmement, Notre Programme commun a mis l’accent sur la nécessité de transformer les mécanismes de gouvernance mondiale pour qu’ils répondent aux besoins du monde d’aujourd’hui.  De l’Assemblée générale au Conseil de sécurité, en passant par la Commission de consolidation de la paix, nous voyons les signes d’une nouvelle dynamique en faveur d’une prise de décision intergouvernementale adaptée aux réalités actuelles.  Des discussions sont en cours sur le renforcement de la gouvernance mondiale dans des domaines de la santé, l’environnement, l’espace extra-atmosphérique et la coopération numérique.

Nos propositions pour une réforme en profondeur de l’architecture financière mondiale gagnent du terrain, de Bridgetown à Paris en passant par New Delhi et par le Sommet des ODD.  Nous entendons faire avancer ces idées lors des réunions à Marrakech, à la COP28, ainsi naturellement au Sommet de l’avenir.

Enfin, nous prenons des mesures importantes, au sein du système des Nations Unies, pour transformer nos méthodes de travail.  Ma note d’orientation sur l’ONU 2.0 présente les projets visant à actualiser notre culture institutionnelle et nos compétences dans cinq domaines, qui sont les cinq axes de changement.

Le mois dernier, j’ai mis sur pied un nouveau conseil scientifique consultatif, qui met en relation nombre des plus éminents scientifiques du monde et leurs réseaux avec les dirigeants des Nations Unies.  Le Laboratoire pour l’avenir vise à mettre à contribution la prospective à long terme dans l’ensemble du système.  Nous renforçons également notre collaboration avec d’autres parties prenantes importantes, des membres de la société civile aux parlementaires en passant par les représentants du secteur privé. 

Dans le cadre de ces efforts, je donnerai, dans les prochains jours, le coup d’envoi des travaux de mon conseil consultatif sur les autorités locales et régionales.  Je créerai également, dans le courant du mois, un organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle, qui sera chargé de formuler des recommandations sur la gouvernance d’ici à la fin de l’année.

Le monde a changé au cours des deux années qui se sont écoulées depuis la publication de mon rapport.  Le point que nous faisons aujourd’hui montre que la communauté internationale a également changé.  En dépit de divisions profondes, nous avons progressé.  Il se dégage des décisions et des discussions récentes le sentiment d’une communauté d’ambitions autour de Notre Programme commun. 

La prochaine année de préparation du Sommet de l’avenir sera d’une importance cruciale. Les cofacilitateurs du Sommet, qui seront nommés par le Président de l’Assemblée générale, pourront compter sur tout mon soutien. 

Les décisions qui seront prises au Sommet seront le fruit d’un processus intergouvernemental. Le système des Nations Unies sera pleinement mobilisé tout au long de l’année pour apporter son concours à cette entreprise.  Nous nous emploierons également à amener la société civile, le secteur privé et le grand public à apporter leur contribution à ce Sommet en tous points inédit. 

La série de notes d’orientation relatives aux propositions figurant dans Notre Programme commun et le rapport du Conseil consultatif de haut niveau pour un multilatéralisme efficace sont d’ores et déjà à votre disposition.  Les préparatifs, les activités et les campagnes de sensibilisation que nous avons menés pour le Sommet sur les objectifs de développement durable sont un modèle à suivre pour notre action commune dans le cadre du Sommet de l’avenir.

Ensemble, nous avons déjà pris des mesures concluantes sur la voie du multilatéralisme en réseau, inclusif et efficace qu’exigent les circonstances actuelles.  Je remercie tous les gouvernements et les dirigeants qui ont apporté leur pierre à cet édifice, et je compte sur votre participation et votre soutien continus. 

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