Pétrolier FSO Safer: le Secrétaire général annonce le début de l’opération de sauvetage maritime d’un coût de 20 milliards de dollars pour éviter « la pire marée noire de notre époque »
On trouvera ci-après les remarques qu’a faites aujourd’hui le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, sur le pétrolier FSO Safer:
L’ONU a lancé une opération visant à désamorcer ce qui pourrait être la plus grande bombe à retardement sur la planète.
Une opération complexe de sauvetage maritime est en cours dans la mer Rouge, au large des côtes du Yémen déchiré par la guerre: il s’agit de transférer 1 million de barils de pétrole du FSO Safer, en décomposition, vers un navire de remplacement.
Personne d’autre n’ayant la volonté ou la capacité de mener à bien cette tâche, l’ONU a pris les choses en main et assumé le risque d’entreprendre cette opération très délicate.
Cette mission, qui exige que tout le monde soit sur le pont, est l’aboutissement de près de deux ans de travaux préparatoires sur le plan politique, de collecte de fonds et d’élaboration de projets.
Le transfert du pétrole de navire à navire qui a commencé aujourd’hui est la prochaine étape cruciale pour éviter une catastrophe environnementale et humanitaire d’une ampleur colossale.
Si rien n’est fait:
Le navire pourrait exploser ou se briser, déversant jusqu’à quatre fois plus de pétrole que lors de la catastrophe de l’Exxon Valdez.
Des communautés de pêcheurs seraient détruites.
Des centaines de milliers d’emplois disparaîtraient instantanément.
Des populations entières seraient exposées à des toxines mortelles.
De grands ports, dont Hodeïda et Salif, seraient contraints de fermer pour une durée indéterminée.
Des millions de personnes seraient privées de nourriture, de carburant et de produits de première nécessité.
L’eau, les récifs coralliens et la vie marine seraient totalement dévastés.
Le transport maritime jusqu’au canal de Suez pourrait être interrompu pendant des semaines.
À elle seule, l’opération de nettoyage pourrait facilement coûter des dizaines de milliards de dollars.
C’est pourquoi nous tirons la sonnette d’alarme et cherchons à mobiliser le soutien nécessaire pour éviter ce cauchemar.
L’ONU a fait appel aux meilleurs et rassemblé une équipe d’experts mondiaux dans les domaines du droit maritime, des marées noires et des opérations de sauvetage, d’ingénieurs du génie maritime, d’architectes navals, de courtiers d’assurance et d’assureurs, de chimistes, de géomètres et bien d’autres encore.
Cette opération a nécessité un travail politique acharné dans un pays dévasté par huit années de guerre.
L’opération n’aurait pas été possible sans un généreux appui financier. Je remercie les nombreux pays, entreprises et donateurs philanthropiques, ainsi que les citoyens ordinaires, qui ont promis des fonds en faveur de cette phase vitale de l’opération.
Pour arriver à ce moment important, il a fallu que de nombreuses composantes du système des Nations Unies travaillent ensemble.
Le transfert du pétrole de navire à navire est un volet important, mais il est loin d’être la fin du voyage.
La prochaine étape critique consiste à organiser la livraison d’une bouée spéciale à laquelle le navire de remplacement sera amarré en toute sécurité.
Dans l’immédiat, nous avons besoin d’environ 20 millions de dollars pour venir à bout du projet, à savoir nettoyer et démanteler le FSO Safer et éliminer toute menace environnementale résiduelle pour la mer Rouge.
J’invite instamment les donateurs à se mobiliser en ce moment crucial.
L’opération en cours fait intervenir coopération, prévention, médiation politique, ingéniosité et gestion de l’environnement et illustre une fois de plus le rôle indispensable de l’ONU et de ses partenaires.
Nous devons continuer à travailler ensemble pendant cette prochaine période critique afin de désamorcer ce qui reste une bombe à retardement et d’éviter ce qui serait de loin la pire marée noire de notre époque.