50 ans après la première Conférence de Stockholm sur l’environnement, nous ne pouvons plus ignorer les signaux d’alarme, prévient le Secrétaire général, en rappelant ses cinq recommandations
On trouvera ci-après le message du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée le 5 juin:
Cette année, le thème de la Journée mondiale de l’environnement, « Une seule Terre », est un simple constat. Cette planète est notre unique demeure. Nous devons absolument préserver la pureté de son atmosphère, la richesse et la diversité de la vie sur Terre, ses écosystèmes et ses ressources limitées. Mais nous n’y parvenons pas. Nous en demandons trop à notre planète, afin de préserver des modes de vie qui ne sont pas durables. Les écosystèmes de la Terre ne peuvent pas nous fournir tout ce que nous attendons actuellement d’eux.
La Terre n’est pas la seule à en pâtir: nous en souffrons aussi. Une planète en bonne santé est indispensable, tant pour ses habitantes et habitants que pour la réalisation des 17 objectifs de développement durable. Elle nous fournit de la nourriture, de l’eau potable et des médicaments, régule le climat et nous protège des phénomènes météorologiques extrêmes. Il est essentiel de gérer judicieusement la nature et de garantir un accès équitable aux services qu’elle offre, notamment pour les personnes et les communautés les plus vulnérables.
Plus de 3 milliards de personnes souffrent de la dégradation des écosystèmes. La pollution cause près de 9 millions de décès prématurés chaque année. Plus d’un million d’espèces végétales et animales risquent de disparaître, pour beaucoup dans les décennies à venir.
Près de la moitié de l’humanité vit dans des zones où le climat pose un danger – ces personnes sont 15 fois plus susceptibles de mourir des effets des changements climatiques, tels que la chaleur extrême, les inondations et la sécheresse. Il y a une chance sur deux pour qu’au cours des cinq prochaines années, la hausse de la température moyenne mondiale dépasse la limite de 1,5 degré Celsius fixée par l’Accord de Paris. D’ici à 2050, le nombre de personnes déplacées chaque année par le dérèglement climatique pourrait dépasser 200 millions.
Il y a cinquante ans, les dirigeants du monde entier se sont réunis lors de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et se sont engagés à protéger la planète. Mais nous sommes loin d’avoir réussi. Nous ne pouvons plus ignorer les signaux d’alarme qui sonnent chaque jour un peu plus fort.
Les participants à la récente réunion Stockholm+50 sur l’environnement ont réaffirmé qu’il fallait une planète en bonne santé pour atteindre les 17 objectifs de développement durable. Chacun et chacune d’entre nous doit prendre ses responsabilités afin d’éviter une catastrophe due à la triple crise qui conjugue changements climatiques, pollution et perte de biodiversité.
Les gouvernements doivent de toute urgence donner la priorité à l’action climatique et à la protection de l’environnement en prenant des mesures politiques qui favorisent le progrès durable. C’est pourquoi j’ai formulé cinq recommandations concrètes visant à accélérer considérablement le passage aux énergies renouvelables partout dans le monde, notamment en mettant les technologies et les matières premières requises à la disposition de toutes et tous, en réduisant les formalités administratives, en redistribuant les subventions et en triplant les investissements.
Les entreprises doivent placer la durabilité au cœur de leurs décisions, pour le bien de l’humanité comme pour celui de leur chiffre d’affaires. Une planète saine est un prérequis pour l’immense majorité des industries sur Terre.
En tant qu’électeurs et consommateurs, chacun et chacune d’entre nous doit faire les choix qui comptent, qu’il s’agisse des politiques que nous soutenons, des aliments que nous consommons, des moyens de transport que nous choisissons ou des entreprises à qui nous donnons notre argent. Nous pouvons toutes et tous faire des choix respectueux de l’environnement qui contribueront au changement dont nous avons besoin.
Les femmes et les filles, en particulier, peuvent être de puissantes agentes de changement. Il faut qu’elles aient les moyens d’agir et qu’elles participent à la prise de décisions à tous les niveaux. De même, le savoir des populations autochtones et les connaissances traditionnelles doivent être respectés et mis à profit pour protéger nos écosystèmes fragiles.
L’histoire montre bien ce dont nous sommes capables lorsque nous travaillons de concert et que nous donnons la priorité à la planète. Dans les années 1980, lorsque les scientifiques ont mis en garde contre un trou dans la couche d’ozone qui faisait la taille d’un continent et avait des effets mortels, les pays du monde entier se sont engagés à appliquer le Protocole de Montréal et à cesser progressivement d’utiliser les substances chimiques qui appauvrissaient la couche d’ozone.
Dans les années 1990, la convention de Bâle a rendu illégal le déversement de déchets toxiques dans les pays en développement. Enfin, l’année dernière, une initiative multilatérale a mis fin à la production d’essence au plomb, ce qui aura des effets bénéfiques pour notre santé et permettra d’éviter plus de 1,2 million de décès prématurés chaque année.
Cette année et l’année à venir seront l’occasion pour la communauté mondiale de démontrer une nouvelle fois que le multilatéralisme a le pouvoir de remédier aux crises environnementales imbriquées qui nous menacent, qu’il s’agisse de négocier la création d’un nouveau cadre mondial pour la biodiversité visant à arrêter la perte de biodiversité d’ici à 2030 ou de mettre en place un traité pour lutter contre la pollution plastique.
L’Organisation des Nations Unies s’engage à jouer un rôle moteur dans ces efforts de coopération au niveau mondial, car la seule solution viable est de vivre en accord avec la nature, et non d’essayer de la faire plier. Ensemble, faisons en sorte que notre planète puisse non seulement survivre, mais prospérer, car nous n’avons qu’une seule Terre.